Nouveau confinement
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32ème semaine du Temps Ordinaire |
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Mais toi, quand tu pries,
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jour 10Lundi 9 novembre 2020 |
Dédicace de saint Jean du Latran La juste ColèreEzékiel (47, 1-2.8-9.12) OU BIEN 1 Corinthiens (3, 9c-11.16-17) - PSAUME (Ps 45 (46), 2-3, 5-6, 8-9a.10a) – Jean (2, 13-22) Jésus paraît comme celui qui supporte tout, l’injure, l’incompréhension, la critique et même la mort. L’évangile de ce jour nous propose un épisode de la vie de Jésus où il a des gestes violents et, semble-t-il colérique. Ce mouvement prouve, s’il en est besoin, la réalité de l’humanité de Jésus. Devant l’injustice sacrilège de ces hommes qui profitent des pèlerins au sein même du Temple de Dieu, la moutarde lui monte au nez. Il s’agit d’un réflexe incontrôlable comme un parent qui après avoir arraché son enfant à un danger immédiat va le gifler, non pour le punir mais pour exorciser la peur qu’il a eue. Pourtant, juste après, Jésus montre que le Temple n’est qu’un accessoire de la foi, il peut être détruit car il est devenu périmé par la présence du Fils unique de Dieu. Comme il le dit à la Samaritaine dans l’évangile de saint Jean : « Mais l'heure vient-et c'est maintenant-où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car tels sont les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est en esprit et en vérité qu'ils doivent adorer. » (Jn 4,23-24) Jésus reproche aux vendeurs du Temple leur esprit de cupidité. Ils ne sont pas là pour permettre aux personnes pieuses d’offrir un sacrifice dans la sérénité et d’adorer Dieu ; ils ne respectent pas le Seigneur et sa présence réelle dans le Temple ; ils ne viennent que pour amasser de l’argent : « Nul ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent. » (Mt 6,24) ils mettent à l’approche de l’édifice sacré une ambiance mercantile faite de marchandages et de propositions concurrentielles. Il nous est facile de condamner ces marchands ! Comment pouvaient-ils déconsidérer la réelle présence de Dieu dans le Temple de Jérusalem ; pour nous, chrétiens, il est réellement présent dans le tabernacle de toutes les églises ; spirituellement présent lorsque nous sommes à deux où trois réunis en son nom ; et matériellement présent en chacun de nos frères et sœurs : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25,40) Dans ces présences, n’avons-nous pas quelquefois des attitudes de profit qui ne sont pas conformes à l’esprit de l’Evangile ? « Pour définir, pour décrire cette véritable Eglise de Jésus-Christ - celle qui est sainte, catholique, apostolique, romaine - on ne peut trouver rien de plus beau, rien de plus excellent, rien enfin de plus divin que cette expression qui la désigne comme "le Corps mystique de Jésus-Christ" ; c'est celle, du reste, qui découle, qui fleurit pour ainsi dire, de ce que nous exposent fréquemment les saintes Ecritures et les écrits des saints Pères. » (Pie XII – Mystici Corpori – 29 juin 1943) L’amour de la maison du Seigneur dont parle l’évangile fait-il notre tourment ? Depuis la résurrection, la maison du Seigneur est constituée de tous les hommes et femmes, essayons d’y penser pendant le temps de confinement ! Père JeanPaul Bouvier |
Jour 11Mardi 10 novembre 2020 |
Que notre devoirTite (2, 1-8.11-14) – PSAUME (36 (37), 3-4, 18.23, 27.29) – Luc (17, 7-10) Cette parabole paraît particulièrement sévère pour ce serviteur entièrement dévoué à son maître. Sans qu’il y ait de remerciements il pourrait y avoir une simple reconnaissance du travail accompli. Un mot, un geste, une attitude aurait suffi plutôt que cette ignorance qui semble être une indifférence vis-à-vis du labeur effectué. Serait-ce dans le même sens que le Seigneur considèrerait notre annonce de l’Evangile ? En prenant ce texte au pied de la lettre, les lecteurs passeraient à côté du sens profond car ils pourraient penser que Dieu se désintéresse de la façon dont les disciples agissent pour faire avancer la venue du Royaume. Cela ne peut pas être le cas, il faut donc creuser un peu plus. Jésus parle en parabole. Pour comprendre, il faut utiliser les clefs de lecture que lui-même a indiquées à ses disciples. Le Maître est le Père, le serviteur est toute personne qui cherche à faire connaître l’œuvre de Dieu et la rédemption par l’obéissance du Fils. Une seule consigne est donnée au serviteur pour qu’il effectue sa tâche : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. » (Matthieu 22,37-40) Ainsi nous comprenons que ce service n’est pas un travail comme dans la parabole, il s’agit d’être avec Dieu dans l’amour et non pas dans la servitude : nous participons dans la communion. Le cœur ne bat pas pour lui-même mais pour l’ensemble du corps dont il fait partie, c’est une nécessité comme le signale saint Paul : « En effet, annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! Certes, si je le fais de moi-même, je mérite une récompense. Mais je ne le fais pas de moi-même, c’est une mission qui m’est confiée. » (1Corinthiens 9,16-17) De la même façon, notre annonce de l’évangile correspond à la mission propre qui m’est confiée. Nous n’avons pas à rechercher de récompense puis que notre vie en dépend « Nous n’avons fait que notre devoir. » Père JeanPaul Bouvier |
Jour 12mercredi 11 novembre 2020 |
Les dix lépreuxTite (3, 1-7) – Psaume (22 (23), 1-2a, 2b-3, 4, 5, 6) – Luc (17, 11-19) Dans nos pays occidentaux, nous avons du mal à imaginer ce que pouvait être la lèpre en Palestine à l’époque de Jésus. Nous savons que c’est une maladie extrêmement contagieuse mais, aujourd’hui, les soins voire la guérison sont possibles. A l’époque, mais aussi à la nôtre dans certaines régions du monde, la lèpre était synonyme d’exclusion. N’ayant pas les moyens médicaux de la combattre, les peuples chassaient les lépreux à l’écart des endroits habités. C’est pourquoi les 10 lépreux s’arrêtent à distance de Jésus, ne voulant pas le contaminer en s’approchant. La seule chose que Jésus leur dit est « allez vous montrer aux prêtres » selon la Loi de Moïse. Pas de paroles magiques, pas de gestes thaumaturges, rien que cette demande de respecter la Loi. Mais pour les malades, cette parole de Jésus correspond à tout cela, ils savent que si, Lui, leur demande d’aller se montrer aux prêtres, c’est qu’il les a guéris et que les prêtres devront constater cette guérison. Effectivement, ils sont guéris en chemin. Jésus est le dispensateur de la Loi de Moïse, le Fils éternel du Père était présent lorsque Moïse l’a reçue. A ce titre, il n’est pas soumis à la Loi, mais il veut montrer aux hommes que les miracles qu’il peut faire s’inscrivent dans le projet éternel de son Père et de note Père. La Loi qui a été donnée doit être respectée. Le foi au Christ ne change pas la Loi, Jésus est venu pour l’accomplir, c’est à dire la rendre complète et il précisera que « la Loi est faite pour l’homme ; l’homme n’est pas fait pour la loi ». Cela ouvre toutes les perspectives : si la Loi est préjudiciable pour l’homme, il faut la modifier, non sur le fond mais sur la forme. Le christianisme renvoie chaque homme à sa conscience : la Loi donnée par le Seigneur est bonne, comment puis-je l’interpréter aujourd’hui, dans les circonstances présentes. Ce n’est que par la prière et la fréquentation des Sacrements que nous pouvons répondre à ces questions fondamentales pour notre vie en Dieu. Père JeanPaul Bouvier |
Jour 13Jeudi 12 novembre 2020 |
Le pardon à l'esclavePhilémon (7-20) – PSAUME (145 (146), 6c-7, 8-9a, 9bc-10) – Luc (17, 20-25) Philémon habite la ville de Colosses, l'assemblée chrétienne se réunit chez lui. Il a connu Paul lors de son passage, captif, en route vers Rome. Onésime s'est enfui de chez son maître Philémon après l'avoir volé. Il se retrouve à Rome pour échapper aux poursuites et aux châtiments qui punissaient les esclaves en fuite. En cherchant le réconfort auprès de ceux qui parlent sa langue, il se retrouve dans la communauté chrétienne de Rome où il rencontre Paul qui est l'ami de son ancien maître. La prédication de l'Evangile par l’Apôtre le convertit et il demande le Baptême. Mais, soit Paul connaît déjà son histoire soit Onésime la lui a racontée, Paul ne peut garder auprès de lui un esclave en fuite sans l'accord de son maître. Le Baptême a pardonné spirituellement l’esclave des péchés de vol et de fuite, mais il est nécessaire qu’il ait aussi le pardon de celui qui a été offensé. C'est là le but de cette lettre. Cette épître à Philémon va plus loin que la simple demande de pardon et d’affranchissement pour Onésime, elle nous donne des éléments importants pour bien comprendre les premières communautés chrétiennes. Elles préparent doucement une grande révolution des mœurs : la suppression de la conception même de l'esclavage. Tout homme, image de Dieu, est un frère pour tous les autres hommes et tout spécialement les chrétiens qui reconnaissent que le Fils de Dieu est mort pour sauver TOUS les hommes. Aucun homme ne peut être considéré comme la possession d'un autre homme. Nous ne sommes pas Philémon, chrétien aisé de Colosses. Nous n'avons pas d'esclave, appelé Onésime ou autrement. Mais qu'en est-il de notre regard sur ceux qui nous entourent? Sur ceux qui sont à notre service d'une manière ou d'une autre? Les considérons-nous sincèrement comme des frères et des sœurs? Nous ne sommes pas non plus Onésime, l’esclave voleur en fuite. Mais nous avons aussi péché contre des frères et sœurs. Après avoir fait la démarche du Sacrement et reçu le pardon spirituel, il est nécessaire que nous recherchions – éventuellement par l’intercession d’un tiers – le pardon humain de ceux qui ont des griefs contre nous. Cette réflexion sur notre vie de communauté, sur notre vie personnelle nous invite à regarder notre propre façon de vivre l'Evangile. Le pardon que Paul demande pour Onésime, il nous le demande à nous aussi pour tous ceux qui nous ont fait du mal, ceux qui nous ont blessés, physiquement ou dans notre amour propre, tous ceux que nous jugeons sur les apparences et non sur le fond, tous ceux qui nous font peur et que nous ne cherchons pas à comprendre. Alors mettons-nous à la place de Philémon et d’Onésime, cherchons pour qui Paul nous demande le pardon, et surtout pardonnons de tout notre cœur et cherchons à qui nous avons à demander pardon. Père JeanPaul Bouvier |
Jour 14Vendredi 13 novembre 2020 |
Attaché au Père et au Fils.2 Jean 1a. 4-9 – Psaume 118 (119), 1-2, 10-11, 17-18 –Luc 17, 26-37 Configurés au Christ, prêtres prophètes et rois, par le Baptême, nous ne Lui deviendrons semblables que lorsque nous serons nous-mêmes ressuscités comme Il l’est depuis le jour de Pâques. Dans sa première lettre l’auteur ajoute cette phrase sibylline : « parce que nous Le verrons tel qu’Il est. » (1Jean 3,2). Tant que nous ne sommes pas ressuscités, notre perception est limitée par l’apparence, nous voyons que telle personne est habillée de telle façon, que ses cheveux sont de telle couleur, mais nous ne voyons pas l’être propre de cette personne. Seuls les Apôtres, Pierre Jacques et Jean, ont pu entrevoir l’Etre du Fils de Dieu lors de la Transfiguration (cf. Marc 2,2-9) Même lors des manifestations de Jésus après sa Résurrection, les Apôtres témoins étaient aveuglés par leurs sens : près de la mer de Tibériade, seul le disciple que Jésus aimait, après une pêche miraculeuse, reconnaît l’homme qui est sur le rivage et s’écrie : « C’est le Seigneur ! » (cf. Jean 21,3-7) A l’inverse, le Christ, deuxième personne de la Sainte Trinité, voit les hommes et femmes tels qu’ils sont : « Il ne s'agit pas de ce que voient les hommes, car ils ne voient que les yeux, mais LE SEIGNEUR voit le cœur. » (1 Samuel 16,7) et aussi : « Cessez de juger sur l'apparence; jugez selon la justice » (Jean 7,24) Le regard d’amour qui est porté sur chaque homme ou chaque femme permet au Fils d’y voir un frère ou une sœur : « Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là m'est un frère et une sœur et une mère. » (Matthieu 15,50) Lorsque le Fils de Dieu paraîtra, lors de la Parousie, les hommes et les femmes seront transformés, non pas physiquement mais spirituellement, rendus semblables à Lui comme Lui-même s’est rendu semblable à nous : « Devenant semblable aux hommes et reconnu à son aspect comme un homme. » (Philippiens 2,7) Comme Il a vécu pleinement notre vie d’homme pour que nous vivrons pleinement la vie de fils et filles de Dieu, et comme Lui nous verrons les autres tels qu’ils sont et non plus leur apparence et Lui aussi nous le verrons tel qu’il est. L’auteur du IVème évangile, de l’Apocalypse et de trois épîtres lève pour nous un coin du voile quant au retour du Christ, ce disciple que Jésus aimait est entré dans l’intimité du Fils de Dieu au point de recueillir au pied de la Croix les dernières paroles de Jésus et d’accueillir sa mère. Il nous livre ainsi le chemin qui conduit à la sainteté et à la vision du monde tel qu’il a été voulu et non pas tel que les hommes le perçoivent. Nous sommes dans notre monde les disciples que Jésus aime, nous devons transmettre cet amour pour l’aujourd’hui et conduite l’humanité vers la sainteté. Père JeanPaul Bouvier |
Jour 15Samedi 14 novembre 2020 |
Demander au Père3 Jean 5-8 – Psaume 111 (112), 1-2, 3-4, 5-6 – Luc 18, 1-8 Comme beaucoup de paraboles utilisées par Jésus, celle dite de ‘la veuve importune’ est déconcertante car elle implique la comparaison entre un juge inique « qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes » et le Père céleste qui est tout amour et respect envers ses enfants. Le juge sans scrupule ne cède que dans le but de plus être embêté par la femme qui le harcèle. Serait-ce la façon d’agir du Père qui ne nous exaucerait que pour se débarrasser de nous ? Devant un tel sophisme, il convient d’élargir notre approche. Quelle est la demande de cette veuve ? La justice ! Elle n’essaie pas de soudoyer le juge pour avoir un jugement qui lui serait faussement favorable mais seulement qu’il siège au tribunal et déclare ce qui lui revient de droit. C’est là le point où Jésus veut amener ses auditeurs : demander la justice pour avoir ce qui leur revient de droit. Quelle justice faut-il demander ? Jésus leur a déjà donné cette réponse : « Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? Ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Luc 11,11-13) C’est donc l’Esprit Saint qu’il faut demander sans se lasser et nous serons exaucés. A chaque moment de notre existence nous avons des choix à faire ; ce ne seront de ‘bons’ choix que si nous demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer dans la décision à prendre. En l’écoutant, nous serons sûrs de la direction à prendre et qu’il nous donnera les forces spirituelles nécessaires pour aller jusqu’au bout, mais il est nécessaire que nous soyons actifs. Par l’incarnation le Fils a montré combien l’Homme est important aux yeux du Père : il ne cherche pas des esclaves qui ne réfléchiraient pas, il donne l’Esprit pour que l’homme agisse par sa propre volonté, avec ses propres forces. Notre prière n’est pas de demander que Dieu fasse tout et que nous n’ayons qu’à nous laisser porter par sa puissance ; notre prière est de demander l’Esprit pour que nous prenions les bonnes décisions et que nous les appliquions par nous-mêmes. Saint Paul donne la recette de la prière : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal. » (1ère Thessaloniciens 5,16-22) Nous n’avons qu’à suivre ses conseils. Père JeanPaul Bouvier |