Nouveau confinement
à partie du 31 octobre

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31ème semaine du Temps Ordinaire

Mais toi, quand tu pries,
retire-toi dans ta pièce la plus retirée,ferme la porte,
et prie ton Père qui est présent dans le secret ;
ton Père qui voit dans le secret te le rendra. (Matthieu 6,6)

  1. Humilité
  2. Commencer par s’asseoir
  3. Isolé(e)(s)
  4. Imitez moi !
  5. L'argent malhonnête

semaine suivante

jour 4

Mardi 3 novembre 2020

Humilité

Philippiens 2, 5-11 - PSAUME 21 (22), 26b-27, 28-29, 31-32) - Luc 14,15-24

Saint Paul nous donne la clef de la véritable humilité : estimer les autres supérieurs à soi et se préoccuper davantage des autres que de soi-même.

Il développe ensuite cette idée en faisant remarquer à ses correspondants combien l’humilité du Christ a été importante en venant parmi nous, homme parmi les hommes : « Il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ! »

Ainsi en est-il du chrétien, quel que soit sa qualité, son intelligence, ses connaissances, il ne doit pas s’arroger le droit d’être traité de façon différente des autres hommes et femmes ; se prévaloir des dons qu’il a reçus pour dominer les autres et les rabaisser ne saurait être un comportement compatible avec l’Evangile.

Toutefois il ne faut pas confondre humilité et humiliation ! L’humilité est une vertu qui met en lumière les limites de chacun et la reconnaissance de ses propres faiblesses ; l’humiliation consiste à rabaisser sciemment une personne ou soi-même de façon à mettre cet autre dans un état d’infériorité et de dépendance. Dieu veut que l’Homme soit debout, fier de sa condition humaine et non avili, prosterné ou courbé. Cette volonté de Dieu est marquée dès le commencement lors de la Création du monde : « Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il le créa. Dieu les bénit et leur dit: "Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la. » (Genèse 1,2-28) et pour le sauver il envoie son propre Fils : « Et le Verbe s'est fait chair et il a campé parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient du Père comme Unique-Engendré, plein de grâce et de vérité » (Jean 1,14)

S’il n’y a pas lieu d’humilier l’homme et la femme, ‘image de Dieu’ chaque homme et chaque femme doit avoir l’humilité de rendre grâce pour ce qu’ils sont avec l’émerveillement du psalmiste : « Qu'est-ce que l'homme, pour que tu le connaisses, Seigneur, le fils de l'homme, pour que tu comptes avec lui ? » (Psaume 143,3)

Reconnaître ce que je suis entraîne aussi la reconnaissance de que l’autre est : une personne humaine aimée du Père, sauvée par le Fils et inspirée par l’Esprit Saint. Le regard que je porte sur mon prochain est donc radicalement changé, je ne suis plus en ‘concurrence’ avec lui mais dans une même communion : c’est un frère – une sœur – de qui je dois me préoccuper. L’exemple du Christ qui, à la veille de sa Passion, lave les pieds de ses disciples doit toujours rester dans la mémoire du chrétien suivant la demande même de Jésus : « Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j'ai fait pour vous. » (Jean 13,15)

Dans un monde de plus en plus individualiste et protectionniste, notre devoir du chrétien est de montrer que l’‘Autre’ n’est pas à écraser comme un ennemi mais à aider à se relever comme un frère le ferait pour un frère.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde

jour 5

Mercredi 4 novembre 2020

Commencer par s’asseoir

Philippiens 2, 12-18 – PSAUME 26 (27), 1, 4, 13-14 – Luc 14, 25-33

Jésus met ses auditeurs en garde contre deux tentations opposées : élaborer des projets trop ambitieux (construire une tour sans pouvoir finir – entrer en guerre sans chance de vaincre) mais aussi contre des intentions trop axées sur le confort personnel (vouloir suivre le Christ sans rien abandonner) Il recommande à ses disciples de ‘commencer par s’asseoir’ pour peser les enjeux de ce qu’il faut entreprendre.

Que veut dire cette expression dans ma vie de chrétien ? Ce n’est certainement pas un appel à l’oisiveté dans l’attente que les événements se présentent à moi ! Il s’agit avant toute chose de prendre le temps de se tourner vers le Seigneur afin de discerner si la vocation que je ressens vient bien de Dieu et non pas d’une simple envie personnelle : avant toute action, un temps de prière est essentielle, même – surtout – si la situation est urgente.

Les capacités qui me sont propres ne sont pas en cause, si Dieu me confie réellement une mission, l’Esprit Saint me donnera toutes les possibilités pour la réaliser : « ne vous inquiétez pas d’avance pour savoir ce que vous direz, mais dites ce qui vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit Saint. » (Marc 13,11) ; phrase dans laquelle je peux remplacer les verbes ‘dire’ et ‘parler’ par le verbe ‘faire’.

Commencer par s’asseoir’ n’est donc pas seulement une évaluation de mon aptitude à effectuer ce qui m’est demandé, c’est avant tout une supplication où je dirai dans une attitude de prière : ‘Seigneur, je ferai ce que je pourrai faire, j’ai confiance que Tu feras le reste !’ L’accomplissement de cette mission dépend entièrement de cet acte de foi ; ce ne sont pas mes simples forces qui seront en œuvre : j’utiliserai les forces données par le Seigneur : « Je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. » (Jean 14,12-13)

Commencer par s’asseoir’ consiste aussi à accepter le discernement de l’Eglise saint Paul lui-même va à Jérusalem pour faire vérifier par les Apôtres et les ‘anciens’ le bien-fondé de son enseignement (cf. Actes 15) Il est donc important de considérer que la mission n’est pas ‘mienne’, une possession personnelle mais je sais m’en détacher pour qu’elle entre, à sa place, dans la mission de toute l’Eglise.

Mais dans les circonstances actuelles où, pour beaucoup, nous sommes bloqués dans nos habitations, cela n’est pas ‘Commencer par s’asseoir’ car dans cette locution il y a deux aspects essentiels :

  1. Il s’agit d’un acte volontaire, c’est une décision que nous prenons personnellement pour réfléchir avant d’entamer une action ;
  2. Il s’agit de mettre ce temps d’introspection sous le regard de Dieu pour discerner avec l’aide de l’Esprit Saint quelle est la meilleure attitude à adopter.

C’est donc maintenant qu’il faut ‘Commencer par s’asseoir’ pour envisager comment faire fructifier ce temps imposé de l’extérieur. Quelle tour avons-nous à construire ? Quelle bataille devons-nous gagner ? Nous avons à consolider notre foi chancelante ! Nous devons combattre l’oisiveté stérile ! Cessons de chercher à tuer le temps dans notre confort, regardons autour de nous, des hommes et des femmes  plus isolés, plus dépendants ont besoin de notre attention. Ne restons pas assis, relevons nous pour vivre l’Evangile : Tout ce «  que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’ » (Matthieu 25,40)

Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde

jour 6

Jeudi 5 novembre 2020

Isolé(e)(s)

Philippiens 3, 3-8a – PSAUME 104 (105), 2-3, 4-5, 6-7 – Luc 15, 1-10

N’est-il pas étonnant ce berger qui semble abandonner un troupeau de quatre-vingt-dix-neuf têtes pour aller chercher une seule brebis qui s’est perdue ? Les bêtes sauvages l’ont sans doute repérée et sont en train de la traquer. N’est-ce pas trop tard ? Peut-être est-elle déjà dévorée, son corps devenu un enjeu disputé par ses prédateurs. La démarche du berger est également dangereuse pour lui-même : il risque sa propre vie en voulant arracher leur proie à des animaux féroces et affamés.

Avant de partir dans sa recherche, le berger n’a pas abandonné son troupeau mais il l’a regroupé. C’est dans son rassemblement effectué dans la confiance faite à son pasteur qu’il va trouver la force de se défendre. Par son écoute fidèle de la parole qui lui a été donnée chacune des brebis participe à son rang à la recherche de celle qui s’est égarée.

A son retour, portant celle qui manquait sur ses épaules, le berger la remet à sa place dans le troupeau. Il peut alors aller se réjouir avec ses amis.

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Dans les circonstances actuelles, chacun d’entre nous, séparé de personnes que nous aimons en raison d’éléments qui ne sont pas de notre ressort, nous avons le sentiment d’être cette brebis isolée, livrée à elle-même dans un monde qui semble hostile. Plus que  jamais nous nous sentons cernés par les tentations induites par le confinement et qui guettent nos moments de faiblesse et de découragement. La brebis de la parabole ne pensait sans doute pas que le berger viendrait la chercher, mais il est venu. Nous doutons peut-être du secours que le Christ peut nous apporter, mais il est là, près de nous, prêt à prendre avec nous le joug qui pèse sur nos épaules.

Les brebis restées dans le troupeau participaient par leur obéissance à la parole du berger à la possibilité du salut de celle qui est partie. Mais, aujourd’hui, nous avons l’impression qu’il n’y a plus de communauté chrétienne pour nous soutenir parce qu’il n’y a plus d’assemblée dominicale. C’est vraiment réduire la notion d’Eglise à ce qui est visible ! Lorsque nous disons cette prière que le Fils a apprise à ses disciples, le premier mot, notre, nous indique que « une foule immense que nul ne pouvait dénombrer » (Apocalypse 7,9) se tourne vers le Père en même temps que nous !

N’hésitez pas à demander à vos prêtres à quelle heure ils célèbrent – non pas leur messe – mais la messe pour vous et toute la population à laquelle ils ont été envoyés afin de vous y associer ne serait-ce que par une brève pensée – ce n’est pas la durée qui compte. Ainsi les communautés chrétiennes locales seront unies dans une prière fervente et commune autour et par le Seigneur.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde

jour 7

Vendredi 6 novembre 2020

Imitez moi !

Philippiens (3, 17 – 4, 1) – PSAUME (121 (122), 1-2, 3-4ab, 4cd-5) – Luc (16, 1-8)

Saint Paul ne manque pas d’aplomb pour avoir dicté cette phrase. Et il est sincère !

En fait, le terme grec sunmimhthV désigne celui qui imite avec d’autres. Il s’agit donc bien d’un ensemble, d’une communauté qui est invitée à imiter Paul. Dans le cœur de cette communauté, je me dois d’imiter l’Apôtre, mais je me dois aussi d’imiter mes frères tout en les incitant à imiter le modèle. Saint Paul ne prétend pas être parfait à lui tout seul et la suite de la phrase le prouve « regardez bien ceux qui vivent selon l’exemple que nous vous donnons », il ne demande pas à la communauté d’imiter servilement ou bêtement comme un singe peut mimer l’homme mais au contraire il lui propose d’êtred’être dynamique et inventive.

D’ailleurs si nous utilisons une comparaison artistique, entre le modèle et l’œuvre, il y a un monde d’écart. Le même modèle peut avoir une interprétation différente suivant l’interprète. La même sonate jouée par des pianistes différents prend des colorations diverses ; le plus classique des ballets trouve une nouvelle jeunesse avec un autre chorégraphe ; les peintres et les sculpteurs ont rendu les mêmes scènes de la vie de Jésus et de Marie en fonction de leur propre vue de ces événements.

Ainsi en est-il de l’imitation de l’Apôtre en particulier et des saints en général, il ne s’agit pas de faire la même chose, il s’agit de répondre à l’appel de Dieu dans MA vie. Si je me contente de copier tel ou tel saint, je ne répondrais pas à mon appel personnel, je m’appliquerais en vain à répondre à la vocation de ce saint, mais pas à la mienne.

Alors comment faire ?

Faire comme eux ne signifie pas faire la même chose. Faire comme eux c’est écouter et méditer la Parole de Dieu, pour pouvoir l’annoncer ; c’est célébrer les sacrements, confession et eucharistie, pour pouvoir en vivre ; c’est prier seul et avec d’autres, en dialoguant avec Dieu, Père Fils et Esprit plutôt qu’en soliloquant ou en ânonnant ; c’est faire confiance à l’Eglise, Corps du Christ, car elle nous montre le chemin qui conduit vers le Royaume, même si je suis souvent sur le bas-côté ; c’est voir le Christ dans mes frères et sœurs, et découvrir ceux qui souffrent spirituellement, matériellement, physiquement, moralement.

Si je réussis cela, je serais non seulement un imitateur de l’Apôtre ou des saints, mais un disciple de Jésus Christ.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde

jour 8

samedi 7 novemvre 2020

L’argent malhonnête

Philippiens (4, 10-19) – PSAUME (Ps 111 (112), 1-2, 5-6, 8a.9) – Luc (16, 9-15)

Jésus ne condamne pas l’argent en tant que tel, il constate son manque de fiabilité et sa place prépondérante dans le cœur des hommes. Même les aspirations les plus nobles peuvent être perverties par la perspective d’augmenter la puissance que l’argent semble donner sur les autres hommes. Le Christ rappelle simplement à ses disciples que l’argent n’est qu’un moyen et non pas un but en soi. Dans un monde laïcard qui nie Dieu, la fortune personnelle et la réussite sociale deviennent de nouvelles idoles au détriment de l’amour et du respect fraternel.

Sans la foi, la culture chrétienne n’est plus qu’une coquille vidée de l’essentiel.

Nous constatons qu’à Noël les crèches sont devenues folkloriques, lorsqu’elles ne sont pas interdites au nom de la laïcité, elles sont expurgées de leur sens profond : l’Incarnation du Fils de Dieu. Le divin enfant y est placé dès la confection des vitrines, avant même le début de l’Avent ! Seules les festivités, les ripailles et les cadeaux sont perçus par la plupart des gens, y compris des personnes qui s’estiment chrétiennes. La fête religieuse disparaît derrière une palissade de réjouissances païennes !

Les solennités de Pâques, de l’Ascension et de la Pentecôte ne sont plus reçues que comme des week-ends prolongés pour que nous puissions nous échapper en occultant complétement l’importance de la vigile pascale, événement central de la foi chrétienne, dont l’assemblée y est malheureusement clairsemée. Les loisirs supplantent l’approfondissement et la pratique de la foi, les parents préfèrent que leurs enfants fassent de la danse, du karaté ou du football plutôt que de leur faire recevoir l’éducation chrétienne qui leur est due.

La maxime « Dieu premier servi » a disparu, les maîtres de nos vies sont devenus les apparences, les loisirs et l’argent, objets de jouissances immédiates qui ne nécessitent pas de réflexions.

Chacun d’entre nous a un rôle essentiel à jouer dans ce contexte, nous devons – en tant que chrétiens – affirmer notre foi par l’exemple : « Montre-moi ta foi sans les œuvres; moi, c'est par les œuvres que je te montrerai ma foi. » (Jacques 2,18) Nous devons considérer l’argent et les loisirs pour ce qu’ils sont : accessoires, même s’ils peuvent être utiles et bienfaisants, ils ne peuvent pas devenir premiers dans la vie d’un croyant.

Actuellement privés de la force donnée par la célébration de l’Eucharistie communautaire, c’est par notre vie fidèle à l’Evangile que nous avons reçu et que nous avons en dépôt que nous devons transmettre la Bonne Nouvelle à nos contemporains

Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde


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