10 novembre 2002
Forces Armées de Guyane
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Erreur formatrice
Il est surprenant de lire le passage de la première épître
aux Thessaloniciens qui nous est proposé dans la liturgie de ce dimanche.
Saint Paul y évoque, sans doute à cause de questions posées par ses correspondants,
le retour du Christ. Les chrétiens, dans l’attente de cet événement, se
demandaient ce qu’il adviendrait de ceux qui mourraient avant ce retour.
Si l’on excepte un hypothétique évangile de Matthieu écrit
en araméen, la première lettre de saint Paul aux Thessaloniciens est le
plus ancien écrit chrétien qui nous soit parvenu. Elle est datée, d’après
les exégètes, de l’année 50 soit 17 ans seulement après la mort et la
Résurrection du Christ Jésus. La plupart des chrétiens pensaient que le
retour du Christ serait immédiat, sans attendre. En fait, ils reprenaient
la même erreur que les Apôtres lorsqu’ils demandaient à Jésus ressuscité
« Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas restaurer le
royaume en Israël ? » (Ac 1,6) pensant que l’épisode de
la crucifixion et de la résurrection était une manifestation de Dieu tendant
vers une restauration d’un royaume terrestre.
La question qu’ils posaient pour ceux qui étaient morts
n’était pas dénuée de sens. Saint Paul est dans cet état d’esprit :
il pense que le Christ reviendra de son vivant. Mais le fait d’être vivant
ne lui donnera aucune préséance par rapport à ceux qui sont déjà morts :
tous, morts qui ressusciteront et vivants seront appelés dans le même
temps par le Seigneur.
Saint Paul est mort lui aussi ! Mais son ex - lication
tient toujours. Lui-même et ses contemporains avaient oublié la réponse
que Jésus avait faite à la question de ses Apôtres : « Il
ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père
a fixés de sa seule autorité. » (Ac 1,7) Ils avaient une vision
trop courte.
Mais notre vision actuelle est-elle meilleure ? Nous
avons complètement perdu de vue le retour du Christ, pour nous, il est
impossible que ce soit de notre vivant et nous ne voyons la résurrection
des morts que dans un avenir très lointain. Si la lecture de l’épître
nous fait sourire par la naïveté de son interprétation, la nôtre n’est
pas meilleure, la lecture de l’évangile de ce dimanche nous le rappelle :
« Veillez donc car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
(Mt 25,13)
Notre christianisme est à vivre de la même façon que celle
des chrétiens de Thessalonique, comme si le Christ devait revenir tout
de suite, maintenant ! Serais-je prêt à le recevoir ?
Pourtant, c’est ce que je demande plusieurs fois par jours :
« Que ton règne vienne ! »
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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6 novembre 2005
Bosnie Herzégovine
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Attente
De sa formation pharisienne, saint Paul retient que le règne du Messie
doit être immédiat et lorsqu’il écrit aux Thessaloniciens, il pense que
le Christ Jésus va revenir d’une façon imminente.
Cette lettre est le plus ancien ouvrage chrétien que nous possédions,
il date sans doute du début des années 50, avant même que les évangiles
de Marc et de Matthieu ne soient rédigés. Elle nous donne un aperçu de
la foi des tout premiers chrétiens et aussi de leurs inquiétudes :
certains croyants, adeptes de la doctrine de Jésus sont déjà morts sans
voir le règne de Dieu arriver. Sont-ils perdus ? Saint Paul les rassure
en leur affirmant qu’ils ressusciteront après la mort comme le Christ
est ressuscité après trois jours dans le tombeau.
Ceux qui seront vivants lors du retour du Fils de Dieu, venant sur les
nuées comme annoncé par le prophète Daniel, passeront directement de la
vie terrestre à la vie éternelle sans connaître la mort, mais ceux qui
seront déjà décédés ne seront pas pénalisés et ressusciteront pour participer
à l’arrivée triomphante du Messie.
Ecrite à une époque donnée, la Parole de Dieu est intemporelle et si
elle s’adresse d’abord aux contemporains, elle s’adresse aussi à nous,
vingt siècles après. Au lendemain de la Toussaint et de la commémoration
des défunts, quelle est notre conception de la Résurrection ? L’attendons-nous
avec autant d’impatience que les correspondants de saint Paul ? Sommes-nous
prêts à accueillir le Christ venant dans la gloire ? Empêtrés dans
le confort matériel et dans les soucis quotidiens, nous oublions l’essentiel :
Le Père a envoyé son Fils pour nous sauver ! L’anamnèse que nous
disons ou chantons après la consécration est-elle une phrase que nous
pensons réellement ou bien une réponse toute faite sans grande signification ?
Pourtant elle est le résumé du Mystère de la foi !
L’Evangile de saint Matthieu lu ce jour nous invite à être prêt pour
le retour, à tenir notre lampe allumée et à avoir suffisamment d’huile :
il sera trop tard pour aller en chercher !
Les derniers mots de la Bible chrétienne sont : « Viens
Seigneur Jésus ! » Essayons d’y penser, au moins de
temps en temps.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Militaire Catholique en Bosnie Herzégovine
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6 novembre 2011
Fort Neuf de Vincennes
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Proximité de la Sagesse
La définition de la Sagesse donnée par la première lecture pourrait être
appliquée à d’autres présences de Dieu. Sa Parole est présentée avec une
proximité et un rôle similaires : « Elle [la Parole]
n'est pas dans les cieux, qu'il te faille dire: "Qui montera pour
nous aux cieux nous la chercher, que nous l'entendions pour la mettre
en pratique ?" Elle n'est pas au-delà des mers, qu'il te faille
dire: "Qui ira pour nous au-delà des mers nous la chercher, que nous
l'entendions pour la mettre en pratique ?" Car la parole est
tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu
la mettes en pratique. » De même la Loi n’est pas seulement sur
des tables de pierre mais les prophètes rappellent que Dieu la met dans
le cœur des fidèles : « Mais voici l'alliance que je conclurai
avec la maison d'Israël après ces jours-là, oracle de Yahvé. Je mettrai
ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur. Alors je serai
leur Dieu et eux seront mon peuple. » (Jérémie 31,33)
Ces éléments prennent un sens nouveau lorsque nous les regardons à travers
la venue du Fils de Dieu : sa proximité est affirmée par le Christ
lui-même : « Que deux ou trois, en effet, soient réunis en
mon nom, je suis là au milieu d'eux. » (Matthieu 18,20) et cette
promesse après la Résurrection : « Et voici que je suis avec
vous pour toujours jusqu'à la fin de l'âge. » (Matthieu 28,20)
Figure de la Sagesse, le Christ ne se contente pas d’être au milieu de
nous, il est venu pour nous enseigner afin que nous soyons libres et conscients
de le suivre ; il surpasse ainsi tout ce qui a été fait avant sa
venue parmi nous : « de sa plénitude nous avons tout reçu,
et grâce sur grâce ; car la Loi a été donnée par Moïse, mais la grâce
et la vérité sont venues par Jésus Christ. Dieu personne ne l'a jamais
vu ; un Dieu, Fils unique qui est dans le sein du Père, Celui-là l'a fait
connaître. » (Jean 1,16-18)
La Sagesse est assise à la porte de celui qui la cherche, de même le
Christ est présent pour ceux qui le cherchent pour nous expliquer les
Ecritures en ce qui le concerne comme pour les compagnons d’Emmaüs(cf.
Luc 24) et en ce qui concerne la mission qui nous est donnée comme pour
Paul envoyé aux païens (cf. Actes des Apôtres 9)
Aujourd’hui, les chrétiens nourris par la Parole et par les Sacrements
sont dépositaires de cette Sagesse, non pas pour un profit immédiat et
personnel mais pour la manifester au monde. Nous sommes ceux qui la rendent
proche de tous les hommes : « Au détour des sentiers elle
leur apparaît avec un visage souriant. » (Sagesse 6,16) Ce ne
sont pas des dogmes que nous transmettons mais une foi souriante et active,
une Sagesse pour notre monde d’aujourd’hui ! A voir nos frères et
sœurs dans la foi, nous ne constatons pas beaucoup de ‘sourires’
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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12 novembre 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°971
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Ne soyez pas abattus
Tirée du contexte, cette expression a quelque chose de choquant :
comment demander à des personnes qui viennent d’être séparées – même momentanément
– d’un être cher de ne pas être abattues ? Le Christ au tombeau de
Lazare ne reproche pas à Marthe et Marie de pleurer, il ne cherche pas
à les consoler, il leur rappelle simplement que leur frère ressuscitera
(cf. Jean 11,1-43).
Mais justement dans ce passage de saint Paul, il y a un contexte :
« Comme les autres qui n’ont pas d’espérance »
(v.13) Pour ces derniers, la mort est une fin définitive, l’arrêt total
d’échanges affectifs, un manque absolu de relations personnelles :
la mort est la disparition complète et irrévocable de l’être aimé. L’Apôtre
rappelle à ses correspondants qu’il ne doit pas en être ainsi pour eux.
S’il ne néglige pas la peine et la douleur, c’est parce qu’elles sont
chrétiennes : ne sont-elles pas un signe extérieur de l’amour qui
existe entre les personnes ? La douleur de la séparation s’estompe
avec le temps, mais la peine de l’absence subsiste toujours.
A l’époque où saint Paul écrit cette lettre aux Thessaloniciens – chronologiquement
la plus ancienne de toutes ses lettres – lui-même pense que cette séparation
sera brève, il écrit : « nous les vivants, nous qui sommes
encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux
[les défunts], à la rencontre
du Seigneur. » (v.17). Il attend le retour du Christ de façon
immanente : de son vivant ! Ceux qui seront vivants lors du
Retour glorieux du Fils passeront sans rupture de la vie terrestre à la
vie de ressuscité sans connaître la mort qui sera vaincue.
Vingt siècles après cette épître, les chrétiens ne se posent plus la
question de savoir ce qu’il adviendra de ceux qui sont morts, mais ils
ont aussi perdu le sens de l’attente immédiate de la venue du ‘Fils
de l’Homme’ pourtant à de nombreuses reprises, dans sa prédication,
Jésus a prévenu ses disciples – et nous en faisons partie – : « Veillez
donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » (Matthieu 25,13)
Il est nécessaire de revivifier notre veille par l’écoute de la Parole
et la fréquentation des Sacrements. Ne laissons pas nos lampes sans huile !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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8 novembre 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1179
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Le retour du Christ
De sa formation pharisienne, saint Paul retient que le règne du Messie
doit être immédiat et lorsqu’il écrit aux Thessaloniciens, il pense que
le Christ Jésus va revenir d’une façon imminente.
Cette lettre est le plus ancien ouvrage chrétien que nous possédions,
il date sans doute du début des années 50, avant même que les évangiles
de Marc et de Matthieu ne soient rédigés. Elle nous donne un aperçu de
la foi des tout premiers chrétiens et aussi de leurs inquiétudes :
certains croyants, adeptes de la doctrine de Jésus sont déjà morts sans
voir le règne de Dieu arriver. Sont-ils perdus ? Saint Paul les rassure
en leur affirmant qu’ils ressusciteront après la mort comme le Christ
est ressuscité après trois jours dans le tombeau.
Ceux qui seront vivants lors du retour du Fils de Dieu, venant sur les
nuées comme annoncé par le prophète Daniel, passeront directement de la
vie terrestre à la vie éternelle sans connaître la mort, mais ceux qui
seront déjà décédés ne seront pas pénalisés et ressusciteront pour participer
à l’arrivée triomphante du Messie.
Ecrite à une époque donnée, la Parole de Dieu est intemporelle et si
elle s’adresse d’abord aux contemporains, elle s’adresse aussi à nous,
vingt siècles après. Au lendemain de la Toussaint et de la commémoration
des défunts, quelle est notre conception de la Résurrection ? L’attendons-nous
avec autant d’impatience que les correspondants de saint Paul ? Sommes-nous
prêts à accueillir le Christ venant dans la gloire ? Empêtrés dans
le confort matériel et dans les soucis quotidiens, nous oublions l’essentiel :
Le Père a envoyé son Fils pour nous sauver ! L’anamnèse que nous
disons ou chantons après la consécration est-elle une phrase que nous
pensons réellement ou bien une réponse toute faite sans grande signification ?
Pourtant elle est le résumé du Mystère de la foi !
L’Evangile de saint Matthieu lu ce jour nous invite à être prêt pour
le retour, à tenir notre lampe allumée et à avoir suffisamment d’huile :
il sera trop tard pour aller en chercher !
Les derniers mots de la Bible chrétienne sont : « Viens
Seigneur Jésus ! » Essayons d’y penser, au moins de
temps en temps.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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12 novembre 2023
Maison Marie-Thérèse
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n°1350
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Aurons-nous assez d’huile ?
Le Fils de Dieu voudrait faire comprendre le Royaume qu’il annonce mais
il est limité par le langage humains : comment pourrait-il expliquer
l’inexplicable ? Faire admirer l’invisible ? Faire imaginer
l’inimaginable ? Les paraboles commençant par l’expression « le
royaume des Cieux est comparable… » ne peuvent être satisfaisantes
pour le Christ, il sait d’avance que les foules ne pourront pas comprendre
une comparaison faite avec des mots puisque, par définition, le Royaume
est incomparable.
La comparaison qui est proposée ce dimanche n’est pas plus limpide que
les autres, elle montre un des aspects : la soudaineté de la venue
de ce Royaume et l’ignorance jusqu’au dernier moment de son arrivée. Le
croyant doit donc toujours être prêt comme si le Royaume était imminent,
d’un instant à l’autre.
Toutefois, les paraboles du Royaume suggèrent une action de la part des
disciples : aller travailler à la vigne, être un intendant fidèle,
venir au banquet organisé par le roi, acheter le champ pour avoir le trésor,
etc…
Dans celle qui est proposée ce dimanche, rien de tout cela. Bien sûr
ces jeunes femmes ont préparé leurs lampes, certaines pensent à prendre
de l’huile mais en attendant l’époux, elles dorment ! La seule ‘épreuve’
qui leur est demandée est la patience : « Comme l’époux tardait,
elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. » (v.13) L’excitation
d’attendre l’époux ne suffit pas à les maintenir éveillées.
A l’annonce de l’arrivée de celui qu’elles attendent, celles qui n’avaient
pas pensé à prendre de l’huile sont prises au dépourvu et devant le refus
de leurs sœurs partent en chercher. L’Evangile invite ses lecteurs au
partage, à l’amour de l’autre, et même il proclame : « Il
n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
(Jean 15,13) Le Seigneur n’aurait-il pas préféré accueillir toutes ses
fiancées, au risque d’une certaine obscurité ? Une autre question
peut être posée, comment les ‘vierges sages’ ont-elles su quelle
quantité d’huile serait nécessaire, l’époux aurait pu tarder davantage
et toutes se seraient trouvées sans huile.
Dans ces paraboles, le Christ donne petit à petit des indices pour ses
disciples qui cherchent à être vraiment des hommes et des femmes qui sont
à l’écoute. Il ne s’agit pas de rester à écouter des paraboles, aussi
belles soient elles, comme un texte ordinaire il faut les écouter avec
le cœur pour trouver comment Dieu m’indique aujourd’hui la façon de le
rencontrer et de le suivre dans ce monde.
Demandons au Seigneur l’inspiration pour trouver les mots et les gestes
pour montrer notre foi à nos frères et sœurs dans notre monde.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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