jour 24
Lundi 23novembre 2020
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Don de soi
Apocalypse 14, 1-3.4b-5 – PSAUME 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6
– Luc 21, 1-4
Dans les sociétés du Moyen-Orient à l’époque de Jésus, la femme n’avait
d’existence que par rapport à l’homme dont elle dépendait ; c’est-à-dire
son père, ou à défaut son frère même s’il était beaucoup plus jeune, tant
qu’elle n’était pas mariée, son époux ensuite et enfin son fils si elle
était devenue veuve. La Bible ne parle que très rarement des filles des
patriarches parce qu’elles partiront dans une autre famille, par contre
elle met en lumière les belles-filles parce qu’elles transmettent la lignée.
« Il arriva près de la porte de la ville [Naïm] au moment où
l’on emportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique,
et sa mère était veuve. Une foule importante de la ville accompagnait
cette femme. Voyant celle-ci, le Seigneur fut saisi de compassion pour
elle et lui dit : ‘Ne pleure pas.’ Il s’approcha et toucha le cercueil ;
les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : ‘Jeune homme, je te l’ordonne,
lève-toi.’ Alors le mort se redressa et se mit à parler. Et Jésus le rendit
à sa mère. » (Luc 7,12-15) En rendant le fils à sa mère, Jésus
redonne à celle-ci une existence légale et une sécurité dans la société.
Dans cette optique, Jésus voit la veuve qui vient déposer ses ‘deux
petites pièces de monnaie’ et il comprend qu’elle est seule puisque
c’est elle-même qui apporte son offrande et non pas son mari ou son fils.
Bien qu’elle soit dans la détresse Elle n’oublie pas de venir rendre grâce
à Dieu et de participer au culte en donnant ce qu’elle a. Alors que tout
le monde remarque ‘les gens riches qui mettaient leurs offrandes dans
le Trésor’ (v.2) Dieu-le-Fils est sensible à l’obole de la ‘veuve
misérable’ : « Dieu ne regarde pas comme les hommes :
les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. »
(1 Samuel 16,7b)
La leçon que nous pouvons tirer de ce passage d’évangile est claire :
chacun de nous donne largement, quelquefois ostensiblement, des richesses
que nous pouvons avoir – pas forcément des richesses matérielles. Mais
avons-nous l’humilité de donner publiquement de nos indigences ?
Pourtant nous constatons dans cette péricope que c’est là que le Seigneur
nous attend.
La pointe de ce texte est de nous faire réfléchir et découvrir en nous-mêmes
quelles sont les deux petites pièces de monnaie que le Seigneur me demande
de lui donner.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde
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Jour 25
Mardi 24 novembre 2020
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Détruisez ce Temple, en trois jours, je le reconstruirai.
Apocalypse 14, 14-19 – PSAUME 95 (96), 10, 11-12a, 12b-13ab, 13bcd
– Luc 21, 5-11
Cette affirmation en saint Luc se retrouve également dans les évangiles
de Matthieu (26,61) de Marc (14,58) et de Jean (2,19sv.) Elle est utilisée
par Jésus en face de ses disciples qui admirent les pierres et la richesse
du temple de Jérusalem.
En utilisant une telle formule qui scandalise ses auditeurs pour qui
le Temple est intouchable : c’est le seul lieu de la présence de
Dieu au milieu de son peuple, le Christ veut attirer leur attention sur
leur façon de concevoir Dieu, de l’enfermer dans le Saint des saints,
une pièce fermée et obscure, sans l’autoriser à en sortir.
Ce Temple est fait de main d’homme (Mc 14,58). La restauration en avait
été commencée par le roi Hérode le grand au moment de la naissance de
Jésus. La motivation du roi était davantage politique pour se faire reconnaître
et se concilier les juifs (il était plus ou moins un usurpateur) que spirituelle
(il n’avait aucun rôle religieux, il ne semble même pas qu’il fût oint).
Cette idée sera reprise dans les écrits du Nouveau testament : « Mais
le Très-Haut n'habite pas dans ce qui est fait de main d'homme »
(Actes 7,48) et surtout dans l’épître aux Hébreux : « Car
Christ n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme, en imitation du véritable, mais il est
entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant
la face de Dieu ». (Hé
9,24)
Les conclusions que nous pouvons en tirer pour
nous dans notre propre histoire sont que très souvent nous aussi nous
enfermons Dieu, dans une église, dans le tabernacle, dans les œuvres caritatives.
Nous faisons une dichotomie totale entre notre «vie de tous les jours »
et notre «vie spirituelle ».
A notre Baptême et à toutes les vigiles pascales, nous évoquons le Christ
comme la Lumière de notre vie, comme celui qui éclaire nos pas, comme
celui qui nous guide vers le Royaume de Dieu. Est-il question d’une lumière
intermittente comme les guirlandes de Noël ? Que nenni ! Le
Christ nous éclaire à chaque instant de notre vie de pécheurs. Nous ne
la voyons pas parce que nous fermons les yeux ou que nous nous mettons
des lunettes noires.
Le chrétien, où qu’il soit, est un homme debout,
les yeux ouverts, dans la Lumière, prêt à proclamer le Christ à temps
et à contretemps. Relisons le chapitre 25 de l’évangile de saint Matthieu
qui a été lu dimanche «à chaque fois que vous l’avez fait au plus petit
de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » C’est là que
se trouve le Temple qui n’est pas fait de main d’homme !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde
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Jour 26
Mercredi 25 novembre 2020
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Rendre témoignage
Apocalypse 15, 1-4 – PSAUME 97 (98), 1, 2-3ab, 7-8, 9
– Luc (21, 12-19)
Le
droit de se sentir agressée est refusé à l’Eglise catholique pourtant
force est de constater que toutes les occasions semblent bonnes pour ridiculiser
ou accuser de passéisme le pape, le clergé et les fidèles, formes de persécution
nouvelles et insidieuses.
Les attentats récents n’ont entraîné que des protestations de pure forme
de ces mouvements antiracistes alors qu’ils montent aux créneaux dès qu’il
s’agit d’un édifice religieux non chrétien : « Ce ne sont
que des catholiques ! » (sic)
L’évangile de ce jour montre que Jésus avait prévenu ses disciples, le
message d’amour et de Salut qu’il leur donne à transmettre ne peut pas
être bien reçu par l’humanité parce qu’il remet en cause son confort intellectuel
et matériel. En même temps qu’il annonce la difficulté de cette annonce,
il assure ses auditeurs de son aide sans restriction en leur disant :
« Vous n’avez pas à vous soucier de votre défense, moi-même je
vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle vos adversaires ne
pourront opposer ni résistance ni contradiction. » (Luc 21,15)
C’est bien ici et maintenant que le Fils éternel du Père inspire ceux
qui sont persécutés à cause de son Nom. Chaque chrétien est directement
inspiré par Lui pour vivre l’Evangile dans le monde qui l’entoure, seul,
en communauté locale ou dans l’Eglise universelle. A travers les siècles
des prophètes et des saints se sont levés, illuminés par l’Esprit Saint,
le défenseur que le Christ avait promis d’envoyer à des disciples (cf.
Jean 14-16) Et cela n’a pas cessé : aujourd’hui encore des hommes
et des femmes témoignent par leur vie de cette inspiration divine.
Par le Baptême, nous sommes entrés dans la Vie éternelle avec le Christ
ressuscité ; par la Confirmation nous sommes devenus propagateurs
de la Bonne Nouvelle du Salut ; ces grâces d’état qui nous ont été
données ne doivent pas être passées sous silence, laissons agir le feu
de la Parole qui rend notre cœur tout brûlant comme pour les disciples
d’Emmaüs (cf. Luc 24,13ss)
Ne nous soucions pas de la façon dont nous témoignons, Sainte Bernadette,
devant l’incrédulité de son curé, lui aurait dit : « La Dame
m’a chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire. » Comme
elle, nous avons le devoir d’annoncer l’Evangile par le discours et l’exemple
de notre vie, pas de forcer les gens à croire. Annoncer la Parole du Christ
et l’Amour du Père est une fonction aussi vitale que respirer ou manger :
« c’est
une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas
l’Évangile ! » (1Corinthiens 9,16)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde
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Jour 27
Jeudi 26 novembre 2020
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Le Fils de l’Homme
Apocalypse 18, 1-2.21-23 ; 19, 1-3.9a
– PSAUME 99 (100), 1-2, 3, 4, 5 – Luc 21, 20-28
Pour ses disciples, Jésus reprend la vision décrite par le prophète Daniel :
« Je contemplais, dans les visions de la nuit: Voici, venant sur
les nuées du ciel, comme un Fils d'homme. Il s'avança jusqu'à l'Ancien
et fut conduit en sa présence. A lui fut conféré empire, honneur et royaume,
et tous peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire
éternel qui ne passera point, et son royaume ne sera point détruit. »
(Daniel 7,13-14) les auditeurs comprennent que Jésus s’applique à lui-même
cette prophétie : il est ce fils d’homme à qui tout pouvoir a été
donné et qui règnera sur toutes les nations pour l’éternité.
Lors de son procès devant le grand-prêtre, celui-ci lui demande :
« Je t'adjure par le Dieu Vivant de nous dire si tu es le Christ,
le Fils de Dieu. » à quoi Jésus répond : « Tu l'as
dit. D'ailleurs je vous le déclare dorénavant, vous verrez le Fils de
l'homme siégeant à droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel. »
(Matthieu 26,63-64) Aussitôt, le grand-prêtre crie au blasphème comprenant
que Jésus se déclare comme siégeant à la Droite de Dieu, c'est-à-dire
de même nature que Lui. L’évangile de saint Jean est encore plus explicite
devant le sanhédrin en répondant par le Nom de Dieu : « Je
suis ! », le Nom révélé à Moïse (Exode 3,14)
Parallèlement à cette affirmation que Jésus donne de sa nature divine,
l’expression même ‘fils de l’homme’ implique sa nature humaine ;
saint Luc fait remonter la généalogie de Jésus jusqu’à Adam, le premier
homme créé (cf. Luc 3,23-38) montrant ainsi après avoir décrit l’Annonciation
et la Nativité que Jésus est un homme dans toutes ses dimensions, un homme
né d’une femme, le ‘fruit de ses entrailles’. Le prophète Daniel
parlait d’une apparition ‘comme un fils d’homme’ Jésus démontre
que ce n’est pas une simple apparition mais une véritable Incarnation
de la divinité : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité
parmi nous ! » (Jean 1,14)
Par les explications du sens profond des Ecritures qu’il donne, Jésus
montre qu’il n’en a pas une simple connaissance mais qu’il la maîtrise
parce qu’il en est l’inspirateur : sa parole révèle la Parole de
Dieu : « Tout m'a été remis par mon Père, et nul ne connaît
le Fils si ce n'est le Père, et nul ne connaît le Père si ce n'est le
Fils, et celui à qui le Fils veut bien le révéler. » (Matthieu
11,27) Par sa naissance, par ses souffrances et ses sentiments, par sa
mort, Jésus montre la réalité de son humanité. Par sa Résurrection, Jésus
montre le dessein du Père sur sa Création : « Grâce et paix
vous soient données par "Il est, Il était et Il vient", par
les sept Esprits présents devant son trône, et par Jésus Christ, le témoin
fidèle, le Premier-né d'entre les morts, le Prince des rois de la terre.
Il nous aime et nous a lavés de nos péchés par son sang, il a fait de
nous une Royauté de Prêtres, pour son Dieu et Père. » (Apocalypse
1,4-6)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde
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Jour 28
Ve,dredi 27 novembre 2020
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Crescendo
Apocalypse 20, 1-4.11 – 21, 2 – PSAUME
83 (84), 3, 4, 5-6a.8a – Luc 21, 29-33
La vision de l’auteur de l’Apocalypse s’achève, la révélation se complète
petit à petit. Dans ce passage il utilise une courte anaphore pour décrire
les dernières marches de l’escalier de la Création pour aboutir au Règne
de Dieu.
Première étape pour épurer la Création, le « serpent des origines »
est éliminé. Celui qui a été la cause de la déchéance de l’humanité en
l’amenant à la transgression est jeté dans l’Abîme des origines. Cette
affirmation est le signe du pardon du péché : le véritable coupable
est puni entrainant de ce fait l’absolution de tous.
Enfin définitivement libérés, les justes peuvent ressusciter, se relever
d’entre les morts afin de prendre place sur les trônes qui leur sont réservés
pour régner avec le Christ. « Ceux qui ont été décapités à cause
du témoignage pour Jésus, et à cause de la parole de Dieu »
peut être une évocation du martyre de Pierre et Paul qui ont annoncé la
Parole.
La cour céleste ainsi préparée peut accueillir le Créateur. Les éléments
matériels ne peuvent tenir devant Lui : « le ciel et la terre
s’enfuirent », il ne reste que l’humanité qui peut se tenir debout,
enfin rétablie dans sa dignité devant « Celui qui siège sur le
trône » blanc. Tous se relèvent de la mort qui a été vaincue
le jour où Dieu-le-Fils est sorti glorieux du tombeau où il avait été
déposé. Le jugement de Dieu peut commencer.
La dernière vision de ce passage relate la nouvelle Création où la mer
source du mal a disparu, apparaissent des cieux nouveaux et une Jérusalem
nouvelle descend d’auprès de Dieu c’est-à-dire Dieu qui vient résider
au milieu de son peuple régénéré.
Cette vision du prophète est annoncée par le Christ lui-même. Cela est
rappelé dans le passage d’évangile de Luc : « Le ciel et
la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. » ainsi averti,
le croyant sait que la Parole du Fils est le chemin sûr qui permet de
se diriger dès cette vie vers le Royaume. Méditer cette Parole c’est déjà
être parmi ceux qui sont debout, régénérés par la victoire du Christ sur
la mort.
En ces temps difficiles l’Ecriture est comme une bouée qui permet de
tenir la tête hors de l’eau. Sans elle nous risquons de couler et de perdre
confiance et espoir.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde
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Jour 29
Samedi 29 novembre 2020
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Une fin d’année sans réveillon ?
Apocalypse 22, 1-7 – PSAUME (94 (95), 1-2, 3-5, 6-7)
– Luc 21, 34-36
Par ce titre, je ne préjuge pas de ce que nous aurons l’autorisation
de vivre le 24 décembre ou le 31 décembre. Je veux souligner que l’année
liturgique 2020 se termine aujourd’hui. C’était une année où nous avons
lu l’évangile de saint Matthieu, année « A ». A partir de demain
29 novembre, 1er dimanche de l’Avent 2021, nous lirons l’évangile
de saint Marc pour une nouvelle année « B ».
En fait, nous avons l’habitude de fins d’année, plus ou moins marquées
par des fêtes.
- L’année civile est la plus connue, du 1er janvier au 31
décembre, s’achevant sur des manifestations d’autant plus importantes
que le chiffre est symbolique (voir le 31 écembre 1999…)
- Notre anniversaire est une année qui nous est personnelle. Là aussi
les célébrations sont plus marquées aux changements de dizaine…
- L’année scolaire du 1er septembre au 31 août, où les résultats
des examens donnent naissance à des joies ou des déceptions sources
de nouvelles réjouissances pour fêter ou oublier…
- L’année de travail se confond, au point de vue des dates, avec l’année
scolaire mais elle est rythmée différemment, scandée essentiellement
par les vacances d’été…
Alors l’année liturgique ? Une année de plus ou nous allons attendre
la naissance du Christ pendant l’avent et de Noël, puis sa mort et sa
résurrection pendant les temps du Carême et de Pâques, et enfin la fête
du Christ roi, l’avènement du Fils dans sa Gloire, comme nous l’avons
célébrée dimanche dernier.
Mais le cycle de la liturgie n’est pas un simple recommencement, c’est
tout autre chose : c’est le développement du mystère de la foi étalé
sur toute l’année. Chaque fois que nous célébrons la messe, nous faisons
mémoire de Celui qui est né, qui a souffert et qui reviendra. Il s’agit
d’une pédagogie permettant de souligner tel ou tel aspect du mystère du
Christ afin que chaque chrétien puisse mieux y pénétrer tout au long d’une
année.
Nous avons la chance de penser notre foi non pas globalement mais par
morceaux, par étape pour bien profiter de la Révélation. Aujourd’hui,
le Christ est-il le Messie que nous attendons ? Avons-nous la foi
du bon larron au point de dire « souviens de moi quand tu viendras
dans ton royaume. » Ou bien sommes-nous obnubilés par l’immédiat
comme l’autre crucifié qui demande la libération ‘tout de suite’ ?
Il nous faudra bien un an pour répondre à ces questions. Il nous faudra
réfléchir à la venue u Christ à Noël, sa mort sur la croix et sa résurrection
pour chacun de nous personnellement afin d’appréhender son retour glorieux.
Pensons-y en constatant notre progression depuis un an et en commençant
un nouvel Avent.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde
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