Jour 32
Mardi 1er décembre 2020
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La Gloire de Dieu
Isaïe 11, 1-10 – PSAUME 71 (72), 1-2, 7-8, 12-13, 17
– Luc 10, 21-24
« La racine de Jessé, père de David, sera dressée comme un étendard
pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure. »
(Isaïe 11,10) Cette annonce du Messie par le prophète Isaïe a un sens
caché beaucoup plus fort que les chrétiens ne pourraient le penser de
prime abord : dans l’Ancien Testament, la ‘Gloire’ est souvent
pris comme une espèce de périphrase pour éviter de prononcer le nom interdit
que Dieu a donné à Moïse : « Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur
ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui
invoque son nom pour le mal. » (Deutéronome 5,11)
L’expression est prise comme synonyme de la présence de Dieu dans ses
manifestations visibles. Lorsque Moïse, à la demande de Dieu, consacre
la ‘Tente de la Rencontre’ dans le désert « Moïse ne pouvait
pas entrer dans la tente de la Rencontre, car la nuée y demeurait et la
gloire du Seigneur remplissait la Demeure. » (Exode 40,35) La
dédicace du Temple de Salomon entraîne la même épiphanie : « Quand
les prêtres sortirent du sanctuaire, la nuée remplit la maison du Seigneur,
et, à cause d’elle, les prêtres durent interrompre le service divin :
la gloire du Seigneur remplissait la maison du Seigneur ! » (1Rois
8,10-11) Cette image est reprise pour décrire le Royaume de Dieu :
« Et le Sanctuaire fut rempli de fumée par la gloire de Dieu et
sa puissance, et personne ne pouvait entrer dans le Sanctuaire. »
(Apocalypse 15,8) et son extension à l’ensemble des élus dans la Jérusalem
céleste : « La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune
pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine : son luminaire,
c’est l’Agneau. » (Apocalypse 21,23)
L’auteur du IVème évangile utilise largement cette interprétation
pour montrer que Jésus est vraiment Dieu : « Et le Verbe
s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire,
la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et
de vérité. » (Jean 1,14) Dans le sacrifice de sa vie pour le
Salut des hommes, le Christ se révèle comme le Fils en pleine communion
avec le Père : « Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi,
Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. »
(Jean 17,5)
Les chrétiens en annonçant le message de la Rédemption sont les témoins
de la présence de Dieu et voient la gloire de Dieu : « Mais
lui, rempli de l’Esprit Saint, fixait le ciel du regard : il vit
la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. » (Actes
7,55) Il nous incombe de continuer la propagation de ce message pour que
soit rendue visible la Gloire de Dieu dans nos vies et dans nos œuvres.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde
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Jour 33
Mercredi 2 décembre 2020
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Action du Christ – action des disciples
Isaïe 25, 6-10a – PSAUME 22 (23), 1-2ab, 2cd-3, 4,
5, 6 – Matthieu 15, 29-37
Jésus s’est assis sur la montagne. Les foules déposent tous ces malades
et handicapés à ses pieds. Elles agissent comme si elles apportaient une
offrande qui serait faite à Dieu siégeant sur son trône. Mais il est précisé
dans le Pentateuque : « Dans toutes tes générations, aucun
homme de ta descendance, s’il a une infirmité, ne s’approchera pour présenter
la nourriture de son Dieu. Car aucun homme atteint d’une infirmité ne
s’approchera, qu’il soit aveugle, boiteux, défiguré ou difforme, qu’il
soit un homme au pied ou au bras fracturé, » (Lévitique 21,17-19)
Ces exclus du culte de Jérusalem voient en Jésus celui qui est annoncé
par le prophète : « Voici votre Dieu : c’est la vengeance
qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. Alors
se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des
sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera
de joie. » (Isaïe 35,4-6) Après ces miracles ils voient l’action
de Dieu et « ils rendirent gloire au Dieu d’Israël »
(v.31)
Dieu-le-Fils ne se contente pas de relever toutes ces personnes dans
la dignité humaine, des personnes debout, libres. Il se soucie aussi du
matériel, il ne peut pas les « renvoyer à jeun : ils pourraient
de défaillir en chemin » (v.32) Avec les sept pains et quelques
petits poissons que les disciples avaient prévus pour leur subsistance
propre, il va nourrir ces foules immenses jusqu’à satiété : il reste
sept corbeilles pleines !
Préfiguration de l’Eucharistie, le miracle de la multiplication des pains
est aussi une anticipation du ministère de l’Eglise : le Christ rend
grâce mais c’est aux disciples de distribuer ces pains ‘eucharistiés’
pour que chacun puisse participer. La messe – dont nous avons été cruellement
privés – est une action du Christ comme rappelé dans la prière eucharistique
« en te rendant grâce, il le bénit, le rompit et le donna à ses
disciples… » (1ère prière eucharistique) mais cette
action est remise entre les mains de ministres – ordinaires ou extraordinaires
– pour que chacun communie au sacrifice que le Fils offre au Père.
Disciples du Christ, nous devons prendre modèle sur Lui : avoir
de la compassion pour tous ces ‘boiteux, ces aveugles, ces estropiés,
ces muets, et beaucoup d’autres encore’ (v.30) et ne pas oublier de
leur apporter ce pain eucharistié là où ils se trouvent avec les difficultés
qu’ils peuvent traverser : âge, solitude, handicap. Dans ces temps
troublés où il nous est beaucoup parlé d’essentiel, sous-entendu d’essentiel
matériel, la foi nous demande des actes concrets et solidaires pour apporter
l’espérance et la joie.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde
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Jour 34
Jeudi 3 décembre 2020
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Mettre en pratique
Isaïe 26, 1-6 – PSAUME 117 (118), 1.8, 19-20, 21.25,
26 – Matthieu 7, 21.24-27
« Le saint Concile exhorte de façon insistante et spéciale tous
les chrétiens, et notamment les membres des ordres religieux, à apprendre,
par la lecture fréquente des divines Ecritures, "la science éminente
de Jésus-Christ"(Ph 3,8). "En effet, l'ignorance des Ecritures,
c'est l'ignorance du Christ". Que volontiers donc ils abordent le
texte sacré lui-même, soit par la sainte liturgie imprégnée des paroles
de Dieu, soit par une pieuse lecture, soit par des cours appropriés et
par d'autres moyens qui, avec l'approbation et par les soins des pasteurs
de l'Eglise, se répandent partout de nos jours d'une manière digne d'éloges.
Qu'ils se rappellent aussi que la prière doit aller de pair avec la lecture
de la Sainte Ecriture, pour que s'établisse le dialogue entre Dieu et
l'homme, car "nous lui parlons quand nous prions, mais nous l'écoutons
quand nous lisons les oracles divins". » (Concile Vatican
II – Constitution dogmatique sur la Révélation divine ‘Dei Verbum’
n°25 18 novembre 1965)
Le Concile Vatican II, à la suite des papes Benoît XV (1914-1922) et
Pie XII (1939-1958), a rappelé aux catholiques l’importance de la Parole
de Dieu et les a invités à lire et méditer la Bible, Ancien et Nouveau
Testament, avec une place toute particulière pour les Evangiles. La Constitution
sur la Sainte Liturgie (‘Sacrosanctum Concilium’ 4 décembre 1963)
avait déjà souligné la place de l’Ecriture dans la célébration des Sacrements.
L’aggiornamento des rituels et du ‘Missel Romain’ a valorisé les
lectures bibliques en autorisant les langues usuelles et il a invité les
pasteurs à favoriser l’homélie (commentaire de la Parole) plutôt que les
prônes (commenter un point de la foi) et les sermons (rappel de l’éthique
chrétienne à une communauté)
Toutes ces déclarations de l’Eglise universelle n’ont de sens que si
nous avons en tête la déclaration du Christ qui est proposée dans l’évangile
de ce jour : « celui qui entend les paroles que je dis là
et les met en pratique » (Matthieu 7,24) La Parole de Dieu ne
peut pas être seulement un sujet d’étude ou de méditation, elle doit avoir
un retentissement effectif dans la vie quotidienne du disciple. Cette
simple phrase est une accusation directe qui nous est faite : comment
est-ce que je mets en pratique les paroles du Christ ? Quelles sont
mes œuvres ?
Pour illustrer cela l’Apôtre n’hésite pas à rappeler ce que fit une femme
de ‘mauvaise vie’ : « Il en fut de même pour Rahab,
la prostituée : n’est-elle pas, elle aussi, devenue juste par ses
œuvres, en accueillant les envoyés de Josué et en les faisant repartir
par un autre chemin ? » (Jacques 2,25 ; cf. Josué 2,1-8
et 6,17-25)
De même que l’or est estimé par la pierre de touche, notre vie ne peut
l’être que si elle se frotte à la Parole de Dieu ; alors nous bâtirons
notre maison sur le roc.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde
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Jour 35
Vendredi 4 décembre 2020
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Faire cela
Isaïe 29, 17-24 – PSAUME 26 (27), 1, 4abcd, 13-14 –
Matthieu 9, 27-31
Ces deux aveugles ne demandent à Jésus que de prendre pitié d’eux. A
aucun moment dans ce passage une prière de guérison de leur cécité est
évoquée. Avoir de la compassion pour des personnes aveugles n’importe
quel homme en est capable et peut « faire cela » mais
aucun n’a la possibilité de rendre la vue à ceux qui l’ont perdue.
Les deux hommes n’ont pas à formuler directement leur espérance de retrouver
la vue : Jésus connait ce qu’il y a dans l’homme (cf. Jean 2,25)
il sait mieux que ses interlocuteurs quels sont leurs besoins (cf.
Luc 12,30) car il regarde le cœur et non les apparences (cf. 1Samuel 16,7 ;
Marc 12,14). Ils ne se méprennent pas sur la question que pose Jésus :
il a bien compris le sens de leur demande et que le ‘cela’ est
le miracle qu’ils attendent.
C’est avec foi et persévérance que ces aveugles, malgré leur handicap
et les obstacles sur le chemin, ont suivi Jésus, ils ne se sont pas découragés
en cours de route et ils ont osé entrer dans la maison toujours en demandant
l’attention du Christ, le fils de David promis par les prophètes (cf.
première lecture) et ces pérégrinations n’ont pas entamé leur foi, ils
n’ont pas douté que Jésus pouvait ‘faire cela’.
Une fois guéris, ils ne peuvent obéir à l’injonction de Jésus :
« Attention ! Que personne ne le sache ! » (v.30) Ils ne peuvent
pas garder cet événement pour eux seuls : leur cœur est trop débordant
de gratitude comme les compagnons d’Emmaüs repartant en pleine nuit :
« À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem »
(Luc 24,33), comme l’écrira ensuite saint Paul : « Annoncer
l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité
qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! »
(1Corinthiens 9,16)
Ces quelques lignes résonnent en nous et provoquent beaucoup de questions.
Quel est mon handicap dont je voudrais être débarrassé ? Est-ce que
je persévère à suivre le Christ sur son chemin ? Est-ce je crois
que Jésus peut faire cela ? Est-ce que je me ne décourage pas trop
vite dans ma prière ? Est-ce que j’annonce l’Evangile avec joie autour
de moi ? Est-ce que…
Apprenons à crier de tout notre cœur : « Prends pitié de
nous, fils de David ! » et nous serons exaucés.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde
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Jour 36
Samedi 5 décembre 2020
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Gratuitement
Isaïe 30, 19-21.23-26 – P SAUME 146 (147A), 1-2, 3-4,
5-6 – Matthieu 9, 35 – 10, 1.5a.6-8
Enseignant les foules dans les synagogues, Jésus constate la joie du
peuple de Dieu d’entendre une parole claire qui touche le cœur :
« On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme
qui a autorité, et non pas comme les scribes. » (Marc 1,22) Le
Christ constate la soif des juifs vis-à-vis de la compréhension de l’Ecriture
pout pouvoir y conformer leur vie et suivre le chemin de Dieu.
Dieu-le-Fils n’entend pas agir seul, il est venu dans notre chair pour
sauver le genre humain mais il ne veut pas le faire avec une humanité
passive, les disciples doivent participer à leur niveau à la prédication
du Royaume. Comme pour la multiplication des pains où il leur avait dit
« Donnez-leur vous-mêmes à manger » (cf. Marc 6,37) il
les envoie pour proclamer le Salut.
« Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. »
(v.8) Avec cet adverbe, le Christ ne parle pas d’une opération commerciale,
monnayable, il souligne simplement que c’est par la grâce du Père que
le Fils leur donne cette première mission dans laquelle eux aussi, par
la grâce du Père, pourront faire les mêmes miracles que lui.
Les Apôtres rencontreront un homme voulant acheter leurs pouvoirs :
« Simon, voyant que l’Esprit était donné par l’imposition des
mains des Apôtres, leur offrit de l’argent en disant : ‘Donnez-moi
ce pouvoir, à moi aussi, pour que tous ceux à qui j’imposerai les mains
reçoivent l’Esprit Saint.’ Pierre lui dit : ‘Périsse ton argent,
et toi avec, puisque tu as estimé pouvoir acheter le don de Dieu à prix
d’argent ! Tu n’as aucune part, aucun droit, en ce domaine, car devant
Dieu ton cœur manque de droiture.’ » (Actes des Apôtres 8,18-21)
Si son intention était bien de transmettre lui aussi l’Esprit Saint, il
désirait en tirer profit. Ce Simon ne voyait que les effets de cette transmission
et non pas la source qui est l’amour du Père pour l’Homme. Pierre lui
rappelle que ce n’est pas un droit mais un don que le Seigneur fait à
tous ceux qui le lui demandent avec foi et confiance.
Par les sacrements que nous avons vécus, nous avons reçu l’Esprit Saint
et la mission qui accompagne cette réception. Nous sommes les disciples
envoyés ‘comme des brebis au milieu des loups’ (cf. Matthieu 10,16)
pour participer à la mission du Fils. ‘Les ouvriers sont peu nombreux’
(v.9,37) raison de plus pour nous mettre dès maintenant à cette moisson…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Administrateur de sainte Radegonde
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