Jour 66
Lundi 24 mai 2021
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Mère de tous
Lecture du livre de la Genèse (3, 9-15.20) OU
Lecture du livre des Actes des Apôtres (1, 12-14) – PSAUME (86 (87), 1-2,
3 et 5, 6-7) – Jean (19, 25-34)
Après l’Ascension de son Fils, Marie a " assisté de ses
prières l’Église naissante " (Lumen Gentium n°69). Réunie avec les apôtres et quelques femmes, " on
voit Marie appelant elle aussi de ses prières le don de l’Esprit qui, à l’Annonciation, l’avait déjà
elle-même prise sous son ombre "
(ibid. n°59).
La Vierge Marie est toujours citée avec les Douze sans le Cénacle, la
« chambre haute » où avait eu lieu le dernier repas de
Jésus avec ses disciples. Elle les accompagne dans la prière. Sans doute
était-ce le cas le jour de la Pentecôte. Elle-même, comme le rappelle
le Concile Vatican II, était remplie de l’Esprit Saint depuis qu’elle
avait accepté sa mission exceptionnelle : « Voici la servante
du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Luc
1,38)
Le Vendredi Saint, elle a pu se tenir près de la croix accompagnée du
‘disciple que Jésus aimait’ et de deux autre femmes. Elle entend
ces phrases : « Femme, voici ton fils. […] Voici ton fils ! »
(Jean 19,26.27) elle aurait pu craindre que ce soit un reniement mais
elle comprend que c’est un complément logique de celle qui lui a déjà
été confiée. En effet l’anonymat de ce disciple évoque tous ceux qui croiront
au fils de Marie, le Christ, Dieu-le-Fils, mort sur la croix et ressuscité,
premier-né d’entre les morts.
Cette démarche de foi qui donne au croyant cette possibilité d’être à
table comme un Apôtre le Jeudi Saint, d’être au pied de la Croix comme
un disciple que Jésus aime, d’être désigné à Marie, Mère de Dieu, comme
son fils. Toutes ces personnes qui croient cela forment un peuple de frères
et sœurs que l’on appelle l’Eglise.
Mère de chacun des disciples, Marie est également Mère de l’ensemble,
Mère de l’Eglise la fête d’aujourd’hui nous le rappelle pour que nous
y pensions aussi les autres jours.
« Après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut
ne s'interrompt pas: par son intercession répétée elle continue à nous
obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. Son amour maternel
la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n'est pas
achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu'à
ce qu'ils parviennent à la patrie bienheureuse » (Lumen Gentium
n°62)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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Jour 67
Mardi 25 mai 2021
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Vous avez dit Temps Ordinaire ?
Ben Sira le Sage (35, 1-15) – PSAUME (Ps 49 (50), 4-6,
7-8, 14.23) – Marc (10, 28-31)
Dans les synonymes qui sont proposés par les dictionnaires, nous pouvons
trouver pour Ordinaire : Commun, Collectif, Habituel, Quelconque,
Courant, Banal. Cela peut provoquer une confusion dans l’esprit des personnes
qui entendent que l’Eglise a repris depuis lundi dernier le Temps Ordinaire.
Pour ceux qui fréquentent un peu plus le vocabulaire catholique, ils
savent que l’Ordinaire d’un lieu est une expression pour désigner
l’évêque local : Monseigneur Gérard Le Stang vient d’être ordonné
évêque d’Amiens, il est l’ordinaire du lieu.
Le Temps Ordinaire n’est donc pas à prendre dans le sens d’une
banalité quotidienne ou quelconque, il est le temps qui met en
ordre les idées séparées que nous avons dans les temps liturgiques
plus marqués autour des grandes fêtes chrétiennes : l’Avent, le Temps
de Noël, le Carême, le Temps de Pâques.
Le mystère chrétien est si vaste qu’on ne peut l’envisager d’un seul
coup d’œil. Les tout-premiers croyants se réunissaient le samedi soir
pour vivre ensemble la nuit de la Résurrection. Toutes les semaines !
Si, globalement, les différents aspects de l’incarnation étaient envisagés,
le salut, obtenu par la mort et la résurrection du Christ, était le pôle
principal de la célébration dominicale. Très tôt, il a semblé nécessaire
de méditer tout particulièrement cet aspect avec une préparation particulière.
Ainsi est née la fête de Pâques avec un temps de conversion et un temps
d’action de grâces : le Carême et le Temps de Pâques. Un peu plus
tard est venue l’idée de réfléchir d’une façon similaire sur l’incarnation
proprement dite, la naissance du Sauveur, homme parmi les hommes.
Les trente-quatre autres semaines sont données pour rechercher de la
présence dans notre vie quotidienne de cette Bonne Nouvelle du salut en
Jésus Christ. Comment notre vie habituelle est imprégnée de ce changement
radical. Lorsque je réalise que le Père m’aime au point de donner la vie
de son Fils pour que je sois avec lui, comment pourrais-je vivre si ce
n’est dans cet amour. Toute chose qui me détournerait de cette intimité
avec la Trinité devrait m’être insupportable. Mais malheureusement ce
n’est pas toujours le cas…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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Jour 68
Mercredi 26 mai 2021
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Etre honoré de son vivant
Ben Sira le Sage (36, 1-2.5-6.13.16-22) – PSAUME (78
(79), 8, 9, 11, 13) – Marc (10, 32-45)
Lorsque Jacques et Jean, les fils de Zébédée, demandent à Jésus de siéger
à sa droite et à sa gauche, ils pensent à un pouvoir royal temporel, à
avoir les meilleures places de leur vivant. Les personnes qui suivent
Jésus ne sont pas dénuées d’ambition, ils le fréquentent parce qu’ils
pensent qu’il va restaurer le royaume de David. Il aura donc besoin de
personnes pour rétablir une noblesse de cour autour du roi.
Lorsqu’ils répondent sans hésiter qu’ils peuvent boire à la même coupe
que lui, ils pensent au hanap que tient l’échanson royal ; non seulement
ils se jugent capables de faire cela, mais surtout ils estiment que c’est
une sorte de dû en raison de leur fidélité à être avec Jésus dès le début.
Ne sont-ils pas ceux qui ont été les premiers à être appelés lorsqu’ils
ont quitté leur père pour suivre le Christ ? (cf. Marc 1,19-20)
Sachant ce que, lui, il entend par ces expressions de coupe et de baptême,
Jésus leur affirme qu’ils en boiront et qu’ils y seront plongés. Lui aussi
les estime dignes et capables d’y boire et d’y être plongés, mais pas
pour les mêmes raisons !
Ainsi en est-il de nous.
Lorsque nous nous mettons à la suite du Christ Ressuscité, nous estimons
que nous pouvons le faire sans risque, sans que cela nous coûte trop,
d’une façon confortable.
Comme pour Jacques et Jean, Jésus nous invite à sa suite. Comme pour
les Apôtres, il sait que ce qui nous sera demandé sera bien au-delà de
ce que nous envisageons. Comme pour ces deux frères nous pourrons boire
à la coupe et être plongés dans le Baptême par la grâce du Fils Unique
du Père. Il a prévenu tous ceux qui croiraient en sa Parole que l’Esprit
Saint nous serait donné : « Quand on vous traduira devant
les gens des synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez
pas de la façon dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz. Car
l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire »
(Luc 12,11-12)
Nous avons donc raison de croire que cela ne nous coûtera pas trop, que
ce sera confortable puisque nous aurons l’Esprit avec nous, revivifié
par les Sacrements que nous vivons régulièrement. Nous ne savons pas à
quoi nous nous engageons, mais nous le faisons d’un cœur plus allègre
que les Apôtres car nous sommes sûrs de cette promesse.
N’ayons pas peur, avançons au large, le Christ nous devance et tend la
coupe à boire en nous disant « prenez et buvez-en tous »
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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Jour 69
Jeudi 27 mai 2021
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L’aveugle court !!
Ben Sira le Sage (42, 15-25) – PSAUME (32 (33), 2-3,
4-5, 6-7, 8-9) – Marc (10, 46b-52)
Un aveugle est sur le bord du chemin lorsque Jésus sort de Jéricho. Il
a entendu parler par la rumeur publique de cet homme qui fait des miracles
et dont la prédication transporte les auditeurs. Il s’écrie donc « Prends
pitié de moi ! » Au moment où il crie cette phrase qu’attend-il ?
Une obole ? Un mot de consolation ou d’espoir ? Davantage ?
Toujours est-il que lorsqu’on lui dit que Jésus l’appelle il jette son
manteau, la seule possession inaliénable dont il est dit dans les prescriptions
que Dieu donne à Moïse : « Si tu prends en gage le manteau
de quelqu'un, tu le lui rendras au coucher du soleil. C'est sa seule couverture,
c'est le manteau dont il enveloppe son corps, dans quoi se couchera-t-il ?
S'il crie vers moi je l'écouterai, car je suis compatissant, moi ! »
(Exode 22,26-27) C'est-à-dire qu’il n’hésite pas à se dépouiller même
de son nécessaire pour aller vers Celui qui l’appelle.
Mieux encore, cet homme qui habituellement marche en tâtonnant son chemin
à l’aide d’un bâton, bondit et se met à courir vers Jésus. C’est une grande
preuve de confiance : si le Maître l’appelle, il enlèvera tous les
obstacles sur toute la distance qui le sépare de lui.
A côté de l’aveugle qui nous montre combien la confiance en Jésus Christ
peut éliminer les obstacles, il y a aussi les personnes qui transmettent
l’appel du Christ en lui disant, : « Confiance, il t’appelle ! »
L’Eglise nous demande de prier pour des vocations, ce passage de l’évangile
de Marc nous invite à regarder notre vie. Avons-nous été un jour ou l’autre
des personnes appelantes au Nom de Jésus Christ, en d’autres termes avons-nous
osé dire à quelqu’un cette phrase pleine de sens et d’espoir : « Confiance,
il t’appelle ! » Une communauté vivante est une communauté
qui est un relais pour les appels que le Père lance.
D’autre part, si nous-mêmes entendons un appel particulier du Père à
suivre son Fils sur un chemin ou un autre, nous devons avoir cette même
confiance sachant que le parcours sera aplani par le Christ lui-même :
il nous permettra d’arriver jusqu’à lui malgré les handicaps liés à nos
faiblesses ou les difficultés qui pourraient nous paraître insurmontables.
Il semble impossible à un aveugle de courir vers un but précis sans tomber,
il peut sembler impossible également à un homme ou à une femme de répondre
à l’appel de Dieu. Dans les deux cas, ce n’est pas par leurs propres forces
qu’ils peuvent réussir mais dans la confiance à Dieu, Père, Fils et Esprit.
Pour réaliser notre vocation personnelle, prions le Père de nous donner
cette confiance en son Fils, alors nous serons remplis de l’Esprit Saint.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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Jour 70
Vendredi 28 mai 2021
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La Maison de mon Père
Lecture du livre de Ben Sira le Sage (44, 1.9-13) –
PSAUME (149, 1-2, 3-4, 5-6a.9b) – Marc (11, 11-25)
Sur le parvis du Temple de Jérusalem de nombreuses échoppes s’étaient
installées pour les besoins de la liturgie quotidienne ; les offrandes
que devaient faire les croyants et les boutiques de changeurs pour les
juifs de la Diaspora, c’est-à-dire tous ceux qui habitaient à l’extérieur
de la Palestine mais qui venaient régulièrement en pèlerinage à Jérusalem.
L’homme étant ainsi fait, les profits étaient sans doute exagérés par
ces marchands, en raison de la différence commerciale entre l’offre et
la demande : les pèlerins voulaient tous l’agneau sans tache prévu
pour les sacrifices ou les deux colombes pour resocialiser les femmes
qui avaient accouché.
Il est facile de condamner ces profiteurs vingt siècles après !
Mais ne constatons-nous pas les mêmes excès à proximité des lieux de pèlerinage
d’aujourd’hui ? Ces vendeurs du Temple ont des continuateurs !
Toutefois, avant de lancer un anathème quelconque sur ces personnes qui
exploitent le désir spirituel de personnes pieuses, il faudrait que nous-mêmes
fassions un examen de conscience. Lorsque nous participons à un office
ou à une démarche religieuse, nous cherchons principalement un profit
spirituel personnel alors que le Fils nous demande de porter la Bonne
Nouvelle, l’Evangile au sens propre, à tous nos frères qui n’ont pas eu
la chance de rencontrer le Seigneur. Nous ressemblons alors à ces marchands
qui cherchent un bénéfice sans se préoccuper de la démarche de ceux qu’ils
côtoyaient ?
Jésus a résumé le don des 10 commandements en répondant à une question
sur le plus grand commandement : « Tu aimeras le Seigneur,
ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C'est
le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui
est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Matthieu
22,37-39) Si nous voulons ne pas être des ‘profiteurs’ de la foi
nous ne pouvons venir adorer Dieu, Père, Fils et Esprit sans nous soucier
de nos frères et sœurs qui sont autour de nous.
Souvenons-nous de l’exhortation de saint Jacques : « Tu
as de la foi; moi aussi, j'ai des œuvres; prouve-moi ta foi sans les œuvres
et moi, je tirerai de mes œuvres la preuve de ma foi. » (Jacques
2,18)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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Jour 71
Samedi 29 mai 2021
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Quelle autorité ?
Ben Sira le Sage (51, 12c-20) – PSAUME (18b (19), 8,
9, 10, 11) – Marc (11, 27-33)
Cette notion d’autorité intervient deux fois dans les récits évangéliques :
Dès le début de son ministère lorsque Jésus commence à prêcher dans les
synagogues les auditeurs sont surpris d’une telle assurance à la fois
dans la lecture et dans l’explication des Ecritures : « Le
jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.
On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a
autorité, et non pas comme les scribes » (Marc 1,21-22)
Avant même de parcourir les routes de Palestine, alors qu’il est confronté
aux docteurs de la Loi, le jour de sa Bar-Mitsva lors du pèlerinage à
Jérusalem de ses douze ans, Jésus avait montré une intelligence et une
acuité extraordinaires dans l’analyse et la compréhension des textes sacrés :
« C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple,
assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur
posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur
son intelligence et sur ses réponses. » (Luc 2,46-47)
Dans ces deux cas il s’agit d’une autorité intrinsèque : elle vient
de lui-même et elle transparaît dans son enseignement faisant sentir qu’il
n’y avait pas d’autre interprétation possible que celles qu’il donnait
clairement dans un langage compréhensible par tous. Chacune de ses prédications
entraine dans les auditeurs la même réaction que les ‘compagnons d’Emmaüs’
qu’il rencontrera le jour de la Résurrection : « Notre cœur
n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route
et nous ouvrait les Écritures ? » (Luc 24,32)
Dans le passage d’évangile proposé aujourd’hui, ce sont « les
grands prêtres, les scribes et les anciens vinrent le trouver. Ils lui
demandaient : ‘Par quelle autorité fais-tu cela ?’ » Ceux-là,
forts de leurs connaissances et de leur formation, refusent de penser
que Jésus puisse avoir une autorité intrinsèque. En d’autres termes ils
lui demandent quelles sont ses références, qui donc l’a envoyé pour parler
ainsi. Une fois de plus, ils cherchent à le piéger pour lui faire dire
un blasphème en public, ce qui permettrait de l’accuser et de la faire
lapider.
Dieu-le-Fils ne tombe pas dans ce piège, en forçant les anciens, scribes
et prêtres) à avouer leur ignorance sur le baptême de Jean, il leur fait
comprendre qu’il existe des choses qui sont hors de leur compréhension
dans l’Ecriture et que ces éléments que peuvent être expliquées que par
Fieu lui-même. Par cette réponse, il leur affirme aussi qui il est puisqu’il
a les clefs pour décrypter la Parole et pour la mettre à la portée de
tous ceux qui croiront en lui.
L’Esprit Saint qui est donné aux chrétiens à profusion dans les sacrements
permet d’entrer dans le sein des Ecritures et de pouvoir les interpréter
pour les jours que nous vivons. C’est un appel à la lire, la méditer et
surtout la mettre en pratique.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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