Jour 38
Lundi 26 avril 2021
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Jamais mes brebis ne suivront un inconnu !
Actes des Apôtres (11, 1-18) – PSAUME (Ps 41 (42),
2, 3 ; 42 (43), 3, 4)- Jean (10, 1-10)
Cette affirmation de Jésus, à la suite du dimanche du ‘Bon Pasteur’,
est une véritable interpellation pour chacun de nous et provoque une interrogation :
‘Est-ce que je choisis de suivre un inconnu au lieu de suivre le chemin
du Christ ?’ La réponse dépend de l’état de sainteté de chacun
d’entre nous, mais il est à craindre qu’elle ne soit pas à notre avantage.
Les multiples tentations qui nous entourent entraînent quelquefois des
digressions par rapport au chemin sans détour qui nous est indiqué par
l’Ecriture et plutôt que de le suivre, nous préférons vagabonder dans
des ornières ou prendre des voies sans issue au risque de perdre le sens
de l’orientation voire même au point de ne pas pouvoir revenir en arrière !
Nous nous sentons alors abandonnés, perdus au milieu de nulle part. C’est
là que le Seigneur vient nous rejoindre. Il ne va pas nous ramener au
moment où nous avions quitté la route mais il va nous rejoindre pour construire
une nouvelle route et nous proposer de prendre un nouveau départ depuis
l’endroit où nous sommes perdus pour aller directement vers la bergerie.
Si nous sommes trop blessés ou désemparés, il va jusqu’à nous porter sur
ses épaules pour que nous arrivions sains et saufs à la bonne destination.
Chacun d’entre nous peut tenir les deux rôles
suivant les circonstances, soit être la personne égarée loin de l’Evangile,
soit s’identifier au Christ qui vient secourir un frère ou une sœur désemparé.
D’une façon plus particulière, les prêtres, par la grâce du Sacrement
de Réconciliation et de Pénitence, ont à venir en aide à ceux et celles
qui ont besoin du secours du Christ. ‘In personna Christi’, ils
donnent le pardon des péchés et réconfortent ceux et celles qui se confient
à eux comme ils se confieraient au Fils éternel du Père. Il est important
que chacun des membres de nos communautés soit conscient de la nécessité
de cette présence d’hommes configurés au Christ-pasteur par l’ordination,
car ils ont été appelés pour s’occuper des ‘brebis’ qui leur sont
confiées.
La prière pour les vocations presbytérales est nécessaire mais elle implique
aussi une réflexion : « Est-ce que je ne connais pas autour
de moi des hommes, parmi mes fils, mes frères, mes neveux, mes amis, à
qui je pourrais en parler, leur proposer cette voie pour suivre le Christ ? »
Il n’est pas demandé qu’ils soient des saints mais il faut qu’ils soient
conscients d’être ‘serviteurs’ de leurs frères et sœurs au nom
de Jésus Christ, qu’ils soient de ‘bons bergers’ soucieux de chaque
membre de la communauté à laquelle ils seront envoyés, particulièrement
des ‘égarés’
Les prêtres et les évêques, dans leur ministère, ont la voix du Christ,
ce n’est pas voix d’un inconnu, suivons-les avec confiance, ils nous mènent
sur le chemin et nous ouvrent la porte du Christ.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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Jour 39
Mardi 27
avril 2021
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Prier pour l’appel de pasteurs
Actes des Apôtres (11, 19-26) – PSAUME (Ps 86 (87),
1-3, 4-5, 6-7) – Jean (10, 22-30)
Mgr François Marty (1904-1994 ; archevêque de Paris 1968-1981) lui-même
fils de paysan racontait qu’en vacances dans son Rouergue natal, il avait
croisé un berger avec son troupeau ; après avoir échangé quelques
paroles, le berger lui a dit : « Vous semblez vous y connaître,
vous avez aussi un troupeau ? » - « En quelque sorte ! »
- « De combien de têtes ? » - « Quelques millions »
Devant l’air dubitatif de son interlocuteur, il ajouta « Je suis
l’archevêque de Paris » Il avait bien entendu l’appel du Christ :
« Sois le berger de mes brebis ! »
Cette anecdote est dans le droit fil des dons qui sont évoqués dans l’évangile :
Le Père donne la responsabilité des brebis au Fils, puis le Fils en confie
la charge à Simon-Pierre, Simon-Pierre et ses successeurs instituent ensuite
d’autres pasteurs pour mener localement le troupeau grandissant :
les évêques (dont le nom grec ‘episcopos’ signifie littéralement
‘celui qui veille sur’) les évêques choisissent des prêtres et,
des diacres pour rassembler et accroître l’église. Tous ont conscience
de recevoir cette mission du Christ Ressuscité.
Aujourd’hui encore, le Christ Ressuscité demande à des hommes d’être
les pasteurs de ses brebis avec l’assurance que lui-même veillera à ce
que « personne ne les arrachera de sa main. » cet appel
du Fils à le suivre est quelquefois ressenti comme une révélation soudaine
sans véritables signes précurseurs (e.g. saint François d’Assise, Charles
de Foucault…) mais le plus souvent c’est grâce à la prière et à la vitalité
des communautés chrétiennes qui se nourrissent de la Parole que l’appel
va être transmis.
Ces passages des Ecritures sur le ‘Bon Pasteur’ ont été choisis
par l’Eglise pour accentuer notre prière pour les vocations sacerdotales,
mais ce n’est pas seulement pendant la messe que nous devons prier pour
que des hommes entendent cet appel du Christ à être les pasteurs de ses
brebis, c’est un rappel de l’importance de cette prière comme Jésus le
dit à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les
ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer
des ouvriers pour sa moisson. » (Luc 10,2) De même que chaque
dimanche nous célébrons la Résurrection du Seigneur, de même la prière
pour les vocations ne peut pas être limité à un seul jour dans l’année
mais doit être une prière constante, fervente, confiante et unanimes.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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Jour 40
Mercredi 28 avril 2021
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Mettez à part pour moi
Actes des Apôtres (12, 24 – 13, 5) – PSAUME (66 (67),
2-3, 5, 7-8) – Jean (12, 44-50)
Dans cette quatrième semaine de Pâques qui suit le dimanche du Bon Berger,
la réflexion du Peuple de Dieu continue sur l’appel de personnes pour
créer de nouvelles communautés et enseigner l’Evangile à ceux qui sont
attente.
Dans le cas de Barnabé et Saul, c’est l’assemblée qui est inspirée et
qui demande à ce qu’ils soient mis à part pour partir en mission dans
les contrées qui sont désignées. Comme signe que cette délégation vient
de toute l’église locale, ces deux hommes reçoivent une imposition des
mains spécifique afin que l’Esprit qui les appelle soit toujours avec
eux pendant ce voyage missionnaire. Ce sont eux qui prononceront les
paroles mais c’est l’Esprit qui parlera par leur voix.
Barnabé est un personnage important parmi les disciples ; il ne
fait pas partie des Douze, ni même des Sept désignés pour les veuves de
langue grecque, mais il est reconnu unanimement par les Apôtres et c’est
lui qui va chercher Paul réfugié à Tarse après sa conversion pour le présenter
à l’église de Jérusalem et, d’un certaine façon, lui faire subir l’examen
de passage qui va ainsi monter qu’il est inspiré par Dieu et qu’il a vraiment
rencontré le Seigneur Ressuscité.
Pour cette mission particulière, ce sont donc deux hommes qui ne sont
pas Apôtres qui ont été choisis, ils ont été désigné, par la communauté
d’Antioche sous l’action de l’Esprit Saint : Mis à part pour le
Seigneur !
Ce passage des Actes des Apôtres revête donc une importante particulière ;
les prédicateurs légitimés par la Pentecôte font place à des évangélisateurs
envoyés par les communautés qui sont la manifestation et la révélation
de l’Esprit Saint.
Le schéma de l’Eglise s’installe dès l’origine : des personnes font
une rencontre particulière avec le Christ et se mettent au service de
la communauté locale et – éventuellement – la communauté vérifiera l’appel
que Dieu leur a lancé pour une mission spécifique.
Nos communautés ont donc un rôle essentiel dans l’appel qu’elles doivent
relayer au nom de l’Esprit Saint et elles doivent oser dire à telle ou
telle personne : « le Seigneur t’appelle et en son nom nous
t’envoyons » C’est ainsi que nous devons susciter les vocations…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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Jour 41
Jeudi 29 avril 2021
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Je suis
Actes des Apôtres (13, 13-25) – PSAUME (88 (89), 2-3,
21-22, 25.27) – Jean (13, 16-20)
Le Christ veut préparer ses disciples aux évènements qui vont arriver
mais il sait bien qu’ils ne peuvent pas comprendre, pour l’instant. Le
retournement de la foule qui l’a acclamé lors de son arrivée à Jérusalem
est pour eux inenvisageable. Il y a tellement de témoins des miracles
qu’il a accomplis, tellement d’auditeurs qui étaient subjugués par ses
enseignements, tellement de personnes rassasiées par le pain multiplié
dans le désert. Il n’est pas possible que tout cela soit oublié.
Le Christ est conscient qu’il faut que les événements qu’il annonce arrivent
pour que ses disciples comprennent et croient qu’il n’est pas seulement
le Messie, il est véritablement Dieu, celui qui se révèle son Nom à Moïse :
« JE SUIS ! » (Exode 3,14)
L’adhésion à cette révélation entraine une mission confiée par le Seigneur,
une mission qui est impensable avant ces événements : prendre la
place du Christ pour annoncer la Bonne Nouvelle du Salut. Tous ceux qui
recevront ses envoyés le recevront lui-même de la même façon que ceux
qui l’ont reçu ont reçu le message du Père céleste.
Ceux qui seront envoyés en mission par le Christ ne seront plus grands
que lui car ils sont ses disciples et ses serviteurs mais en acceptant
la mission donnée, ils parviennent au bonheur, c’est-à-dire à la communion
avec le Père et le Fils dans l’Esprit Saint.
Aujourd’hui nous avons un avantage sur les disciples qui écoutaient ce
discours : nous savons de quels événements le Seigneur parle de toute
la Passion, la mort, la Résurrection l’Ascension et la Pentecôte et donc
nous avons tous les éléments pour croire et accepter la mission qui nous
est confiée avec joie et bonheur. C’est ainsi que nous pourrons nous présenter
au monde et annoncer le Salut.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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Jour 42
Vendredi 30 avril 2021
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Il y a beaucoup de chemins…
Actes des Apôtres (13, 26-33) – PSAUME (2, 1.7bc, 8-9,
10-11) – Jean (14, 1-6)
Dès le début de la communauté chrétienne de Jérusalem, la phrase de Jésus
« Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures »
devait résonner dans la tête des Apôtres ; en effet, des croyants
de langue grecque s’estimaient désavantagés par rapport aux autres. Désavantagés
sur deux plans, le premier but est matériel : les secours n’étaient
pas distribués équitablement ; le second plan est plus spirituel,
ne comprenant pas la langue des Apôtres, ils ne profitaient pas complètement
de leurs enseignements. Les Apôtres ont alors décidé de désigner des personnes
qui seraient dévouées à cette partie de la communauté et de leur imposer
les mains pour leur transmettre l’Esprit Saint afin qu’ils mènent à bien
ces deux tâches. Grâce à cela la communauté chrétienne gagne du terrain
et le nombre des disciples continue d’augmenter, y incluant une ‘grande
foule de prêtres juifs’.
Au fil des ans et des siècles, l’Esprit Saint n’a cessé d’inspirer aux
successeurs des Apôtres, les évêques, des moyens pour propager la Bonne
Nouvelle : ils forment des théologiens qui continuent la prédication
des Apôtres en précisant la foi de l’Eglise, mais aussi, et dans le même
temps, ils suscitent des personnes qui sont plus adaptées pour répondre
à telle ou telle situation nouvelle dans un esprit évangélique.
Ainsi des mouvements se forment à la suite de fondateurs inspirés tout
au long de l’histoire de l’Eglise, certains ont eu une vie éphémère si
la situation qui les avait fait naître cessait, d’autres au contraire
ont perduré jusqu’à nos jours en se réformant fréquemment pour répondre
toujours mieux aux besoins du peuple chrétien.
Cela ne va pas sans risques car chaque groupe, comme au temps des Apôtres,
a une tendance naturelle à ne voir que ses semblables et à exclure les
autres ; comme au 1er siècle les successeurs des Apôtres ont la responsabilité
d’assurer la cohésion de l’Eglise en montrant aux différentes sensibilités
spirituelles qu’elles sont animées du même Esprit Saint reçu lors de leur
baptême et qu’avec leurs particularités elles font partie d’un tout qui
est l’Eglise locale guidée par l’évêque.
La déclaration de Jésus sur les nombreuses demeures invite les groupes
de chrétiens et chaque personne de ces groupes à une réflexion sur l’exclusion
que nous pouvons faire des autres qui ne nous sont pas semblables dans
la forme. N’oublions que le fond est le même, nous sommes tous en route
sur le ‘Chemin, la Vérité et la Vie’ qu’est le Fils et par Lui
chacun de nous voit le Père. Loin d’exclure, réjouissons-nous d’une telle
prolifération dans l’Eglise de voix qui s’élèvent pour annoncer l’Evangile
avec des accents différents.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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Jour 43
Samedi 1er
mai 2021
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Interrogations
Actes des Apôtres (13, 44-52) – PSAUME (97 (98), 1,
2-3ab, 3cd-4) – Jean (14, 7-14)
Le quatrième évangéliste évoque les questions de deux des Apôtres particuliers :
Thomas et Philippe. Cela ne veut pas dire qu’ils sont les seuls à avoir
de telles interrogations, mais ce sont ceux qui vont oser les poser au
Maître. Ces questions sont également dans nos esprits et nous écoutons
les réponses sans beaucoup mieux comprendre ce qu’elles veulent dire.
Pour Thomas il s’agit de rester à la suite du Christ : « Seigneur,
nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
Cette phrase est davantage une constatation qu’une question. L’évangéliste
nous fait comprendre que ce dialogue entre Thomas et Jésus s’adresse également
à tous ceux qui chercheront la voie vers le Père : c’est par la lecture
et la méditation de l’enseignement de Jésus que nous trouverons ce ‘chemin’.
« Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Cette demande de Philippe prouve sa foi en Jésus comme Fils de Dieu puisqu’il
l’appelle ‘Seigneur’ terme utilisé pour Dieu mais il n’a pas compris
que l’approche du Père ne dépend pas des organes de la vue, il ne s’agit
pas de ‘voir’ mais d’être en communion avec Dieu. Jésus lui donne
la réponse, similaire à celle donnée à Thomas : « je suis
dans le Père et le Père est en moi ! » Par sa venue parmi nous
et par son enseignement, Jésus montre l’amour du Père pour les hommes.
Le Fils, le Père et l’Esprit sont UN.
Le IVème évangéliste ne cherche pas à faire un ‘reportage’ sur
la vie de Jésus, il dirige les regards vers le Fils dès le début de son
évangile : « Et le Verbe s’est
fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire
qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. »
(Jean 1,14) et jusqu’à la conclusion : « Il y a encore
beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et
qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour
que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en
croyant, vous ayez la vie en son nom. » (Jean 20,30-31)
En lisant cet évangile pendant les semaines qui suivent le dimanche de
la Résurrection, nous entendons ce qui nous est dit, nous croyons et nous
avons la Vie au Nom de Jésus, Fils du Père, dans l’Esprit.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& modérateur de sainte Radegonde
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