29 octobre 1995
Saint Charles de Monceau
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n°34
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S'approcher de Dieu
La parabole que le Christ raconte à ces contemporains, le Pharisien
et le Publicain, et la proximité de la fête de la Toussaint
nous invitent à méditer sur notre intimité avec Dieu.
Le Pharisien est proche physiquement, il s'est avancé jusqu'au
Temple, il est debout, et il démontre à Dieu qu'il est un
homme bien. Ce que Dieu savait déjà... Il n'attend rien
de Dieu, ses oeuvres sont "parfaites" Dieu n'a rien à
ajouter.
Le Publicain est loin corporellement, il se tient à distance,
il n'ose pas lever les yeux vers le Temple, vers la présence de
Dieu. En regardant sa vie, il constate qu'elle est éloignée
de Dieu, mais il attend que Dieu le prenne par la main pour l'amener jusqu'à
lui.
Ainsi en est-il de la Sainteté. Seul Dieu est Saint, au superlatif,
comme nous le chantons dans le Sanctus. Nous-mêmes sommes appelés
à être saints, à être parfaits comme le Père
céleste est parfait nous dit Jésus, le Fils. Mais s'approcher
de Dieu n'est pas une question de localisation géographique, c'est
une disposition du coeur. Je ne pourrais jamais tracer le chemin qui conduit
au Père, mais le Fils est le chemin. Je ne pourrais jamais entrer
dans le Royaume, mais le Fils est la porte. Je ne pourrais vaincre la
mort, mais le Fils est la vie.
Tous ceux que l'Eglise nous propose comme des exemples de personnes acceptant
que Dieu les accompagne dans leur vie ont compris que leurs actions ne
pouvaient prendre un sens que dans la mesure où elles étaient
faites avec le Fils pour être dirigées vers le Père
dans l'Esprit. Toutes ces personnes sont allées loin sur le chemin
qui conduit à l'humain, image de Dieu, grâce à la
conjonction de leur volonté et de la volonté de Dieu.
Ce ne sont pas des "modèles" à suivre mais des
exemples, comme une règle de grammaire peut nous donner des exemples
d'application, en sous-entendant toutes les autres applications possibles.
Il n'y a pas un moule dans lequel il suffirait de se mettre pour être
saints. Chacun d'entre nous, avec la grâce de l'Esprit, doit vivre
sa vie d'homme ou de femme dans le monde où il se trouve, pleinement.
Dieu a voulu l'homme parfait en communion avec lui. "Il a envoyé
son propre Fils pour que nous soyons en paix avec lui et entre nous"
(Deuxième prière eucharistique pour la réconciliation).
Il nous a ainsi montré que l'homme est inestimable et que la sainteté
est l'aboutissement du chemin de l'humanité. Encore faut-il que
nous acceptions d'aller jusqu'au bout et que nous ne nous arrêtions
pas lorsque nous estimons que nous sommes allés assez loin.
Père JeanPaul Bouvier
Vicaire à saint Charles de Monceau
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28 octobre 2001
Forces Armées de Guyane
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n°122
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Les difficultés de saint Paul
Dans son épître à Timothée, saint Paul fait
une allusion aux difficultés du début de son ministère.
Dans la première partie de sa vie, Saul avait été
un jeune élève du rabbin Gamaliel, personnage connu, influent
et docteur de la Loi : un notable dans Jérusalem faisant partie
du sénat juif, le Sanhédrin (cf. Ac 5,34), ses décisions
et argumentations avaient une grande autorité. Saint Paul, face
aux juifs qui l'accusent de transformer la Loi se targuera de cette éducation
(cf. Ac 22,3)
Lorsque Etienne - premier martyr chrétien - est lapidé
(Ac 7,55-60), Saul, trop jeune semble-t-il pour y participer, garde les
vêtements de ceux qui exécutent le disciple.
Avec la formation de Gamaliel et son zèle contre les chrétiens,
Saul n'a aucun mal à convaincre les prêtres du Temple de
lui donner des lettres de créance pour aller persécuter
les chrétiens à Damas (cf. Ac 9,2)
Et c'est la révélation sur le chemin de Damas, la conversion
et son Baptême par Ananie (cf. Ac 9,1-22)
Amené à Jérusalem par Barnabé, Paul se met
à prêcher ouvertement l'Evangile de Jésus Christ devant
ceux-là mêmes qui l'ont connu et envoyé pour exterminer
la foi en Jésus qui est considérée comme une hérésie
juive et il échappe de justesse à des attentats (cf. Ac
9,24. Devant ces troubles, les Apôtres ont peur et l'envoient à
Tarse son pays d'origine, sans doute ont-ils aussi un peu méfiants
vis à vis de cette conversion suspecte.
Ce n'est qu'après quelques années d'exil que Paul va ressortir
de Tarse. C'est encore Barnabé, celui qui l'avait amené
aux Apôtres qui va le chercher parce qu'on a besoin de quelqu'un
parlant parfaitement le grec pour continuer la conversion des habitants
d'Antioche, et Paul pendant ces années a pu faire la preuve que
sa conversion n'était pas un piège, mais bien l'œuvre du
Seigneur.
Cela explique l'amertume avec laquelle il fait cette allusion à
Timothée pour le réconforter et lui montrer que les œuvres
de Dieu ne sont pas toujours reconnues par ceux qui en bénéficient.
Mais il ajoute immédiatement que s'il n'a pas oublié, il
a pardonné leur méfiance aux Apôtres. Comme le Christ
sur la Croix, comme Etienne sus les pierres, il demande à Dieu
de ne pas leur en tenir rigueur.
La pointe que nous pouvons tirer de cet extrait pour notre vie quotidienne
prend un aspect double : si une mission m'est réellement confiée
par le Seigneur, tôt ou tard j'obtiendrai les moyens de la mener
à bon terme et dans cette mission, si je suis en communion avec
Dieu, il y aura certainement des gens qui auront peur de ce que je peux
faire. Que je demande, moi aussi, au Seigneur de ne pas leur en tenir
rigueur.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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28 octobre 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°341
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Prends pitié de moi pécheur
Il est facile d’opposer le Pharisien et le Publicain dont l’évangile
nous montre des caricatures. Il est tout aussi facile de voir dans le
premier tel ou tel de ses voisins. Par contre, il est plus difficile d’accepter
de prendre l’attitude du second.
En considérant le Pharisien, l’ironie dont use Jésus semble injuste car
c’est un homme bien qui se présente au Temple, respectueux de tous les
préceptes qui lui ont été donnés. La seule chose qui dénote est la comparaison
qu’il établit entre lui et les autres hommes qu’il méprise. A l’entendre,
il serait le seul pieux du monde entier. Son comportement montre qu’en
fait il n’a pas besoin de Dieu : sa façon de vivre suffit, il n’attend
qu’une juste rétribution de ses efforts.
Le Publicain, au contraire, n’étale rien ni ses fautes, ni ses qualités ;
il s’en remet à l’amour de Dieu. Il ne se dévalorise pas en demandant
au Seigneur de prendre pitié du pécheur. Depuis le prophète Ezéchiel Dieu
ne cesse d’affirmer par sa Parole qu’il ne veut pas la mort du pécheur
mais sa conversion (cf. Ezéchiel 33,11) Cet homme ressent l’exigence de
mettre Dieu au centre de sa vie, non dans un esprit de rétribution mais
pour être heureux et en paix dès cette vie.
Le passage au Temple n’apporte rien au premier, par contre le second
en retire l’élan nécessaire pour mieux vivre.
L’évangile nous relance – une fois de plus – sur notre propre vie, et
tout particulièrement sur notre présence dans une église le dimanche.
Qu’en retirons-nous ? La satisfaction du ‘devoir accompli’
ou bien une rencontre avec notre Dieu, Père, Fils et Esprit aussi réelle
que la présence du Corps et du Sang du Fils Unique de Dieu sur l’autel ?
Le ‘Confiteor’ dit au début de la messe suivi par les trois invocations
au Christ (ou une formule équivalente proposée par le missel) est-il vécu
comme une mise à nu devant le Père ou bien comme une récitation obligée ?
Parodiant J.F. Kennedy à Berlin nous pourrions tous dire « Ich
bin ein Zöllner »
Père JeanPaul Bouvier
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24 octobre 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°499
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Janus
Tout le monde connaît ces représentations mythologiques du dieu à deux
visages, l’un tourné vers l’arrière, le passé, l’autre tourné vers l’avant,
l’avenir. Ils symbolisent également les passages : de l’intérieur
à l’extérieur de la ville ou de la maison, de la paix à la guerre, du
monde des hommes à celui des dieux.
Ainsi en est-il de la parabole du Pharisien et du Publicain qui est proposée
en ce dimanche, ces deux personnages qui peuvent nous paraître totalement
opposés ne sont en fait que les deux facettes de l’humanité. Tout homme
ou toute femme passe alternativement du Pharisien qui n’a pas ‘besoin’
de devenir juste au Publicain qui met sa confiance dans l’amour du Père
et dans l’intercession du Fils.
Jésus déplore que le soliloque du Pharisien ne soit qu’étalage de ses
‘bonnes actions’ sans faire le point sur sa vie de relation avec
Dieu : il ne fait qu’obéir à la Loi sans états d’âme, il pense avoir
accompli tout ce qu’il doit faire pour être un ‘bon’ croyant, mais
il n’attend pas d’autre réponse que l’estime de ses contemporains et parallèlement
il méprise celui qui n’agit pas comme lui. En d’autres termes, il démontre
à Dieu combien il est juste.
Le Publicain ne se réfugie pas dans la Loi ; il aurait pu se contenter
de donner le sacrifice qui est prescrit pour les péchés et de s’en aller
conscient d’avoir fait ce qui devait être fait, sûr d’être pardonné. Au
contraire, il se tourne vers Celui qui a donné la Loi ; peut-être
a-t-il dans l’esprit le prophète Osée : « Car c'est l'amour
qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que
les holocaustes. » (Osée 6,6) ou le Psaume 50 : « Car
tu ne prends aucun plaisir au sacrifice; un holocauste, tu n'en veux pas.
Le sacrifice à Dieu, c'est un esprit brisé; d'un cœur brisé, broyé, Dieu,
tu n'as point de mépris. » (Psaume 50,17-18)
Toutes nos actions ne sont pas peccamineuses mais aucune n’est parfaitement
dans l’esprit de l’Evangile. Nous avons donc besoin de ces deux passages :
savoir apprécier le bien que nous faisons, sans forfanterie mais à sa
juste valeur, et également reconnaître que, dans le même temps, nous sommes
des pécheurs pardonnés et sauvés par le Sacrifice du Fils.
Notre vie spirituelle oscille continuellement de la louange, l’action
de grâce et la prière de remerciement à la prière de supplication et de
contrition. Cette parabole nous demande d’éviter de tomber dans la vantardise,
suivant le conseil que Jésus donne à ses Apôtres : « Ainsi
de vous; lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été prescrit, dites:
Nous sommes de simples serviteurs; nous avons fait ce que nous devions
faire." » (Luc 17,10)
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique du Fort Neuf de Vincennes
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27 octobre 2013
Secteur Vermandois
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n° 685
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Comme les autres hommes
Nul doute que ce pharisien pense être un bon juif : il obéit à toutes
les lois prescrites dans les livres attribués à Moïse et il ne voit pas
ce qu’il pourrait faire de mieux pour bien considéré par Dieu. Pourtant
il ‘se tenait là et priait en lui-même’ ; il se place ostensiblement
dans le Temple mais il n’est pas en présence de Dieu car il n’y a que
sa personne qui compte : il n’attend rien de Dieu, l’action de grâce
qu’il exprime n’est qu’une occasion de se montrer combien il est parfait,
il s’adore lui-même.
Il se flatte avec complaisance et suffisance en soulignant qu’il ‘jeûne
deux fois par semaine’ mais il oublie les paroles du Seigneur rapportées
par le prophète : « Voici le jeûne auquel je prends plaisir :
Détache les chaînes de la méchanceté, Dénoue les liens de la servitude,
Renvoie libres les opprimés, Et que l’on rompe toute espèce de joug ;
Partage ton pain avec celui qui a faim, Et fais entrer dans ta maison
les malheureux sans asile ; Si tu vois un homme nu, couvre le, Et
ne te détourne pas de ton semblable. » (Isaïe 58,6-7) Le jeûne
n’est pas autosuffisant s’il n’est entouré d’une attitude d’esprit et
de charité, le véritable jeûne aimé de Dieu n’est pas qu’une privation
de nourriture.
« Je verse le dixième de tout ce que je gagne. » Jésus
témoin des dons qui étaient faits au trésor du Temple remarque la droiture
de ces offrandes : « Cette pauvre veuve a donné plus qu’aucun
de ceux qui ont mis dans le tronc ; car tous ont mis de leur superflu,
mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu’elle possédait, tout ce
qu’elle avait pour vivre. » (Marc 12,43-44) La dîme des revenus
de ce pharisien semble être prise de son superflu, son geste est source
de vantardise et de satisfaction personnelle : il montre aux témoins
de ses largesses et il se montre à lui-même qu’il a les moyens de verser
le dixième de ses gains.
« Je ne suis pas comme les autres hommes. » Le pharisien
ne dénonce les travers de ses contemporains que par rapport à ce qu’il
estime être ses propres qualités. Dans ses exhortations Jésus remet sévèrement
ce genre de personnes à leur place : « Pourquoi vois-tu la
paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre
qui est dans ton œil ? » (Luc 6,41) et aussi : « Ne
jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés. » (Matthieu 7,1)
L’analyse du comportement de ce pharisien nous invite à nous poser des
questions sur notre propre relation à notre Dieu, Père, Fils et Esprit.
« Il se tenait là et priait en lui-même. » La participation
aux Sacrements – en particulier à l’Eucharistie – est souvent détachée
de la présence de Dieu, la communion n’est pas entourée du respect et
de l’adoration qui lui sont dus ; distribuée et reçue à la sauvette,
elle n’apparaît pas comme le Corps du Christ livré pour nos péchés ni
même comme la nourriture nécessaire à l’épanouissement de notre foi.
« Je verse le dixième de tout ce que je gagne. » La
contribution financière des fidèles est nécessaire pour l’Eglise afin
qu’elle puisse remplir les devoirs que lui demande l’exercice de la ‘charité
dans la vérité’ Nous donnons moins que le dixième de notre superflu
mais toute participation est faite en conscience et non pas pour se vanter
de ce qui est donné.
« Je ne suis pas comme les autres hommes. » Chaque personne
a une tendance naturelle à s’estimer supérieure aux autres, mais le chrétien
est appelé à regarder son prochain avec le regard du Christ, sans juger
mais aussi sans approuver n’importe quelle action : « Va
et désormais ne pèche plus » (Jean 8,11)
Le pharisien de cette parabole est un reflet de ce que nous sommes face
à Dieu, souvent satisfaits de nous-mêmes et de notre façon de vivre l’Evangile,
sans chercher à progresser, sans demander l’Esprit Saint indispensable
pour diriger notre vie chrétienne. La méditation de ce passage nous aide
à reprendre pied pour aller vers la sainteté.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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23 octobre 2016
Paroisses Nesle & Athies
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n°900
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Etre ou paraître
Combien d’auditeurs de Jésus se sont reconnus dans cette parabole ?
Et combien se reconnaissent aujourd’hui ? Bien sûr ces personnages
sont caricaturaux : entre un pharisien complètement infatué de lui-même
et un publicain manifestant une parfaite contrition l’auditeur n’est pas
dupe, il se rend compte que le Christ charge le trait pour faire réagir.
Le pharisien vantard se considère comme supérieur aux ‘autres hommes’
parce qu’il applique la Loi à la lettre mais il ne discerne pas l’esprit
de ces textes législatifs. Le mépris qu’il manifeste envers ses contemporains
est une offense envers Dieu : le respect de l’autre et de ses possessions
figure largement dans les ‘Dix Commandements’ que Dieu a donné
à Moïse. Par sa diatribe intérieure dans le Temple de Jérusalem, il fait
de l’autosatisfaction, il n’a rien à demander à Dieu puisqu’il a et qu’il
fait déjà tout ce qu’il faut. Il n’oublie pas de rendre grâce à Dieu,
mais son remerciement ne sert qu’à se mettre lui-même en valeur.
En opposition, le publicain ne cherche pas à se comparer ou à se disculper :
il se tient devant Dieu tel qu’il est : un pécheur. Il sait qu’il
ne pourra pas sortir seul de cet état, il a besoin de l’aide du Seigneur
pour avoir la force de se relever et de changer de vie. Redescendant dans
sa maison, il est devenu juste, c'est-à-dire que ses péchés ont été pardonnés,
il lui reste à prendre les moyens pour profiter de la force que le Seigneur
a mise en lui afin de partir sur de nouvelles bases.
Cette parabole est « à l’adresse de certains qui étaient convaincus
d’être justes et qui méprisaient les autres » (v.9) Ces hommes
ne sont pas que les contemporains de Jésus ; ils existent dans toutes
les époques. Aujourd’hui encore de telles personnes vivent autour
de nous – mais pas nous bien sûr !
La foi ce n’est pas être convaincu d’être juste, c’est croire que nous
sommes aimés du Père, que le Fils est venu vaincre la mort pour nous montrer
que la vie de l’homme mène à la Gloire du Père par l’Esprit : « Mais
maintenant, nous avons été dégagés de la Loi, étant morts à ce qui nous
entravait ; ainsi, nous pouvons servir d’une façon nouvelle, celle
de l’Esprit, et non plus à la façon ancienne, celle de la lettre de la
Loi. » (Romains 7,6)
Il y a donc un juste dosage à faire entre les deux personnages présentés
par Jésus dans la parabole : comme le pharisien nous devons être
fiers des œuvres que l’Esprit nous inspire mais, comme le publicain, avec
l’humilité de l’homme pécheur.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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27 octobre 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1110
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Le Seigneur m’a assisté !
La première épitre à Timothée est centrée sur le rôle et la fonction
que son disciple exerce dans l’église locale que saint Paul a fondée et
dans laquelle l’a installé comme chef de la communauté à son départ. Il
le rassure sur son jeune âge qui est sujet à caution de la part des chrétiens
qui auraient préféré un homme plus assis dans la vie.
Le début de la seconde lettre insiste sur ce point : la grâce de
Dieu ne vient pas avec les années mais par l’imposition des mains que
Paul lui a faite. C’est à cela que Timothée doit faire confiance car c’est
la transmission de l’Esprit que les Apôtres ont reçu le jour de la Pentecôte
qui constitue la légitimité de son rôle dans la communauté.
Après avoir conforté Timothée sur la mission dans laquelle Dieu l’a appelé
et lui a confié, saint Paul fait un rapide bilan de sa vie d’Apôtre. Sous
le couvert de mise en garde à son disciple contre les discussions oisives
qui mènent à l’impiété, il fait allusion à ce qu’il a vécu lui-même :
des abandons, des revendications fallacieuses, des oppositions de prédicateurs
où chacun veut avoir ses courtisans plutôt que d’amener des fidèles au
Christ…
Il y a une certaine amertume dans ce passage, mais aussi une grande joie :
il a toujours été assisté par Dieu lui-même. Par la grâce divine, il a
pu annoncer l’évangile et le salut offert aux hommes. Cette confiance
lui vient par une révélation : « Mais il m’a déclaré :
« Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans
la faiblesse. » C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt
ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en
moi sa demeure. » (2Corinthiens 12,9).
L’ensemble de ces deux épîtres devrait être médité posément pour que
chaque croyant puisse y trouver le réconfort comme Timothée dans la mission
à laquelle le Seigneur nous appelle mais aussi la force dans l’adversité
comme saint Paul nous le laisse entendre : notre confiance ne peut
être placée que dans la force du Seigneur et non pas dans la nôtre.
Si nous comprenons cela, nous sommes comme l’Apôtre : « Avec
le Christ, je suis crucifié. Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le
Christ qui vit en moi. » (Galates 2,19b-20a) L’annonce de la
Bonne Nouvelle n’est plus notre prédication mais la Parole du Christ :
« On n’enchaîne pas la parole de Dieu ! » (2Timothée
2,9) Encore faut-il que nous fassions confiance et que nous connaissions
cette Parole !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
et Modérateur de la paroisse saint Radegonde
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