29ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Isaïe 45,1-4.6a - Psaume 95 - 1Thessaloniciens 1,1-5 - Matthieu 22,15-21

1

Lycée Militaire d'Autun

17 octobre 1999

Culture chrétienne

2

Forces Armées de Guyane

20 octobre 2002

"Nous rendons grâce à Dieu à cause de vous" (1Th 1,2)

3

Bosnie Herzégovine

16 octobre 2005

Est-il permis ?

4

Brigade Franco-Allemande

19 octobre 2008

Saint Jean de Capistran, (patron des aumôniers militaires)

5

Fort Neuf de Vincennes

16 octobre 2011

Dieu inspire qui Il veut

6

Secteur Vermandois

19 octobre 2014

Payer l’impôt à César ?

7

Athies & Nesle

22octobre 2017

Pirouette

8

18 octobre 2020

Rendez à Dieu

9

Maison <Marir-Thérèse

22 octobre 2023

César

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17 octobre 1999

Lycée Militaire d'Autun

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Culture chrétienne

"Rendez à César ce qui appartient à César" Cette phrase de l'Evangile de ce jour est très souvent prononcée par des personnes qui ne savent même pas qu'elle a été dite par Jésus, encore moins que les circonstances de cette réponse laconique étaient un piège tendu par les opposants du Christ, ils voulaient le faire chuter à cause d'une parole qu'il aurait dite. Ne la trouvant pas ils feraient ensuite appel à de faux témoins qui l'accuseront d'avoir blasphémer à propos du Temple.

Ainsi en est-il aussi aujourd'hui ! beaucoup de locutions devenues proverbiales sont en fait des citations explicites de la Bible, Ancien ou Nouveau Testament. Citons par exemple " Etre pauvre comme Job " ou bien " Le jugement de Salomon " ou encore " Tuer le veau gras ", " Pleurer comme une Madeleine ", la liste serait trop longue si nous voulions qu'elle soit exhaustive (vous pouvez toujours aller voir les pages roses du petit Larousse Illustré !).

Une forme de l'annonce de l'Evangile, pour nous chrétiens, est d'expliquer ces métaphores en en donnant le sens exacte, en les resituant dans le contexte biblique. Pour se contenter des exemples que nous avons pris :

  • · Le livre de Job explique au croyant que la vraie richesse est la communion avec Dieu, qu'il n'est pas responsable de nos malheurs et que l'espérance est toujours première.
  • · La sagesse de Salomon montrée dans ce jugement entre deux femmes réclamant le même enfant, n'est pas innée, elle lui a été donnée par Dieu parce qu'il ne demandait pas la richesse ou la puissance mais simplement de savoir gouverner le peuple de Dieu. La sagesse est un don de Dieu et loin d'admirer celle de Salomon, nous devons - comme lui - la demander à Dieu qui ne refuse pas son Esprit à ceux qui le lui demandent.
  • · Tuer le veau gras signifie la joie du Père qui voit revenir son fils perdu, utilisée souvent pour des retrouvailles, cette formule oublie trop volontiers qu'il s'agit de l'amour de Dieu le Père pour les hommes, qu'il attend ceux qui se sont séparés de lui pour les fêter et les accueillir avec miséricorde.
  • · Pleurer comme une Madeleine n'a rien à voir avec Proust, mais avec la prostituée qui se jetant aux pieds de Jésus pour les lui arroser de parfum, pleurait amèrement ses péchés, ce sont autant des larmes de joie en reconnaissant le Messie que des larmes de douleurs en revoyant sa vie.

En prenant le temps d'expliquer le sens réel de ces expressions, nous pourrons faire passer le message de rédemption qui nous est confié, plus facilement qu'en faisant un exposé théologique peu compréhensible

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun

20 octobre 2002

Forces Armées de Guyane

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« Nous rendons grâce à Dieu à cause de vous tous » (1Th 1,2)

Nos communautés actuelles ont intérêt à relire les lettres de saint Paul aux communautés qu’il a visitées. En effet qu’il sermonne ou complimente ces premières églises locales, nous sommes également visés car les écarts ou les élans de ces chrétiens ne différent pas de ce que nous vivons aujourd’hui.

Le début de cette première lettre aux Thessaloniciens est favorable, saint Paul constate que l’église de Thessalonique met en pratique les conseils évangéliques qu’il leur a prêchés, insistant en même temps que ce n’est pas tant sa parole personnelle que l’action de l’Esprit Saint qui influe ainsi sur le comportement des baptisés.

Lorsque nous lisons ce texte, nous pourrions nous poser un certain nombre de questions.

En premier, est-ce que les personnes qui nous ont transmis la foi pourraient nous écrire la même chose et avoir la joie de voir leur enseignement se traduire dans les actes de charité, de foi et d’espérance ?

En second lieu, est-ce que moi-même, je pourrais écrire de telles choses à d’autres personnes ? Cela implique que ces personnes existent, c’est à dire que j’ai pris le temps, la peine, les moyens de transmettre la foi, l’espérance et la charité à d’autres, qu’ils soient plus jeunes comme pour les catéchismes d’enfants ou qu’ils soient plus âgés dans le catéchuménat ou plus simplement autour de moi dans ma prédication habituelle.

Mais qu’est-ce qu’une prédication habituelle ?

Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile écrit saint Paul qui dit aussi à temps et à contre-temps.

Dans tous les moments de ma vie, je devrais agir et parler en chrétien, sans se soucier des modes et du regard des autres. C’est par mes actes et la conformité de ma vie à l’Evangile que je plaiderai le mieux la cause du Christ Ressuscité. Si j’hésite à prendre position en raison de ma foi sur tel ou tel sujet parce que l’option chrétienne n’est pas celle qui est dans l’air du temps, je ne fais pas confiance à l’Esprit Saint qui m’a été donné lors des Sacrements que j’ai reçus.

Un chant ancien proclamait Je suis chrétien et c’est ma gloire est-il toujours d’actualité ? Y réfléchir est un bon début pour un examen de conscience...

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane

16 octobre 2005

Bosnie Herzégovine

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Est-il permis ?

Rien dans la Loi de l’Ancien Testament n’interdit de payer l’impôt à une puissance étrangère. Abraham n’a-t-il pas versé la dîme à Melchisédech en reconnaissance de sa puissance et de son rôle de prêtre du très Haut ? Pourtant le roi de Salem était étranger à la Promesse de Dieu !

Dans leur volonté d’étouffer dans l’œuf la prédication de la doctrine de Jésus, les pharisiens et les partisans d’Hérode ne lui posent cette question que pour le piéger :

  • soit il répond oui, et alors ils peuvent l’accuser de collaboration avec l’occupant et ils lui font perdre du crédit dans les foules hostiles aux romains ;
  • soit il répond non, et alors ils peuvent le dénoncer au procureur comme un homme appelant à la révolte et à la lutte armée contre les troupes romaines.

La réponse du Christ les a certainement déconcertés et elle les renvoie à leur conscience. Si eux-mêmes acceptent d’utiliser la monnaie de César dans leur vie quotidienne, cela veut dire qu’ils consentent à l’occupation de Jérusalem par les romains. Le signe de cette acceptation est qu’ils sont partisans de ce roi Hérode qui a été mis en place par l’empereur au mépris de la tradition juive.

Mais la réponse du Christ est à double effet ; si l’argent de César doit retourner à César, ce qui appartient à Dieu doit revenir à Dieu. Dans la foi juive, c’est le peuple qui appartient à Dieu ! Que font ces pharisiens pour rendre ce peuple à Dieu ? Leur enseignement est-il susceptible d’entraîner un élan vers le Seigneur d’Israël ou bien sont-ils trop affairés dans les biens temporels pour aller vers la transcendance ?

Nous, chrétiens du XXIème siècle, sommes confrontés à cette même question. Où situons-nous nos priorités ? Bien sûr au devoir d’état que chacun remplit de son mieux, mais à côté de cela ne sommes-nous pas tentés de nous réfugier derrière un affairisme de mauvais aloi pour négliger l’essentiel, notre vie spirituelle. Profitons de cette période où nous sommes déchargés des tâches matérielles pour prendre un temps spirituel plus important que d’habitude.

Père JeanPaul Bouvier - Aumônier Militaire Catholique en Bosnie Herzégovine

19 octobre 2008

Brigade Franco-Allemande

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Saint Jean de Capistran, patron des aumôniers militaires (23 octobre)

Jean de Capistran fut l’une des gloires de l’ordre franciscain au 15ème siècle. Il naquit le 24 juin 1386 à Capistran non loin d’Aquila au Royaume de Naples. Son père, noble seigneur français, sans doute angevin, avait suivi Louis d’Anjou dans son expédition pour la conquête du royaume de Naples, il s’était fixé à Capistran après son mariage. Jean perdit sa mère très jeune et fut envoyé à Pérouse où pendant dix années, il étudia le droit civil et canonique. Juriste éminent, sa capacité et son jugement sûr le firent considérer comme le prince des jurisconsultes. Ladislas, roi de Naples, le nomma gouverneur de Pérouse vers 1412. Il y soutint les pauvres et les gens du peuple, fut pour tous un juge intègre et incorruptible.

La ville de Capistran fut occupée par les troupes pontificales et Jean, incarcéré. En prison, Saint François lui apparut stigmatisé et l'invita à entrer dans son ordre. Après avoir obtenu sa liberté au prix d’une forte rançon, Jean vendit ses biens et entra chez les franciscains à Pérouse. Il étudia la théologie avec Jacques de la Marche et eut pour premier maître Bernardin de Sienne. Il devint un profond théologien, un savant canoniste et le plus grand missionnaire de son temps. Ce fut un homme de prière, puisant sa force dans l'amour du nom de Jésus. Ordonné prêtre vers 1425, Jean de Capistran parcourut toutes les provinces d’Italie et une partie de l'Europe.

Les papes Martin V, Eugène IV, Nicolas V et Calixte III eurent souvent recours à lui pour les intérêts généraux de l’Eglise : il fut nonce apostolique et inquisiteur général. Il dut faire face aux erreurs propagées par les fraticelles. Sous le Pape Nicolas V, il eut à remplir des charges importantes et difficiles en travaillant, en particulier, à la réforme de l’ordre franciscain et de celui des Clarisses. Il évangélisa l’Autriche, la Bohême, la Moravie, la Silésie, la Bavière, la Saxe, la Pologne, la Moldavie.

Il mourut le 23 octobre 1456 au couvent de Vilak près de Sirmium. Canonisé en 1690, sa fête fixée le 28 mars, a été étendue à l’Eglise universelle par Léon XIII.

Prédicateur populaire, d’une classe égale à Saint Bernardin de Sienne, Jean de Capistran travailla à la paix entre villes et organisa de nombreuses oeuvres charitables, en particulier des hôpitaux. A une époque où s’éveillait le capitalisme, il attira l’attention des papes, des princes et des villes sur l’observance des lois. Prédicateur de talent, il s’attacha à la réforme des mœurs. Il avait une dévotion ardente au nom de Jésus. Les quarante ans d’apostolat en Europe, aidé de religieux, pour réconcilier les peuples divers durant un long schisme, lui ont mérité le titre d’apôtre de l’Europe Unie. On l’invoque dans le peuple comme un thaumaturge contre les maladies. Le pèlerinage d’Ilok était très fréquenté quand les turcs le firent disparaître. Son culte demeura vivant comme en témoigne une abondante iconographie, mais il disparut durant la crise des nationalités qui suivit pendant le XIXème siècle, l’époque révolutionnaire. Actuellement où l’Europe se construit, son culte réapparaît.

On trouve au Musée du Louvre à Paris, un tableau de B. Vivarini montrant Saint Jean de Capristran le visage rayonnant et présentant un drapeau avec la croix du Christ.

Il a été choisi comme patron des aumôniers militaires à cause d’une correspondance avec l’un d’entre eux auquel il dispense de très judicieux conseils.

(source : diocèse aux Armées Françaises)

16 octobre 2011

Fort Neuf de Vincennes

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Dieu inspire qui Il veut

Les juifs ont été déportés en semi-esclavage à Babylone en 587 avant Jésus Christ par le roi d’Assyrie Nabuchodonosor (roi de 604 à 562) Ils vont y rester en captivité pendant 49 ans, ‘une semaine de semaines d’années’ chiffre symbolique à rapprocher des prescriptions du Lévitique : « Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez l'affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé. » (Lévitique 25,10) L’auteur de cet affranchissement n’est autre que le roi perse Cyrus (roi de 550 à 529) qui s’empare de Babylone en 539 et dès la première année de son règne publie un édit : « Yahvé éveilla l'esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit proclamer-et même afficher-dans tout son royaume: "Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Le Seigneur, le Dieu du ciel, m'a remis tous les royaumes de la terre, c'est lui qui m'a chargé de lui bâtir un Temple à Jérusalem, en Juda. Quiconque, parmi vous, fait partie de tout son peuple, que son Dieu soit avec lui ! Qu'il monte à Jérusalem, en Juda, et bâtisse le Temple du Seigneur, le Dieu d'Israël - c'est le Dieu qui est à Jérusalem. » (Esdras 1,1-3)

Un roi, ne faisant pas partie du Peuple de Dieu, va ordonner – sous l’inspiration divine – de reconstruire le Temple de Jérusalem ! Ce que souligne l’auteur du passage du livre d’Isaïe : « En dehors de moi, il n’y a pas de Dieu : je t’ai rendu puissant alors que tu ne me connaissais pas. » (Isaïe 45,5) Dieu inspire des étrangers comme il a inspiré les prophètes. Il a libéré son peuple de l’esclavage d’Egypte faisant capituler Pharaon par sa puissance, il libère son peuple de l’Exil à Babylone par sa Parole adressée à l’oppresseur.

A plusieurs reprises l’Ancien Testament montre des hommes puissants et étrangers qui sont obligés de reconnaître la souveraineté de Dieu, par exemple devant Abraham « Melchisédech, roi de Salem, apporta du pain et du vin; il était prêtre du Dieu Très-Haut. » (Genèse 14,18) le prophète moabite Balaam venu maudire les hébreux (cf. Nombres 22) et le plus célèbre Naaman de Syrie (cf. 2 Rois 5) cité par Jésus comme exemple : « Il y avait aussi beaucoup de lépreux en Israël au temps du prophète Élisée; et aucun d'eux ne fut purifié, mais bien Naaman, le Syrien. » (Luc 4,27)

Ces textes lus au XXIème siècle pourrait sembler hors de circonstances puisque les mentalités ont changé, nous sommes devenus ‘civilisés’ et, dans les grandes déclarations théoriques, il n’est pas envisageable de fustiger quiconque à cause de son appartenance à tel ou tel groupe ; en pratique il en est tout autrement, le moindre prétexte suffit pour condamner tout un groupe qui ne pense pas ou n’agit pas comme nous. Encore moins il ne saurait être question que le Père de Jésus Christ nous parle à travers des croyants d’une autre religion ou des non-croyants – nous avons même quelquefois des difficultés à admettre qu’il nous parle par l’Eglise.

En les lisant ce dimanche, faisons preuve d’un peu d’humilité : les ‘autres’ peuvent aussi me conduire sur la voie du Seigneur ; rappelons-nous la Parole du Fils aux disciples que nous disons être : « Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver le monde. » (Jean 12,47)

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes

19 octobre 2014

Secteur Vermandois

n°779

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Payer l’impôt à César ?

Taxes et impôts ont toujours été impopulaires, mais peut-être davantage à cette époque où l’argent est destiné, non seulement à un pays étranger – Rome – mais aussi à une nation qui occupe le pays militairement. Le système de ‘fermage’ dans lequel une personne paye l’ensemble de l’impôt au pouvoir central et ensuite récupère son investissement avec bénéfice en faisant payer le peuple est une source de malversations et de profits malhonnêtes (cf. la rencontre de Jésus avec Zachée Luc 19,1-10) En plus les Juifs payent la dîme aux prêtres et lévites pour le fonctionnement du Temple.

Beaucoup de Juifs contestataires refusent de payer cet impôt à l’ennemi, entrainant des mesures de rétorsion et des pogroms envers la population.

La question posée à Jésus est loin d’être innocente : soit il accepte de payer l’impôt à César et il reconnaît par-là même l’autorité et la légitimité de l’occupant, il sera alors rejeté par la foule hostile à Rome ; soit il refuse et il se place du côté des résistants et des émeutiers et il sera alors susceptible d’être condamné par le procurateur romain. Dans les deux cas, sa prédication perdra toute valeur et les pharisiens retrouveront leur rôle indiscutable de guides du peuple, sans concurrence.

La duplicité des pharisiens est habilement déjouée par Jésus qui en profite pour les mettre devant l’évidence : n’acceptent-ils pas eux-mêmes d’utiliser la monnaie de César ? N’est-ce pas déjà un début de collaboration de leur part ? Cette pièce à l’effigie de César n’est-elle pas en elle-même un péché devant Dieu qui a interdit toute représentation humaine ou animale pour éviter le piège de l’idolâtrie : « Veillez attentivement sur vos âmes, de peur que vous ne vous corrompiez et que vous ne vous fassiez une image taillée, une représentation de quelque idole, la figure d’un homme ou d’une femme, la figure d’un animal qui soit sur la terre, la figure d’un oiseau qui vole dans les cieux… » (Deutéronome 4,15b-17)

Nous avons en nous-mêmes un côté pharisien et – quelquefois – nous tendons des pièges à l’intention de personnes qui n’ont pas la même approche de la foi que la nôtre, sans nous rendre compte que le piège peut se refermer contre nous. En effet, l’Esprit inspire qui il veut et comme il le veut au moment opportun pour le bien de toute l’Eglise : « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien commun. » (1Corinthien 12,4-7) Cette leçon de tolérance s’applique aussi dans nos communautés ; réjouissons-nous des différences qui montrent l’action de l’Esprit Saint et la vitalité de l’annonce de l’Evangile dans ce siècle.

Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois

22 octobre 2017

Paroisses Nesle & Athies

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n°966

Pirouette

L’auditoire de Jésus a toujours beaucoup d’importance dans les réponses ou les paraboles qu’il va donner. Dans cet épisode ce sont des disciples des Pharisiens venus avec des partisans d’Hérode ; c'est-à-dire des représentants religieux veillant à l’application stricte de la Loi de Moïse et des hommes politiques mis en place par le pouvoir installé par l’occupant romain. Le piège qui est tendu n’est pas simplement une formule rhétorique mais c’est une véritable chausse-trappe à laquelle il n’y a pas de réponse : si Jésus dit « oui », les pharisiens hurleront au sacrilège, mais s’il dit « non » les politiciens considéreront qu’il s’agit d’un appel à l’insubordination et d’une injure faite à l’empereur. Dans les deux cas, il mériterait la mort. Leur question pourrait se résumer facilement dans le choix : ‘veux-tu mourir lapidé, condamné par les juifs ou crucifié, jugé par les romains’ ?

« Connaissant leur perversité » (v. 18) Jésus n’est pas dupé par leur question : il est Dieu le Fils, « Le Seigneur, qui pénètre les cœurs et qui scrute les reins, afin de rendre à chacun selon sa conduite, selon le fruit de ses actes. » (Jérémy 17,10) En demandant aux pharisiens de lui montrer la ‘monnaie de l’impôt’, il leur montre que eux-mêmes sont dépendants de l’empire ; en ayant sur eux des ‘deniers’ qui portent l’effigie de César, ils transgressent les lois juives qui interdisent toute représentation humaine ou animale. C’est donc avec justesse qu’il peut les traiter d’‘hypocrites’.

La réponse de Jésus est claire : « Rendez donc à César ce qui est à César, » mais il la double par une autre condition : « et à Dieu ce qui est à Dieu. » (v. 21) Il montre l’acceptation de la société humaine pour ce qu’elle est, mais, en même temps, il la soumet à Dieu : ce qui est à César appartient à Dieu. Ce n’est pas une séparation arbitraire entre la société et Dieu qui ne seraient pas sur le même plan, au contraire : la communauté humaine est incluse dans le projet de Dieu pour le salut de tous.

Ainsi, à la suite du Christ Ressuscité et à sa demande : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Matthieu 28,19-20) l’Eglise s’adresse à tous les peuples à travers les continents, civilisations, sociétés, ethnies, familles…

Quel que soit le ‘César’ je dois lui rendre ce qui lui appartient dans la mesure où je sais – en conscience – qu’en faisant cela je sers aussi le projet de Dieu. la lecture de la Parole de Dieu et la fréquentation des Sacrements m’alerteront si les deux divergent et m’indiqueront les dispositions à prendre.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies

18 octobre 2020

Paroisses Nesle & Athies

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n°1175

Rendez à Dieu

La réponse que Jésus donne à la question posée par les pharisiens : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Matthieu 22,21) est devenue proverbiale. Beaucoup de personnes qui l’utilisent ne savent même pas que cette phrase est tirée de l’Evangile. Malheureusement la citation qui en est faite est – la plupart du temps – tronquée et réduite à la première partie, celle qui concerne César ; voire même aux seuls premiers mots : « Rendez à César… » suffisamment évocateurs, la suite étant supposée être connue de tous.

Pourtant cette seconde partie est particulièrement importante car elle provoque une réflexion autour d’une autre question à forme double suivant que nous nous situons seulement dans l’analyse passive : ‘Qu’est-ce qui est à Dieu ?’ avec une réponse facile : « Le monde et sa richesse m'appartiennent. » (Psaume 49,12b) ou dans une recherche active de la communion avec Dieu : ‘Que devons-nous rendre à Dieu ?’ avec une réponse à discerner personnellement en conscience avec l’Esprit Saint : « Le Seigneur se plaît avec ceux qui le craignent, avec ceux qui espèrent son amour. » (Psaume 146,11)

Cette seconde partie minimise la première : César et son impôt passeront car ils sont temporels, le croyant ne doit pas y attacher une importance excessive mais au contraire tourner tous ses efforts et toute son âme vers le Seigneur Dieu qui est éternel. Dans la réponse de Jésus, s’il n’y a pas de rejet de l’empire romain, il n’y a pas non plus de soumission. C’est la constatation d’un état de fait qui est remise à sa juste importance.

Le temps a passé mais la question reste toujours d’actualité : l’Eglise, Corps du Christ, doit-elle se soumettre ou s’insurger ? Ni l’un ni l’autre, elle doit annoncer l’Evangile et son unique commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Matthieu 22,37-39)

A son niveau chaque chrétien doit transmettre cet enseignement.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies

22 octobre 2023


Maison Marie-Thérèse

César

Après les paraboles du Royaume, l’évangile de saint Matthieu évoque les groupes établis de juifs, pharisiens et sadducéens, qui posent à Jésus quelques questions plus ou moins politiques pour le prendre au piège ou au moins le mettre en porte à faux.

La première de ces questions concerne l’impôt dû à César. Toute soumission à l’envahisseur romain signifierait que Jésus ne peut pas être le Messie dans sa dimension de libérateur par rapport à la dépendance à l’occupant païen du peuple de Dieu. Mais peu de temps après, ce sont les mêmes personnes qui se soumettront d’elles-mêmes et elles poussent les foules à réclamer la mort de Jésus allant jusqu’à faire allégeance à l’ennemi : « Pilate leur dit : ‘Vais-je crucifier votre roi ?’ Les grands prêtres répondirent : ‘Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur’. » La relation des ‘notables’ à l’empire romain est à ‘géométrie variable’ suivant les besoins du moment.

Payer l’impôt à César n’est pas leur véritable souci, ils cherchent avant tout à discréditer le prédicateur dangereux que Jésus est à leurs yeux : tout appel à la rébellion contre les romains risquerait d’entrainer des mesures de rétorsion catastrophiques : la destruction de la Judée et de Jérusalem et, au contraire, tout appel à pactiser et à adopter le style de vie de l’occupant serait un sacrilège, un péché irrémissible qui dévaloriserait son enseignement.

A côté de l’aspect machiavélique des notables juifs vis-à-vis de Jésus, il y a un profond désir de conserver l’équilibre précaire entre affirmation de leur foi et concessions. La vie de Jésus ne pèse pas lourd : « Caïphe était celui qui avait donné aux Juifs ce conseil : ‘Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple’. » (Jean 18,14)

L’être humain n’évolue pas beaucoup au niveau de la conservation de son confort spirituel comme matériel. Aujourd’hui encore les personnes établies chercheront à déstabiliser ceux qui expriment des idées qui leur semblent mauvaises ou dangereuse pour leur façon de vivre ou leur façon de croire. Les chrétiens n’échappent pas à cette règle et la lecture de ce passage d’évangile doit entrainer un examen de conscience : ‘Quel mon rapport avec mon prochain lorsque nous sommes en désaccord ?’ Le Seigneur nous demande expressément de l’aimer : « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » (Matthieu 5,23-24)

Ne cherchons pas à piéger ou à discréditer nos frères et sœurs que le Christ nous demande d’aimer !

Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite


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