17 octobre 1999
Lycée Militaire d'Autun
Retour en haut de la page
|
Culture chrétienne
"Rendez à César ce qui appartient à César"
Cette phrase de l'Evangile de ce jour est très souvent prononcée
par des personnes qui ne savent même pas qu'elle a été
dite par Jésus, encore moins que les circonstances de cette réponse
laconique étaient un piège tendu par les opposants du Christ,
ils voulaient le faire chuter à cause d'une parole qu'il aurait
dite. Ne la trouvant pas ils feraient ensuite appel à de faux témoins
qui l'accuseront d'avoir blasphémer à propos du Temple.
Ainsi en est-il aussi aujourd'hui ! beaucoup de locutions devenues proverbiales
sont en fait des citations explicites de la Bible, Ancien ou Nouveau Testament.
Citons par exemple " Etre pauvre comme Job " ou bien
" Le jugement de Salomon " ou encore " Tuer le
veau gras ", " Pleurer comme une Madeleine ",
la liste serait trop longue si nous voulions qu'elle soit exhaustive (vous
pouvez toujours aller voir les pages roses du petit Larousse Illustré
!).
Une forme de l'annonce de l'Evangile, pour nous chrétiens, est
d'expliquer ces métaphores en en donnant le sens exacte, en les
resituant dans le contexte biblique. Pour se contenter des exemples que
nous avons pris :
- · Le livre de Job explique au croyant que la vraie richesse
est la communion avec Dieu, qu'il n'est pas responsable de nos malheurs
et que l'espérance est toujours première.
- · La sagesse de Salomon montrée dans ce jugement entre
deux femmes réclamant le même enfant, n'est pas innée,
elle lui a été donnée par Dieu parce qu'il ne demandait
pas la richesse ou la puissance mais simplement de savoir gouverner
le peuple de Dieu. La sagesse est un don de Dieu et loin d'admirer celle
de Salomon, nous devons - comme lui - la demander à Dieu qui
ne refuse pas son Esprit à ceux qui le lui demandent.
- · Tuer le veau gras signifie la joie du Père qui voit
revenir son fils perdu, utilisée souvent pour des retrouvailles,
cette formule oublie trop volontiers qu'il s'agit de l'amour de Dieu
le Père pour les hommes, qu'il attend ceux qui se sont séparés
de lui pour les fêter et les accueillir avec miséricorde.
- · Pleurer comme une Madeleine n'a rien à voir avec Proust,
mais avec la prostituée qui se jetant aux pieds de Jésus
pour les lui arroser de parfum, pleurait amèrement ses péchés,
ce sont autant des larmes de joie en reconnaissant le Messie que des
larmes de douleurs en revoyant sa vie.
En prenant le temps d'expliquer le sens réel de ces expressions,
nous pourrons faire passer le message de rédemption qui nous est
confié, plus facilement qu'en faisant un exposé théologique
peu compréhensible
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
|
20 octobre 2002
Forces Armées de Guyane
Retour en haut de la page
|
« Nous rendons grâce à Dieu à cause de vous tous »
(1Th 1,2)
Nos communautés actuelles ont intérêt à relire les lettres de saint Paul
aux communautés qu’il a visitées. En effet qu’il sermonne ou complimente
ces premières églises locales, nous sommes également visés car les écarts
ou les élans de ces chrétiens ne différent pas de ce que nous vivons aujourd’hui.
Le début de cette première lettre aux Thessaloniciens est favorable,
saint Paul constate que l’église de Thessalonique met en pratique les
conseils évangéliques qu’il leur a prêchés, insistant en même temps que
ce n’est pas tant sa parole personnelle que l’action de l’Esprit Saint
qui influe ainsi sur le comportement des baptisés.
Lorsque nous lisons ce texte, nous pourrions nous poser un certain nombre
de questions.
En premier, est-ce que les personnes qui nous ont transmis la foi pourraient
nous écrire la même chose et avoir la joie de voir leur enseignement se
traduire dans les actes de charité, de foi et d’espérance ?
En second lieu, est-ce que moi-même, je pourrais écrire de telles choses
à d’autres personnes ? Cela implique que ces personnes existent,
c’est à dire que j’ai pris le temps, la peine, les moyens de transmettre
la foi, l’espérance et la charité à d’autres, qu’ils soient plus jeunes
comme pour les catéchismes d’enfants ou qu’ils soient plus âgés dans le
catéchuménat ou plus simplement autour de moi dans ma prédication habituelle.
Mais qu’est-ce qu’une prédication habituelle ?
Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile écrit saint Paul
qui dit aussi à temps et à contre-temps.
Dans tous les moments de ma vie, je devrais agir et parler en chrétien,
sans se soucier des modes et du regard des autres. C’est par mes actes
et la conformité de ma vie à l’Evangile que je plaiderai le mieux la cause
du Christ Ressuscité. Si j’hésite à prendre position en raison de ma foi
sur tel ou tel sujet parce que l’option chrétienne n’est pas celle qui
est dans l’air du temps, je ne fais pas confiance à l’Esprit Saint qui
m’a été donné lors des Sacrements que j’ai reçus.
Un chant ancien proclamait Je suis chrétien et c’est ma gloire
est-il toujours d’actualité ? Y réfléchir est un bon début pour un
examen de conscience...
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
|
16 octobre 2005
Bosnie Herzégovine
Retour en haut de la page
|
Est-il permis ?
Rien dans la Loi de l’Ancien Testament n’interdit de payer l’impôt à
une puissance étrangère. Abraham n’a-t-il pas versé la dîme à Melchisédech
en reconnaissance de sa puissance et de son rôle de prêtre du très Haut ?
Pourtant le roi de Salem était étranger à la Promesse de Dieu !
Dans leur volonté d’étouffer dans l’œuf la prédication de la doctrine
de Jésus, les pharisiens et les partisans d’Hérode ne lui posent cette
question que pour le piéger :
- soit il répond oui, et alors ils peuvent l’accuser de collaboration
avec l’occupant et ils lui font perdre du crédit dans les foules hostiles
aux romains ;
- soit il répond non, et alors ils peuvent le dénoncer au procureur
comme un homme appelant à la révolte et à la lutte armée contre les
troupes romaines.
La réponse du Christ les a certainement déconcertés et elle les renvoie
à leur conscience. Si eux-mêmes acceptent d’utiliser la monnaie de César
dans leur vie quotidienne, cela veut dire qu’ils consentent à l’occupation
de Jérusalem par les romains. Le signe de cette acceptation est qu’ils
sont partisans de ce roi Hérode qui a été mis en place par l’empereur
au mépris de la tradition juive.
Mais la réponse du Christ est à double effet ; si l’argent de César
doit retourner à César, ce qui appartient à Dieu doit revenir à Dieu.
Dans la foi juive, c’est le peuple qui appartient à Dieu ! Que font
ces pharisiens pour rendre ce peuple à Dieu ? Leur enseignement est-il
susceptible d’entraîner un élan vers le Seigneur d’Israël ou bien sont-ils
trop affairés dans les biens temporels pour aller vers la transcendance ?
Nous, chrétiens du XXIème siècle, sommes confrontés à cette même question.
Où situons-nous nos priorités ? Bien sûr au devoir d’état que chacun
remplit de son mieux, mais à côté de cela ne sommes-nous pas tentés de
nous réfugier derrière un affairisme de mauvais aloi pour négliger l’essentiel,
notre vie spirituelle. Profitons de cette période où nous sommes déchargés
des tâches matérielles pour prendre un temps spirituel plus important
que d’habitude.
Père JeanPaul Bouvier - Aumônier Militaire Catholique en
Bosnie Herzégovine
|
19 octobre 2008
Brigade Franco-Allemande
Retour en haut de la page
|
Saint Jean de Capistran, patron des aumôniers militaires
(23 octobre)
Jean de Capistran fut l’une des gloires de l’ordre franciscain au
15ème siècle. Il naquit le 24 juin 1386 à Capistran non loin d’Aquila
au Royaume de Naples. Son père, noble seigneur français, sans doute angevin,
avait suivi Louis d’Anjou dans son expédition pour la conquête du royaume
de Naples, il s’était fixé à Capistran après son mariage. Jean perdit
sa mère très jeune et fut envoyé à Pérouse où pendant dix années, il étudia
le droit civil et canonique. Juriste éminent, sa capacité et son jugement
sûr le firent considérer comme le prince des jurisconsultes. Ladislas,
roi de Naples, le nomma gouverneur de Pérouse vers 1412. Il y soutint
les pauvres et les gens du peuple, fut pour tous un juge intègre et incorruptible.
La ville de Capistran fut occupée par les troupes pontificales et
Jean, incarcéré. En prison, Saint François lui apparut stigmatisé et l'invita
à entrer dans son ordre. Après avoir obtenu sa liberté au prix d’une forte
rançon, Jean vendit ses biens et entra chez les franciscains à Pérouse.
Il étudia la théologie avec Jacques de la Marche et eut pour premier maître
Bernardin de Sienne. Il devint un profond théologien, un savant canoniste
et le plus grand missionnaire de son temps. Ce fut un homme de prière,
puisant sa force dans l'amour du nom de Jésus. Ordonné prêtre vers 1425,
Jean de Capistran parcourut toutes les provinces d’Italie et une partie
de l'Europe.
Les papes Martin V, Eugène IV, Nicolas V et Calixte III eurent souvent
recours à lui pour les intérêts généraux de l’Eglise : il fut nonce
apostolique et inquisiteur général. Il dut faire face aux erreurs propagées
par les fraticelles. Sous le Pape Nicolas V, il eut à remplir des charges
importantes et difficiles en travaillant, en particulier, à la réforme
de l’ordre franciscain et de celui des Clarisses. Il évangélisa l’Autriche,
la Bohême, la Moravie, la Silésie, la Bavière, la Saxe, la Pologne, la
Moldavie.
Il mourut le 23 octobre 1456 au couvent de Vilak près de Sirmium.
Canonisé en 1690, sa fête fixée le 28 mars, a été étendue à l’Eglise universelle
par Léon XIII.
Prédicateur populaire, d’une classe égale à Saint Bernardin de Sienne,
Jean de Capistran travailla à la paix entre villes et organisa de nombreuses
oeuvres charitables, en particulier des hôpitaux. A une époque où s’éveillait
le capitalisme, il attira l’attention des papes, des princes et des villes
sur l’observance des lois. Prédicateur de talent, il s’attacha à la réforme
des mœurs. Il avait une dévotion ardente au nom de Jésus. Les quarante
ans d’apostolat en Europe, aidé de religieux, pour réconcilier les peuples
divers durant un long schisme, lui ont mérité le titre d’apôtre de l’Europe
Unie. On l’invoque dans le peuple comme un thaumaturge contre les maladies.
Le pèlerinage d’Ilok était très fréquenté quand les turcs le firent disparaître.
Son culte demeura vivant comme en témoigne une abondante iconographie,
mais il disparut durant la crise des nationalités qui suivit pendant le
XIXème siècle, l’époque révolutionnaire. Actuellement où l’Europe se construit,
son culte réapparaît.
On trouve au Musée du Louvre à Paris, un tableau de B. Vivarini montrant
Saint Jean de Capristran le visage rayonnant et présentant un drapeau
avec la croix du Christ.
Il a été choisi comme patron des aumôniers militaires à cause d’une
correspondance avec l’un d’entre eux auquel il dispense de très judicieux
conseils.
(source : diocèse aux Armées Françaises)
|
16 octobre 2011
Fort Neuf de Vincennes
Retour en haut de la page
|
Dieu inspire qui Il veut
Les juifs ont été déportés en semi-esclavage à Babylone en 587 avant
Jésus Christ par le roi d’Assyrie Nabuchodonosor (roi de 604 à 562) Ils
vont y rester en captivité pendant 49 ans, ‘une semaine de semaines
d’années’ chiffre symbolique à rapprocher des prescriptions du Lévitique :
« Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez
l'affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un
jubilé. » (Lévitique 25,10) L’auteur de cet affranchissement
n’est autre que le roi perse Cyrus (roi de 550 à 529) qui s’empare de
Babylone en 539 et dès la première année de son règne publie un édit :
« Yahvé éveilla l'esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit proclamer-et
même afficher-dans tout son royaume: "Ainsi parle Cyrus, roi de Perse :
Le Seigneur, le Dieu du ciel, m'a remis tous les royaumes de la terre,
c'est lui qui m'a chargé de lui bâtir un Temple à Jérusalem, en Juda.
Quiconque, parmi vous, fait partie de tout son peuple, que son Dieu soit
avec lui ! Qu'il monte à Jérusalem, en Juda, et bâtisse le Temple
du Seigneur, le Dieu d'Israël - c'est le Dieu qui est à Jérusalem. »
(Esdras 1,1-3)
Un roi, ne faisant pas partie du Peuple de Dieu, va ordonner – sous l’inspiration
divine – de reconstruire le Temple de Jérusalem ! Ce que souligne
l’auteur du passage du livre d’Isaïe : « En dehors de moi,
il n’y a pas de Dieu : je t’ai rendu puissant alors que tu ne me
connaissais pas. » (Isaïe 45,5) Dieu inspire des étrangers comme
il a inspiré les prophètes. Il a libéré son peuple de l’esclavage d’Egypte
faisant capituler Pharaon par sa puissance, il libère son peuple de l’Exil
à Babylone par sa Parole adressée à l’oppresseur.
A plusieurs reprises l’Ancien Testament montre des hommes puissants et
étrangers qui sont obligés de reconnaître la souveraineté de Dieu, par
exemple devant Abraham « Melchisédech, roi de Salem, apporta du
pain et du vin; il était prêtre du Dieu Très-Haut. » (Genèse
14,18) le prophète moabite Balaam venu maudire les hébreux (cf. Nombres
22) et le plus célèbre Naaman de Syrie (cf. 2 Rois 5) cité par Jésus comme
exemple : « Il y avait aussi beaucoup de lépreux en Israël
au temps du prophète Élisée; et aucun d'eux ne fut purifié, mais bien
Naaman, le Syrien. » (Luc 4,27)
Ces textes lus au XXIème siècle pourrait sembler hors de circonstances
puisque les mentalités ont changé, nous sommes devenus ‘civilisés’
et, dans les grandes déclarations théoriques, il n’est pas envisageable
de fustiger quiconque à cause de son appartenance à tel ou tel groupe ;
en pratique il en est tout autrement, le moindre prétexte suffit pour
condamner tout un groupe qui ne pense pas ou n’agit pas comme nous. Encore
moins il ne saurait être question que le Père de Jésus Christ nous parle
à travers des croyants d’une autre religion ou des non-croyants – nous
avons même quelquefois des difficultés à admettre qu’il nous parle par
l’Eglise.
En les lisant ce dimanche, faisons preuve d’un peu d’humilité :
les ‘autres’ peuvent aussi me conduire sur la voie du Seigneur ;
rappelons-nous la Parole du Fils aux disciples que nous disons être :
« Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, je ne le
juge pas, car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour sauver
le monde. » (Jean 12,47)
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
|
19 octobre 2014
Secteur Vermandois
n°779
Retour en haut de la page
|
Payer l’impôt à César ?
Taxes et impôts ont toujours été impopulaires, mais peut-être davantage
à cette époque où l’argent est destiné, non seulement à un pays étranger
– Rome – mais aussi à une nation qui occupe le pays militairement. Le
système de ‘fermage’ dans lequel une personne paye l’ensemble de
l’impôt au pouvoir central et ensuite récupère son investissement avec
bénéfice en faisant payer le peuple est une source de malversations et
de profits malhonnêtes (cf. la rencontre de Jésus avec Zachée Luc 19,1-10)
En plus les Juifs payent la dîme aux prêtres et lévites pour le fonctionnement
du Temple.
Beaucoup de Juifs contestataires refusent de payer cet impôt à l’ennemi,
entrainant des mesures de rétorsion et des pogroms envers la population.
La question posée à Jésus est loin d’être innocente : soit il accepte
de payer l’impôt à César et il reconnaît par-là même l’autorité et la
légitimité de l’occupant, il sera alors rejeté par la foule hostile à
Rome ; soit il refuse et il se place du côté des résistants et des
émeutiers et il sera alors susceptible d’être condamné par le procurateur
romain. Dans les deux cas, sa prédication perdra toute valeur et les pharisiens
retrouveront leur rôle indiscutable de guides du peuple, sans concurrence.
La duplicité des pharisiens est habilement déjouée par Jésus qui en profite
pour les mettre devant l’évidence : n’acceptent-ils pas eux-mêmes
d’utiliser la monnaie de César ? N’est-ce pas déjà un début de collaboration
de leur part ? Cette pièce à l’effigie de César n’est-elle pas en
elle-même un péché devant Dieu qui a interdit toute représentation humaine
ou animale pour éviter le piège de l’idolâtrie : « Veillez
attentivement sur vos âmes, de peur que vous ne vous corrompiez et que
vous ne vous fassiez une image taillée, une représentation de quelque
idole, la figure d’un homme ou d’une femme, la figure d’un animal qui
soit sur la terre, la figure d’un oiseau qui vole dans les cieux… »
(Deutéronome 4,15b-17)
Nous avons en nous-mêmes un côté pharisien et – quelquefois – nous tendons
des pièges à l’intention de personnes qui n’ont pas la même approche de
la foi que la nôtre, sans nous rendre compte que le piège peut se refermer
contre nous. En effet, l’Esprit inspire qui il veut et comme il le veut
au moment opportun pour le bien de toute l’Eglise : « Les
dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services
sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées,
mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. A chacun est donnée
la manifestation de l’Esprit en vue du bien commun. » (1Corinthien
12,4-7) Cette leçon de tolérance s’applique aussi dans nos communautés ;
réjouissons-nous des différences qui montrent l’action de l’Esprit Saint
et la vitalité de l’annonce de l’Evangile dans ce siècle.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
|
22 octobre 2017
Paroisses Nesle & Athies
Retour en haut de la page
n°966
|
Pirouette
L’auditoire de Jésus a toujours beaucoup d’importance dans les réponses
ou les paraboles qu’il va donner. Dans cet épisode ce sont des disciples
des Pharisiens venus avec des partisans d’Hérode ; c'est-à-dire des
représentants religieux veillant à l’application stricte de la Loi de
Moïse et des hommes politiques mis en place par le pouvoir installé par
l’occupant romain. Le piège qui est tendu n’est pas simplement une formule
rhétorique mais c’est une véritable chausse-trappe à laquelle il n’y a
pas de réponse : si Jésus dit « oui », les
pharisiens hurleront au sacrilège, mais s’il dit « non »
les politiciens considéreront qu’il s’agit d’un appel à l’insubordination
et d’une injure faite à l’empereur. Dans les deux cas, il mériterait la
mort. Leur question pourrait se résumer facilement dans le choix :
‘veux-tu mourir lapidé, condamné par les juifs ou crucifié, jugé par
les romains’ ?
« Connaissant leur perversité » (v. 18) Jésus n’est
pas dupé par leur question : il est Dieu le Fils, « Le Seigneur,
qui pénètre les cœurs et qui scrute les reins, afin de rendre à chacun
selon sa conduite, selon le fruit de ses actes. » (Jérémy 17,10)
En demandant aux pharisiens de lui montrer la ‘monnaie de l’impôt’,
il leur montre que eux-mêmes sont dépendants de l’empire ; en ayant
sur eux des ‘deniers’ qui portent l’effigie de César, ils transgressent
les lois juives qui interdisent toute représentation humaine ou animale.
C’est donc avec justesse qu’il peut les traiter d’‘hypocrites’.
La réponse de Jésus est claire : « Rendez donc à César ce
qui est à César, » mais il la double par une autre condition :
« et à Dieu ce qui est à Dieu. » (v. 21) Il montre l’acceptation
de la société humaine pour ce qu’elle est, mais, en même temps, il la
soumet à Dieu : ce qui est à César appartient à Dieu. Ce n’est pas
une séparation arbitraire entre la société et Dieu qui ne seraient pas
sur le même plan, au contraire : la communauté humaine est incluse
dans le projet de Dieu pour le salut de tous.
Ainsi, à la suite du Christ Ressuscité et à sa demande : « Allez !
De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom
du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout
ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à
la fin du monde. » (Matthieu 28,19-20) l’Eglise s’adresse à tous
les peuples à travers les continents, civilisations, sociétés, ethnies,
familles…
Quel que soit le ‘César’ je dois lui rendre ce qui lui appartient
dans la mesure où je sais – en conscience – qu’en faisant cela je sers
aussi le projet de Dieu. la lecture de la Parole de Dieu et la fréquentation
des Sacrements m’alerteront si les deux divergent et m’indiqueront les
dispositions à prendre.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
|
18 octobre 2020
Paroisses Nesle & Athies
Retour en haut de la page
n°1175
|
Rendez à Dieu
La réponse que Jésus donne à la question posée par les pharisiens :
« Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est
à Dieu. » (Matthieu 22,21) est devenue proverbiale. Beaucoup
de personnes qui l’utilisent ne savent même pas que cette phrase est tirée
de l’Evangile. Malheureusement la citation qui en est faite est – la plupart
du temps – tronquée et réduite à la première partie, celle qui concerne
César ; voire même aux seuls premiers mots : « Rendez
à César… » suffisamment évocateurs, la suite étant supposée être
connue de tous.
Pourtant cette seconde partie est particulièrement importante car elle
provoque une réflexion autour d’une autre question à forme double suivant
que nous nous situons seulement dans l’analyse passive : ‘Qu’est-ce
qui est à Dieu ?’ avec une réponse facile : « Le
monde et sa richesse m'appartiennent. » (Psaume 49,12b) ou dans
une recherche active de la communion avec Dieu : ‘Que devons-nous
rendre à Dieu ?’ avec une réponse à discerner personnellement
en conscience avec l’Esprit Saint : « Le Seigneur se plaît
avec ceux qui le craignent, avec ceux qui espèrent son amour. »
(Psaume 146,11)
Cette seconde partie minimise la première : César et son impôt passeront
car ils sont temporels, le croyant ne doit pas y attacher une importance
excessive mais au contraire tourner tous ses efforts et toute son âme
vers le Seigneur Dieu qui est éternel. Dans la réponse de Jésus, s’il
n’y a pas de rejet de l’empire romain, il n’y a pas non plus de soumission.
C’est la constatation d’un état de fait qui est remise à sa juste importance.
Le temps a passé mais la question reste toujours d’actualité : l’Eglise,
Corps du Christ, doit-elle se soumettre ou s’insurger ? Ni l’un ni
l’autre, elle doit annoncer l’Evangile et son unique commandement :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton
âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et
le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
(Matthieu 22,37-39)
A son niveau chaque chrétien doit transmettre cet enseignement.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
|
22 octobre 2023
Maison Marie-Thérèse
|
César
Après les paraboles du Royaume, l’évangile de saint Matthieu évoque les
groupes établis de juifs, pharisiens et sadducéens, qui posent à Jésus
quelques questions plus ou moins politiques pour le prendre au piège ou
au moins le mettre en porte à faux.
La première de ces questions concerne l’impôt dû à César. Toute soumission
à l’envahisseur romain signifierait que Jésus ne peut pas être le Messie
dans sa dimension de libérateur par rapport à la dépendance à l’occupant
païen du peuple de Dieu. Mais peu de temps après, ce sont les mêmes personnes
qui se soumettront d’elles-mêmes et elles poussent les foules à réclamer
la mort de Jésus allant jusqu’à faire allégeance à l’ennemi : « Pilate
leur dit : ‘Vais-je crucifier votre roi ?’ Les grands prêtres
répondirent : ‘Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur’. »
La relation des ‘notables’ à l’empire romain est à ‘géométrie
variable’ suivant les besoins du moment.
Payer l’impôt à César n’est pas leur véritable souci, ils cherchent avant
tout à discréditer le prédicateur dangereux que Jésus est à leurs yeux :
tout appel à la rébellion contre les romains risquerait d’entrainer des
mesures de rétorsion catastrophiques : la destruction de la Judée
et de Jérusalem et, au contraire, tout appel à pactiser et à adopter le
style de vie de l’occupant serait un sacrilège, un péché irrémissible
qui dévaloriserait son enseignement.
A côté de l’aspect machiavélique des notables juifs vis-à-vis de Jésus,
il y a un profond désir de conserver l’équilibre précaire entre affirmation
de leur foi et concessions. La vie de Jésus ne pèse pas lourd : « Caïphe
était celui qui avait donné aux Juifs ce conseil : ‘Il vaut mieux
qu’un seul homme meure pour le peuple’. » (Jean 18,14)
L’être humain n’évolue pas beaucoup au niveau de la conservation de son
confort spirituel comme matériel. Aujourd’hui encore les personnes établies
chercheront à déstabiliser ceux qui expriment des idées qui leur semblent
mauvaises ou dangereuse pour leur façon de vivre ou leur façon de croire.
Les chrétiens n’échappent pas à cette règle et la lecture de ce passage
d’évangile doit entrainer un examen de conscience : ‘Quel mon rapport
avec mon prochain lorsque nous sommes en désaccord ?’ Le Seigneur
nous demande expressément de l’aimer : « Donc, lorsque tu
vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère
a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va
d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton
offrande. » (Matthieu 5,23-24)
Ne cherchons pas à piéger ou à discréditer nos frères et sœurs que le
Christ nous demande d’aimer !
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
|