10 octobre 1999
Lycée Militaire d'Autun
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Le Sacré Cœur
Il me semble que le grand désir que Notre Seigneur a que son
Sacré Cœur oit honoré par quelque hommage particulier, est
afin de renouveler dans les âmes les effets de la Rédemption.
Car son Sacré Cœur est une source inépuisable qui ne cherche
qu'à se répandre dans les cœurs humbles, vides, et qui ne
tiennent à rien, pour être toujours prêts à
se sacrifier à son bon plaisir.
Ce divin Cœur est une source intarissable, où il y a trois
canaux qui coulent sans cesse : premièrement de miséricorde
pour les pécheurs, sur lesquels découle l'esprit de contrition
et de pénitence. Le second est de charité, qui s'étend
pour le secours de tous les misérables qui sont en quelque nécessité,
et particulièrement pour ceux qui tendent à la perfection.
; ils y trouveront de quoi vaincre les obstacles. Du troisième
découle l'amour et la lumière pour les parfaits amis qu'il
veut s'unir à lui, pour leur communiquer sa science et ses maximes,
afin qu'ils se consacrent entièrement à lui procurer la
gloire, chacun à sa manière.
Ce divin Cœur est un abîme de bien, où les pauvres doivent
abîmer leurs nécessités ; un abîme de joie,
où il faut abîmer toutes nos tristesses ; un abîme
d'humiliation pour notre orgueil, un abîme de miséricorde
pour les misérables, et un abîme d'amour, où il faut
abîmer toutes nos misères.
Il faut vous unir, en tout ce que vous ferez, au Sacré Cœur
de Notre Seigneur Jésus Christ, au commencement pour vous servir
de dispositions, et à la fin pour satisfaction. Comme par exemple
: vous ne pouvez rien faire à l'oraison ? Contentez-vous d'offrir
celle que ce divin Sauveur fait pour vous au très saint Sacrement
de l'autel, offrant ses ardeurs pour réparer toutes vos tiédeurs.
Et dites dans chacune de vos actions : " Mon Dieu, je vais souffrir
cela dans le Sacré Cœur de votre divin Fils, et selon ses saintes
intentions que je vous offre pour réparer tout ce qu'il y a d'impur
et d'imparfait dans les miennes. " Et ainsi de tout le reste. Et
lorsqu'il vous arrivera quelque peine, affliction ou mortification, dites-vous
à vous-mêmes : " Prends ce que le Sacré Cœur
de Jésus t'envoie pour t'unir à lui. "
Et tachez surtout de conserver la paix du cœur, qui vaut plus que
tous les trésors imaginables. Le moyen de la conserver, c'est de
ne plus avoir de volonté, mais mettre celle de ce divin Sauveur
en place de la nôtre, pour la laisser vouloir pour nous tout ce
qui lui sera le plus glorieux, nous contentant de nous soumettre et abandonner.
Lettre de sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690)
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12 octobre 2002
Forces Armées de Guyane
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Les invités n’étaient pas dignes
Selon la tradition de la prédication juive, Jésus prend une nouvelle
image pour expliquer la même chose. Cette parabole est similaire à celle
des vignerons homicides que nous avions dimanche dernier, certains des
invités allant jusqu’à maltraiter ou tuer les émissaires que le roi leur
envoie pour les convier au repas de noces, d’autres ne tiennent aucun
compte du message et continuent à vaquer à leurs occupations habituelles.
Il serait facile de critiquer le peuple Juif contemporain de Jésus qui
n’a pas reconnu le Messie lorsqu’il est venu alors qu’il y était préparé
depuis des générations, si tous ceux qui se disent chrétiens reconnaissaient
la présence de Dieu en tous les hommes, et s’ils vivaient parfaitement
le message de l’Evangile. Avant de critiquer, faisons notre examen de
conscience.
Tous furent invités, les amis, les propriétaires locaux et devant leur
absence, tous ceux qui passaient à la croisée des chemins c’est
à dire un lieu de passage obligatoire : tous ont été invités, mais
seuls des étrangers ont répondu favorablement à cette convocation et parmi
eux un n’a pas de vêtement de noce.
Rappelons-nous le petit Prince le renard lui dit « Si
tu ne viens pas tous les jours à la même heure pour m’apprivoiser, je
ne saurais pas à quelle heure habiller mon cœur ! » Le vêtement
de noce dont il est question dans cette parabole n’est pas plus extérieur
que cela. Convier par Dieu au festin du Royaume, je dois habiller
mon cœur, c’est à dire me souvenir des paroles de mon Baptême et dans
la renonciation dite en mon nom par mes parents et parrain-marraine :
je renonce à tout ce qui conduit au mal, alors ils m’ont mis un vêtement
blanc en disant que j’avais « revêtu le Christ »
Voilà le vêtement de noces, il faut revêtir le Christ. De même que le
vêtement du Baptême, ou l’aube cache la plupart des défauts physiques,
de même le Christ pardonne tous mes défauts spirituels ; ce n’est
que si je refuse de revêtir le Christ que mes péchés resteront et seront
visibles de tous les convives.
Dans une autre formulation, c’est aussi ce que dit le prophète Isaïe :
« [le Seigneur] enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous
les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations. »
c’est à dire le pardon des péchés qui conduisent à la mort.
Ayant réalisé que le Père me pardonne et me sauve, je pourrais porter
fièrement le vêtement lavé dans le sang de l’Agneau (cf. Ap 7,14)
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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9 octobre 2005
Bosnie Herzégovine
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Les mauvais comme les bons
Le message du Seigneur s’adresse en premier à ceux qui ont déjà la connaissance
de la présence de Dieu dans leur vie. Mais emberlificotés dans l’habitude
et la nonchalance, ils estiment pouvoir se dispenser de suivre la Loi
du Seigneur et préfèrent des futilités à l’invitation divine, tout en
se donnant de bons prétextes pour se justifier.
Il est facile de jeter la pierre à ceux qui entendaient cette parole
lorsque Jésus les enseignait, mais n’en est-il pas de même avec notre
siècle ? Invités personnellement tous les dimanches à rencontrer
le Seigneur dans un festin, nous avons aussi cette tendance à couvrir
cette invitation par des raisons qui nous paraissent objectives et incontournables
alors que ce ne sont que des excuses fallacieuses. A fortiori lorsqu’il
s’agit d’annoncer la Bonne Nouvelle ou de prendre un temps gratuit de
prière !
Par contre lorsque nous lisons dans cet évangile que les mauvais comme
les bons seront dans le Royaume, nous sommes offusqués : Comment
ces gueux, ces mécréants sont invités avec MOI, alors que pendant
toute leur vie ils ont ignoré Dieu et vécu sans foi ni loi ! MOI,
au moins, je pratique de temps en temps ! Il est injuste que les
mauvais aient la même récompense que les bons, la même récompense que
MOI !
Cette conception de la justice de Dieu est bâtie à l’image de la justice
humaine : un méfait mérite une punition. Or le Christ nous signale
qu’il n’est pas venu pour juger le monde mais pour le sauver : les
méfaits (ou péchés) que nous faisons ne méritent pas une punition, ils
méritent d’être pardonnés et que le pécheur soit sauvé.
Si tout le monde est sauvé, à quoi sert d’être chrétien ? A cette
question qui est souvent posée, la réponse est simple : les chrétiens
ne vivent pas leur foi dans le but calculateur d’être sauvés, mais parce
qu’ils ont eu une révélation, celle de l’amour de Dieu. Lorsque nous réalisons
que le Père nous aime au point d’envoyer son Fils pour notre salut, nous
ne vivons plus en suivant une loi qui serait extérieure à notre vie, mais
en suivant notre conscience. A chaque moment de notre vie, nous nous interrogeons
sur les conséquences de nos actions, est-ce qu’elles nous rapprochent
de Dieu ou bien nous en séparent-elles. Les circonstances étant uniques
et personnelles, la réponse ne peut qu’être unique et personnelle. D’autres
chrétiens, dans des conditions similaires, auront peut-être une autre
réponse qui sera tout autant inspirée par le Seigneur. Pour nous aider
dans ce discernement, le Père nous envoie l’Esprit, en particulier dans
les Sacrements.
Au lieu d’être révolté par l’injustice apparente du texte de ce dimanche,
réjouissons-nous que le Salut est proposé à tous les hommes et toutes
les femmes.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Militaire Catholique en Bosnie Herzégovine
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12 octobre 2008
Brigade Franco-Allemande
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Mais peut-être dira-t-on : 'N'y aura-t-il alors, dans Église du Christ,
aucun progrès de la religion ? -Certes, il faut qu'il y en ait un, et
considérable ! Qui serait assez ennemi de l'humanité, assez hostile à
Dieu, pour essayer de s'y opposer ? Mais cela à condition que ce soit
vraiment pour la foi un progrès et non un changement, étant donné que
ce qui constitue le progrès c'est que chaque chose soit augmentée en restant
elle-même, tandis que le changement, c'est que s'y ajoute quelque chose
venue d'ailleurs. Donc, que croissent et que progressent largement l'intelligence,
la science, la sagesse, tant celle des individus que celle de la collectivité,
tant celle d'un seul homme que celle de l'Église tout entière, selon les
âges et selon les générations ! — mais à condition que ce soit exactement
selon leur nature particulière, c'est-à-dire dans le même dogme, dans
le même sens, et dans la même pensée.
Que la religion des âmes imite le développement des corps, qui, tout
en déployant et en étendant leurs proportions avec les années, restent
pourtant constamment les mêmes. Il y a beaucoup de différence entre la
fleur de l'enfance et la maturité de la vieillesse, mais ce sont les mêmes
hommes qui ont été adolescents et qui deviennent vieillards, si bien que,
même si la taille et l'extérieur d'un seul et même homme se modifient,
subsiste néanmoins en lui une seule et même nature, une seule et même
personne. Les organes des enfants à la mamelle sont petits, ceux des jeunes
gens sont grands : ce sont pourtant les mêmes. Autant de membres chez
les tout-petits, autant chez les hommes faits, et s'il y en a quelque
part qui apparaissent en un âge plus mûr, déjà ils existaient virtuellement
en germe, en sorte que rien de nouveau n'apparaît chez les gens âgés qui
auparavant déjà n'ait été caché dans les enfants. Il n'est donc pas douteux
que telle est la règle légitime et correcte du progrès, tel est l'ordre
précis et magnifique de la croissance : c'est que le nombre des années
fasse toujours apparaître chez les hommes, à mesure qu'ils grandissent,
les parties et les formes que la sagesse du Créateur avait d'avance tracées
chez les enfants. Si une forme humaine prenait ultérieurement une apparence
tout à fait étrangère à son espèce, si tel ou tel membre était, soit ajouté,
soit retranché, fatalement le corps entier périrait ou deviendrait monstrueux
ou, en tous cas, subirait une déchéance. Ces lois du progrès doivent normalement
s'appliquer également au dogme chrétien ; qu'il soit consolidé par les
années, développé par le temps, rendu plus auguste par l'âge, mais qu'il
demeure sans corruption et inentamé, qu'il soit complet et parfait dans
toutes les dimensions de ses parties et, pour ainsi parler, dans tous
les membres et dans tous les sens qui lui sont propres, qu'il n'admette
après coup aucune altération, aucune perte de ses caractères spécifiques,
aucune variation dans ce qu'il a de défini.
Un exemple : nos ancêtres ont jeté autrefois dans ce champ de l'Église
les semences du froment de la foi. Il serait tout à fait injuste et inconvenant
que nous, leurs descendants, nous recueillions au lieu du froment de la
vérité authentique l'ivraie de l'erreur semée en fraude. Bien au contraire,
il est juste, il est logique que, la fin ne se différenciant pas du début,
nous moissonnions, à partir de la croissance du froment de la doctrine,
le fruit du dogme, dans des conditions telles que, si les germes originels
ont en une certaine mesure évolué avec le temps et maintenant s'épanouissent
et sont récoltés, du moins le caractère propre de la graine ne soit changé
en aucune façon : que s'y ajoute apparence, forme, éclat, mais que demeure
la nature de chaque espèce. À Dieu ne plaise que les plants de roses de
la doctrine catholique se transforment en chardons et en épines !
Saint Vincent de Lérins mort en 445 (Commonitorium XXIII,1-12)
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9 octobre 2011
Fort Neuf de Vincennes
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Heureux les invités au repas du Seigneur !
Le repas saint par excellence dans la foi juive est le repas de la Pâque,
organisé par famille autour de l’agneau rôti et dont le plus ancien participant
est le célébrant, récitant la ‘Haggadah’ – à la fois rappel du
départ d’Egypte et rappel de toutes les bontés que le Seigneur a eu envers
son Peuple. Mais il y a aussi un repas sacré lorsqu’un croyant offre un
sacrifice dans le Temple de Jérusalem, il reçoit une partie de l’offrande
grillée sur l’Autel pour partager l’animal offert à Dieu, une sorte de
communion en mangeant la viande exsangue dont la fumée de cuisson est
montée vers les Cieux.
Les prêtres et pharisiens qui écoutent Jésus, pensent au prophète Néhémie,
le jour de la proclamation de la Loi retrouvée pour marquer la joie du
peuple : « Allez, mangez des viandes grasses, buvez des boissons
douces et faites porter sa part à qui n'a rien de prêt. » (Néhémie
8,10) et au livre des Proverbes, plus explicite : « La Sagesse
a bâti sa maison, elle a taillé ses sept colonnes, elle a abattu ses bêtes,
préparé son vin, elle a aussi dressé sa table. Elle a dépêché ses servantes
et proclamé sur les buttes, en haut de la cité » (Proverbe 9,1-3)
Ils comprennent que l’invitation du ‘Roi’ est l’invitation faite
à son Peuple par le Seigneur Dieu et qu’ils sont responsables du manque
de réponse de la part des croyants.
Il serait facile de les condamner si nous-mêmes n’avions pas la même
attitude. La messe est plus importante que la Pâque juive, plus importante
qu’une communion symbolique à Dieu en ‘mangeant’ le même animal :
il s’agit du Corps livré et du Sang versé du Fils de Dieu en rémission
des péchés comme il nous le dit lui-même dans l’évangile : « En
vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils
de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Qui
mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai
au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang
vraiment une boisson. » (Jean 6,53-55) Pourtant, nous aussi,
nous avons d’autres préoccupations que la participation à ce repas où
nous sommes invités pour rencontrer notre Seigneur.
Lorsque nous avons pris l’habitude d’aller régulièrement à la messe,
nous ne portons pas le vêtement de noces, c'est-à-dire que nous n’ouvrons
pas notre cœur à cette rencontre extraordinaire : le Fils de Dieu
qui se livre entre nos mains ! Nous venons à l’église sans préparation,
sans apporter un minimum de nous-mêmes ; ce qui serait considéré
comme inconvenant si nous allions chez des relations quelconques, nous
le faisons pour Celui qui nous a libéré du péché par amour.
La béatitude qui précède la communion : « Heureux les invités
au repas du Seigneur » ne reçoit pas l’accueil qu’elle devrait
avoir et il est important de se poser la question : « Suis-je
vraiment heureux d’être invité ? » Souvenons-nous du bonheur
de notre première communion et retrouvons cette joie à chaque eucharistie.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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12 octobre 2014
Secteur Vermandois
n°778
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Le vêtement de noces
Selon l’ordre qu’ils ont reçu, les serviteurs sont allés chercher tous
ceux qui traînaient désœuvrés dans les rues, ‘les bons comme les mauvais’.
Ils ne devaient pas s’attendre trouver des personnes opulentes portant
de beaux vêtements luxueux mais au contraire des mendiants et des loqueteux.
Le reproche du roi à celui qui ne portait pas de ‘vêtement de noces’
n’en apparait que plus injuste et infondé, sa remarque ne doit donc pas
concerner l’élégance et la propreté de l’apparence de cet homme :
« Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent
l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » (1Samuel 16,7)
Cette consigne est donnée par Jésus : « Ne jugez pas d’après
l’apparence, mais jugez selon la justice. » (Jean 7,24)
« Ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le
sang de l'Agneau ! » (Apocalypse 7,17) Cette phrase extraite
du dernier livre de la Bible chrétienne explique la véritable conception
du vêtement de noces exigé par le ‘roi’ de cette parabole. Ce sens
est repris lors de la célébration des Baptêmes après l’onction par le
Saint Chrême et avant la remise du cierge pascal : « Vous
êtes une création nouvelle, vous avez revêtu le Christ, c’est pourquoi
aujourd’hui vous avez mis un vêtement blanc, que vos parents et amis vous
aident par leur parole et leur exemple à garder intacte la dignité de
fils et fille de Dieu pour la vie éternelle. » (Rituel du Baptême)
d’après la prédication de saint Paul : « Vous tous, qui avez
été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. » (Galates 3,17)
L’aube de ceux qui président à un Sacrement rappelle le Baptême de chaque
personne de l’assemblée.
Il ne s’agit pas d’un ornement extérieur qui est condamné mais bien la
disposition du cœur. Invités par le Père à vivre avec lui, nous devons
revêtir le Christ afin d’être configurés à lui que le Père a voulu « semblable
aux hommes en toutes choses à l’exception du péché, afin d’aimer en nous
ce que tu aimais en lui. » (7ème préface des dimanches) Nous
sommes comme ceux que les serviteurs sont allés chercher : des hommes
et des femmes errants sur les chemins du monde et nous venons à l’invitation
du Père, avec tous les soucis de la vie, nos péchés, mais en reconnaissant :
« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir ! »
nous pouvons être « invités au repas du Seigneur. »
Les disciples demandaient à Jésus : « Où veux-tu que nous
allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? »
(Matthieu 26,17) Aujourd’hui nous devrions lui demande à chaque fois que
nous nous dirigeons vers ‘le repas des noces de l’Agneau’ :
‘Comment veux-tu que nous nous préparions ?’ car il ne s’agit
pas d’apprêter un lieu mais de décorer notre cœur pour recevoir le Corps
du Christ.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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15 octobre 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°965
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Quelles noces ?
Après les paraboles de la Vigne (allégorie du peuple de Dieu) que Jésus
adressait aux grands-prêtres et aux pharisiens, saint Matthieu précise
à nouveau que c’est à ces dignitaires en particulier (v.1) qu’il donne
l’exemple d’un roi qui convie aux noces de son fils. Le parallèle avec
les ‘vignerons homicides’ est flagrant : dans les deux cas
des serviteurs sont envoyés mais ils ne sont pas écoutés, au contraire,
ils sont maltraités, battus et même certains sont tués par les destinataires
de l’invitation.
Le Maître de la vigne fera tuer les vignerons meurtriers de son fils
et il la louera à « d’autres vignerons, qui lui en remettront
le produit en temps voulu. » (Matthieu 21,42) De façon similaire,
le Roi fait périr les invités récalcitrants et envoie ses serviteurs chercher
d’autres convives. : « Tous ceux que vous trouverez, invitez-les
à la noce. » (22,9)
L’auditoire spécifique de ces paraboles comprend sans difficultés que
le Maître de la vigne et le Roi sont des images de Dieu et que Jésus s’attribue
le rôle des deux fils. Ne cherchent-ils pas à le tuer ? Et lui-même
ne parle-t-il pas de Dieu comme son Père ? Ne se présente-t-il pas
comme le Fils de l’homme, héritier du Royaume des Cieux ?
Le roi est Dieu le Père, le fils est le Christ, Dieu le Fils. Quelle
est donc cette fiancée à laquelle le Fils est promis ? Les grands-prêtres
et les pharisiens sont nourris de la Parole, ils ont dans la mémoire les
citations des prophètes : « Comme un jeune homme épouse une
vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de
son mari, tu seras la joie de ton Dieu. » (Isaïe 62,5) ;
« Ainsi parle le Seigneur : Je me souviens de la tendresse
de tes jeunes années, ton amour de jeune mariée, lorsque tu me suivais
au désert, dans une terre inculte. » (Jérémie 2,2) La ‘fiancée’
est une autre façon de parler du peuple de Dieu en soulignant la relation
d’amour qui existe entre Dieu et ceux qui écoutent sa Parole.
Comme les invités qui ne veulent pas être témoins de l’amour entre le
fils du roi et sa fiancée, prêtres et pharisiens refusent de reconnaître
le Fils incarné venu les inviter à la joie du Royaume. Qu’en est-il donc
pour nous ?
« Heureux les invités au repas du Seigneur ! »
Cette phrase dite juste avant la communion au Corps du Christ devrait
nous interroger. Suis-je vraiment heureux de participer à ce repas signe
de l’amour ? La réponse est une reconnaissance de notre indignité
mais une confiance dans l’amour de Dieu, Père, Fils et Esprit qui envoie
chercher « les mauvais et les bons » pour constituer
son peuple. L’amour nous rend dignes de participer à ce repas.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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11 octobre 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1174
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Offrir sa présence
Autant les paraboles de la vigne étaient facile à décrypter parce qu’elles
renvoyaient aux symboles habituels : le maître est Dieu, la vigne
le peuple de Dieu et les vignerons ceux qui ont pour charge de guider
le peuple et le mener vers Dieu, c’est-à-dire les grands prêtres et les
anciens ; autant la parabole des invités à la noce paraît absconse
car les clefs usuelles n’éclaircissent pas la portée du récit.
L’attitude des invités au repas de noces est la même que celle des vignerons
malhonnêtes : « les autres empoignèrent les serviteurs, les
maltraitèrent et les tuèrent. » (v. 6) La réaction est identique :
l’exécution des meurtriers. Cette première partie de la parabole est compréhensible
et acceptable pour les auditeurs. La suite l’est moins.
Au cœur de cet apologue, le Roi demande à ses serviteurs : « Allez
donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les
à la noce. » (v. 9) Aux oreilles des grands prêtres et pharisiens
cette seconde partie semble scandaleuse : à la croisée des chemins,
ce sont d’une part des voyageurs venant de pays étrangers et d’autre part
des personnes peu recommandables et encore moins fréquentables, des prostituées,
des voleurs, des estropiés quémandant la charité, des traine-savates.
Comment ces gens-là pourraient être plus dignes de participer au repas
de noces ?
Le Roi ne pose la question de son habit qu’à un seul homme : « Mon
ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ? »
(v. 12) Ces nouveaux convives ne peuvent pas porter un vêtement de fête
puisqu’ils ont été invités à dernière heure, tels qu’ils étaient. La pointe
de la parabole n’est donc pas dans l’aspect extérieur : « Dieu
ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence,
mais le Seigneur regarde le cœur. » (1Samuel 16,7b) Le seul indice
qui nous soit donné est le silence de cet homme, il n’a pas préparé son
cœur à une rencontre avec le Roi et il le sait ce qui entraîne son mutisme.
La parabole vise en premier lieu les grands prêtres et les pharisiens
qui enseignent les paroles du Seigneur sans changer de vie : « Ce
peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »
(Matthieu 15,8 # Isaïe 29,13)
Mais aujourd’hui ce texte est lu au cours de la messe dans laquelle nous
entendons : « Heureux les invités au repas du Seigneur ! »
Garderons- nous le silence ? Dirons-nous du bout des lèvres :
« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement
une parole et je serai guéri ! » ou bien est-ce que nous
y mettrons tout notre cœur ?
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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15 octobre 2023
Maison Marie-Thérèse
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n°1343
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Les mauvais comme les bons
Dans les civilisations anciennes le roi est forcément un envoyé de Dieu,
il est intouchable comme David a refusé de porter la main sur le roi Saül
qui cherche à le tuer alors que celui-ci était à sa merci : « Il
dit à ses hommes : ‘Que le Seigneur me préserve de faire une chose
pareille à mon maître, qui a reçu l’onction du Seigneur : porter
la main sur lui, qui est le messie du Seigneur.’ » (1Samuel 24,7)
Le mariage du prince héritier est un événement auquel personne ne peut
se soustraire, c’est une célébration religieuse particulièrement importante
dans la vie du royaume. Evoquer des moments ordinaires comme s’occuper
de son champ ou d’aller à son commerce est non seulement une insulte mais
aussi un quasi sacrilège. Le roi a toute légitimité pour éradiquer ces
gens qui mettent en cause la stabilité du régime.
En quoi ceux qui se trouvent à la croisée des chemins peuvent-ils être
meilleurs que les sujets du roi puisqu’il est précisé de prendre les mauvais
comme les bons ? Ce sont des vagabonds, des voyageurs, des passagers
qui ne doivent rien au roi, même pas le respect, et auxquels le roi ne
doit rien, Pourtant ils acceptent de venir et pour cela ils se préparent :
afin de vivre pleinement cette occasion exceptionnelle, tous ont revêtu
des ‘vêtements de noce’ ! Un seul vient pour participer au
repas sans s’y préparer. Celui-là est considéré comme ceux qui ont refusé
de venir, comme ceux qui ont tué les serviteurs du roi, comme eux il est
rejeté !
Jésus s’adresse avec ces paraboles aux grands prêtres et aux pharisiens
pour leur faire comprendre que le culte de Dieu est important ; mais
en offrant des sacrifices et des holocaustes, il est indispensable d’éviter
que cela devienne un acte machinal, fait par habitude ou pire pour se
valoriser aux yeux des hommes. Le croyant doit aller au Temple en préparant
son esprit : il vient pour rencontrer son Seigneur, les choses matérielles
doivent rester au second plan, même s’il est impossible de les ignorer
tout à fait. Jésus n’utilise pas les mêmes mots ni les mêmes comparaisons
pour éclairer ces responsables religieux que les paraboles qu’il emploie
pour les foules, il veut qu’ils comprennent quelle responsabilité est
la leur dans la conduite du peuple de Dieu.
Les siècles ont passé et le mise en garde garde tout son sel. L’invitation
autour de la Table Eucharistique est à la portée de tous, l’appel des
cloches retentit aux oreilles de tous, les mauvais comme les bons :
mais il y le match de foot du petit, la grasse matinée après une semaine
de travail, il faut faire quelques kilomètres pour aller jusqu’à l’église,
la messe à la télé est suffisante… toutes les excuses sont bonnes. C’est
à nous, chrétiens d’aller à la croisée des chemins cherches tous ceux
que nous trouverons les mauvais comme les bons et les inviter au repas
de noce.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre - retraité – curé émérite
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