3 octobre 1999
Lycée Militaire d'Autun
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La vigne
" Dieu s'occupe attentivement de sa vigne, image du peuple d'Israël
dans l'Ancien Testament, mais le peuple ne répond pas aux soins
du Seigneur.
Ce qu'Israël n'a pu donner à Dieu, Jésus le lui
donne. Il est la vigne qui rend le cep authentique, digne de son nom.
Il est l'Israël véritable. Il a été planté
par son Père, entouré de soins et émondé afin
de porter du fruit abondant (Jn 15,1ss ; Mt 15,13). Il porte en effet
du fruit en donnant sa vie, en versant son sang, suprême preuve
d'amour (Jn 15,9.13 ; cf. 10,10ss.17) ; et le vin, fruit de la vigne,
sera, dans le mystère eucharistique, le signe sacramentel de ce
sang versé pour sceller l'Alliance Nouvelle ; il sera le moyen
de communier à l'amour de Jésus, de demeurer en lui (Mt
26,27ss et par. Cf. Jn 6,56 ; 15,4.9ss)
Il est la vigne et nous les sarments, comme il est le Corps et nous
les membres. La vigne véritable, c'est lui, mais c'est aussi son
Eglise, dont les membres sont en communion avec lui. Sans cette communion,
nous ne pouvons rien faire : seul Jésus, vrai cep, peut porter
un fruit qui glorifie le vigneron, son Père. Sans la communion
avec lui, nous sommes des sarments détachés du cep, privés
de sève, stériles, bons pour le feu (Jn 15,4ss). A cette
communion, tous les hommes sont appelés par l'amour du Père
et du Fils : appel gratuit, car c'est Jésus qui choisit ceux qui
deviennent ses sarments, ses disciples ; ce n'est pas eux qui le choisissent
(Jn 15,16). Par cette communion, l'homme devient sarment du vrai ce. Vivifié
par l'amour qui unit Jésus et son Père, il porte du fruit
ce qui glorifie le Père. Il communie ainsi à la joie du
Fils qui est de glorifier son Père (Jn 15,8-11)
Tel est le mystère de la vraie vigne : du Christ et de l'Eglise,
il exprime l'union féconde et la joie qui demeure, parfaite et
éternelle (cf. Jn 17,23) "
Extrait du Vocabulaire de Théologie Biblique
Sous la direction de Xavier-Léon Dufour
Edition du Cerf 1977
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6 octobre 2002
Forces Armées de Guyane
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Quiétude
«Ne soyez inquiets de rien» (Ph 4,6)
En écrivant cela, saint Paul semble favoriser un certain laisser-aller :
plus rien n’a d’importance, seule compte la foi et la relation à Dieu.
Pourtant il ne prêche pas pour un désintéressement de la vie quotidienne,
au contraire ! Ne dit-il pas dans une autre lettre qu’il n’a jamais
été à la charge des communautés qu’il enseignait ? Il travaillait
pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses compagnons !
La confiance en Dieu ne débarrasse pas des contingences habituelles.
Nous devons travailler pour manger et continuer à vivre, non pas comme
avant la Bonne Nouvelle du Salut, mais en vivant avec cette Bonne Nouvelle
et en la partageant.
Par contre, nous ne devons pas être inquiets sur notre vie de foi :
le Seigneur nous précède dans tous les événements. La certitude que l’Esprit
Saint est avec nous pour nous permettre d’annoncer au monde la venue du
Christ et l’instauration de son Royaume voilà qui enlève toute inquiétude.
Ne vous souciez pas de ce que vous direz disait Jésus à ses Apôtres
Je vous donnerai l’Esprit qui vous guidera. Saint Paul reprend
la même notion, en insistant sur la sérénité qui découle de notre action
de grâce et de nos prières. Nous avons un défenseur devant le Père un
homme qui connaît nos limites humaines mais qui nous permet de les dépasser
puisqu’il nous a montré le chemin.
Le Seigneur aime chacun d’entre nous tel qu’il est et non pas tels que
nous devrions être. Jésus a toujours accueilli les personnes qui venaient
le voir comme des êtres humains dignes d’attention, les publicains et
les prostituées qui ne demandaient rien de particulier, au même titre
que Nicodème ou le jeune homme riche qui cherchaient à progresser sur
le chemin de Dieu.
De la même façon, le Seigneur vient nous chercher aujourd’hui tels que
nous sommes. Il ne nous demande pas un changement radical, mais au contraire
de vivre et d’offrir ce que nous sommes, sans être inquiets de notre relation
avec Lui. Dieu s’engage toujours envers l’homme sans rien lui demander
en échange. Ce n’est que lorsque nous réaliserons combien nous sommes
aimés que nous prendrons le chemin que l’Evangile nous propose. Non pas
pour obéir à une loi ou dans la crainte d’un châtiment, simplement pour
répondre à l’Amour du mieux que nous pouvons.
Rendre gloire à Dieu c’est d’abord être moi-même, avec mes qualités et
mes défauts : c’est ainsi que Dieu m’a créé et c’est avec tout ce
qui fait que je suis moi qu’il va annoncer son amour au monde à travers
moi. Aucun des saints célébrés au calendrier n’était parfait, mais c’est
avec leur imperfection - quelquefois en l’utilisant - qu’ils ont approché
le Père par le Christ dans l’Esprit.
Le contraire de l’inquiétude, est d'être en paix. Dieu nous appelle à
être en paix avec nous-mêmes d’abord, avec les autres ensuite, alors nous
serons en paix avec lui !
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier des Forces Armées en Guyane
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5 octobre 2008
Brigade Franco-Allemande
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L’épître aux Philippiens
Une des lettres de saint Paul, dites «de la captivité». On pensait
jadis que l’Épître aux Philippiens datait de la captivité de l’apôtre
à Rome, vers 62/63 (cf. Actes, 28,16sv.) ; on plaide aujourd’hui
pour la captivité à Éphèse, vers 56/57, et l’on regarde l’écrit comme
étant contemporain des Épîtres aux Corinthiens. Paul était très lié à
l’Église de Philippes (colonie romaine depuis ~ 42 et première cité européenne
où il prêcha l’Évangile), Église qui l’assista pécuniairement dans ses
missions. Les Juifs étaient peu nombreux à Philippes et la communauté
chrétienne y était composée essentiellement de païens convertis. Paul
s’y était rendu lors de son second voyage missionnaire (49/50) et y revint
en 57/58.
Paul a confié sa lettre, la plus cordiale de toutes, à Épaphrodite,
notable qui avait été envoyé auprès de lui par les chrétiens de Philippes
avec des secours financiers. Tombé malade près de l’apôtre prisonnier,
Épaphrodite est néanmoins chargé par celui-ci de retourner chez ses compatriotes
inquiets, porteur du message paulinien.
Si l’on n’a jamais mis en doute l’authenticité de l’Épître aux Philippiens,
on a, par contre, suspecté son unité. Certains y voient l’amalgame de
plusieurs billets ; d’autres parlent d’une collection de lettres.
Une rupture évidente se repère entre III, 1 et III, 2, ce qui fait pencher
d’aucuns pour l’assemblage d’une lettre de remerciements (I, 1 à III,
1 et IV, 10-23) et d’une lettre de mise en garde contre les judaïsants
(III, 1 à IV, 9). Néanmoins, on doit relever que le thème de la joie se
manifeste tout au long de la lettre, dont les discontinuités peuvent s’expliquer
aussi par l’intervention des secrétaires de Paul et par la manière particulière
dont ce dernier faisait ses citations.
Une hymne fameuse (II, 6-11) a toujours retenu l’attention des
exégètes. Probablement s’agit-il d’une pièce liturgique fort ancienne
(avec l’affirmation poétique de la préexistence du Christ à la Création,
sa présentation sous les traits du Serviteur souffrant d’Isaïe et son
exaltation glorieuse évocatrice de la figure du Fils de l’homme) que Paul
a pu retoucher en l’intégrant dans sa lettre.
Paul écrit à une Église qui lui est restée fidèle : c’est l’objet
de sa joie. Cependant, il en connaît les difficultés internes et même
les dissensions : aussi lui adresse-t-il des appels à la charité
fraternelle. Il la met aussi en garde, vigoureusement, contre les membres
d’un groupe désignés comme de «mauvais ouvriers» (III, 2) : Juifs
ou chrétiens judaïsants qui menaçaient probablement l’Église de Philippes
de l’extérieur. Il peut s’agir là de la prévention d’un danger réel encore
lointain.
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2 octobre 2011
Fort Neuf de Vincennes
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La ‘Pierre angulaire’
Le Psaume 79 de ce dimanche exprime le symbolisme de la Vigne dans l’Ancien
Testament : il s’agit d’une façon symbolique pour décrire le peuple
d’Israël ; le soin que Dieu prend de son peuple est similaire au
soin qu’un propriétaire de vigne prend de son cépage. L’allégorie n’a
pas dû échapper aux prêtres et aux pharisiens qui l’écoutent. Il est
curieux que Jésus ne profite pas de cette parabole explicite pour développer
l’idée du fils rejeté et tué en se l’appliquant à lui-même ; au contraire
sans approuver ni rejeter la réponse que ses auditeurs font à sa question
quant au sort réservé à ces vignerons homicides, il semble passer à tout
autre chose en citant le Psaume 117 (v.22) sur la pierre angulaire
qui est rejetée par les bâtisseurs !
Le parallélisme est sans doute plus abscons pour les auditeurs de l’époque
comme pour ceux que nous sommes aujourd’hui. Comme les bâtisseurs qui
seront obligés de revenir sur cette pierre angulaire qu’ils ont rejetée
dans un premier temps : la construction ne pourrait être faite solidement
sans elle, de même la Vigne – le peuple de Dieu – ne peut être féconde
sans le Fils, le produit de cette vigne – le Salut de tous les hommes
– ne serait pas annoncé et la Parole de Dieu serait gardée jalousement
et égoïstement par un quarteron de personnes indignes.
En ignorant l’idée de vengeance suggérée par les pharisiens et les prêtres,
« oeil pour oeil, dent pour dent, pied pour pied ! »
(Exode 21,24) Jésus leur affirme : « je ne suis pas venu
pour juger le monde, mais pour sauver le monde. » (Jean 12,47)
Comme la pierre angulaire, le fils du propriétaire de la vigne est indispensable
au projet du Père et à la construction du Royaume, son assassinat ne peut
être la fin : le Fils du Père ressuscitera et ses disciples, nouveaux
vignerons, donneront intégralement au Père les fruits légitimes de leur
apostolat.
Le même dilemme se pose à tous ceux qui aujourd’hui se réclament du Jésus,
Fils de Dieu. Suis-je comme ces vignerons qui gardent le fruit de la vigne,
méprisant les serviteurs (les prophètes de l’Ancien Testament, les pasteurs
de notre temps) rejetant le Fils, ou bien comme un disciple du Fils Ressuscité
partageant la Parole et rendant au Père ce qui lui est dû ?
La réponse se trouve dans l’épître de saint Paul : « Ce
que vous avez appris et reçu, ce que vous avez vu et entendu de moi, mettez-le
en pratique et le Dieu de la paix sera avec vous. » (Philippiens
4,9)
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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5 octobre 2014
Secteur Vermandois
n°777
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Hors de la Vigne
De nombreux prophètes (en particulier Isaïe dans le texte qui nous est
proposé ce dimanche) ont utilisé l’image de la ‘Vigne’ dont Dieu
est le propriétaire comme un symbole du Peuple d’Israël. En effet, cet
arbre demande beaucoup de soins et d’attentions pour se développer harmonieusement
et procurer un beau raisin propre à faire un vin de qualité.
Ainsi, le Seigneur a toujours veillé sur l’humanité en lui envoyant les
hommes providentiels dont elle avait besoin au moment opportun :
Joseph pour éviter la famine et venir en Egypte (cf. Genèse 37-50) Moïse
comme interlocuteur privilégié pour libérer le peuple de l’esclavage (cf.
le livre de Exode) et le mener à la Terre Promise, les prophètes qui rappelaient
le chemin qui conduit à Dieu et enfin le Fils : « A bien
des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos
pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes,
il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses
et par qui il a créé les mondes. » (Hébreux 1,1-2)
En transposant l’histoire du Peuple de Dieu dans cette parabole de la
Vigne, Jésus la prolonge en racontant l’assassinat du ‘Fils’ qui
est d’abord rejeté hors de la Vigne avant d’être tué. Jésus montre qu’en
le livrant comme émeutier aux forces romaines afin qu’il soit exécuté,
les grands-prêtres le rejettent du Peuple. La mort sur la Croix du Christ
à l’heure même où l’agneau pascal est sacrifié identifie Jésus à la dernière
victime offerte par le sacerdoce ancien – de façon inconsciente – et laisse
inaugurer un sacerdoce nouveau qui sera confié à d’autres.
En relisant cette parabole après la Résurrection et la Pentecôte, les
disciples comprennent que l’assassinat du fils n’est pas la fin de l’enseignement
de Jésus et en y accolant la démonstration de la pierre angulaire l’évangéliste
saint Matthieu montre un nouveau peuple de Dieu non plus basé sur une
appartenance familiale mais sur l’adhésion au Christ : « Mais
vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation
sainte, un peuple , pour que vous annonciez les merveilles de celui qui
vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » (1Pierre
2,9) toute la communauté chrétienne et chacun de ses membres sont dépositaires
d’un ‘Sacerdoce Royal’ comme il est dit lors du Baptême :
« Tu es configuré au Christ, Prêtre, Prophète et Roi ! »
Jeté ‘hors de la vigne’ par les grands prêtres de Jérusalem, Dieu
le Fils remet le sacerdoce à ‘d’autres vignerons qui en remettront
le produit en temps voulu’ : Le chrétien fidèle à son rôle de
disciple, animé par l’Esprit Saint qui lui a été promis, met tout son
cœur, toute son âme et toutes ses forces pour que le message Dieu le Père
parvienne à tous les hommes et femmes de ce monde.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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8 octobre 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°964
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Vigne et vignerons
Le prophète Isaïe (première lecture) et le Psaume 79(80) sont deux exemples
de l’abondante utilisation de l’image de la vigne dans les paraboles de
l’Ancien Testament. Les textes soulignent que, pour sa culture, il est
nécessaire qu’un vigneron attentif veille sur elle car pour produire de
beaux fruits elle a besoin d’être taillée, émondée, sarclée pour enlever
les herbes concurrentes et enfin protégée des animaux qui viennent manger
les raisins dès qu’ils sont mûrs.
Dans ces apologues, la vigne représente le peuple d’Israël. En utilisant
la même image, Jésus sait que ses auditeurs feront le parallèle avec tous
ces récits des prophètes et des Psaumes : ils comprendront aisément
qu’il parle du peuple et de sa relation à Dieu.
Dans la parabole des ‘vignerons homicides’ ce n’est pas le travail
des vignerons qui est mis en cause, apparemment la vigne est très bien
traitée, mais ces ouvriers le font avec l’arrière-pensée de leur propre
profit. Quelle justification auraient-ils d’envoyer à un propriétaire
lointain qui n’a rien fait le fruit de leur labeur ? Ils n’oublient
qu’une seule chose : tous les soins qui avaient été prodigués à cette
vigne avant qu’ils n’en obtiennent la location : la préparation du
terrain et la plantation, la construction d’une clôture, d’une tour de
garde et d’un pressoir. Tout cela avait été installé par le propriétaire
avant eux. Ils n’avaient eu qu’à entretenir le cep.
Cette parabole n’est pas utilisée par Jésus lorsqu’il s’adresse à la
foule : son auditoire est composé des grands-prêtres et des anciens
qui sont venus lui demander : « Par quelle autorité fais-tu
cela, et qui t’a donné cette autorité ? » (Matthieu 21,23)
Par cette allégorie, Jésus leur reproche ouvertement d’être comme ces
vignerons : ils négligent le bien de Dieu pour faire fructifier leurs
propres affaires et il leur annonce que le Fils va venir leur demander
des comptes ! Il répond à leur question, il fait cela par sa propre
autorité qui lui a été donnée par le Père. : « Jésus leur
dit : ‘Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car moi, c’est
de Dieu que je suis sorti et que je viens. Je ne suis pas venu de moi-même ;
c’est lui qui m’a envoyé.’ » (Jean 8,42).
La Nouvelle Alliance a changé le sacerdoce ancien cela permet d’appliquer
cette parabole à tous les chrétiens qui par le Baptême sont unis au Christ
prêtre, prophète et roi : « Par le bain du baptême, en effet,
les chrétiens deviennent à titre commun membres dans le corps du Christ
Prêtre, et, par le ‘caractère’ qui est en quelque sorte gravé dans leur
âme, ils sont délégués au culte divin ils ont donc part eux aussi au sacerdoce
du Christ lui-même. » (Encyclique ‘Mediator Dei’ de Pie
XII (20 novembre 1947). Chacun d’entre nous est ‘ouvrier à la vigne’
est doit la faire fructifier par le soin apporté à l’ensemble du cep,
le Corps du Christ, et aussi à chaque rameau, les églises locales, chaque
grappe, les chrétiens
Veillons donc à être ces « vignerons, qui lui en remettront le
produit en temps voulu » c'est-à-dire des agir en disciples du
Fils dans l’Esprit que nous donne le Père.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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4 octobre 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1173
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Le rejet du Fils
Les grands prêtres et les anciens ne sont pas n’importe qui ; ils
connaissent l’Ecriture, ils la méditent et ils l’enseignent au peuple.
Ils reconnaissent immédiatement le passage du prophète d’Isaïe que Jésus
leur cite littéralement (Matthieu 21,33 # Isaïe 5,2) sans oublier les
détails comme la clôture, le pressoir et la tour de garde. Ils savent
que l’image de la vigne représente le peuple de Dieu. Ils savent aussi
quelle est la suite de cette phrase : des reproches que Dieu adresse
au peuple qui n’a pas su bénéficier du don qui lui était fait.
Mais, contrairement à leur attente, Jésus ne fait pas de reproches au
peuple symbolisé par la vigne, il leur parle des vignerons c’est-à-dire
ceux qui ont la charge d’entretenir la vigne : les grands prêtres
et les anciens ; ils ont été établis par Dieu pour entretenir la
foi et faire grandir spirituellement le Peuple de Dieu. Alors que dans
le récit du prophète la vigne ne produit que du verjus, un vin rendu mauvais
faute de soins appropriés, le discours du Christ décrit une vigne florissante
dont le fruit est abondant.
Toute la différence réside en cela : ce n’est pas la mauvaise volonté
de la Vigne (Peuple de Dieu) qui est en cause mais l’attitude des Vignerons
(grands prêtres et anciens) qui détournent la mission qui leur a été donnée
vers leur propre profit et ils pervertissent la Parole de Dieu :
« C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines
qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. » (Matthieu
15,9)
Tout au long de l’histoire du Peuple de Dieu, de Moïse à Jean-Baptiste,
Dieu a envoyé des prophètes pour le faire revenir à lui ce Peuple lorsqu’il
s’égarait. Tous ont été mal reçus parce qu’ils mettaient en évidence le
détournement de la Parole vers des bénéfices strictement humains en oubliant
de Qui venait cette Parole. Comme dans cette parabole, les émissaires
de Dieu ont été maltraités et même tués par ceux qui auraient dû relayer
leur message.
« A bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le
passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en
ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi
héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. »
(Hébreux 1,1-2) Avant de tuer le fils envoyé par le maître de la vigne,
les vignerons le jettent hors de la vigne. De même les grands prêtres
et les anciens rejettent le Fils éternel à l’extérieur du Peuple en le
faisant condamner à mort par les Romains.
Comment lisons-nous aujourd’hui cette parabole ? Tous, nous avons
à l’esprit telle ou telle personne que nous classerions dans la catégorie
de ‘mauvais vignerons’. Mais qu’en est-il de nous-mêmes ?
Sommes-nous sûrs de rendre au Seigneur tout ce qu’il nous donne ?
Ou bien cherchons-nous notre propre intérêt dans l’interprétation de l’Ecriture ?
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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8 octobre 2023
Maison Marie Thérèse
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n°1342
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L’œuvre de Dieu
Toute personne qui ne lirait que cette parabole en dehors de la Bible
ou d’un évangéliaire pourrait la considérer comme une jolie fable morale
digne d’Esope ou de La Fontaine. Mise dans la bouche de Jésus devant « les
grands prêtres et les anciens du peuple » elle prend un tout
autre sens : les auditeurs connaissent bien l’Ancien Testament et
tout particulièrement le prophète Isaïe et ses prédications avec la comparaison
de « La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël.
Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. »
Tout le soin que le Maître de la Vigne prend dans pour elle dans le récit
du prophète est totalement repris dans la parabole de Jésus, y compris
le détail de la tour de garde. Il y ajoute simplement cette précision,
la Vigne est confiée à des vignerons, images des prêtres et anciens. Ceux-ci,
au lieu de diriger les bienfaits que le Seigneur donne à son peuple vers
l’adoration du Seigneur Dieu, s’évertuent à les utiliser à leur propre
profit. Dans l’histoire du Peuple de Dieu, ils ont même pourchassé et
persécuté les prophètes qui se levaient pour dénoncer ce détournement
de la Patole.
La parabole de Jésus est plus forte que le récit d’Isaïe puisque dans
celui-ci c’est toute la vigne qui déçoit, dans celui-là ce sont les vignerons
qui sont infidèles à leurs engagements. Le Seigneur Dieu a fait tout le
travail pour que la vigne soit belle et productive – et elle semble l’être
– ils n’ont eu qu’à récolter le fruit de l’œuvre divine et faire en sorte
que ce fruit retourne vers Dieu. Comme autrefois, ils massacrent les serviteurs
fidèles qui veulent rendre gloire à Dieu, avec annonce de la Passion :
ils tueront le Fils !
A notre échelle, nous savons pertinemment que tout le travail d’évangélisation
n’est pas fait par nous-mêmes mais l’Esprit Saint, lui qui motive inspire
et réalise toute l’annonce de la Bonne Nouvelle. Nous sommes des ouvriers
qui n’avons qu’à rassembler ce que Dieu construit en chaque personne,
notre rôle est d’orienter les actions de grâces de nos frères et sœurs
vers le Père en leur montrant toutes les actions qu’il fait pour nous
et de quel amour il aime chacun d’entre nous.
Malheureusement les péchés qui entravent notre discernement font que
nous détournons quelquefois le travail du Seigneur à notre seul profit
et nous négligeons notre engagement à transmettre cette connaissance de
l’amour du Père révélé par l’obéissance du Fils et nous ne pouvons que
nous redire l’exhortation de saint Paul : « Ayez en vous
les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : ayant la condition
de Dieu, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. »
(Philippiens 2,5-6)
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre - retraité – curé émérite
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