27 septembre 1998
Lycée Militaire d'Autun
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n°62
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Vis dans la foi et l'amour, la persévérance
et la douceur
Ce programme de vie chrétienne que propose saint Paul à
son disciple Timothée n'a pas pris une seule ride, il est toujours
d'actualité… Mais il est toujours aussi difficile à suivre.
Pourtant Timothée avait bien des raisons de se décourager
ou de perdre sa douceur, son jeune âge le desservait auprès
des chrétiens plus anciens qui auraient préféré
que saint Paul se déplace lui-même pour leur annoncer l'évangile.
Nous dirions aujourd'hui qu'il n'était pas crédible…
Amos, auteur inspiré de la première lecture avait vécu
la même expérience que Timothée, il était "mal
vu " parce que venant d'une autre région que la Judée,
plusieurs fois il s'est fait rembarré par les prêtres du
Temple de Jérusalem et menacé d'expulsion de la ville.
Par notre Baptême, nous avons été configurés
au Christ prophète. Nous annonçons le message d'amour et
de Salut qui nous a été confié par l'Eglise au nom
du Fils unique de Dieu. Il est donc logique que, comme nos prédécesseurs
Amos et Timothée, nous soyons quelque peu rejetés par nos
contemporains qui n'ont jamais aimé que des hommes leur rappellent
qu'ils ne suivent pas le chemin qui mène vers l'Homme et donc vers
Dieu.
C'est donc par ces quatre qualités définies par saint Paul
(mais que nous pourrions aussi résumer dans les trois vertus théologales
la Foi, l'Espérance et la Charité) que le chrétien
va répondre aux attaques incessantes de ceux qui préfère
ne pas entendre l'appel de Dieu.
La solidité de la foi est essentielle pour que le chrétien
sache comment annoncer dans telle ou telle circonstances le message du
Christ. La foi permet à l'homme, faible, de s'appuyer sur la force
de l'Esprit Saint pour que les hommes comprennent le message. Comme le
jour de la Pentecôte, il nous faut parler tous les langages…
L'amour est le deuxième point cité par saint Paul, cela
rappelle le passage qui est appelé l'hymne à l'amour dans
l'épître aux Corinthiens (1Co 12,31-13,8) qui conclue : "Si
je n'ai pas l'amour je ne suis rien".
La persévérance signifie qu'il ne faut pas se décourager
: le message de salut annoncé par Jésus a déjà
été rejeté quand lui-même l'annonçait.
Encore et toujours, vivre et dire l'Evangile est le leitmotiv du chrétien,
sans impatience ni lassitude.
Notre douceur doit être celle du Christ qui regarde l'Homme tel
qu'il est et qui veut le faire progresser tel qu'il devrait être.
Considérons donc que saint Paul nous écrit à nous
aussi et profitons de ces conseils dans notre vie quotidienne.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun.
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26 septembre 2004
Bosnie Herzégovine
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n°245
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un don ou un dû
Dans la lecture d’aujourd’hui, le prophète Amos fustige les croyants
qui sont sûrs que Dieu ne délaissera pas son Temple, siège de sa présence
au milieu de son peuple ; qu’il n’abandonnera pas Jérusalem aux mains
ennemies. Ils sont tellement certains d’être protégés par la présence
divine qu’ils sont totalement indifférents à la défaite du Royaume du
Nord. Mais Amos leur annonce qu’eux aussi seront déportés : Dieu
tient à ce que l’homme soit actif dans le projet de salut, qu’il n’attende
pas que tout lui vienne. Ces croyants-là pensaient que Dieu leur devait
la protection grâce à la promesse faite à Abraham !
Dans notre société française, nous caricaturons volontiers cet aspect
d’exigence de la part de nos concitoyens, la déclaration des droits de
l’homme de 1946 n’a repris que la moitié de celle de 1789 qui portait
sur les droits et les devoirs de l’homme.
Dans l’Eglise, et tout particulièrement dans l’Eglise française, il y
a le même sentiment d’un dû qui n’est plus pris comme un don. J’exige
d’avoir la messe dans ma paroisse, mais je en fais rien pour qu’elle soit
vivante et appelante.
Les prêtres ne naissent pas prêtres, ils sont issus de la communauté
chrétienne. Des jeunes hommes, ou moins jeunes, sentent un appel à servir
l’Eglise dans un ministère ordonné mais en même temps ils constatent que
la communauté chrétienne ne les appellent pas de tout son cœur ;
Ceux-là auront peut-être des difficultés à discerner l’appel que le Seigneur
lui lance !
De même, les catholiques français pleurent sur la désertion des paroisses,
mais que font-ils pour inviter des personnes à venir voir ? A qui
proposent-ils de les emmener le dimanche ? Qui organise un covoiturage
pour aller à la messe en campagne ?
Personne !
Des hommes et des femmes redécouvrent la foi au moment où leurs enfants
commencent le catéchisme, mais devant l’inertie et la passivité des autres
chrétiens, cette enthousiasme n’est qu’un feu de paille.
Aujourd’hui, en écoutant les reproches du prophète Amos, ai-je bien conscience
que Dieu s’adresse à moi ?
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30 septembre 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°337
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saint Michel, patron des troupes aéroportées
Saint Michel est “ l’ange ” par excellence. S’il faut croire certains
auteurs, c’est lui qui protégea Adam et Eve et les instruisit après leur
sortie du paradis terrestre, arrêta Abraham prêt à tuer Isaac, lutta avec
Jacob, conduisit les Hébreux dans le désert, enterra Moïse, frappa le
peuple hébreu de la peste après le dénombrement ordonné par David, secourut
Elie dans le désert, décima l’armée assyrienne... Un écrivain inspiré,
saint Jude, s’est fait l’écho d’une de ces identifications - s’attaquant
aux faux docteurs, à opposer leur conduite à celle de l’archange saint
Michel : eux, ils blasphèment les gloires ” ; “ Michel l’Archange,
lorsqu’il se querellait et discutait avec le diable au sujet du corps
de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement blasphématoire, mais
il dit : que le Seigneur te réprime" (Jude, 8-9) Il existe chez
les chrétiens, une croyance très répandue : les anges après la mort
protègent les corps et conduisent les âmes au ciel ou en enfer.
Ce rôle est spécialement dévolu à saint Michel parce qu’il est le
vainqueur du diable. Le drame du salut ne se joue pas seulement sur la
terre, et les premiers fidèles étaient aussi familiers avec les luttes
des esprits que s’ils en avaient été témoins ; les imaginations avaient
été impressionnées par les descriptions grandioses du prophète Daniel
et de l’apôtre saint Jean :
“ Alors une bataille s’engagea dans le ciel : Michel et ses anges
combattirent le dragon. Celui-ci riposta, appuyé par ses anges, mais ils
eurent le dessous et - furent chassés du ciel... Et j’entendis une voix
clamer dans le ciel : désormais, victoire, puissance et royauté sont acquises
à notre Dieu et la domination à son Christ, puisqu’on a jeté bas l’accusateur
de nos frères... ” (Ap, Mi, 7-10) saint Michel, chef des armées célestes,
que Daniel avait présenté (X-XII) comme le protecteur d’Israël, devint,
avec le Nouveau Testament, le protecteur de l’Église et de chaque homme
en particulier.
Trois apparitions de l’archange saint Michel en Occident ont eu une
grande importance dans le développement de son culte, mais elles sont
assez légendaires. On raconte que saint Grégoire le Grand établit l’oratoire
du château Saint-Ange parce que, au cours d’une procession faite pour
demander la fin de la peste, il avait, comme David, vu l’ange debout sur
le haut du mausolée d’Hadrien remettre son épée au fourreau - une statue
moderne rappelle ce prodige qui n’a pas eu lieu. L’apparition de saint
Michel au berger Gargan est aussi peu sûre : l’archange aurait pris
sous sa protection un boeuf échappé et ordonné de construire une église
dans une caverne du haut de la montagne ; quoi qu’il en soit, le
pèlerinage fut célèbre jusqu’au jour où le développement du Mont saint
Michel le réduisit à être purement local.
Un peu partout des sanctuaires étaient dédiés à saint Michel. Ils
ont ordinairement ce double caractère d’être situés dans des grottes sur
une hauteur -. ils imitent ainsi la disposition du Monte Gargano et du
Mont saint Michel. L’un des plus curieux est le Mont saint Michel de Cornouailles,
îlot situé à l’extrémité sud-ouest de l’Angleterre, dont l’aspect rappelle
tout à fait celui de son homonyme normand dont il dépendit pendant un
temps. A l’extrémité du Stanberg, à une trentaine de kilomètres au nord
de Stuttgart, les Allemands se rendaient au Mickesberg, où l’on vénérait
une plume de saint Michel tombée de ses ailes un jour qu’il avait livré
une bataille au diable sous les yeux de saint Boniface...
Sources diverses
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26 septembre 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°495
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Vivre bien tranquille
Les paroles de Dieu transmises par le prophète Amos résonnent fortement
dans notre société actuelle, il suffirait de changer quelques mots pour
y retrouver une définition presque parfaite d’une partie de l’humanité
d’aujourd’hui. Installés dans un confort superficiel, nous ne soucions
plus du devenir du Peuple de Dieu, nouvel Israël.
Pourtant les chrétiens auraient bien des soucis à se faire devant une
partie de la population dite chrétienne pour qui la célébration des Sacrements
est perçue davantage comme un passage obligé, une introduction, pour faire
la fête que comme un acte de foi. Dieu s’engage dans chaque Sacrement
célébré, ce qui est appelé la ‘Grâce d’état’ qui agit par elle-même ;
mais les dépositaires de ces dons les mettent souvent au second plan,
derrière l’immédiat et le matériel.
Dans ce contexte matérialiste, les chrétiens eux-mêmes ne comprennent
plus les exigences de la foi et les conseils de l’Eglise. Annoncer l’Evangile
devient un non-respect de l’autre, vivre conformément à nos convictions
devient rétrograde et passéiste, critiquer le relâchement de la morale
devient fasciste et nous pourrions multiplier les exemples…
Face à ce dénigrement, beaucoup de chrétiens baissent la tête et s’installent
dans une spiritualité silencieuse et renfermée et n’osent plus défendre
l’Eglise lorsqu’elle est attaquée de peur de paraître arriérés, estimant
que la foi est une affaire personnelle. Les martyrs seraient-ils morts
pour si peu ?
« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à s'affadir,
avec quoi le salera-t-on ? » (Matthieu 5,13) Cet avertissement
de Jésus est toujours d’actualité, nos communautés ont besoin de sortir
de cet affadissement, de la léthargie où elles se trouvent par commodité,
par confort : « Couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur
leurs divans. » (Amos 6,4)
Si les Apôtres n’étaient pas montés sur la terrasse du Cénacle, le jour
de la Pentecôte, l’Evangile serait resté entre les mains de quelques initiés ;
chacun d’entre nous, en fonction de ses capacités propres doit aussi ‘monter
aux créneaux’ et annoncer cette Bonne Nouvelle dont nous n’hésitons
pas à dire qu’elle nous fait vivre alors que nous vivons à côté.
Nous pourrions proposer aux familles que nous connaissons d’inscrire
leurs enfants au catéchisme, sensibiliser les jeunes à l’événement des
Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid pendant l’été 2011,
susciter des vocations religieuses ; au lieu de cela nous récriminons
parce que la messe dominicale n’est pas célébrée dans le lieu ou à l’horaire
qui nous serait favorable, parce qu’il n’y a pas de prêtre pour
nous accueillir lorsque nous l’avons décidé, parce que l’église est fermée
quand nous voulons y aller…
Une Eglise vivante dépend de chacun de nous, ne soyons plus des consommateurs
mais des acteurs. Saint Paul écrit à Timothée : « Continue
à bien te battre pour la foi. » (6,12) Cette lettre s’adresse
aussi à nous.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique du Fort Neuf de Vincennes
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29 septembre 2013
Secteur Vermandois
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n°705
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S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes !
Cette expression, mise dans la bouche d’Abraham, préfigure celle qu’utilise
saint Luc lorsque Jésus Ressuscité présente sa mission aux ‘compagnons
d’Emmaüs’ ; ceux-ci étaient démoralisés par la disparition de
celui qu’ils pensaient être le Messie, nouveau David roi terrestre d’un
Israël libéré. Jésus les détrompe en leur montrant le projet de Dieu :
« Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur
expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. » (Luc
24,27) Le parallélisme entre ces deux textes se renforce encore par la
constatation faite par Abraham à destination du ‘riche’ :
« quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts : ils ne
seront pas convaincus. » (v.31)
Comme l’explication de Jésus aux compagnons d’Emmaüs, cette parabole
fait percevoir aux chrétiens auxquels s’adresse l’évangile de Luc que
la Résurrection de Jésus, essentielle au message de Salut, ne peut se
comprendre que par la fréquentation, la connaissance et la méditation
de la Parole de Dieu. Le croyant doit écouter Moïse et les prophètes ;
Jésus est l’accomplissement des Ecritures, dans le sens où il les rend
complètes mais elles gardent toute leur valeur éducative pour les hommes :
« Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ;
je suis venu non pour les abolir, mais pour les accomplir. Car, je vous
le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront pas, il ne
disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à
ce que tout soit arrivé. » (Matthieu 5,17-18) Les Ecritures amènent
à la venue de Jésus Messie, mais le Christ en est la clef qui permet d’ouvrir
le cœur des croyants : « Notre cœur ne brûlait-il pas au
dedans de nous, lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les
Ecritures ? » (Luc 24,32)
Tous les dimanches quatre lectures sont proposées aux fidèles, deux de
l’Ancien Testament – la première lecture et le Psaume – et deux du Nouveau
Testament – l’épître et l’évangile. Présents dans l’assemblée dominicale
nous les entendons mais les écoutons-nous ? L’avertissement lancé
par Abraham au ‘riche’ nous avertit que nous ne pouvons pas être
convaincus si nous n’écoutons pas la Parole qui nous est donnée et si
nous ne la mettons pas en pratique dans notre vie. Or, à la différence
d’entendre, écouter requiert une certaine attention que nous n’avons
pas toujours. Pire même, c’est notre connaissance de l’Ecriture qui va
nous distraire : aux premiers mots de l’Evangile notre esprit se
disperse car nous connaissons ce passage, nos oreilles entendent mais
notre conscience n’écoute pas.
Cette parabole doit réveiller les chrétiens pour leur rappeler ce que
Jésus leur dit : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui
écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. »
(Luc 8,21) L’enseignement de Jésus est la Parole de Dieu : « Une
nuée vint les couvrir, et de la nuée sortit une voix : Celui-ci est
mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » (Marc 9,7)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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25 septembre 2016
Paroisses Nesle & Athies
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n°896
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‘Un’ riche # Lazare
Dans cette parabole, Jésus souligne deux oppositions. D’une part entre
l’opulence d’un homme qui se goinfre, indifférent aux difficultés extérieures
et à l’indigence extrême de Lazare qui, non seulement semble avoir faim,
mais qui souffre aussi physiquement étant couvert d’ulcères. La seconde
opposition – peut-être la plus importante – réside dans l’anonymat total
de ce ‘riche’ qui n’est désigné que par sa fortune, ses vêtements
luxueux et la somptuosité de ses festins par rapport à celui qui est clairement
identifié, il ne s’agit pas de n’importe quel pauvre, il s’agit de celui
qui est nommé ‘Lazare’.
Cette dichotomie se retrouve dans le récit de la mort de ces deux personnes :
Jésus montre Lazare emporté par les anges auprès d’Abraham ; mais
‘On’ enterra le riche sans autre précision, sa richesse,
ses habits et ses repas qui lui servaient d’identité ne remplissent plus
leur rôle, il ne lui reste plus que son anonymat, c'est-à-dire rien !
Il est difficile – presque impossible – de se mettre dans la peau d’un
homme aussi défini que le pauvre Lazare : c’est lui et personne d’autre.
Par contre, il est facile de s’identifier à un anonyme : l’absence
de précisions permet de se comparer à l’homme riche. C’est la question
à laquelle Jésus veut amener ses auditeurs : l’hédoniste de la parabole
a trouvé sa satisfaction dans la jouissance des biens matériels ;
moi qui désire être disciple du Christ, où dois-je trouver mon bonheur ?
Pour cela, Jésus donne des indications sur la conduite à tenir au fur
et à mesure de son enseignement : « Ma mère et mes frères
sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. »
(Luc 8,21) et aussi par opposition à ceux qui, égoïstement ou par ignorance,
comme l’homme riche, ne voient pas la détresse de leurs frères :
« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait
à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
(Matthieu 25,40) et aussi les deux facettes du Grand Commandement :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton
âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et
le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
(Matthieu 22,37-38)
Nous ne sommes pas des anonymes car nous portons le nom qui identifie
chacun individuellement : Chrétien, devenu fils ou fille de Dieu
par les Sacrements du Baptême, de la Confirmation et de la Communion.
Conformément à ce nom nous tâchons d’utiliser les biens de ce monde avec
circonspection et discernement. Handicapés par le péché nous sommes réconfortés
car nous gardons à l’esprit que le Fils nous a rachetés en offrant sa
vie pour qu’un jour ‘les anges nous emportent auprès d’Abraham’
comme le ‘pauvre Lazare’
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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29 septembre 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1106
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Aveuglement
Lors d’une retraite de profession de foi, il y a plus de vingt ans, après
que les jeunes soient couchés et – à peu près calmes – entre animateurs
et animatrices, nous faisions une évaluation de la journée. Une personne
signalait un élément de son groupe particulièrement agité et perturbateur,
une autre lui expliqua qu’il vivait avec sa famille dans une loge de concierge
qui se composait d’une chambre et d’une cuisine pour deux parents et trois
enfants ; il n’y avait jamais de calme ! Un animateur lycéen
s’exclama : ‘Je ne vous crois pas, on vous a raconté des histoires,
ce n’est pas possible de vivre comme ça !’
Tels sont les habitants de Jérusalem qui n’imaginent pas que la ville
Sainte, protégée par la présence de Dieu, puisse tomber à la merci des
ennemis malgré les désastres qui se déroulent à l’extérieur. Le prophète
Amos leur annonce qu’ils seront déportés et la ville sera dévastée, mise
à sac et le Temple détruit et pillé et eux-mêmes seront réduits en esclavage,
bien loin de leur opulence. L’avertissement d’Amos reste sans effet.
Tel est aussi le riche de la parabole qui ne voit pas le pauvre Lazare
mourir de faim devant sa porte : il ne peut pas imaginer une autre
façon de vivre que la sienne. Si encore Lazare venait frapper à la porte
du riche, peut-être celui-ci le verrait et lui ferait don de quelque aumône,
mais apparemment il ne demande rien, le riche a donc plus que bonne conscience :
il ne voit pas et ne cherche pas à savoir, il ne fait rien contre la Loi !
Si le jeune lycéen, les Jérusalémites et le riche sortaient de leur tour
d’ivoire où ils se sentent à l’abri et s’ils enlevaient les œillères du
confort moral et matériel, ils pourraient voir les personnes qui implorent
qu’ils agissent à leur secours. Mais, bien sûr, aucun de nous ne peut
envisager que nous puissions être concernés par ces paroles…
Abraham dit au riche : « S’ils n’écoutent pas Moïse ni les
Prophètes… » Nous avons, nous aussi, la Loi et les prophètes,
mais nous avons en plus l’Evangile et la prédication de Jésus puis de
ses Apôtres qui nous met en état d’alerte et décille nos yeux : « A
ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour
les uns pour les autres. » (Jean 13,35) et l’évangéliste ajoute
pour ses correspondants : « Si quelqu’un dit : ‘J’aime
Dieu’, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En
effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer
Dieu, qu’il ne voit pas. » (1Jean 4,20)
‘Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre’ dit un
proverbe. Notre génération entendra-t-elle les avertissements de la Loi,
des prophètes, des évangiles et de l’Eglise ? Nous sommes riches ;
ouvrons grands nos yeux et nos oreilles pour pouvoir ouvrir notre cœur.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
et Modérateur de la paroisse saint Radegonde
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25 septembre 2022
Paroisses Nesle & Athies
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Vademecum du chrétien
Ce programme de vie chrétienne que propose saint Paul à son disciple
Timothée n’a pas pris une seule ride, il est toujours d’actualité… Mais
il est toujours aussi difficile à suivre.
Pourtant Timothée avait bien des raisons de se décourager ou de perdre
sa douceur, son jeune âge le desservait auprès des chrétiens plus anciens
qui auraient préféré que saint Paul se déplace lui-même pour leur annoncer
l’évangile. Nous dirions aujourd’hui qu’il n’était pas crédible…
Amos, auteur inspiré de la première lecture avait vécu la même expérience
que Timothée, il était « mal vu » parce que venant d’une
autre région que la Judée, plusieurs fois il s’est fait rembarré par les
prêtres du Temple de Jérusalem et menacé d’expulsion de la ville.
Par notre Baptême, nous avons été configurés au Christ prophète. Nous
annonçons le message d’amour et de Salut qui nous a été confié par l’Eglise
au nom du Fils unique de Dieu. Il est donc logique que, comme nos prédécesseurs
Amos et Timothée, nous soyons quelquefois rejetés par nos contemporains
qui n’ont jamais aimé que leurs semblables leur rappellent qu’ils ne suivent
pas le bon chemin celui qui qui élève l’humanité et qui mène donc vers
Dieu.
C’est donc par ces qualités définies par saint Paul (qui s’exptment dans
les trois vertus théologales la Foi, l’Espérance et la Charité) que le
chrétien va répondre aux attaques incessantes de ceux qui préfèrent ne
pas entendre l’appel de Dieu.
La solidité de la foi est essentielle pour que le chrétien sache comment
annoncer dans telle ou telle circonstances le message du Christ. La foi
permet à l’homme, faible, de s’appuyer sur la force de l’Esprit Saint
pour que les hommes comprennent le message. Comme le jour de la Pentecôte,
il nous faut parler tous les langages…
L’amour est le deuxième point cité par saint Paul, cela rappelle le passage
qui est appelé l’hymne à l’amour dans l’épître aux Corinthiens
(1Co 12,31-13,8) qui conclue : «Si je n’ai pas l’amour je ne suis
rien».
La persévérance signifie qu’il ne faut pas se décourager : le message
de salut annoncé par Jésus a déjà été rejeté quand lui-même l’annonçait.
Encore et toujours, vivre et dire l’Evangile est le leitmotiv du chrétien,
sans impatience ni lassitude.
Notre douceur doit être celle du Christ qui regarde l’Homme tel qu’il
est et qui veut le faire progresser tel qu’il devrait être.
Considérons donc que saint Paul nous écrit à nous aussi et profitons
de ses conseils dans notre vie quotidienne.
Père JeanPaul Bouvier
Curé émérite de Notre Dame de Nesle & de Sainte Radegonde
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