25ème dimanche du Temps Ordinaire - Année "C"

Amos 8,4-7 - Psaume 112 - 1 Timothée - Luc 16,1-13

1

Lycée Militaire d'Autun

20 septembre 1998

L'intercession de Paul

2

Bosnie Herzégovine

19 septembre 2004

Loi d'amour

3

Brigade Franco-Allemande

23 septembre 2007

Saint Maurice patron de l'Infanterie

4

Fort Neuf de Vincennes

19 septembre 2010

La Lettre et l'Esprit

5

Secteur Vermandois

22 septembre 2013

Demande, intercession et action de grâce

6

Paroisses Athies et Nesle

18 septembre 2016

Rends-moi les comptes de ta gestion

7

22 septembre 2019

Ils m’accueilleront chez eux

8

18 septembre 2022

La Lettre et l’Esprit

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20 septembre 1998

Lycée Militaire d'Autun

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L'intercession de Paul

Suite à l'intercession de Moïse que nous avions la semaine dernière (Ex 32,7-14), nous trouvons ce dimanche dans l'épître de saint Paul (Tim 2,1-8) une autre intercession à la fois plus générale et plus particulière.

Plus générale car Moïse priait pour le peuple de Dieu qui connaissait déjà les volontés du Seigneur et qui se savait dépositaire de la promesse faite à Abraham. Un peuple qui a été élu par Dieu pour être le signe de son amour dans toutes les nations. Même si ce peuple ne suivait pas toujours le chemin que son Dieu lui indiquait. Saint Paul propose de prier pour des personnes sans se soucier de leur religion.

Plus particulière car saint Paul propose de d'intercéder pour une catégorie précise de personnes : ceux qui sont en position de responsabilités à tous les niveaux. Il ne suggère pas que nous intercédions pour qu'ils se convertissent mais pour que l'Esprit de Dieu les éclaire afin que les chrétiens puissent se consacrer à Dieu sans souci immédiat et que tous les hommes soient heureux.

Saint Paul développe son propos : il n'y a qu'un seul Dieu qui est proche de tous les hommes, "Il n'y a qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous les hommes. " Le Fils unique de Dieu n'est pas mort pour ceux qui croiront en lui, il est mort pour tous les hommes ainsi qu'il est dit dans la prière eucharistique : "pour vous et pour la multitude " (cf. Mt 26,28 ; Mc 14,24).

Dans une autre épître (1Co 11,23ss.), saint Paul relate lui aussi le récit de l'institution de l'eucharistie "comme il l'a reçu". A la place de cette expression "la multitude", il va exprimer le sentiment des chrétiens lorsqu'ils communient : "Nous proclamons la mort et la résurrection du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne".

La conclusion vient du rapprochement de ces deux expressions. Le chrétien qui communie au sacrifice du Christ, conscient qu'il est offert pour tous les hommes, se doit d'aller annoncer cette nouvelle inouïe rapportée par saint Jean "Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils, son unique" (Jn 3,16).

Nous aussi, profitant de l'élan qui nous est donné par l'Esprit dans la communion au Corps et au Sang du Christ, nous allons vers les autres hommes leur annonçant que le Christ est mort pour eux, non pas simplement avec des paroles, mais aussi par nos actes.

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun.

20 septembre 2004

Bosnie Herzégovine

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Loi d'amour

Le prophète Amos est avant tout un éleveur de bœufs, il vient de sa compagne, près de Bethléem dans le royaume du Sud où le Dieu d’Israël est venu le chercher pour qu’il prophétise dans le royaume du Nord. Bien que juif de naissance, il est considéré comme un étranger.

Dans le passage qui nous est proposé aujourd’hui, il fustige les hommes qui, respectant à la lettre la Loi et notamment le Sabbat, profitent du reste du temps pour exploiter les autres hommes et tout particulièrement les pauvres. Amos leur rappelle que ce n’est pas la lettre de la Loi qui est importante mais l’amour porté aux autres hommes. Si la Loi est objectivement défavorable aux hommes, il faut l’interpréter. La Loi donnée à Moïse et amplifiée par les interdictions des pharisiens n’est pas un bloc monolithe : c’est un guide et non pas une astreinte. L’homme est toujours face à sa conscience pour savoir si ce qu’il fait est dans l’esprit de Dieu, au moment où il le fait et dans les circonstances précises.

La dernière phrase de la lecture semble être une menace venant de Dieu lui-même : « Non ! Jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits. »

La vision qui est donnée aux hommes par le Christ, Fils de Dieu et Dieu lui-même, n’est pas changée. Nous méritons aujourd’hui les mêmes reproches que les contemporains d’Amos et nous nous contentons souvent d’une obéissance externe là où il faudra mettre tout notre cœur. Et Dieu n’oublie aucun de nos méfaits ! Ce qui a changé est le sacrement de la Réconciliation et de la Pénitence qui le Christ a donné à ses Apôtres : « Ce que vous aurez délié sur terre sera délié dans le ciel… »

L’examen de conscience qui précède le Sacrement doit donc poser la question sur les circonstances du péché que je vais avouer afin que lorsque ces circonstances se représentent de façon similaire, je me souvienne que j’ai déjà été pardonné pour ce péché et que l’Esprit Saint m’a été donné pour que j’aie la force de résister.

Les circonstances ne sont pas une excuse mais permettent de réaliser que j’ai sciemment transgressé la loi d’amour en pensant, en parlant, en agissant ou en omettant contre Dieu, contre mon prochain et contre moi-même.

père JeanPaul Bouvier
aumônier catholique en Bosnie Herzégovine

23 septembre 2007

Brigade Franco-Allemande

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Saint Maurice, patron de l’Infanterie

Au cours de la persécution de Maximilien, collègue de Dioclétien à la fin du 3ème siècle, une légion de Thébains fut envoyée d’Orient en Occident. Maximien, qui stationnait à Octodurum, ordonna à ses troupes de sévir contre les chrétiens, mais les Thébains, chrétiens eux-mêmes, se révoltèrent et s’arrêtèrent dans les défilés d’Agaune. Furieux, l'empereur ordonna la décimation des rebelles. Un nouveau refus de leur part entraîna une seconde décimation. Devant leur entêtement, le tyran les fit alors tous massacrer. La foi des soldats avait été encouragée par leurs chefs : Maurice, qu’Eucher considère comme le chef de la légion ; Exupère, une sorte de sous-officier instructeur ; Candide, sans doute officier. Chrétien lui aussi, mais étranger à la légion, le vétéran Victor, qui passait par hasard sur le lieu du carnage, refusa de s’associer aux orgies des bourreaux. Il s’affirma chrétien et fut aussi massacré. On dit encore qu’Ours et un autre Victor, martyrisés à Soleure, appartenaient à la légion thébaine.

Selon la légende, saint Martin de Tours, venu en pèlerinage à Agaune, aurait creusé le sol à l’endroit du martyre. Du sang en jaillit que le bienheureux recueillit en plusieurs fioles. Il en laissa une à Agaune et en donna d’autres à diverses églises, notamment aux cathédrales de Tours et d’Angers. Grégoire de Tours ne souffle mot de cette légende, mais raconte deux miracles obtenus par l'intercession de saint Maurice, dont le culte se répandait dans tout l’Occident. Nombre de sanctuaires, en outre, se flattaient de posséder des reliques des Martyrs thébains. En France, 500 églises sont dédiées à leur “ primicier ” et 62 communes portent son nom. Au Moyen-Age, plusieurs ordres de chevalerie se placèrent sous sa protection, tels l’ordre des Saints Maurice et Lazare et l’ordre de la Toison d’or. Le chef de la légion thébaine n’a pas manqué non plus d’inspirer les artistes : qu’il suffise de rappeler les tableaux du Gréco à l’Escurial, et du Bernin au Vatican. Saint Maurice enfin patronne les teinturiers. Parce que son nom signifie ”le Noir ”, on le représentait volontiers sous l’aspect d’un Noir. Et comme il avait la peau d’une “ teinte ” sombre, les teinturiers le considéraient comme étant de leur confrérie.

Maurice aurait dit lors de son martyre : « Empereur, nous sommes tes soldats, mais aussi les serviteurs de Dieu. A toi, nous devons le service militaire, à Lui une conscience pure. Nous sommes prêts à porter les mains contre n’importe quel ennemi, mais nous estimons que c’est un crime que de les ensanglanter en massacrant des innocents. Nous avons d’abord prêté serment envers Dieu, ensuite nous avons prêté serment envers le souverain. Sois persuadé que le second n’a plus aucune valeur pour nous si nous avons rompu avec le premier »

Sources diverses

19 septembre 2010

Fort Neuf de Vincennes

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La Lettre et l’Esprit

Le prophète Amos nous dépeint ces hommes cupides pour qui le sabbat est une contrainte et une entrave à leurs commerces plus ou moins malhonnêtes. Pour eux, c’est avant tout une perte de temps et d’argent. Ils respectent le sabbat, mais en ayant de telles pensées, ils en pervertissent complètement le sens. Extérieurement ce sont de bons juifs, intérieurement, ils sont pires que les pires des païens. Mieux vaudrait pour eux de travailler honnêtement le jour du sabbat et ne pas créer d’exaction contre les pauvres.

Les siècles ont passé, mais cette propension à détourner en notre faveur les Ecritures continue de plus belle. Je me risque à donner une petite parabole :

Un homme vient se confesser à un prêtre. Il lui donne entre autres péchés : « Je n’ai pas fait maigre vendredi dernier qui était pourtant un vendredi de Carême. » Intrigué par l’importance que cet homme met dans cet aveu, le prêtre va plus avant lui demandant les circonstances de ce manquement mais la réponse est ambiguë : « Au restaurant d’entreprise, j’ai pris le plat avec de la viande plutôt que le plat de poisson parce qu’il n’était pas frais. » Le prêtre lui dit alors que ce n’est pas un péché, nécessité fait force de loi, jamais le christianisme ne nous demande de nous empoisonner. « Mais comment saviez-vous qu’il n’était pas frais ? » demande-t-il au pénitent. Sans marquer la moindre gène l’homme lui donne l’explication : « Je suis responsable des achats et j’ai acheté ce poisson en solde chez le grossiste. » Le prêtre a eu du mal à faire comprendre à son interlocuteur que l’achat était plus peccamineux que le fait d’avoir mangé de la viande un vendredi de Carême : pour lui le premier est inscrit dans la loi de l’Eglise, mais pas le second donc cela ne peut pas être un péché…

Il n’y a aucune différence entre cet homme et les marchands indélicats que dénonce Amos. Comme eux, il ne vise que le profit immédiat quitte à profiter de l’homme. La Loi est respectée mais qu’en est-il de l’esprit ?

Parallèlement au récit d’Amos, Jésus dit à ses disciples qu’on ne peut pas servir deux maîtres Dieu et l’argent. Ce n’est pas en soi une condamnation de l’argent ou du commerce mais c’est une condamnation pour ceux qui considèrent l’argent comme un maître à qui ils doivent tout, même si cela est contraire à la morale.

La seule Loi véritable que le Fils de Dieu donne à ses disciples tient en une seule phrase : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit; et ton prochain comme toi-même » (Luc 10,27) En toute chose le chrétien doit considérer l’utilisation de l’argent dont il n’est que dépositaire à la lumière de cette phrase et se poser la question : En quoi l’utilisation de cet argent prouvera que j’aime Dieu et mon prochain ?

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique du Fort Neuf de Vincennes

22 septembre 2013

Secteur Vermandois

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Demande, intercession et action de grâce

Paul écrit à son ‘fils spirituel’, celui à qui il a imposé les mains (cf. 2Timothée 1,6) pour l’aider à accomplir sa mission de chef de la communauté locale, sans doute celle d’Ephèse. En particulier la demande qu’il lui fait : « J'insiste avant tout pour qu'on fasse des prières de demande, d'intercession et d'action de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d'État et tous ceux qui ont des responsabilités » (2,1) Cette prescription définit trois dimensions de la prière que tout chrétien doit respecter consciencieusement.

Prière de demande pour nous-mêmes afin que notre vie soit orientée vers le Fils qui est « Le chemin, la Vérité et la Vie. » (Jean 14,6) En demandant l’Esprit Saint, nous savons qu’il ne nous sera jamais refusé : « Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. » (Luc 11,13) Animés par l’Esprit, Troisième Personne de la Sainte Trinité, nous sommes sûrs d’avancer vers le Royaume. Pour cela, le Christ nous a donné les Sacrements dans lesquelles nous demandons à recevoir l’Esprit : le Baptême et la Confirmation pour recevoir l’état de fils et filles du Père et la force de transmettre la Bonne Nouvelle ; le Mariage et l’Ordination pour vivre le choix de vie à laquelle le Père nous appelle ; le Sacrement des malades pour aider à supporter la faiblesse de la maladie ; le Sacrement de Réconciliation et de Pénitence et la Communion pour assumer la vie quotidienne. La prière régulière de demande nous permet d’entretenir cette démarche de foi vers le Père.

Prière d’intercession pour tous les hommes et femmes afin que la présence de Dieu soit plus forte dans le monde. Cette prière ne doit être ni sélective ni réservée à ceux qui partagent nos opinions : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » (Matthieu 5,44) Dans la célébration de la Messe, la prière d’intercession suit immédiatement la profession de foi de l’assemblée, elle y est complétement liée : c’est parce que nous croyons en Dieu, Père, Fils et Esprit que nous devons lui présenter des demandes précises et circonstanciées pour nos frères et sœurs car les souffrances sont nombreuses en ce monde : « la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement. » (Romains 8,22) en attendant le retour du Christ Rédempteur.

Prière d’Action de grâce pour tout ce que nous avons déjà reçu. Le discernement de la volonté du Père dans notre vie quotidienne n’est pas toujours aisé, mais la confiance doit être la plus grande. Remercier le Père pour ce qu’il nous donne est un accent important de la prière, l’examen de conscience vespéral que l’Eglise conseille à tous les croyants permet de découvrir comment Dieu était présent dans notre journée : une parole entendue, une personne rencontrée, un lieu fréquenté, une pensée fugace peuvent avoir été des manifestations de Dieu. Sachons le remercier de tous ces signes discrets de sa présence dans nos vies.

Ces conseils que saint Paul donne à Timothée retentissent en nous lorsque nous écoutons ce qui nous est dit de la part du Seigneur. L’‘Apôtre des gentils’ est une source sûre pour diriger notre vie, écoutons-le.

Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois

18 septembre 2016

Paroisses Nesle & Athies

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n°895

Rends-moi les comptes de ta gestion

Ce passage de l’évangile de saint Luc est difficile à comprendre : comment quelqu’un de malhonnête peut-il être cité en exemple par Jésus ? Mais toutes les paraboles du Royaume ont des sens cachés que même les disciples ne comprennent pas toujours : « Ses disciples lui demandaient ce que signifiait cette parabole. Il leur déclara : « A vous il est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu, mais les autres n’ont que les paraboles. » (Luc 8,9-10a) Par la grâce de l’Esprit Saint, ‘il nous est donné de connaître les mystères du royaume’, il est donc nécessaire de s’en remettre à lui pour comprendre ce que Jésus révèle à ses disciples dans ce récit.

Dans toutes les paraboles, le ‘maître’ représente Dieu le Père, le ‘gérant’ est l’homme et les ‘biens’ sont les dons que le Père met en l’homme, en particulier sa Parole. Ici, le gérant est accusé de dilapider les biens.  Par cette introduction, Jésus pose la question à ses auditeurs : ‘Que faites-vous des biens que le Père met en vous ? N’êtes-vous pas aussi en train de les dilapider ?’ Il n’est pas dit que le gérant détournait les biens de son maître dans  le but d’un bénéfice personnel mais qu’il en faisait un usage impropre qui, non seulement ne profitait pas à l’ensemble de la communauté, mais dévaluait la propriété de son maître.

Saint Luc utilise le même verbe grec pour la façon dont le ‘fils prodigue’ utilise sa part d’héritage (cf. Luc 15,11-32) que pour la gestion des biens par le gérant, ce terme est traduit en français par ‘dilapider’ qui implique une idée de gaspillage inconsidéré. La pointe de la parabole est donc de savoir ce que nous faisons des biens que le Père a mis en nous ; y a-t-il gaspillage ? Les dons de Dieu sont multiples et varient selon les personnes mais deux sont communs à tous : la Parole et les Sacrements.

L’écoute de la Parole n’a pas toujours l’attention qu’elle mérite. Elle est trop souvent limitée aux lectures que nous entendons pendant la messe ou une autre célébration. Elle est rarement reprise de façon personnelle en la confrontant à notre vie, en nous demandant ce que le Seigneur me dit à moi aujourd’hui à travers l’enseignement qu’Il a donné aux hommes.

Quant aux Sacrements, ils sont vécus de façon désinvolte, par exemple :

  • Par les parents lorsqu’ils demandent le Baptême de leur enfant sans imaginer l’engagement qu’ils prennent vis-à-vis de Dieu ;
  • Par les chrétiens qui oublient de demander la Confirmation, estimant qu’avec la Profession de Foi ‘ils ont tout fait’ ;
  • Par les fidèles qui se présentent à la communion distraitement, oubliant l’avertissement solennel qui est fait juste avant : ‘Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde’ ;
  • Par le péché d’orgueil que nous faisons en disant ‘Je n’ai pas de péché à confesser’ ce qui signifie que nous n’avons pas besoin de la Rédemption par le Fils offrant sa vie ;
  • Etc…

Le Seigneur aurait bien raison de nous dire « Rends-moi les comptes de ta gestion ! » mais son amour pour nous est plus grand et il espère toujours : « Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. » (Luc 13,9)

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies

22 septembre 2019

Paroisses Nesle & Athies

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n°1105

Ils m’accueilleront chez eux

Ce gérant malhonnête de la parabole ne cherche pas à gagner sa vie d’une façon honnête, il ne pense même pas à changer sa manière de vivre en profitant abusivement de la fortune d’un autre, il envisage une vie de parasite commensal auprès des débiteurs de son ancien employeur. Mais ne se leurre-t-il pas ? Ces hommes auxquels il remet une partie de leur dette lui seront-ils reconnaissants ? N’hésiteront-ils pas avant d’accueillir chez eux un homme malhonnête se complaisant dans le profit et  l’oisiveté ?

« Le maître fit l’éloge de ce gérant » en vantant son habileté. Ce n’est pas une approbation mais une constatation : « les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. » Les ‘fils de ce monde’ sont donc dans les ténèbres puisqu’ils sont opposés à ceux qui sont dans la Lumière.

A partir de là, Jésus sort de la parabole pour s’adresser directement à ses disciples : ‘Eh bien moi, je vous le dis’ dans le but de leur donner des indications sur les moyens de suivre le chemin qu’il indique. En particulier sur la gestion de l’argent, les vrais disciples ne doivent pas le considérer comme un objectif à atteindre mais comme un moyen pour parvenir à leurs fins : le Royaume de Dieu.

Aujourd’hui, dans le monde occidental, l’argent est partout et nous en voulons toujours plus pour satisfaire des désirs suscités par des propagandes commerciales plus dangereuses encore que les propagandes totalitaires. Pire encore, à tous les niveaux, nous utilisons de l’argent que nous n’avons pas : les états vivent à crédit pour avoir les derniers équipements, les villes parce qu’il faut avoir le tramway, les sociétés pour faire face à la concurrence, les familles pour leur confort, les personnes pour leur apparence… « Israël, voici tes dieux » (Exode 32,4) disait Aaron devant le veau d’or. Ne sommes-nous en train de faire la même chose ?

« Nul ne peut servir deux maîtres » (Luc 16,13) C’est la conclusion de cette parabole et un appel à l’introspection : où en suis-je personnellement dans ma gestion de la possession ? Est-ce que je mets en avant les bonnes valeurs ? Dieu le Père me fait confiance dans ces choses,  à moi de m’en montrer digne !

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
 et Modérateur de la paroisse saint Radegonde

 

La Lettre et l’Esprit

Le prophète Amos nous dépeint ces hommes cupides pour qui le sabbat est une contrainte et une entrave à leurs commerces plus ou moins honnêtes. Pour eux, c’est avant tout une perte de temps et d’argent. Ils respectent scrupuleusement le sabbat, mais animés par de telles pensées, ils en pervertissent complètement le sens. Extérieurement ce sont de bons juifs, intérieurement, ils sont pires que les pires des païens. Mieux vaudrait pour eux travailler honnêtement le jour du sabbat et ne pas créer d’exaction contre les pauvres.

Les siècles ont passé, mais cette propension à détourner en notre faveur les Ecritures continue de plus belle. Je me risque à donner une petite parabole :

Un homme vient se confesser à un prêtre. Il lui donne entre autres péchés : « Je n’ai pas fait maigre vendredi dernier qui était pourtant un vendredi de Carême. » Intrigué par l’importance que cet homme met dans cet aveu, le prêtre va plus avant lui demandant les circonstances de ce manquement mais la réponse est ambiguë : « Au restaurant d’entreprise, j’ai pris le plat avec de la viande plutôt que le plat de poisson parce que celui-ci  n’était pas frais. » Le prêtre lui dit alors que ce n’est pas un péché, nécessité fait force de loi, jamais le christianisme ne nous demande de nous empoisonner. « Mais comment saviez-vous qu’il n’était pas frais ? » demande-t-il au pénitent. Sans marquer la moindre gène l’homme lui donne l’explication : « Je suis responsable des achats et j’ai acheté ce poisson en solde chez le grossiste. » Le prêtre a eu du mal à faire comprendre à son interlocuteur que l’achat était plus peccamineux que le fait d’avoir mangé de la viande un vendredi de Carême : pour lui le premier est inscrit dans la loi de l’Eglise, mais pas le second donc cela ne peut pas être un péché…

Il n’y a aucune différence entre cet homme et les marchands indélicats que dénonce Amos. Comme eux, il ne vise que le profit immédiat quitte à profiter de l’homme. La Loi est respectée mais qu’en est-il de l’esprit ?

Parallèlement au récit d’Amos, Jésus dit à ses disciples qu’on ne peut pas servir deux maîtres Dieu et l’argent. Ce n’est pas en soi une condamnation de l’argent ou du commerce mais c’est une condamnation pour ceux qui considèrent l’argent comme un maître à qui ils doivent tout, même si cela est contraire à la morale.

La seule Loi véritable que le Fils de Dieu donne à ses disciples tient en une seule phrase : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit; et ton prochain comme toi-même » (Luc 10,27) En toute chose le chrétien doit considérer l’utilisation de l’argent dont il n’est que dépositaire à la lumière de cette phrase et se poser la question : En quoi l’utilisation de cet argent prouvera que j’aime Dieu et mon prochain ?

Père JeanPaul Bouvier
Curé émérite de Notre Dame de Nesle & de Sainte Radegonde


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