17 juin 2007
Brigade Franco-Allemande
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Adoration
L’évangile de saint Luc nous rapporte l’anecdote d’une femme, pécheresse,
qui pleure ses péchés en restant derrière lui. Le plus remarquable dans
l’attitude de cette personne est qu’elle ne lui dit rien, ne lui demande
rien, elle reste derrière lui dans une attitude d’adoration ; elle
se contente d’être près de lui.
Cela évoque l’attitude de certains chrétiens devant le Saint Sacrement,
qu’il soit dans le tabernacle ou exposé dans un ostensoir ; ils expriment
la joie et la quiétude d’être avec le Seigneur. La comparaison qui pourrait
être faite – toute proportion gardée – serait lorsqu’un malade reçoit
la visite d’une personne qui lui est chère, il n’y pas besoin de parole :
la présence suffit. Ainsi en est-il du Fils de Dieu notre présence auprès
de lui est très importante et en ouvrant notre cœur nous pourrions, nous
aussi, entendre comme cette femme : « Tes péchés sont pardonnés »
et au moment où nous quittons la présence divine : « Ta foi
t’a sauvé ! Va en paix ! »
De la même façon, les anciens missels conseillaient aux fidèles de murmurer :
« Mon Sauveur et mon Dieu ! » au moment des élévations
lors de la messe en regardant l’hostie devenue Corps du Christ ou le calice
contenant le Sang du Christ. Cette prière – pour courte qu’elle soit –
est vraiment le condensé de la foi catholique : reconnaître dans
l’eucharistie qui est célébrée la présence réelle de la personne du Fils
venu dans le monde pour la rémission de nos péchés.
La difficulté majeure de l’adoration provient du manque de reconnaissance
de nos péchés parce que nous estimons que ce n’est pas si grave, que Dieu
le sait et que de toute façon nous avons des excuses (souvent fallacieuses)
Si nous nous mettions comme cette femme qui sait que Jésus connaît tout
de sa vie et qui ne cherche pas à se dissimuler ou à se justifier par
elle-même mais qui reste simplement à le regarder et l’adorer, notre démarche
serait grandement facilitée.
La fin du passage de l’évangile de Luc nous donne la suite logique ceux
qui ont eu la simplicité de se présenter tels qu’ils sont au Seigneur
le suivent pour l’aider à annoncer la Bonne Nouvelle du Salut offert à
tous les hommes et femmes.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Militaire
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13 juin 2010
Fort Neuf de Vincennes
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Le pardon des péchés
Le pharisien qui a invité Jésus à déjeuner est scandalisé par l’intrusion
de cette femme de mauvaise vie dans sa maison et auprès de son hôte. A
ce moment là, il doute que Jésus soit un prophète car si c’était le cas,
il ne laisserait pas une telle personne l’approcher pour garder la pureté
rituelle ; les pharisiens étaient très attachés au respect de la
Loi de Moïse dans les moindres détails et notamment sur les préceptes
de pureté.
La réponse lui est donnée alors qu’il n’a pas exprimé de question, ainsi
il a la preuve que Jésus connaît les hommes et leurs pensées, il connaît
donc cette femme et qu’elle est pécheresse. Le Christ lui montre que lui,
le pharisien, obsédé par les lois de pureté, n’a pas respecté la loi de
l’hospitalité et que sa pureté et son amour de la Loi ne sont que superficiels.
Jésus va plus loin encore, en pardonnant la femme de tous ses péchés
il étonne et même scandalise les auditeurs : « Qui est-il
pour pardonner les péchés ! » Le pardon des péchés qui était
jusque là réservé à Dieu n’avait lieu qu’une fois par an pour l’ensemble
du Peuple, le jour du Yum kippour, lorsque le grand-Prêtre d’Israël pénétrait
dans le Saint des saints du Temple de Jérusalem pour prononcer le Nom
de Dieu donné à Moïse. Par contre le grand-Prêtre devait offrir des sacrifices
pour ses péchés avant les grandes célébrations.
En montrant que le regret de ses fautes est plus important que tous les
sacrifices offerts dans le Temple, Jésus montre le chemin que doit suivre
le croyant : chaque homme ou femme ne doit pas regarder sa vie par
rapport à une loi, fût-elle celle confiée à Moïse sur la montagne, mais
face à sa conscience. D’autre part, le Christ fait sentir au maître de
la maison qu’il ne faut pas s’attarder au péché mais considérer la personne ;
le jugement péremptoire que le pharisien porte sur la pécheresse est en
même temps une négation de la possibilité de la conversion et donc du
pardon.
Aux yeux du pharisien, les péchés de cette femme étaient trop nombreux
pour qu’elle puisse espérer le pardon, aux yeux du Fils seule la contrition
est importante ; en disant à la femme « tes péchés sont pardonnés »
il ne justifie pas sa vie antérieure mais il lui donne l’espoir de changer
de vie avec son aide car comme l’écrira saint Paul : « Où
le péché s'est multiplié, la grâce a surabondé ! » (Romains
(5,20)
Ainsi cette femme de mauvaise vie est donnée en exemple à tous les chrétiens
qui lisent cet évangile avec foi : chacun d’entre nous devrait prier
le Père de lui ressembler, non pas dans la vie qu’elle a menée mais dans
la sincérité de ses regrets et dans la confiance et l’amour qu’elle manifeste
au Fils ; comme elle nous recevrons l’espérance et l’Esprit Saint.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique du Fort Neuf de Vincennes
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16 juin 2013
Secteur Vermandois
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Devenir juste ?
Saint Paul, Apôtre des païens, prend ses distances vis-à-vis de la Loi
juive ; s’il respecte et reconnaît la justesse des ‘Dix Commandements’,
il met en garde contre les explications et développements postérieurs
qui enferment la Loi dans un réseau inextricable de prescriptions strictement
humaines. Une petite incise dans le texte nous rappelle que c’est par
l’interprétation de cette Loi que le Christ a été condamné à mort !
La Loi est affirmée comme subsidiaire à la foi en Jésus Christ :
c’est une conséquence et non une origine. Aucun être humain ne peut devenir
juste parce que c’est un don du Père. C’est le péché du premier couple
qui entend devenir à l’égal du Dieu qui les a créés (cf. Genèse 3) ;
c’est également le péché des habitants de Babel qui voulaient construire
une tour pour entrer par effraction dans le Royaume de Dieu (cf. Genèse
11) Cette volonté de se ‘passer de Dieu’, d’obtenir le Salut éternel
uniquement par nos propres efforts, ne s’est pas éteinte après Adam et
Eve, ni après la ruine de Babel, elle a toujours été présente dans les
tentations qui se sont présentées à l’humanité au cours des siècles.
Ce serait tellement plus facile s’il s’agissait simplement d’obéir aveuglément
à une loi, de prier cinq fois par jour ou de faire tel ou tel pèlerinage !
Rien de tel n’est demandé par Jésus lors de ses rencontres avec les pécheurs :
cette pécheresse qui vient en pleurant oindre les pieds de Jésus avec
un parfum onéreux et les essuyer avec ses cheveux s’entend dire :
« Tes péchés sont pardonnés » et également : « Ta
foi t’a sauvée, va en paix ! » Ce n’est pas l’acte qu’elle
a fait ou le prix de l’onguent qui la sauve mais la raison pour laquelle
elle l’a fait : la foi en Jésus.
Jésus lui-même transgresse la Loi en laissant cette femme le toucher,
cette faute scandalise son hôte qui se met à douter : « Si
cet homme était prophète… » Patiemment, le Christ explique au
pharisien que la Loi passe derrière l’amour : le Père aime cette
femme même si elle ne respecte pas les commandements qu’Il lui a donnés,
cela ne veut pas dire qu’Il cautionne ce qu’elle fait mais par son pardon
sans contrepartie, Il l’invite à une vie nouvelle : par la foi elle
peut partir en paix avec elle-même. Peut-être recommencera-t-elle à péché,
Jésus invite Pierre à pardonner jusqu’à soixante-dix-sept fois à celui
qui pêche humainement contre lui (cf. Matthieu 18,21-22) combien plus
le Père pardonnera-t-il à ses enfants !
Seul Dieu est juste, le centurion près de la croix était inspiré par
l’Esprit lorsqu’il s’exclame : « Sûrement, cet homme était
un juste ! » (Luc 23,47) le croyant par la foi en Jésus
Christ mort et ressuscité reflète la ‘Justice de Dieu’. La Justice
de Dieu n’est pas un tribunal qui juge mais un signe supplémentaire de
l’amour du Père qui nous rend justes. Lorsque nous réalisons cela, la
loi ne nous est plus étrangère : « Car la parole est tout
près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes
en pratique ! » (Deutéronome 30,14)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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12 juin 2016
Secteur Vermandois
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n°878
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Amour de Dieu – Amour de soi
Dans tous ses discours, le Christ montre que l’amour est premier. Le
seul commandement qui nous est donné est « Tu aimeras le Seigneur
ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà
le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend
toute la Loi, ainsi que les Prophètes. » (Matthieu 22,37-40)
La ‘femme pécheresse’ qui pleure aux pieds de Jésus montre beaucoup
d’amour envers cet homme ; la raison de ses larmes n’est pas précisée,
pleure-t-elle du bonheur d’être auprès de cet homme dont les paroles font
comprendre l’esprit des Ecritures et le sens profond de la Loi de Moïse ?
Pleure-t-elle sur sa vie gâchée par une existence dissolue qui n’a sans
doute pas été choisie ? Toujours est-il qu’elle ne demande rien à
Jésus, elle se contente d’être là près de lui et de pleurer.
Le pharisien qui a invité Jésus à sa table est offusqué de cette intrusion :
cette femme n’aurait-elle pas dû rester à sa place, que vient-elle perturber
le repas ; sa présence même est un scandale et le Maître ne réagit
pas face à cette femme qui est manifestement une fille de mauvaise vie.
Contrairement à toute attente, le Christ ne rabroue pas la femme, mais
à partir des gestes qu’elle a accomplis, il montre les manquements aux
lois de l’hospitalité de son hôte, le mettant ainsi en situation d’infériorité
par rapport à elle.
Le pharisien voulait augmenter sa propre notoriété en invitant celui
qui est considéré comme un prophète ; il désirait être envié des
habitants de la ville : en acceptant son invitation, Jésus reconnaissait
devant toute la ville son importance et sa justice. Il n’est guidé que
par l’amour de lui-même. La femme, au contraire, n’est guidée que par
l’amour qu’elle manifeste, elle n’a rien à faire du qu’en-dira-t-on !
Ainsi en est-il de notre propre relation au Christ. En invitant Dieu
le Fils à venir en nous, par la prière ou par la communion à son Corps,
l’accueillons-nous avec amour ou bien ne voyons-nous que notre intérêt
personnel ? Le pharisien n’a pas prévu d’eau pour les pieds de son
hôte, la femme a prémédité son geste en achetant un parfum de prix. La
préparation que nous faisons pour accueillir le Christ est le signe de
notre amour pour lui, de notre foi. Aménager un ‘coin prières’
est déjà une prière, une marque de notre amour.
Si nous sommes près du Christ, sans rien dire, sans rien demander, simplement
être là avec dévotion, nous entendrons ses paroles : « Tes
péchés sont pardonnés. » et aussi : « Ta foi t’a
sauvée. Va en paix ! » Nous repartirons remplis de l’amour
du Christ et, comme les Douze, nous serons prêts ‘accompagner Jésus
dans l’annonce de la Bonne Nouvelle’.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
administrateur des paroisses de Nesle et Athies
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