10 juin 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°1016
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Frères et sœurs d’adoption
Des scribes font le voyage de Jérusalem jusqu’à Capharnaüm pour interroger
Jésus. Ils ont entendu parler de sa réputation de prédicateur et des miracles
qu’il fait autour de lui, mais ils pensent qu’il est possédé par un démon.
En effet, il dit qu’il peut pardonner les péchés (cf. Marc 2,4-12) ;
il mange avec des pécheurs impurs (cf. Marc 2,16-18) ; il justifie
de travailler le jour du Sabbat (cf. Marc 2,23-28). Jésus se défend en
montrant qu’il serait tout à fait illogique et impossible qu’il pût à
la fois faire le bien et prêcher le mal.
Ce plaidoyer ‘pro domo’ est encadré par deux allusions concernant
les proches de Jésus :
- « Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir
de lui, car ils affirmaient : ‘Il a perdu la tête.’ » (v.21)
- « Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors,
ils le font appeler. » (v.31)
Ils craignent que ses actes et ses déclarations n’entraînent pour lui
des exactions ou des sévices physiques, voire même une condamnation à
mort par lapidation pour blasphème et sacrilège (cf. Lévitique 24,14).
La réponse de Jésus n’est pas un désaveu de sa famille terrestre, il
rappelle simplement sa mission : amener tous les hommes à réaliser
qu’ils sont enfants du Père céleste pour qu’ils puissent prendre les moyens
pour vivre cet état de fils et filles de Dieu, frères et sœurs du Fils,
héritiers avec lui du Royaume qui est promis à tous. La seule prière qu’il
enseigne à ses disciples n’est-elle pas le ‘Notre Père’ ?
Lorsque nous réalisons que nous sommes les enfants bien aimés du Père,
faire sa volonté n’est pas une obligation, cela s’impose de soi-même,
non pas comme un commandement extérieur, une loi, mais comme un élan impérieux :
« En effet, annoncer l’Evangile, ce n’est pas là pour moi un motif
de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je
n’annonçais pas l’Evangile ! » (1Corinthiens 9,16)
Jésus Ressuscité dit aux saintes femmes : « Soyez sans crainte,
allez annoncer à mes frères... » (Matthieu 28,10) Sa Résurrection
est l’aboutissement de notre adoption et nous aussi, nous devons ‘Allez
dire à ses frères’…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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9 juin 2024
Maison Marie-Thérèse
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n°1389
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Jugement péremptoire
Les discours et enseignements de Jésus paraissent tellement en décalage
pour les habitants de Capharnaüm qui ne le connaissent que comme le « fils
de charpentier » (cf. Marc 6,3) qu’ils « vinrent pour
se saisir de lui, car ils affirmaient : ‘Il a perdu la tête’. »
(Marc 3,21). Ces voisins qui le voyaient tous les jours jusqu’à ce qu’il
ait atteint l’âge de trente ans (cf. Luc 3,2) c’est-à-dire un âge suffisamment
avancé pour que ses commentaires sur la foi et la pratique des commandements
puissent être écoutés en particulier dans les synagogues. L’explication
que donnent ces témoins des miracles est simple : il a passé une
alliance avec Béelzéboul – autrement dit le Diable – et en conséquence
de cet accord, il est devenu fou !
Jésus met ses détracteurs en face de leur incohérence : comment
Satan pourrait-il agir contre lui-même ? Ce serait de l’autodestruction !
S’il est véritablement animé par Satan, ne devrait-il pas tourmenter les
hommes et femmes plutôt que de les délivrer de l’emprise du démon ?
Dans son développement, Jésus élargit son propos passant de l’expulsion
d’esprits mauvais et des guérisons miraculeuses des malades au pardon
des péchés. Il sous-entend que cela procède de la même force et que lui-même
peut aussi bien redonner la santé que d’accorder le pardon.
Les personnes de la ville où Jésus a grandi et où il a vieilli sont tellement
effrayées par son comportement que, dans un second temps, elles avertissent
sa mère et sa famille proche pour qu’elles viennent le ramener à une juste
raison et qu’il arrête d’agir d’une façon aussi provocante et insensée.
D’ailleurs des scribes n’ont-ils pas fait le long chemin depuis Jérusalem
pour mettre la population en garde contre ses discours ?
« Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent
l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » (1Samuel 16,7)
Jésus ne s’arrête pas aux liens du sang, ce qui compte n’est pas l’entourage
génétique, seule la proximité spirituelle est importante à ses yeux :
les plus proches de lui sont ceux qui lui sont semblables, ceux qui cherchent
à mettre la volonté du Père en pratique. Lorsque ses Apôtres lui demanderont
comment prier il leur indiquera cette demande qui vient immédiatement
après les phrases d’adoration : « Que ta volonté soit faite
sur la terre comme au Ciel ! »
Ce passage d’évangile est riche en enseignements pour tous les âges et
pour toutes les époques. Chacun de nous est prompt à juger les interprétations
diverses de la Parole et à classifier les personnes que nous côtoyons.
Tel aspect de la réflexion de la foi, telle application pratique de l’Evangile
nous paraîtra plus ou moins insensé, plus ou moins à l’inverse de ce qu’il
faut faire. Dans ces cas-là ne sommes-nous pas à la place de ceux qui
estimaient que le Christ avait perdu la tête parce qu’ils ne comprenaient
pas son discours ? « Un seul est à la fois législateur et
juge, celui qui a le pouvoir de sauver et de perdre. Pour qui te prends-tu
donc, toi qui juges ton prochain ? » (Jacques 4,12) Reconnaissons
Celui qui nous sauve et nous pardonne nos péchés pour avoir la force de
faire la volonté de Dieu et de la mettre en pratique tous les jours de
notre vie.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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