27 février 2011
Fort Neuf de Vincennes
Retour en haut de la page
|
Nul ne peut servir deux maîtres !
Cette remarque de Jésus à ses disciples prend un sens très actuel dans
notre époque où l’argent est devenu premier, avant toute autre chose.
Les mouvements populaires qui se soulèvent dans certains pays ont une
partie de leur origine dans le détournement des richesses par des dirigeants
sans scrupules au détriment des peuples. Pour conserver leurs avantages
et privilèges, ces dirigeants n’hésitent pas à recourir aux massacres
aveugles des foules et aux exécutions de ceux qu’ils appellent des émeutiers.
Ceci est pour la face visible de cet avertissement du Christ ; n’en
est-il pas de même à des niveaux plus petits ? Chacun d’entre nous
a rencontré des personnes prêtes à tout pour une promotion jusqu’à discréditer
leurs collègues en médisant voire calomniant. Nous-mêmes avons-nous toujours
échappé à ce travers ?
Il n’y a pas que l’argent qui peut devenir premier dans l’esprit humain.
Nous constatons qu’à Noël les crèches sont devenues folkloriques :
elles sont partout mais vidées de leur sens profond, l’Incarnation du
Fils de Dieu. L’enfant y est placé dès la confection des vitrines, avant
même le début de l’Avent ! Seules les festivités, les ripailles et
les cadeaux sont perçus par la plupart des gens, y compris des personnes
qui s’estiment chrétiennes. La fête religieuse disparaît derrière une
palissade de réjouissances païennes dérapant quelquefois vers le paillard !
Les solennités de Pâques, de l’Ascension et de la Pentecôte ne sont plus
reçues que comme des week-ends prolongés pour que nous puissions nous
échapper en oubliant l’importance de la vigile pascale, événement central
de la foi chrétienne, dont l’assemblée est malheureusement clairsemée.
Les loisirs supplantent l’approfondissement et la pratique de la foi,
les parents préfèrent que leurs enfants fassent de la danse, du karaté
ou du football plutôt que de leur faire recevoir l’éducation chrétienne
qui leur est due.
La maxime « Dieu premier servi » a disparu, les maîtres
de nos vies sont devenus les apparences, les loisirs et l’argent, objets
de jouissances immédiates qui ne nécessitent pas de réflexions.
Chacun d’entre nous a un rôle essentiel à jouer dans ce contexte, nous
devons – en tant que chrétiens – affirmer notre foi par l’exemple :
« Montre-moi ta foi sans les oeuvres; moi, c'est par les oeuvres
que je te montrerai ma foi. » (Jacques 2,18) Nous devons considérer
l’argent et les loisirs pour ce qu’ils sont : accessoires, même s’ils
peuvent être utiles et bienfaisants, ils ne peuvent pas devenir premiers
dans la vie d’un croyant.
Nous devons montrer par notre fréquentation régulière des Sacrements
de la Communion et de la Réconciliation et par notre vie fidèle à l’Evangile
que nous avons reçu, que nous avons en dépôt et que nous devons transmettre
à nos contemporains
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
|
2 mars 2014
Secteur Vermandois
n°732
Retour en haut de la page
|
Serviteurs de Dieu
Dès le début de sa lettre saint Paul a mis en garde contre un attachement
personnel à tel ou tel prédicateur : les uns et les autres se revendiquant
de Paul, d’Apollos ou de Képhas (cf. 1Corinthiens 1,12) Ils forment ainsi
des coteries qui s’opposent et se disputent. Saint Paul rappelle qu’il
ne doit pas en être ainsi dans une communauté chrétienne qui devrait être
exemplaire d’union, tournée d’un seul cœur vers le Christ.
Les chrétiens s’exprimant dans l’église locale selon les dons que Dieu
a mis en chacun ne doivent pas être jugés mais écoutés, en contrepartie
ils doivent aussi écouter et respecter d’autres opinions. C’est sur ce
domaine que se méritera la confiance : chaque croyant agissant sous
la mouvance de l’Esprit, dans la prière et selon sa conscience indiquera
à toute l’assemblée le chemin qui conduit au Père par le Fils qui est
« Le chemin, la vérité et la vie. » (cf. Jean 14,16)
grâce à l’Esprit qui inspire chaque homme sincère : « ne
vous inquiétez pas d’avance de ce que vous aurez à dire, mais dites ce
qui vous sera donné à l’heure même ; car ce n’est pas vous qui parlerez,
mais l’Esprit-Saint » (Marc 13,11)
Les dissensions n’ont pas cessé pour autant, le livre des Actes des Apôtres
en rapporte quelques-unes en particulier les désaccords entre Pierre et
Paul – pour deux Apôtres prééminents – à propos de l’admission de non-juifs
dans les communautés chrétiennes. La résolution de la crise s’est faite
par l’assemblée des Apôtres et des Anciens dans laquelle est prise la
décision finale avec la formule surprenante : « L’Esprit
Saint et nous-mêmes avons décidé que… » (cf. Actes 15,28) Cela
démontre que les décisions de l’Eglise locale ou de l’Eglise Universelle
sont inspirées par l’Esprit lorsqu’elles sont prises par une assemblée,
sous la houlette de son pasteur, digne de confiance et qui se considère
comme servante de Dieu.
Au soir du Jeudi Saint, après avoir lavé les pieds de ses Apôtres, Jésus
leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur
n’est pas plus grand que son Seigneur, ni l’apôtre plus grand que Celui
qui l’a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que
vous les pratiquiez. » (Jean 13,16-17) Dans nos communautés actuelles,
la modestie doit être de mise dans nos actions : ce n’est pas nous
que nous annonçons mais le Père, le Fils et l’Esprit. Gardons dans nos
pensées ce que Jésus dit : « Vous de même, quand vous avez
fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : Nous sommes des serviteurs
inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire. » (Luc 17,10)
Ayant ainsi acquis la confiance de nos contemporains nous pourrons être
des témoins de l’amour de Dieu pour tous les hommes.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
|
26 février 2017
Paroisses Nesle & Athies
Retour en haut de la page
n°924
|
Moi, je ne t’oublierai pas
Face aux assauts incessants de ses ennemis et à la déportation de son
élite, Israël a l’impression que le Seigneur l’abandonne, qu’il n’est
plus le Dieu des Armées (Sabaot) chanté par les Psaumes. Pour faire
comprendre au prophète qu’il est toujours avec son Peuple, Dieu lui propose
une comparaison avec l’amour maternel : si une mère ne peut oublier
l’enfant qu’elle a porté, combien plus Dieu sera-t-il présent à ceux qui
font partie de son Peuple.
Les avanies qui arrivent au pays d’Israël ne sont dues qu’à sa perversité
à rechercher des coalitions politiques plutôt que de faire confiance à
Dieu tout-Puissant qui lui indique la voie à suivre par ses prophètes.
L’Exil à Babylone n’est pas un châtiment divin, il est la conséquence
des agissements de la classe dirigeante de Jérusalem et des mauvais choix
qu’elle a pu faire dans ses alliances avec les pays voisins.
Pour libérer de l’esclavage en Egypte le Seigneur dit à Moïse, un descendant
d’Abraham : « Va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu
feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. » (Exode
3,10) Pour délivrer de la captivité à Babylone, Dieu inspire un païen,
le roi de Perse, qui reconnait l’action de Dieu : « Le Seigneur,
le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre ; et il
m’a chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem, en Juda. » (Esdras
1,2)
Ainsi, que ce soit par l’intermédiaire d’une personne qui fait partie
de son Peuple ou d’une autre qui lui est étrangère, le Seigneur n’oublie
pas son Peuple et vient le délivrer : « il se souvient de
son amour, de la promesse faite à nos pères » (Luc 1,54) « Afin
que, délivrés de la main des ennemis, nous le servions dans la justice
et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours. »
(Luc 1,74-75)
Comme le peuple d’Israël asservi par l’Egypte et captif à Babylone, j’ai,
moi aussi, besoin d’être libéré de l’esclavage du péché et de la prison
de mon égoïsme. Malgré les aléas de cette vie, j’ai confiance que le Seigneur
est toujours présent à mes côtés : « Dieu, dans le passé,
a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours
où nous sommes, il nous a parlé par son Fils » (Hébreux 1,1b-2a)
Aujourd’hui encore, l’enseignement du Fils, transmis et expliqué par l’Eglise,
me permet de progresser – quelques fois à petits pas, d’autres fois à
pas de géant – dans le Royaume.
La méditation fréquente de l’Ecriture et la participation régulière aux
Sacrements provoquent une aspiration vers le Père par le Fils dans l’Esprit
Saint : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ
qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans
la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. »
(Galates 2,20)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
|