23 février 2003
Forces Armées de Guyane
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Paralysé, porteur et guérisseur
Cet évangile du paralytique qui est descendu par la terrasse devant Jésus
est tout à fait évocateur de la vie du chrétien. Sans négliger le miracle
qui a eu lieu à Capharnaüm, nous pouvons tirer des leçons pour notre quotidien.
En premier lieu, je suis paralysé par le péché. Je ne peux pas de moi-même
aller sur le chemin du Christ, il me faut des béquilles ou des porteurs.
Lorsque je cherche la route qui conduit à Dieu, je rencontre des témoins
qui vont me mettre sur la piste. Cela peut être des grands saints connus
de l’Eglise ou bien des personnes croisées par hasard qui seront évangélisateurs
quelquefois même sans le savoir. Ainsi je peux discerner les signes qui
baliseront le passage vers la vraie Vie.
Ensuite, je fais partie de ces porteurs qui vont aider celui qui en a
besoin, qui vont donner le petit coup de main nécessaire pour que quelqu’un
se mette en marche. Eux aussi ont une foi solide, en descendant le paralysé
par le toit, ils savent qu’il n’aura plus besoin d’eux pour sortir, ils
sont certains de la guérison. Leur tâche accomplie, ils disparaissent,
l’évangile ne parle plus d’eux. Ainsi en est-il lorsque j’aide une personne
à découvrir le Christ, cette personne n’est pas ma possession, ce n’est
pas mon converti, je n’ai pas à en tirer une gloriole personnelle :
je ne suis qu’un serviteur inutile.
Enfin, je suis aussi le Christ, par mon Baptême l’oint de Dieu, je peux
aussi dire à celui qui en ressent le besoin : mon fils tes péchés
sont pardonnés. En annonçant ainsi la Bonne Nouvelle car je sais que
l’homme est pardonné par le sacrifice ultime du Fils Unique de Dieu. Je
peux le dire, même si je n’avais pas le pouvoir de l’absolution car le
péché est pardonné dès qu’il est commis, la réconciliation, le fait que
je marque mon désir d’accepter ce pardon de Dieu est une démarche postérieure.
Ce miracle de Jésus dans un petit village de Palestine, est en plus le
signe de l’appel de Dieu adressé à tous les chrétiens de se reconnaître
faibles, d’annoncer l’Evangile gratuitement et de faire prendre conscience
aux hommes et aux femmes de l’amour du Père.
père JeanPaul Bouvier
Aumônier catholique des Forces Armées en Guyane
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22 février 2009
Brigade Franco-Allemande
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Une première avance !
Le passage de l’épître aux Corinthiens qui est proposée ce dimanche finit
sur ces termes : « Dieu nous a fait une première avance sur
ses dons : l’Esprit qui habite en nos cœurs ! » Cette
phrase permet de méditer sur notre réception de ce don.
L’Esprit Saint nous est donné de façon certaine dans les Sacrements que
nous recevons, en particulier ceux qui changent le croyant ; ils
sont appelés Sacrements à caractère ; ce sont les Sacrements
du Baptême, de la Confirmation et de l’Ordre, et ils ne peuvent être donnés
qu’une seule fois. Ils conditionnent également la réception des autres
Sacrements.
Ces dons sont, s’ils sont mis en valeur par ceux qui les ont reçus, permettent
de vivre dès à présent dans l’espérance de ce qui est promis à tous les
hommes : le Salut et la vision de la Gloire éternelle du Père par
le Fils dans l’Esprit. C’est dans ce sens que saint Paul les présente
comme une première avance.
Cette expression est la conclusion d’une démonstration de saint Paul
où il développe l’idée de suivre le Christ en étant comme Lui, entièrement
‘oui’ à la volonté de Dieu, en disant ‘amen’ avec le Fils.
Il ne s’agit pas d’une obéissance sans réflexion, mais d’une obéissance
consentie, l’amen est une acceptation libre et voulue du projet que Dieu
propose à l’humanité : être en pleine communion avec Lui. Le croyant
qui affirme ainsi par son ‘amen’ son adhésion à la volonté divine
s’engage à participer à la construction d’un monde conforme à cette volonté.
L’Esprit qui est donné dans cette avance n’est pas un dépôt statique,
c’est un moteur qui permet de vivre en chrétien, de suivre le Christ chacun
en fonction de ses capacités et des talents que Dieu a mis en lui. Chaque
individu, à sa façon propre, est révélation de l’amour de Dieu non pas
pour une humanité prise globalement mais pour chaque homme et chaque femme
pris individuellement.
Le croyant ne peut pas attendre passivement ce que cette avance annonce,
mais il désire profondément de tout son être en profiter dès maintenant
et en faire profiter tous les hommes, ses frères.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse militaire
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19 février 2012
Fort Neuf de Vincennes
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Confesser la foi
Les scribes sont scandalisés des paroles de Jésus qui dit pardonner les
péchés du paralysé ; leur réflexion est tout à fait justifiée :
seul Dieu peut pardonner les péchés et, pour eux, il n’y a devant eux
qu’un homme ordinaire, peut-être un prophète parlant au nom de Dieu mais
pas plus. Il n’y a que le Grand-prêtre qui a le pouvoir d’appeler le pardon
de Dieu pour le peuple le jour du Grand Pardon, le seul jour de l’année
où il entre dans le Saint des Saints du Temple pour être face-à-face avec
Dieu comme Moïse l’était sur la Montagne.
Le miracle qui suit le pardon a pour but de montrer aux assistants que
la parole de Jésus a l’efficacité de la Parole de Dieu lors de la Création :
« Dieu dit… Et cela fut ! » (cf. Genèse 1) En disant
au paralytique : « Lève-toi » et que cela se réalise,
Jésus révèle que la première parole est tout aussi accomplie que la seconde
et, en même temps, il dévoile sa divinité. Cette façon de révéler sa divinité
à tous n’est pas moins forte que la Transfiguration dont les Apôtres Pierre,
Jacques et Jean seront les témoins (cf. Marc 9)
Jésus confie la gestion de ce pouvoir de pardonner les péchés qui n’appartient
qu’à Dieu à ses Apôtres et à leurs successeurs : « En vérité
je vous le dis: tout ce que vous lierez sur la terre sera tenu au ciel
pour lié, et tout ce que vous délierez sur la terre sera tenu au ciel
pour délié. » (Matthieu 18,18) Le Christ lui-même à travers les
paroles du prêtre dit : « Et moi, je te pardonne tous tes
péchés. » (formule sacramentelle)
Comme ce paralytique qui ne pouvait venir seul jusqu’à Jésus, le chrétien
a besoin de l’aide de ses frères pour aller jusqu’à Lui. Jésus constate
leur foi et non pas seulement la foi du paralysé. Les Sacrements et, en
particulier celui du pardon, se célèbrent grâce à la foi de l’Eglise toute
entière. C’est l’étymologie même du mot ‘confession’ : dire
la foi avec les autres ; c’est avec toute l’Eglise que je dis ma
foi pour demander le pardon de mes péchés.
Etre aidé comme le paralytique ou bien aider comme ceux qui le portent,
sont deux aspects qui se chevauchent dans la vie chrétienne : avoir
l’humilité d’être celui qui a besoin des autres ou avoir le courage d’aider
sans esprit de récompense sont deux voies qui nous permettent d’aller
vers le Père guidés par le Fils.
Le miracle de la guérison n’est rien à côté du miracle de l’amour du
Père qui a envoyé son Fils pour que nous soyons avec Lui. La lecture de
ce passage de l’Evangile nous invite à manifester notre foi de toute notre
force afin que les témoins puissent eux aussi « rendre gloire
à Dieu, en disant : ‘Nous n’avons jamais rien vu de pareil’ »
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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