20 février 2011
Fort Neuf de Vincennes
n°521
Retour en haut de la page
|
Tu aimeras ton prochain comme toi-même !
Cette phrase qui est mise habituellement dans la bouche de Jésus au cours
de ses prédications est prescrite par Dieu à Moïse lors de leurs rencontres
sur la montagne. Ce n’est donc pas une révolution qui est annoncée par
l’Evangile mais un rappel des préceptes fondamentaux de l’enseignement
donné tout au long de l’histoire du Peuple de Dieu.
Le discours de Jésus va plus loin en invitant à aimer jusqu’aux ennemis,
non pas dans un esprit ‘tout le monde il est beau, tout le monde il
est gentil’ mais pour montrer la spécificité du chrétien. Tous les
hommes aiment leurs semblables, le chrétien aime tous les hommes et par
sa façon de vivre en société, il leur annonce la Bonne Nouvelle du Salut.
Mais amour n’est pas permissivité ! Le livre du Lévitique précise
en même temps à ne pas hésiter pour réprimander les membres de ce peuple.
Jésus demande à ce nous allions voir ceux qui pêchent pour les détourner
de leur péché, seul d’abord, puis en cas d’insuccès à deux ou trois, enfin
devant la communauté (cf. Matthieu 18,15-17) Aimer son prochain ne signifie
pas le laisser faire ce qu’il veut : ce serait alors de l’indifférence
et non pas l’amour qui nous est demandé.
La frontière entre ingérence et correction fraternelle est ténue, dans
chaque cas le chrétien demande à l’Esprit Saint qu’il a reçu au Baptême
et à la Confirmation la conduite à tenir pour ne pas outrepasser ce qui
est juste. La parabole de la paille et de la poutre (cf. Matthieu 7,3-7)
est d’une grande aide pour ne pas reprocher aux autres mes propres péchés.
Ce qui est vrai à l’échelon personnel l’est aussi pour les communautés
civiles ou religieuses : l’Eglise est dans son rôle prophétique lorsqu’elle
rappelle que l’Homme doit être premier dans les décisions du monde. Tout
ce qui dévalorise l’humanité ou qui touche à l’intégrité de la personne
doit être condamné avec force d’où que vienne cette dévalorisation. En
reconnaissant les péchés de ses membres, l’Eglise montre que la perfection
n’est pas encore de ce monde, mais qu’elle y aspire par les efforts de
conversion qu’elle entreprend aidée par la grâce du Père.
C’est grâce au pardon que nous pouvons nous convertir, sans lui nous
ne pourrions que tourner en rond dans notre péché. Le pardon est une des
spécificités du christianisme : le Père pardonne aux hommes par le
sacrifice de son Fils ; en nous faisant participer à ce sacrifice
Il nous invite à exprimer ce pardon dans toute notre vie, en particulier
envers nous-mêmes. Si nous savons accepter le pardon de Dieu avec humilité
et sincérité, nous pourrons pardonner aux autres et ainsi les aimer tels
qu’ils sont plutôt que de chercher à les faire entrer dans un moule qui
ne pourrait leur convenir.
« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! »
(Matthieu 3,48) En sachant pardonner, aux autres comme à moi-même, je
serai sur la voie de la perfection.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
|
23 février 2014
Secteur Vermandois
n°731
Retour en haut de la page
|
Vous êtes le Temple de Dieu
Comme la ‘Tente de la Rencontre’ que Moïse avait construite pendant
l’Exode selon les ordres de Dieu, le Temple de Jérusalem est la demeure
de Dieu ; il a pris possession de la première comme du second en
l’envahissant par la Nuée au point que les prêtres ne pouvaient plus rester
à l’intérieur de l’enceinte ni y faire de sacrifices tant elle emplissait
le sanctuaire (cf. Exode 40,35 ; 1Rois 8,10) Dieu est unique dit
le premier commandement (cf. Deutéronome 6,4) pour les juifs il ne peut
y avoir qu’un unique Temple : celui de Jérusalem érigé à l’endroit
que Dieu a choisi.
Dans ce contexte, la parole de saint Paul est extrêmement forte :
il affirme qu’il existe un temple différent alors qu’il a été formé par
les meilleurs maîtres pharisiens comme il le précise lui-même : « je
suis Juif, né à Tarse en Cilicie ; mais j’ai été élevé dans cette
ville-ci [Jérusalem], et instruit aux pieds de Gamaliel dans la
connaissance exacte de la loi de nos pères » (Actes 22,3) Un
temple immatériel composé de la communauté des croyants. L’Esprit Saint
inspire l’ensemble de la communauté et il inspire individuellement chacun
des croyants.
Le Fils est présent dans ce temple spirituel comme il l’a promis à ses
disciples : « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon
nom, je suis au milieu d’eux. » (Matthieu 18,20) Cette promesse
est réaffirmée après la Résurrection : « Je suis avec vous
tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » (Matthieu 28,20) Le
Temple de Jérusalem était limité dans l’espace, les sacrifices et holocaustes
ne pouvaient être offerts que dans ce lieu, le temple spirituel est partout
où se trouvent ceux qui appartiennent au Christ : « Vous-mêmes,
comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle,
un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables
à Dieu par Jésus-Christ. » (1Pierre 2,5)
Les paroles de Jésus Christ, Fils du Père et celles de ces deux Apôtres
n’ont pas vieilli, depuis près de deux mille ans elles ont construit l’Eglise,
ce nouveau temple spirituel où est constamment offert l’unique Sacrifice
du Fils. Les hommes et les femmes qui composent cette Eglise sont pécheurs
mais ils cherchent sincèrement Dieu, Père, Fils et Esprit dans l’Ecriture :
« Ce commandement que je te prescris aujourd’hui n’est certainement
point au-dessus de tes forces et hors de ta portée. Il n’est pas dans
le ciel, pour que tu dises : Qui montera pour nous au ciel et nous
l’ira chercher, qui nous le fera entendre, afin que nous le mettions en
pratique ? Il n’est pas de l’autre côté de la mer, pour que tu dises :
Qui passera pour nous de l’autre côté de la mer et nous l’ira chercher,
qui nous le fera entendre, afin que nous le mettions en pratique ?
C’est une chose, au contraire, qui est tout près de toi, dans ta bouche
et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. » (Deutéronome
30,11-14) afin de pouvoir être « Parfaits comme votre Père céleste
est parfait ! » (Matthieu 5,48) comme le Christ le demande
à ses disciples
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
|
19 février 2017
Paroisses Nesle & Athies
Retour en haut de la page
n°923
|
Ne pas haïr son frère dans son cœur !
Beaucoup de chrétiens pensent que l’apologie de l’amour ne se trouve
que dans l’Evangile par les paroles que Jésus prononce : « Aimez-vous
les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 13,34) mais
aussi lorsqu’elles sont relayées par ses disciples : « Mais
celui qui a de la haine contre son frère est dans les ténèbres. »
(1Jean 2,11) Ces chrétiens ne retiennent de l’Ancien Testament que la
‘loi du Talion’ : « œil pour œil, dent pour dent,
main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure,
meurtrissure pour meurtrissure. » (Exode 21,24-25)
Les dix commandements sont pourtant déjà très explicites sur le rapport
entre les hommes ; seulement les trois premiers décrivent la dévotion
qui est due à Dieu, les sept autres préceptes concernent l’attitude que
le croyant doit avoir vis-à-vis de son semblable en demandant le respect
des personnes et des biens d’autrui.
Dans le souci de bien appliquer le décalogue dans la vie courante, le
livre des Lévites, écrit par la classe sacerdotale, entre dans le détail
de chacun des commandements (Lévitique 19) mais il ne se contente pas
de l’aspect extérieur, c’est une attitude intérieure qui est demandée.
En particulier, il me demande de chasser toute haine contre mon frère
dans mon cœur ! Il est – presque – facile de dissimuler
le ressentiment que je peux porter à une personne, mais enlever cela de
mon cœur est beaucoup plus difficile !
Dans mes prières quotidiennes avec les mots que Jésus a laissés à ses
disciples, comment puis-je demander le pardon comme je pardonne aux autres
sans avoir quelques scrupules parce que je sais pertinemment que je suis
incapable de pardonner ‘dans mon cœur’ avec sincérité ? Serais-je
hypocrite ? Mais en prononçant cette phrase avec foi, je compte sur
la force de l’Esprit que le Père m’envoie pour progresser dans cette voie
de l’amour du prochain. Encore faut-il être attentif aux paroles que je
dis et ne pas ânonner des expressions sans en méditer le sens profond.
Cette constatation n’est ni défaitiste ni déprimante, elle nous invite
à faire confiance au Père qui a envoyé Fils pour nous donner le Saint-Esprit,
nous sauver du péché et de nous-mêmes comme le rappelle le disciple :
« Si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur,
et il connaît toutes choses. » (1Jean 3,20) Dieu connaît notre
faiblesse et pour y remédier il nous offre sa force pour appliquer le
principe d’aimer son prochain.
Aimer l’autre, c’est aussi ne pas le laisser s’enfermer dans l’erreur
ou le péché mais le reprendre avec amour, sans haine et sans rancune.
En montrant à mes frères et sœurs que Dieu les aime tels qu’ils sont mais
qu’il les appelle à mieux, je renforcerai ma propre foi et je répondrai
plus librement et plus spontanément à la mission que le Père me confie.
Le Fils ne nous a-t-il pas dit : « Vous serez parfaits comme
votre Père céleste est parfait. » (Matthieu 5,48)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
|
23 février 2020
Paroisses Nesle & Athies
Retour en haut de la page
n°1131
|
Soyez parfaits !
Les pères et les mères seraient des parents indignes s’ils ne souhaitaient
pour leur enfants ce qu’il y a de meilleur dans tous les domaines que
ce soit au niveau des finances (qui vient malheureusement souvent en premier),
de la sociologie, de la profession, de la famille, etc… Mais peu se soucient
de l’épanouissement personnel de ceux à qui ils ont donné la vie. Le Seigneur
agit de manière plus aimante encore avec l’humanité : « Si
donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos
enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux
qui le lui demandent ! » (Matthieu 7,17)
« Le Verbe s’est fait chair » (Jean1,14), dans son corps,
le Verbe connaît les limites de l’homme et ses faiblesses naturelles ;
le Christ a vécu les tentations et la force qu’elles exercent sur ses
frères (cf. Matthieu 4,1-11) ; le Fils Eternel a accepté l’assaut
des personnes qui ne voyaient en lui qu’un thaumaturge capable de les
guérir ou de les nourrir ; Jésus a été accusé de blasphème lorsqu’il
a dit qui il était…
Aussi quand il demande à ses disciples « Vous donc, vous serez
parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Matthieu 5,48)
Jésus sait parfaitement qu’ils vont considérer qu’il leur demande l’impossible !
Mais, en bon pédagogue, il a préparé cette demande par une relecture de
la lettre des commandements pour en dévoiler l’esprit : ‘il vous
été dit…. Et moi je vous dis…’ L’esprit de la Loi n’est autre que
l’amour du prochain. N’est-ce pas également tout à fait impossible à l’échelle
humaine ?
Pour être ‘parfaits comme notre Père céleste est parfait’,
il faut vivre pleinement l’amour. Les deux autres lectures et le Psaume
bibliques de ce dimanche en font une constante incontournable. Saint Paul
dans cette même première épitre aux Corinthiens écrit une hymne à l’amour
(cf. 13,1-8) pour ses lecteurs et pour les générations à venir.
Saint Jean est encore plus sévère lorsqu’il affirme : « Si
quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine
contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son
frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici
le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il
aime aussi son frère. » (1Jean 4,20-21)
Les textes de ce dernier dimanche avant le Carême nous donnent une bonne
indication pour définir les efforts que nous pourrions faire pendant ce
temps liturgique : redécouvrir l’amour du Père pour tous les êtres
humains, hommes, femmes, enfants quels qu’ils soient et quels que soient
leurs parcours…
« Eh bien ! Moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et
priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de
votre Père qui est aux cieux. » (vv.45-46a) Voilà le vrai commandement !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
|