27 janvier 2002
Forces Armées de Guyane
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n°133
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Moi, j’appartiens à Paul…
J’appartiens à Apollos…
Lorsque Paul écrit aux corinthiens, en 53 ap.JC , moins de vingt ans
se sont écoulés depuis la mort et la résurrection du Christ Jésus. Pourtant
des dissensions se révèlent déjà dans les communautés chrétiennes.
Des groupes - e forment en fonction des personnes qui les ont amenés
à la foi et baptisés. Paul se félicite d’ailleurs, dans un autre passage
de cette lettre, de n’avoir baptisé que deux membres de l’Eglise de Corinthe
ainsi personne ne peut se revendiquer de lui, car, rappelle-t-il, c’est
au nom du Christ Jésus que tous ont été baptisés.
Dans notre Eglise même, pour ne pas dire dans notre communauté, de telles
assertions sont entendues : «Moi, j’appartiens à l’Action Catholique»
(et il y a des options différentes), «Moi, au Scoutisme» (avec des subdivisions),
«Moi, aux charismatiques» (là aussi plusieurs tendances)… et je ne prétends
pas faire une recension exhaustive.
Comment prêcher l’union des chrétiens lorsque l’Eglise catholique est
divisée, certes sur des points de détail puisque la foi est la même, par
des courants prêts à s’excommunier mutuellement.
Il est logique que notre approche de Dieu nous semble la meilleure, mais
il est illogique que nous estimions avoir la seule. Prenons les évangélistes,
ils racontent les mêmes événements avec des accents différents ;
nous pouvons sentir si tel ou tel passage est écrit par Matthieu, juif,
collecteur d’impôts, par Marc, secrétaire consignant les prédications
de saint Pierre, par Luc, grec, ayant fait une enquête préalable auprès
de témoins ou encore Jean, jeune à l’époque des événements qui en fait
une relecture mystique et théologique. Pourtant tous annoncent la Bonne
Nouvelle et notre foi est fondée sur leurs écrits…
Aujourd’hui encore des personnes vont annoncer l’évangile avec leur propre
sensibilité : notre réticence à adhérer à des célébrations catholiques
d’autres cultures prouve que nous ne comprenons pas bien l’appellation
universelle du message du Christ ; il s’adresse à tous les hommes,
comme ils sont. Nous préférons l’orgue aux sistres et aux tam-tams, mais
la louange de Dieu s’arrête-t-elle à ces considérations.
L’important n’est-il pas d’amener l’homme au Christ ?
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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23 janvier 2005
Garnison d'Angers
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n°253
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Catastrophe naturelle
Le monde est profondément marqué par le tremblement de terre de l’océan
indien suivi d’un terrible raz de marée qui a provoqué la mort ou la disparition
de nombreux êtres humains. Les épidémies et l’insalubrité qui découlent
des eaux stagnantes augmenteront encore le nombre des victimes.
Face à des événements de ce type, l’homme se sent démuni et si la solidarité
s’est immédiatement mise en place, elle est quelquefois mal appropriée
à la situation. Les associations caritatives sont les mieux équipées pour
répondre aux besoins directs et d’une façon adéquate aux conditions locales.
Les gestes de soutien ne sont pas seulement constitués de versements
d’argent, même s’ils sont indispensables. La portée de la présence, que
les isolés ne se sentent pas abandonnés, que leur détresse ne tombe pas
dans un oubli indifférent, est tout aussi importante. Un groupe de personnes
venu se mettre au service des autres manifeste une solidarité plus tangible
que des chiffres abstraits.
Ce qui est vrai pour les victimes de ces catastrophes est vrai aussi
des isolés qui sont autour de nous. Sachons avoir la présence nécessaire
auprès des personnes qui nous sont proches, autant que auprès de ceux
qui sont loin.
JeanPaul Bouvier
Aumônier de la Garnison d’Angers
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23 janvier 2011
Fort Neuf de Vincennes
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n°517
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L’unité des chrétiens !
La lecture du passage de la première épître aux Corinthiens de saint
Paul est particulièrement significative pendant cette semaine où il est
demandé par toutes les branches du christianisme de prier pour l’unité.
En effet, déjà du temps de saint Paul, des discordes se font sentir dans
l’Eglise naissante ; chaque communauté se revendique d’un prédicateur,
en l’occurrence Pierre, Paul ou Apollos.
Depuis cette époque de fondations, chaque église locale a développé ses
propres spécificités et y tient mordicus transformant tout échange en
un dialogue de sourds ce qui entraîne des schismes voire des hérésies
dans la doctrine de la foi. Le meilleur exemple en a été la querelle stérile
du ‘Filioque’ qui a séparé pendant neuf siècles les églises de
langue grecque des églises de langue latine qui se sont excommuniées mutuellement
alors qu’elles n’ont aucune différence de foi.
L’Assemblée de Jérusalem (cf. Actes des Apôtres 15) met à jour des différences
entre ceux qui désirent que les convertis suivent strictement la Loi de
Moïse et ceux qui estiment que le Baptême chrétien n’exige rien d’autre
que la foi en Jésus-Christ Sauveur. De même les vingt et un Conciles œcuméniques
ont été suivis de séparations de fraction de l’Eglise plus ou moins importantes.
Ces différentes dissensions historiques ne doivent pas nous faire oublier
que l’unité commence par chacun de nous. Seul le Fils unique du Père détient
la Vérité, chaque chrétien l’a reçu en totalité par son Baptême mais n’en
maîtrise qu’une partie plus ou moins grande suivant ses capacités et les
dons que le Seigneur a mis en lui. Cette semaine consacrée à la prière
pour l’unité des chrétiens appelle chaque disciple de Jésus-Christ à une
grande humilité en constatant que les frères – dits séparés – sont avant
tout des frères dans la foi.
La désunion dans l’Eglise du Christ aune conséquence directe dans l’annonce
de la Bonne Nouvelle du Salut : comment convertir des hommes et des
femmes en critiquant d’autres chrétiens voire sa propre église ?
N’est-ce pas le reproche que nous entendons constamment sur l’inadéquation
entre la pratique cultuelle et la pratique humaine et sociale ?
Ce temps de prière pour l’unité des chrétiens est avant tout pour une
personne se revendiquant du Christ un appel à la conversion : l’Eglise
est UNE comme tous les chrétiens la proclament dans le ‘Credo’
mais chacun d’entre nous a sa propre conception de ‘son’
église et confond l’Eglise UN(i)E avec l’Eglise UN(iqu)E. Dans d’autres
lettres saint Paul compare l’Eglise à un corps composé de différents membres
ayant des fonctions qui leur sont propres (cf. Romains 12 ; 1 Corinthiens
12…) L’unité commence par le respect et l’écoute des autres chrétiens :
ils ont aussi leur part dans l’annonce de l’Evangile. Jésus ne dit-il
pas à ses Apôtres : « Qui n'est pas contre nous est pour nous. »
(Marc 9,40)
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier de Vincennes
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26 janvier 2014
Secteur Vermandois
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n°727
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Venez derrière moi !
Pierre et André, Jacques et Jean connaissent leur métier, ils savent
que ce n’est certainement pas pour le bien des poissons qu’ils jettent
leurs filets ; comment comprennent-ils cette proposition du Seigneur
de devenir des pêcheurs d’hommes ? En tirant les poissons hors de
l’eau, ils les condamnent à mort. Serait-ce la même chose pour les hommes ?
Pourtant, ils décident de se mettre à la suite de Jésus apparemment sans
hésitation.
Cette métaphore prend un autre sens lorsque nous nous souvenons que,
dans la symbolique juive, la mer représente le domaine du mal, la demeure
du Léviathan ; Jésus montre sa puissance divine en comandant à la
mer : « Alors il se leva, menaça les vents et la mer, et
il y eut un grand calme. » (Matthieu 8,26) et elle n’existera
plus dans le monde futur puisque les hommes y seront en présence de Dieu :
« Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car
le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était
plus. » (Apocalypse 21,1)
Les quatre pêcheurs que Jésus appelle à sa suite, n’ont sans doute pas
compris immédiatement qu’il leur demandait de sauver les hommes du mal
et du péché d’une façon similaire à ce qu’ils faisaient en sortant les
poissons de la mer ; ce n’est que plus tard qu’ils ont pu percevoir
la portée de l’appel qu’ils avaient reçu ce jour-là.
Le choix de Jésus ne s’arrête pas à des pêcheurs : il appelle aussi
parmi ses Apôtres le publicain Matthieu (cf. Matthieu 9,9) le ‘collabo’
des romains, Simon, l’émeutier zélote et Judas qui le trahira, tous hommes
différents, n’ayant rien en commun qui arrivent à vivre ensemble animés
par le désir de suivre le Christ.
Nous sommes dans la même situation que ces Apôtres : le Seigneur
nous appelle tels que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts, notre
enthousiasme et nos lourdeurs, nos similitudes et nos différences et ensemble
nous lui rendons un témoignage de foi : il n’y a que le Fils du Père
qui puisse faire venir derrière Lui tant d’hommes et de femmes tellement
opposés mais également animés par l’Esprit qui nous donne la force et
les moyens d’annoncer l’Evangile.
Il ne suffit pas d’entendre le Christ nous dire « Viens derrière
moi » encore faut-il que nous laissions ce que nous faisons et
que nous écoutions l’enseignement qu’il nous donne dans sa Parole comme
ces hommes qui l’ont suivi et écouté lorsqu’il enseignait dans les synagogues.
La diversité de ces Apôtres montre que le message du Christ est à la portée
de tous et que tous peuvent le transmettre autour d’eux.
L’appel de Jésus : « Venez derrière moi ! »
(Matthieu 4,19) est complété par la promesse : « Ne vous
inquiétez ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz :
ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même. » (Matthieu
10,19)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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22 janvier 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°918
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Pêcheurs d’hommes
Les Juifs contemporains de Jésus utilisaient la technique de la pêche
à l’épervier, c'est-à-dire un filet carré relativement petit à mailles
moyennes. Le filet était jeté dans la mer et rapporté à bord en formant
une sorte de poche où les poissons étaient pris au piège. Puis revenus
à terre les pêcheurs triaient les poissons et nettoyaient les filets en
les réparant si besoin était. La barque et le filet étaient les outils
de travail, le gagne-pain, de ces hommes.
Au surprenant appel de Jésus « Venez à ma suite, et je vous ferai
pêcheurs d’hommes. » (v.19) Simon-Pierre, André, Jacques et Jean
laissent ce qu’ils étaient en train de faire et pour les deux derniers,
ils abandonnent même leur père et ils rejoignent cet étrange prédicateur
qui subjugue les foules par son interprétation des Ecritures.
Qu’attendaient ces hommes de cette invitation ? Que comprenaient-ils
de ces paroles ? Pêcher des poissons, c’est aussi les faire mourir.
Lorsqu’ils pêcheront des hommes ceux-ci mourront-ils ? D’une certaine
façon oui : les personnes qui accepteront avec joie d’être ‘prises
dans le filet de la Bonne Nouvelle’ passeront par la mort et la Résurrection
du Christ avec la grâce du Baptême : « Vous tous que le baptême
a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. » (Galates 3,27)
Ces quatre pêcheurs avaient l’habitude de jeter le filet et de rapporter
tout ce qui avait été pris. Devenus Apôtres, ils ‘jetteront’ l’Evangile
à destination de tous sans distinction et amèneront à Dieu ceux que cette
prédication aura ‘accrochés’ et qui seront attirés par ce message
d’amour qui vient du Père par le Fils dans l’Esprit. La différence majeure
est que si le poisson ne choisit pas d’être pris, l’homme adhère librement
à l’annonce et s’engage à suivre celui qui est « le Chemin, la
Vérité et la Vie. »
Aujourd’hui encore, le Christ appelle à le suivre sur les chemins de
la vie en partant de ce que nous savons faire mais en le transformant
radicalement : ces Apôtres savaient apporter du poisson à terre ils
deviennent ceux qui savent amener des hommes au Royaume. Dieu le Fils
me demande de considérer ce que je sais faire et de le mettre au service
de l’Evangile afin de l’annoncer avec les moyens de notre temps.
Deux choses sont indispensables pour mener à bien cette mission.
- La première est de faire confiance à Celui qui m’appelle directement
ou par la voix de son Eglise ;
- la seconde est de vivre dans un esprit dévoué à la prière pour être
sûr que j’agis inspiré par le Seigneur et non pas de mon propre chef.
Je serai alors un apôtre dans le monde contemporain.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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26 janvier 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1127
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L’uniformité nuit à l’unité
La deuxième lecture nous montre que dès le premier siècle, des groupes
s’organisent en fonction des personnes qui sont venues à eux pour annoncer
l’Evangile. Saint Paul fustige cette pratique : ce qui est important
ce n’est pas le prédicateur que ce soit Apollos, Pierre ou Paul ou encore
un autre, l’essentiel c’est le message délivré : la rédemption des
hommes par le Christ mort pour nos péchés et ressuscité dans la Gloire
du Père.
Les coteries ne sont pas illégitimes dans la mesure où elles ne sont
pas exclusives. En effet, il est tout à fait louable de se revendiquer
de son origine et de sa formation à condition d’accepter que d’autres
personnes puissent avoir des origines et formations différentes. L’annonce
de l’Evangile ne consiste pas à convaincre les autres de croire et de
pratiquer de façon identique à la mienne mais d’amener chacun d’entre
eux à rencontrer personnellement le Christ. Ensuite, chaque homme et chaque
femme trouveront, par la grâce de l’Esprit Saint, le groupe dans lequel
il ou elle trouvera la spiritualité qui lui est le mieux adaptée.
L’annonce de l’Evangile dépend de la manière dont la personne le proclame,
la réception dépend de la façon dont la personne l’entend, mais dans les
deux cas c’est l’action de Dieu à travers les actions et les paroles de
chacun en fonction de ce qu’il est : « Tout le monde évidemment
n’est pas apôtre, tout le monde n’est pas prophète, ni chargé d’enseigner ;
tout le monde n’a pas à faire des miracles, » (1Corinthiens 12,29)
mais chacun a une place unique dans l’Eglise de Dieu et c’est de cela
qu’elle tire sa grandeur.
Le Baptême et la Confirmation ne forment pas un moule dont sortiraient
des chrétiens rigoureusement identiques (formatés dirait-on aujourd’hui)
mais au contraire ils donnent la liberté du discernement pour s’engager
sur la voie qui mène vers le Christ Sauveur.
Nos communautés – comme le groupe des Apôtres – sont constituées de gens
si différents qu’il serait impossible de les réunir autrement que dans
l’unité de la foi en Jésus-Christ mort et Ressuscité. Cette diversité
de personnes et de groupes dans nos assemblées est quelquefois source
de conflits, comme dans l’église de Corinthe, alors qu’elle devrait être
une action de grâces supplémentaire, un émerveillement devant l’amour
du Père pour tous ses enfants.
L’exclusion d’individus ou de ‘clans’ est un péché : un des rôles
de la communauté est de veiller à ce que le plus petit bourgeon puisse
éclore et s’épanouir dans sa relation au Christ en l’accompagnant dans
la compréhension et dans l’application concrète de l’appel qui lui est
fait par le Seigneur. Chaque façon de vivre la foi est bonne si elle se
fait dans une communauté et pour elle dans le respect de tous.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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