7 avril 2007
Brigade Franco-Allemande
n°311
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Eveille-toi, ô toi qui dors
Que se passe-t-il ? Aujourd’hui grand silence sur la terre ;
grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre
a tremblé et elle s'est apaisée, parce que Dieu s'est endormi dans la
chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort
dans la chair et le séjour des morts s'est mis à trembler.
C'est le premier homme qu'il va chercher, comme la brebis perdue.
Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l'ombre
de la mort. Oui, c'est vers Adam captif, en même temps que vers Eve captive
elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer
de leurs douleurs.
Le Seigneur s'est avancé vers eux, muni de la croix, l'arme de sa
victoire. Lorsqu'il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine
dans sa stupeur, s'écria vers tous les autres: « Mon Seigneur avec nous
tous! » Et le Christ répondit à Adam: « Et avec ton esprit ». Il le prend
par la main et le relève en disant: Eveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi
d'entre les morts, et le Christ t'illuminera.
« C'est moi ton Dieu, qui, pour toi, suis devenu ton fils; c'est moi
qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par
ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les chaînes: Sortez. A ceux
qui sont dans les ténèbres : Soyez illuminés. A ceux qui sont endormis:
Relevez-vous.
« Je te l'ordonne: Eveille-toi, ô toi qui dors, je ne t'ai pas créé
pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d'entre les
morts: moi; je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi,
mon semblable qui as été créé à mon image. Eveille-toi, sortons d'ici.
Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.
« C'est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils; c'est
pour toi que moi, le Maître, j'ai pris ta forme d'esclave ; c'est pour
toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous
de la terre ; c'est pour toi, l'homme, que je suis devenu comme un homme
abandonné, libre entre les morts; c'est pour toi, qui es sorti du jardin,
que j'ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j'ai été crucifié dans
un jardin.
« Vois les crachats sur mon visage; c'est pour toi que je les ai subis
afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur
mes joues: je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la
restaurer à mon image.
« Vois la flagellation sur mon dos, que j'ai subie pour éloigner le
fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement
clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le
bois.
«Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté,
à cause de toi qui t'es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as
donné naissance à Eve Mon côté a guéri la douleur de ton côté; mon sommeil
va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait
vers toi.
« Lève-toi, partons d'ici. L'ennemi t'a fait sortir de la terre du
paradis; moi je ne t'installerai plus dans le paradis, mais sur un trône
céleste. Je t'ai écarté de l'arbre symbolique de la vie; mais voici que
moi, qui suis la vie, je ne fais qu'un avec toi. J'ai posté les chérubins
pour qu'ils te gardent comme un serviteur; je fais maintenant que les
chérubins t'adorent comme un Dieu. .../...
« Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le
lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les
demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts
et le royaume des cieux est prêt de toute éternité. »
Homélie ancienne pour le Samedi Saint
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3 avril 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°469
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Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?
Lorsque nous faisons un pèlerinage à Jérusalem, nous allons visiter le
tombeau du Christ, le Saint Sépulcre, nous sommes dans la même situation
que les saintes femmes de l’évangile, une voix crie au fond de nous-mêmes :
« Il n’est pas ici ! »
De même, en visite à Turin lors de l’ostension du Saint Suaire, nous
sommes dans la même situation que Pierre qui allant au tombeau et qui
ne voit que le linceul.
Mais ces deux évènements se situent avant que le Christ se révèle lui-même
à ces témoins privilégiés, ensuite les saintes femmes et saint Pierre
comprendront ce qu’ils avaient vu, cette absence qui manifeste une nouvelle
présence.
Nous pouvons aller voir le Saint Sépulcre ou le Saint Suaire mais la
seule chose qui compte est que le Christ n’est pas là ; nous le rencontrons
tout particulièrement dans son Corps et dans son Sang lors de nos communions
ou de nos adorations eucharistiques et également dans tous les Sacrements
qu’il a donnés à son Eglise.
Un autre précepte du Christ nous montre une présence que le chrétien
ne peut ignorer : le prochain, l’homme ou la femme qui est proche
de nous et dont les demandes immédiates ne sauraient nous échapper. La
lecture de cet évangile de la Vigile pascale nous invite à imiter les
saintes femmes en allant annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui ont perdu
l’espérance, ceux qui ne voient que l’échec de leur aspiration à un monde
meilleur.
Loin de nous enfermer dans le Cénacle par peur des représailles comme
les disciples de Jésus, nous, disciples du Christ reconnu Fils du Père
éternel, nous sommes appelés à aller vers le monde pour relever l’homme
tombé, consoler l’affligé annoncer le pardon des pécheurs.
Ressuscités par le Baptême d’eau et d’Esprit qui est rénové dans la célébration
de Pâques, nous sommes les témoins de ce dont le monde à tant besoin :
l’espérance.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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30 mars 2013
Secteur Vermandois
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n°671
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Le projet de Dieu
Peu de paroisses (françaises ?) lisent les sept lectures de l’Ancien
Testament proposées par l’Eglise pour cette grande fête de la Vigile Pascale ;
elles se contentent la plupart du temps de lire celles qui sont données
comme ‘obligatoires’. Pourtant le choix a été fait avec soin pour
présenter l’ensemble du projet de Dieu qui amène le croyant jusqu’au mystère
de la Résurrection du Fils Unique.
Le récit de la Création en sept jours (Genèse 1,1-2,4) montre
l’être humain, créé homme ET femme à l’image de Dieu (v.27) comme l’achèvement
de la Création, et le chef d’œuvre effectué « Dieu vit que cela
était très bon » (v.31) Dans ce récit, c’est la Parole de Dieu
qui est efficace : « Dieu dit… et cela fut. » (vv.3.5.9.11.14.20.24.26)
Tous les jours Dieu nous recrée dans notre humanité grâce à cette Parole
vivifiante qui nous est transmise pour nous guider dans notre vie quotidienne.
Le sacrifice d’Isaac (Genèse 22,1-13.15-18) que Dieu demande à
son père Abraham préfigure le sacrifice du Fils au Père. Abraham croit
en Dieu et à l’accomplissement de la promesse, il ne refuse pas de lui
offrir son unique fils légitime, mais Dieu arrête son bras et lui fournit
un bélier comme holocauste. Le Père n’arrête pas l’homme lorsque celui-ci
crucifie le Fils parce que le Christ s’offre en un unique sacrifice perpétuel,
une fois pour toutes, par lequel il relève l’homme accablé par le péché.
Le passage de la mer rouge (Exode 14,15-15,17) libérant les hébreux
de l’esclavage d’Egypte évoque le passage par l’eau baptismale dans laquelle
les péchés sont pardonnés et l’homme est restauré dans la communion avec
le Père, configuré au Christ prêtre, prophète et roi (rituel du Baptême)
mais ce passage ne mène pas au désert il conduit vers les autres pour
leur annoncer la Bonne Nouvelle du Salut.
La constance de l’amour de Dieu (Isaïe 54,5-14) rappelle que Dieu
est toujours présent à son peuple même quand il semble la délaisser ;
il se présente comme l’époux qui n’oublie pas son épouse et qui forme
un couple fécond dont le Père instruit les enfants pour les guider vers
le bonheur. Ainsi lorsque l’Eglise se sent isolée, maltraitée, elle doit
se rappeler cette promesse de la présence du Père et se laisser instruire
par l’Esprit Saint sans se laisser effrayer par les circonstances avoisinantes.
Promesse du Messie (Isaïe 55,1-11) Le peuple de Dieu est appelé
à s’élargir, les nations viendront rejoindre les descendants d’Abraham
pour se mettre sous la férule d’un roi de la maison de David comme Dieu
lui a promis. La condition pour que cela se réalise est la conversion
et l’écoute de la Parole de Dieu qui, si elle est entendue d’un cœur pur,
renvoie vers Dieu et son amour dans une Alliance éternelle.
La venue de la Sagesse (Baruc 3,9.15.32-4,4) est annoncée par
le prophète comme une véritable présence parmi les hommes ; une Sagesse
qui « est le livre des commandements de Dieu » (v.4,1)
et « qui la suit ne mourra pas » (v.4,2) Ce passage
préfigure la venue du Règne de Dieu que le Fils présentera à ses disciples :
« Moi, je suis le pain vivant, descendu du ciel. Si quelqu'un
mange de ce pain, il vivra pour toujours. » (Jean 6,51)
Le don d’un cœur nouveau (Ezéchiel 36,16-17a.18-28) En montrant
la « Sainteté de son Saint Nom » Dieu purifiera son peuple
et les nations afflueront vers Lui car il mettra en eux son Esprit. La
mission de Jésus correspond à la réalisation de cette prophétie, lors
de sa première apparition comme Ressuscité à ses disciples : « Il
leur dit alors, de nouveau: "Paix à vous! Comme le Père m'a envoyé,
moi aussi je vous envoie." Ayant dit cela, il souffla et leur dit:
"Recevez l'Esprit Saint !" » (Jean 20,21-22)
Après toutes ces lectures, la liturgie prévoit de chanter le ‘Gloire
à Dieu’ pour les merveilles accomplies par Dieu au long des siècles
qui ont précédé la venue du Fils.
L’épître de saint Paul aux Romains (6,3b-10) développe l’idée
que nous sommes restaurés dans la communion avec le Père : le Fils
en devenant l’un de nous montre le chemin qui conduit à l’intimité avec
le divin ; en naissant d’une femme, il montrait la valeur de l’homme
aux yeux du Père ; en mourant sur la Croix et en ressuscitant, il
ouvre la porte du Règne de Dieu promis à tout homme appelé à ressusciter
avec lui. Par le Baptême nous sommes passés de la mort à la Vie.
L’évangile de saint Luc (24,1-12) a cette affirmation centrale :
« Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? Il n’est
pas ici, il est Ressuscité ! » (v.5-6a) Une invitation pour
les chrétiens à chercher le Fils du Père là où il est, condamnant ainsi
l’immobilisme et le passéisme : le chrétien va de l’avant vers la
Résurrection et sa vie en est transformée.
La liturgie de la Vigile Pascale est un concentré de l’amour que Dieu
porte à toute l’humanité : créée homme et femme à l’image de Dieu,
libérée de l’esclavage du péché, éduquée et purifiée par les révélations
faites aux prophètes, identifiée au Fils éternel par le Baptême, appelée
à ressusciter pour être en pleine communion avec le Père, le Fils et l’Esprit.
Au cœur de cette célébration, la liturgie baptismale nous permet de réaffirmer
notre engagement :
- Pour vivre dans la liberté des enfants de Dieu, rejetez-vous le péché
? Oui, je le rejette.
- Pour échapper au pouvoir du péché, rejetez-vous ce qui conduit au
mal ? Oui, je le rejette.
- Pour suivre Jésus Christ, rejetez-vous Satan qui est l’auteur du
péché ? Oui, je le rejette.
- Croyez-vous en Dieu, le Père tout-Puissant, créateur du ciel et de
la terre ? Oui, je crois.
- Croyez-vous en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui
est né de la Vierge Marie, a souffert la passion, a été enseveli, est
ressuscité d’entre les morts, et qui est assis à la droite du Père ?
Oui, je crois.
- Croyez-vous en l’Esprit Saint, à la sainte Eglise catholique, à la
communion des saints, au pardon des péchés, à la résurrection de la
chair, à la vie éternelle ? Oui, je crois.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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20 avril 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1078
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Ces propos leur semblèrent délirants.
Saint Luc mentionne nommément trois des femmes qui sont allées au tombeau
et qui l’ont trouvé vide, mais il ajoute que d’autres femmes étaient avec
elles et qu’elles portaient le même témoignage. Le livre du Deutéronome
(19,15) précisait : « Il ne suffira pas qu’un seul témoin
se lève contre un homme coupable d’un crime, d’une faute, d’un péché,
quels qu’ils soient. Pour instruire l’affaire, il faudra la déclaration
de deux ou trois témoins. » Il fallait donc que l’évangéliste
en citât au moins trois.
L’impossibilité de ce que ces femmes racontent est telle que les Onze
– et tous les autres – ne peuvent les croire ; ils pensent sans doute
que ces femmes se sont égarées, qu’elles se sont trompées de lieu, elles
ont vu un tombeau vide, mais ce ne pouvait pas être celui où le corps
du maître avait été déposé. Simon-Pierre se déplace mais n’en tire aucune
conclusion.
Quant à la vision de l’ange et de ses paroles : « Il n’est
pas ici, il est ressuscité », elles n’ont pu que l’imaginer dans
une espèce d’allusion collective, ou bien elles ont été le jouet d’un
mystificateur qui a abusé de leur peine et leur désarroi.
Pourtant cette annonce est bien l’essence même de la révélation chrétienne.
Le jour de la Pentecôte les Apôtres debout sur la terrasse du Cénacle
ne peuvent proclamer que : « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ;
nous tous, nous en sommes témoins. Elevé par la droite de Dieu, il a reçu
du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous, ainsi
que vous le voyez et l’entendez. […] Que toute la maison d’Israël le sache
donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus
que vous aviez crucifié. » (Actes 2,32-33.36)
‘Qui a raison un jour avant tout le monde passe pour un fou pendant
un jour.’ (Chamfort) Voilà ce qu’ont dû ressentir ces femmes que les
Apôtres ne croyaient pas. C’est aussi ce que nous ressentons lorsque nous
essayons de proclamer à notre tour cette révélation : « Il
est vivant, il est ressuscité »
L’incrédulité du monde matérialiste ne doit pas nous arrêter, ni nous
décourager, de répandre cette nouvelle. Parodiant sainte Bernadette nous
pourrions dire : ‘L’Esprit Saint me pousse à l’annonce, pas à
forcer à croire’
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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