7 juin 1998
Lycée Militaire d'Autun
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n°55
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Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Cette formule, souvent utilisée dans nos célébrations,
est une véritable profession de foi ; c'est même celle que
nous a donné Jésus Christ lui-même lorsqu'il dit à
ses disciples : " Allez donc, de toutes les nations faites des disciples,
les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et leur
apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. " (Mt
2,19).
De même, le jour de la Pentecôte, le discours que Pierre
adresse à le foule venue en pèlerinage annonce le même
mystère : " Et maintenant, exalté par la droite de
Dieu, il [Jésus] a reçu du Père l'Esprit Saint, objet
de la promesse et il l'a répandu. " (Ac 2,33)
De même, saint Paul utilise des formules trinitaires dans ses salutations
lorsqu'il écrit aux églises, dont la phrase reprise par
les catholiques au début et par les protestants à la fin
de leurs célébrations : " La grâce du Seigneur
Jésus Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient
avec vous tous ! " (2Co 13,13).
La question se pose donc de savoir si, nous aussi, nous utilisons de
telles formulations lorsque nous nous adressons à d'autres chrétiens.
Nous sommes peut-être trop timorés pour cela ! Mais qui pense
que l'apostrophe " Salut ", qui est populaire, est en fait un
souhait pour que l'interlocuteur soit conscient du Salut qui lui est offert
par la mort et la résurrection du Christ ; ou bien lorsque nous
faisons des " adieux ", nous nous donnons rendez-vous pour le
jour de la Résurrection ?
Ces expressions et mots, utilisés si souvent, ont perdu le sens
que le christianisme leur donnait . C'est de notre responsabilité
de chrétien baptisé et confirmé de savoir inventer
de nouvelles expressions qui ne soient pas édulcorées de
leur sens mais qui, au contraire, seront un signe, un témoignage
manifeste de notre appartenance au Christ.
Nous avons là un exemple de tradition vivante : si nous continuons
à utiliser des termes dénués de sens, notre foi se
videra également de sa substance. Il faut sans doute réapprendre
à faire confiance au Christ lorsqu'il intercède après
du Père pour nous donner l'Esprit.
" Au demeurant, frères, soyez joyeux, affermissez-vous ;
exhortez-vous. Ayez même sentiment, vivez en paix, et le Dieu de
la charité et de la paix sera avec vous. " (2Co 13,1)
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
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4 juin 2004
Bosnie Herzégovine
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n°225
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La Trinité divine
Symbole du XIème Concile de Tolède -7 novembre 675
Ce concile provincial ne réunit que dix-sept évêques. Lors de son
ouverture, le métropolitain Quiricius proposa un symbole de foi qui fut
adopté peu après et qui garde pour nous son importance. On y trouve les
pensées les plus profondes et les formules les plus dures sur les deux
principaux mystères du christianisme, la Trinité et 1'Incarnation. il
s'agit en fait d'emprunts aux décisions dogmatiques antérieures, surtout
celles du Vème concile de Tolède de 638 ; aux symboles, de foi, surtout
celui dit d'Athanase; et aux ouvrages des grands docteurs de l'Eglise,
Ambroise de Milan (v. 340-397) Hilaire de Poitiers (v. 315-367/368), Fulgence
de Ruspe (467-532), et particulièrement Augustin (354-430) La haute considération
dont a joui ce symbole dans la suite des temps en a fait un document dogmatique
très important. Il n'a été approuvé expressément ni par un concile œcuménique,
ni par un pape, mais la plupart de ses affirmations sont de foi.
Nous confessons et nous croyons que la sainte et ineffable Trinité,
Père, Fils et Saint Esprit, est un seul Dieu par nature, d'une seule substance,
d'une seule nature, ainsi que d'une seule majesté et puissance.
Nous professons que le Père n'est ni engendré ni créé, mais qu'il
est inengendré. Il ne tire son origine de personne ; de lui le Fils reçoit
sa naissance et le Saint Esprit sa procession. Il est donc lui-même source
et origine de toute la divinité. Il est aussi le Père de sa propre essence
et, de son ineffable substance, il a engendré ineffablement le Fils ;
et cependant il n'a pas engendré autre chose que ce qu'il est lui-même
Dieu [a engendré] Dieu, la lumière, la lumière. De lui est donc ((toute
paternité au ciel et sur la terre " [Ep 3, 15]
Nous affirmons aussi que le Fils est né de la substance du Père sans
avoir eu de commencement, avant les siècles, et cependant il n'a pas été
fait car ni le Père n'a jamais existé sans le Fils, ni le Fils jamais
sans le Père. Et cependant, le Père n'est pas du Fils comme le Fils du
Père, parce que le Père n'a pas reçu du Fils la génération, mais le Fils
l'a reçue du Père. Le Fils est donc Dieu issu du Père, mais le Père n'est
pas Dieu issu du Fils. Père du Fils, il n'est pas Dieu par le Fils. Celui-ci
est Fils du Père et Dieu par le Père. Le Fils est cependant égal en toutes
choses à Dieu, le Père, parce qu'il n'a jamais ni commencé ni cessé de
naître. Nous croyons aussi qu'il a une seule substance avec le Père. C'est
pourquoi on dit qu'il est homoousios au Père, c'est-à-dire de même substance
que le Père ; en grec en effet homo signifie un, et ousia substance ;
les deux mots joints font "une substance ". On doit croire que
le Fils a été engendré et qu'il est né non de rien ni d'une autre substance,
mais du sein du Père, c'est-à-dire de la même substance. Eternel est donc
le Père, éternel est le Fils. Si le Père a toujours été, il a toujours
eu un Fils, dont il était le Père c'est pourquoi nous confessons que le
Fils est né du Père sans commencement. Ce même Fils de Dieu, de ce qu'il
a été engendré du Père, nous ne l'appelons pas une partie de Sa nature
divisée, mais nous affirmons que le Père parfait a engendré son Fils parfait
sans diminution ni division, parce qu'il appartient à la divinité seule
de n'avoir pas un Fils inégal. Ce Fils est Fils de Dieu par nature, non
par adoption. Nous devons croire que le Père ne l'a engendré ni par volonté
ni par nécessité, car en Dieu aucune nécessité n'existe et la volonté
ne précède pas la sagesse.
Nous croyons aussi que l'Esprit Saint, qui est la troisième Personne
dans la Trinité, est Dieu, un et égal au Père et au Fils, de même substance
et aussi de même nature. Il n'est cependant ni engendré ni créé, mais
il procède de l'un et de l'autre, il est l'Esprit de tous deux. Nous croyons
aussi que l'Esprit n'est ni inengendré, ni engendré. Si nous le disions
inengendré, nous affirmerions deux Pères. Si nous le disions engendré,
nous semblerions prêcher deux Fils. Cependant, on ne dit pas qu'il est
seulement l'Esprit du Père, mais à la fois l'Esprit du Père et du Fils.
Il ne procède pas du Père vers le Fils ni ne procède du Fils pour sanctifier
les créatures, mais il apparaît bien comme ayant procédé à la fois de
l'un et de l'autre, parce qu'il est reconnu comme la charité ou la sainteté
de tous les deux. Nous croyons donc que le Saint Esprit est envoyé par
les deux, comme le Fils l'est par le Père. Il n'est pas considéré comme
moindre que te Père et le Fils, à la manière dont le Fils atteste qu'il
est moindre que le Père et l'Esprit Saint à cause de la chair qu'il a
prise.
Voici comment parler de la sainte Trinité : on doit dire et croire
qu'elle n'est pas triple, mais trine. On ne peut dire justement que la
Trinité soit en un seul Dieu, mais qu'un seul Dieu est Trinité. Dans les
noms des Personnes, qui expriment les relations, le Père est référé au
Fils, le Fils au Père, le Saint Esprit aux deux. Quand on parle des trois
Personnes en considérant les relations, on croit cependant en une nature
ou substance.
Nous n'affirmons pas trois substances comme nous affirmons trois Personnes,
mais une substance et trois Personnes. En effet, le Père est Père, non
par rapport à lui-même, mais par rapport au Fils. Le Fils est Fils, non
par rapport à lui-même, mais par rapport au Père. De même, le Saint Esprit
ne se réfère pas à lui-même, mais au Père et au Fils, parce qu'il est
appelé l'Esprit du Père et du Fils. De même, quand nous disons Dieu, nous
n'exprimons pas une relation à un autre, comme celle du Père au Fils ou
du Fils au Père ou du Saint Esprit au Père et au Fils. Dieu n'est référé
qu'à lui-même.
Si on nous interroge sur chacune des Personnes, nous devons confesser
qu'elle est Dieu. On dit que le Père est Dieu, que le Fils est Dieu, que
le Saint Esprit est Dieu, chacun en particulier ; cependant, ce ne sont
pas trois dieux, mais un seul Dieu. De même, on dit que le Père est tout-puissant,
que le Fils est tout-puissant, que le Saint Esprit est tout-puissant ;
cependant ce ne sont pas trois tout-puissants, mais un seul Tout-puissant,
comme nous professons une lumière et un principe. Nous confessons et nous
croyons que chaque Personne en particulier est pleinement Dieu et que
toutes trois sont un seul Dieu. Elles ont une divinité, une majesté, une
puissance unique, indivisée, égale, qui ne diminue pas en chacun et qui
n'augmente pas dans les trois. Elle n'est pas moindre quand chaque Personne
est appelée Dieu en particulier ; elle n'est pas plus grande quand les
trois Personnes sont appelées un seul Dieu.
Cette sainte Trinité, qui est un seul vrai Dieu, n'est pas hors du
nombre mais elle n'est pas enfermée dans le nombre. Dans les relations
des Personnes, le nombre apparaît ; dans la substance de la divinité,
on ne peut saisir ce qui est objet de nombre. Il y a donc indication de
nombre uniquement dans les rapports qu'elles ont entre elles, mais il
n'y a pas pour elles de nombre, en tant qu'elles sont elles-mêmes. Il
faut un nom de nature à cette sainte Trinité, tel qu'il ne puisse être
utilisé au pluriel dans les trois Personnes. Pour cela nous croyons ce
que l'Ecriture dit : " Grand est notre Seigneur et grande est sa
puissance, et sa sagesse n'a pas de nombre " (Ps 146, 51) Ce n'est
pas parce que nous disons que ces trois Personnes sont un seul Dieu, que
le Père est le même que le Fils ou que le Fils est le Père, ou que nous
pouvons dire que celui qui est le Saint Esprit est le Père ou le Fils.
Celui qui est le Fils n'est pas le Père, et celui qui est le Père n'est
pas le Fils, ni le Saint Esprit n'est celui qui est le Père ou le Fils.
Cependant, le Père est cela même qu'est le Fils, le Fils cela même qu'est
le Père, le Père et le Fils cela même qu'est le Saint Esprit, c'est-à-dire
un seul Dieu par nature. Quand nous disons que le Père n'est pas celui-là
même qui est le Fils, nous nous référons à la distinction des Personnes.
Mais quand nous disons que le Père est cela même qu'est le Fils, le Fils
cela même qu'est le Père, le Saint Esprit cela même qu'est le Père et
le Fils, nous exprimons que cela appartient à la nature ou à la substance
par laquelle Dieu est, parce qu'ils sont substantiellement un. Nous distinguons
les Personnes, mais nous ne divisons pas la divinité.
Nous reconnaissons donc la Trinité dans la distinction des Personnes.
Nous professons l'unité à cause de la nature ou substance. Ces trois sont
donc un comme nature, non comme Personne. Cependant il ne faut pas concevoir
ces trois Personnes comme séparables, puisque nous croyons qu'aucune n'a
jamais existé, n'a jamais accompli quelque œuvre ni avant l'autre ni après
l'autre ni sans l'autre. Elles sont inséparables en ce qu'elles sont et
en ce qu'elles font. Entre le Père qui engendre, le Fils qui est engendré
et l'Esprit Saint qui procède, nous ne croyons pas qu'il y ait eu quelque
intervalle de temps par lequel celui qui engendre aurait précédé un moment
l'engendré, ou l'engendré aurait manqué à celui qui engendre, ou le Saint
Esprit, en procédant, serait apparu comme venant après le Père et le Fils.
C'est pourquoi nous déclarons et croyons cette Trinité inséparable et
distincte. Nous parlons de trois Personnes, selon ce qu'ont défini nos
pères, pour qu'elles soient connues comme tel les, non pour qu'elles soient
séparées. Car si nous considérons ce que la sainte Ecriture dit de la
Sagesse : " Elle est la splendeur de la lumière éternelle "
(Sg 7, 26), de même que nous voyons la splendeur ne faire qu'un avec la
lumière inséparablement, de même nous confessons que le Fils ne peut être
séparé du Père. Comme nous ne confondons pas ces trois Personnes, dont
la nature est une et inséparable, aussi nous déclarons qu'elles ne sont
absolument pas séparables. Car la Trinité elle-même a daigné nous montrer
cela si clairement que, même dans les noms dont elle a voulu que chaque
Personne fût désignée, elle n'a pas permis qu'on comprenne l'une sans
l'autre : le Père en effet ne peut être connu sans le Fils et le Fils
n'est pas découvert sans le Père. La relation elle-même, dans sa dénomination
personnelle, empêche de séparer les Personnes et, quand elle ne les nomme
pas ensemble, elle les indique ensemble. Personne ne peut entendre l'un
de ces noms qu'il ne soit forcé de comprendre aussi l'autre. Ces trois
étant donc un et cet un étant trois, chaque Personne garde cependant sa
propriété. Le Père a l'éternité sans naissance. Le Fils, l'éternité avec
la naissance. Le Saint Esprit, la procession sans naissance, avec l'éternité.
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3 juin 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°321
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La Trinité
8. Nous croyons en un seul Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, créateur
des choses visibles - comme le monde où s'écoule notre vie passagère -
et des choses invisibles - comme les purs esprits qu'on nomme aussi les
anges -, et aussi créateur en chaque homme de son âme spirituelle et immortelle.
9. Nous croyons que ce Dieu unique est absolument un dans son essence
infiniment sainte comme dans toutes ses perfections, dans sa toute-Puissance,
dans sa science infinie, dans sa providence, dans sa volonté et dans son
amour. "Il est celui qui est", comme il l'a révélé à Moïse (Ex
3,14) ; et il est "Amour", comme l'Apôtre Jean nous l'enseigne
(1jn 4,8) : en sorte que ces deux noms, Etre et Amour, exprime ineffablement
la même divine réalité de Celui qui a voulu se faire connaître à nous,
et qui, "habitant une lumière inaccessible" (1Tm 6,16), est
en lui-même au-dessus de tout nom, de toute chose et de toute intelligence
créée. Dieu seul peut nous en donner la connaissance juste et plénière
en se révélant comme Père, Fils et Saint Esprit, dont nous sommes par
grâce appelés à partager, ici-bas dans l'obscurité de la foi et au-delà
de la mort dans la lumière éternelle, l'éternelle vie. Les liens mutuels
constituant éternellement les trois Personnes, qui sont chacune le seul
et même être divin, sont la bienheureuse vie intime du Dieu trois fois
Saint, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir à la mesure
humaine (Dei Filius ch.4 Concile Vatican I, 14 avril 1870). Nous rendons
grâce cependant à la bonté divine du fait que de très nombreux croyants
puissent attester avec Nous devant les hommes l'unité de Dieu, bien qu'ils
ne connaissent pas le mystère de la très sainte Trinité.
10. Nous croyons donc au Père qui engendre éternellement le Fils,
au Fils, Verbe de Dieu, qui est éternellement engendré, au Saint Esprit,
Personne incréée qui procède du Père et du Fils comme leur éternel amour.
Ainsi en les trois Personnes divines, "également éternelles et semblablement
égales" (symbole d'Athanase vers 450), surabondent et se consomment,
dans la surexcellence et la gloire propres à l'être incréé, la vie et
la béatitude de Dieu parfaitement un, et toujours "on doit vénérer
l'unité dans la Trinité et la Trinité dans l'unité
Paul VI (Iovanni-Battista Montini 1897-1978) pape de
1963 à 1978
Profession de foi Catholique
30 juin 1968
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30 mai 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°478
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La Sainte Trinité
Lorsque des chrétiens se réunissent pour prier Dieu, cela commence toujours
par le symbole chrétien par excellence : le signe de la Croix accompagné
des paroles « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. »
Malheureusement ce geste est souvent fait de façon automatique, plus ou
moins consciente, à la va-vite quelquefois à peine esquissé.
Pourtant lorsque nous faisons ce geste et disons ces paroles, nous faisons
une réelle profession de foi en soulignant l’égalité des trois Personnes
de la Trinité comme la Tradition de l’Eglise l’a toujours affirmé. Egalité
n’est pas identité ni même similitude. La paternité, l’incarnation ou
la spiritualité ne sont pas des attributs de Dieu mais réellement des
Personnes distinctes.
Le quatrième Concile du Latran (12ème œcuménique 11-30 novembre 1215)
répond aux doctrines hérétiques en publiant une profession de foi dès
le début de ses travaux : « Nous croyons fermement et nous
affirmons simplement qu'il n'y a qu'un seul vrai Dieu, éternel, immense
et immuable, incompréhensible, tout-puissant et ineffable, Père et Fils
et Saint Esprit ; trois Personnes, mais une essence, une substance ou
nature absolument simple ; le Père ne vient de personne, le Fils vient
du Père seul, et le Saint Esprit également de l'un et de l'autre. Sans
commencement, toujours et sans fin, le Père engendre, le Fils naît et
le Saint Esprit procède. Ils sont consubstantiels, semblablement égaux,
également tout-puissants, également éternels. » Depuis le début
de l’évangélisation, l’Eglise ne cesse d’affirmer ce principe essentiel ;
le quatrième Concile du Latran ne fait que rappeler en les développant
les implications du dogme catholique.
Rien de changé au XXIème siècle. Même parmi les fidèles les plus pratiquants,
le Père est perçu comme Dieu, le Fils et le Saint Esprit sont envisagés
comme des compléments de Dieu. Preuve en est lorsque nous récitons le
Credo, nous disons d’une traite : « Je crois en Dieu
le Père tout-Puissant » alors qu’il y a une séparation :
« Je crois en Dieu » ce qui est l’introduction développée
ensuite : « [Je crois au] Père tout-Puissant… [Je crois à]
son Fils Unique… Je crois en l’Esprit Saint… »
La fête célébrée le dimanche après la Pentecôte permet de mieux concevoir
ce grand mystère : la glorification du Fils dans la Résurrection
de Pâques entraîne à la glorification de l’Esprit dans le don de la Pentecôte
et conduit à la glorification du Père dans l’éternité. Cette glorification
ne dure pas seulement le temps d’une messe dominicale, pensons-y lorsque
nous traçons le signe de la croix, faisons-le ample et respectueusement.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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22 mai 2016
Secteur Vermandois
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n°875
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Ces trois Personnes sont un seul Dieu et non trois dieux. Les
trois ont une substance, une essence, une nature, une divinité,
une immensité, une éternité, et tout est un [en eux], là où l'opposition
constituée par les relations le permet. A cause de cette unité,
le Père est tout entier dans le Fils, tout entier dans le Saint
Esprit ; le Fils est tout entier dans le Père, tout entier dans
le Saint Esprit ; le Saint Esprit tout entier dans le Père, tout
entier dans le Fils. Aucun ne précède l'autre en éternité, ne dépasse
l'autre en grandeur, ne surpasse l'autre en puissance. De toute
éternité et sans commencement, le Fils a son origine du Père ; de
toute éternité et sans commencement, le Saint Esprit procède du
Père et du Fils » (Bulle "Cantate Domino"
d'Eugène IV – 4 février 1442)
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1 + 1 + 1 = 1 = 3
Posée ainsi, la foi chrétienne paraît impossible et irrationnelle. Mais
Dieu n’est pas une équation mathématique. La pédagogie de Dieu nous révèle
dès l’Ancien Testament que Dieu est Trinité : « le souffle
de Dieu planait au-dessus des eaux. » (Les mots souffle et esprit
sont identiques en hébreu) le IVème évangéliste parlant du
Verbe dit « le Verbe était Dieu. Il était au commencement
auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et
rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. » (Jean 1,1-3)
« Trois hommes étaient debout près d’Abraham » (Genèse
18,2) mais il s’adresse à eux par le mot « Seigneur »
(Genèse 18,3) au singulier.
Il nous faut rectifier l’équation sèche des nombres et avoir le regard
de la foi : le Père, le Fils et l’Esprit sont un seul Dieu en trois
personnes distinctes unies dans une parfaite communion qui n’est pas confusion.
Une difficulté vient du fait que dans le langage courant le mot ‘Dieu’
désigne fréquemment le Père. Même dans la proclamation de la foi, nous
lions « Je crois en Dieu le Père tout Puissant » alors
qu’il faudrait les détacher : « Je crois en Dieu »
et affirmer les paragraphes : « 1. Dieu le Père tout Puissant ;
2. Dieu le Fils ; 3. Dieu le Saint Esprit. » Le pape Paul
VI commençait ainsi sa profession de foi : « Nous croyons
en un seul Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, créateur des choses visibles
[…] et des choses invisibles […], et aussi créateur en chaque homme de
son âme spirituelle et immortelle » (30 juin 1968)
Une erreur profonde qui pourtant est fréquente serait de dire que le
Dieu est Père lorsqu’il crée, qu’il est Fils lorsqu’il s’incarne et qu’il
est Esprit lors il suscite les prophètes et les saints. Ce serait réduire
la Sainte Trinité à une espèce de ‘Fregoli’ divin qui changerait
de costume en fonction de son activité. La foi catholique affirme trois
Personnes distinctes dans la communion d’une même ‘substance’ divine.
Le Père, le Fils et l’Esprit sont également coéternels, existant dans
la même Gloire ‘avant la fondation du monde’ (cf. Jean 17,24) le
Fils est engendré non pas créé, l’Esprit procède du Père et/par le Fils
(cf. symbole de Nicée Constantinople) reprenant la condamnation faite
par l’évêque de Salamine, Epiphane (†403) : « Pour ceux qui
disent qu'il fut un temps où le Fils ou le Saint Esprit n'étaient pas,
ou qu'ils ont été créés du néant, ou qu'ils sont d'une autre substance
ou d'une autre essence ; ou ceux qui déclarent que le Fils de Dieu ou
le Saint Esprit sont soumis au changement ou à l'altération, ceux-là,
l'Eglise catholique et apostolique, notre mère et la vôtre, les anathématise. »
Ces méditations sur Dieu, Père, Fils et Esprit nous interrogent sur notre
propre conception de ce mystère. Faisons confiance à la Foi de l’Eglise.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
administrateur des paroisses de Nesle et Athies
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16 juin 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1088
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Confession ou Profession de la foi ?
Les premiers chrétiens étaient appelés les ‘confesseurs de la foi’ ;
aujourd’hui nous parlons plus facilement de ‘profession de foi’.
Quelle spécificité peut-il y avoir entre ces deux notions ? Pour
cela il est nécessaire de recourir à l’étymologie. Les deux prépositions
sont différentes : ‘co-’ qui signifie ‘avec’ comme
dans coopération ou compassion et ‘pro’ qui veut dire ‘devant’
comme dans proposition ou prologue. Le mot qui suit ces deux prépositions
vient du latin ‘fateor’ qui se traduit par avouer, reconnaître.
Ainsi confesser la foi, c’est l’affirmer avec les autres chrétiens et
professer la foi, c’est la proclamer devant la communauté.
Ainsi lorsque nous disons le symbole des Apôtres ou celui de Nicée le
dimanche, nous confessons la foi avec toute l’Eglise, mais à cette période
de l’année où des jeunes vont se présenter devant les communautés paroissiales
pour prendre à leur compte la promesse faite au jour de leur Baptême par
leurs parents, parrain et marraine ils professeront la foi de l’Eglise
qui leur a été transmise.
Cette foi de l’Eglise à laquelle nous adhérons s’exprime dans la célébration
de la messe autour d’une affirmation primordiale : « Je crois
en un seul Dieu » qui est ensuite déclinée en trois précisions,
Dieu-le Père, Dieu-le-Fils et Dieu-Esprit. Une seule Sainte Trinité en
trois personnes : « Le Père n'a été fait par personne, il
n'est ni créé ni engendré ; le Fils ne vient que du Père, il n'est ni
fait, ni créé, mais engendré ; le Saint Esprit vient du Père et du Fils,
il n'est ni fait, ni créé, ni engendré, mais il procède. Il n'y a donc
qu'un Père, non pas trois Pères ; un Fils, non pas trois Fils un Saint
Esprit, non pas trois Saints Esprits. Et dans cette Trinité il n'est aucun
avant ou après, aucun plus grand ou plus petit, mais les Personnes sont
toutes trois également éternelles et semblablement égales. Si bien qu'en
tout, comme on l'a déjà dit plus haut, on doit vénérer, et l'unité dans
la Trinité, et la Trinité dans l'unité. Celui donc qui veut être sauvé
doit croire cela sur la Trinité. » (Symbole d’Athanase – fin
du Vème siècle).
Le dimanche qui suit la Pentecôte propose une réflexion sur ce mystère
d’un seul Dieu en trois personnes pour que chaque chrétien puisse proclamer
la Foi en communion avec toute l’Eglise en ayant conscience de ce qui
est dit par ces mots. La récitation commune et régulière d’un même texte
pourrait entraîner une certaine distraction, même si ce texte est sacré.
La célébration solennelle de la Sainte Trinité doit réveiller notre attention
au contenu de cette affirmation de la foi pour que l’AMEN final
soit une réelle adhésion à ce qui vient d’être dit.
« Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves
et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait
de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! »,
c’est-à-dire : Père ! » (Romains 8,15)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
et Modérateur de la paroisse saint Radegonde
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12 juin 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1274
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Dieu Trinité
Cette formule, souvent utilisée dans nos célébrations, est une véritable
profession de foi ; c’est celle-là même que Jésus Christ nous a donné
lorsqu’il dit à ses disciples : « Allez ! De toutes
les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et
du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous
ai commandé. » (Matthieu 28,19-20).
De même, le jour de la Pentecôte, le discours que Pierre adresse à le
foule venue en pèlerinage annonce le même mystère : « Ce
Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé
par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis,
et il l’a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez.. »
(Actes 2,32-33)
De même, saint Paul utilise des formules trinitaires dans ses salutations
lorsqu’il écrit aux églises, dont la phrase reprise par les catholiques
au début et par les protestants à la fin de leurs célébrations : « Que
la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du
Saint-Esprit soient avec vous tous. » (2Corinthiens 13,13).
La question se pose donc de savoir si, nous aussi, nous utilisons de
telles formulations lorsque nous nous adressons à d’autres chrétiens.
Nous sommes peut-être trop timorés pour cela ! Mais qui pense que
l’apostrophe « Salut », qui est populaire, est en fait
un souhait pour que l’interlocuteur soit conscient du Salut qui
lui est offert par la mort et la résurrection du Christ ; ou bien
lorsque nous faisons des « adieux », nous nous donnons rendez-vous
pour le jour de la Résurrection ?
Ces expressions et mots, utilisés si souvent, ont perdu le sens que le
christianisme leur donnait . Il est de notre responsabilité de chrétien
baptisé et confirmé de savoir inventer de nouvelles expressions qui ne
soient pas édulcorées de leur sens mais qui, au contraire, seront un signe,
un témoignage manifeste de notre appartenance au Christ.
Nous avons là un exemple de tradition vivante : si nous continuons
à utiliser des termes dénués de sens, notre foi se videra également de
sa substance. Il faut sans doute réapprendre à faire confiance au Christ
lorsqu’il intercède après du Père pour nous donner l’Esprit.
« Enfin, frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection,
encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu
d’amour et de paix sera avec vous. » (2Corinthiens 13,11)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& Modérateur de Sainte Radegonde
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