18 juin 1995
Saint Charles de Monceau
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n°32
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Le Corps livré, le Sang Versé
Les textes d'aujourd'hui sont presque ceux du Jeudi Saint, fête
de l'institution de l'Eucharistie, seule la première lecture, de
l'Ancien Testament, change. Cette dernière évoque la figure
du roi Melkisédek, grand prêtre du Seigneur à Salem
(l'antique Jérusalem).
Il y a donc un lien très étroit entre le Jeudi Saint, la
Cène, et cette fête du Corps et du Sang de Notre Seigneur.
Si nous sommes attentifs aux paroles de la consécration, elles
ne se présentent pas comme la chair qui nous est donnée
à manger et le sang qui nous est donné à boire, elles
sont plus explicites : "Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps
livré pour vous."; Prenez et buvez-en tous, ceci est mon sang
versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés."
Il ne s'agit pas seulement du Corps et du Sang du Christ, il s'agit du
CORPS LIVRE et du SANG VERSE POUR NOUS. Cela change le sens même
des mots. Les chrétiens ne sont pas anthropophages comme l'ont
pensé certains romains aux premiers siècles, ce n'est pas
de la chair humaine ou du sang humain que nous recevons, c'est le Corps
et le Sang divins de Jésus-Christ.
Sous l'apparence du pain est du vin, nous recevons le sacrifice du Christ
de son corps livré et de son sang versé, nous communion
à la substance divine même. Comme le dit une des oraison
après la communion : "fais que nous devenions ce que nous
avons reçu", nous participons à la divinité
par notre communion.
Comme dans l'Eden où nos parents étaient sans dissimulation
devant Dieu, comme Moïse qui parlait face à face avec Dieu,
nous sommes dans la pleine vision de Dieu lorsque nous adorons le Saint
Sacrement, qu'il soit exposé ou dans la tabernacle, mais nos yeux
humains sont insuffisants pour y distinguer toute la gloire qui en émane,
il faut les yeux de la foi.
L'adoration doit nous renvoyer à notre vie courante, quotidienne,
rappelons-nous l'épître de Saint Jean : "Celui qui n'aime
pas son frère qu'il voit, est incapable d'aimer Dieu qu'il ne voit
pas". Alors l'adoration légitime que nous faisons à
toutes les messes, ou devant le Saint Sacrement, nous envoie en mission
: cette pleine vision de la gloire de Dieu dans la foi, nous entraine
à la pleine vision de l'Esprit qui est en nos frères images
de Dieu.
Pour nous aussi, il est important de nous souvenir que nous sommes "tabernacle"
du Christ, lorsque nous avons reçu la communion nous montrons Dieu
à nos contemporains, soyons réellement présence joyeuse
et heureuse du Christ dans le monde.
Père JeanPaul Bouvier
Vicaire à saint Charles de Monceau
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14 juin 1998
Lycée Militaire d'Autun
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n°56
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La présence réelle de notre Seigneur
Jésus-Christ dans le très saint Sacrement de l'Eucharistie
Chapitre 1
Le saint Concile enseigne et professe ouvertement et sans détour
que, dans le vénérable Sacrement de la sainte Eucharistie,
après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur
Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, est présent vraiment,
réellement et substantiellement sous l'apparence de ces réalités
sensibles. Il n'a' a en effet aucune contradiction à ce que notre
Sauveur siège lui-même toujours à la droite du Père
dans les cieux, selon un mode d'existence qui est naturel, et à
ce que néanmoins il nous soit, en d'autres lieux, sacramentellement
présent en sa substance, dans un mode d'existence que nos mots
peuvent sans doute à peine exprimer, mais que notre intelligence,
éclairée par la foi, peut cependant reconnaître et
que nous devons fermement croire comme une chose possible à Dieu.
C'est ainsi que tous nos prédécesseurs, qui ont vécu
dans la véritable Eglise du Christ et qui ont traité de
ce Sacrement très saint, ont professé très ouvertement
que notre Rédempteur a institué ce Sacrement si admirable
à la dernière Cène, lorsque après avoir béni
le pain et le vin, il attesta en termes clairs et précis qu'il
leur donnait son propre corps et son propre sang. Ces paroles rapportées
par les saints évangélistes et répétées
ensuite par saint Paul , comportant cette signification propre et très
claire selon laquelle les Pères les ont comprises, c'est véritablement
la plus indigne des hontes de voir quelques hommes opiniâtres et
pervers les ramener faussement à des figures de style sans consistance
et imaginaires, où se trouve niée la vérité
du Corps et du Sang du Christ, contre le sentiment universel de l'Eglise.
Chapitre 4
Parce que le Christ, notre Rédempteur, a dit que ce qu'il offrait
sous l'espèce du pain était vraiment son Corps1&2, on
a toujours eu dans l'Eglise de Dieu cette conviction que déclare
de nouveau le saint Concile : par la consécration du pain et du
vin s'opère le changement de toute la substance du pain en la substance
du Corps du Christ et de toute la substance du vin en son Sang ; ce changement,
l'Eglise catholique l'a justement et exactement appelé transsubstantiation.
Articles de condamnation
Canon 1 : Si quelqu'un nie que dans le très saint Sacrement
de l'Eucharistie soient contenus vraiment, réellement et substantiellement
le Corps et le Sang conjointement avec l'âme et la divinité
de notre Seigneur Jésus-Christ et, par conséquent, le Christ
tout entier, mais s'il dit qu'ils n'y sont qu'en signe ou en figure ou
par leur vertu, qu'il soit anathème.
Canon 2 : Si quelqu'un dit que, dans le très saint Sacrement
de l'Eucharistie, la substance du pain et du vin demeure avec le Corps
et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, et qu'il nie ce changement
admirable et unique de toute la substance du pain en son Corps et toute
la substance du vin en son Sang, tandis que demeurent les apparences du
pain et du vin, changement que l'Eglise catholique appelle de manière
très appropriée transsubstantiation, qu'il soit anathème.
Concile de Trente (XIXème œcuménique)
13ème session 11 octobre 1551
Décret sur la très sainte Eucharistie
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11 juin 2004
Bosnie Herzégovine
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n°226
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Doctrine sur le très saint sacrifice de la messe
Concile de Trente - 22ème session (17 septembre 1562)
Ch. I : [L'institution du très saint sacrifice de la messe]
Comme sous l'Ancien Testament, au témoignage de l'Apôtre Paul, par
suite de l'impuissance du sacerdoce Lévitique, il n'y avait pas de sacrifice
parfait, il a fallu, d'après une disposition de Dieu, le Père des miséricordes
[2Co 1,3], que se levât un autre prêtre "selon l'ordre de Melchisédech
" [Gn 14,18 ; Ps 109,4 ; Hé 7,11], notre Seigneur Jésus-Christ, capable
"d'amener à la plénitude" et de rendre parfaits "ceux qui
devaient être sanctifiés" [Mc 10,14] Lui, notre Dieu et Seigneur,
dut donc "s'offrir lui-même une fois pour toutes", mourant en
intercesseur sur l'autel de la Croix, afin de réaliser pour eux une rédemption
éternelle. Cependant, comme sa mort ne devait pas mettre fin à son sacerdoce
[Hé 7, 24], à la dernière Cène, "la nuit " où il fut livré,
il voulut laisser à l'Eglise, son épouse bien-aimée, un sacrifice visible,
comme le réclame la nature humaine, où serait représenté le sacrifice
sanglant qui allait s'accomplir une unique fois sur la Croix, dont le
souvenir se perpétuerait jusqu'à la fin des siècles [1Co 11,23sv.] et
dont la vertu salutaire s'appliquerait à la rédemption des péchés que
nous commettons chaque jour. Déclarant qu'il était établi "prêtre
selon l'ordre de Melchisédech pour l'éternité" [Ps 110,4], il offrit
à Dieu le Père son corps et son sang sous les espèces du pain et du vin
et, sous les mêmes signes, il les distribua à manger à ses Apôtres qu'il
établissait alors prêtres du Nouveau Testament ; à eux et à leurs successeurs
dans le sacerdoce, il donna l'ordre de les offrir par ces paroles "Faites
ceci en mémoire de moi" [Lc 22,19], comme l'Eglise l'a toujours compris
et enseigné.
Car, ayant célébré la Pâque ancienne, que la multitude des enfants
d'Israël immolait en souvenir de la sortie d'Egypte [Ex 12,1sv.] il institua
la Pâque nouvelle, où l'Eglise l'immole lui-même par les prêtres, sous
des signes visibles, en souvenir de son passage de ce monde à son Père,
lorsqu'il nous racheta par l'effusion de son sang et qu'il "nous
arracha à la puissance des ténèbres et nous transporta dans son Royaume"
[Col 1,13]
Cette " oblation pure "qu'aucune indignité, aucune malice
de ceux qui l'offrent ne peuvent souiller, dont le Seigneur a prédit par
Malachie qu'elle "serait offerte pure en tout lieu en son nom",
qui doit être grand parmi les nations [Ml 1,11], l'Apôtre Paul, écrivant
aux Corinthiens, l'a clairement désignée lorsqu'il dit que "ceux
qui se sont souillés en participant à la table des démons ne peuvent participer
à la table du Seigneur " [1Co 10,21], entendant, par le mot table,
l'autel, dans l'un et l'autre cas. C'est elle qui, au temps de la loi
naturelle et de la Loi révélée [Gn 4,4-8,20 ; 12,8], était préfigurée
par les images diverses des sacrifices, puisqu'elle renferme tous les
biens qu'ils signifiaient, comme leur plénitude et leur perfection.
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10 juin 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°322
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Melchisédech
Curieux personnage que ce roi Melchisédech, venant de nulle part et y
retournant après sa rencontre avec Abraham. Il n’y a que trois citations
de cet homme dans l’ensemble de la Bible : le livre de la Genèse
(Gn 14,18) et le Psaume 109 lus aujourd’hui ainsi que dans l’épître aux
Hébreux (Hé 6,20-7,17) qui en fait une préfiguration du seul vrai grand-prêtre
qu’est Jésus, le Christ, le Fils Unique de Dieu.
Il n’est pas surprenant que ce roi soit prêtre, tous les souverains du
deuxième millénaire avant Jésus Christ avaient un rôle sacerdotal. Ils
étaient à la fois représentant du peuple auprès de leur(s) dieu(x) et
inversement présence de leur(s) dieu(x) au peuple. Souvent ils étaient
présentés comme descendants d’un ou plusieurs dieux.
Mais l’auteur inspiré par Dieu du passage biblique précise que Melchisédech
est prêtre du Très Haut alors que la fonction sacerdotale du peuple hébreu
ne sera instituée que huit siècles plus tard par Moïse dans le désert
(cf. Ex 28) Plus étonnante encore est l’offrande qui est faite de pain
et de vin alors que les offrandes de l’époque étaient surtout des sacrifices
sanglants constitués de taureaux ou de béliers.
Plus tard dans la Tente de la rencontre puis dans le Temple de Jérusalem,
il y aura constamment devant le Saint des saints une table portant les
pains d’oblation que les prêtres devront changer chaque jour.
L’Eglise célèbre dans cette fête le mémorial de la Passion du Christ,
comme le dit la prière d’ouverture de la messe que nous devons faire nôtre :
Donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton corps et
de ton Sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta Rédemption.
Père JeanPaul Bouvier
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6 juin 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°479
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Prêtres du Très-haut
L’épisode de Melchisédech relaté dans le livre de la Genèse (14,18-20)
invite le croyant à considérer les prêtres qui sont antérieurs à l’avènement
d’Aaron, le premier grand prêtre d’Israël.
Melchisédech en premier lieu, roi de Salem (identifiée à Jérusalem par
la tradition juive cf. Psaume 76,3 ; Josué 10,1) c'est-à-dire étymologiquement
roi de paix ; il est prêtre du Très-haut à qui Abraham reconnaît
une légitimité sacerdotale en lui versant la dîme, la taxe due au clergé
(cf. le commentaire développé par l’épître aux hébreux 7,1-17) Il offre
du pain et du vin en libation et bénit Abraham. Le fait même que ce roi-prêtre
étranger soit celui qui bénit Abraham et que cela soit rapporté dans les
Ecritures montre que cette bénédiction est dans le droit fil de la promesse
que Dieu a exprimée à Abraham.
En suivant la chronologie biblique, un autre prêtre a un rôle plus discret
mais néanmoins important, il s’agit de Poti-Phéra (prêtre d’On c'est-à-dire
Héliopolis cité du dieu Râ) qui donne sa fille en mariage à Joseph (appelé
en Egypte Çophnat-Panéah) il semble que ce soit la même personne que Putiphar,
celui qui achète Joseph comme esclave et apprécie son service. La jeune
fille, Asnat, donnera à Joseph ses deux fils Manassé et Ephraïm dont seront
issus deux des douze tribus d’Israël. (cf. Genèse 41,45sv)
Enfin dans les prêtres remarquables avant le sacerdoce d’Aaron, Jethro,
prêtre de Madian, donne sa fille à Moïse pendant son exil dont il aura
deux fils : Guerchom et Eliézer (cf. Exode 2,22 ; 4,20 ;
18,3-4) Le pays de Madian dont Jethro est le prêtre vient de l’ancêtre
éponyme Madian quatrième fils qu’Abraham engendre avec Ketura qu’il
a épousée après la mort de Sarah. Jethro est donc aussi un descendant
d’Abraham, mais pas de Jacob-Israël !
Trois prêtres sont ainsi mis en exergue avant que l’Exode ait lieu. Les
leçons que nous pouvons en tirer sont multiples
- L’Esprit Saint souffle où il veut et il inspire des personnes, même
en dehors du Peuple de Dieu ; de tous temps il leur a donné des
missions spécifiques qui contribuent à construire le dessein de Père
et à préparer la venue du Fils.
- Le Peuple de Dieu n’est pas autosuffisant et doit bénéficier de l’apport
de personnes inspirées par l’Esprit pour grandir, se développer et trouver
la meilleure façon de s’approcher de Dieu, Jethro ne donne-t-il pas
des conseils à Moïse pour diriger le peuple (cf. Exode 18,1-27)
- Pendant cette année sacerdotale, la méditation sur ces hommes choisis
par Dieu permet de voir qu’il n’y a pas d’archétype de prêtre
mais à l’exemple de ces trois hommes : « Dans la maison
de mon Père, il y a de nombreuses demeures; sinon, je vous l'aurais
dit; je vais vous préparer une place. » (Jean 14,2) Cela permet
à chacun de nous de discerner l’appel de Dieu chez une personne et non
ses qualités humaines, culturelles ou universitaires.
- Enfin, pour nous c’est un appel à l’humilité, des hommes parmi les
plus importants de l’Ancien Testament ont respecté et écouté les prêtres
du Très-haut qui leur étaient proches. N’hésitons pas à suivre la même
voie.
- D’autres leçons peuvent être tirées de ces trois personnages exemplaires,
nous pourrons les trouver en méditant régulièrement la Parole de Dieu.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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2 juin 2013
Secteur Vermandois
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n°683
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Le Très Saint Sacrement
L’appellation de cette fête peut surprendre : tous les Sacrements
sont Saints puisqu’ils sont présentés comme des « signes sensibles
et efficaces de la Grâce de Dieu » (grand catéchisme de saint
Pie X, 1906) Pourquoi utiliser l’article défini ‘le’ comme si c’était
le seul Sacrement que le Christ ait laissé à son Eglise ? Une réponse
simple s’impose : c’est le Sacrement central auquel tous les autres
sont subordonnés.
Lorsqu’elle célèbre le ‘Jeudi Saint’, l’Eglise suit la chronologie
des événements de la ‘Semaine Sainte’ et met en évidence l’importance
de l’institution de l’Eucharistie qui se situe la veille de la mort sur
la Croix de Jésus : le Fils Unique de Dieu donne son Corps et son
Sang sacramentellement à ses disciples avant de les donner physiquement
à ses bourreaux pour accomplir l’Ecriture ; lors du Jeudi Saint a
lieu la seule et unique célébration eucharistique : à chaque messe
tout chrétien se trouve dans le Cénacle et reçoit la communion de la main
même du Christ.
En suivant la tradition populaire qui donne le nom de ‘Fête Dieu’
à cette solennité, l’Eglise professe que « notre Seigneur Jésus-Christ,
vrai Dieu et vrai homme, est présent vraiment, réellement et substantiellement
sous l’apparence de ces réalités sensibles. » (Concile de Trente,
décret sur la très Sainte Eucharistie, 1551) Dans les lieux où cette fête
est chômée, elle est célébrée le jeudi qui suit le dimanche de la ‘Sainte
Trinité’ pour rappeler l’institution faite le ‘Jeudi Saint’,
ailleurs elle est reportée au dimanche suivant.
Cette profession de foi dans la présence réelle et permanente de Notre
Seigneur dans le pain et le vin consacrés est un des éléments centraux
propres à la doctrine catholique (et de la ’high Church’ anglicane)
L’adoration eucharistique en dehors de la messe repose sur cette conviction ;
les processions qui sont faites n’auraient aucun sens sans cette certitude
profonde de la présence physique du Fils du Père, deuxième Personne de
la Sainte Trinité. La conservation des hosties consacrées et le port de
la communion aux malades seraient inutiles – voire sacrilèges – si le
pain n’était Corps du Christ que pendant la célébration, mais le pain
offert par l’assemblée et le prêtre dans la personne du Christ devient
réellement et de façon permanente son Corps.
La fête du ‘Très Saint Sacrement’ rappelle donc cette double affirmation
de la foi catholique : le Christ Jésus, mort et ressuscité pour le
Salut de l’humanité est Dieu, avec le Père et le Saint Esprit il reçoit
même adoration et même gloire (cf. symbole d’Athanase # 450) ce Corps
offert il l’a laissé à son Eglise dans ce Sacrement comme garant de notre
propre résurrection : « Moi, je suis le pain vivant, descendu
du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours. Et le
pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde. »
(Jean 6,51)
De la part de l’Eglise c’est un témoignage de notre foi en Jésus Christ :
« Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez
cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. »
(1Corinthiens 11,26)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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29 mai 2016
Secteur Vermandois
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n°876
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Il les donna à ses disciples
En donnant les pains rompus à ses disciples, Jésus les fait participer
pleinement au miracle de la multiplication des pains. Ne vient-il pas
de leur dire : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. »
(v.13) Jésus prononce la bénédiction qui crée l’abondance de cette nourriture,
mais il tient à ce que ses disciples portent eux-mêmes cette nouvelle
manne qui comme celle du désert (cf. Exode 16,31sv.) vient de la sollicitude
de Dieu pour son peuple.
Lors de la dernière Cène, il leur offre la même délégation, après avoir
rendu grâces sur le pain puis le vin, il dit à ses Apôtres : « Faites
cela en mémoire de moi. » (cf. 1Corinthiens 11,23-25) Jésus les
institue ministres de la Communion, dépositaires de la transmission de
son Sacrifice perpétuel ; c'est-à-dire, non seulement de transsubstantier
le pain et le vin en son Corps et son Sang, mais aussi de transmettre
cette faculté à certaines personnes qu’ils auront choisies comme lui-même
les a choisis.
De générations en générations, les Apôtres et leurs successeurs ont ‘fait
cela en mémoire du Seigneur’ comme l’indique saint Paul : « j’ai
moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis »
(1Corinthiens 11,23) Aujourd’hui, lorsqu’un évêque ou un prêtre prononce
les paroles de la consécration dans le cadre de la liturgie, le pain devient
le Corps et le vin devient le Sang dans l’unique Sacrifice de Notre Seigneur
Jésus Christ dans lequel il est lui-même le prêtre, l’autel et la victime
offerte.
Notre dévotion au Saint Sacrement est toujours une action de grâces (sens
propre du mot ‘Eucharistie’) pour le Salut que le Fils nous procure,
que ce soit lors de la communion portée aux malades, à l’occasion d’une
adoration, par des processions, etc… mais c’est surtout pendant la messe
que nous ressentons cette nécessité. Une pieuse tradition invite les fidèles
à regarder les élévations du Corps et du Sang en disant ‘Mon Seigneur
et mon Dieu’ affirmant par là même notre foi en la présence réelle
comme l’enseigne l’Eglise.
Comme la manne du désert a cessé lorsque de la réalisation de la promesse
faite au peuple de l’Ancienne Alliance : « A partir de ce
jour, la manne cessa de tomber, puisqu’ils mangeaient des produits de
la terre. Il n’y avait plus de manne pour les fils d’Israël, qui mangèrent
cette année-là ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan. »
(Josué 5,12) le Saint Sacrement cessera lorsque le Christ reviendra dans
la Gloire du Père comme il est promis : « Dans la ville,
je n’ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c’est le Seigneur Dieu,
Souverain de l’univers, et l’Agneau. La ville n’a pas besoin du soleil
ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine :
son luminaire, c’est l’Agneau. » (Apocalypse 21,22-23)
En attendant le retour du Christ, il nous est donné le signe de sa présence
dans le ‘Corps livré pour nous’. Il est notre nourriture spirituelle
dont nous avons besoin pour progresser sur le chemin où nous sommes appelés.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
administrateur des paroisses de Nesle et Athies
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23 juin 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1089
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J’ai moi-même reçu et je vous ai transmis
Saint Paul écrit cette épître vers 55 soit une vingtaine d’années après
la mort et la Résurrection du Christ. Dans cette lettre il présente la
mémoire de la Cène comme étant une tradition déjà solidement enracinée
dans les petites communautés chrétiennes comme celle de Corinthe. C’est
l’expression essentielle de l’adhésion à la prédication du salut offert
par Dieu-le-Fils et proclamée par les Apôtres à partir du jour de la Pentecôte :
le Sacrifice du Christ qui rachète l’Homme est perpétuel.
Depuis la période apostolique, chaque génération a eu à cœur de transmettre
ce qu’elle avait reçu à la génération suivante. C’est ce qui est appelé
‘la Tradition’. Mais comme à l’époque des Apôtres, ce n’est pas
un bloc figé et intangible. Restant sauve la ‘mémoire de la Cène’,
la forme prise dans les différentes communautés s’est adaptée suivant
les lieux et les époques. Les nombreuses ‘prières eucharistiques’
qui nous sont restées témoignent à la fois des variations locales et de
la pérennité de la Tradition.
Ainsi le schéma général de la célébration reste constant à travers le
temps et l’espace et correspond à ce qu’ont vécu les ‘compagnons d’Emmaüs’
dans la description faite par saint Luc (24,13-33) : les fidèles
viennent avec leurs soucis du moment, ils écoutent la Parole de Dieu et
son explication, ils reconnaissent le Christ dans la Fraction du pain
et, tout joyeux, ils sont envoyés en mission vers leurs frères.
Face à la crise du protestantisme, saint Pie V (1566-1572) décide d’imposer
à toute l’Eglise (à l’exception des catholiques orientaux) la messe telle
qu’elle était célébrée à Rome afin d’éviter toute déviance par rapport
au dogme défini par le Concile de Trente (1545-1563). Une fois la crise
passée, les évêques réunis au Concile Vatican I (1869-1870) désiraient
un aggiornamento qui verra le jour dans le premier texte signé du Concile
Vatican II (1963-1965).
Aujourd’hui, à côté de la transmission de la foi effectuée par l’Eglise,
c’est à chacun de nous qu’il revient de témoigner de l’importance de cette
Tradition vivante auprès de nos contemporains. Les chrétiens ne vivent
pas dans le passé mais dans le présent ; les commandements du Christ
sont toujours d’actualité : « Je vous donne un commandement
nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai
aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres » (Jean 13,34)
et « Allez ! De toutes les nations faites des disciples :
baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur
à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous
tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mattieu 28,19-20).
Il nous reste à observer ces commandements !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
et Modérateur de la paroisse saint Radegonde
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19 juin 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1275
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Corps livré et du Sang versé pour nous
Les textes d'aujourd'hui sont presque ceux du Jeudi Saint, fête de l'institution
de l'Eucharistie, seule la première lecture, de l'Ancien Testament, change.
Cette dernière évoque la figure du roi Melkisédek, grand prêtre du Seigneur
à Salem (l'antique Jérusalem).
Il y a donc un lien très étroit entre le Jeudi Saint, la Cène, et cette
fête du Corps et du Sang de Notre Seigneur. Si nous sommes attentifs aux
paroles de la consécration, elles ne se présentent pas comme la chair
qui nous est donnée à manger et le sang qui nous est donné à boire, elles
sont plus explicites : "Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps
livré pour vous."; Prenez et buvez-en tous, ceci est mon sang versé
pour vous et pour la multitude en rémission des péchés."
Il ne s'agit pas seulement du Corps et du Sang du Christ, il s'agit du
Corps livré
et du Sang versé pour nous. Cela change le sens même
des mots. Les chrétiens ne sont pas anthropophages comme l'ont pensé certains
romains aux premiers siècles, ce n'est pas de la chair humaine ou du sang
humain que nous recevons, c'est le Corps et le Sang divins de Jésus-Christ.
Sous l'apparence du pain est du vin, nous recevons le sacrifice du Christ
de son corps livré et de son sang versé, nous communion à la substance
divine même. Comme le dit une des oraison après la communion : "fais
que nous devenions ce que nous avons reçu", nous participons à la
divinité par notre communion.
Comme dans l'Eden où nos parents étaient sans dissimulation devant Dieu,
comme Moïse qui parlait face à face avec Dieu, nous sommes dans la pleine
vision de Dieu lorsque nous adorons le Saint Sacrement, qu'il soit exposé
ou dans la tabernacle, mais nos yeux humains sont insuffisants pour y
distinguer toute la gloire qui en émane, il faut les yeux de la foi.
L'adoration doit nous renvoyer à notre vie courante, quotidienne, rappelons-nous
l'épître de Saint Jean : "Celui qui n'aime pas son frère qu'il voit,
est incapable d'aimer Dieu qu'il ne voit pas". Alors l'adoration
légitime que nous faisons à toutes les messes, ou devant le Saint Sacrement,
nous envoie en mission : cette pleine vision de la gloire de Dieu dans
la foi, nous entraine à la pleine vision de l'Esprit qui est en nos frères
images de Dieu.
Pour nous aussi, il est important de nous souvenir que nous sommes "tabernacle"
du Christ, lorsque nous avons reçu la communion nous montrons Dieu à nos
contemporains, soyons réellement présence joyeuse et heureuse du Christ
dans le monde.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& Modérateur de Sainte Radegonde
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