Du sang et de l’eau
La succession des fêtes après la Pentecôte est un choix important pour
l’exposé de la foi chrétienne. A la suite du don de l’Esprit Saint à la
Pentecôte, la fête de la Sainte Trinité permet de préciser sans les confondre
chacune des Personnes, "également éternelles et semblablement
égales" (symbole d'Athanase vers 450) ; le jeudi suivant
(ou le dimanche lorsque cette fête n’est pas chômée) la méditation de
la fête du Corps et du Sang du Seigneur invite les croyants à méditer
le sens du Sacrement lié au Sacrifice du Christ et à approfondir notre
attitude vis-à-vis de la communion dominicale.
Le vendredi suivant, l’Eglise propose la fête du Sacré-Cœur suivant l’apparition
du Christ en juin 1675 faite à Marguerite-Marie, visitandine à Paray-le
Monial. Le Fils du Père lui a présenté son Cœur ouvert par la lance du
soldat (cf. Jean 19,34) en lui disant : « Voilà ce Cœur qui
a tant aimé les hommes, [...] jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur
témoigner son amour, et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart
que des ingratitudes... »
L’Evangile de saint Jean précise que dès que la lance eut ouvert le flanc
du crucifié, « il sortit aussitôt du sang et de l'eau. »
Par cette précision, l’évangéliste désigne la source des deux Sacrements
du Baptême (l’eau) et de l’Eucharistie (le Sang) et donc le fondement
de l’Eglise qui s’accroît par le Baptême et se nourrit de l’Eucharistie.
‘Ce Cœur qui a tant aimé les hommes’ montré à sainte Marguerite-Marie
a entraîné une dévotion qui s’est développée aux XVIIIème et XIXème siècles.
Cette dévotion populaire a quelquefois donné lieu à des représentations
très ‘anatomiques’ alors que le sens n’est que spirituel :
le cœur, trop souvent perçu uniquement comme le siège des sentiments,
est aussi synonyme de ‘centre’, le Cœur Ouvert de Jésus est l’essence
de la mission du ‘Verbe fait chair’ il est le signe de l’amour
du Père, du Fils et de l’Esprit pour tous les hommes.
Il est donc important de nous rappeler à l’occasion de cette fête le
message de Jésus à Marguerite-Marie et regarder à l’intérieur de nous-mêmes
pour voir si notre reconnaissance n’est qu’ingratitude.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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