15 juin 2012
Fort Neuf de Vincennes
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L’épouse du Christ
Dans le second récit de la création, « Dieu fit tomber une torpeur
sur l'homme, qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair
à sa place. Puis, de la côte qu'il avait tirée de l'homme, Dieu façonna
une femme et l'amena à l'homme. Alors celui-ci s'écria : "Pour
le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair ! Celle-ci sera
appelée "femme", car elle fut tirée de l'homme, celle-ci !" »
(Genèse 2,21-23)
Lors de la descente de la croix, à la demande de Joseph d’Arimathie, « l'un
des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang
et de l'eau. » (Jean 19,34)
Ces deux passages sont à mettre en parallèle : dans les deux cas il
y a création d’un élément nouveau, l’épouse du premier homme dans le passage
de la Genèse, l’épouse de l’Homme Nouveau dans le passage de saint Jean.
L’Eglise, épouse et corps mystique du Christ, naît de l’eau et du Sang sortant
du cœur de Jésus, l’eau pour le Baptême qui configure la personne au Christ,
le Sang pour l’Eucharistie qui nourrit la vie spirituelle.
A la suite du livre de la Genèse : « C'est pourquoi l'homme
quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une
seule chair. » (Genèse 2,24) répond la prière du Christ :
« Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce
à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père,
tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous. » (Jean
17,20-21) Comme le premier homme, le Christ s’attache à son épouse, ne forme
plus qu’un avec elle et l’assure de sa présence protectrice : « Et
voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin des jours. »
(Matthieu 28,20b)
Le cœur ouvert du Christ ne se limite pas aux représentations très descriptives
et ‘charnelles’ du XIXème siècle, il est avant tout un signe essentiel
de l’amour de la personne du Fils qui offre ce qu’il a de plus intime à
son Eglise. La dévotion au Sacré-Cœur amène les chrétiens à suivre Celui
qui leur dit : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.
Nul ne vient au Père sinon par moi. » (Jean 14,6)
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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11 juin 2015
Secteur Vermandois
n° 820
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Le cœur ouvert
Chacun a dans son esprit le souvenir de statues du Sacré-Cœur du XIXème
siècle un peu sanguinolentes où Jésus s’ouvre la poitrine d’une voire
même des deux mains pour montrer son cœur saignant couronné d’épines.
L’aspect doloriste était privilégié.
Pourtant le message donné par Jésus à sainte Marguerite-Marie était :
« Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes. » une révélation
de l’amour que Dieu le Fils porte avec le Père à tous les hommes. Il révèle
à la visitandine le sens profond de cette apparition en lui disant :
« C'est ici (Gethsémani) où j'ai le plus souffert qu'en tout le
reste de ma Passion » Par cela il nous fait comprendre que l’abandon
et le refus du message d’amour qu’il est venu apporter au monde lui a
occasionné une douleur morale bien plus importante que tous les supplices
et souffrances physiques qu’il a endurés.
Cela éclaire notre dévotion a Sacré-Cœur : il ne s’agit pas de pleurer
sur les maltraitances que la personne du Christ a endurées pour nous,
humiliations, flagellation, couronne d’épines, mort infamante sur la croix ;
il s’agit de pleurer sur nos péchés qui entrainent une telle douleur pour
le Fils éternel venu pour nous sauver et que nous rejetons continuellement.
Cette fête de méditation autour du Sacré-Cœur devrait nous conduire tout
de suite vers le confessionnal le plus proche pour vivre le Sacrement
de Réconciliation et de Pénitence avec foi, confiance et repentir.
« Il faut avoir présent à l'esprit le motif du culte d'adoration
que l'Eglise rend au cœur du divin Rédempteur... Ce motif est double.
D'une part, et ce motif est le même pour les autres membres sacrés du
corps de Jésus-Christ, nous savons que son cœur, étant une partie très
noble de sa nature humaine, est uni hypostatiquement à la Personne du
Verbe de Dieu. Il mérite par conséquent le même culte d'adoration dont
l'Eglise honore la Personne même du Fils de Dieu incarné... D'autre part,
et ce motif regarde spécialement le cœur du divin Rédempteur et lui confère
un titre tout à fait propre à recevoir le culte d1adoration, son cœur,
plus que tout autre membre de son corps, est l'indice naturel ou le symbole
de son immense charité pour le genre humain. Dans le Sacré-Cœur... se
trouvent le symbole et l'image expressive de l'infinie charité de Jésus-Christ
qui nous stimule à l'aimer en retour. » Encyclique "Haurietis
aquas" de Pie XII (15 mai 1956)
Prions pour que cette stimulation dont parle le pape Pie XII soit renouvelée
à chaque célébration d’adoration du Sacré-Cœur
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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8 juin 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°1015
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L’Agneau de Dieu
Quand il s’agit d’imaginer la place de l’âme, l’esprit cartésien et rationnel
des occidentaux la situe plutôt dans le cerveau puisque c’est l’organe
qui permet à l’homme de réfléchir, de prier, d’être une personne qui se
différencie, d’être unique. Les habitants du Moyen Orient ne réagissent
pas ainsi, ils localisent l’âme dans le sang qui est le principe de la
vie et qui est interdit de toute consommation et tout particulièrement
dans le cœur, l’organe qui trahit les sentiments et qui s’accélère lorsque
la personne est en proie à des émotions et, au contraire son arrêt est
la signature de la mort.
Le IVème évangéliste est le seul à relater le coup de lance
au côté, ce dernier outrage fait au Fils, mais il le justifie par l’annonce
qui en avait été faite par les Ecritures : « Ils lèveront
les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. » (Zacharie 12,10)
De même, il note que ses os ne sont pas brisé comme pour les autres condamnés
se référant également à la Parole concernant les prescriptions du repas
de la Pâque : « Vous ne briserez aucun de ses os. »
(Exode 12,46) repris dans la prière d’Israël évoquant le Messie :
« Il veille sur chacun de ses os : pas un ne sera brisé. »
(Psaume 33[34],21)
Ainsi le IVème évangéliste signifie que la similitude entre
le sacrifice du Fils et celui de l’Agneau Pascal est complète ; elle
avait déjà annoncée par Jean-Baptiste : « Posant son regard
sur Jésus qui allait et venait, Jean déclara : ‘Voici l’Agneau de
Dieu’ » (Jean 1,36) Mais le sacrifice du Christ est librement
consenti : « Voici pourquoi le Père m’aime : parce que
je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever :
je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir
de la recevoir de nouveau » (Jean 10,17-18a) Il est celui qui
s’offre au Père par amour pour les hommes.
‘L’agneau immolé’ sera montré glorifié dans l’Apocalypse de saint
Jean, partageant le trône de Dieu, adoré à son égal par la cour céleste
(cf. Apocalypse 5,8) ; son sang, versé pour la multitude (cf. Matthieu
26,28), blanchira le vêtement de ceux qui seront sauvés (cf. Apocalypse
7,14). L’auteur du IVème évangile et de l’Apocalypse montre
ainsi la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament, mais, en même
temps, il signifie la rupture profonde qui s’est effectué par la venue
du Fils.
Comme Jean Baptiste, le prêtre montre le Corps du Fils : ‘Voici
l’agneau de Dieu’ aux fidèles, comme ses disciples nous le suivons
pour l’entendre nous dire : « Venez et vous verrez ! »
(Jean 1,39)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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