23 mai 2004
Bosnie Herzégovine
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n°223
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Alpha et Oméga
Première et dernière lettres de l’alphabet grec, l’alpha et l’oméga sont
des bornes, c’est pourquoi Jésus précise à ses disciples qu’il est le
premier et le dernier, le commencement et la fin.
Qu’est-ce que cela veut dire dans la foi de l’Eglise ? Rien d’autre
que ce qui est affirmé dans la profession de foi des Conciles de Nicée
et Constantinople (1er et 2ème Conciles Œcuméniques
325 et 381) ‘Jésus est Dieu, né de Dieu… Il reviendra dans la gloire,
pour juger les vivants et les morts et son règne n'aura pas de fin’
Déjà à l’époque où l’Apocalypse est écrite, des personnes parmi les chrétiens
mettent en doute la double nature du Christ. Pour les uns il n’est que
Dieu qui a pris une apparence humaine, pour d’autre il n’est qu’un homme
investi par Dieu. Tous ces hérétiques mettent en doute l’éternité du Fils
de Dieu, deuxième personne de la Trinité ; certains vont même jusqu’à
désigner le Fils comme créature du Père, créature au-dessus de toutes
les autres, mais créée.
L’évangile de saint Jean et l’Apocalypse battent en brèche ces affirmations
spéculatives : l’homme Jésus est le Fils éternel, sans fusion ni
confusion, une seule personne et deux natures. C’est pourquoi le quatrième
évangéliste insiste dès le début de son écrit en affirmant : ‘Le
Verbe s’est fait chair’ (cf. Jn 1,14) en utilisant le terme logos
(improprement traduit par Verbe) qui est très fort dans la philosophie
grecque et le terme sarx (chair dans le sens ‘muscle’)qui
au contraire est très matériel et matérialiste.
Qui est ce Logos ? ‘Il était auprès de Dieu, il est Dieu. Il
était au commencement auprès de Dieu’ (cf. Jn1,2) C’est une
référence explicite au début de la Bible : ‘Au commencement,
Dieu créa le ciel et la terre… l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des
eaux.’ (cf. Gn 1,1&2) Autre façon de dire qu’il est l’Alpha, le
premier.
Quant au dernier, il faut chercher un éclairage dans la Passion et la
Résurrection. Le Fils de Dieu meurt un vendredi, jour de la création de
l’homme (cf. Gn 1,26-31) Le septième jour il est au tombeau. Il est l’Oméga,
la fin du septième jour qui restait inachevé dans le récit de la Genèse
en inaugurant un huitième jour, c’est à dire aussi un premier jour, le
dimanche : la première création s’achève dans sa mort (il est le
dernier ! )et une nouvelle est inaugurée par la Résurrection
père JeanPaul Bouvier
aumônier catholique de l'Opération Salamandre
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20 mai 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°319
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Baptême - Confirmation – Eucharistie
La Renaissance du Baptême indique clairement le passage
(Pâque) de la mort à la vie, ou plutôt d’un état embryonnaire à une vie
réelle et autonome. Notre vie sur terre n’est embryonnaire puisque comme
le fœtus relié à sa mère par le cordon ombilical, nous sommes attachés
par l’esclavage du péché. La naissance du Baptême nous délivre de ce lien,
fait des catéchumènes des personnes pleinement humaines et nous fait participer
en vérité et en plénitude à la vie divine.
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La Croissance et la Fortification de la Confirmation sont
mises à la forme passive. Nous croissons, certes, mais par la grâce, c’est
à dire par le don de Dieu qui nous rend forts (cf. saint Paul) Il ne s’agit
donc pas d’une participation active où le Sacrement serait un signe de
l’adhésion du croyant à la foi, mais de la réception d’un don de Dieu
comme tous les autres Sacrements (d’ailleurs, le croyant adhère par la
foi à tous les dons de Dieu)
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La Nourriture de l’Eucharistie est du même ordre :
« devenez ce que vous avez reçu »-------- « Qui mange ma
chair et boit mon sang aura la vie éternelle »-------« Faites
ceci en mémoire de moi »---------La multiplication des pains dans
le désert n’était que les prémices de la nourriture que le Christ nous
donne parce qu’il a pitié de tous ceux qui le suivent et qui n’ont rien
à manger. C’est dans la fraction du pin que les compagnons d’Emmaüs reconnaissent
que c’est le Seigneur et c’est grâce à elle que leurs yeux s’ouvrent et
qu’ils peuvent comprendre l’Ecriture.
Père JeanPaul Bouvier
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16 mai 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°476
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Je suis l’Alpha et l’Oméga !
Le tout premier mot de la Bible, en hébreu, est ‘Berichit’ (cf.
Genèse 1,1) habituellement traduit par l’expression ‘Au commencement’.
Le fait que ce Livre Saint commence par la deuxième lettre de l’alphabet
hébreu a été largement commenté par les Targum et Midrash juives ainsi
que par les prédicateurs rabbiniques. Pour tous, ce choix de l’auteur
inspiré par Dieu implique que ce commencement n’est pas un début mais
l’ouverture d’un nouveau chapitre. Des spéculations et des récits spirituels,
montrent, par exemple, la création des chœurs célestes qui se situent
avant la Création du monde connu relatée dans le livre de la Genèse.
Ainsi quand le Christ qui guide saint Jean dans l’Apocalypse s’applique
la lettre A (alpha en grec, aleph en hébreu) il montre qu’il est réellement
depuis toujours, avant même la Création du monde, co-éternel au Père,
comme le quatrième évangile le décrit : « Au commencement
était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu. Tout fut par lui, et sans lui
rien ne fut. » (Jean 1,1-3) Au commencement le Verbe était déjà
là. L’Eglise a repris cette affirmation dans le symbole de Nicée Constantinople :
« Le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles… »
De l’Alpha à l’Oméga, tout est compris, aucun mot ne peut
être exclu, il s’agit donc de la totalité de la connaissance. Dans son
évangile, saint Jean exprime souvent cet aspect du Christ, par exemple
lorsqu’il relate la phrase de Jésus : « Moi, je suis le Chemin,
la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père sinon par moi. » (Jean
14,6) il souligne que la Révélation est rendue complète en Jésus d’où
l’avertissement de ne rien changer à l’Ecriture, ni ajouter ni retrancher
cf. Apocalypse 22,18-19)
Mais l’Agneau Immolé de l’Apocalypse ne dit pas qu’il est de l’Alpha
à l’Oméga, il dit qu’il est l’Alpha ET l’Oméga,
le premier et le dernier. Comme il était avant le commencement
du monde connu, il sera après la fin de ce monde. Les disciples du Christ
ne seront pas abandonnés car Jésus prie pour eux de son vivant :
« Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux
aussi soient avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire, que tu m'as
donnée parce que tu m'as aimé avant la fondation du monde. »
(Jean 17,24)
Cette prière s’adresse à tous ceux qui écoutent la Parole et qui l’accueillent,
donc à nous-mêmes aujourd’hui qui essayons de suivre le Christ ;
il est à la droite du Père et nous sommes avec lui et nous contemplons
sa gloire mais nous ne la voyons encore qu’imparfaitement.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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12 mai 2013
Secteur Vermandois
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n°680
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Martyre
Les Actes des Apôtres relatent la lapidation du premier martyr connu :
Etienne. Il est nommé parmi les sept hommes qui sont désignés pour veiller
sur la partie de la communauté chrétienne qui s’exprime en langue grecque
et qui semblait être délaissée par les Apôtres et les Anciens. En le mettant
en tête de la liste, saint Luc précise : « homme rempli de
foi et de l'Esprit Saint » ( cf. Actes 6,5) Son annonce de l’Evangile
provoque les juifs qui l’entendent dans les synagogues de langue grecque
–sans doute en convertit-il un certain nombre – et il est emmené devant
le Grand-Prêtre.
Le châtiment pour blasphème et sacrilège dans la loi juive est la condamnation
à mort par lapidation : c’est une exécution qui est conçue comme
extirpant le péché par le peuple élu lui-même : personne ne sait
qui a lancé la pierre mortelle, il n’y a pas de bourreau mais une communauté
religieuse qui sauvegarde sa pureté de foi.
Le Christ Jésus avait été remis entre les mains des romains pour être
crucifié en le présentant comme un agitateur opposé à l’occupation. Le
Sanhédrin craignait que le peuple n’accepte pas de lapider Jésus puisqu’il
était reconnu par un grand nombre comme un rabbi exceptionnel ; il
touchait les cœurs par sa prédiction et faisait des miracles. Les Apôtres
et les disciples professant Jésus comme LE Messie que les
prêtres n’avaient pas su reconnaître peuvent plus facilement être accusés
de blasphème et condamnés à recevoir des coups de bâton ou à la lapidation
dans les cas considérés comme gravissimes.
Etienne est condamné pour les mêmes motifs que ceux reprochés à Jésus :
parler contre le Temple de façon blasphématoire. Lors de son exécution,
son comportement est similaire à celui de Jésus qui avait dit au Sanhédrin :
« Vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la droite de la Puissance
et venant avec les nuées du ciel. » (Marc 14,62) et Etienne s’exclame :
« Voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l’homme
est debout à la droite de Dieu ! » (Actes 7,56) Cette phrase
entraîne le déchaînement de la foule qui l’a entendue. Jésus mourant dit :
« Père, en tes mains je remets mon esprit. » (Luc 23,46)
Etienne s’adresse à Celui qui est l’intercesseur : « Seigneur
Jésus, reçois mon esprit » (Actes 7,59) Le pardon des bourreaux
est également le même de la part deux suppliciés : « Père,
pardonne-leur: ils ne savent ce qu'ils font. » (Luc 23,34) et
« Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » (Actes 7,60)
En faisant sciemment ce parallèle entre Jésus et le premier des martyrs,
saint Luc veut montrer que les chrétiens sont des témoins (sens du mot
‘martyr’ en grec) : comme le Fils du Père, ils annoncent le
Salut offert par le Père à tous les hommes.
La question que nous pose cette lecture dans le temps de Pâques est une
interpellation de chacun d'entre nous : puis-je, en conscience, avoir
les mêmes paroles : ‘Père, en tes mains je remets mon esprit’
et surtout des paroles d’intercession pour ceux qui pêchent contre nous :
‘Seigneur, ne leur compte pas ce péché’ ? En examinant notre
vie à quelques jours de la Pentecôte qui revivifiera le Sacrement de Confirmation
que nous avons reçu, sommes-nous des témoins véridiques et crédibles (martyr)
du Christ Ressuscité, le Fils de l’homme debout à la droite du Père ?
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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2 juin 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1086
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Moi en eux et toi en moi
Le IVème évangile – écrit par le ‘disciple que Jésus aimait’ –
est une méditation sur la venue de Dieu-le-Fils dans le monde. Dès le
premier verset de son évangile, il affirme l’identité de nature entre
le ‘Verbe’ et Dieu : « Au commencement était le Verbe,
et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. » (Jean
1,1) Cette personne divine vient parmi nous pour le Salut du monde :
« Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous
avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique,
plein de grâce et de vérité. » (Jean 1,14)
Le grand discours de Jésus après la Cène (Jean 13-17) montre la parfaite
communion entre le Père et le Fils. En même temps, il souligne pour ses
Apôtres que cette communion n’est pas une fusion, les deux personnes sont
distinctes : le Père engendre éternellement le Fils et l’Esprit qu’il
leur promet procède du Père et du Fils : « Quand viendra
le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de
vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. »
(Jean 15,26 # Symbole de Nicée-Constantinople)
En venant dans le monde et en prenant chair de la Vierge Marie, le Fils
ne se sépare pas du Père : il vient pour faire la volonté du Père :
« Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi !
Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. »
(Matthieu 26,39) Le Fils éternel ouvre une nouvelle page dans l’Histoire
des hommes et s’il semble s’abaisser c’est pour que tous les hommes aient
la révélation de l’amour du Père : « C’est pourquoi Dieu
l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin
qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,
et que toute langue proclame : ‘Jésus Christ est Seigneur’ à la gloire
de Dieu le Père. » (Philippiens 2,9-11)
L’humanité régénérée par le Sacrifice du Corps charnel du Fils se trouve
à nouveau dans la communion avec le Père le Fils et l’Esprit Saint :
« Il ne s’évade pas de notre condition humaine : mais en
entrant le premier dans le Royaume, il donne aux membres de son Corps
l’espérance de le rejoindre un jour » (préface de l’Ascension)
Le Christ ne nous a pas fait connaître le Nom du Père pour que nous le
gardions pour nous mais pour que nous le proclamions ! Disciples
du Christ, nous manifestons au monde l’amour de Dieu en nous aimant les
uns les autres selon le commandement du Fils. L’Esprit Sait nous donne
la force suffisante pour le faire chacun à notre façon et chacun avec
les dons qui lui sont donnés en propre.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
administrateur des paroisses de Nesle et Athies
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