13 avril 2002
Forces Armées de Guyane
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Emmaüs
Je ne sais pas ce qui est le plus remarquable dans ce texte,
- la désespérance des compagnons qui quittent Jérusalem,
sûrs d'avoir perdu leur temps en suivant cet homme qu'ils croyaient
être le Messie, déçus qu'il n'ait pas rétabli
le royaume de David ;
- le fait qu'ils ne reconnaissent pas celui dans lequel ils avaient
placé leurs espoirs alors qu'ils ont vécu avec lui tous
les jours pendant un certain temps ;
- la patience de Jésus qui leur explique dans toutes les Ecritures
qu'il fallait qu'il souffrît et mourût ;
- l'insistance intriguée avec laquelle ils veulent retenir cet
homme qui parlait si bien alors qu'il feignait d'être ignorant
des événements ;
- l'ouverture de leurs yeux et de leur cœur au moment du partage du
pain et la disparition de Jésus ;
- leur retour précipité à Jérusalem pour
prévenir les Apôtres.
Je crois que c'est ce dernier point qui fascine le plus. Ces deux hommes
avaient quitté Jérusalem alors que des femmes avaient témoigné
de la résurrection révélée par un ange, sans
curiosité vis à vis de cette déclaration. Cela est
déjà surprenant ! N'auraient-ils pas dû rester pour
en savoir davantage ? Sans doute leur désespoir était-il
plus grand que la confiance qu'ils accordaient à des racontars
de bonne femme éplorées. Mais qu'ils décident de
retourner, immédiatement, de nuit, à Jérusalem, après
avoir marché toute la journée pour prévenir ceux
qui se cachaient par peur des juifs est tout à fait exceptionnel.
Pourtant l'annonce de la Bonne Nouvelle n'attend pas ! Ce besoin d'aller
annoncer que le Seigneur est ressuscité est impérieux ;
ils ne pouvaient pas prendre le temps de dormir.
Toute cette progression sur le chemin d'Emmaüs est également
la nôtre lors de notre participation à la messe : nous venons
avec la faiblesse de notre vie demander au Seigneur prends pitié
de nous, bien que nous ne l'ayons pas reconnu dans les signes qu'il nous
adresse quotidiennement ; puis nous écoutons sa Parole et l'explication
qu'il nous en donne pour aujourd'hui ; nous le reconnaissons dans le pain
et le vin devenus son Corps et son Sang ; enfin nous sommes envoyés
en mission auprès de nos frères qu'ils connaissent ou pas.
Rien n'a changé, chacun d'entre nous est toujours sur la route
d'Emmaüs soit à l'aller, seul désemparé, ou
bien déjà réconforté par Jésus, soit
au retour, fiers et impatients d'aller porter la Bonne Nouvelle.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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10 avril 2005
Garnison d'Angers
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Esprits lents à comprendre
Lorsqu’il s’adresse aux pèlerins d’Emmaüs, le Christ ressuscité
leur reproche de ne pas avoir compris à partir des Ecritures qu’il
fallait qu’il souffrît. La lecture messianique des textes de la
Bible, à l’époque de Jésus, envisageait un roi comme
David qui rétablirait le Grand Israël comme royaume
autonome en rejetant toute occupation étrangère. Les psaumes
et les chants du serviteur souffrant du prophète Isaïe étaient
lus comme les avanies que subissait le peuple de Dieu depuis deux ou trois
siècles avec des occupations successives par différents
peuples. Les scribes et les rabbis y voyaient davantage la prédication
de la profanation du Temple à la période des frères
Maccabées (voir les livres des Martyrs d’Israël) que s’appliquant
à un seul homme.
Les disciples du Christ n’ont pas pu comprendre que ces messages faisait
allusion à Jésus. Le titre de fils de l’homme que Jésus
se donnait dans ses paraboles et ses discours évoque une venue
dans la gloire et non dans une condamnation d’émeutier entraînant
l’infamie d’une mort sur la croix.
Mais nous sommes vingt siècles après les événements ;
nous n’avons pas l’excuse d’une interprétation limitée des
textes sacrés, depuis deux mille ans des commentaires, des méditations,
des homélies ont développé cet aspect de la mission
du Christ.
Pourtant, comme les compagnons d’Emmaüs, nous aimerions ne retenir
que le côté glorieux et nous sommes quelquefois déçus
que le Christ ne se manifeste pas dans sa gloire dès aujourd’hui.
L’Ecriture nous donne les clefs de l’action à mener. Ne nous contentons
pas d’une explication habituelle et scolastique, dans notre méditation
de la Parole de Dieu, laissons-nous saisir par le Christ qui nous expliquera
l’interprétation à en donner pour notre temps.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier de la Garnison d’Angers et du groupement de gendarmerie du Maine
& Loire
Adjoint temporaire de l’aumônier des FAG Le père Gaétan Favriaux
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6 avril 2008
Brigade Franco-Allemande
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Reste avec nous !
Les deux compagnons qui marchent vers Emmaüs sont si troublés par l’enseignement
de l’inconnu qui les accompagne qu’ils cherchent n’importe quel prétexte
pour qu’il continue à leur parler. Cette scène n’est pas sans évoquer
la réflexion de Pierre lors de la Transfiguration « Construisons
trois tentes ! » (cf. Matthieu 17,4 et pp) Lors d’une rencontre
intense avec le Fils Unique du Père, il est impensable de s’en séparer !
Mais cette rencontre a une seconde conséquence ; les deux compagnons
rebroussent chemin, pourtant ils avaient précisé que la nuit tombait avant
le repas pris avec le Christ. C’est donc de nuit qu’ils retournent à Jérusalem
malgré la prévention qu’ont les juifs de cette époque contre l’obscurité :
« A l’instant même » précise saint Luc ; le message
ne peut attendre, ils ont vu le Ressuscité !
La leçon elle aussi est double puisque la rencontre de ces deux personnes
avec le Christ est relatée comme un modèle pour les croyants
- D’une part ce passage nous montre que l’étude et surtout l’écoute
de la Parole de Dieu contenue dans les Ecritures emplissent le cœur
de l’homme et lui procurent un bonheur et un accomplissement ineffables.
- D’autre part les compagnons ne vont pas directement évangéliser autour
d’eux, avant toute chose, ils vont en référer aux Apôtres qui vont les
conforter en disant qu’à eux aussi le Seigneur est apparu. Ainsi ils
évoquent le chemin que doit prendre tout chrétien lorsqu’il se sent
investi d’une mission, il doit d’abord en soumettre la véracité à l’Eglise ;
un chrétien ne se donne pas sa mission, il la reçoit du Christ à travers
l’Eglise.
Cette approche permet donc un discernement sur la mission que le Seigneur
me confie : je ne suis pas seul à croire en ma révélation, toute
l’Eglise s’engage avec moi dans cette démarche et m’appuie dans la voie
l’évangélisation qui m’a été donnée.
Je rencontre le Christ Ressuscité dans chaque messe, dans chaque rencontre,
dans chaque prière ; il ne reste plus qu’à se mettre en route, même
si apparemment il fait nuit, la Lumière née de la Lumière me guidera.
Père JeanPaul Bouvier
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8 mai 2011
Fort Neuf de Vincennes
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Aussitôt
Les compagnons d’Emmaüs, stupéfaits de ce qu’ils avaient vu et entendu,
ayant reconnu Jésus à la fraction du pain, reprennent la route immédiatement
et retournent à Jérusalem pour annoncer leur rencontre avec le Ressuscité
aux disciples.
Rien ne les effraye, ni la nuit éclairée par la pleine lune, ni la fatigue
bien qu’ils aient déjà marché toute la journée, ni la distance jusqu’à
Jérusalem ; la Nouvelle est si importante qu’elle ne souffre aucun
délai. Arrivés au Cénacle, après leur récit, ils apprennent que Jésus
est aussi apparu à quelques Apôtres.
Quelle leçon pour nous, chrétiens vivant dans le XXIème siècle !
Nous aussi nous constatons l’apparition de Jésus dans la fraction du pain
à laquelle nous participons tous les dimanches – au moins. Avons-nous
la même urgence d’annoncer à nos frères que nous l’avons vu ?
Pourtant la messe a le même schéma que ce passage d’évangile :
- Comme les compagnons d’Emmaüs déçus de la tournure des évènements,
nous venons à l’église chargés de nos soucis de la semaine, quelquefois
découragés par les aléas de la vie et ‘quelqu’un’ nous rejoint,
là où nous en sommes et fait route avec nous ;
- Les lectures qui suivent nous apprennent que le Messie devait souffrir,
que le projet de Dieu est de toute éternité : dès avant la Création
dit saint Pierre dans sa lettre, Il voulait que l’homme soit en communion
avec Lui ;
- La fraction du pain eucharistié nous permet de reconnaître le Christ
offrant en sacrifice son Corps et son Sang dans le Cénacle la veille
de sa crucifixion en présence de ses disciples en leur demandant explicitement :
‘Faites ceci en mémoire de moi’ ;
- L’‘Ite missa est’, traduit en français par ‘Allez dans la
paix du Christ’ ne signifie pas que nous sommes tranquilles pour
une semaine mais que la mission existe, la paix du Christ n’est pas
un dépôt immobile mais un don à partager avec tous les autres.
Ainsi chaque fois que nous participons à la messe, nous sommes comme
ces deux hommes qui partaient, désespérés, de Jérusalem vers Emmaüs le
Christ nous montre qu’il est avec nous quelles que soient les circonstances
de notre vie.
Nous devons comme eux ‘aussitôt’ nous mettre en chemin
pour annoncer le Christ Vivant, Ressuscité !
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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4 mai 2014
Secteur Vermandois
n° 750
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Ils le reconnurent
Ce récit est beaucoup plus qu’une simple anecdote arrivant à deux disciples,
c’est une véritable catéchèse de la messe avec ses quatre temps :
accueil, écoute et explication de la Parole, partage eucharistique et
envoi.
La rencontre. Le manque de foi de ces deux hommes est leur
péché, ils n’ont pas cru à l’accomplissement de la prédication du Maître,
ils n’ont pas cru au témoignage des femmes qui affirment avoir vu Jésus
vivant, ils n’ont même pas cherché à le vérifier. Ils quittent Jérusalem
déçus dans leur espérance et craignant des représailles de la part des
Juifs.
Le partage de la Parole. Juifs eux-mêmes, ces deux hommes
connaissent bien la Parole Dieu et les citations de Moïse et des prophètes
qu’utilise Jésus leur sont familières. Avançant sur la route, ils commencent
à percevoir où l’Ecriture les amène lorsqu’elle est expliquée par Celui
qui est « Le Chemin, La Vérité et la Vie » (cf. Jean
14,6)
L’action de grâce. Subjugués par la relecture des Ecritures
que leur propose cet inconnu, ils deux compagnons insistent pour qu’il
reste avec eux. La tentation de garder pour soi un état de grâce est fréquente
dans les récits évangéliques ; ainsi Pierre voulait garder Moïse,
Elie et Jésus lors de la Transfiguration (cf. Marc 9,2-8) Mais Jésus ne
leur explique plus l’Ecriture, il leur en montre l’accomplissement :
« il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna.
Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut
à leurs regards. » (Luc 24,30) La disparition de Jésus au moment
précis où il bénit et fractionne le pain est aussi une explication pour
les compagnons qui le reconnaissent dans le pain béni et rompu :
les yeux ouverts par la méditation de la Parole de Dieu, ils voient la
présence du Christ dans son Corps sous l’apparence du pain.
L’annonce. « A l’instant même » précise
saint Luc, ils repartent vers Jérusalem : la compréhension du mystère
pascal ne peut attendre. La nuit est tombée mais cela ne les arrête pas,
le message est trop important pour être remis à plus tard.
Ainsi en est-il pour nous, nous vivons ces quatre étapes lorsque nous
venons participer à la messe. Accueillis par le Christ, nous ne le reconnaissons
pas de prime abord en raison de nos difficultés, nos soucis et nos doutes
qui nous obsèdent et obscurcissent notre vue spirituelle. Ecoutant la
Parole de Dieu avec passion ( ?) nous voudrions aussi en méditer
l’explication qui nous touche au plus profond de nous-mêmes. Lors de la
consécration du pain et du vin en rappelant les paroles du Christ « Ceci
est mon Corps, ceci est mon Sang. » nous reconnaissons le Sauveur
Celui qui nous dit : « Celui qui mange ma chair et qui boit
mon sang demeure en moi, et je demeure en lui. » (Jean 6,56)
Rendus forts par cette révélation toujours renouvelée, nous partons dire
à nos frères que nous avons vu le Ressuscité.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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30 avril 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°939
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La fraction du pain
C’est à ce geste que les disciples reconnaissent Jésus, sans doute étaient-ils
à la célébration de la Pâque avec les autres et les paroles du maître
leur reviennent en mémoire : « Puis, ayant pris du pain et
rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : ‘Ceci est
mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi’ »
(Luc 22,19) Pour leur faire comprendre que sa présence est désormais dans
ce pain sur lequel il prononce lui-même l’action de grâce, Jésus « disparaît
à leurs regards. » en leur laissant la mémoire de ‘son corps
donné pour eux’.
L’effet de cette révélation est immédiat : « A l’instant
même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. » Pourtant
le jour baissait avant le repas partagé avec le Seigneur, c’est donc dans
la nuit qu’ils retournent voir les Apôtres. C’est n’est pas l’urgence
de prévenir les Apôtres qui les presse ainsi mais l’impétueuse nécessité
d’annoncer la Bonne Nouvelle comme pour saint Paul : « En
effet, annoncer l’Evangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté,
c’est une nécessité qui s’impose à moi. » (1Corinthiens 9,16a)
Comme les disciples d’Emmaüs, nous nous présentons à la messe chargés
des soucis quotidiens, quelquefois des déceptions accaparent nos pensées…
Là, le Seigneur vient nous rejoindre, sans que nous le sachions ;
il nous donne sa Parole, « partant de Moïse et de tous les Prophètes. »
ainsi que son explication pour que nos cœurs s’enflamment et que nous
soyons préparés à le reconnaître dans la fraction du pain, mémoire de
‘son corps donné pour nous’.
Lorsque le prêtre fractionne l’hostie qui vient d’être consacrée et en
met un morceau dans le calice, il n’y plus d’un côté le Corps et de l’autre
le Sang du Christ mais ils sont réunis comme dans l’être vivant :
chair et sang ensemble. Pendant cette action la communauté réunie chante
‘Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde’, preuve de sa foi
en la présence réelle du Fils Sauveur sur l’autel.
Ensuite, c’est le pain fractionné qui est montré à l’adoration
de la foule : « Voici l’Agneau de Dieu… » qui reconnaît
le Christ sous l’apparence de l’hostie, et comme le centurion nous disons :
« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement
une parole… » (cf. Matthieu 8,8)
Enfin l’‘Amen’ est une nouvelle affirmation dans la présence
réelle du Fils incarné ; il signifie notre foi dans la parole du
Christ à ses Apôtres : « Ceci est mon Corps livré pour vous,
[…] vous ferez cela en mémoire de moi ! »
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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26 avril 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1147
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DoVid-19 :
43ème jour sans assemblées
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Les églises peuvent fermer
Nos cœurs restent ouverts
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Mettez votre foi et votre espérance en Dieu. (1Pierre 1,21)
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Tutoriel
Comme les compagnons d’Emmaüs, nous sommes sur un chemin d’incompréhension
et, comme eux, nous discutons et nous interrogeons mutuellement. Tout
ce que nous vivons correspond en rien au schéma que nous avions projeté.
Nous sommes déstabilisés et nous nous sentons abandonnés. Nous étions
tellement sûrs que cela ne pouvait pas bouger, que c’était gravé dans
le marbre. Nos petites querelles et jalousies parce la messe dominicale
n’était plus célébrée dans MON église nous semblent bien
lointaines, nous serions tellement heureux de nous rassembler dans une
église à proximité. Réellement et non plus de façon virtuelle !
La lecture du récit des compagnons d’Emmaüs dans ce contexte nous donne
un véritable manuel d’instructions. Même si nous nous sentons seuls et
abandonnés, le Christ Ressuscité nous rejoint là où nous en sommes et
nous ne le reconnaissons pas ; il nous invite à lui confier ce qui
embarrasse notre cœur et notre esprit pour que nous formulions pleinement
notre désarroi et notre peine.
Dans un deuxième temps, le Fils incarné ravive en nous des phrases ou
des passages de l’Ecriture tout en avançant sur le chemin avec nous. Il
fallait que sa chair souffrît nous dit-il. Ce qui est vrai de son Corps
né de la Vierge Marie, ne peut être que vrai de son Corps mystique, l’Eglise
des croyants. Cette Eglise qui souffre partout où l’homme lui-même souffre :
« Etroite solidarité de l'Eglise avec l'ensemble de la famille
humaine Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des
hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent,
sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des
disciples du Christ » (Vatican II, Gaudium et spes n°1)
Comme les compagnons d’Emmaüs, le temps passe et nous aimerions que cette
explication continuât. Nous voulons continuer ces explications, cette
rencontre avec le Christ se poursuit par la lecture des textes de la Bible,
de la tradition. Le texte de saint Luc nous montre qu’après cette période
d’approfondissement de notre foi, le partage du pain trouvera sa place
naturelle.
Ce mode d’emploi nous est donné pour que nous aussi nous puissions nous
dire les uns aux autres : « Notre cœur n’était-il pas brûlant
en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
Nous partirons à la rencontre de nos frères en proclamant : « Le
Christ est Ressuscité ! »
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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23 avril 2023
Paroisses Nesle & Athies
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n°1318
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S’installer dans l’intimité du Christ
Les deux compagnons qui marchent vers Emmaüs sont si troublés par l’enseignement
de l’inconnu qui les accompagne qu’ils cherchent n’importe quel prétexte
pour qu’il continue à leur parler. Cette scène n’est pas sans évoquer
la réflexion de Pierre lors de la Transfiguration « Construisons
trois tentes ! » (Cf. Matthieu 17,4 et pp) Lors d’une rencontre
intense avec le Fils Unique du Père, il est impensable de s’en séparer !
Mais cette rencontre a une seconde conséquence ; les deux compagnons
rebroussent chemin ! Pourtant ils avaient précisé que la nuit tombait
avant le repas partagé avec le Christ. Il fait donc nuit lorsqu’ils décident
de retourner à Jérusalem malgré la prévention qu’ont les juifs de cette
époque contre l’obscurité : « A l’instant même »
précise saint Luc ; le message ne peut attendre, ils ont vu le Ressuscité !
La leçon est double puisque la rencontre de ces deux personnes avec le
Christ est relatée comme un modèle pour les croyants
- D’une part ce passage nous montre que l’étude, l’écoute et surtout
l’intériorisation de la Parole de Dieu révélée dans les Ecritures emplissent
le cœur de l’homme et lui procurent un bonheur et un accomplissement
ineffables.
- D’autre part les compagnons ne vont pas directement évangéliser autour
d’eux, avant toute chose, ils vont en référer aux Apôtres qui vont les
conforter en disant qu’à eux aussi le Seigneur est apparu. Ainsi ils
évoquent le chemin que doit prendre tout chrétien lorsqu’il se sent
investi d’une mission, il doit d’abord en soumettre la véracité à l’Eglise ;
un chrétien ne se donne pas sa mission, il la reçoit du Christ avec
l’aval l’Eglise.
- Cette approche permet donc un discernement sur la mission que le Seigneur
me confie : je ne suis pas seul à croire en ma révélation, toute
l’Eglise s’engage avec moi dans cette démarche et m’appuie dans la voie
d’évangélisation qui m’a été donnée.
Je rencontre le Christ Ressuscité dans chaque messe, dans chaque échange
avec d’autres, dans chaque prière ; il ne reste plus qu’à se mettre
en route, même si apparemment il fait nuit, la Lumière née de la Lumière
me guidera.
+Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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