30 décembre 2001
Forces Armées de Guyane
Retour en haut de la page
|
La fuite en Egypte
Humour du Père divin ou de Joseph, le père adoptif, c'est
en Egypte dont Dieu a fait sortir son peuple à main levée
et à bras fort que son Fils unique sera en sécurité.
Saint Matthieu cite le prophète Osée : " D'Egypte,
j'ai appelé mon fils " (Os 11,1 = Mt 2,15) pour faire comprendre
à ses lecteurs que Jésus résume en lui toute l'histoire
d'Israël. Le fils personnifiant le peuple de Dieu devient le Fils,
le Rédempteur en qui tout homme devient fils de Dieu. Ce condensé
de l'histoire sainte est surprenant : comme le peuple hébreu que
Dieu a fait surgir - par miracle - du sein d'Abraham avait fui la mort
par famine, le Fils venu par l'action de l'Esprit Saint en Marie, Vierge
et mère, fuit la mort, tous deux en se rendant en Egypte.
De même que la sortie d'Egypte pour le peuple hébreu se
fait avec quarante ans de purification dans le désert pour se forger
une foi exempte du polythéisme égyptien, une foi qui se
tourne vers un seul Dieu, non représentable et non nommable, Jésus
à Nazareth va " croître en sagesse, en stature et en
grâce devant Dieu et devant les hommes " (Lc 2,52) et finira
de se préparer à s mission, après plus de trente
ans, par un séjour de quarante jours au désert où,
lui aussi, sera tenté comme le peuple hébreu.
Cette ressemblance, sous la plume de saint Matthieu, juif imprégné
des Ecritures, ne peut pas être que fortuite. Il a voulu montrer
que toutes les prophéties, qui jusque là personnifiaient
le peuple de Dieu en un seul être humain, visaient le Messie et
ce Messie attendu depuis des siècles est Jésus que le Père
a fait Christ et Seigneur (Ac 2,21)
Saint Matthieu cite abondamment les Ecritures tout au long de son évangile
pour faire comprendre à ses lecteurs que leur réalisation
et Jésus de Nazareth ne font qu'un. La fuite en Egypte n'est donc
pas une anecdote quelconque, mais le premier signe, avant tous les miracles,
et peut-être plus important qu'eux, de la réalisation de
la promesse de Dieu.
Pour le chrétien, tout l'Ancien Testament prend son sens en Jésus
qui est venu accomplir l'Ecriture, c'est à dire, non pas la finir
ou l'achever, mais la rendre complète : par le Christ, nous avons
la plénitude de la Révélation. Nous devons lire et
méditer la Parole de Dieu dans ce sens.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
|
30 décembre 2007
Brigade Franco-Allemande
Retour en haut de la page
|
La Famille de Jésus
Dans la fête de la Sainte Famille, proposée depuis 1924 le dimanche qui
suit la fête de Noël, l’Eglise n’a pas seulement voulu donner en exemple
la famille formée par Joseph, Marie et Jésus à toutes les familles qui
croient à la venue du Fils de Dieu.
La méditation de la Sainte Famille fait partie intégrante du mystère
de l’Incarnation. Le raccourci que prennent les évangélistes qui passent
de la naissance à l’âge adulte ne doit pas oblitérer la trentaine d’années
qui les sépare. Le Fils Unique de Dieu ne se contente pas de venir naître
d’une femme, mais il a désiré vivre complètement le destin humain à travers
toutes ses étapes.
En particulier l’enfance est un âge de dépendance où l’être humain grandissant
reçoit et apprend tout de ceux qui l’entourent. Penser à la Sainte Famille
dans son intimité de Nazareth invite le croyant à réfléchir sur la soumission
de Jésus à ceux qui l’ont reçu et aimé. Sans oublier les messages de l’Archange
Gabriel, Joseph et Marie se consacrent dans un premier temps à l’éducation
de leur fils, à lui procurer nourriture et vêtements, puis à lui apprendre
à marcher, à parler, à prier jusqu’à ce jour de sa Bar-Mitsva :
« Ne savez-vous pas que je dois être chez mon Père ? »
(cf. Luc 2,22-40) où ils réaliseront que l’Enfant commence sa mission
de Fils du Père.
L’exemple donné par la Sainte Famille n’est donc pas le ‘petit nid
douillet’ représenté par l’iconographie mais c’est surtout l’exemple
du don de l’amour des parents pour leurs enfants : ils leur donnent
tout ce qu’ils estiment être le meilleur pour eux, puis ils acceptent
que leur progéniture puisse prendre le contrôle de leur vie à partir de
ce qu’ils ont reçu.
Joseph et Marie auraient peut-être pu rêver un autre avenir pour l’enfant
qu’ils ont élevé, mais ils savent s’effacer devant l’homme-Dieu venu pour
faire la volonté du Père et non celle des hommes.
La naissance du Christ dans notre cœur doit ressembler à cette Sainte
Famille, le nourrir et l’habiller par la lecture de la Parole de Dieu
et les directives de l’Eglise mais savoir le laisser agir pour que nous
le donnions aux autres.
Père JeanPaul Bouvier
|
26 décembre 2010
Fort Neuf de Vincennes
Retour en haut de la page
|
La paternité de Joseph
Personnage discret du Nouveau Testament, saint Joseph a pourtant un rôle
indispensable dans le projet de Dieu et tout particulièrement dans la
réalité de l’Incarnation. Pour vivre pleinement la vie de tous les hommes,
Jésus a dû apprendre le comportement humain comme tous les enfants. Cette
éducation reposait sur les connaissances que Joseph et Marie Lui ont transmises.
Quiconque a adopté un enfant sait que la paternité familiale est au moins
aussi importante que la paternité biologique ; le vrai père élève
un enfant, l’aime, lui transmet ce qui paraît bon pour lui et, preuve
suprême de l’amour paternel, l’aide à évoluer sur le chemin que l’enfant
choisit, même si ce n’est pas ce que le père aurait désiré.
Ainsi saint Joseph n’a pas seulement nourri Jésus et protégé Marie, il
Lui a appris ce qu’il savait. En particulier il a enseigné le chant des
Psaumes au Verbe qui les avait inspirés ; il a raconté le récit de
la Création au Créateur, l’histoire du Peuple de Dieu à Celui qui en était
le guide. Grâce à l’enseignement de base donné par saint Joseph « l'enfant
grandissait, se fortifiait et se remplissait de sagesse. » (Luc
2,40 ; cf. Luc 1,80)
Lors de Sa ‘Bar-mitsva’ au Temple de Jérusalem devant les docteurs
de la Loi, Jésus montre à quel point Il a intégré l’enseignement de Joseph
et que Sa nature divine lui donne une compréhension tout à fait particulière
des Ecritures : « Ils Le trouvèrent dans le Temple, assis
au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous
ceux qui L'entendaient étaient stupéfaits de Son intelligence et de Ses
réponses. » (Luc 2,46-47)
L’humilité de saint Joseph lui fait comprendre à cet instant que son
rôle est achevé, l’Enfant qui lui a été confié est le Fils éternel du
Père céleste, Il est devenu adulte dans la foi par cette célébration,
son père terrestre doit maintenant s’effacer et Le laisser accomplir Sa
mission. Comme Marie, il doit méditer tout cela dans son cœur, heureux
d’avoir participé au salut de l’humanité, discrètement, à sa place.
L’exemple que saint Joseph donne aux croyants est avant tout dans cette
discrétion humble. Aucun évangile ne rapporte une parole de cet homme
dont la mission était pourtant si nécessaire, source de méditation pour
nous qui ressentons toujours un besoin de reconnaissance ; une deuxième
source de réflexion se trouve dans la liberté que Joseph laisse à Jésus
de poursuivre Sa route car Il doit « être dans la maison de Son
Père ? » même si « eux ne comprirent pas la parole
qu'il venait de leur dire. » (Luc 2,49-50) une troisième piste
se trouve dans son acceptation de la mission, le Seigneur en confie à
chacun d’entre nous saint Joseph nous montre comment l’assumer, même si
elle nous paraît impossible à nos forces humaines, la grâce nous en sera
donnée.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
|
29 décembre 2013
Secteur Vermandois
n°722
Retour en haut de la page
|
La Sainte Famille
Les évangélistes ne s’attardent pas sur la Sainte Famille, saint Marc
et saint Jean n’en parlent pas et saint Matthieu et saint Luc ne nous
laissent que quelques images évocatrices : l’adoration des bergers :
« ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché
dans la mangeoire. » (Luc 2,16) ; l’adoration des mages :
« Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie,
sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent. » (Matthieu 2,11) ;
la fuite en Egypte : « dans la nuit, il [Joseph] prit l'enfant
et sa mère, et se retira en Egypte. » (Matthieu 2,14) ;
la purification : « Joseph et Marie le portèrent à Jérusalem,
pour le présenter au Seigneur. » (Luc 2,22) ; le recouvrement
au Temple : « Quand ses parents le virent, ils furent saisis
d’étonnement, et sa mère lui dit : Mon enfant, pourquoi as-tu agi
de la sorte avec nous ? Voici, ton père et moi, nous te cherchions
avec angoisse. » (Luc 2,48) La dernière allusion à la Sainte
Famille montre que Jésus « leur était soumis » (Luc 2,51)
Ces événements ne sont pas une iconographie pieuse, ils montrent que
Joseph et Marie sont attentifs à l’enfant qui leur est confié, ils lui
permettent de grandir en respectant les prescriptions religieuses de la
foi d’Israël : après l’incarnation dans la chair de la Nativité,
vient le temps de l’incarnation dans une époque et dans un peuple ;
la première vient par l’action de l’Esprit Saint (cf. Luc 1,28-38) la
seconde est l’œuvre de ses parents. Le Fils Eternel du Père Céleste s’incarne
dans le fils terrestre de Joseph et Marie : « Philippe rencontra
Nathanaël, et lui dit : Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit
dans la loi et dont les prophètes ont parlé, Jésus de Nazareth, fils de
Joseph. » (Jean 1,45) Cela a provoqué des incompréhensions :
« N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, celui dont nous connaissons
le père et la mère ? Comment donc dit-il: Je suis descendu du ciel ? »
(Jean 6,42)
Le pape Jean XXIII avait fait ajouter dans le Canon Romain (devenu la
1ère prière eucharistique) le nom de saint Joseph en lien avec
la citation de la Bienheureuse Vierge Marie, le pape François vient de
faire la même demande pour les trois autres prières eucharistiques montrant
ainsi l’importance dans la foi catholique du rôle du père putatif de Jésus
aux côtés de son épouse.
Ces textes sont pour nous des sources de méditation et d’inspiration
pour notre vie chrétienne. La Sainte Famille n’est pas seulement un exemple
pour les familles humaines mais aussi pour chacun d’entre nous. Comme
les parents de Jésus nous devons le faire grandir dans le monde d’aujourd’hui
et l’incarner dans nos cultures et nos sociétés avec humilité et discrétion
en sachant nous effacer devant l’action de l’Esprit Saint envoyé par le
Fils à ceux qui croient en Lui : « Reconnaissez à ceci l’Esprit
de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est
de Dieu. » (1Jean 4,2)
Saint Joseph suivait la volonté de Dieu, Marie méditait les actions de
son fils dans son cœur. Ils nous montrent le chemin. Essayons de leur
emboîter le pas !
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
|
29 déceembre 2019
Paroisses Nesle & Athies
retour en haut de la page
n° 1122
|
Joseph et Joseph
Joseph est le onzième fils de Jacob, petit-fils d’Abraham ; mais
cet enfant est le premier qu’il a eu avec Rachel, la femme qu’il aimait.
Léa, la femme que son beau-père lui avait faite épouser par ruse (cf.
Genèse 29,16-25) lui a donné six fils et une fille, puis Rachel, stérile,
lui offre Bilha sa servante dont il a deux fils, Léa lui propose alors
sa servante Zilpa dont il a également deux fils. Enfin Rachel a un premier
fils, Joseph, et plus tard un second, Benjamin.
Joseph est le fils favori de Jacob, il est couvert de cadeaux luxueux
par leur père ce qui suscite la jalousie de ses dix aînés ; ceux-ci
décident de le vendre comme esclave et disent à leur père qu’il a été
dévoré par un fauve. Après bien des vicissitudes, Joseph, par la grâce
de Dieu, est devenu en Egypte aussi puissant que Pharaon et il sauve toute
sa famille de la famine en la faisant venir au pays de Goshèn suivant
le projet de Dieu : « Alors Joseph dit à ses frères :
[…] Mais maintenant ne vous affligez pas, et ne soyez pas tourmentés de
m’avoir vendu, car c’est pour vous conserver la vie que Dieu m’a envoyé
ici avant vous. » (Genèse 45,5)
D’une façon similaire, l’ange du Seigneur demande à Joseph, l’époux de
la Vierge Marie, de sauver Jésus en partant en Egypte dans l’objectif
de sauvegarder le nouveau peuple de Dieu car « Il est aussi la
tête du corps, la tête de l’Eglise. » (Colossiens 1,18). C’est
en Egypte que le peuple de Dieu se constitue par les descendants de Jacob
(cf. Exode 1). Pour la Sainte Famille c’est un retour aux sources du salut
où Dieu nous dit comme il l’avait dit à Moïse : « J’ai vu,
oui, j’ai vu la misère de mon peuple » (Exode 3,7)
Joseph, fils de Jacob et Joseph, époux de la Vierge Marie sont tous les
deux des hommes qui acceptent que Dieu les utilise comme médiateurs de
son projet de salut, le premier pour les descendants de Jacob, le second
pour toute l’humanité ; le premier de façon matérielle en sauvant
sa famille de la famine, le second de façon spirituelle en protégeant
le secret du Fils incarné jusqu’au moment voulu. Tous les deux reconnaissent
l’action de l’Esprit Saint en eux sans revendiquer la moindre gloire personnelle.
Ces deux hommes sont pour nous des exemples dans leur façon d’entendre
et de mettre en application la Parole que Dieu adresse à chacun d’entre
nous. En regardant notre vie, nous pourrons y découvrir les appels que
le Seigneur nous lance et notre façon d’y répondre avec confiance :
nous aussi sommes des médiateurs du projet d’amour de Dieu.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
|