Janvier 1994
Saint Charles de Monceau
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n°22
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Lumière des hommes, nous marchons vers toi, Fils
de Dieu, tu nous sauveras !
La lecture du prophète Isaïe, qui nous est proposée
en cette fête de l'épiphanie, est entièrement consacrée
à la lumière qui brille au milieu des hommes. Ou plutôt
la lumière qui brillera lorsque le Messie viendra.
Pour nous, chrétiens, la lumière brille dans nos ténèbres,
mais qu'en est-il réellement?
Au début de l'ère chrétienne, cette lumière
était marquée le jour du Baptême : le catéchumène
descendait dans la piscine baptismale du côté de l'Occident,
c'est à dire du côté où le soleil se couche
(symboliquement, le soleil qui disparaît derrière l'horizon
signifie que le mal est vainqueur), et le baptisé sortait après
le Baptême du côté de l'Orient signifiant qu'il avait
abandonné la vie de ténèbres pour vivre avec le Soleil
Levant (nom fréquemment donné au Christ dans la littérature
de l'époque) dans la pleine lumière du jour.
Il y a aussi tout le symbolisme de la lumière dans la liturgie
de la vigile Pascale où la Lumière du Ressuscité
tient une place importante.
Par la suite, toujours avec le même symbolisme, l'Eglise a choisi
de construire les édifices consacrés en les orientant Est-Ouest,
le bâtiment s'ouvre vers l'Est. Or, ces constructions avaient aussi
la forme d'une croix où le chœur liturgique tenait la place de
la tête du Christ. L'ouverture occidentale était donc aux
pieds du Christ conformément au psaume : ``Le Seigneur a dit à
mon Seigneur : "Siège à ma droite, et je ferai de tes
ennemis le marchepied de ton trône. "'' (Ps 110,1). Cette disposition
marquait aussi la victoire du Christ sur l'Ennemi, sur le mal.
La catéchèse du Moyen-Age utilisait abondamment ces symboles
avec les personnes qui ne savaient pas lire. Aujourd'hui, nous les avons
plus ou moins écartés au bénéfice de la lecture
et des écrits.
Il faut donc que les chrétiens de cette fin du XXème siècle
soient assez inventifs pour trouver de nouvelles formes pour rendre cette
Lumière, non seulement visible, mais aussi présente dans
la vie de chacun. Les mages se sont mis en route grâce à
une étoile. Osons être l'étoile qui guide nos contemporains
vers celui qui nous sauve.
Père JeanPaul Bouvier
Vicaire à saint Charles de Monceau - Paris
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6 janvier 2002
Forces Armées de Guyane
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n°130
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Les " trois " " Rois " Mages
Dans la tradition populaire, les personnes qui viennent adorer l'enfant
Jésus à la crèche se sont transformés en trois
rois allant même jusqu'à leur attribuer les noms de Gaspard,
Melchior et Balthasar, pourtant saint Matthieu ne parle que de mages venus
d'Orient, sans nombre défini si ce n'est que le mot étant
au pluriel, ils sont au moins deux, il n'y a pas de limite supérieure.
Pourquoi trois ? Dans le raisonnement du peuple chrétien, c'est
une simple déduction : il y a trois cadeaux, l'or, la myrrhe et
l'encens, donc chacun apporte un cadeau symbolique. Trois cadeaux = trois
personnes. Mais ces mages d'une grande sagesse, venant de loin et conscients
de l'importance de cette naissance pouvaient très bien apporter
chacun à titre personnel ces trois éléments riches
de signification. L'or, symbole de la richesse, de la puissance temporelle,
cet or tant recherché par les puissances terrestres pour asseoir
leur autorité ; la myrrhe, symbole de l'éternité,
était utilisée dans les embaumements des égyptiens
pour que le corps ne subissent pas la corruption, souci majeur des pharaons
pour que la vie après la mort physique leur soit assurée
; l'encens, symbole de la divinité, car dans tous les temples de
l'antiquité, y compris celui de Jérusalem, l'encens n'était
offert qu'aux dieux sa fumée odoriférante qui monte vers
le ciel matérialise la prière du croyant qui monte vers
son dieu.
Pourquoi des rois ? Ces personnes, venues de loin, sont reçues
immédiatement par Hérode, roi de Judée, elles sont
donc importantes dans leurs pays respectifs. A cette époque et
plus tard, seul le roi était important. De plus, le roi est la
personnification de son peuple : le peuple est le roi et le roi est le
peuple. Le déplacement fait par la tradition populaire en les établissant
rois, veut montrer et expliquer ce que veut dire le mot épiphanie
: manifestation sur le monde. Cette manifestation divine ne peut pas se
faire pour quelques personnes, mais pour tous les peuples de la terre.
A tel point que puisqu'on les a mis au nombre de trois, il y a trois grands
phénotypes humains : négroïde, mongoloïde et caucasien,
les mages sont donc devenus représentants de ces trois lignées
humaines un noir un jaune et un blanc. A travers eux, ce sont tous les
hommes qui sont concernés par la naissance de Jésus.
En fait la tradition populaire a du bon sens, elle a retrouvé,
grâce à d'autres symboles, le sens même de ce passage
de l'évangile de saint Matthieu et ce qu'il voulait faire comprendre
à ceux qui l'écoutaient lors de ses prédications
: l'événement de Noël a une portée universelle
et non seulement pour le peuple juif. Nous aurions peut-être besoin
aujourd'hui de trouver les symboles qui toucheraient le cœur de nos contemporains
pour leur faire comprendre qu'eux aussi sont sauvés par cette annonce
inouïe : " le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi
nous ! "
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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8 janvier 2006
Bosnie Herzégovine
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n°277
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Epiphanie
L’étymologie du mot nous aide encore à entrer dans le mystère de la révélation :
le préfixe épi- indique une universalité, un événement qui touche
tous les individus d’une population(comme dans épidémie) et le
radical -phanie qui est une manifestation, un témoignage (comme
dans diaphane) L’Epiphanie fêtée par les chrétiens signifie une
manifestation destinée à l’ensemble des humains qui sont symbolisés par
ces mages qui viennent de l’Orient.
Ce ne sont pas des personnages quelconques qui rendent hommage à l’enfant
Jésus au nom de l’humanité. Ce sont des mages, c’est à dire, en transposant
dans notre langage actuel, des scientifiques, des personnes qui ont acquis
leur sagesse, leurs connaissances, par l’étude et la réflexion ;
des hommes qui comprennent ce que les autres ne comprennent pas, qui jaugent
l’importance des événements à l’aune de la science.
L’évangile de saint Luc met l’accent sur la révélation faite aux bergers
par la grâce de Dieu qui leur envoie des anges pour annoncer cette grande
joie de la naissance d’un Sauveur (cf. Lc 2,10) et leur donner la
connaissance. Saint Matthieu montre des hommes qui parviennent à la connaissance
de l’événement par leur savoir et leur intelligence mais qui doivent confronter
cette intelligence à la grâce.
Ces deux évangiles, les seuls à raconter la naissance et l’enfance de
Jésus, montrent ainsi les approches différentes que tout homme peut avoir
pour connaître Dieu, Père, Fils et Esprit. Suivant les caractères et les
possibilités de chacun, Dieu se met à sa portée.
Notre Dieu ne nous demande pas d’adhérer à une culture humaine particulière,
ni de prendre les habitudes d’une ethnie spécifique, il demande à chaque
être humain d’être lui-même, pleinement lui-même. Nous n’avons pas à copier
servilement tel ou tel saint mais à devenir saint tels que nous sommes.
Dieu met en chacun de nous des charismes différents pour que la communauté
puisse profiter d’une diversité de dons. Loin des sectes où tout membre
a l’obligation de penser comme le gourou, l’Eglise Catholique invite ses
fidèles à mettre en œuvre leurs capacités particulières pour le bien commun.
Les quatre évangiles vont souligner ce trait en montrant que le Fils
unique du Père accepte ses interlocuteurs tels qu’ils sont ; il ne
chasse pas la femme adultère, il invite les pécheurs. Au contraire il
fustige ceux qui obéissent à la lettre de la Loi en oubliant l’esprit,
ceux qui se donnent bonne conscience en se réfugiant derrière une coutume,
ceux qui voient la paille dans l’œil du voisin.
Comme Jésus, acceptons et aimons notre prochain avec ses différences,
en l’invitant à être parfait comme notre Père céleste est parfait. Nous
serons alors de véritables disciples du Christ
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier de l'EUFOR
Précisions sur les mages
Ce sont les pèlerins venant de l’0rient qui ont été guidés par
une étoile miraculeuse jusqu’à Bethléem pour y glorifier l’enfant Jésus
comme Roi des Juifs (cf. Matthieu 2,1-12)
La tradition théologique chrétienne a toujours affirmé que les Gentils
étaient venus adorer Jésus à la crèche aussi bien que les Juifs. Cet événement
est célébré à Noël dans l’Eglise Orientale et à l’Epiphanie dans
l’Eglise latine. La tradition orientale estime qu’ils sont 12 évoquant
ainsi 12 tribus non juives parallèles aux 12 tribus juives, alors que
la tradition occidentale fixe leur nombre à 3 en se basant probablement
sur les trois cadeaux, l’Or, l’Encens et la Myrrhe (Matthieu 2,11) qu’ils
offrent à l’enfant. La seule chose sûre est qu’ils sont plusieurs puisque
le mot est au pluriel.
L’Evangile de Matthieu relate comment à Jérusalem, ils ont attiré l’attention
du roi Hérode le grand de Judée en annonçant la naissance de Jésus :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? »
(Matthieu 2,2) Hérode consulta les scribes pour savoir à quel endroit
le Messie devait naître. Ayant appris que c’était à Bethléem, il laissa
partir les mages en leur demandant de venir les prévenir de l’endroit
exact lorsqu’ils repartiront. « Mais avertis en songe de ne pas
retourner voir Hérode, après avoir adoré l’enfant, ils retournent chez
eux par un autre chemin. » (Matthieu 2,12)
Des traditions ultérieures à l’évangile ont embelli le récit. Dès le
IIIème siècle, ils furent considérés comme étant des rois, probablement
pour accomplir la prophétie du Psaume 72, 10-11 :
Des peuplades s'inclineront devant lui, ses ennemis
lécheront la poussière.
Les rois de Tharsis et des îles
apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
Tous les pays le serviront.
Ce n’est qu’au VIIIème siècle qu’apparaissent les noms des rois mages
dans une chronique en latin sous le nom de ‘Bithisarea, Melichior,
et Gathaspa’. Depuis de document, ils sont connus sous les noms de
Balthasar, Melchior, et Gaspar
(ou Casper) Suivant la tradition occidentale, Balthasar est souvent représenté
comme un roi d’Arabie, Melchior, comme un roi de Perse, Gaspar comme un
roi des Indes.
Leurs reliques supposées furent transférées de Constantinople à Milan
à la fin du Vème siècle, puis de là à la cathédrale de Cologne au XIIème
siècle. Une fervente dévotion aux mage s’est spécialement développée au
Moyen-Age.
Les Mages sont les saints patrons des voyageurs ; ils sont fêtés
le 23 juillet.
L’Adoration des Mages, ou plutôt leur hommage à l’enfant Jésus, devint
très tôt un des thèmes les plus populaires dans l’art chrétien. La première
peinture existante de cette scène est la fresque de la catacombe de Priscilla
à Rome, elle date du IIème siècle.
Au Moyen Age, l’Adoration des Mages est souvent associée à deux autres
événements majeurs de la vie de Jésus :
- Son Baptême par Jean pendant lequel la voix de Dieu déclare publiquement
Jésus comme son Fils
- Les noces de Cana où il révèle sa divinité en changeant l’eau en vin.
Les trois événements, tous célébrés le même jour de fête, sont fréquemment
représentés ensemble dans les sculptures monumentales qui décorent les
églises de cette période.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier de l'EUFOR
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7 janvier 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°298
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Science et foi
La tradition chrétienne, dans un souci de situer les événements plus
précisément, a voulu incarner les mages qui viennent pour rendre hommage
à l’enfant Jésus guidés par l’étoile. Puisqu’ils apportent trois cadeaux,
ils devaient être trois personnes différentes, l’un portant l’or symbole
de la puissance temporelle et royale, l’autre l’encens symbole de la divinité,
le troisième la myrrhe symbole d’immortalité.
Plus tard ils ont reçu une identité : Gaspard, Melchior et Balthasar ;
il a même été imaginé qu’ils étaient d’origines différentes : un
asiatique, un occidental et un africain. Ainsi est venu le nom de cet
épisode de la vie de Jésus : l’EPIPHANIE, c’est à dire
une manifestation universelle (epi
= total et fanew = manifester)
L’évangéliste saint Matthieu ne nous dit rien de tout cela, si ce n’est
les trois offrandes apportées à l’enfant.
La dénomination de mages ne doit pas nous abuser, ce ne
sont pas des magiciens, plus ou moins folkloriques ayant des facultés
pour mystifier leurs contemporains, les mages de cette époque étaient
des scientifiques, des sages, des mathématiciens, des physiciens et surtout
des astronomes.
Il est intéressant de remarquer que les premiers témoins de l’incarnation
sont des bergers (cf. Luc 2,1-14) et des mages (cf. Matthieu 2,1-12) c’est
à dire des personnes qui ont la connaissance des astres qu’ils observent
chaque jour les yeux levés vers le ciel, des hommes reconnus pour leur
sagesse, leur savoir et leur réflexion.
Ce sont donc les savants de l’époque qui viennent déposer aux pieds de
l’enfant-Dieu l’aveu de leur impuissance : leurs connaissances les
amènent à la conclusion de leurs limites.
Aujourd’hui beaucoup de personnes veulent démontrer que la révélation
est fausse à la racine, que la Bible est un recueil de belles histoires
sans fondement. Le Big-Bang et les théories de l’évolution sont
opposés aux récits de Création. D’autres au contraire refusent toute autorité
à la science et veulent affirmer que toute autre explication que celle
de la Bible est une tentation diabolique.
Les mages ne se sont pas laissés tromper par ces illusions, il n’y a
pas antinomie entre la science et la foi, mais complémentarité :
la science nous expliquera toujours mieux le comment nous
sommes là, la foi nous donne la clef du pourquoi nous sommes
là.
Comme les mages venus à Bethléem, nous avons pour mission de faire comprendre
à nos contemporains que ne peut y avoir de science réelle sans foi, de
même que la foi est aidée par la science
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Militaire
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6 janvier 2008
Brigade Franco-Allemande
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n°354
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3 ‘cadeaux’
Alertés par un prodige céleste, des mages venus d’Orient se renseignent
habilement auprès de celui qui doit savoir : Hérode, le roi
de Judée. D’ailleurs leur espérance n’est pas déçue puisque si le roi
ignore la réponse à leur question il sait à qui s’adresser pour avoir
la solution attendue.
En repartant de Jérusalem munis des éléments que les scribes leur ont
donnés, les mages s’aperçoivent qu’ils n’en avaient pas besoin ;
leur quête est d’origine divine et même si la clef de l’énigme se trouvait
dans les Ecritures, c’est Dieu lui-même est leur véritable guide avec
le signe de l’étoile.
Arrivés à la maison, ils trouvent l’Enfant et le vénèrent en lui offrant
trois cadeaux, de l’or, de la myrrhe et de l’encens. Ce ne sont pas là
les cadeaux habituels que des visiteurs peuvent offrir à un nouveau-né !
L’or est la source de la puissance temporelle ; les hommes
qui possèdent de l’or sont investis d’un pouvoir immédiat ce qui se traduit
logiquement par une position de premier plan dans la communauté :
ils sont consultés pour les décisions importantes de la cité car ils en
seront les principaux promoteurs. Les rois reçoivent de l’or de leurs
vassaux en signe d’allégeance. Par ce cadeau, les mages reconnaissent
dans l’Enfant le souverain universel.
La myrrhe est utilisée couramment dans la thanatopraxie pour préparer
et momifier les corps des hommes et femmes dont la mémoire doit être conservée
pour l’éternité. En Egypte, le corps, oint d’huile parfumée et frotté
de myrrhe après le lavage, est enveloppé, membre par membre, dans des
bandelettes de lin imprégnées de gomme. Cette résine est devenue de ce
fait un symbole d'immortalité. Par ce cadeau, les mages reconnaissent
dans l’Enfant un être éternel.
L’encens n’est utilisé que dans les temples, en particulier dans
le Temple de Jérusalem où un prêtre tiré au sort doit chaque jour à heure
fixe faire brûler de l’encens sur l’autel prévu à cet effet dans le Saint
(première partie du Temple) juste devant le rideau qui le séparait du
Saint des saints (deuxième partie où seul le Grand-Prêtre pouvait entrer)
La fumée qui se dégage de cette offrande est le symbole de la prière du
peuple montant vers Dieu. Par ce cadeau, les mages reconnaissent dans
l’enfant un être divin.
Ainsi cette visite de savants étrangers à l’Enfant Jésus dès sa naissance
est déjà une profession de foi : Dieu fait homme, venu inaugurer
un Royaume éternel. Ils peuvent l’affirmer grâce au signe de l’étoile.
Et nous avons plus que ce simple signe !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse militaire
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4 janvier 2009
Brigade Franco-Allemande
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n+413
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Où est le roi des juifs qui vient de naître ?
Ces personnes dont l’évangile de Matthieu ne dit pas grand chose ont
vu une étoile dans le ciel (peut-être la comète de Halley), un phénomène
suffisamment étrange pour qu’ils se mettent en route pour voir d’où provient
ce prodige.
Pour ces astrologues habitués à scruter les phénomènes célestes il ne
peut s’agir que d’un événement important, sans doute la naissance d’un
personnage particulièrement considérable et comme l’étoile semble s’arrêter
au-dessus d’Israël, c’est sans doute, pour ce pays, un nouveau roi qui
sera un dirigeant remarquable.
Cette première manifestation au monde de la venue du Fils de Dieu commence
donc par une méprise due à des préjugés dans l’esprit de ceux qui ont
reçu le signal. Le roi Hérode lui-même imagine qu’il s’agit d’un ‘concurrent’
choisi par Dieu pour le supplanter, comme David avait remplacé Saul (cf.
1 Samuel 16)
Cette démarche des mages est pour notre siècle une leçon : de nombreuses
personnes sont promptes à s’enthousiasmer pour des phénomènes qu’ils imaginent
importants sans en voir les conséquences ou les implications, y compris
dans le domaine de la foi et quelquefois de la religiosité !
Des signes nous sont donnés tous les jours – voire tous les instants
– mais nous les interprétons souvent mal. Le magistère de l’Eglise aide
à discerner mais n’est pas toujours écouté par le plus grand nombre. Comme
ces scribes qui, à la demande de leur roi, donnent une réponse scripturaire,
c’est à nous, croyants nourris de l’Evangile, d’expliquer de façon simple
les signes qui nous sont donnés aujourd’hui, sans à priori ni jugement.
L’évangile de saint Matthieu finit par l’exhortation de Jésus ressuscité :
« Allez de toutes les nations faites des disciples ! »
Essayons d’en être les artisans.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paoisse militaire
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3 janvier 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°456
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Manifestation au monde
Le mot ‘Epiphanie’ peut se traduire par ‘manifestation sur’ ;
le nom ‘Théophanie’ se traduit par ‘manifestation de Dieu’,
mais il sera utilisé pour les événements liés au Baptême du Christ par
Jean-Baptiste ou à la transfiguration sur la montagne. En faisant intervenir
des étrangers, les mages venus d’Orient, saint Matthieu veut faire comprendre
aux lecteurs de son évangile que la venue du Fils de Dieu, héritier de
la promesse d’Abraham (cf. la généalogie de Jésus en Matthieu 1,1-12)
n’est pas limitée au seul Peuple de Dieu.
Toutefois, si la question posée par ces personnages importants est sans
équivoque : « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? »,
le roi Hérode ne s’y trompe pas, il souhaite perfidement à connaître l’endroit
de cette naissance pour aller se prosterner devant cet enfant. Par cette
requête il reconnaît implicitement que c’est une manifestation de Dieu
car dans la religion juive les hommes ne doivent se prosterner que devant
Dieu, jamais devant un homme. Les livres des Martyrs d’Israël montrent
que les croyants préféraient la mort plutôt qu’adorer des idoles ou des
empereurs.
Il y a donc dans ce passage une double reconnaissance, celle des mages
venus de loin à la suite d’une apparition d’étoile dans le ciel, signe
d’une action divine importante pour le monde et non pas seulement pour
les juifs, et celle d’Hérode qui voit dans cette annonce la réalisation
des prophéties concernant le Messie que le peuple attend.
Pour nous aujourd’hui, ces deux reconnaissances sont des témoignages
importants car si nous ne sommes pas charnellement des descendants d’Abraham
nous reconnaissons dans la venue de Jésus dans notre chair un acte d’amour
du Père pour l’humanité, événement exceptionnel pour un amour infini.
Comme les mages nous pouvons poser autour de nous la question : « Où
est dans notre monde le Messie dont nous fêtons l’Incarnation ? Comment
participons-nous à ce monde nouveau qu’il annonçait ? »
L’Epiphanie existe encore aujourd’hui : elle repose sur le questionnement
que les chrétiens posent au monde.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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2 janvier 2011
Fort Neuf de Vincennes
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n°514
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Les païens sont associés au même héritage
Les quatre textes de ce dimanche sont tous orientés vers la même certitude,
le projet de Dieu n’est pas de se cantonner à un peuple descendant d’Abraham
mais que la promesse faite au ‘Père des nations’ s’adresse à travers
lui à toute l’humanité.
Dans cet esprit, la tradition chrétienne a voulu reconnaître dans ces
personnes venues d’Orient une symbolique de toute l’humanité, et le haut
Moyen-Age a voulu les personnifier comme venant des régions différentes
du monde connu : d’Afrique, d’Asie et de l’Occident, un noir, un
jaune et un blanc signifiant ainsi que le monde entier était présent pour
l’adoration à la crèche.
Dans l’évangile de saint Luc que nous avons entendu la nuit de Noël,
ce sont les bergers qui ont rendu le premier hommage à l’enfant-Dieu ;
le berger par excellence dans la tradition de l’Ancien Testament est le
roi David que Dieu avait choisi alors que, très jeune, il gardait et défendait
les troupeaux de son père Jessé. A travers ces bergers, c’est donc le
roi David – emblème de son peuple – qui vient prendre conscience de son
descendant à qui la Royauté suprême est destinée. Grec, non juif, saint
Luc a voulu souligner que ce ‘Jésus de Nazareth’ s’inscrivait dans
l’histoire d’amour entre Dieu et les hommes relatée par l’Ancien Testament.
A l’opposé, saint Matthieu, juif, n’a pas besoin de rappeler l’enracinement
de la promesse dans l’histoire du peuple de Dieu, il le connaît et vraisemblablement
les destinataires de son évangile aussi. Il tient à souligner l’ouverture
de cette histoire à l’ensemble des hommes et des femmes ; et il montre
que ce ne sont pas des gens du peuple comme les bergers qui rendent le
premier témoignage au ‘Roi d’Israël’ mais des érudits, des savants
qui étudient le fonctionnement du monde, des mages venus de contrées lointaines
par curiosité scientifique.
Nous sommes aujourd’hui à la fois les dépositaires de cette histoire
d’amour entre Dieu et l’humanité et des chercheurs qui essaient de découvrir
les signes divins dans notre vie. Nous ne scrutons pas les étoiles pour
connaître le dessein de Dieu, mais nous écoutons les évangiles pour connaître
la mission que Dieu nous confie.
Comme ces bergers qui louaient Dieu devant le prodige qu’ils avaient
vu et comme ces mages qui reconnaissaient l’universalité de ce ‘Dieu
fait homme’, nous devons témoigner de ce que nous avons vu et entendu.
En participant régulièrement aux Sacrements qui nous sont donnés, nous
voyons et nous entendons cet appel de Dieu pour « proclamer la
parole, insister à temps et à contretemps » (cf. 2 Timothée 4,2)
La fête de l’Epiphanie nous invite à ne pas être que des gardiens égoïstes
de la révélation mais des propagateurs de la foi à toutes les nations
selon la consigne donnée par Jésus à tous ses disciples : « Allez
donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom
du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout
ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours
jusqu'à la fin des âges. » (Matthieu 28,19-20)
Père JeanPaul Bouvier
aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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8 janvier 2012
Fort Neuf de Vincennes
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n°583
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Hypocrisie d’Hérode le grand
Le roi Hérode (37-4 avant Jésus-Christ) a été nommé par les Romains
roi de Judée, il est peu apprécié par ses contemporains car considéré
comme un collaborateur zélé des occupants et surtout un usurpateur :
il n’est pas descendant de David, de la lignée légitime de ceux que le
seul Roi du peuple, Dieu, a désignés pour le représenter dans cette fonction.
De nombreuses révoltes éclatent sous son règne. Pour amadouer les juifs,
il se lance dans un travail colossal de reconstruction et d’embellissement
du Temple de Jérusalem en y consacrant des sommes pharamineuses.
Aussi lorsqu’il entend les mages demander « Où est le roi des
juifs qui vient de naître ? » Il craint de voir se lever
un roi légitime qui pourrait prendre la tête d’une véritable révolution
populaire et le chasser du trône. Pour s’assurer de trouver – et d’éliminer
– ce rival potentiel, il demande des précisions d’abord aux scribes pour
savoir ce que disent les prophètes sur le lieu de naissance du Messie,
puis à ces personnes, mais en secret, sur la date probable de cette naissance
puisqu’elles semblent être sûres de ce qu’elles avancent.
Comme les mages ne reviennent pas lui donner les indications qu’il a
demandées, il fait massacrer tous les enfants de moins de deux ans, sans
le moindre scrupule… Ainsi voulant conjurer une prophétie, il en accomplit
une autre, celle que Jérémie (31,15) avait prononcée : « A
Rama, une voix se fait entendre, une plainte amère ; c'est Rachel
qui pleure ses fils. Elle ne veut pas être consolée pour ses fils, car
ils ne sont plus. » (cf. Matthieu 2,16-18)
Nous avons beau jeu de critiquer l’attitude du roi Hérode, mais il y
a encore à notre époque des rois Hérode ! Non seulement des chefs
d’Etats qui font massacrer une partie de la population de leur pays, mais
aussi, à côté de nous, des petits tyrans qui profitent d’une position
plus ou moins puissante pour détruire des vies et, quand nous ne les assistons
pas dans cette tâche, nous restons impassibles ou au moins passifs. Au
mieux, nous rédigeons une intention de prière lue le dimanche après avoir
professé notre foi.
En examinant notre vie personnelle, nous pourrons toujours constater
qu’à certains moments nous avons abusé de l’autorité qui nous était confiée
au détriment de ceux qui nous entourent et qui étaient aussi innocents
que les enfants de Bethléem. Il est facile de s’identifier aux mages et
de venir nous prosterner devant le Fils du Père avec nos offrandes ;
il est beaucoup plus difficile d’accepter que nous sommes quelquefois
dans la peau d’un Hérode.
En allant célébrer souvenons-nous de l’avertissement que Jésus donne
à ses disciples : « Quand donc tu présentes ton offrande
à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec
ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande. »
(Matthieu 5,23-24) Ainsi nous n’aurons pas l’attitude d’Hérode disant
que lui aussi veut aller se prosterner alors que ses intentions sont tout
autres
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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6 janvier 2013
Secteur Vermandois
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n°653
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Science et révélation
Ce que saint Matthieu dénomme des 'Mages' est en fait ce que nous
appellerions des scientifiques : ils ont observé le ciel et ils ont vu
l'apparition d'une étoile particulière (peut-être la comète de Halley
qui passait à cette période) et ils en ont déduit qu'un événement d'importance
était en train de se produire. Il s'agit donc davantage d'observateurs
et de personnes qui cherchent à comprendre le fonctionnement de l'Univers
que de magiciens capables de tours de passe-passe. Venant d'Orient, ils
sont considérés à l'époque comme dépositaires d'une grande sagesse et
d'un grand savoir. Grâce à leurs capacités d'analyse, ils parviennent
jusqu'en Judée pour y vérifier l'exactitude de leurs conclusions.
En demandant : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? »
au roi Hérode, les mages n'ignorent pas que le seul vrai Roi d'Israël
est le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, dont le Nom a été révélé à
Moïse (cf. Exode 3,2-14) Ils n’ont donc qu’une considération (très) relative
pour ce roi qui est contesté par son propre peuple qui estime qu’il n’est
pas légitime puisqu’il a été mis en place par les romains.
Renseignés par les scribes qui pensent immédiatement que la réponse a
été donnée par le prophète Michée (5,2) qui localise la naissance du Messie
à Bethléem ; les mages trouvent la Sainte Famille et adorent l’enfant-Dieu
en lui offrant leurs cadeaux : de l’or, symbole de
la puissance temporelle, de la myrrhe symbole de l’éternité
car utilisée dans les embaumements égyptiens, de l’encens
symbole de divinité car il n’était utilisé que dans les temples en offrande
aux dieux ou à certains rois divinisés.
Cet épisode ne doit pas faire oublier que la première adoration du Fils
Unique du Père a été faite par les bergers avertis d’une ‘Bonne Nouvelle’
révélée par l’ange et une multitude céleste qui chantait la gloire de
Dieu (cf. nuit de Noël : Luc 2,1-14) Le signe qui leur a été donné
est un « un enfant nouveau-né couché dans une mangeoire. »
(Luc 2,12)
Ces deux récits ne sont pas opposés mais ils sont complémentaires et
montrent, en particulier à nos contemporains, que Dieu peut se discerner
par la voie de la raison en étant attentif aux signes des temps et en
scrutant les Ecritures sacrées et il peut aussi être découvert par révélation
personnelle ou communautaire. La science entraînera vers la foi toute
personne à l’esprit ouvert et la foi entraînera le désir d’approfondir
sa connaissance de Dieu et de ses volontés.
« L'Eglise catholique a toujours unanimement tenu et tient encore
qu'il existe deux ordres de connaissance, distincts non seulement par
leur principe, mais aussi par leur objet. Par leur principe, puisque dans
l'un, c'est la raison naturelle, dans l'autre, la foi divine, qui nous
fait connaître. Par leur objet, parce que, outre les vérités que la raison
naturelle peut atteindre, nous sont proposés à croire les mystères cachés
en Dieu, qui ne peuvent être connus s'ils ne sont révélés d'en haut »
(Premier Concile du Vatican 24 avril 1870 Constitution dogmatique "Dei
Filius " chapitre 4)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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5 janvier 2014
Secteur Vermandois
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n° 724
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Elle est venue ta lumière
La lumière est un thème récurrent dans la Bible : c’est le premier
élément que Dieu conçoit lors de la Création : « Dieu dit :
Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière
était bonne ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. »
(Genèse 1,3-4) Plus tard les prophètes ont largement utilisé la lumière
comme une allégorie figurant Dieu qui guide le peuple d’Israël, idée que
reprend le IVème évangéliste pour introduire sa prédication : « Cette
lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire
tout homme. Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle,
et le monde ne l’a point connue. » (Jean 1,9-10)
Une nouvelle lumière venant dans le monde n’est pas passée inaperçue :
des astrologues d’Orient remarquent cette étoile et elle semble les guider
jusqu’à Jérusalem. Cet événement sidéral doit annoncer un événement considérable
sur la terre mais ce n’est pas à la cour d’Hérode qu’ils trouveront la
réponse, seulement un nouvel indice dans les paroles de Michée, un des
prophètes du Dieu d’Israël : « Et toi, Bethléem en Judée,
tu n'es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de
toi sortira un chef, qui sera le berger d'Israël mon peuple. »
(Michée 5,1) Munis de ce renseignement les mages repartent et l’étoile
les précède à nouveau pour leur indiquer leur destination précise où ils
trouvent Jésus et sa mère.
Après avoir adoré l’Enfant et lui avoir remis leurs cadeaux symboliques
l’Or la Myrrhe et l’Encens, ils repartent directement vers l’Orient.
Le Haut Moyen-âge a développé l’aspect anecdotique de cet épisode de
l’enfance de Jésus en faisant de ces mages ‘trois rois’, pensant
que chacun d’eux n’avait apporté qu’un seul des trois cadeaux et allant
même jusqu’à leur attribuer les noms de Gaspar, Melchior et Balthasar.
Mais le passage de saint Matthieu n’a pas pour but de raconter une historiette,
il désire donner un enseignement aux chrétiens qui liront son évangile.
L’étoile qui les guidait depuis l’Orient semble disparaître lorsqu’ils
arrivent à Jérusalem et ce n’est que par la Parole de Dieu qu’elle réapparaitra.
Pour les chrétiens, pour nous, si nous voulons que la Lumière de Dieu
nous guide, nous devons rechercher dans l’Ecriture les indices qui nous
permettront de continuer notre route, connaître la Loi et les prophètes
comme ces scribes qui ont tout de suite trouvé où le Messie devait naître.
Le Fils de Dieu, lumière qui éclaire le monde (cf. Jean 1,10) est celui
qui nous guide ; lorsque la lumière de la foi semble s’estomper,
en méditant la Parole de Dieu dans la Bible nous la verrons à nouveau
briller de tous ses feux dans notre firmament comme les mages ont retrouvé
l’étoile après la révélation contenue dans le livre du prophète Michée.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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4 janvier 2015
Secteur Vermandois
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n°798
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Toutes les nations sont associées au même héritage
La prédication de saint Paul, l’Apôtre des païens, montre sa foi dans
l’amour de Dieu pour toute l’humanité, au-delà des frontières du peuple
juif descendant d’Abraham ; les promesses faites trouvent leur accomplissement
dans l’annonce de l’Evangile : « L’heure vient, et c’est
maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité :
tels sont les adorateurs que recherche le Père. » (Jean 4,23)
disait Jésus à la Samaritaine. L’accueil de la Bonne Nouvelle par les
peuples étrangers est le signe que l’heure est venue.
De nombreux passages de l’Ancien Testament témoignent de cet amour universel
de Dieu qui inspire des étrangers pour manifester sa Gloire afin de montrer
au peuple d’Israël que l’Esprit souffle où il veut ; Tel est le roi
Melchisédech (Genèse 14,18-19 # Hébreux 5-7) en qui Abraham reconnaît
le ‘prêtre du Dieu très haut’ ; le devin Balaam guidé par
‘l’ange de l’Eternel’ (Nombres 22-24) bénit le peuple hébreu au
lieu de le maudire ; le roi Cyrus après un songe (Esdras 1,1-5) libère
le peuple juif de l’Exil et permet la reconstruction du Temple…
La visite des ‘Mages venus d’Orient’ pour se prosterner le ‘roi
qui vient de naître’ est dans la même lignée. Les grands-prêtres et
les scribes n’avaient pas compris que le signe dans le ciel était l’annonciateur
d’un événement extraordinaire dans le projet de Dieu ; il a fallu
que ce soient ces étrangers qui, dès leurs premières observations sur
cette étoile, ont perçu l’importance de ce prodige et se sont mis en route
sans savoir où ils allaient.
Ce ne sont pas des ‘cadeaux de naissance’ que les mages emportent
avec eux mais des offrandes pour un dieu qui leur est encore inconnu :
de l’or symbole de la puissance royale temporelle, de la myrrhe symbole
de la vie éternelle, de l’encens symbole réservé au culte des divinités.
Arrivés dans la maison, ils se prosternent devant Jésus et sa mère et
immédiatement ils lui vouent un culte en présentant leurs offrandes.
Ainsi les signes qui avaient été donnés dans l’Ancien Testament se renouvellent
dans le Nouveau Testament sous la plume de saint Matthieu : ce sont
des personnes extérieures à la foi juive, mais inspirées par l’Esprit
Saint qui deviennent adorateurs du Fils envoyé par le Père pour sauver
l’humanité. Après la dévotion populaire des bergers (cf. Luc 2,15-20)
vient la reconnaissance et l’adoration du monde entier par ces ‘mages
venus d’Orient’.
Aujourd’hui encore, ce n’est pas seulement dans la population qui reconnaît
le Christ Sauveur que viennent les signes qui montrent le chemin vers
Dieu. Il nous est demandé de ne pas avoir simplement une connaissance
scripturaire comme les scribes du roi Hérode, mais de regarder vers l’extérieur
pour découvrir « Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est
pour moi un frère, une sœur, une mère » (Marc 3,35)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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4 3anvier 2016
Secteur Vermandois
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n°853
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Tradition populaire
Le récit fait par l’évangile de saint Matthieu sur la visite que font
les mages à l’enfant Jésus a rapidement pris une dimension populaire importante
car la description en est très imagée. Autour de ce passage pourtant bref,
la dévotion du peuple chrétien a développé une légende en ajoutant des
détails que ne figurent pas dans le texte évangélique celui-ci ne parlant
que de ‘mages venus d’Orient’ (Matthieu 2,1)
Les trois cadeaux :
- L’or symbole de la puissance temporelle évoque la royauté de l’enfant
que les mages sont venus adorer ;
- Lencens symbole de l’offrande faite à Dieu affirme la divinité de
celui qui a été désigné par l’étoile qu’ils ont suivie ;
- La myrrhe symbole de l’éternité par son usage lors des embaumements
indique qu’un être éternel vient de naître d’une femme, Dieu s’est fait
homme !
Par ces présents, les mages montrent qu’ils reconnaissent en cet enfant
le Roi de l’univers, Fils éternel du Père céleste.
Comme il y a trois cadeaux les mages qui les offrent devaient être trois
également, chacun offrant un seul présent, la révélation se faisant par
l’addition des trois témoignages, l’un reconnaissant la Royauté de l’enfant,
le deuxième sa divinité et le troisième son éternité. Une tradition des
trois mages est ainsi née.
Reçus à Jérusalem par le roi Hérode avec un faste supposé, ces personnages
ne pouvaient n’être que des rois. Ils deviennent, dans la tradition populaire,
‘trois’ ‘rois’ mages qui se rendent auprès de ‘l’enfant
avec Marie sa mère’.
Toute la terre vient adorer le Seigneur, sens propre du mot ‘Epiphanie’,
ils sont donc imaginés comme venant d’ethnies différentes : un asiatique,
un africain et un indo-européen et ils reçoivent des noms, Gaspar, Melchior
et Balthasar, car des témoins aussi importants ne pouvaient pas rester
anonymes.
Inconsciemment, lorsque nous entendons ce passage d’évangile, toutes
ces images nous viennent à l’esprit et nous empêchent de comprendre que
la promesse annoncée par les prophètes est réalisée. Michée, cité par
les scribes d’Hérode, avait dit : « Et toi, Bethléem Ephrata,
le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui
qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, aux
jours d’autrefois. » (5,2) De même Isaïe : « Oui,
un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule
est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux,
Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ». Et le pouvoir s’étendra,
et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il
établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et
pour toujours. » (9,6-7) Voilà ce qu’affirme la visite des mages
à l’enfant Jésus.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
& Administrateur de Nesle et Athies (secteur Haute Somme
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8 janvier 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°916
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De l’or, de l’encens et de la myrrhe
Les grands prêtres et les scribes d’Hérode trouvent sans difficulté la
prophétie qui annonçait la venue du Messie : « Et toi, Bethléem,
terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefslieux de Juda,
car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »
(Michée 5,2) Sans doute ce passage étaitil souvent médité et commenté
par les scribes et docteurs de la Loi. Le Messie, descendant de David,
ne pouvait venir que de la ville qui avait vu naître le grand roi d’Israël,
celui que Dieu avait choisi sans regarder l’apparence mais en regardant
le cœur (cf. 1Samuel 16,7).
Les prophètes soulignent que Dieu est le seul vrai berger de son Peuple :
« Comme un berger, il [le Seigneur Dieu] fait paître
son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son
cœur, il mène les brebis qui allaitent. » (Isaïe 40,11) Les psalmistes
chantent la proximité de ce Dieu qui prend soin de son peuple dans les
psaumes qui sont attribués à David luimême : « Le Seigneur
est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il
me fait reposer. » (Psaume 22[23],12)
Les mages, venus de l’Orient, n’ont pas l’expérience de tous ces textes
sacrés d’Israël, mais lorsqu’ils sont en présence de l’enfant désigné
par l’étoile, ils se prosternent et l’adorent. Les trois cadeaux qu’ils
tirent de leurs coffrets sont des présents emblématiques :
- L’or symbole de la puissance temporelle ;
- l’encens symbole de la divinité ;
- la myrrhe symbole de vie éternelle ;
Par ces offrandes ils reconnaissent en lui le Dieu incarné.
Aujourd’hui, ce n’est plus une étoile qui nous guide vers le Fils du
Père : c’est l’Eglise animée par l’Esprit Saint qui nous appelle
à reconnaître le Sauveur et à lui offrir les mêmes présents symboliques :
- L’or par notre remise à leur juste place des biens matériels au lieu
de les mettre au premier plan de nos soucis ;
- L’encens par notre prière fervente qui monte vers le Père comme la
fumée monte vers le ciel en volutes odoriférantes ;
- La myrrhe par notre confiance dans le Christ Jésus qui nous prépare
une place dans le Royaume.
Ainsi par l’intermédiaire de ces offrandes, nous pourrons progresser
dans notre vie chrétienne et prendre un autre chemin : celui qui
nous rapproche de Dieu, Père, Fils et Esprit.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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7 janvier 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°985
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Science sans conscience…
Les mages d’Orient sont des esprits curieux qui cherchent à comprendre
le fonctionnement du monde. Ils sont astronomes, mais aussi astrologues,
philosophes mais aussi mathématiciens et physiciens comme les grecs Thalès
ou Pythagore. En bref ils disposent de l’ensemble des connaissances scientifiques
de l’époque sur tous les niveaux de l’intelligence humaine.
Ce sont des hommes habitués à faire des expériences et à tirer les conclusions
logiques des résultats observés. Voyant une nouvelle étoile dans le ciel,
plus brillante que les autres, leur conclusion est immédiate : il
est probable qu’il se passe quelque chose d’important dans le monde. Ils
ne partent pas à l’aveuglette, ils suivent cette étoile qui semble indiquer
une direction, leur curiosité scientifique l’emporte sur le confort des
cours royales auxquelles ils sont coutumiers.
Arrivés à Jérusalem, les mages constatent la limite de toutes leurs connaissances ;
ils pressentent que l’étoile leur indique la naissance extraordinaire
d’un roi dans ce pays, mais ils n’ont pas le savoir nécessaire pour trouver
le lieu précis où l’événement est advenu. Par contre, convoqués par Hérode,
les scribes n’éprouvent aucune difficulté pour annoncer : « Et
toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les
chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de
mon peuple Israël. » (v.6 # Michée 5,1)
Toute la science de l’Orient est battue en brèche par une simple phrase
de la Parole du Dieu d’Israël ! Les mages comprennent que leur Connaissance
les a amenés à la frontière de la réflexion humaine, s’ils veulent aller
plus loin, il leur faut accepter la lumière de la Révélation. Le roi qu’ils
recherchaient n’est pas l’héritier d’un roi en place : il vient de
Dieu, il est le Roi universel.
Ayant accepté que la Parole de Dieu éclaire leur science et la complète,
l’étoile leur apparaît de nouveau et leur désigne le but de leur voyage :
l’endroit où trouver l’enfant. « Quand ils virent l’étoile, ils
se réjouirent d’une très grande joie. » (v.10) La même joie qui
avait été annoncée aux bergers par l’ange de la nuit de Noël : « Voici
que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour
tout le peuple » (Luc 2,10)
Les progrès scientifiques de notre siècle nous émerveillent et nous avons
raison d’y voir l’œuvre de Dieu (cf. Concile Vatican II § 33-39) Mais
comme le souligne ce texte il est important d’accepter que ces progrès
soient éclairés par une méditation de la Parole de Dieu. Sinon ce serait
une nouvelle fois consommer le fruit de la connaissance du Bien et du
Mal en dehors de l’amour du Père. Le Fils s’est incarné pour nous avertir
afin d’éviter cet écueil et nous donner l’Esprit Saint pour le discernement.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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6 janvier 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1055
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Nous avons vu l’étoile
Les personnes qui viennent devant le roi Hérode avec toute une caravane
se présentent comme des ‘mages’ ; c'est-à-dire des hommes
qui regardent l’univers et qui essaient de comprendre son fonctionnement.
En observant la nature, ils constatent que les mêmes causes entraînent
les mêmes effets et réciproquement que tout effet a une cause. Ils en
déduisent que cela doit être le cas dans le ciel avec les mouvements si
réguliers, et semble-t-il immuables, du Soleil, de la Lune et des étoiles.
L’apparition d’un nouvel astre ne pouvait pas passer inaperçue à de tels
observateurs : un événement si important devait signifier un grand
changement sur terre, donc la naissance d’un roi exceptionnel sur terre.
Après un long voyage à. la poursuite de cette étoile, ils sont parvenus
à Jérusalem. La question qu’ils posent : « Où est le roi
des juifs qui vient de naître ? » terrifie le roi Hérode.
Les scribes trouvent la réponse dans le prophète Michée : à Bethléem.
Le roi demande des précisions qui lui sont données innocemment par les
mages, il prétexte vouloir l’adorer mais il cherche à supprimer un rival
potentiel.
Le périple des mages prend fin après des mois à la suite de l’étoile
qui est apparue le jour de la naissance de Jésus. La Sainte Famille semble
s’être installée à Bethléem : ils ont une maison – et non plus la
‘crèche’ – dans laquelle les mages entrent pour se prosterner devant
l’enfant-Dieu ; ils lui offrent les présents symboliques de sa condition
divine : la puissance de l’or, l’éternité de la myrrhe et l’adoration
de l’encens. Ils peuvent repartir, ils ont la réponse à leur recherche :
l’étoile signalait la naissance du Fils du Dieu d’Israël, le Roi des rois.
Il y avait de telles personnes à la cour de roi Hérode, ils avaient vu
l’étoile, mais ils n’avaient pas su en tirer les mêmes conclusions que
ces ‘mages venus d’Orient’. A force d’édicter de nouveaux préceptes
pour respecter la Loi, les prêtres et les scribes n’en voyaient plus que
le sens littéral et ils oubliaient que c’était un don de Dieu pour éclairer
la vie des hommes et non pour la contraindre. Grâce à leur connaissance
de la Parole, la citation du prophète Michée a été spontanée, mais elle
est restée au stade de citation sans en tirer toutes les conclusions.
Nous aussi, nous avons des personnes ne partageant pas notre foi qui
nous demandent : ‘Où est-il cet enfant dont vous fêtez la naissance ?’
Si nous nous contentons de répondre par quelques citations de l’Evangile
sans les appliquer dans notre vie, nous sommes comme ces scribes, nous
connaissons l’Ecriture mais nous ne nous laissons pas interpeler par elle.
Comme les mages, cherchons plutôt les signes qui nous permettent de trouver
l’enfant-Dieu et de l’adorer.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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5 janvier 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1124
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Venus d’Orient
Les personnes qui se présentent devant le roi Hérode ne sont pas des
caravaniers ordinaires, ce sont des mages, c'est-à-dire des hommes reconnus
pour leurs connaissances des choses de ce monde terrestre et céleste.
Leur savoir, hors de la portée de la plupart de leurs contemporains fait
un peu peur et leur confère un certain pouvoir sur les populations. Ils
sont donc reçus par le roi lui-même qui accède sans difficulté à leur
demande par crainte qu’ils n’utilisent leur science contre lui ou son
royaume. Les grands-prêtres et leurs scribes n’ont aucune peine à trouver
la réponse à leur question : « Et toi, Bethléem Ephrata,
le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui
qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, aux
jours d’autrefois. » (Michée 5,1 # Matthieu 2,6), mais ils omettent
la deuxième partie de la prophétie et les versets suivants qui annoncent
la naissance miraculeuse du Messie attendu.
Saint Matthieu précise que ces mages viennent d’Orient, c'est-à-dire
de là où la lumière apparaît et ils ont été guidés depuis leur pays par
une étoile vers une lumière différente, plus importante de celle du Soleil,
celle de ‘attente d’Israël : « En toi est la source de vie
; par ta lumière nous voyons la lumière » (Psaume 35[36],10)
« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande
lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a
resplendi. » (Isaïe 9,1) ce que le IVème évangéliste exprime dès le prologue :
« En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes […]
Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans
le monde. » (Jean 1,4.9)
Les mages annoncent le but de leur voyage dès leur présentation à Hérode :
ils sont venus uniquement pour se prosterner devant l’enfant (cf. Matthieu
2,2). Eux ! Si importants, si respectés, si craints ils n’aspirent
qu’à une chose : rendre hommage à un nouveau-né et reconnaître dans
la faiblesse d’un bébé la toute-puissance de Dieu. Ayant satisfait ce
besoin impérieux, ils retournent en Orient porteurs d’une nouvelle connaissance
bien supérieure à toutes celles qu’ils avaient acquises auparavant.
Aujourd’hui nous n’avons plus besoin des scribes pour trouver de réponses
dans l’Ecriture : l’Esprit Saint nous a été donné pour que nous puissions
y trouver l’interprétation pour notre vie quotidienne. Nous n’avons pas
davantage besoin d’une étoile pour trouver le Christ : « Amen,
je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus
petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu
25,40). Nous n’offrons plus d’or, d’encens ou de myrrhe mais simplement
notre amour et notre désir de l’adorer.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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3 janvier 2021
Paroisses Nesle & Athies
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n°1192
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Manifestation au monde
L’étymologie du mot ‘Epiphanie’ nous aide à entrer dans
le mystère de la révélation : le préfixe épi-
indique une universalité, un événement qui touche tous les individus d’une
population (comme dans épidémie) et le radical -phanie
qui est une manifestation, un témoignage (comme dans diaphane)
L’Epiphanie fêtée par les chrétiens signifie une manifestation destinée
à l’ensemble des humains qui sont symbolisés par ces mages qui viennent
de l’Orient.
Ce ne sont pas des personnages quelconques qui rendent hommage à l’enfant
Jésus au nom de l’humanité. Ce sont des mages, c’est à dire, en transposant
dans notre langage actuel, des scientifiques, des personnes qui ont acquis
leur sagesse, leurs connaissances, par l’étude et la réflexion ;
des hommes qui savent ce que d’autres ne savent pas, qui mesurent l’importance
des événements avec l’aide de la science.
L’évangile de saint Luc met l’accent sur la révélation faite aux bergers
par la grâce de Dieu qui leur envoie des anges pour annoncer cette « grande
joie de la naissance d’un Sauveur » (cf. Luc 2,10) et leur donner
la connaissance. Saint Matthieu montre des hommes qui parviennent à la
connaissance de l’événement par leur savoir et leur intelligence mais
qui doivent confronter cette intelligence à la grâce.
Ces deux évangiles, les seuls à raconter la naissance et l’enfance de
Jésus, montrent ainsi les approches différentes que tout homme peut avoir
pour connaître Dieu, Père, Fils et Esprit. Suivant les caractères et les
possibilités de chacun, Dieu se met à sa portée.
Notre Dieu ne nous demande pas d’adhérer à une culture humaine particulière,
ni de prendre les habitudes d’une ethnie spécifique, il demande à chaque
être humain d’être lui-même, pleinement lui-même. Nous n’avons pas à copier
servilement tel ou tel saint mais à devenir saint tels que nous sommes.
Dieu met en chacun de nous des charismes différents pour que la communauté
puisse profiter d’une diversité de dons. Loin des sectes où tout membre
a l’obligation de penser comme le gourou, l’Eglise Catholique invite ses
fidèles à mettre en œuvre leurs capacités particulières pour le bien commun.
Les quatre évangiles vont souligner ce trait en montrant que le Fils
unique du Père accepte ses interlocuteurs tels qu’ils sont ; il ne
chasse pas la femme adultère, il déjeune avec les pécheurs. Au contraire
il fustige ceux qui obéissent à la lettre de la Loi en oubliant l’esprit,
ceux qui se donnent bonne conscience en se réfugiant derrière une coutume,
ceux qui voient la paille dans l’œil du voisin.
Comme Jésus, acceptons et aimons notre prochain avec ses différences,
en l’invitant à être parfait comme notre Père céleste est parfait. Nous
serons alors de véritables disciples du Christ
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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8 janvier 2023
Paroisses Nesle & Athies
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n°1303
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Opposition : la Science ou la Foi
La tradition chrétienne, dans un souci de situer les événements plus
précisément, a voulu incarner les mages qui viennent pour rendre hommage
à l’enfant Jésus guidés par l’étoile. Puisqu’ils apportent trois cadeaux,
ils devaient être trois personnes différentes, l’un portant l’or symbole
de la puissance temporelle et royale, l’autre l’encens symbole de la divinité,
le troisième la myrrhe symbole d’immortalité.
Plus tard ils ont reçu une identité : Gaspard, Melchior et Balthasar ;
il a même été imaginé qu’ils étaient d’origines différentes : un
asiatique, un occidental et un africain. Ainsi est venu le nom de cet
épisode de la vie de Jésus : l’EPIPHANIE, c’est à dire
une manifestation universelle (epi
= total et fanew = manifester)
L’évangéliste saint Matthieu ne nous dit rien de tout cela, si ce n’est
les trois offrandes apportées à l’enfant.
La dénomination de mages ne doit pas nous abuser, ce ne
sont pas des magiciens, plus ou moins folkloriques ayant des facultés
pour mystifier leurs contemporains, les mages de cette époque étaient
des scientifiques, des sages, des mathématiciens, des physiciens et surtout
des astronomes.
Il est intéressant de remarquer que les premiers témoins de l’incarnation
sont des bergers (cf. Luc 2,1-14) et des mages (cf. Matthieu 2,1-12) c’est
à dire des personnes qui ont la connaissance des astres qu’ils observent
chaque jour les yeux levés vers le ciel, des hommes reconnus pour leur
sagesse, leur savoir et leur réflexion.
Ce sont donc les savants de l’époque qui viennent déposer aux pieds de
l’enfant-Dieu l’aveu de leur impuissance : leurs connaissances les
amènent à la conclusion de leurs limites.
Aujourd’hui beaucoup de personnes veulent démontrer que la révélation
est fausse à la racine, que la Bible est un recueil de belles histoires
sans fondement. Le Big-Bang et les théories de l’évolution sont
opposés aux récits de Création. D’autres au contraire refusent toute autorité
à la science et veulent affirmer que toute autre explication que celle
de la Bible est une tentation diabolique.
Les mages ne se sont pas laissé tromper par ces illusions, il n’y a pas
antinomie entre la science et la foi, mais complémentarité : la science
nous expliquera toujours mieux le comment nous sommes là,
la foi nous donne la clef du pourquoi nous sommes là.
Comme les mages venus à Bethléem, nous avons pour mission de faire comprendre
à nos contemporains que ne peut y avoir de science réelle sans foi, de
même que la foi est aidée par la science.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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7 janvier 2024
Maison Marie-Thérèse
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n°1359
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Venite adoremus !
Les mages du Proche et du Moyen-Orient sont des personnages importants,
ce sont ceux « qui savent ». Ils sont compétents dans
beaucoup de domaines variés et, en particulier, dans l’étude du ciel :
l’astronomie et l’astrologie ne sont pas distinguées l’une de l’autre,
les astres ne peuvent qu’interférer dans la nature et notamment dans la
vie des sociétés et des hommes. L’apparition soudaine et mystérieuse d’une
étoile en mouvement dans un firmament dont ils connaissent la composition
ne pouvait qu’être le signe d’un événement extraordinaire dans l’humanité.
Poussés par la curiosité ils décident de se mettre en route pour approfondir
ce mystère.
Lorsque l’étoile désigne la Judée comme son but ultime, les mages n’ont
plus aucun doute, l’étoile désigne un roi, un chef
charismatique et ils posent la question telle quelle : « Où
est le Roi des juifs qui vient de naître » Ils supposent que
c’est dans la famille du roi Hérode que cet enfant est né, mais les scribes
sont formels, ce n’est pas à Jérusalem que doit naître le Messie :
« Et toi, Bethléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est
de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. Ses origines
remontent aux temps anciens, aux jours d’autrefois. » (Michée
5,1). Par cette prophétie les mages sont renseignés sur le lieu auquel
ils doivent se rendre mais aussi sur la personne surnaturelle de l’enfant
désigné par l’étoile : « ses origines remontent aux temps
anciens ».
Arrivés à la maison (ce n’est plus l’étable, la Sainte Famille s’est
installée à Bethléem) les mages déposent leurs cadeaux or, myrrhe et encens.
Dans le contexte de la proximité de Jérusalem, l’encens a une importance
particulière : il n’est offert qu’à Dieu depuis la construction du
Temple de toile de l’Exode : « Voici la contribution que
vous recevrez d’eux [les fils d’Israël] :de
l’or, de l’argent et du bronze, […] de l’huile pour le luminaire, du baume
pour l’huile de l’onction et de l’encens aromatique, » (Exode
25,3.6). Cet encens, offrande du peuple, est présenté par Aaron :
le Grand Prêtre le fera brûler chaque matin et au coucher du soleil « De
génération en génération, l’encens montera perpétuellement devant le Seigneur. »
(Cf. Exode 30,7-8) Sans connaitre les traditions d’Israël, les mages représentant
tous les hommes et femmes non juifs apportent la contribution que le Seigneur
demande à son peuple et ils l’offrent à l’enfant comme ils l’offriraient
à Dieu
Aujourd’hui nous n’avons plus d’étoile qui nous guide vers le Sauveur,
nous avons mieux que cela : sa prédication rapportée par les évangiles.
Sa parole est le chemin qui mène vers la sainteté ; « Ma
mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent
en pratique. » (Luc 8,21) et si nous n’offrons plus d’encens
de façon usuelle et régulière, nous l’offrons différemment avec nos prières :
« Un autre ange vint se placer près de l’autel ; il portait
un encensoir d’or ; il lui fut donné quantité de parfums pour les
offrir, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est
devant le Trône. » (Apocalypse 8,3)
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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