6 août 1989
Talmont/Gironde
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Il est vraiment ressuscité
Aujourd'hui le Christ se montre tel qu'il est à ses Apôtres
: il est l'incarnation de Dieu. Il est homme et il est Dieu. Pleinement
homme et pleinement Dieu. Ses Apôtres ne peuvent comprendre un tel
évènement. Ils le situent dans un contexte qui est à
leur mesure : le Christ a des invités, fussent-ils Moïse et
Elie, il faut leur offrir l'hospitalité orientale, dresser une
tente pour qu'ils puissent passer la nuit.
Si nous essayons aujourd'hui de réagir à ce texte d'évangile,
il nous faut reconnaître que nous avons souvent les mêmes
réflexes que les Apôtres : une réponse humaine à
quelque chose qui nous dépasse complètement, l'Amour de
Dieu pour son peuple.
Mais justement, n'est-ce pas ces réactions humaines que Dieu attend
de nous? Mais pas une réaction humaine à courte vue, une
réaction humaine qui réponde au projet de Dieu : que nous
soyons pleinement homme, comme lui-même, le Christ, est pleinement
homme.
Un homme, c'est un des éléments de la Création mais
pas n'importe lequel, un élément où Dieu dit : ``Créons
l'homme à notre image'' et où homme et femme, à son
image, il les créa. La révélation que Jésus
fait à Pierre, Jean et Jacques est double. L'image de Dieu qui
est en l'homme est restaurée dans le Christ. Il nous configure
à lui pour que nous soyons sauvés. Tout homme se retrouve
dans le Christ, il est le guide que le Père nous propose, mais
il est aussi Dieu lui-même : ``Celui-ci est mon Fils... écoutez-le''.
Il est nécessaire d'avoir la lumière de la Résurrection
pour comprendre toute la portée de ce message, Pierre, Jean et
Jacques ne l'avaient pas à cette époque, c'est pourquoi
ils n'ont rien dit sur le coup. Mais nous avons cette lumière qui
nous est donnée par notre Baptême, rénovée
à chaque fête de Pâques, nous pouvons proclamer les
signes que Dieu nous donne, aujourd'hui, à tous ceux qui veulent
suivre le chemin ouvert par le Christ.
Père JeanPaul Bouvier
Curé auxiliaire de Talmont sur Gironde
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6 août 2004
Bosnie Herzégovine
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La loi et les prophètes
Lorsque Jésus sur la montagne apparaît transfiguré à ses disciples, Pierre,
Jacques et Jean, il se montre accompagné de Moïse et de Elie. Deux personnages
centraux de l’Ancien Testament.
Moïse est le seul dont il est dit qu’il parlait face à face avec Dieu
(cf. Dt 33,10) pour montrer à quel point il était intime avec lui. Il
est celui qui a reçu la Loi sous forme de deux tables gravées de la main
de Dieu, tables qui seront fracassées par Moïse lui-même (cf. Ex 32,19)
voyant le peuple de Dieu en train d’adorer un veau d’or. C’est Moïse lui-même
qui, sur l’ordre de Dieu, grave les deux tables de la Loi (cf. Dt 10,1)
qui seront mises dans l’Arche d’Alliance. Il est la personnification de
la Loi.
Elie est le prophète vainqueur des prêtres de Baal (cf.1R 18,25) Il est
aussi celui qui demande à voir Dieu qui passe devant lui dans une brise
légère (cf. 1R 19,12) Enfin il est enlevé sous les yeux de son disciple
Elisée sur un char de feu auprès de Dieu sans mourir (cf. 2R 2,11) Il
doit revenir annoncer le Messie. Il est la personnification des Prophètes
Lorsque Jésus apparaît, ressuscité, aux disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24,13)
il leur explique : « commençant par Moïse et parcourant tous
les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le
concernait. » (Lc 24,27)
Devant les disciples témoins des moments les plus importants de son ministère
et de sa passion, deux hommes s'entretenaient avec lui: c'étaient Moïse
et Elie Jésus commence par la Loi et par les Prophètes pour leur faire
comprendre, comme aux disciples d’Emmaüs que toute l’Ecriture conduit
à la révélation Lui-même, le Fils de Dieu. Ce n’est pas par un discours
mais par l’apparition des personnifications de la Loi et des Prophètes.
Les chrétiens sont successeurs de ces disciples, que ce soient ceux d’Emmaüs
ou ceux de la Transfiguration, ils ont donc à se revenir continuellement
à ces deux sources essentielles qui permettent de suivre le Christ dans
leur vie quotidienne : la Loi et les Prophètes, c’est à dire dans
une lecture suivie de toute la Bible.
« …L’expérience d'un grand nombre l'enseigne qui, considérant
et méditant sans cesse la parole de Dieu, ont conduit leur âme à la perfection
et ont été entraînés vers Dieu par un amour ardent… » (Pie XII,
encyclique ‘Divino afflante Spiritu - 30 septembre 1943) Puissions-nous
avoir la même ferveur à nous laisser pénétrer par la Parole de Dieu.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier de l’Opération Salamandre
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6 août 2013
Secteur Vermandois
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La Nuée
Pour nous, lorsque nous lisons dans la Bible des passages où il est question
de la Nuée, nous pensons spontanément à un nuage de fumée ou à un brouillard
dense.
Pour les juifs et en particulier pour les Apôtres la Nuée le jour, une
colonne de feu la nuit est bien autre chose : il s’agit de la présence
même de Dieu :
- Une colonne de feu conclut l’Alliance avec Abraham la nuit tombée :
« Quand le soleil fut couché, il y eut une obscurité profonde ;
et voici, ce fut une fournaise fumante, et des flammes passèrent entre
les animaux partagés. En ce jour-là, l’Eternel fit alliance avec Abram,
et dit : Je donne ce pays à ta postérité. » (Genèse 15,17-18)
- Dieu marche devant son peuple pendant l’Exode : « Le
Seigneur allait devant eux, le jour dans une colonne de nuée pour les
guider dans leur chemin, et la nuit dans une colonne de feu pour les
éclairer, afin qu’ils marchassent jour et nuit. La colonne de nuée ne
se retirait point de devant le peuple pendant le jour, ni la colonne
de feu pendant la nuit. » (Exode 13,21-22)
- La Nuée envahit la montagne lorsque Moïse monte recevoir les ‘Tables
de la Loi‘ : « Moïse entra au milieu de la nuée, et
il monta sur la montagne. Moïse demeura sur la montagne quarante jours
et quarante nuits. » (Exode 24,18)
- Lors de la fête de la dédicace de la ‘Tente de la Rencontre’
bâtie par Moïse sur les ordres de Dieu, la Nuée descend sur le sanctuaire :
« Alors la nuée couvrit la tente d’assignation, et la gloire
de l’Eternel remplit le tabernacle. Moïse ne pouvait pas entrer dans
la tente d’assignation, parce que la nuée restait dessus, et que la
gloire de l’Eternel remplissait le tabernacle. » (Exode 40,34-35)
- Pareillement lors de la construction du Temple de Jérusalem par le
roi Salomon : « Les prêtres ne purent pas y rester pour
faire le service, à cause de la nuée ; car la gloire de l’Eternel
remplissait la maison de l’Eternel. » (1Roi 8,11)
- Le prophète Elie est emporté sous les yeux d’Elysée : « un
char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l’un de l’autre, et
Elie monta au ciel dans un tourbillon de feu. » (2Rois 2,11)
La frayeur de Pierre, Jacques et Jean s’explique parce qu’ils savent
que la Nuée est présence de Dieu. Saint Pierre dans sa lettre parle de
Jésus qui partage la Gloire que Dieu lui donne. Le Fils du Père montre
à ses Apôtres – et à nous par leur témoignage – qu’il est « Dieu,
né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, Engendré,
non pas créé De même nature que le Père » (symbole de Nicée-Constantinople)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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6 août 2014
Secteur Vermandois
n°767
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Montre-nous ton visage
Tout le monde a en mémoire l’affiche montrant le visage du Christ constitué
de nombreux visages d’anonymes (voir 3ème feuille)
Nous y voyons naturellement une représentation de l’Eglise composée de
l’ensemble des chrétiens quelles que soient leur origine, leur couleur
ou langue.
Mais n’est-ce pas aussi une vision de la Transfiguration ? Le Christ
y est révélé dans sa Gloire et, en ouvrant notre cœur, nous pouvons entendre :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! »
Au milieu de tous ces visages qui n’en forment plus qu’un seul, nous
pouvons discerner avec les yeux de la foi Moïse et Elie, la Loi et les
prophètes, qui nous parlent aujourd’hui dans un langage compréhensible
par tous, une sorte de nouvelle Pentecôte où chaque homme, chaque femme
reçoit la Parole de Dieu et en fait son profit dans sa vie quotidienne.
Au moment où nous commençons à recevoir le message, et désirant le conserver
égoïstement pour nous-mêmes, le visage du Christ s’impose à notre esprit.
Avec les Apôtres Pierre Jacques et Jean, nous redescendons de la montagne
mais l’exhortation que Jésus donne à ses compagnons de ne pas révéler
ce qu’ils avaient vu jusqu’à ce qu’il soit Ressuscité ne nous concerne
pas et nous avons à transmettre cette vision du Christ Transfiguré dans
le monde d’aujourd’hui.
Chacun de nous est tour à tour Moïse, Elie, Pierre, Jacques et Jean par
la révélation de la Loi, des prophéties et de la Bonne Nouvelle et, en
même temps, nous sommes ‘visage du Christ’ lorsque nous sommes
réunis dans la communauté chrétienne.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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6 août 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°954
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Les témoins oculaires de sa grandeur
Les trois évangiles synoptiques (Matthieu, Marc 9,2-10 et Luc 9,29-36)
rapportent le récit de la Transfiguration mais les sceptiques souligneront
que ce n’est qu’un témoignage de seconde main : ces hommes ont entendu
dire que… ; les mêmes personnes prétendront que la grande similitude
entre ces trois écrits prouveraient que l’événement lui-même a été plus
ou moins enjolivé dans un but apologétique.
Le témoignage direct de Pierre dans cette seconde lettre est alors capital :
il est un des « témoins oculaires » de cette manifestation
extraordinaire de la Puissance du Père en son Fils éternel. Il affirme
ainsi avoir vu la Gloire de Dieu envelopper Jésus sur la « Montagne
Sainte » et la voix venant de la Gloire dire : « Celui-ci
est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie. »
C’est pourquoi la déclaration du « Pasteur du troupeau »
de Jésus (cf. Jean 21,15-17) est essentielle. Tous les lecteurs de ce
texte ressentent bien que Pierre n’a pas de mots pour décrire ce qu’il
a vu ce jour-là. La théophanie a été pour lui une véritable participation
à la Béatitude éternelle, aussi aucun vocable humain ne saurait être utilisé
pour la définir. Mais cette porte ouverte sur le Royaume ne pouvait être
comprise que par la grâce de la Résurrection du Fils qui offre le Salut
à toute l’humanité.
L’Eglise a été fondée sur de tels témoignages des Apôtres. Au cours des
siècles, des théologiens ont essayé d’affiner la compréhension du contenu
des prédications apostoliques. Les évêques, successeurs des Apôtres, réunis
en Conciles ont guidé les chrétiens pour éviter qu’ils ne s’égarent sur
de fausses conceptions de la foi. Mais rien ne pourra remplacer la rencontre
personnelle de chaque personne avec notre Dieu, Père, Fils et Esprit.
Comme pour Pierre, les mots nous manquent pour décrire et faire comprendre
ce que nous vivons dans notre relation avec Dieu : elle se traduit
dans notre comportement habituel, dans notre vie quotidienne, alors, faute
d’expliquer, nous montrons : « Montre-moi donc ta foi sans
les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi.
[…]Ainsi, comme le corps privé de souffle est mort, de même la foi sans
les œuvres est morte. » (Jacques 2,18.26)
Le Fils transfiguré exprime qu’il est la puissance de Dieu, et « ayant
la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait
à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur »
(Ephésiens 2,6-7) De même configurés au Christ, transfigurés par le Baptême,
nous devons nous mettre au service de nos frères et sœurs : « Libre
à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous afin d’en gagner
le plus grand nombre possible. » (1Corinthiens 9,19)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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