29 juin 1991
Saint Charles de Monceau
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Saints Pierre et Paul
Dans une vision humaine, à court terme, nous serions tentés
de voir en ces deux personnes des ``concurrents'' qui se seraient partagé
le travail : l'un évangélisant les Juifs et l'autre évangélisant
les Païens afin de ne pas se gêner mutuellement.
Mais il n'en est rien. Cette approche est celle d'une société
mercantile du profit pur et simple. Or Saint Paul rappelle souvent que
pour évangéliser il ne demande rien si ce n'est d'être
écouté. Même il travaille pour subvenir à ses
besoins.
Ils meurent tous les deux à Rome et depuis l'évêque
de Rome, le Pape, est dit successeur de Pierre et de Paul car il résume
en lui, symbole de la vitalité de l'Eglise, les charismes de ces
deux Apôtres.
Depuis longtemps, c'est le samedi le plus proche de ce jour que l'Eglise
a choisi pour les fêter ensemble que les ordinations de prêtres
sont célébrées à Notre Dame de Paris. Onze
prêtres sont ordonnés ce 29 juin 1991.
C'est Beaucoup! C'est Peu!
Beaucoup parce que cela représente le quart des ordinations des
huit dernières années (Quarante quatre). Beaucoup par rapport
aux diocèses qui entourent Paris et qui n'ordonnent qu'un prêtre
à la fois et pas tous les ans.
Peu parce que dans le même temps cent quatre-vingt-huit prêtres
sont morts, sans compter ceux qui ont été obligés
de quitter le ministère à cause de leur santé.
La joie des ordinations du 29 juin 1991 ne doit pas nous faire oublier
cette situation et nous devons avoir la conscience d'être ensemble
dans l'Eglise. C'est vrai qu'il y a moins de prêtres à Paris,
c'est encore plus vrai dans les diocèses ruraux où des prêtres
de plus de soixante-dix ans ont entre trois et quinze paroisses à
desservir.
Nous pourrions dire que c'est une chance pour l'Eglise car cela permet
de mieux percevoir le rôle du prêtre dans la communauté
chrétienne. La célébration de la Messe prend d'autant
plus d'importance qu'elle devient plus difficile, plus rare. Les chrétiens
doivent rendre le christianisme présent dans la vie quotidienne
plutôt que de regretter que telle ou telle messe qui leur était
commode soit supprimée. La Messe retrouve sa dimension communautaire
en étant célébrée pour tous et non plus pour
des groupes spécifiques.
L'Evangélisation apparaît dès lors comme l'affaire
de tous les chrétiens et non pas d'un groupe de ``spécialistes
permanents''.
Père JeanPaul Bouvier
Vicaire à saint Charles de Monceau
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2004
Bosnie-Herzégovine
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Opposition ? !
En ce jour où nous fêtons les deux plus grands Apôtres du message évangélique,
si nous nous amusons à faire une comparaison entre eux, ce n’est pas pour
effectuer un ‘classement’ mais bien plus pour nous émerveiller
de l’amour de Dieu qui appelle ces deux hommes pour porter son message.
Pierre est pécheur en Galilée, pays méprisé par les juifs de Judée
qui considèrent les habitants de cette région comme des rustres et des
lourdauds. Dans les évangiles, Pierre n’est pas toujours présenté à son
avantage : il ne comprend pas ce que Jésus dit et même s’oppose à
ce qu’il dit (cf. Mt 16,16) Il ne déchiffre pas la signification de la
Transfiguration, mais se contente de proposer l’hospitalité orientale
(cf. Lc 9,28) Il renie le Seigneur par peur (cf. Mc 14,66sv.) ; Il
ne réalise pas que Jésus est ressuscité selon la Parole lorsqu’il se rend
au tombeau au matin de Pâques alors que le plus jeune, celui qui est désigné
comme le ‘disciple que Jésus aimait’, croit dès qu’il voit (cf.
Jn 20,8)
Paul est citoyen romain, d’une certaine noblesse, né à Tarse,
en Cilicie, fin lettré, ayant étudié à Jérusalem auprès de Gamaliel, un
maître dans les Ecritures, docteur de la Loi et membre du Sanhédrin, l’assemblée
qui entoure le Grand-Prêtre (cf. Ac 5,34 et 22,3) Sa notoriété et ses
connaissances sont telles que le Sanhédrin lui confie la mission d’aller
s’opposer à la doctrine chrétienne à Damas, par le raisonnement et par
la force s’il le faut, mais le Seigneur l’attendait sur le chemin.
Pouvons-nous imaginer deux personnes aussi différentes ? D’ailleurs
les Actes des Apôtres montrent qu’ils ne sont pas toujours d’accord et
leurs discussions semblent parfois assez orageuses…
Pourtant ce sont ces deux hommes qui se partagent la prédication Pierre
auprès des juifs, Paul auprès des païens. Il ne s’agit pas d’un partage
de style mafieux où ils auraient évité la concurrence, mais au contraire
une répartition des tâches en fonction des charismes de chacun.
A l’exemple de ces deux Apôtres éminents, chaque chrétien se doit de
porter l’évangile là où il est doué pour cela, les uns en mission lointaine,
les autres dans leur entourage ; les uns dans la contemplation, les
autres dans l’action ; les uns dans la vie religieuse, les autres
dans la vie séculière ; les uns dans le Sacrement de Mariage, les
autres dans le célibat…
L’essentiel n’est-il pas que, comme Pierre et Paul, nous restions nous-mêmes,
pleinement nous-mêmes, sans fard et sans dissimulation, c’est alors que
nous serons de vrais disciples.
père JeanPaul Bouvier
aumônier catholique de l'Opération Salamandre
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2008
Brigade Franco-Allemande
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Choix de Dieu
Vu de l’extérieur de l’Eglise, des personnes pourraient penser qu’il
n’y a qu’une seule façon d’être chrétien, que le cadre donné par le dogme
ne permet aucune individualité et que les communautés catholiques sont
monolithiques et sans aspérité. L’exemple donné dans les textes du Nouveau
Testament par le choix divin de ces deux hommes qui sont fêtés ensemble,
le même jour, est une démonstration du contraire !
Deux hommes sont élus par Dieu pour propager l’Evangile, ils sont pris
comme ils sont, pour ce qu’ils sont :
- Simon-Pierre, un marin pécheur dont la foi est spontanée, directe
telle que le présente l’évangile du jour ; ce n’est pas lui qui répond
à la question de Jésus mais le Père qui lui inspire la réponse. Le Christ
l’institue chef des Apôtres et pasteur de son troupeau.
- Saul, devenu Paul, un lettré qui suivi l’enseignement de
Gamaliel, un rabbin réputé pour sa science et sa compréhension des Ecritures ;
la réputation de rhéteur juif de Paul est telle que les Apôtres, au début,
se méfieront de ses prédications. Le Christ le fait mettre à part pour
être l’instrument de choix pour les païens.
La composition du groupe des Apôtres est tout aussi hétéroclite ;
humainement, rien ne semblait pouvoir les rassembler autour de la même
cause. Pourtant c’est eux que le Fils a choisis bâtir son Eglise, faisant
même de ces deux hommes si opposés, Pierre et Paul, les principaux piliers.
Cette volonté de regrouper tous les hommes quelles que soient leurs origines
fait de l’Eglise une communauté unique ; chacun annonçant l’Evangile
du Christ selon ses capacités et son charisme propre.
Cette fête des deux grands Apôtres est le fête des vocations diverses
et fécondes qui sont nées dans l’Eglise depuis la Pentecôte.
Père JeanPaul Bouvier
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2014
Secteur Vermandois
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n° 761
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Galiléen vs Pharisien
Un simple regard sur une carte géopolitique de la Palestine à l’époque
de Jésus met en évidence la coupure entre les deux provinces juives, la
Judée au Sud et la Galilée au Nord, séparées par la province de Samarie.
L’hostilité entre ces deux populations est forte : « La Samaritaine
lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire,
à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent
pas les Samaritains. » (Jean 4,9) Cet état de fait entraîne un
certain mépris des Juifs de Judée envers ceux de Galilée : « De
Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jean 1,46)
Lors de l’arrestation de Jésus, Pierre, simple pécheur de Galilée, est
vite repéré à cause de son accent par les serviteurs du grand Prêtre :
« Sûrement, toi aussi, tu es l’un d’entre eux ! D’ailleurs,
ta façon de parler te trahit. » (Matthieu 26,73) Ce qui sous-entendrait
que tous les Galiléens présents à Jérusalem étaient suspectés d’être des
disciples de Jésus !
Parmi les Judéens plusieurs factions s’opposent sur l’interprétation
des Ecritures, Saducéens, Pharisiens, Esséniens… Saul de Tarse est un
pharisien élevé à la meilleure école : « Je suis Juif, né
à Tarse en Cilicie, mais élevé ici dans cette ville [Jérusalem],
où, à l’école de Gamaliel, j’ai reçu une éducation strictement conforme
à la Loi de nos pères ; j’avais pour Dieu une ardeur jalouse, comme
vous tous aujourd’hui. » (Actes 22,3) Fort de cette éducation,
il n’hésite pas à persécuter ceux qui ont une interprétation de l’Ecriture
qui, apparemment, diverge de l’enseignement classique qu’il a reçu.
Entre le pécheur Galiléen qui a renié son maître avant d’être institué
« pasteur de ses brebis » (Jean 21,16) et le pharisien
citoyen romain qui a persécuté les disciples du Christ avant de devenir :
« l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon nom auprès
des nations, des rois et des fils d’Israël. » (Actes 9,15) le
seul point commun est le choix de Dieu : l’un comme l’autre sont
chargés d’une mission spécifique par le Ressuscité lui-même.
En nous proposant de fêter ensemble ces deux Apôtres, l’Eglise nous montre
que le choix de Dieu est premier ; la vocation de chacun est unique
en fonction de ses capacités Paul n’avait pas vécu avec Jésus mais était
un bon prédicateur, Pierre n’aurait sans doute pas été écouté par les
philosophes d’Athènes (cf. Actes 17,21-32)
Ce qui est vrai pour ces deux personnages essentiels de l’Eglise, est
également vrai pour chacun d’entre nous et c’est le même Esprit Saint
qui inspire ceux que le Seigneur choisit (cf. 1Corinthiens 12,4-9) Cette
fête jumelée des saints Pierre et Paul est un appel à la conversion :
celui qui a trahit et celui qui a persécuté sont des ‘instruments de
choix’ que le Seigneur envoie en mission. Quelle que soit mon attitude
passée, le Seigneur a une mission pour moi et il attend patiemment que
je l’entende.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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29 juin 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1090
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Le pouvoir des clefs
La dévotion populaire a pris au sens littéral la phrase de Jésus « Je
te donnerai les clés du royaume des Cieux. » (v.19a) et elle
représente toujours saint Pierre portant des clefs. Les blasons des papes
reposent sur deux clefs, une en argent et une en or, surmontées de la
tiare à triple couronne (souverain temporel d’un état, souverain universel,
souverain spirituel).
Pourtant l’explication de cette image est tout de suite donnée par le
Christ : « tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié
dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié
dans les cieux. » (v.19b). Il s’agit donc du pouvoir que Dieu-le-Fils
donne au chef des Apôtres de pardonner – ou non – les péchés individuels.
Ce n’est plus un pardon collectif comme dans le cas du Yum Kippur où le
grand Prêtre de Jérusalem prononçait le Nom de Dieu dans le Saint des
saints afin d’obtenir le pardon pour le peuple mais de pardonner les péchés
personnels au nom du Christ comme lui-même le fait : « Et
Jésus lui dit : ‘Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais
ne pèche plus.’ » (Jean 8,11) et encore : « Voyant
leur foi, il dit : ‘Homme, tes péchés te sont pardonnés’. »
(Luc 5,20)
« Le Fils de l’homme a autorité sur la terre pour pardonner
les péchés, » poursuit saint Luc (5,24) Cette autorité il la
donne au pécheur qui l’abandonnera dans la cour du prétoire en niant par
trois fois le connaître (cf. Jean 18,25-27) mais, pardonné par le Christ
ressuscité, il sera établi berger des brebis du Seigneur (cf. Jean 21,15-19)
Les tentations ne sont pas plus nombreuses à notre époque qu’à celles
qui nous ont précédés, elles sont différentes. La plus répandue aujourd’hui
est la perte de notion du péché. Après une période trop scrupuleuse où
le péché était vu partout, nous ne le voyons plus nulle part ! Tout
écart par rapport au chemin que Dieu nous propose s’explique et trouve
une excuse ! La conscience du péché s’estompe et avec elle le sentiment
du besoin du pardon. C’est oublier que le pardon donné par Dieu n’est
pas le fait d’effacer d’une ardoise, c’est aussi et surtout un don de
l’Esprit Saint qui donne la force de résister à une tentation similaire.
Ce ‘pouvoir des clefs’ a été transmis aux Apôtres et à leurs successeurs
les évêques. Les prêtres ne reçoivent la possibilité de confesser que
par délégation explicite de l’évêque – en général le jour même de leur
ordination – et elle peut être supprimée. Ce pouvoir est universel mais
il reste soumis à l’acceptation implicite de l’évêque local en cas de
voyage.
N’hésitons plus à recourir à ce pouvoir donné par amour pour que nous
soyons toujours plus forts devant le péché. Les clefs du Royaume sont
celles qui ouvrent les portes du confessionnal, c’est par-là que nous
y entrons.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
et Modérateur de la paroisse sainte Radegonde
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