24 juin 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°324
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Unique Jean-Baptiste
Saint Jean Baptiste, avec le ‘Bon Larron’, sont les deux seuls saints
qui n’aient pas connu la résurrection de Christ, et si l’un et l’autre
ont comme ressemblance d’avoir désigné le Christ comme le Roi du Royaume
des cieux, ils n’en sont pas moins très différents…
De plus, rares sont les fêtes de saints qui ont préséance sur les dimanches,
saint Jean Baptiste fait partie de ceux-là ce qui explique que nous le
célébrions aujourd’hui.
Dès le début de sa prédication, saint Jean-Baptiste a appelé à se préparer
à la venue du Messie : « Convertissez-vous car le Royaume de
Dieu est proche ! » Autant que l’ouverture du Nouveau testament,
il est, pour les chrétiens, la conclusion de l’Ancien. Les prophètes inspirés
ont disparu d’Israël, Dieu semble abandonner son peuple sous le joug des
romains, Il ne mandate plus d’hommes pour ramener les descendants d’Abraham
vers Lui.
Le culte devient formel, prêtres, lévites et saducéens insistent sur
les prescriptions rituelles davantage que sur le sens propre des sacrifices
et holocaustes. Les pharisiens mettent en avant la lettre de la Loi et
le respect strict des commandements, en y ajoutant d’autres (tout aussi
obligatoires) qui forment un garde-fou pour préserver ceux qui ont été
édictés par Dieu sur la montagne.
Ce que proclame Jean-Baptiste dans le désert devant des foules qui viennent
écouter sa parole a de quoi choquer et scandaliser ces deux tendances
de la foi juive. Il parle de changer son cœur, rappelant les grandes plaidoiries
d’Isaïe, de Jérémie et d’Ezéchiel, les grands prophètes de l’âge d’or.
Il prône non pas le retour au culte ou à la Loi, mais le retour à l’adoration
de Dieu, gratuite, désintéressée, sincère et reconnaissante. Malgré le
décalage avec la théologie contemporaine, pharisiens et scribes, prêtres
et saducéens viennent entendre sentant bien au fond d’eux-mêmes la justesse
des propos de l’ermite.
Fêter Jean-Baptiste, le précurseur, c’est prendre modèle sur lui. Loin
des idéologies partisanes le chrétien doit laisser parler l’Esprit qui
est en lui. Par le Baptême nous avons reçu l’Esprit de Sainteté et nous
sommes devenus de vrais prophètes. L’amour du Père pour les hommes n’est
pas tributaire d’un endroit ou d’une époque. Ce qui se vit, ce qui se
fait et ce qui se dit autour de nous n’est pas obligatoirement la volonté
du Père et nous le supplions tous les jours pour que sa volonté soit faite.
Comme Jean-Baptiste nous annonçons une vérité qui nous dépasse et qui
ne saurait être assujettie à une culture ; au contraire, nous sommes
les veilleurs qui confrontent les pensées du temps à celles qui conduisent
au Père, par le Fils dans l’Esprit.
Père JeanPaul Bouvier
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2012
Fort Neuf de Vincennes
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n°621
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Son nom est Jean
Zacharie est un homme important dans cette ville de la région montagneuse
de la province de Juda (cf. Luc 1,39) Il est prêtre du Temple de Jérusalem,
il fait même partie de ceux qui sont habilités à entrer dans le ‘saint’
et y faire brûler l’encens pour l’offrande du soir (cf. Luc 1,8) Toute
la ville se souvient que, neuf mois auparavant, il était revenu de son
ministère, muet, ne pouvant plus prononcer une parole. Beaucoup de personnes
ont dû faire le rapprochement entre cet événement et l’annonce de la venue
d’un enfant chez ce couple âgé et jusque là inféconds ; inconsciemment
ou non, elles pressentaient une naissance extraordinaire. Certains pensaient
peut-être aux similitudes avec la naissance du grand prophète Samuel (cf.
1Samuel 1,1-10)
Comme d’habitude, tous les habitants sont rassemblés pour la circoncision
du garçon, mais sans doute avec davantage de curiosité que les autres
fois. Ils s’attendent à ce que ce fils premier-né reçoive le nom de son
père, Zacharie, comme c’était la coutume mais Elisabeth affirme vouloir
l’appeler Jean comme l’Ange l’avait demandé à son mari dans le Temple
(cf. Luc 1,13) Consulté, Zacharie écrit sur une tablette : « Son
nom est Jean ! » et aussitôt sa langue se délie et il proclame
les merveilles de Dieu.
En donnant ce nom alors que ‘personne dans ta famille ne porte ce
nom là’, Elisabeth et Zacharie obéissent à la Parole de Dieu qui montre
que cet enfant marquera une rupture : une nouvelle ère va s’ouvrir
qui va « Illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de
la mort. » (Cantique de Zacharie Luc 1,79) L’Alliance faite avec
Abraham évolue vers une Nouvelle Alliance proposée à tous les hommes.
Les chrétiens d’aujourd’hui savent « Que sera donc et enfant ? »
(Luc 1,66) : le dernier des prophètes de l’Ancienne Alliance, il
est parmi ceux qui annonçaient la venue du Messie, il est le précurseur :
« Il vint pour témoigner, pour rendre témoignage à la lumière,
afin que tous crussent par lui. Celui-là n'était pas la lumière, mais
il avait à rendre témoignage à la lumière. » (Jean 1,7-8) Son
ministère a une importance considérable : « parmi les enfants
des femmes, il n'en a pas surgi de plus grand que Jean le Baptiste ;
et cependant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que
lui. » (Matthieu 11,11)
Le message de Jean Baptiste a été forclos par la Passion et la Résurrection
de Jésus, mais l’appel à la conversion reste toujours d’actualité et –
d’une certaine façon – nous avons aussi à préparer les chemins du Seigneur
dans ce monde qui s’éloigne de Lui ; chacun d’entre nous n’est pas
la lumière mais nous devons rendre témoignage à Celui qui éclaire le monde.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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24 juin 2014
Secteur Vermandois
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n° 759
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L’annonce faite à Zacharie
Dans la première partie du Temple de Jérusalem, le ‘Saint’ ouvert
vers l’Est, il n’y a que trois ‘meubles’ : au Sud la table
des pains d’oblation (cf. 25,3-30) au Nord le chandelier à sept branches
(cf. Exode 25,31-39) et à l’Ouest l’autel de l’encens juste devant le
rideau qui sépare le Saint du ‘Saint des Saints’ (cf. Exode 30,1-10)
C’est dans cette pièce que Zacharie entre pour l’offrande du soir ;
il doit faire brûler de l’encens sur l’autel, en face du Seigneur et recharger
en huile les lampes du chandelier.
Zacharie est désigné par le sort parmi les prêtres autorisés à pénétrer
dans le Temple, sans doute ce choix est-il fait en utilisant ‘les Ourim
et les Toummim’ (cf. Exode 28,30) que le grand prêtre consulte lorsqu’il
a besoin d’une décision qui vient de Dieu, car Dieu seul peut distinguer
le prêtre qui fera l’offrande ainsi un prêtre indigne ne risque pas de
profaner le sanctuaire.
L’Ange du Seigneur apparaît à droite de l’autel de l’encens, Zacharie
est ‘bouleversé’ comme le sera la Vierge Marie (cf. Luc 1,29) et
l’Ange a la même parole rassurante : « Sois sans crainte. »
(Luc 1,13 et 1,30) car le message qu’il vient délivrer de la part du Seigneur
est une Bonne Nouvelle : l’enfant promis à Zacharie et Elisabeth
aura ‘la puissance du prophète Elie’ (Luc 1,17) pour faire de son
peuple capable d’accueillir Dieu.
Le sacerdoce est héréditaire dans le culte juif, pourtant l’Ange annonce
une autre mission pour l’enfant : il ne servira pas Dieu dans son
Temple mais dans le désert pour appeler les croyants à la conversion du
cœur davantage qu’aux offrandes. Dès sa naissance, Jean le Baptiste sera
une interrogation permanente pour ses contemporains : « La
crainte saisit alors les gens du voisinage, et dans toute la montagne
de Judée on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient
en étaient frappés et disaient : ‘Que sera donc cet enfant ?’ En effet,
la main du Seigneur était avec lui. » (Luc 1,65-66)
Les récits de l’annonce faite à Zacharie et la Naissance de Jean sont
pour nous des sources de méditation ; en premier lieu vient l’adoration
de ce Dieu qui choisit les personnes qui ramèneront le peuple vers lui.
Nous pouvons aussi nous appliquer ce qui est dit de ces deux personnes.
La preuve donnée à Zacharie est son mutisme jusqu’à la naissance de son
fils, mais c’est aussi une ‘punition’ de n’avoir pas cru au message
de l’Ange. Ne sommes-nous pas dans ce cas aussi ? Nous ne croyons
pas assez fermement à la Parole de Dieu et cela nous rend muets :
au lieu de proclamer le Royaume et le Salut des hommes, nous nous contentons
d’une foi personnelle souvent étriquée alors que nous sommes appelés à
être attentifs aux autres afin de les servir en nous venant des paroles
de Jésus à ses disciples : « Chaque fois que vous l’avez
fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez
fait. » (Matthieu 25,40)
« En effet, la main du Seigneur était avec lui. » La
main du Seigneur a été posée sur nous dans les Sacrements que nous avons
reçus. A ce titre nous sommes aussi envoyés avec la force du prophète
Elie pour amener les hommes au Père, par le Fils en profitant de l’Esprit
qui est en nous.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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24 juin 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°1018
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Présages de la Nouvelle Alliance
Saint Luc commence son évangile par une dédicace à un certain correspondant,
Théophile ; c’est aussi une occasion pour expliquer que, s’il n’a
pas vécu personnellement cette période, il est allé se renseigner auprès
de sources sûres pour écrire ce qui s’est passé. Lui, le médecin grec,
compagnon de saint Paul, ressent davantage que les autres évangélistes
Matthieu et Marc, la nécessité de situer la venue du Messie dans un peuple
que Dieu a préparé de longue date pour cet événement.
Comme il l’avait fait pour Adam (cf. Genèse 2), pour Abraham (cf. Genèse
12), pour Moïse (cf. Exode 3) pour le prophète Samuel (cf. 1Samuel 3)
et bien d’autres encore, Dieu prend l’initiative. Il s’adresse au prêtre
Zacharie dans le Temple de Jérusalem au moment de son service devant le
Saint des Saints, où se trouve la ‘Shekina’, la présence (Gloire)
de Dieu. L’avenir est révélé à cet homme, un ‘juste devant Dieu’ :
sa prière sera exaucée, il aura un fils bien que lui-même et sa femme
soient âgés et ce fils sera un précurseur du Messie. Face à l’incrédulité
de Zacharie, Dieu lui donne un autre signe : il ne pourra pas parler
pendant toute la grossesse de son épouse !
Au jour de la circoncision, l’enfant doit être nommé. En tant qu’aîné,
il devrait prendre le nom de son père. Zacharie en affirmant que son nom
est ‘Jean’ retrouve la parole et chante la Gloire de Dieu en prophétisant
sur le rôle de cet enfant dans le projet de Salut. En rappelant cette
manifestation de la Puissance de Dieu, saint Luc montre que la rupture
annoncée par les prophètes est là : Jean ne sera pas ‘le fils
de Zacharie’, il sera la « Voix de celui qui crie dans le
désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.. »
(Luc 3,4 # Isaïe 49,3)
Pour saint Luc ces récits sont déjà la Bonne Nouvelle, l’Ancien monde
s’en va, la Nouvelle Alliance se met en place entre l’annonce faite à
Zacharie dans le Temple et la naissance de Jean, Luc a décrit l’annonciation
à Marie et la Visitation où Jean-Baptiste reconnaît Dieu le Fils. Celle
qui porte l’enfant-Dieu se met au service de la mère de celui qui annoncera
le Messie.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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