2002
Forces Armées de Guyane
n°167
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Préface des défunts
Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire,
de t'offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu,
à toi, Père, très saint, Dieu éternel et tout-puissant,
par le Christ, notre Seigneur.
C'est en lui qu'a resplendi pour nous l'espérance de
la résurrection bienheureuse ;
et si la loi de la mort nous afflige,
la promesse de l'immortalité nous apporte la consolation.
Car pour tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la vie n'est pas détruite,
elle est transformée ; et lorsque prend fin leur séjour sur la terre,
ils ont déjà une demeure éternelle dans les cieux.
missel romain
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2006
Brigade Franco-Allemande
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n°291
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« J'ATTENDS LA RÉSURRECTION »
« J'attends la résurrection des morts et la vie éternelle ». Notre
pensée s'arrête sur la phalange des frères qui nous ont précédés au grand
but final de l'éternité. Nous sommes invités à reprendre avec eux, au
plus profond du cœur, ce dialogue que la mort ne doit pas interrompre.
Il n'existe personne qui n'ait des parents, des amis, des connaissances
à évoquer. Il n'est famille qui ne remonte à sa souche d'origine sinon
avec des sentiments de regret, de piété humaine et chrétienne. Mais notre
souvenir veut aller au-delà des légitimes et chers liens affectifs et
s'étendre à l'horizon du monde. De cette manière nous rejoignons tous
les morts, partout où ils sont déposés, en tout endroit de la terre des
cimetières des métropoles à celui du plus modeste village. Pour tous,
élevons d'un cœur fraternel vers le Seigneur de la vie et de la mort une
pieuse invocation pour le repos de leur âme. La journée commémorative
de tous les défunts doit être une journée de réflexion. En effet, la commémoration
des défunts nous entraîne à méditer avant tout le message eschatologique
du Christianisme: la parole révélatrice du Christ, le Rédempteur, nous
rend sûrs de l'immortalité de l'âme. En réalité, la vie n'est pas enfermée
dans l'horizon de ce monde: quand arrive la fin physiologique du corps,
l'âme créée immédiatement par Dieu reste immortelle et nos corps eux-mêmes
ressusciteront, transformés et spiritualisés. La signification profonde
et décisive de notre existence humaine sur la terre réside dans notre
« immortalité » personnelle: Jésus est venu nous révéler cette vérité.
Textes extraits de :
Jean-Paul II
Passez une année avec moi
Méditations quotidiennes (1984)
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2008
Brigade Franco-Allemande
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n°404
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(31èmedimanche du Temps Ordinaire)
Les fins dernières de l’homme
Le fait que cette résurrection est attendue pour le « dernier
jour », pour la fin des temps, et dans la communion de tous les hommes,
indique le caractère solidaire de l’immortalité humaine ; celle-
ci se réfère à l’ensemble de l’humanité, l’individu ayant vécu, et arrivant
donc à sa béatitude ou à sa perte, en dépendance de la totalité, avec
elle et ordonné à elle. Ce n’est là au fond qu’une conséquence naturelle
du caractère propre de l’idée biblique d’immortalité qui voit l’homme
dans sa totalité. Pour la pensée grecque, le corps et donc aussi l’histoire
restent extérieur à l’âme ; celle-ci peut exister séparément et n’a
pas besoin pour cela d’un autre être. Au contraire pour l’homme conçu
comme unité, la solidarité avec les autres est quelque chose de constitutif ;
si c’est lui qui doit continuer à vivre, cette dimension ne saurait manquer.
Ainsi apparaît résolue, par un retour à la pensée biblique, la question
souvent débattue de la possibilité de la communion des hommes entre eux
après la mort ; cette question ne pouvait, en fin de compte, se poser
que par la suite d’une prépondérance de l’élément grec au point de départ
de la réflexion : là où l’on croit à la « communion des saints »,
l’idée de l’anima separata (de l’âme séparée dont parle la scolastique)
se trouve finalement dépassée.
Ces idées ne pouvaient recevoir toute leur ampleur qu’à travers la
réalisation concrète de l’espérance biblique dans le Nouveau Testament ;
l’Ancien Testament, en effet, laisse en fin de compte le problème de l’avenir
de l’homme en suspens. Ce n’est qu’avec le Christ - l’homme qui est un
avec le Père, l’homme grâce à qui l’être de l’homme est entré dans l’éternité
de Dieu – que l’avenir de l’homme apparaît définitivement ouvert. C’est
seulement en lui, le « second Adam » que la question de l’homme
lui-même trouve une réponse.
Joseph Ratzinger
In Foi chrétienne – hier et aujourd’hui (1968)
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2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°502
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Unité de l’Eglise
En même temps que les vivants présents dans le lieu de la célébration
de la messe, les quatre prières eucharistiques évoquent ceux qui nous
ont précédés depuis que l’homme est apparu ; chrétiens ou non, ils
sont aimés de Dieu et sans doute sont-ils en sa présence, intercédant
pour nous. Ce jour de commémoration n’est pas un jour de deuil mais au
contraire, il suit logiquement la célébration de tous ceux que l’Eglise
nous donne comme exemples de vies conformes à l’Evangile, les ‘saints’.
La vie humaine commence dans le sein maternel et comprend deux passages
d’importance égale : la naissance qui est la fin de la vie fœtale
et l’entrée dans une vie autonome et la mort qui est le passage à la vraie
vie. Ne fêtons-nous pas habituellement les saints à la date anniversaire
de leur décès charnel ?
Cette continuité de la vie se retrouve dans la continuité de l’Eglise,
il n’y pas une église des vivants et une église des morts mais une seule
Eglise des vivants et des morts, priant et glorifiant le Seul Dieu, Père,
Fils et Esprit d’un seul cœur.
Les croyants qui nous ont précédés ont transmis ce qu’ils avaient reçu,
fidèlement comme saint Paul l’écrivait pour le sacrifice du Christ :
« Pour moi, en effet, j'ai reçu du Seigneur ce qu'à mon tour je
vous ai transmis: le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du
pain et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit: "Ceci est mon
corps, qui est pour vous; faites ceci en mémoire de moi." De même,
après le repas, il prit la coupe, en disant: "Cette coupe est la
nouvelle Alliance en mon sang; chaque fois que vous en boirez, faites-le
en mémoire de moi." Chaque fois en effet que vous mangez ce pain
et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à
ce qu'il vienne. » (1Corinthiens 11,23-25) et pour la Résurrection
du Fils de Dieu : « Je vous ai donc transmis en premier lieu
ce que j'avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos
péchés selon les Écritures, qu'il a été mis au tombeau, qu'il est ressuscité
le troisième jour selon les Écritures, qu'il est apparu à Céphas, puis
aux Douze. » (15,3-5)
Par la commémoration des défunts, nous témoignons notre gratitude à ces
anonymes qui nous ont transmis la foi, sans la bloquer à une époque fixe
mais de façon dynamique ; par notre action nous montrons que leur
œuvre continue dans le monde ; par nos prières nous manifestons notre
communion avec eux, et nous confions notre vie à leur intercession.
« Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit, comme il n'y a qu'une
espérance au terme de l'appel que vous avez reçu ; un seul Seigneur,
une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui
est au-dessus de tous, par tous et en tous. » (Ephésiens 4,4-6)
Père JeanPaul Bouvier
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2011
Fort Neuf de Vincennes
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n°571
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Attente
Depuis l’aggiornamento du missel romain les célébrants ne se mettent
que rarement des ornements noirs pour présider les obsèques des défunts,
le violet est le plus souvent utilisé. Ce changement n’est pas seulement
une question de mode ou d’esthétique : la couleur violette est mise
pour les deux temps importants dans l’Eglise, le Carême et l’Avent. Ce
sont des temps d’attente.
Dans le premier cas, les chrétiens attendent la fête de la Résurrection
du Seigneur, Pâques, la victoire sur la mort dont le passage de la mer
Rouge était le signe précurseur, passage de la mort à la Vie du Fils Unique
du Père annonce de notre propre résurrection selon la promesse du Christ
à ses disciples : « Dans la maison de mon Père, il y a de
nombreuses demeures; sinon, je vous l'aurais dit; je vais vous préparer
une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place,
à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où
je suis, vous aussi, vous soyez. » (Jean 14,2-3)
Dans le second cas, les chrétiens attendent la fête de l’Incarnation,
Noël, la venue du Fils du Père parmi nous, : « Et le Verbe
s'est fait chair et il a campé parmi nous, et nous avons contemplé sa
gloire, gloire qu'il tient du Père comme Unique-Engendré, plein de grâce
et de vérité. » (Jean 1,14) comme l’un d’entre nous : « Devenant
semblable aux hommes et reconnu à son aspect comme un homme »
(Philippiens 2,7) L’envoi de son propre Fils après avoir envoyé les prophètes
est la manifestation de l’amour que la Père porte à l’être humain.
Ces précisions éclairent d’un lumière nouvelle le choix fait par l’Eglise
de marquer par la couleur des ornements que les obsèques sont aussi un
temps d’attente, celle de notre propre résurrection que nous affirmons
tous les dimanches dans les ‘Je crois en Dieu’ que nus récitons.
En soi, ce n’est pas une consolation d’être séparé d’un proche qui nous
était cher, personne ne peut être consolé d’une telle séparation, mais
c’est une marque d’espérance, nous nous retrouverons avec le Christ comme
l’annonce saint Jean : « Bien-aimés, dès maintenant, nous
sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté.
Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables,
parce que nous le verrons tel qu'il est. » (1Jean 3,2)
« Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez ignorants au sujet
des morts; il ne faut pas que vous vous désoliez comme les autres, qui
n'ont pas d'espérance. Puisque nous croyons que Jésus est mort et qu'il
est ressuscité, de même, ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les
emmènera avec lui. » (1Thessaloniciens 4,13-14)
Lors de ces célébrations – ou des messes anniversaires – retrouvons ceux
que nous avons connus et aimés en priant avec eux car ils sont présents
d’une autre façon et nous pouvons leur adresser la même prière qu’à la
Vierge Marie : « Priez pour nous, maintenant, et à l’heure
de notre mort. »
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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2012
Secteur Vermandois
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n°641
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La résurrection des morts
« Nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au Sujet
de ceux qui se sont endormis dans la mort ; Il ne faut pas que vous soyez
abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. » (1Thessaloniciens
4,13-14) Cette épître, souvent choisie lors des sépultures chrétiennes,
est sans doute la première que saint Paul ait écrite ; peu de temps
après la Résurrection, l’Ascension et la Pentecôte, ses correspondants
se heurtent à une situation nouvelle, le Christ a dit : « Et
quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau
je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis,
vous aussi, vous soyez. » (Jean 14,3) mais en même temps les
Thessaloniciens constatent que certaines personnes qui ont adhéré au message
évangélique et qui ont été baptisés au nom du Père, du Fils et du saint
Esprit (cf. Matthieu 28,19) sont mortes avant que le Christ revienne pour
les ‘prendre près de lui’. Ils se demandent si ces personnes pourront
accéder au Royaume et comment. Saint Paul leur répond : « Nous,
les vivants, nous qui serons encore là pour l'Avènement du Seigneur, nous
ne devancerons pas ceux qui seront endormis. Car lui-même, le Seigneur,
au signal donné par la voix de l'archange et la trompette de Dieu, descendra
du ciel, et les morts qui sont dans le Christ ressusciteront en premier
lieu ; après quoi nous, les vivants, nous qui serons encore là, nous
serons réunis à eux et emportés sur des nuées pour rencontrer le Seigneur
dans les airs. Ainsi nous serons avec le Seigneur toujours. Réconfortez-vous
donc les uns les autres de ces pensées. » (1Thessaloniciens 4,15-18)
Pour saint Paul qui pensait être parmi les vivants à ce moment-là, le
retour du Christ était imminent pour réaliser sa promesse : « Ce
sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons selon
sa promesse, où la justice habitera. » (2Pierre 3,13) C’était
oublier les autres paroles du Christ : « Il ne vous appartient
pas de connaître les temps et moments que le Père a fixés de sa seule
autorité » (Actes1,7) Au fil des années, la compréhension des
Apôtres sur ce point va évoluer et ils comprendront cette dernière phrase
de Jésus comme une invitation à vivre dans un esprit d’attente et d’espérance.
Aujourd’hui nous sommes dans la même mouvance d’attente et d’espérance.
Lorsque nous proclamons dans le ‘Credo’ « J'attends la
résurrection des morts et la vie du monde à venir. » nous affirmons
que la mort de notre corps terrestre n’est pas la fin et comme le Seigneur
l’a promis, il nous répare une place pour que nous soyons avec lui, vivants
dans le Royaume des Cieux.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur du Vermandois
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2013
Secteur Vermandois
n° 687
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Mémoire
« Souviens-toi aussi de nos frères et sœurs qui
se sont endormis dans l'espérance de la résurrection,
et de tous les hommes et femmes qui ont quitté cette vie : reçois-les
dans ta lumière, auprès de toi. »
(Mémento des défunts – 2ème prière eucharistique)
Après la publicité faite autour d’‘Halloween’ (31 octobre), antique
fête païenne réveillée pour des raisons essentiellement commerciales,
après la célébration chrétienne de la Toussaint (1er novembre)
dont beaucoup, en France, ne perçoivent que le jour chômé et la possibilité
‘d’avoir un pont’, la ‘commémoration des fidèles défunts’
(2 novembre) reste dans l’ombre, même auprès des chrétiens.
Pourtant ce jour est important, il nous permet de remercier le Seigneur
de tout ce que nos prédécesseurs nous ont transmis depuis presque deux
mille ans ; il nous rappelle aussi qu’à notre tour nous avons notre
rôle dans la transmission de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, mort et
ressuscité pour nos péchés.
Cette foule d’anonymes ont quelquefois risqué leur vie pour que cette
annonce parvienne jusqu’à nous, sans oublier les personnes plus proches
de nous qui nous ont appris à prier : parents, parrains et marraines,
catéchistes, tous ceux qui ont fait de leur mieux pour que nous connaissions
le salut offert par Dieu, Père, Fils et Esprit. Comme saint Paul, ils
nous disent aujourd’hui : « Car j’ai reçu du Seigneur ce
que je vous ai enseigné. » (1Corinthiens 11,23a)
Bien sûr cette journée ravive aussi la tristesse de la séparation physique
de ceux que nous aimons, mais elle est pleine d’espérance, la foi en la
Parole de Dieu nous permet de retrouver ‘nos’ défunts dans une
autre dimension, celle de la prière, de nous remettre en mémoire tout
ce qui était important pour eux, et aussi l’éducation grâce à laquelle
ils nous ont permis de devenir nous-mêmes.
Partagés entre la peine et l’espérance, nous entendons le Christ nous
dire : « Dieu n’est pas Dieu des morts, mais des vivants ;
car pour lui tous sont vivants. » (Luc 20,38) et également :
« Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra,
quand même il serait mort. » (Jean 11,25) La ‘commémoration
des fidèles défunts’ n’est pas un jour de deuil, mais une affirmation
de notre foi. Pourquoi prierions-nous avec des personnes qui auraient
totalement disparu ? Au contraire nous attendons d’être réunis autour
du Seigneur « Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l’incorruptibilité,
et que ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la
parole qui est écrite: La mort a été engloutie dans la victoire. O mort,
où est ta victoire ? O mort, où est ton aiguillon ? »
(1Corinthiens 15,54-55)
Paradoxe apparent, le jour de la ‘commémoration des fidèles défunts’
est une proclamation de la victoire du Christ sur la mort, il nous est
demandé de témoigner de cela : « Il ne faut pas que vous
soyez abattus comme les autres, qui n'ont pas d'espérance. »
(1Thessaloniciens 4,13)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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2014
Secteur Vermandois
n° 782
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Commémorer
Littéralement, ce verbe signifie ‘se souvenir ensemble’ et dans
ces années de centenaire de la ‘Grande Guerre’ (mais comment une
guerre peut-elle être grande ?) il y aura un grand nombre de rassemblements
pour se souvenir des batailles meurtrières d’il y a cent ans.
La commémoration des fidèles défunts proposée par l’Eglise Catholique
au lendemain de la Toussaint n’est pas de cet ordre-là. Bien sûr c’est
un jour de tristesse parce que nous pensons à l’absence physique de toutes
ces personnes que nous avons aimées et qui nous manquent ; mais nous
devons nous rappeler les paroles de saint Paul : « Il ne
faut pas que vous soyez abattus comme les autres qui n’ont pas d’espérance. »
(1Thessaloniciens 4,13b) Il ne dit pas qu’il ne faut pas être abattu,
mais ne pas être abattu comme ceux qui n’ont pas d’espérance. Etre abattu
par la mort de quelqu’un de proche est humain, la foi chrétienne dans
la résurrection n’est pas un baume à mettre sur une plaie pour ne plus
avoir mal, elle est bien plus que cela : elle permet à chacun d’avoir
la force de vivre avec l’épreuve de la séparation physique sans la minimiser.
La peine que nous ressentons ne doit pas faire oublier que cette absence
n’est que physique, nous savons que ceux qui nous précèdent dans le Royaume
ne nous abandonnent pas : ils continuent à être spirituellement avec
nous, par la prière commune que nous faisons et nous nous souvenons ensemble,
avec eux, de la Bonne Nouvelle annoncée dans l’attente de nous retrouver :
« Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils. Ainsi nous
serons pour toujours avec le Seigneur. » (1Thessaloniciens 4,14)
La communion des saints que nous professons est le rassemblement de tous,
vivants et morts, ensemble avec le Seigneur.
Ainsi nous avons la conviction qu’il n’est pas nécessaire d’attendre
la résurrection pour être avec ceux qui nous ont précédés et avec le Seigneur :
nous y sommes dès maintenant dans la foi. Dans la liturgie de la messe,
nous ‘faisons mémoire’ des défunts, ce qui est au-delà du simple
souvenir et, par cette expression, nous les rendons présents avec nous
au Saint Sacrifice. Ils sont éternellement en présence de l’Agneau immolé
(cf. Apocalypse 5) nous sommes devant la présence réelle du Christ offert
pour nos péchés.
La commémoration des fidèles défunts n’est pas un jour de deuil mais
un jour de communion entre l’Eglise céleste et l’Eglise terrestre unies
dans le même amour et la même réalité. « Cependant, ne vous réjouissez
pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous
de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. » (Luc 10,20)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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2015
Secteur Vermandois
n° 842
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Des vivants et des morts
La prédication de Pierre affirme que « Dieu nous a chargés d’annoncer
au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi [Jésus] Juge
des vivants et des morts. » (Actes 10,42) Cette déclaration met
en lumière ce que Jésus avait dit quant à la résurrection : « Que
les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit
du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu
d’Isaac, Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.
Tous, en effet, vivent pour lui. » (Luc 20,37-38)
Lorsque l’Eglise célèbre la commémoration des fidèles défunts, les croyants
pensent surtout à ceux qu’ils ont connus et aimés en commençant par ceux
qui leur ont été les plus proches. Ce n’est pas là le projet de l’Eglise ;
dans cette journée, elle nous invite à aller plus loin à ‘faire mémoire
avec tous ceux’ qui nous ont transmis cette Bonne Nouvelle, les connus
comme les inconnus réunis dans une immense communion autour de notre Seigneur.
Humainement, nous sommes attristés de ne plus voir ceux que nous avons
aimés, de ne plus pouvoir leur parler, leur confier nos peines et nos
joies. Spirituellement, nous ressentons qu’ils sont toujours avec nous
et qu’ils prient avec nous et pour nous ; ce n’est pas à proprement
parler une ‘consolation’, l’absence est une épreuve toujours aussi
difficile à vivre et à assumer, mais c’est une force qui nous donnée pour
continuer l’œuvre inachevée qu’ils nous ont laissée.
La tristesse et l’abattement des Apôtres le soir du Vendredi Saint et
tout au long du Samedi Saint fait place au bonheur et à la joie du Dimanche
de Pâques. Marie de Magdala cherchait à retrouver le cadavre de Jésus
et demandait : ‘Où l’as-tu mis ?’ mais le Ressuscité
l’appela par son nom et lui donna la mission d’aller avertir ses frères
(cf. Jean 20,15-17) De même dans l’épreuve de la séparation, le Seigneur
nous appelle par notre nom et nous donne la même mission : annoncer
l’Evangile afin que tout homme « le sache donc avec certitude :
Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. »
(Actes 2,36)
La tristesse légitime du jour des défunts doit s’accompagner d’une annonce
de notre foi en la ‘résurrection de la chair’ que nous proclamons
de façon distraite lors des messes dominicales. Baptisés, configurés au
Fils éternel nous pouvons dire avec lui : « Tu ne peux m'abandonner
à la mort ni laisser ton ami voir la corruption. Tu m'apprends le chemin
de la vie : devant ta face, débordement de joie ! A ta droite, éternité
de délices ! » (Psaume 15[16],10-11)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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2 novembre 2016
Paroisses Nersle & Athies
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n°903
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Comment cela va-t-il se faire ?
Cette question de la Vierge Marie lors de la visite de l’Archange Gabriel
(cf. Luc 1,26-37) est posée par beaucoup de chrétiens à propos de notre
résurrection à la fin des temps. Les non-croyants en font même une affirmation
irréfutable de la folie d’une telle croyance et de l’impossibilité d’un
tel événement. Cette espérance est pourtant un article important de la
foi chrétienne que l’Eglise a inclus dès le commencement dans son ‘Credo’ :
« [Je crois…] à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. »
(Symbole des Apôtres)
La réponse de l’Ange : « la puissance du Très-Haut te prendra
sous son ombre » (v. 35) s’applique très bien à la résurrection
des corps, c’est par la puissance de Dieu que nous ressusciterons :
« Car rien n’est impossible à Dieu. » (v.37) Les modalités
de cet événement n’ont pas à être connues, ce qui est important c’est
la promesse que Dieu le Fils nous a faite : « Je pars vous
préparer une place » (Jean 14,2)
La commémoration des fidèles défunts nous permet d’attendre la manifestation
de la Gloire de Dieu et de prier avec tous ceux qui nous ont précédés
et qui nous ont transmis la Bonne Nouvelle du Royaume. Bien sûr c’est
un jour de peine parce que nous avons à vivre avec l’absence physique
des personnes qui nous sont chères et l’espérance chrétienne ne peut pas
supprimer cette peine puisque celle-ci est une marque de l’amour que nous
leur portons : « Parce que nous aimons nos frères, nous
savons que nous sommes passés de la mort à la vie. » (1Jean 3,14)
Lorsque saint Paul écrit : « Il ne faut pas que vous soyez
abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. » (1Thessaloniciens
4,14) il ne nous interdit pas d’avoir de la peine mais il constate que
nous ne sommes pas abattus ‘comme les autres’ car nous avons l’espérance
de la résurrection : nous croyons que nous nous reverrons « >
quand cet être périssable aura revêtu ce qui est impérissable, quand cet
être mortel aura revêtu l’immortalité. » (1Corinthiens 15,54)
Notre prière lors des obsèques et dans cette célébration des défunts
n’est pas pour occulter notre peine mais pour demander au Père de nous
donner la force de vivre avec elle. La douleur s’estompera, la peine reste.
La foi permet de rester debout malgré les épreuves et particulièrement
l’épreuve de la mort : « Nous aussi, en nous-mêmes, nous
gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous
attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. » (Romains
8,23
Nous ne savons pas comment cela va se faire mais nous sommes sûrs de
la réalité des promesses de Dieu, le Dieu des vivants et des morts :
« là où je suis, je reviendrai vous prendre avec moi. »
(Jean 14,3)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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2 novembre 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°969
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Commémoration
Les mots ont toujours beaucoup d’importance, l’Eglise refuse de parler
d’une ‘fête des morts’ contrairement à ce qui est communément admis,
un jour de peine et de deuil où les croyants seraient invités uniquement
à se rappeler de ceux qu’ils ont connus et aimés. Mais l’Evangile indique
que ceux qui semblent morts pour nous ne le sont pas pour le Seigneur,
comme le démontre Jésus lorsqu’il répond aux Saducéens : « [Moïse]
appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Il
n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent
pour lui. » (Luc 20,37b-38) Quand le Christ révèle sa divinité
à Pierre, Jacques et Jean, Moïse et Elie sont vivants auprès de lui (cf.
Matthieu 17,2sv.)
Il est donc important de nous pénétrer de la signification propre du
mot ‘commémoration’. Il se décompose en deux : le préfixe
‘com’ qui signifie le mot qui y est accolé est un élément qui est
vécu avec d’autres, ensemble ; ‘mémoration (=mémoire)’ n’est
pas seulement ‘se rappeler’ mais il est beaucoup plus fort, il
signifie rendre présent e.g. : « Faites ceci en mémoire de
moi » (Luc 22,19). Analysée ainsi la commémoration est le fait
se rendre présents les uns aux autres, notre communauté réunie et la communauté
auprès du Père, nous sommes ensemble dans la même prière de louange et
d’adoration.
La certitude de la prière commune avec ceux qui nous ont précédés n’édulcore
pas la peine de la séparation : nous aimerions que nos proches soient
toujours présents physiquement. La douleur vient de la rupture, elle s’estompe
avec le temps mais la peine reste pour toute notre vie sur terre car elle
est le signe de notre amour.
Dans notre attente de la Résurrection, la commémoration des fidèles défunts
est une affirmation de l’amour du Père qui a envoyé son Fils pour nous
montrer le chemin. Nous ne pouvons pas dire comme Thomas : « Seigneur,
nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
(Jean 14,5) puisque le Fils prie le Père pour nous : « Père,
ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi
avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce
que tu m’as aimé avant la fondation du monde. » (Jean 17,24)
Nous sommes donc appelés à vivre cette commémoration dans la foi et l’espérance.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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2 novembre 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°1039
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Peine et espérance
En France, du fait que la fête de la Toussaint soit fériée, la confusion
avec la Commémoration des fidèles défunts s’est peu à peu installée :
les personnes vont au cimetière le 1er novembre en profitant
de ce jour chômé pour se rendre sur la tombe de leurs proches décédés.
C’est aussi souvent l’occasion d’une réunion familiale, le caveau de famille
devient un point de ralliement pour des personnes de plus en plus dispersées.
Pourtant l’Eglise a toujours bien distingué ces deux journées :
dans la fête de la Toussaint nous célébrons l’Eglise céleste à laquelle
nous aspirons ; pour les défunts, nous nous rappelons notre condition
actuelle, d’hommes pécheurs, rachetés par la Passion du Fils éternel,
sa mort sa descente aux enfers et sa Résurrection. Il nous montre que
nous sommes appelés à suivre le même chemin : « il est le
chemin, la vérité, la vie » (Jean 14,6)
Pendant notre vie terrestre, l’espérance de la résurrection ne fait pas
oublier la difficulté du deuil : perdre un être cher est toujours
un moment douloureux quelle que soit notre foi. Comme chrétien nous ne
devons ni occulter cette peine, parce que avant toute chose, elle est
le signe de l’amour que nous partagions avec le défunt, ni nous y enfermer
car nous avons la conviction que nous nous retrouverons auprès du Seigneur.
L’Eglise nous demande donc de vivre pleinement cette journée de commémoration :
ceux qui nous ont précédés nous ont transmis ce qu’ils avaient reçu ;
ils nous ont faits ce que nous sommes. Ils ont été les maillons d’une
chaîne ininterrompue depuis que le Christ Ressuscité nous a dit :
« Allez de toutes les nations faites des disciples ! »
(Matthieu 28,19)
Cette journée, même si elle ravive la peine envers ceux que nous avons
connus et aimés, est surtout une journée où nous leur disons un grand
merci pour tout ce qu’ils nous ont donné.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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2 novembre 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1112
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Fête de la vie !
« Dieu n’est pas le Dieu
des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. »
(Luc 20,38)
L’enseignement que nous donne la Parole de Dieu (Ancien et Nouveau Testament)
et la tradition de l’Eglise montre que la Vie est une : prénatale,
terrestre et post-mortem même si a des ruptures : la naissance et
la mort. Jean-Baptiste réagit avant sa naissance à la présence de Jésus
in-utero (cf. Luc 1,41-42) et le riche voit le pauvre Lazare aux côtés
d’Abraham (cf. Luc 16,23-24)
Dans la ‘Commémoration des fidèles défunts’, l’Eglise ne propose
pas un jour de deuil mais au contraire, selon le sens propre, vivre une
mémoire commune avec les défunts c'est-à-dire, bien sûr, évoquer des souvenirs
de ceux qui nous ont précédés mais aussi envisager le présent avec tout
ce qu’ils nous ont transmis et légué.
Il est évident que l’absence physique de ceux que nous avons connus et
aimés est difficile ; la douleur de la séparation s’estompe avec
le temps mais la peine reste vivace, nous aimerions tant pouvoir encore
les chérir… La foi ne pourra jamais combler cette peine puisqu’elle a
sa source dans l’amour éternel.
Par contre la foi nous ouvre une fenêtre sur une assistance spirituelle.
Par la conscience de prier Dieu avec ceux qui sont en sa présence, Nous
pouvons, au fond de notre cœur, entendre les conseils qu’ils peuvent nous
donner dans les grandes décisions que nous avons à prendre pour mieux
orienter notre vie d’aujourd’hui.
Il n’est pas question d’invoquer des morts mais de vivre avec des vivants !
C’est toute l’espérance chrétienne : nous attendons d’être tous réunis
par la Vie. Dieu-le-Fils a promis de nous préparer une place (cf. Jean
14,2) pour que « Quand je serai parti vous préparer une place,
je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis,
vous soyez, vous aussi. » (Jean 14,3)
« Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils
soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que
tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. »
(Jean 17,24)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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2 novembre 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1178
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La fête de nos saints
Le lendemain de la fête solennelle de la Toussaint dans laquelle l’Eglise
célèbre tous les hommes et femmes qui nous précédés, il nous est proposé
de penser et de prier avec ceux que nous avons connus personnellement,
ceux qui nous été proches à un moment de notre vie. Peu ont été inscrits
au calendrier, estampillés saints par une déclaration officielle mais
nous savons au fond de notre cœur qu’ils l’étaient.
Aucune de nos relations était héroïque, elles étaient des personnes ordinaires
avec des qualités et des défauts, mais depuis leur décès nous valorisons
les premières et minimisons les seconds à la mesure de l’amour que nous
leur avons porté. Souvent nous avons des regrets : ‘J’aurais dû
lui dire…’. Et si nous nous habituons à la douleur de la séparation
au fil du temps qui passe, la peine de ne plus les avoir physiquement
auprès de nous demeure toute notre vie.
Aujourd’hui nous commémorons, c’est-à-dire que nous faisons une mémoire
commune dans la même signification que la mémoire de l’Eucharistie :
« Vous ferez cela en mémoire de moi ! » dans laquelle
nous sommes un des disciples présents dans le Cénacle avec Jésus lors
du repas du Jeudi Saint : dans cette commémoration nous nous rendons
présents avec tous ceux qui nous précédent. Il ne s’agit pas de feuilleter
un vieil album de souvenirs mais de prier ensemble, de nous retrouver
dans une même adoration : « Et par la main de l’ange monta
devant Dieu la fumée des parfums, avec les prières des saints. »
(Apocalypse 8,4)
Dans la célébration de cette mémoire commune, nous manifestons notre
foi : « Je crois […] à la sainte Eglise catholique, à la
communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de
la chair, à la vie éternelle » (Symbole des Apôtres) Bien sûr
cela n’empêche pas la tristesse mais elle est remise dans un contexte
d’espérance car le Christ nous rassure : « Quand je serai
parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès
de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. » (Jean
14,3)
En ce temps de pandémie, où nous avons à vivre des séparations qui sont
difficiles et les moyens de communication modernes ne sont que des pis-aller
qui ne remplaceront jamais le contact humain, nous comprenons mieux que
la prière pour et avec nos défunts est comme une espèce de téléconférence
ayant pour but d’adorer ensemble le Père qui n’a pas refusé de nous donner
l’Esprit Saint par le sacrifice et l’intercession de son Fils.
« Le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité
parmi ceux qui se sont endormis. » (1Corinthiens 15,20)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde
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2 novembre 2023
Maison Marie-Thérèse
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n°1348
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Ô Mort, où est ta victoire ?
Cette exclamation de saint Paul (1Corinthiens 15,55) est ironique, il
nargue la mort en lui rappelant sa totale défaite face à la victoire éclatante
du Christ Ressuscité jaillissant du tombeau dans la gloire de sa divinité.
Saint Paul n’a pas été témoin lui-même de cet événement, mais il a vu
et entendu le Fils du Père lui confier la mission d’évangéliser tous les
peuples comme le Christ l’avait dit aux Apôtres : « Allez !
De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom
du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28,19)
Aujourd’hui, nous partageons avec ‘l’Apôtre des gentils’ cette
profonde espérance dans la victoire finale du Christ contre la mort, mais
celle-ci est encore à l’œuvre dans notre monde imparfait et nous en subissons
les conséquences. Tous les jours les media nous montrent des tueries,
des assassinats, des exécutions, des morts par milliers. Quelles que soient
les atrocités qui nous sont ainsi relatées, nous avons une espèce de système
d’autodéfense qui permet en quelques minutes de passer à un autre sujet
quelquefois très loin de ces préoccupations.
En revanche lorsque nous sommes touchés par le décès d’un proche, la
mort fait son œuvre dévastatrice, occupant toutes nos pensées, rendant
impossible toute autre réflexion. La douleur envahit notre âme et notre
esprit. Notre foi dans la victoire du Christ reste intacte mais en pratique
elle est occultée par la difficulté de la séparation : nous n’envisageons
plus que cela : nous ne le verrons plus.
En aucun cas la foi peut être présentée comme une consolation. Aucune
consolation du décès d’un être cher ne peut exister puisque la peine que
nous éprouvons est le signe même de l’amour, le Christ lui-même est ému
du décès de Lazare : « Alors Jésus se mit à pleurer. Les
Juifs disaient : ‘Voyez comme il l’aimait !’ » (Jean
11,35-36). Cependant notre foi nous invite à la prière pour demander à
Dieu la force de vivre le deuil sans s’y enfermer. Au fil du temps la
douleur de la séparation s’estompera mais la peine que la personne ne
soit plus physiquement présente restera toute la vie.
La commémoration de fidèles défunts proposée par l’église permet aux
croyants d’affirmer leur foi en la résurrection des morts comme ils l’affirment
à toutes les messes de fête dans le ‘Je crois en Dieu’ et de ressentir
dans la prière que la séparation n’est qu’apparente tout le peuple de
Dieu se retrouve dans son créateur : « Dieu nous a chargés
d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des
vivants et des morts. » (Actes 10,42)
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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