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22 mars 2020
4ème dimanche de Carême
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Perceptions
1 Samuel 16,1b.6-7.10-13a - Psaume 22 - Ephésiens 5,8-14
- Jean 9,1-41
La perception du monde qui nous entoure varie en fonction des sens que
nous utilisons ; chacun de ces sens, la vision, l’ouïe, l’odorat,
le toucher, le goût, nous révèle une interprétation différente de notre
espace de vie. Les informations combinées de ces sens nous donnent l’illusion
de connaître et de maitriser tout ce qui nous environne. Mais c’est une
erreur, notre perception est leurrée par ces sens justement parce qu’il
n’y en a que cinq. Les chauves-souris explorent et chassent par écholocation
dans les grottes où elles vivent grâce aux ultrasons qu’elles émettent
et reçoivent ; à l’inverse, les éléphants sont capables de produire
des infrasons et de les reconnaître sur de très longues distances ;
d’autres exemples pourraient être pris dans la nature.
L’homme est limité par son corps, mais il n’y a pas que cet aspect :
il est créé à l’image de Dieu (cf. Genèse 1,27) qui met en lui son Esprit
pour le discernement (cf. Genèse 2,7) pour l’émerveillement du psalmiste :
« qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, le fils d'un
homme, que tu en prennes souci ? Tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu,
le couronnant de gloire et d'honneur. » (Psaume 8,5-6)
Les trois lectures de ce dimanche nous guident pour que nous sachions
ne pas nous laisser abuser par la limite de nos sens :
- « Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent
l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » (1Samuel 16,7b).
Nous sommes appelés à regarder comme le Seigneur, et à voir le cœur
de l’autre pour l’aimer !
- « Frères, autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant,
dans le Seigneur, vous êtes lumière » (Ephésiens 5,8). Nous
sommes lumière lorsque nous sommes comme des phares qui attirent nos
frères et sœurs, en toute sécurité puisque bien éclairés, vers le Seigneur.
- « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
(Jean 9,36) Nous ne finirons jamais de découvrir le Seigneur c’est pourquoi
cette demande revient sans cesse dans nos prières : ‘Seigneur
revête-toi à moi‘
Dans les circonstances actuelles (CoVid-19) ne laissons pas nos sens
occulter la présence du Père à tous ses enfants souffrants, en attendant
la reprise des assemblées eucharistiques utilisons pleinement la lumière
que le Christ nous donne dans la méditation de son évangile pour que puissions
ouvrir notre cœur.
Père JeanPaul Bouvier
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23 mars 2020
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Croire à la Parole
Isaïe 65, 17-21 - Psaume 29 (30), 2a.3-4, 5-6, 9.12a.13cd
- Jean 4, 43-54
De retour en Galilée après ce (premier ?) pèlerinage à Jérusalem
pour la Pâque, la renommée de Jésus l’a précédé : « Pendant
qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en
son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. » (Jean 2,23).
Cette réputation est sans doute encore amplifiée par les habitants de
Cana qui se souviennent du miracle de l’eau changé en vin raconté par
les serviteurs qui avaient puisé l’eau dans les jarres.
Survient un fonctionnaire royal (d’autres traductions parlent d’un centurion
ou d’un officier). Il vient, animé par un fol espoir : cet homme
dont on rapporte tant de merveilles pourrait-il guérir son fils ?
Il le supplie de venir jusqu’à Capharnaüm. « Jésus lui répond
: ‘Va, ton fils est vivant.’ L’homme crut à la parole que Jésus lui avait
dite et il partit. » (v.50) Le père veut croire que son fils
est sauf ; il se contente de cette parole mais ce n’est que rentré
chez lui qu’il se rend « compte que c’était justement l’heure
où Jésus lui avait dit : ‘Ton fils est vivant.’ Alors il crut, lui, ainsi
que tous les gens de sa maison. » (v.53)
Combien de paroles le Seigneur nous a-t-il dites ? Nous lisons les
textes bibliques régulièrement, et nous les méditons ; nous les entendons,
en temps normal, tous les dimanches à la messe dominicale ; parfois
nous les partageons avec d’autres chrétiens. Mais quelle est notre réponse ?
Quelle est notre foi ? Nous ne nous rendons pas compte qu’ils se
réalisent dans nos vies à l’heure même où le Christ nous parle.
« Combien de temps encore ce peuple me méprisera-t-il ?
Combien de temps refuseront-ils de croire en moi, de croire tous les signes
que j’ai accomplis au milieu d’eux ? » (Nombres 14,11) Nous
avons bien plus que les signes reçus par les Hébreux dans le désert :
nous avons l’annonce de la Résurrection ; nous recevons l’Esprit
Saint dans les Sacrements ; mais peut-il être dit de nous :
‘Alors il croit, lui, ainsi que tous les gens de sa maison.’ ?
L’épreuve que nous vivons actuellement nous permet de nous recentrer
sur l’essentiel en discernant les signes que le Seigneur nous envoie pour
étayer notre foi et ainsi la rendre un peu plus ferme : d’une certaine
façon, nous avons, comme le fonctionnaire, à retourner à Capharnaüm pour
constater que nos prières sont exaucées
Père JeanPaul Bouvier
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24 mars 2020
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La Parole efficace
Ezéchiel 47, 1-9.12 - Psaume 45 (46), 2-3, 5-6, 8-9a.10a
- Jean 5, 1-16
Hier, pour la guérison du fils du fonctionnaire royal, Jésus n’avait
eu que cette phrase : « Va, ton fils est vivant ! »
Il s’avère ensuite que l’enfant avait été guéri au moment même où ces
mots étaient été prononcés. Aujourd’hui, pour cet homme malade depuis
si longtemps, c’est un ordre qui lui est donné : « Lève-toi,
prends ton brancard, et marche. » et « aussitôt »
le paralysé reçoit la force qui lui permet d’obéir à cette injonction.
Cela évoque en nous le premier récit de la Création (Genèse 1,1-2,4a) :
« Dieu dit… et ce fut ainsi » Dieu crée par sa Parole
tout ce qui existe ! Dans cet esprit, l’évangéliste saint Jean dès
son prologue, présente le Christ comme la Parole incarnée : « Au
commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu,
et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu.
C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est
fait ne s’est fait sans lui. » (Jean 1,1-3) Le ‘Logos’
créateur s’incarne pour que la Parole soit parmi nous et nous révèle directement
ce que les prophètes ne faisaient que transmettre : « A bien
des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos
pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous
sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes
choses et par qui il a créé les mondes. » (Hébreux 1,1-2)
Avec cette toile de fond, nous pouvons lire différemment la vision d’Ezéchiel
proposée en première lecture. Traditionnellement, l’Eglise interprète
l’eau qui sort du côté droit du Temple comme l’eau du Baptême sortant
du Christ crucifié par le côté droit percé par le coup de lance du garde
romain (cf. Jean 19,34). Cette eau purifie tout le pays, y compris la
mer morte qui est ‘assainie’, reconstituant ainsi l’Eden perdu.
Mais nous pourrions aussi y voir la Parole (Dieu-le-Fils) qui vient de
Dieu-le-Père pour répandre Dieu-l’Esprit dans le monde purifiant l’Humanité
et lui faisant porter un fruit abondant en toute saison.
Constatant la puissance qui est donnée par la Parole alors que beaucoup
d’entre nous se sentent démunis dans un confinement forcé, il est peut-être
temps de sortir la Bible des rayonnages de notre bibliothèque pour y trouver
la Parole qui remet l’homme debout et entendre jésus nous dire :
« Te voilà guéri. Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque
chose de pire. »
Père JeanPaul Bouvier
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25 mars 2020
Annonciation
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Marie à l’Annonciation
Isaïe 7,10-14 ; 8,10 - Psaume 39 (40), 7-8a, 8b-9,
10,11 - Hébreux 10,4-10 - Luc 1,26-38
Mais le Père des miséricordes a voulu que l'Incarnation fût précédée
par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte que,
une femme ayant contribué à l'œuvre de mort, de même une femme contribuât
aussi à la vie. Ce qui est vrai à un titre exceptionnel de la Mère de
Jésus donna au monde la vie, la vie même qui renouvelle tout, et fut
pourvue par Dieu de dons à la mesure d'une si grande tâche. Rien d'étonnant,
par conséquent, à ce que l'usage se soit établi chez les saints Pères,
d'appeler la Mère de Dieu la Toute Sainte, indemne de toute tache de
péché, ayant été pétrie par l'Esprit-Saint, et formée comme une nouvelle
créature. Enrichie dès le premier instant de sa conception d'une sainteté
éclatante absolument unique, la Vierge de Nazareth est saluée par l'ange
de l'Annonciation, qui parle sur l'ordre de Dieu, comme "pleine
de grâce" (cf. Luc 1,28). Au messager céleste elle fait elle-même
cette réponse : "Voici la servante du Seigneur, qu'il en soit de
moi selon ta parole" (Luc 1,38). Ainsi Marie, fille d'Adam, donnant
à la parole de Dieu son consentement, devient Mère de Jésus et, épousant
à plein cœur, sans que nul péché ne la retienne, la volonté divine de
salut, se livra elle-même intégralement, comme la servante du Seigneur,
à la personne et à l'œuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance
et avec lui, par la grâce du Dieu tout-puissant au mystère de la Rédemption.
C'est donc à juste titre que les saints Pères considèrent Marie comme
apportant au salut des hommes non pas simplement la coopération d'un
instrument passif aux mains de Dieu, mais la liberté de sa foi et de
son obéissance. En effet, comme dit saint Irénée, "par son obéissance
elle est devenue, pour elle-même et pour tout le genre humain, cause
de salut". Aussi avec lui, bon nombre d'anciens Pères disent volontiers
dans leurs prédications : "Le nœud dû à la désobéissance d'Eve,
s'est dénoué par l'obéissance de Marie ; ce que la vierge Eve avait
noué par son incrédulité, la Vierge Marie l'a dénoué par sa foi"
; comparant Marie avec Eve, ils appellent Marie "la Mère des vivants"
et déclarent souvent : "par Eve la mort, par Marie la vie".
Vatican II – Lumen Gentium n°56
A la suite des grands auteurs chrétiens et de la tradition, le Concile
Vatican II met en évidence les attitudes opposées d’Eve et de la Vierge
Marie ; la première refuse la responsabilité de ses actes :
« Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé. » (Genèse
3,13), la seconde assume pleinement la mission que le Seigneur lui confie :
« Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon
ta parole. » (Luc 1,38). Par cette réponse l’ère de la Rédemption
est ouverte. Marie devient ‘Théotokos’ = porteuse de Dieu (concile
d’Ephèse 431) véritablement Mère de Dieu.
En ces heures difficiles, la fête d’aujourd’hui nous rappelle que le
Fils Eternel a voulu être l’un d’entre nous, né d’une femme, pour manifester
que nous sommes ses frères et sœurs, aussi bien par la chair que par
l’esprit. Notre vocation, comme la Vierge Marie, est de faire la volonté
du Seigneur : « celui qui fait la volonté de mon Père qui
est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
(Matthieu 12,50) « Telle est la volonté de mon Père : que
celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et
moi, je le ressusciterai au dernier jour. » – Jean 6,40)
Père JeanPaul Bouvier
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26 mars 2020
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Voici tes dieux !
Exode 32, 7-14 - Psaume 105 (106), 4ab.6, 19-20, 21-22,
23 - Jean 5, 31-47
C’est ainsi que le peuple acclame le Veau d’or en lui offrant
des sacrifices ! Ils manifestent de cette façon une ingratitude complète
à l’égard du Seul Vrai Dieu qui les a libérés de l’esclavage du pays d’Egypte !
Dieu révèle à Moïse ce que le peuple a fait ; sa réflexion semble
plus triste que courroucée, Il fait part à son interlocuteur de son intention
de supprimer ce peuple si peu reconnaissant. Pour demander l’assentiment
de Moïse, Dieu lui dit : « Laisse-moi faire » semblant
de la sorte lui demander la permission de punir. Le lecteur croyant qui
connaît la Bible et les rapports de Dieu avec son peuple constate que,
en provoquant la réaction de Moïse, Dieu ne cherche qu’à entendre sa plaidoirie
pour le peuple de façon à avoir une ‘raison’ pour pardonner.
Ce n’est pas la seule perversion du peuple de Dieu depuis l’époque de
Moïse jusqu’à nous. Malgré les avertissements lancés par les prophètes,
malgré la pédagogie du Fils de Dieu, malgré l’évangélisation menée par
les Apôtres, malgré l’enseignement de l’Eglise et la prédication des saints,
des groupes d’hommes et de femmes ont interprété le message d’Amour qui
leur est donné en le déformant par rigorisme ou par laxisme. Le Père a
toujours pardonné, non plus par l’intercession d’hommes comme les prophètes,
mais par l’intercession de son Fils : son cœur de Père ne demande
qu’à pardonner.
Nous ne construisons plus réellement de veaux d’or physiques, palpables
auxquels nous offririons des sacrifices, mais qu’en est-il de l’interprétation
des textes sacrés que nous mettons à toutes les sauces, adaptant l’Ecriture
à notre vie au lieu de faire le contraire : vivre selon la Parole
de Dieu ; nous faisons notre propre religion en nous retranchant
derrière des lois que nous forgeons selon nos envies.
Les scribes et les pharisiens reprochent à Jésus d’accueillir les pécheurs
et même de manger avec eux, ils jugent ce qu’ils estiment être juste selon
une loi humaine en abandonnant la Loi qui vient de Dieu ; de même
nous jugeons nos actes, et surtout les actes de nos semblables, en fonction
de lois que nous nous donnons nous-mêmes.
Les adorateurs du Veau d’or avaient besoin de l’intercession de
Moïse pour être remis sur le chemin de Dieu ; nous avons besoin de
l’intercession du Fils Eternel pour nous approcher de la volonté du Père.
Cette intercession est tangible lorsque nous confions nos péchés à ceux
qui sont configurés au Christ par le Sacrement de l’Ordre. Comme Moïse
ces hommes rappellent au Père qu’il a promis de pardonner et d’envoyer
son Esprit à ceux qui le lui demanderaient. Le prêtre qui me donne l’absolution
manifeste ce plaidoyer du Fils devant le Père qui ne demande qu’à pardonner
aux pécheurs et les inviter à sa table pour manger avec eux.
Père JeanPaul Bouvier
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27 mars 2020
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Un vrai jeûne
Sagesse 2, 1a.12-22 - Psaume 33 (34), 17-18, 19-20,
21.23 - Jean 7, 1-2.10.14.25-30
Il y a deux semaines, je célébrais – avec difficultés – une dernière
fois la messe avec la petite communauté du vendredi matin. Depuis les
églises sont fermées et la plupart des personnes sont confinées chez
elles en attendant impatiemment des jours meilleurs
Encore mieux qu’à l’époque, je réalise la joie des habitants des atolls
de Polynésie Française lorsque je venais avec la visite sanitaire du
service de santé des armées, quelques heures, tous les deux ou trois
mois. A peine débarqué de l’hélicoptère, le chef de l’atoll se précipitait
vers moi avec un collier de fleurs et me conduisait directement à leur
petite chapelle. Aussitôt la cloche sonnait à la volée, j’avais à peine
le temps de mettre les vêtements sacerdotaux que j’avais apportés que
l’église était pleine et que, déjà, une hymne était chantée à tue-tête.
Je ne comprenais pas les paroles, mais l’allégresse et le bonheur y
étaient sensibles. Les larges sourires en étaient la preuve. Quel que
soit le jour, quelle que soit l’heure, la messe ne pouvait pas être
manquée, mais la communauté se réunissait aussi tous les dimanches pour
prier, écouter la Parole et chanter le Seigneur.
Comme eux, aujourd’hui, vous êtes contraints à vivre un jeûne eucharistique,
privés de la présence de vos prêtres enfermés chez eux au lieu de vous
accueillir dans les églises. Mais la grande différence réside dans la
conception même de la messe : pour ces isolés, hommes, femmes et
enfants, elle est un vrai don et une fête dont la rareté fait qu’ils
en profitent pleinement ; pour nous, elle était devenue un dû habituel
et si nous ratons un dimanche, « bof, c’est pas grave. » Ces
gens sont toujours des affamés de Dieu alors que nous sommes devenus
des chipoteurs en choisissant ce qui nous arrange…
Les événements actuels nous réveillent. Nous réalisons la chance que
nous avions ! Pour nous, les prêtres, de pouvoir célébrer accompagnés
par des communautés vivantes même si nous leur reprochions souvent leur
passivité ; pour les membres de ces assemblées d’avoir des messes
dominicales régulières, souvent moins éloignées de leur domicile que
le supermarché dans lequel ils font leurs courses habituellement.
Quelle attitude avoir dans de telles circonstances ? Nous ne devons
céder ni à l’amertume, ni au découragement ! Au contraire soyons
dans l’action de grâce : par cette privation le Seigneur se révèle
à nous plus fortement encore. L’évangile de ce jour nous rappelle que
nous ne pouvons connaître Dieu que par Celui qui vient de lui, le Fils :
« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne
ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez,
vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et
vous l’avez vu. » (Jean 14,6*7)
Père JeanPaul Bouvier
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28 mars 2020
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Nicodème
Jérémie 11, 18-20 v- Psaume 7, 2-3, 9bc-10, 11-12a.18b
- Jean 7, 40-53
Curieux personnage que Nicodème, il apparaît trois fois dans l’évangile
de saint Jean : aux chapitres 3, 7 (texte de ce jour) et 19.
Présenté par Jésus qui dit de lui : « Tu es un maître qui
enseigne Israël » (3,10) il semble donc être un homme important,
un notable et un pharisien (cf. 3,1). Il vient de nuit interroger Jésus,
sans doute pour ne pas être vu, mais reconnaît en lui un homme qui vient
de Dieu en raison des signes qu’il accomplit. Nicodème n’est pas venu
pour piéger Jésus comme beaucoup de Pharisiens mais pour profiter de sa
prédication.
Lorsque les grands-prêtres décident de tuer Jésus, il essaie de s’interposer
(cf. 7,51) pour qu’au moins Jésus puisse se défendre et s’expliquer, mais
il n’est pas écouté, il est même accusé d’être un des disciples du ‘Galiléen’.
Joseph d’Arimathie est allé seul demander le corps de Jésus à Pilate,
mais ensuite Nicodème est venu l’aider en apportant une quantité importante
d’aromates et ensemble ils mettent le corps au tombeau. (cf. 19,39)
Nicodème croyait en Jésus mais la pression sociale, sa place parmi ses
pairs, le ‘qu’en dira-t-on’ l’empêchait de se déclarer ouvertement
disciple de cet homme. Dans l’obscurité, il vient l’écouter et se recueillir
sur son corps. Pourtant Jésus l’avait averti à la fin de leur conversation :
« celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit
manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
(Jean 3,21) L’évangéliste ne nous dit pas si Nicodème a rejoint les rangs
des chrétiens après la Résurrection du Christ, suivant notre humeur nous
répondrons affirmativement ou négativement…
A travers Nicodème, c’est chacun d’entre nous qui est visé : nous
croyons au Christ, Fils éternel du Père venu pour sauver tous les hommes,
mais nous aussi nous sommes sensibles à notre position sociale, à la façon
dont nous sommes perçus par nos contemporains. De temps en temps, nous
défendons l’Eglise et la Parole de Dieu mais – trop souvent – assez mollement
comme Nicodème au milieu des autres pharisiens.
Père JeanPaul Bouvier
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