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6ème dimanche de Pâques
17 mai 2020
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Grâce d’états
Actes 8,5-8.14-17 - Psaume 65 - Pierre 3,15-18 -
Jean 14,15-21
Pour éviter toute confusion saint Luc précise que Philippe est l’un
des sept à qui les Apôtres ont imposées les mains pour les mettre au
service des chrétiens de langue grecque (cf. Actes 6,1-7). Il ne s’agit
pas de l’Apôtre homonyme Philippe, l’un des Douze que Jésus a choisi
parmi ses disciples (cf. Luc 6,13-16).
Dans ce passage, saint Luc montre un homme qui ne s’occupe pas seulement
du « service des tables » mais un propagateur de l’Evangile
dont les prédications entraînent la conversion des auditeurs qui demandent
alors le Baptême « au Nom du Seigneur Jésus »
La rumeur parvient à Jérusalem où les Apôtres résident encore. Deux
d’entre eux, Pierre et Jean, sont délégués pour aller conforter ces
communautés naissantes. Le peu de sympathie que les Juifs ont envers
les Samaritains ne les arrête pas ; sans doute ont-ils à l’esprit
la rencontre auprès du puits de Jacob à Sykar où Jésus se manifesta
d’abord à une femme puis à tous les habitants de la ville (cf. Jean
4,5-42). Arrivés sur place, ils complètent le Baptême « au nom
du Seigneur Jésus » par le don de l’Esprit manifesté par une
imposition des mains.
Deux impositions des mains de la part d’Apôtres, deux conséquences
apparemment différentes mais toujours un don spécifique de l’Esprit
Saint.
Dans les Sacrements de l’Eglise Catholique, le Père s’engage à donner
l’Esprit Saint à ceux qui le demandent par le Fils : « Si
donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos
enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à
ceux qui le lui demandent ! » (Luc 11,13) Cet engagement
du Père est manifesté par l’imposition des mains d’un ministre ordonné,
elle est accompagnée d’une prière particulière qui donne le sens du
don de l’Esprit Saint.
A ceux qui reçoivent ces impositions des mains, le Seigneur donne la
force et la capacité de vivre pleinement le Sacrement qu’ils ont reçu.
Conscients de cette grâce qui nous est faite, nous pouvons proclamer
la Gloire de Dieu devant tous nos frères et sœurs. Pensons à ce don
lorsque nous pourrons à nouveau nous réunir pour communier au Corps
du Christ !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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65
18 mai 2020
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Vous allez rendre témoignage
Actes des Apôtres (16, 11-15) - Psaume (149, 1-2, 3-4,
5-6a.9b) - Jean (15, 26 - 16, 4a)
Le chrétien est, par définition même, appelé à témoigner à temps et à
contretemps de cet événement inouï qu’est la Résurrection du Christ, gage
de notre propre résurrection à la fin des temps. Ce témoignage est un
besoin impérieux : « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là
pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur
à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! Certes, si je le fais de
moi-même, je mérite une récompense. Mais je ne le fais pas de moi-même,
c’est une mission qui m’est confiée. » (1Corinthiens 9,16-17)
C’est ce que saint Paul rappelle à son disciple : « Proclame
la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des
reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. »
(Timothée 4,2)
Notre témoignage d’aujourd’hui a donc un autre point d’application que
celui que les Apôtres ont eu, même si le message à faire passer n’a pas
changé d’un iota. >Nous devons dégager le Christ Jésus de son image
de « fondateur de religion » pour lui rendre, dans la conscience
des hommes, son action de Sauveur.
Dans notre époque matérialiste, il est important de souligner que le
Salut n’est pas une affaire de réussite sociale mais de réussite humaine.
En nous dégageant de la course au gain financier, nous pourrons être comme
le dit l’Apôtre Paul des coureurs du Christ, ceux qui courent pour la
palme du vainqueur et non pour une récompense en espèces sonnantes et
trébuchantes (cf. 1Corinthiens 9,24-27).
En avançant sur le chemin du Christ nous n’aurons peut-être pas la considération
de nos contemporains, mais nous pourrons nous épanouir dans notre humanité
pour devenir vraiment homme comme le Christ lui-même. « Vous donc,
vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » disait
Jésus à ses Apôtres (Matthieu 5,48), prenons cette exhortation pour nous
aujourd’hui, nous sommes appelés à la perfection et, au lieu de dire que
ce n’est pas possible, que personne ne peut être parfait, faisons confiance
à l’Esprit que nous recevons quotidiennement et témoignons d’un Christ
vivant qui n’abandonne pas des disciples.
Père JeanPaul Bouvier
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66
19 mai 2020
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L’Esprit Saint
Actes des Apôtres (16, 22-34) - Psaume (137 (138),
1-2a, 2bc- 3, 7c- 8) - Jean (16, 5-11)
(d’après le Catéchisme de l’Eglise Catholique)
«Saint Esprit», tel est le nom propre de celui que nous adorons et glorifions
avec le Père et le Fils. L’Eglise l’a reçu du Seigneur et le professe
dans le Baptême de ses nouveaux enfant
Le terme «Esprit», traduit le terme hébreu «Ruah» qui, dans son
sens premier signifie souffle, air, vent. Jésus utilise justement l’image
sensible du vent pour suggérer à Nicodème la nouveauté transcendante de
Celui qui est personnellement le Souffle de Dieu, l’Esprit divin (Jean
3,5-8). D’autre part Esprit et Saint sont des attributs communs aux trois
personnes divines. Mais en joignant les deux termes, l’Ecriture, la théologie
et le langage liturgique désignent la personne ineffable de l’Esprit Saint,
sans équivoque possible avec les autres emplois des termes esprits et
saint.
Jésus, lorsqu’il annonce et promet la venue de l’Esprit Saint, le nomme
le «Paraclet», littéralement «Celui qui est appelé auprès», ad-vocatus. »
l’avocat (Jean 14,16.26 ; 15,26 ; 16,7). Paraclet est traduit
habituellement par consolateur, Jésus étant le premier consolateu. Le
Seigneur lui-même appelle l’Esprit Saint «l’Esprit de Vérité» (Jean
16,13).
Outre son nom propre, qui est le plus employé dans les Actes des Apôtres
et dans les Epîtres, on trouve chez saint Paul les appellations l’Eprit
de la promesse (Galates 3,14 ; Ephésiens 1,13), l’Esprit d’adoption
(Romains 8,15 ; Galates 4,6), l’Esprit du Christ (Roùains 8,6.11 ;
7,40), l’Esprit du Seigneur (2Corinthiens 3,17), l’Esprit de Dieu (Romains
8,9.14 ; 15,19 ; 1Corinthiens 6,11 ; 7,40), et chez saint
Pierre, l’Esprit de gloire (1Pierre 4,14)
Père JeanPaul Bouvie
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20 mai 2020
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Saint Paul et l’Aréopage
Actes des Apôtres (17, 15.22 - 18, 1) - Psaume (148,
1-2, 11-12, 13.14b) - Jean (16, 12-15)
Une lecture cursive du livre des Actes des Apôtres peut donner l’impression
que partout où passe saint Paul les foules se convertissent en grand nombre
et des dizaines, voire des centaines d’hommes et de femmes demandent le
baptême en confessant que « Jésus Christ est Seigneur à la gloire
de Dieu le Père. » (Philippiens 2,11)
Cela n’a pas été aussi simple, il y a eu de nombreuses oppositions ;
dans le monde Juif, à la fois des Pharisiens et des Sadducéens l’accusaient
tour à tour d’hérésie et de blasphème : « Cinq fois, j’ai
reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ; trois fois, j’ai
subi la bastonnade ; une fois, j’ai été lapidé. » (2Corinthiens
11,24-25a) ; alors que d’autres adhéraient rapidement à la foi « Ceux-ci
avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique, et ils accueillirent
la Parole de tout leur cœur, interrogeant chaque jour les Écritures pour
voir si ce que l’on disait était exact. » (Actes des Apôtres
17,11).
A Athènes, saint Paul ne prêche pas à la synagogue, il s’adresse à l’Aréopage,
c'est-à-dire au tribunal de la ville constitué de personnes élues pour
diriger la ville, l’élite des Athéniens qui ont été formés depuis des
siècles par les philosophes. Ils n’ont pas dans leurs connaissances la
culture biblique qui leur permettrait de comprendre le sens propre du
discours tenu par Paul ; ils sont prêts à entendre ce qu’il a à dire
sur un Dieu unique car c’est la conclusion à laquelle arrivent nombre
de philosophes, considérant que le polythéisme est bon pour la plèbe.
Lorsque saint Paul évoque la Résurrection du Christ, il sort complétement
des schémas de pensée des Athéniens pour qui les enfers n’évoquent pas
la ‘Géhenne de feu’ mais un séjour plus ou moins agréable dont
il est inenvisageable de revenir pour une vie de pénibilité. L’Aréopage
ne souhaite donc plus écouter ce qu’ils considèrent comme des inepties.
Une leçon est à tirer de cet échec de saint Paul. Pour pénétrer toujours
davantage dans le mystère de la Résurrection, il est nécessaire d’entrer
dans l’intimité de la Parole : « Esprits sans intelligence !
Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit !
Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans
toute l’Écriture, ce qui le concernait. » (Luc 24,25-27) Avec
l’aide de l’Esprit Saint, ‘notre cœur deviendra tout brûlant’ à
cette lecture de la Parole.
Père JeanPaul Bouvier
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68
Fête de l'Ascension
21 mai 2020
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Séquence de la mission
Actes 1,1-11 - Psaume 46 - Ephésiens 1,17-23 - Matthieu
28,16-20
La succession des événements qui conduisent à être chrétien est bien
précisé par l’Apôtre saint Matthieu, Jésus Ressuscité leur demande :
1/ faire des disciples ; 2/ ensuite les baptiser au Nom du Père du
Fils et du Saint Esprit ; 3/ et enfin leur apprendre à observer ce
qu’il leur a commandé.
A la suite des Apôtres, l’Eglise se doit de suivre le même chemin. Le
Baptême s’adresse à des hommes et des femmes à qui la Bonne Nouvelle a
été annoncée dans une catéchèse catéchumènes et qui adhèrent à l’Evangile.
C’est pourquoi, juste avant d’être baptisés, ils doivent professer la
foi et affirmer personnellement qu’ils croient avec toute l’Eglise à Dieu-le-Père,
Dieu-le-Fils qui s’est fait chair et Dieu-l’Esprit Saint. Un seul Dieu,
trois Personnes.
Le rôle des Apôtres et des disciples que nous sommes aujourd’hui ne s’arrête
pas à la célébration rituelle du Baptême. Il y a un troisième temps de
catéchèse : (avant le Baptême) « Tu entendais parler d'une
espérance, mais sans la voir ; de mystères, mais sans les comprendre ;
des Écritures, mais sans en voir la profondeur. L'écho, désormais, ne
résonne plus autour de toi, l'écho résonne en toi : car l'Esprit
qui t'habite fait désormais de ton intelligence une maison divine. Quand
tu entendras parler de ce qui est écrit sur les mystères, alors tu comprendras
ce que tu ne savais pas. » (Saint Cyrille de Jérusalem – IVème
siècle).
Ce troisième temps dure toute la vie, les chrétiens reçoivent l’Esprit
Saint dans les Sacrements qu’ils vivent, il leur permet de scruter les
Ecritures pour y découvrir le chemin sur lequel le Seigneur les appelle ;
il leur permet de discerner autour d’eux les signes par lesquels le Christ
se manifeste à eux aujourd’hui ; il leur permet de voir l’amour du
Père dans les actes de leurs frères et sœurs…
« Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? »
L’attente du retour dans la Gloire du Christ ne peut pas être statique :
« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. »
(Matthieu 9,37) et même si nous semblons être peu nombreux, attaquons-nous
à la moisson, le Seigneur nous en donneras la force !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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22 mai 2020
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Maintenant, vous êtes dans la peine
Actes des Apôtres (18, 9-18) - Psaume (46 (47), 2-3,
4-5, 6-7) - Jean (16, 20-23a)
Après plus de deux mois pendant lesquels nous avons été privés de l’Eucharistie
communautaire, nous ressentons bien cette peine des Apôtres auxquels Jésus
prédit une séparation. Il faut que nous entendions avec foi la seconde
partie de sa déclaration : « je vous reverrai, et votre cœur
se réjouira ». Quels que soient les décisions administratives,
nous savons que nous pourrons à nouveau nous réunir en une assemblée joyeuse ;
la date importe peu, la certitude que cette joie ne pourra nous être enlevée
est présente dans nos cœurs.
Lorsque le ‘poverello’ d’Assise entend la voix de Dieu devant
une chapelle en ruine, il lui est dit : « François !
Reconstruit mon Eglise ! » ; aussitôt il prend une
truelle, des moellons et du mortier pour restaurer ce bâtiment dédié au
culte de Dieu. Ensuite il réalisa que « Lui parlait du
sanctuaire de son corps. » (Jean 2,21) et il œuvra dans ce sens.
L’action de saint François et de ses frères a conduit à un réveil de toute
l’Eglise, le Corps du Christ, quant à l’attention à donner aux plus pauvres.
Les dix semaines que nous venons de vivre nous ont prendre conscience
à la fois de l’isolement et de la communion spirituelle et fraternelle
et nous aspirons à un ‘retour à le normale’ où nous pourrons enfin
nous réunir et recevoir ensemble le Corps du Christ sous sa forme sacramentelle.
Ce que nous vivons temporairement, d’autres frères et sœurs le vivent
constamment : les personnes âgées, les malades, les isolés, ceux
qui n’ont pas de facilité pour se déplacer… A eux aussi le Christ dit :
« Maintenant vous êtes dans la peine. ». Si nous ne visons
qu’un retour à la normale, nous aurons tôt fait d’oublier le sentiment
d’abandon que nous avons dans ces heures sombres. Pour nous ce ne sera
plus qu’un mauvais souvenir mais pour ces personnes ce sera toujours vécu
au quotidien.
A l’exemple de saint François, nous devons réveiller nos paroisses afin
que plus aucun membre du Corps de Christ ne se sente confiné, oublié.
Ne rebâtissons pas sur le sable du passé mais sur le roc, sur la pierre
angulaire ; Le Christ qui se montre à nous dans les plus faibles.
Il nous l’a dit : « Amen, je vous le dis : chaque fois
que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à
moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25,40)
Père JeanPaul Bouvier
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23 mai 2020
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Apollos
Actes des Apôtres (18, 23-28) - Psaume (46 (47), 2-3,
8-9, 10) - Jean (16, 23b-28)
Les Actes des Apôtres ne disent pas grand-chose de ce prédicateur de
l’Evangile. Formé au départ par les disciples de Jean le Baptiste, il
est instruit de la foi chrétienne par deux femmes, Priscille et Aquila.
Il est remarqué par ses talents d’orateur et sa grande connaissance des
Ecritures grâce auxquelles il montre que le Christ attendu par le Peuple
de Dieu est venue dans la personne de Jésus, mort et Ressuscité.
L’envers de la médaille est que son éloquence le fait mettre en concurrence
dans l’esprit des chrétiens avec les Apôtres, en particulier saint Paul.
Et des coteries s’opposent : « Chacun de vous prend parti
en disant : « Moi, j’appartiens à Paul », ou bien :
« Moi, j’appartiens à Apollos », ou bien : « Moi,
j’appartiens à Pierre », ou bien : « Moi, j’appartiens
au Christ » (1Corinthiens 1,12).
Saint Paul s’insurge contre de telles allégations, il rappelle que ce
n’est pas la personnalité des messagers qui importe mais le message qui
est délivré ; chaque prédicateur est complémentaire des autres et
permet d’approfondir la connaissance de l’amour du Père révélé par le
Fils. Il ne s’agit donc pas d’opposer des façons de proclamer l’Evangile
mais au contraire de fortifier la foi des auditeurs dans le but de leur
faire discerner la volonté de Dieu dans leur vie personnelle : « Mais
qui donc est Apollos ? Qui est Paul ? Des serviteurs par qui
vous êtes devenus croyants, et qui ont agi selon les dons du Seigneur
à chacun d’eux. Moi,
j’ai planté, Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui donnait la croissance.
Donc celui qui plante n’est pas important, ni celui qui arrose ;
seul importe celui qui donne la croissance : Dieu. » (1Corinthiens
3,5-7)
Aujourd’hui de telles rivalités existent encore dans l’Eglise et dans
notre for intérieur, comme à l’époque de Paul et Apollos, nous aurions
tendance à être exclusifs au lieu de nous réjouir d’une telle diversité
qui permet à tout homme, toute femme et même tout enfant la façon de vivre
avec le Seigneur qui lui convient.
Nos églises seront bientôt à nouveau ouvertes. Veillons à ce que ce ne
soient pas seulement les portes qui soient déverrouillées mais aussi que
nos cœurs soient accueillants et bienveillants.
Père JeanPaul Bouvier
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