Vendredi Saint - Vénération de la croix

Isaïe 52,13-53,12 - Psaume 30 - Hébreux 4,14-5,9 - Jean 18,1-19,42

1

Brigade Franco-Allemande

6 avril 2007

Le symbole de la Croix

2

21 mars 2008

Le grand-Prêtre

3

Fort Neuf de Vincennes

22 avril 2011

La prière de l’Eglise

4

6 avril 2012

Le signe de la Croix

5

Secteur Vermandois

29 mars 2013

Mort sur la Croix

6

18 avril 2014

Vénérer pour adorer

7

25 mars 2016

Prière catholique – Prière universelle

8

Athies & Nesle

14 avril 2017

Le grand prêtre par excellence

9

30 mars 2018

Au milieu d’un jardin…

10

19 avril 2019

Qui cherchez-vous ?

11

10 avril 2020

Près de la Croix

12

2 avril 2021

Le symbole de la Croix

Pour recevoir l'éditorial hebdomasdaire par courriel
envoyez-moi votre adresse mail

6 avril 2007

Brigade Franco-Allemande

Retour en haut de la page

Le symbole de la Croix

L’année dernière, le film La Passion de Mel Gibson entraînait une polémique  en montrant la violence les actes qu’a subi Jésus de Nazareth, beaucoup de personnes se sont insurgées devant un tel déchaînement de haine et de cruauté.

Pourtant il ne faut pas édulcorer la Passion du Christ, lorsque nous disons dans le Credo qu’il a souffert sous Ponce Pilate, nous n’envisageons pas un seul instant à quelles souffrances il a été confronté.

Relisons le récit de la Passion, après la Cène, Jésus part au mont des oliviers pour y prier et son angoisse est telle que sa sueur est mêlée de sang ; ensuite il est emmené à travers la ville pour comparaître devant le Sanhédrin, devant Pilate, devant Hérode, à nouveau devant Pilate ; il est couronné d’épines, flagellé, battu, éreinté par le poids de la barre de la Croix, les membres percés de clous…

A la souffrance physique s’ajoute la souffrance morale : ce sont ceux à qui il annonçait l’amour du Père qui le pourchassent ainsi, ce ne sont pas ses ennemis mais ses frères ! Il est délaissé par ceux qui se disaient ses disciples et prêts à mourir avec lui ! Il a la honte d’être nu à la vue de tous, immobilisé par des clous dans ses poignets et dans ses chevilles, en butte à la risée de la foule, exposé à une des entrées de Jérusalem par laquelle des pèlerins nombreux viennent pour ce jour de grande fête…

Il accepte tout cela par amour des hommes et il arrive encore à pardonner à ceux qui s’acharnent contre lui en demandant au Père de ne pas leur compter ce péché car Ils ne savent pas ce qu’ils font !

Nous qui faisons sur nous-mêmes un signe de Croix souvent distrait et rapide, en ce jour où nous vénérons la Croix du christ source de notre salut, pensons à l’amour infini qu’il fallait pour supporter un tel traitement. La Croix n’est pas seulement un bijou que nous arborons fièrement, c’est avant tout l’instrument du supplice de Notre Seigneur : elle n’était pas en or mais en bois brut et rugueux.

En considérant cela dans notre prière, nous commençons à réaliser l’infini amour de Dieu, Père, Fils et Esprit ; l’amour du Père pour avoir ainsi accepté le sacrifice de son Fils, l’amour du Fils pour avoir ainsi souffert pour notre salut, l’amour de l’Esprit qui vient en nous pour nous aider à aller vers le Père.

Alors, pour une fois, que le signe de la Croix que nous ferons ce soir soit un signe de remerciement au Père, au fils et au Saint Esprit.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Militaire

21 mars 2008

Brigade Franco-Allemande

Retour en haut de la page

Le grand Prêtre

L’épître aux hébreux développe cette idée de Jésus seul vrai grand prêtre ; elle nous invite donc à regarder qui était le grand-Prêtre dans la foi juive contemporaine.

Le premier grand-prêtre est Aaron, le frère de Moïse ‘ordonné’ solennellement lors de l’inauguration de la Tente de la Rencontre (cf. Lévitique 8,7sv.) Son rôle est essentiel dans la liturgie d’Israël. La succession se fait selon la loi de primogéniture mâle.

A travers les âges la fonction de ‘grand sacrificateur’ (traduction protestante habituelle) est transmise de père en fils ainsi que la diction du Nom de Dieu révélé à Moïse dans l’épisode du Buisson Ardent (cf. Exode 3) le tétragramme sacré ‘YHWH’ prononcé une fois par an, dans le Saint des saints du Temple, le jour du Yum Kippour (le Grand Pardon) pour presser Dieu de pardonner à son Peuple.

L’épître aux hébreux insiste sur le fait que le grand prêtre n’est qu’un homme ordinaire aussi pécheur que le reste du peuple et, par conséquence, il a besoin d’un sacrifice personnel pour se purifier avant d’effectuer son sacerdoce.

L’auteur profite de ces rappels pour présenter le sacrifice du Christ dans le plan du Salut. Ce sacrifice a lieu une fois pour toutes par un homme qui n’a pas besoin de purification personnelle étant Dieu lui-même et il n’est pas présenté une fois par an seulement dans un édifice humain pour le pardon des péchés des hommes mais perpétuellement dans le Temple céleste à la face du Père. Le Fils n’a pas besoin de prononcer le Nom sacré pour obliger le Père à pardonner mais il présente son obéissance et son acceptation de la volonté du Père.

Dans cet esprit les sacrifices d’animaux deviennent inutiles puisque le Sacrifice Unique a été effectué par le Fils institué Grand-Prêtre d’une liturgie nouvelle et éternelle.

Configurés au Christ, prêtre prophète et roi, nous avons à rendre le même culte que le Fils, c’est à dire accepter la volonté du Père et mettre au service de tous les hommes et femmes, nos frères et sœurs, les dons et possibilités que le Seigneur Dieu, Père, Fils et Esprit a mis en nous.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Militaire

22 avril 2011

Fort Neuf de Vincennes

Retour en haut de la page

La prière de l’Eglise

Après la lecture de la Passion selon saint Jean et une homélie, le peuple de Dieu intercède pour l’ensemble du monde. Pour montrer que le Sacrifice du Fils est destiné à tout le genre humain, la prière universelle est particulièrement développée en dix parties avec une prière de conclusion spécifique après chaque intention.

Cette prière se veut universelle et tâche de n’oublier aucun être humain en le retrouvant là où il en est, du croyant au non croyant. Célébrant la mort du Christ sur la Croix et dans l’espérance de la Résurrection dans le Royaume de Dieu, l’Eglise se souvient que le Seigneur demande à ses disciples d’aimer jusqu’à ses ennemis : « Vous avez entendu qu'il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! Moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? » (Matthieu 5,43-47)

Cette grande prière du vendredi Saint résume toutes les prières circonstanciées que les communautés locales font monter vers le Père par l’intercession du Fils dans l’Esprit tous les dimanches. Les intentions dominicales sont plus ciblées sur les évènements de la semaine, qu’ils soient locaux ou distants, mais elles ne doivent pas se cantonner à de vagues généralités. Elles doivent à la fois recevoir de la prière des fidèles et alimenter la leur. Parallèlement à l’homélie qui doit donner aux auditeurs des pistes de méditations pour les jours suivants, la prière universelle doit donner des points d’application à l’intercession que chaque croyant porte dans son oraison personnelle.

Trop souvent ce temps de la liturgie dominicale n’est pas écrit avec le soin nécessaire, pas plus qu’il n’est écouté avec l’attention qu’il mérite. Pourtant il intervient juste après que l’assemblée ait professé la foi dans lequel nous affirmons croire à la communion des saints dans l’Eglise et nous sommes tous des saints : « Vous n'êtes plus des étrangers ni des hôtes; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu. » (Ephésiens 2,19)

Hommes de peu de foi, nous oublions les promesses que Christ nous fait à travers les Apôtres : « Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux. » (Matthieu 18,20) « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais c'est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. » (Jean 15,16) « Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom; demandez et vous recevrez, pour que votre joie soit complète. » (Jean 16,24) Demandons en ce Vendredi Saint le courage de cette prière d’intercession.

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes

6 avril 2012

Fort Neuf de Vincennes

Retour en haut de la page

Le signe de la Croix

Lorsqu’une personne demande le Baptême, quel que soit son âge, le premier élément chrétien qui lui est donné en célébration est le signe de la Croix :

Sois marqué du signe de la Croix sur les oreilles, pour que tu entendes ce que dit Jésus-Christ.
Sois marqué du signe de la Croix sur les yeux, pour que tu voies ce que fait Jésus Christ.
Sois marqué du signe de la Croix sur les lèvres, pour que tu saches répondre à Jésus qui te parle.
Sois marqué du signe de la Croix sur ton cœur, pour que tu saches accueillir Jésus Christ dans ton cœur.
Sois marqué du signe de la Croix sur les épaules, pour que tu aies en toi la force de Jésus Christ.
Je te marque tout entier du signe de la Croix, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit,
pour que tu vives avec Jésus Christ, maintenant et pour les siècles des siècles. AMEN

Toute célébration, qu’elle soit personnelle ou communautaire, commence par un signe de Croix, accompagné des paroles ‘au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit’. En lui-même, ce geste est déjà dans la prière s’il est fait avec attention et foi.

Ce signe, si important, est souvent fait de façon machinale et automatique, pourtant il est un résumé complet de la foi chrétienne :

  • Sur la Sainte Trinité, Père, Fils et Esprit Saint, un seul Dieu : « Nous vénérons un Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l'unité, sans confondre les Personnes, sans diviser la substance autre est en effet la Personne du Père, autre celle du Fils, autre celle du Saint Esprit ; mais le Père, le Fils et le Saint Esprit ont une même divinité, une gloire égale, une même éternelle majesté. » (symbole d’Epiphane – fin Vème siècle)
  • Sur la Croix, instrument du supplice humiliant et douloureux que le Fils a accepté de faire à son Père l’amour de l’humanité et pour son Salut : « Dans la forme d'homme qu'il a prise, nous croyons qu'il est, selon la vérité de l'Evangile, conçu sans péché, né sans péché, mort sans péché. Lui seul "s'est fait péché " pour nous (cf. 2Corinthiens 5,21), c'est-à-dire sacrifice pour nos péchés. Néanmoins, il a subi la Passion pour nous, sa divinité demeurant intacte, il a été condamné à mort, il a eu sur la Croix une vraie mort d'homme. » (Concile local de Tolède 675)

La célébration de la Vénération de la Croix, le Vendredi Saint au soir, nous rappelle la signification de ce signe devenu habituel de façon à ce que nous le fassions avec amour et reconnaissance.

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes

29 mars 2013

Secteur Vermandois

Retour en haut de la page

Mort sur la Croix

Les personnes qui ne reconnaissent pas Jésus comme Fils de Dieu Sauveur trouvent choquant que le symbole des chrétiens soit l’instrument d’un supplice particulièrement barbare et cruel. Habituellement les condamnés étaient simplement attachés à la croix et mourraient au bout de quelques jours par asphyxie parce qu’ils ne pouvaient plus respirer dans cette position prolongée. Jésus est mort plus rapidement, au bout de quelques heures, parce qu’il avait été fouetté au sang et cloué sur la croix.

Les premières représentations du Christ sont axées sur les conséquences de la mort sur la Croix et la Résurrection : le ‘Bon Pasteur’ qui guide ses brebis ; l’idéogramme du poisson est un acronyme en grec de l’invocation sans doute liturgique ‘Jésus Christ, de Dieu le Fils Sauveur’ (Ihsu XristoV Qew UioV Soter => ictuV = poisson)

Les images du Christ en croix sont venues plus tardivement ; lorsque des chrétiens hérétiques ont mis en doute la réalité de l’humanité du Fils de Dieu, pensant qu’il n’était qu’une apparence d’homme incapable de mourir, l’église a alors voulu affirmer la véracité de la mort sur la croix du Seigneur et en présenter aux fidèles une méditation approfondie.

La contemplation de l’ensemble du mystère pascal (Cène/Passion/Résurrection) a conduit les iconographes à représenter Jésus en croix, non pas nu selon la vérité historique, mais revêtu des vêtements royaux selon la vérité spirituelle : c’est par le sacrifice de sa vie sur la Croix que Jésus affirme la royauté qu’il avait déjà évoquée : « Mon royaume n'est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n'est pas d'ici. » (Jean 18,36) ; « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume. – En  vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis. » (Luc 23,42-43)

En vénérant une représentation de la Croix du Christ le Vendredi Saint, les chrétiens catholiques tiennent à mettre en évidence leur foi dans cette mort du Fils incarné ; si le Christ ne meure pas réellement sur la Croix, la Résurrection ne peut pas avoir de réalité et la totalité du message de notre libération du péché et de la mort n’a plus de sens : « Si c'est dans des vues humaines que j'ai livré combat contre les bêtes à Éphèse, que m'en revient-il ? Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons. » (1Corinthiens 15,32)

La liturgie de la Vénération de la Croix comporte une longue prière universelle pour rappeler que la mort du Christ n’est pas à l’usage de quelques initiés mais il a donné sa vie ‘pour la multitude’ : « Voici qu'apparut à mes yeux une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue; debout devant le trône et devant l'Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la main. » (Apocalypse 7,9) L’Eglise, Corps mystique du Christ, offre, elle aussi, sa vie pour tous les hommes et femmes.

Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois

18 avril 2014

Secteur Vermandois

Retour en haut de la page

Vénérer pour adorer

« Comme les représentations de la Croix précieuse et vivifiante, aussi les vénérables et saintes images, qu'elles soient peintes, en mosaïque ou de quelque autre matière appropriée, doivent être placées dans les saintes Eglises de Dieu, sur les saints ustensiles et les vêtements, sur les murs et les tableaux, dans les maisons et les chemins, aussi bien l'image de Dieu notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ que celle de notre Dame immaculée, la sainte mère de Dieu, des saints anges, de tous les saints et des justes. En effet, plus on regardera fréquemment ces représentations imagées, plus ceux qui les contempleront seront amenés à se souvenir des modèles originaux, à se porter vers eux, à leur témoigner, en les baisant, une vénération respectueuse, sans que ce soit une adoration véritable selon notre foi, qui ne convient qu'à Dieu seul. » (Concile Nicée II – octobre 787)

Pour en finir avec la querelle entre les iconoclastes et les iconodules, le saint Concile de Nicée précise les conditions dans lesquelles les représentations peuvent être envisagées dans l’Eglise catholique : ce n’est l’objet par lui-même qui est vénéré mais le mystère qu’il représente. En particulier, les icônes doivent suivre un code précis où les personnes ou les scènes bibliques sont toujours représentées de la même façon de façon à être identifiables dès le premier regard.

Ainsi l’objet qui nous sera présenté dans la célébration n’est qu’un morceau de bois ou de métal, mais il est assemblé et façonné en forme de croix pour qu’à travers lui nous évoquons et prions un instant de la Passion du Fils Unique du Père venu pour nous libérer du péché. En vénérant cette croix, nous célébrons l’amour de Dieu.

En faisant ce geste de vénération, nous adorons Dieu le Père qui « a envoyé son propre Fils dans une condition charnelle semblable à celle des pécheurs pour vaincre le péché, il a fait ce que la loi de Moïse ne pouvait pas faire à cause de la faiblesse humaine : il a condamné le péché dans l’homme charnel. » (Romains 8,3) ; nous adorons Dieu le Fils qui « ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Philippiens 2,6-8) ; nous adorons Dieu le Saint Esprit : « l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. » (Romains 8,11)

Cette vénération est une prière active : reconnaissant l’amour de Dieu, Père, Fils et Esprit, nous laissons monter vers lui une vraie prière d’intercession pour tous les hommes et femmes, non seulement pour ceux qui l’adorent mais aussi pour tous ceux qui ne le connaissent pas

Mais il ne faudrait pas que cette vénération s’arrêtât au Vendredi Saint ; lorsque nous portons un bijou en forme de croix que ce soit autour du cou ou à la boutonnière, nous devons avoir la même attitude d’adoration du Dieu vivant et de prière pour le monde à chaque fois que nous la regardons.

A plus forte raison lorsque nous traçons sur nous-mêmes ce signe ‘au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit’ cela doit être une véritable oraison jaculatoire et non pas un geste machinal et plus ou moins inconscient.

Père JeanPaul Bouvier
Curé  in solidum du secteur Vermandois

25 mars 2016

Secteur Vermandois

Retour en haut de la page

n°869

Prière catholique – Prière universelle

Le Vendredi Saint, l’église commémore la Passion de Jésus Christ. C’est un tableau dramatique où se succèdent des événements qui, pris un à un, sont déjà des blessures infligées à l’humanité physique et morale du Fils de Dieu.

  • Abandonné par ses Apôtres, Jésus prie seul au jardin de Gethsémani ;
  • Trahi par celui qui avait mis sa confiance en lui confiant la bourse du groupe (cf. Jean 12,6)
  • Jugé sur de faux témoignages qui déforment ses propos quant au Temple ;
  • Trainé par les chefs de son peuple pour être condamné chez les occupants romains ;
  • Flagellé, maltraité et moqué par les soldats étrangers comme ‘Roi des juifs’ ;
  • Exhibé devant une populace vociférante ;
  • Un meurtrier lui est préféré par la foule qui l’acclamait à l’entrée de Jérusalem ;
  • Condamné à porter lui-même l’instrument de son supplice ;
  • Ses poignets et ses chevilles percés de clous puis pendu au gibet ;
  • Tenté par les siens de se révéler ;
  • Il voit sa mère souffrir au pied de la Croix ;
  • Enfin il meurt exténué.

Tout cela nous est raconté dans le récit de la Passion que nous entendons ce jour-là. Même en sachant que ce n’est que le prélude à la joie de la Résurrection, nous souffrons avec cet homme aussi malmené par ses frères humains.

Pourtant nous restons insensibles devant tant d’hommes et de femmes qui aujourd’hui subissent de façon aussi injuste des avanies, vexations, tortures physiques et morales et même exécutions arbitraires. Or le Christ nous a dit « Cette espèce-là, rien ne peut la faire sortir, sauf la prière. » (Marc 9,29)

Pour réveiller la communauté chrétienne, autant les communautés locales que l’Eglise universelle, la liturgie du Vendredi Saint a prévu de prier largement pour le monde afin de suivre le conseil du Fils pour faire fuir ce genre de démons. Dix intentions suivies chacune d’une prière propre cela st peut-être beaucoup et la tentation est grande de regrouper celles qui paraissent semblables, pourtant chacune est indispensable et mérite non seulement toute notre attention, mais aussi toute notre énergie pour les mettre en pratique.

La Passion de Notre Seigneur est le prix de notre salut, mais elle nous invite aussi à lutter pour qu’aucun être humain ne subisse de tels tourments. La dixième intention est explicite et elle appelle à combattre toute injustice en commençant par celles qui sont à côté de nous.

Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
administrateur des paroisses de Nesle et Athies

14 avril 2017

Paroisses Nesle & Athies

Retour en haut de la page

n°935

Le grand prêtre par excellence

Une des fonctions essentielles du grand-Prêtre de Jérusalem est d’entrer dans le Saint des saints, le jour du Yum kippur pour y prononcer le Nom de Dieu. Ce Nom qu’il ne faut pas évoquer en vain (premier commandement) n’est connu que du grand Prêtre, le descendant direct par primogéniture d’Aaron le premier grand prêtre d’Israël (cf. Exode 40) De génération en génération, la prononciation du Nom a été réservée au grand-prêtre et à son aîné. Avant d’entrer dans le Temple, le grand-prêtre devait offrir un holocauste pour son péché et un autre pour le péché du peuple.

L’auteur de l’épître aux Hébreux part de cette conception du sacerdoce ancien pour présenter la nouvelle Alliance. Dieu le Fils n’a pas besoin d’entrer dans un sanctuaire bâti de main d’homme pour être en présence du Père puisqu’il ‘siège à sa droite’, le Fils est en pleine communion avec le Père dans l’Esprit : « Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. » (Jean 14,11)

Le Christ n’a pas non plus besoin d’offrir un agneau pour son péché mais il offre le sacrifice pour toute l’humanité : son Corps livré et son Sang versé pour la multitude ; le sacrifice unique fait une fois pour toutes par celui qui est à la fois la victime et le grand-prêtre ; le sacrifice qui est toujours nouveau.

Quant à prononcer le Nom de Dieu : « Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, » (Philippiens 2,9-10) le Christ EST ce Nom, perpétuellement, à la droite du Père, sans même prononcer ce Nom, il appelle le pardon pour chaque homme et chaque femme.

C’est par ce Nom ineffable que Jésus répond à ceux qui viennent l’arrêter : « Quand Jésus leur répondit : « C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre. » (Jean 18,7) Nul homme ne peut rester debout devant la Puissance du Nom, ils reculent se prosternent.

« Tu es prêtre à jamais selon l'ordre du roi Melkisédek. » (Psaume 109[110],4) Ce prêtre du Très Haut (cf. Genèse 14,18) offre l’action de grâce (en grec = ‘eucharistein’ !) pour Abraham préfigure le Christ qui offre son Corps et son Sang en sacrifice sous l’apparence de pain et de vin. Le sacrifice effectué, le grand Prêtre peut entrer dans le Saint des saints et régner avec le Père dans l’Esprit : « À celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau, la louange et l’honneur, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. » (Apocalypse 5,13)

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies

30 mars 2018

Paroisses Nesle & Athies

Retour en haut de la page

n°1003

Au milieu d’un jardin…

« Le Seigneur Dieu planta un jardin en Eden, à l’orient, et y plaça l’homme qu’il avait modelé. Le Seigneur Dieu fit pousser du sol toutes sortes d’arbres à l’aspect désirable et aux fruits savoureux ; il y avait aussi l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. » (Genèse 2,8-9)

« A l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. A cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus. » (Jean 19,41-42)

Deux jardins se répondent comme en miroir entre ces deux textes : dans les deux cas un homme y est placé. D’une part l’homme modelé dans un jardin neuf préparé pour lui qui n’a pas péché, d’autre part Dieu le Fils qui « s’est fait chair » dans un tombeau neuf. Le premier a été créé ex nihilo dans le temps ; le second a été engendré avant tous les temps.

Pour l’homme créé l’arbre de Vie et l’arbre de la connaissance du bien et du mal lui sont extérieur, plantés dans le jardin. Pour le Fils incarné, il l’a dit lui-même, il est la vie et le discernement qui conduit au Père : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » (Jean 14,6)

A l’homme créé libre dans le jardin d’Eden qui va choisir de ne pas observer le seul commandement que Dieu lui donne : « l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu mourras. » (Genèse 2,17) s’oppose le Fils incarné qui prie ainsi dans le jardin des Oliviers : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Eloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » (Marc 14,36).

Ainsi, Dieu le Fils, fait homme, a voulu montrer à tous les hommes que l’obéissance au Père – même si elle paraît difficile – est possible et que c’est le chemin qui conduit à la Lumière de la perfection pour que nous devenions comme Jésus nous l’a annoncé : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Matthieu 5,48)

Vénérer la croix, c’est accepter d’être sauvé et de devenir parfait !

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies

19 avril 2019

Paroisses Nesle & Athies

Retour en haut de la page

n°1077

Qui cherchez-vous ?

Dans son récit de la Passion du Christ, l’évangéliste saint Jean rappelle la forfaiture de Judas qui guide les gardes jusqu’au jardin des oliviers. Lorsqu’il cite le nom de cet Apôtre dans son évangile, il ajoute toujours une mention signalant sa future trahison. Mais malgré le ressentiment que saint Jean a contre Judas – il le traite même de voleur (cf. Jean 12,4-6) – il ne mentionne pas l’acte infamant de désigner Jésus par un baiser. Il montre ainsi clairement que le Christ est le seul à pouvoir se livrer : « Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. » (Jean 10,17-18a)

Dans cet esprit, c’est Jésus lui-même qui se dénonce : il pose la question et répond : « C’est moi, Je le suis ! » (ego eimi v. 18,5) ; c'est-à-dire qu’il donne le Nom que Dieu a révélé à Moïse : « JE SUIS » (cf. Exode 3,14). Lorsqu’il prononce ce Nom, les gardes reculent et tombent à terre : ils se prosternent, nul ne peut rester debout en face de Dieu ! Au moment où il est livré, le Fils se révèle pleinement : il EST Dieu.

A la question directe du grand-prêtre : « Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ? » Jésus répond de la même façon avec la citation du prophète Daniel (cf. 10,16ss.) : « Je le suis. Et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel. » Le grand prêtre est sans doute surpris que cet homme connaisse le Nom de Dieu que lui seul devrait savoir prononcer et devant ce sacrilège : « Le grand prêtre déchire ses vêtements et dit : « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous avez entendu le blasphème. Qu’en pensez-vous ? » Tous prononcèrent qu’il méritait la mort. » (Marc 14,63-64) Ne connaissant pas ce Nom, les autres membres du Sanhédrin n’ont pas réagi, mais la réaction violente du grand-prêtre les convainc de condamner Jésus.

Les évangélistes soulignent que Jésus se révèle comme Dieu-le-Fils pendant son, procès aussi bien chez le grand prêtre que devant Pilate. Il n’est plus question de paraboles mais d’affirmation de son rôle du Sauveur annoncé.

Aujourd’hui, la question nous est posée, rappelant celle qui avait été posée aux Apôtres : « Pour vous qui suis-je » (Matthieu 16,14p.) Le Fils de Dieu m’interroge : ‘Que cherches-tu ?’ et il attend ma réponse pour se révéler à moi comme le Christ rédempteur.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies

10 avril 2020

Paroisses Nesle & Athies

Retour en haut de la page

n°1143

CoVid-19 :
27ème jour sans assemblées

Les églises peuvent fermer
Nos cœurs restent ouverts

Ils regarderont vers  Celui qu’ils ont transpercé (Zacharie 12,10)

Près de la Croix

Le foules qui acclamaient Jésus il y a quelques jours – les mêmes qui vociféraient contre lui il y a quelques heures – sont tenues à l’écart par les gardes mais aussi par la crainte de se souiller et de ne pas pouvoir célébrer la Pâque. Seuls sont proches Marie, sa Mère, le Disciple que Jésus aimait et deux autres femmes. Tous les disciples, tous les Apôtres, tous les curieux ont disparu, ils se sont littéralement volatilisés. Le IVème évangile ne fait même pas allusion à ceux qui L’injuriaient ou se moquaient de Lui.

Abandonné, nu, immobilisé sur le bois de la Croix, Dieu-le-Fils sent son corps défaillir, ce corps dans lequel, né d’une Vierge, « le Verbe s’est fait chair. » (Jean 1,14) Il semble ne plus rien posséder, rien à donner afin de marquer son amour pour l’humanité. Il voit sa Mère qui avait dit à l’Ange : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Luc 1,38). Il lui dit désormais : « ‘Femme, voici ton fils.’ Puis il dit au disciple : ‘Voici ta mère.’ Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Jean 19,26b-27) A travers l’anonymat de ce disciple c’est à tout homme et toute femme que Dieu-le-Fils confie celle qui l’a enfanté et il donne une maternité spirituelle à la Vierge Marie sur tous les croyants.

A partir de là, le Christ laisse la mort envahir son corps charnel : « Jésus dit : ‘Tout est accompli.’ Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. » (Jean 19,3b) C'est-à-dire toute l’Ecriture a été rendue complète, une Nouvelle Alliance est conclue dans son sang : « Il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, en répandant, non pas le sang de boucs et de jeunes taureaux, mais son propre sang. De cette manière, il a obtenu une libération définitive. » (Hébreux 9,12)

En vénérant la Croix dans l’office d’aujourd’hui, nous ne rendons pas un culte à un instrument de supplices, nous sommes avec Marie, le Disciple et les deux autres femmes au pied de la Croix, nous recevons Marie comme Mère du Ciel, et nous adorons Celui qui est défini par l’écriteau : « Jésus le Nazaréen Roi des Juifs » (Jean 19,19) Les églises de rite oriental l’ont mieux compris, elles représentent le Christ en Croix portant les vêtements impériaux.

Devant l’amour manifesté, nous méditons les paroles du prophète : « C’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. » (Isaïe 53,5)

Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde

2 avril 2021


Paroisses Nesle & Athies

Retour en haut de la page

n°1209

Le symbole de la Croix

Une fois dans l’année liturgique, il nous est proposé de contempler l’horreur de la Croix. Un supplice épouvantable dans lequel le condamné meurt par étouffement lorsque l’épuisement ne lui permet plus de respirer normalement. Lorsque nous traçons ce signe sur nous-mêmes en entrant dans une église ou en commençant une prière nous nous oublions ce qu’il représente.

Il ne faut pas édulcorer la Passion du Christ, lorsque nous disons dans le Credo qu’il a souffert sous Ponce Pilate, nous n’envisageons pas un seul instant à quelles souffrances il a été confronté. Relisons le récit de la Passion, après la Cène, Jésus part au mont des oliviers pour y prier et son angoisse est telle que « Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. » (Luc 22,44) ensuite il est emmené à travers la ville pour comparaître devant le Sanhédrin, devant Pilate, devant Hérode, à nouveau devant Pilate ; il est couronné d’épines, flagellé, battu, éreinté par le poids de la barre de la Croix, les membres percés de clous…

A la souffrance physique s’ajoute la souffrance morale : ce sont ceux à qui il annonçait l’amour du Père qui le pourchassent ainsi, ce ne sont pas ses ennemis mais ses frères !: « Si l'insulte me venait d'un ennemi, je pourrais l'endurer ; si mon rival s'élevait contre moi, je pourrais me dérober. Mais toi, un homme de mon rang, mon familier, mon intime ! » (Psaume 54,13-14) Il est délaissé par ceux qui se disaient ses disciples et prêts à mourir avec lui ! Il a la honte d’être nu à la vue de tous, immobilisé par des clous dans ses poignets et dans ses chevilles, en butte à la risée de la foule, exposé à une des entrées de Jérusalem par laquelle des pèlerins nombreux viennent pour ce jour de grande fête…

Il accepte tout cela par amour des hommes et il arrive encore à pardonner à ceux qui s’acharnent contre lui en demandant au Père de ne pas leur compter ce péché car Ils ne savent pas ce qu’ils font !

Nous qui faisons sur nous-mêmes un signe de Croix souvent distrait et rapide, en ce jour où nous vénérons la Croix du Christ source de notre salut, pensons à l’amour infini qu’il fallait pour supporter un tel traitement. La Croix n’est pas seulement un bijou que nous arborons fièrement, c’est avant tout l’instrument du supplice de Notre Seigneur : elle n’était pas en or mais en bois brut et rugueux.

En considérant cela dans notre prière, nous commençons à réaliser l’infini amour de Dieu, Père, Fils et Esprit ; l’amour du Père pour avoir ainsi accepté le sacrifice de son Fils, l’amour du Fils pour avoir ainsi souffert pour notre salut, l’amour de l’Esprit qui vient en nous pour nous aider à aller vers le Père.

Alors, pour une fois, que le signe de la Croix que nous ferons ce soir soit un signe de remerciement au Père, au fils et au Saint Esprit.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies


Index


papes


Conciles


Prières


Saints


liens


JP Bouvier



éditoriaux


Ministères


Récollections


Réactions