24 mars 2001
Lycée Militaire d'Autun
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Femme, où sont-ils donc ?
Ce passage d'évangile, dans cette cinquième semaine de
Carême, nous permet de faire un examen de conscience. Puisque je
suis prompt à juger les autres aux regards d'une loi (qu'elle soit
divine ou humaine), comment m'appliquè-je à moi-même
cette loi ?
Saint Jean nous précise que les spectateurs partent en commençant
par les plus âgés. Sans doute parce que l'âge favorise
davantage la prise de conscience de nos péchés, en raison
de l'expérience. Mais aussi, étant plus âgés,
ils ont dû commettre davantage de péchés que les plus
jeunes.
Ces éléments mettent en lumière la question de l'examen
de conscience catholique qui se fait régulièrement (en principe
chaque soir) mais aussi plus particulièrement lorsque nous voulons
célébrer le Sacrement de Réconciliation et de Pénitence.
Pour nous, dans les mêmes circonstances, ce ne sont pas les plus
âgés qui partiraient en premiers, mais bien ceux dont la
confession est la plus ancienne. Le péché avoué et
pardonné ne disparaît pas bien sûr, mais il est pardonné
: nous y retrouvons l'état de communion avec Dieu acquis le jour
de notre Baptême.
Cela ne veut pas dire que quelqu'un qui viendrait de se confesser puisse
jeter la pierre fatidique : à l'instar du Christ auquel notre Baptême
nous configure, nous dirions avec miséricorde : " Moi non
plus je ne te condamne pas ! "
Méditons cet épisode dans notre vie courante : " du
jugement dont vous jugez on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez
on mesurera pour vous. du jugement dont vous jugez on vous jugera, et
de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous. " (Mt 7,2)
Père JeanPaul Bouvier
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26 mars 2007
Brigade Franco-Allemande
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26 mars Fête de l’Annonciation
La Vierge Marie, modèle de l’Eglise
Puisse la Vierge Mère de Dieu, Vénérables Frères, réaliser Nos vœux
qui sont assurément aussi les vôtres, et nous obtenir à tous le véritable
amour envers l'Eglise !
Puisse nous exaucer la Vierge
Mère, dont l'âme très sainte fut, plus que toutes les autres créatures
de Dieu réunies, remplie du divin Esprit de Jésus-Christ ; elle qui accepta
« à la place de la nature humaine tout entière » qu' « un
mariage spirituel unît le Fils de Dieu et la nature humaine. » Ce
fut elle qui, par un enfantement admirable, donna le jour au Christ Notre-Seigneur,
source de toute vie céleste et déjà revêtu en son sein virginal de la
dignité de Chef de l'Eglise ; ce fut elle qui le présenta nouveau-né aux
premiers d'entre les juifs et les païens qui étaient venus l'adorer comme
Prophète, Roi et Prêtre. En outre, son Fils unique, cédant à ses maternelles
prières, à Cana de Galilée, opéra le miracle merveilleux
par lequel ses disciples crurent en
lui Ce fut elle qui, exempte de toute faute personnelle
ou héréditaire, toujours très étroitement unie à son Fils, le présenta
sur le Golgotha au Père Eternel, en y joignant l'holocauste de ses droits
et de son amour de mère, comme une nouvelle Eve, pour tous les fils d’Adam
qui portent la souillure du péché originel ; ainsi celle qui, corporellement,
était la mère de notre Chef, devint spirituellement la mère de tous ses
membres, par un nouveau titre de souffrance et de gloire. Ce fut elle
qui obtint par ses prières très puissantes que l'Esprit du divin Rédempteur,
déjà donné sur la Croix, fût communiqué le jour de la Pentecôte en dons
miraculeux à l'Eglise qui venait de naître. Ce fut elle enfin qui, en
supportant ses immenses douleurs d'une âme pleine de force et de confiance,
plus que tous les chrétiens, vraie Reine des martyrs, compléta ce qui manquait aux souffrances du Christ... pour son Corps qui
est l'Eglise; elle qui entoura le Corps mystique du Christ, né
du Cœur percé de notre Sauveur, de la même vigilance maternelle et du
même amour empressé avec lesquels elle avait réchauffé et nourri de son
lait l'Enfant Jésus de la Crèche.
Supplions donc la très sainte Mère de tous les membres du Christ,
au Cœur immaculé de laquelle Nous avons consacré avec confiance tous les
hommes et qui maintenant au ciel resplendit dans la gloire de son corps
et de son âme et règne avec son Fils, de multiplier ses instances auprès
de lui, pour que les plus abondants ruisseaux de grâces découlent sans
interruption de la Tête dans tous les membres du Corps mystique et que
son patronage très efficace protège l'Eglise aujourd'hui comme jadis et
lui obtienne enfin de Dieu, ainsi qu'à l'universelle communauté humaine,
des temps plus tranquilles.
Fort de cet espoir d'En Haut, comme gage des grâces célestes et témoignage
de Notre particulière bienveillance, Nous accordons de tout Notre cœur
à chacun d'entre vous, Vénérables Frères, et aux troupeaux confiés à vos
soins, la Bénédiction Apostolique.
Finale de la Lettre encyclique de Pie XII Mystici Corporis
du 29 juin de l'an 1943 (n°845-846)
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21 mars 2010
Fort Neuf de Vincennes
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Cette justice ne vient pas de moi-même
Dans ce passage de l’Epître aux Philippiens, saint Paul veut développer
un sentiment qui est fort pour lui : ce ne sont pas nos efforts personnels
qui nous sauvent mais l’amour de Dieu.
Trop souvent les croyants considèrent le Père comme un juge inflexible
qui tiendrait une comptabilité précise de tous leurs écarts par rapport
à la Loi, le grand livre que saint Pierre consulterait avant de
les laisser entrer dans le Paradis ou au contraire de les livrer aux
tourments de l’Enfer.
Saint Paul veut faire comprendre à ses lecteurs que la foi et le Salut
ne sont pas la conséquence des œuvres mais que les œuvres viennent de
la foi en Jésus Christ qui offre le Salut, ce qui est aussi une argumentation
de saint Jacques dans sa lettre : « Montre-moi ta foi sans
les œuvres ; moi, c'est par les œuvres que je te montrerai ma foi. »
(Jacques 2,18)
Prenons une comparaison, plus un objet est proche du soleil, plus il
est chaud, non pas par sa chaleur propre mais par le rayonnement de la
chaleur du soleil ; de même plus un homme s’approche de la justice
divine, plus il devient juste, non pas par sa justice propre mais par
le rayonnement de la justice de Dieu. Cela n’a rien à voir avec la justice
humaine qui se réfère à un code humain, la seule loi que le Père connaît
est la loi de l’amour : « C'est ainsi, je vous le dis, qu'il
y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que
pour quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n'ont pas besoin de repentir. »
(Luc 15,7)
Les efforts que nous avons essayés de faire pendant ce carême sont là
pour nous permettre de nous approcher de Dieu et par-là même devenir plus
‘justes’, mais ce ne sont pas eux qui nous obtiennent le Salut,
en s’approchant de Dieu par ces efforts nous réaliserons que : « N'est-ce
pas plutôt ceci, le jeûne que je préfère: défaire les chaînes injustes,
délier les liens du joug; renvoyer libres les opprimés, et briser tous
les jougs ? » (Isaïe 58,6)
Ainsi, dans l’épisode de la femme adultère qui est proposée en parallèle
de ce texte de saint Paul, l’application stricte de la Loi de Moïse aurait
entraîné la mort de cette pécheresse empêchant par-là même sa conversion,
Jésus en lui disant « Moi non plus je ne te condamne pas, va et
désormais ne pèche plus. » appelle cette femme à la conversion
et à une vie plus conforme à la foi, c’est pour elle un nouveau départ
au lieu d’être une fin définitive.
Pour nous aujourd’hui qui entendons ces textes, quelquefois d’une oreille
distraite, il y a un double appel :
- Savoir si nous acceptons cette conversion qui nous est proposée par
grâce et qui nous rend justes ;
- Eviter de juger des personnes par rapport à une loi que nous ne suivons
pas nous-mêmes ;
Nous pourrons alors réaliser l’amour divin qui ne voit le cœur et non
l’extérieur et vivre en conformité avec cette révélation.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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17 mars 2013
Secteur Vermandois
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Va et ne pèche plus
S’il s’en tenait strictement à ce qu’il vient de dire « Que celui
qui n’a jamais péché lui jette la première pierre » Jésus pourrait
très bien jeter cette pierre conformément à la Loi de Moïse et livrer
cette femme à la vindicte populaire. Jésus a dit à Nicodème « Dieu
n'a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que
le monde soit sauvé par son entremise. » (Jean 3,17) Il se refuse
à condamner cette femme quelle que soit la gravité de sa faute.
Constatant que tous ceux qui l’accusaient se sont désistés et se sont
retirés « en commençant par les plus âgés » Jésus propose
une nouvelle chance à cette femme en lui disant : « Moi non
plus, je ne te condamne pas. Va et dorénavant ne pèche plus. »
L’évangéliste ne nous dit pas si elle a effectivement obéi à cette injonction,
sans doute ne le sait-il pas lui-même, c’est l’attitude de Jésus qui est
importante : toujours offrir une nouvelle possibilité pour se convertir
et revenir vers le Père.
Trop souvent, nous sommes comme ces scribes et pharisiens qui se retranchent
derrière une loi – fut-elle la Loi de Moïse – pour fustiger et condamner
ceux qui ne vivent pas selon les critères que nous définissons comme ‘normaux’,
ce texte et d’autres paroles de Jésus nous invitent à regarder la rectitude
de notre vie avant de stigmatiser celle des autres. Si nous sommes honnêtes
avec nous-mêmes, nous ne pourrons jamais ‘jeter la première pierre’
et nous verrons l’Autre avec un regard compatissant et fraternel – le
regard du Christ.
Comme la femme pécheresse, nous vivons tout particulièrement ce moment
de la vie de Jésus lorsque nous allons voir un prêtre pour recevoir le
Sacrement de Réconciliation et de Pénitence ; quels que soient les
mots employés nous entendons le Christ nous dire : « Moi
non plus, je ne te condamne pas. Va et dorénavant ne pèche plus. »
En récitant avec cœur (en non pas en marmonnant par cœur) l’‘acte de
contrition’ nous manifestons notre désir de conversion et l’aspiration
d’avoir une nouvelle vie, exempte de péchés.
La lecture de ce passage de l’évangile de saint Jean pendant le Carême
n’est pas de nous rappeler une anecdote de la vie de Jésus en Palestine
mais bien de nous amener à un véritable examen de conscience : de
quel côté me situè-je :
- Avec le parti des scribes et des pharisiens prompts à condamner celui
qui ne vit pas ?
- Avec cette femme qui reçoit un nouvel élan dans sa vie même si elle
ne manifeste aucun repentir ?
- Avec l’évangéliste qui, témoin de la miséricorde du Père mise en œuvre
dans le ministère du Christ, l’annonce avec force ?
Notre préparation au mystère pascal passe par ces questions, le Seigneur
nous invite à y répondre avec foi.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
Pour ceux qui ne s’en souviendraient pas voici l’Acte de contrition
: « Mon Dieu, j'ai le très grand regret de vous avoir offensé
car vous êtes infiniment bon, infiniment aimable et que le péché
vous déplaît. Je prends la ferme résolution avec le secours de votre
sainte grâce de ne plus vous offenser et de faire pénitence. »>
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13 mars 2016
Secteur Vermandois
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n°864
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Pardon et pénitence
La prescription de la Loi de Moïse à laquelle les ‘scribes et les
pharisiens’ font allusion est claire : « Lorsqu’on trouvera
un homme couché avec une femme mariée, ils mourront tous deux, l’homme
qui a couché avec la femme, et la femme également. Tu ôteras le mal du
milieu d’Israël. » (Deutéronome 22,22) mais, si cet article met
en avant la faute de l’homme, seule la femme est amenée devant Jésus pour
être lapidée ! La démarche de ces pharisiens qui provoquent Jésus
est déjà une manipulation perverse.
Jésus ne désavoue pas la Loi ; n’a-t-il pas déclaré : « Amen,
je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas
un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que
tout se réalise. » (Matthieu 5,18) La réponse qu’il leur donne
« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier
à lui jeter une pierre. » (Jean 8,7) relance chaque participant
à sa propre conscience et devant une telle proposition ils « s’en
allaient un par un ».
Jésus aurait pu lui lancer cette pierre, lui qui est sans péché, mais
il lui déclare : « Moi non plus, je ne te condamne pas. »
Conformément à ce que le Seigneur disait par le prophète : « Prendrais-je
donc plaisir à la mort du méchant – oracle du Seigneur Dieu –, et non
pas plutôt à ce qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive ? »
(Ezéchiel 18,23) Jésus à son tour demande à la femme de ne plus pécher,
c'est-à-dire de se convertir : « Va ! Et désormais ne
pèche plus. »
La rencontre entre Jésus, les scribes et les pharisiens et cette femme
est toujours d’actualité ; suivant les moments de notre vie nous
nous identifierons à tel ou tel personne.
En m’identifiant à cette femme, je sais que j’ai péché, dans la crainte
j’attends une condamnation pour mes fautes mais c’est un encouragement
qui vient de la bouche du Christ ; Si le Fils croit en moi j’aurai
la force de ne plus pécher. Je reçois le pardon, mais pas l’oubli.
Lorsque je m’identifie à ceux qui voudraient un châtiment exemplaire
pour les péchés des autres, l’Apôtre Pierre me montre que la miséricorde
du Père intervient par l’intercession du Fils : « Le Seigneur
ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il
a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut
pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent
à la conversion. » (2Pierre 3,9)
Si je regarde l’autre comme le Christ le voit, je discerne un frère ou
une sœur, pécheur comme je le suis, qui demande de l’aide et je lui apporte
celle du Seigneur : « Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi
d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. » (Ephésien 5,14)
Quelle place prendrai-je dans l’avenir ? Celui qui pardonne l’offense
et encourage ? Celui qui accuse mais remet le jugement à d’autres ?
Celui qui aime et qui aide son prochain ? Cet épisode de la vie de
Jésus est un véritable examen de ma conscience !
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
administrateur des paroisses de Nesle et Athies
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7 avril 2019
Paroisses Notre Dame de Nesle & sainte Radegonde
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n°1071
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Litote
Lorsque les scribes et les pharisiens viennent vers Jésus, nous dit saint
Jean, c’est pour pouvoir l’accuser. S’il leur dit qu’il faut appliquer
la Loi de Moïse, il n’est pas meilleur qu’eux et les personnes qui le
suivent seront déçues, ils pensent donc qu’il va leur demander de pardonner
la faute ; dans ce cas, ils pourront le faire accuser de mépriser
la Loi et le faire lapider lui aussi.
Par l’expression utilisée, Jésus montre qu’il ne cautionne pas la vie
antérieure de cette femme, mais qu’il lui offre le pardon. Un pardon comme
seul Dieu peut en donner un, sans aucune contrepartie, sans rien demander
en échange.
Les scribes et les pharisiens, pétris de la Parole de Dieu, ne sont pas
dupes, dans la réponse de Jésus, ils peuvent relire l’attitude de Dieu
dans tout l’Ancien Testament ; un Père qui fait des vêtements pour
Adam et Eve que leur péché a exclus de l’Eden ; Dieu qui avertit
Moïse que le Peuple a confectionné un Veau d’or pour que Moïse puisse
les haranguer ; un Dieu qui ne «veut pas la mort du pécheur mais
sa conversion » (cf. Ezéchiel 18,23) ; un Dieu de miséricorde
qui «pardonne la faute et ne détruit pas » (voir Ps 78,38) «car
ses voies ne sont pas nos voies et ses pensées ne sont pas nos pensées »
(Isaïe 55,7sq).
Ainsi Jésus par cette courte phrase leur demande, non seulement de reconsidérer
leur propre vie, mais aussi de constater les péchés du Peuple toujours
prêt à s’éloigner de Dieu. Le IVème évangile se poursuit après
ce passage sur une mise en garde du Peuple juif incapable de reconnaître
celui qui est envoyé par le Père.
Ce passage de l’Evangile nous invite à plusieurs lectures. Pour nous-mêmes :
aurions-nous fait partie des premiers qui s’éclipsent pour ne pas jeter
la pierre ? Pour notre vie de chrétien : savons-nous pardonner
comme Jésus pardonne, sans arrières pensées ? Pour notre communauté
chrétienne : comment témoigne-t-elle de sa fidélité à Dieu ?
etc…
Dans nos discours, dans notre façon de vivre, souvenons-nous toujours
que le péché est abominable à Dieu, qu’il est violemment condamné. Mais
le pécheur, lui, est toujours aimé, chéri de Dieu qui l’aime tel qu’il
est, imparfait.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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31 mars 2022
Paroisses Notre Dame de Nesle & sainte Radegonde
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n°1266
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Moi non plus, je ne te condamne pas.
Lorsque les scribes et les pharisiens viennent vers Jésus, nous dit saint
Jean, c’est pour pouvoir l’accuser. S’il leur dit qu’il faut appliquer
la Loi de Moïse, il n’est pas meilleur qu’eux et les personnes qui le
suivent seront déçues, ils pensent donc qu’il va leur demander de pardonner
la faute ; dans ce cas, ils pourront le faire accuser de mépriser
la Loi et le faire lapider lui aussi.
Par cette phrase sibylline, Jésus montre qu’il ne cautionne pas la vie
antérieure de cette femme, mais qu’il lui offre le pardon. Un pardon comme
seul Dieu peut en donner un, sans aucune contrepartie, sans rien demander
en échange.
Mais il y a un autre aspect, moins visible à nos yeux de chrétiens, un
peu ignorants de l’Ancien testament, Le prophète Jérémie (voir 3-6) avait
utilisé la figure de la prostituée qui demande le pardon de son époux
pour illustrer la conduite du Peuple d’Israël, peuple qui s’est souvent
tourné vers d’autres dieux et qui revenait vers le Seigneur, sans manifester
de vrai repentir.
Le livre de la Sagesse (11,23-12,2) chante le Dieu qui aime les hommes
et qui ferme les yeux sur leurs péchés, dans l’espoir qu’ils se repentent
et se convertissent ; là aussi, Dieu pardonne sans rien demander.
Les scribes et les pharisiens, pétris de la Parole de Dieu, ne sont pas
dupes, dans la réponse de Jésus, ils peuvent relire l’attitude de Dieu
dans tout l’Ancien Testament ; depuis le commencement montrant un
Père aimant qui fait des vêtements pour couvrir et protéger Adam et Eve
que leur péché a exclus de l’Eden ; Dieu qui avertit Moïse que le
Peuple a confectionné un Veau d’or pour que Moïse puisse les haranguer ;
un Dieu qui ne «veut pas la mort du pécheur mais sa conversion »
(voir Ezéchiel 18,23) ; un Dieu de miséricorde qui «pardonne la faute
et ne détruit pas » (voir Psaume 78,38) «car ses voies ne sont
pas nos voies et ses pensées ne sont pas nos pensées » (Isaïe
55,7sq).
Ainsi Jésus par cette courte phrase leur demande, non seulement de reconsidérer
leur propre vie, mais aussi (surtout ?) de constater les péchés du
Peuple toujours prêt à s’éloigner de Dieu. Le IVème évangile
se poursuit sur une mise en garde du Peuple juif incapable de reconnaître
celui qui est envoyé par le Père.
Ce passage de l’Evangile nous invite à plusieurs lectures. Pour nous-mêmes :
aurions-nous fait partie des premiers qui s’éclipsent pour ne pas jeter
la pierre ? Pour notre vie de chrétien : savons-nous pardonner
comme Jésus pardonne, sans arrières pensées ? Pour notre communauté
chrétienne : comment témoigne-t-elle de sa fidélité à Dieu ?
etc…
Dans nos discours, dans notre façon de vivre, souvenons-nous toujours
que le péché est abominable à Dieu, qu’il est violemment condamné. Mais
le pécheur, lui, est toujours aimé, chéri de Dieu qui l’aime tel qu’il
est, imparfait.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& Modérateur de Sainte Radegonde
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