15 novembre 1998
Lycée Militaire d'Autun
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n°30
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Détruisez ce Temple, en trois jours, je le reconstruirai.
Cette expression que l'on trouve aussi dans les évangiles de Matthieu
(26,61) de Marc (14,58) et de Jean (2,19sv.) et ce dimanche en Luc, est
utilisée par Jésus en face des ses disciples qui admirent
les pierres et la richesse du Temple de Jérusalem.
En utilisant une telle formule qui scandalise ses auditeurs pour qui
le Temple est le seul lieu de la présence de Dieu, le Christ veut
attirer leur attention sur leur façon de concevoir Dieu, de l'enfermer
dans le Saint des saints, sans l'autoriser à en sortir.
Ce Temple est fait de main d'homme (Mc 14,58). La restauration en avait
été commencée par le roi Hérode le grand au
moment de la naissance de Jésus. La motivation du roi était
davantage politique pour se faire reconnaître et se concilier les
juifs (il était plus ou moins un usurpateur) que spirituelle (il
n'avait aucun rôle spirituel, il ne semble même pas qu'il
fût oint).
Cette idée sera reprise dans les écrits du Nouveau testament
: " Mais le Très-Haut n'habite pas dans ce qui est fait
de main d'homme " (Actes 7,48) et surtout dans l'épître
aux Hébreux : " Car Christ n'est pas entré dans
un sanctuaire fait de main d'homme, en imitation du véritable,
mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître
maintenant pour nous devant la face de Dieu ". (Hébreux
9,24)
Les conclusions que nous pouvons en tirer pour nous dans notre propre
histoire sont que très souvent nous aussi nous enfermons Dieu,
dans une église, dans le tabernacle, dans les œuvres caritatives.
Nous faisons une dichotomie totale entre notre "vie de tous les jours
" et notre "vie spirituelle ".
A notre Baptême et à toutes les vigiles pascales, nous évoquons
le Christ comme la Lumière de notre vie, comme celui qui éclaire
nos pas, comme celui qui nous guide vers le Royaume de Dieu. Est-il question
d'une lumière intermittente comme les guirlandes de Noël ?
Que nenni ! Le Christ nous éclaire à chaque instant de notre
vie de pécheurs. Nous ne la voyons pas parce que nous fermons les
yeux ou que nous nous mettons des lunettes noires.
Le chrétien, où qu'il soit, est un homme debout, les yeux
ouverts, dans la Lumière, prêt à proclamer le Christ
à temps et à contretemps. Relisons le chapitre 25 de l'évangile
de saint Matthieu "à chaque fois que vous l'avez fait au
pus petit de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.
"
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
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14 novembre 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°61
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Vous serez détestés de tous
En parlant de ‘laïcisme agressif envers l’Eglise Catholique’ lors
de son voyage en Espagne, le pape Benoît XVI a soulevé un tollé de protestations
diverses ; le droit de se sentir agressée est refusé à l’Eglise pourtant
force est de constater que toutes les occasions semblent bonnes pour ridiculiser
ou accuser de passéisme le pape, le clergé et les fidèles, formes de persécution
nouvelles et insidieuses.
L’attentat contre la cathédrale de Bagdad n’a entraîné aucune protestation
de ces mouvements antiracistes qui montent aux créneaux dès qu’il s’agit
d’un édifice religieux non chrétien : « Ce ne sont que des
catholiques ! » (sic) Les personnes qui ont été touchées
à l’extérieur de l’église ont été qualifiées ‘d’innocentes victimes’
mais pas celles qui célébraient pacifiquement à la messe !
L’évangile de ce dimanche montre que Jésus avait prévenu ses disciples,
le message d’amour et de Salut qu’il leur donne à transmettre ne peut
pas être bien reçu par l’humanité parce qu’il remet en cause son confort
intellectuel et matériel. En même temps qu’il annonce la difficulté de
cette annonce, il assure ses auditeurs de son aide sans restriction en
leur disant : « Vous n’avez pas à vous soucier de votre défense,
moi-même je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle vos adversaires
ne pourront opposer ni résistance ni contradiction. » (Luc 21,15)
C’est bien ici et maintenant que le Fils éternel du Père inspire ceux
qui sont persécutés à cause de son Nom. Chaque chrétien est directement
inspiré par Lui pour vivre l’Evangile dans le monde qui l’entoure, seul,
en communauté locale ou dans l’Eglise universelle. A travers les siècles
des prophètes et des saints se sont levés, illuminés par l’Esprit Saint,
le défenseur que le Christ avait promis d’envoyer à des disciples (cf.
Jean 14-16) Et cela n’a pas cessé : aujourd’hui encore des hommes
et des femmes témoignent par leur vie de cette inspiration divine.
Par le Baptême, nous sommes entrés dans la Vie éternelle avec le Christ
ressuscité ; par la Confirmation nous sommes devenus propagateurs
de la Bonne Nouvelle du Salut ; ces grâces d’état qui nous ont été
données ne doivent pas être passées sous silence, laissons agir le feu
de la Parole qui rend notre cœur tout brûlant comme pour les disciples
d’Emmaüs (cf. Luc 24,13ss)
Sainte Bernadette, devant l’incrédulité de son curé, lui aurait dit :
« La Dame m’a chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire. »
Comme elle, nous avons le devoir d’annoncer l’Evangile par le discours
et l’exemple de notre vie, pas de forcer les gens à croire.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique du Fort Neuf de Vincennes
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17 novembre 2013
Secteur Vermandois
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n° 714
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Le Temple de Dieu
Les chrétiens – d’une façon générale – n’ont qu’une notion approximative
de l’importance du Temple de Jérusalem dans la foi juive. Si, par le passé,
les croyants de l’Ancien Testament ont érigé des stèles et des autels,
ce n’étaient que des empilements provisoires de pierres brutes, abandonnés
aussitôt qu’ils avaient été utilisés (e.g. le ‘sacrifice d’Abraham’
Genèse 21,1-13) Ce n’est que lorsque le Peuple de Dieu a été constitué
par la libération de l’esclavage d’Egypte, dans le désert que Dieu demande
à Moïse la construction d’un lieu spécifique pour y effectuer les sacrifices
et holocaustes prescrits : la ‘Tente de la Rencontre’ (cf.
Exode 25-27) pour abriter l’‘Arche d’Alliance’, le trône du seul
vrai Roi d’Israël.
La construction par le roi Salomon du premier Temple de Jérusalem (#950
av. JC) mettra fin aux pérégrinations de la ‘Tente de la Rencontre’
dont les éléments seront rangés avec soin dans une dépendance ; l’‘Arche
d’Alliance’ est déposée dans le ‘Saint des saints’ du Temple.
Totalement détruit en 586 par le roi Nabuchodonosor, il est reconstruit
sur ordre du roi de Perse, le païen Cyrus, en 538. Les travaux d’agrandissement
et d’embellissement entrepris par le roi Hérode (73-4 av. JC) ne seront
jamais finis : le Temple est définitivement détruit en 70 ap. JC.
Dès les origines, l’édifice – Tente ou Temple – est considéré comme la
demeure de Dieu, son trône est l’Arche d’Alliance (cachée ou disparue
en 586) C’est le seul lieu où oblations, sacrifices et holocaustes peuvent
être offerts. Dieu lui-même a choisi l’endroit où le peuple viendra l’adorer :
le mont Sion qui domine la ville royale de Jérusalem. Dieu est Unique,
il ne peut avoir qu’une seule demeure. Le Temple dédié au Dieu d’Abraham,
Isaac et Jacob que les Samaritains ont construit sur le mont Garizim est
un sacrilège aux yeux des Juifs (cf. Jean 4,19-20)
Le Saint des saints abrite la présence réelle de Dieu, nul ne doit y
entrer, seul le Grand-Prêtre y pénètre le jour du ‘Yum-Kippur’
(le Grand Pardon) pour y prononcer le Nom de Dieu révélé à Moïse afin
de rappeler à Dieu les promesses faites à son Peuple et obtenir le pardon
des fautes.
Dans ces conditions, chaque parole et chaque action que Jésus aura dans
le cadre du Temple prend une importance particulière. Il établit le parallélisme
entre le Temple terrestre et la demeure céleste : « Ne faites
pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » (Jean 2,16)
et « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Si
cela n’était pas, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une place. »
(Jean 14,2) Il prépare ses disciples à un changement radical en substituant
son Corps à cet édifice de pierre, l’Eglise au Temple : « Détruisez
ce temple, et en trois jours je le relèverai […] Mais il parlait du temple
de son corps. » (Jean 2,19.21)
L’exhortation de saint Pierre nous permet de mieux comprendre et d’appliquer
dans notre vie ces paroles du Christ : « Vous-mêmes, comme
des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle,
un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables
à Dieu par Jésus-Christ. » (1Pierre 2,5)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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13 novembre 2016
Paroisses Nesle & Athies
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n°905
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Ce qu’il faut faire pour nous imiter
En lisant cette lettre de saint Paul, la parabole du Pharisien et du
Publicain (cf. Luc 18,9-14) vient à l’esprit : l’Apôtre ne serait-il
pas en train de vanter sa façon de vivre comme celui qui était debout
dans le Temple et qui détaillait son respect des prescriptions de la Loi
pour ‘démontrer’ à Dieu combien ses qualités devaient être reconnues.
Par rapport à celui-ci, saint Paul ne cherche pas à être mis sur un piédestal,
au contraire il souligne que sa prédication est ‘gratuite’, il
ne cherche pas à en tirer un profit personnel ou à être traité comme un
personnage important. Sa réflexion est plus proche de celui qui disait :
« Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que
notre devoir. » (Luc 17,10) et son devoir est impérativement
d’annoncer l’Evangile : « Annoncer l’Évangile, ce n’est pas
là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi.
Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! » (1Corinthiens
9,16)
La vie de saint Paul n’est pas exemplaire et ce n’est pas à ce niveau
qu’il demande à être imité, mais au niveau de la foi et de la nécessité
qu’il ressent de proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus, Dieu le Fils Ressuscité.
Tout en étant conscient que le Père l’a choisi pour annoncer l’Evangile
aux païens, il n’en tire aucune gloire personnelle car c’est Dieu qui
parle en lui : « Dieu m’avait mis à part dès le sein de ma
mère ; dans sa grâce, il m’a appelé ; et il a trouvé bon de
révéler en moi son Fils » (Galates 1,15-16)
Saint Paul en profite pour réprouver ceux qui sont « affairés
sans rien faire » (v.11) Cette expression fait sourire car nous
reconnaissons sans peine telle ou telle personne dans nos communautés
dont nous avons l’impression qu’elles brassent du vent. C’est le cas de
tous ceux qui cherchent à tirer un profit – quel qu’il soit – de leur
travail pour l’Evangile. Mais c’est surtout – pour chacun d’entre nous
– un appel à la vigilance et à l’examen de conscience : mon annonce
est-elle d’annoncer simplement l’amour de Dieu, Père, Fils et Esprit ou
bien est-ce une mise en valeur de ce que JE suis ?
Vanité et orgueil sont des travers auxquels personne n’échappe. Il est
donc essentiel que notre annonce de Jésus-Christ soit en premier lieu
soumise à l’aval de l’Eglise Universelle, en deuxième temps dans le sens
que l’église locale a défini en fonction de ses besoins propres et enfin
par la prière qu’elle soit remise entre les mains du Père en demandant
l’Esprit Saint afin que ce soit lui qui s’exprime par notre travail.
‘Nous savons bien ce qu’il faut faire pour imiter saint Paul’.
Faisons-le !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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17 novembre 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1115
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Dieu unique – Temple unique
Dieu lui-même indique à Moïse la disposition, la composition et les dimensions
de la ‘Tente de la Rencontre’ (cf. Exode 25-27) dans les
moindres détails ainsi que les sacrifices, oblations et holocaustes qui
doivent y être offerts. Arrivée en Terre Promise, la ‘Tente de la Rencontre’
est installée à diverses places avant que le roi David la fait venir à
Jérusalem (2Samuel 6,12-15). C’est son fils Salomon qui bâtira le premier
Temple en pierre sur le mont Moriah (#950 av. J.C.) à l’endroit où Dieu
a demandé à Abraham de sacrifier Isaac.
Nabuchodonosor écrase le Royaume de Judée en 586, déporte les juifs à
Babylone, saccage et détruit complètement le Temple en emportant tous
les objets liturgiques. Cyrus, roi de Perse, autorise les juifs à rentrer
chez eux et à bâtir un nouveau Temple (538 av. J.C.) sur les ruines de
l’ancien. Plusieurs fois profané et purifié, embelli par le roi Hérode,
le Temple sera définitivement détruit en 70 ap. J.C. et jamais reconstruit.
La condamnation de Jésus par le Sanhédrin repose sur ses paroles :
« Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera
pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » (Luc 21,6).
Saint Jean, dès le début de son évangile, donne l’explication de cette
phrase : « Jésus leur répondit : ‘Détruisez ce sanctuaire,
et en trois jours je le relèverai.’ [...] Mais lui parlait du sanctuaire
de son corps. » (Jean 2,19.21).
Dès les premiers temps d’annonce de l’évangile, le corps du Christ pris
comme Temple est appliqué à la communauté chrétienne : « Vous
aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure
spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices
spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ. » (1Pierre 2,5)
et aussi : « vous avez été intégrés dans la construction
qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre
angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction
s’élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. »
(Ephésiens 2,20-21)
Constitués par le Fils comme son Corps, le véritable Temple du Père,
pour offrir des sacrifices par l’Esprit Saint, nous formons l’Eglise,
‘UNE, Sainte, Catholique et Apostolique’ (Conciles de Nicée et
Constantinople) avec tous ceux qui annoncent : « Jésus Christ
est Seigneur à la gloire de Dieu le Père. » (Philippiens 2,11).
Le Christ ressuscité fait entrer notre humanité non seulement dans le
Temple céleste mais dans le Saint des saints, face à face avec le Père :
« Le Christ est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant
pour nous devant la face de Dieu. » (Hébreux 9,24)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
et Modérateur de la paroisse saint Radegonde
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13 novembre 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1295
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Le Temple présence de Dieu
Et la foi d’Israël repose sur la promesse que Dieu a faite à Abraham ;
bien sûr le Seigneur s’était déjà révélé à d’autres personnes, Adam et
Ève ou Noé ou d’autres patriarches encore. Cette promesse à Abraham réside
en trois points ; le premier est une descendance aussi nombreuses
que les étoiles dans le ciel ou le sable de la mer, le deuxième est une
terre où le peuple choisi par Dieu puisse vivre en paix, défendue par
le Seigneur lui-même enfin le troisième est la présence de Dieu au milieu
de son peuple. Le Temple qui s’élevait sur le mont Sion au cœur de Jérusalem
était le signe de cette présence de Dieu qui résidait réellement dans
le Saint des saints, une pièce où seul le grand Prêtre pouvait pénétrer
une fois par an pour demander le pardon de Dieu pour les péchés du peuple.
En s’extasiant devant la beauté des pierres du Temple et des ex-voto
qui marquent le dévotion du peuple, les Apôtres sous-estiment l’importance
de la réalité de la présence, le Seigneur Jésus leur rappelle que ce
temple, aussi beau soit-il, n’est qu’un ouvrage d’homme, des pierres sur
des pierres qui peuvent être démolies alors que la présence de Dieu ne
peut en aucun cas être détruite.
Dans ces conditions, chaque parole et chaque action que Jésus aura dans
le cadre du Temple prend une importance toute particulière. Il établit
un parallélisme entre le Temple terrestre et la Maison du Père :
« Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
(Jean 2,16). Mais alors que seul le grand Prêtre peut pénétrer dans le
Saint des saints où le Père est présent, le Christ n’hésite pas à ouvrir
la maison du père à tous ceux qui croient en lui « Il y a plusieurs
demeures dans la maison de mon Père. Si cela n’était pas, je vous l’aurais
dit. Je vais vous préparer une place. » (Jean 14,2)
Ainsi il prépare ses
disciples à un changement radical en substituant son Corps à cet édifice
de pierre, une Eglise constituée de pierres vivantes face au Temple fait
de main d’homme : « Détruisez ce temple, et en trois jours
je le relèverai […] Mais il parlait du temple de son corps. »
(Jean 2,19.21)
Les chrétiens désirent que leurs bâtiments de prières et leurs liturgies
soient les aussi beaux que possible. Les églises sont décorées de fleurs,
de bougies, d’icônes ou de statues mais il est important de se souvenir
que l’important est la présence de Dieu non seulement dans les hosties
consacrées présentes dans le tabernacle mais aussi dans le peuple rassemblé
au nom de Jésus Christ.
Père JeanPaul Bouvier
prêtre retraité
Curé émérite de Notre Dame de Nesle & de Sainte Radegonde
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