30 octobre 1994
Saint Charles de Monceau
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n°27
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Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu !
Cette phrase, que Jésus cite, commence le décalogue dans
le livre de l'Exode, c'est le premier commandement dans la tradition juive.
Pour nous Chrétiens, membres du nouvel Israël, il est important
de nous rappeler cette affirmation : "Ecoute Israël". En
effet, Dieu aurait pu donner à Moïse tous les commandements
qu'il voulait, si le Peuple n'avait pas écouté, cela n'aurait
servi à rien. Pour recevoir les commandements, le croyant doit
d'abord ouvrir son coeur à la Parole de Dieu.
Lorsque nous avons appris les commandements de Dieu, nous n'avons pas
beaucoup insisté sur cette notion d'écoute : nous avons
retenu les obligations et les interdictions, mais nous oublions cet aspect
essentiel Dieu nous parle. Il s'adresse à nous comme à des
êtres intelligents, capables de réfléchir et de savoir
faire des choix.
Le Scribe qui pose la question à Jésus semble lui faire
passer un examen : Est-ce que ce Rabbi enseigne la véritable foi
d'Israël ou bien est-il un de ces illuminés qui dénature
le message. A la réponse de Jésus, citant le décalogue
et l'amour du prochain, le scribe semble satisfait : "Fort bien"
dit-il. Il complète ce que Jésus a dit, comme un examinateur,
comme une réponse apprise par coeur.
Jésus, à son tour, retourne la question, en soulignant
que le scribe a fait une remarque judicieuse et qu'il n'est pas loin du
Royaume de Dieu. Les assistants de cet échange constatent que Jésus
a changé de registre, et ils n'osent plus l'interroger.
Quelle leçon pour nous aujourd'hui? La même qu'à
l'époque! Nous sommes sans doute très savants en théorie,
mais qu'en est-il au niveau de la pratique? Nous ne sommes pas loin du
Royaume de Dieu, la porte est ouverte et pourtant nous n'y entrons pas.
"Ecoute Israël", Ecoute peuple de Dieu, ouvre ton coeur
à la Parole. Souviens-toi du Psaume 118,105-112
Ta parole est la lumière de mes pas,
La lampe de ma route.
Je l'ai juré, je tiendrai mon serment,
J'observerai tes justes décisions.
J'ai vraiment trop souffert, Seigneur;
fais-moi vivre selon ta parole.
Accepte en offrande ma prière, Seigneur :
apprends-moi tes décisions.
A tout instant j'expose ma vie :
je n'oublie rien de ta loi.
Des impies me tendent un piège :
je ne dévie pas de tes préceptes
Tes exigences resteront mon héritage,
La joie de mon coeur.
Mon coeur incline à pratiquer tes commandements :
c'est à jamais ma récompense.
Père JeanPaul Bouvier
Vicaire à saint Charles de Monceau
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5 novembre 2006
Brigade Franco-Allemande
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n°292
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Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu
Le scribe qui discute avec Jésus semble être un examinateur
faisant passer un diplôme à un élève. Il reformule même la réponse que
Jésus donne, comme le professeur qui est satisfait de la réponse donnée
mais qui estime qu’il manquait quelque chose pour qu’elle soit parfaite.
La phrase que prononce Jésus à la suite de la correction
du scribe entraîne une gène chez ses auditeurs. En affirmant que le scribe
n’est pas loin du Royaume de Dieu, le ‘Maître’ montre que si la
connaissance livresque est excellente qu’en est-il de la pratique ?
Toutes ces personnes qui offrent des sacrifices se posent
la question ; le scribe a affirmé que l’amour du prochain est la
plus importante des offrandes, mais la réalité est tout autre : la
liturgie du Temple de Jérusalem est scrupuleusement respectée mais l’esprit
de cette Loi de Moïse est dévoyé par l’égoïsme intrinsèque des hommes.
Aujourd’hui, il serait
facile de se réfugier derrière l’unique sacrifice du Christ qui
est offert pour la rémission des péchés, mais si notre participation au
saint Sacrifice de la messe n’est pas suivie d’effet dans notre vie quotidienne
et relationnelle, si notre communion au corps du Christ n’entraîne pas
un nouveau regard envers les hommes et femmes qui nous entourent, nous
sommes aussi hypocrites que ces pharisiens qui se déchargeaient de leurs
responsabilités en versant des sommes importantes qu trésor du Temple
pour éviter de regarder les besoins immédiats des hommes qui leur étaient
proches.
Edifiés par la Parole de Dieu, pardonnés par le Sacrifice
du Fils Unique de Dieu, nourris par le Corps du Christ, remplis de l’Esprit
Saint par la grâce de Dieu, nous sommes envoyés en mission par l’ « Ite
missa est » « Allez la mission existe »
Montrons par une vie exemplaire que le Royaume de Dieu
est déjà parmi nous. Le Christ nous l’a demandé : « Soyez
saints comme votre Père céleste est Saint »
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier de la Garnison d’Immendingen
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4 novembre 2012
Secteur Vermandois
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n°642
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Plus personne n’osait l’interroger
Les évangiles rapportent que souvent des scribes viennent interroger
Jésus, peut-être sont-ils mandatés par les grands prêtres pour essayer
de prendre Jésus en défaut et montrer ainsi à la foule qui le suit qu’il
n’a rien d’un maître mais qu’il n’est qu’un être ordinaire, sans qualification
pour prétendre être le Messie libérateur ; mais ces scribes peuvent
aussi questionner Jésus par curiosité, eux qui connaissent et qui scrutent
l’Ecriture afin d’en tirer les enseignements pour guider le peuple sur
la voie de Dieu.
Depuis le recouvrement au Temple (cf. Luc 2,41-50) les scribes sont médusés
par la connaissance parfaite et surtout par la compréhension hors de portée
humaine que cet enfant, puis cet homme possède sur la révélation que Dieu
a donnée aux hommes depuis qu’il s’est dévoilé à Abraham. Les auditeurs
remarquent que Jésus parle d’‘autorité’ comme si il n’était pas
qu’un simple commentateur de la Parole de Dieu, mais qu’il en était véritablement
l’auteur !
A partir des questions qui lui sont posées, Jésus ne donne pas seulement
une réponse juste et sensée mais il développe l’essence même de cette
réponse au-delà de ce qui était demandé. Ainsi il provoque une réflexion
plus intime entre la Parole de Dieu et la conscience de chacun.
Ce n’est pas seulement aux questions des scribes ou de ceux qui ont la
connaissance de l’Ecriture que Jésus répond, il accepte les questions
d’où qu’elles viennent, ainsi il donne à la Samaritaine une explication
qu’elle n’attendait pas de la part d’un ‘rabbi’ juif en lui disant :
« Mais l'heure vient-et c'est maintenant-où les véritables adorateurs
adoreront le Père en esprit et en vérité, car tels sont les adorateurs
que cherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c'est en esprit
et en vérité qu'ils doivent adorer. » (Jean 4,23-24) Il souligne
ce qui est important et laisse l’accessoire de côté. Intimidés par ces
réponses qui viennent manifestement de Dieu, plus personne n’ose l’interroger
de peur d’être confondu par ce qu’il dira.
Ce temps est révolu : par sa mort et sa Résurrection, le Fils du
Père a ouvert une nouvelle ère, une nouvelle création ; il a dit
à ses Apôtres : « Allez donc, de toutes les nations faites
des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,
et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici
que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin de l'âge. »
(Matthieu 28,19-20) Configurés au Christ par le Baptême, héritiers avec
lui du Royaume, nous ne devrions pas avoir peur d’interroger Celui qui
a donné sa vie pour nous ; jamais il éludera la question ou édulcorera
sa réponse mais comme ses contemporains, nous serons souvent surpris et
déconcertés par ce qu’il nous révélera.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur du Vermandois
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1er novembre 2015
Secteur Vermandois
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n°841
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(Fête de la Tpissaint)
Marqués au front
Après avoir donné ses commandements à Moïse, le Seigneur lui donne cette
consigne : « Les paroles que je vous donne, vous les mettrez
dans votre cœur, dans votre âme. Vous les attacherez à votre poignet comme
un signe, elles seront un bandeau sur votre front. » (Deutéronome
11,18) Pris au sens propre, cette demande de Dieu a entraîné l’habitude
du port de ‘téphillim’ ou ‘phylactères’, petits étuis de
cuir contenant les paroles de Dieu que les juifs pieux se lacent sur le
front et sur le bras gauche pour la prière.
L’auteur de l’Apocalypse pense certainement à cette tradition, mais renouvelée
dans son sens profond par le bain du Baptême et tout particulièrement
par la Chrismation qui l’accompagne. Le même auteur écrit dans sa première
lettre : « Quant à vous, l’onction que vous avez reçue de
lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin d’enseignement. Cette onction
vous enseigne toutes choses, elle qui est vérité et non pas mensonge ;
et, selon ce qu’elle vous a enseigné, vous demeurez en lui. »
(2,27) L’Esprit Saint a pénétré dans la conscience de celui qui a été
baptisé, ce n’est plus une marque extérieure de la Parole de Dieu, comme
les téphillim, mais une compréhension intérieure qui permet au croyant
d’être en communion avec le Père par le Fils.
Le premier geste de la célébration des baptêmes, d’adultes ou d’enfants,
est de donner le signe de la croix en traçant un signe de croix sur le
front de celui qui va être baptisé. Non seulement le célébrant, mais également
les parents, parrains et marraines effectuent ce geste comme l’engagement
qu’ils prennent de transmettre à leur filleul ce qu’eux-mêmes ont reçu.
A travers eux toute la communauté chrétienne réunie pour ce Sacrement
témoigne de son adhésion en se marquant elle-même au nom du Père, du Fils
et du Saint-Esprit.
Le dernier geste du célébrant pour le Baptême est de ‘marquer’
le baptisé par le saint Chrême, signe qui préfigure la Confirmation pour
les enfants et qui donne l’Esprit Saint de la Confirmation pour les adultes.
Ainsi, ‘marqués du sceau’, les baptisés deviennent ‘serviteurs
de Dieu’ qui appartiennent à la multitude des sauvés ‘vêtus de
robes blanches, avec des palmes à la main’.
Dans notre vie quotidienne, et tout particulièrement dans nos temps de
prière personnelle, l’Esprit Saint nous inspire ce que nous devons dire
et faire pour vivre en serviteurs de Dieu car le sceau dont nous sommes
marqués au front de façon indélébile n’est pas un élément statique mais
au contraire ce qui donne la dynamique d’un Evangile toujours nouveau.
Ainsi guidés, notre vie habituelle est un témoignage de l’amour de Dieu
pour tous les hommes. Sans doute ‘dira-t-on faussement toute sorte
de mal contre nous’, nous serons alors ‘bienheureux’.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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4 novembre 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°1040
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Ces paroles que je te donne aujourd’hui
Ces paroles que Jésus cite dans l’évangile se réfèrent directement au
livre du Deutéronome qui est proposé en première lecture. Elles affirment
à la fois la pérennité de la promesse du Seigneur vis-à-vis de son peuple :
« comme te l’a dit le Seigneur, le Dieu de tes pères »
(v.3) et son unicité, il n’y a pas d’autre dieu : « Ecoute,
Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique » (v.4) C'est-à-dire
l’essence même de la foi.
Moïse rappelle au peuple que les paroles du Seigneur sont un don !
Un don qui permet au croyant qui respecte les paroles qui lui sont données
et qui les met en pratique de vivre en homme libre, debout profitant pleinement
de la vie qui est aussi un don. Parole de Dieu et vie véritable sont interdépendants :
il n’y a pas de vie véritable sans accueil de la Parole, il n’y a pas
de Parole qi elle n’est pas vécue. Le Fils confirme le don qui est fait
à celui qui croit : « Celui qui croit en moi a la vie éternelle »
(Jean 6,47)
Ces paroles qui sont données, elles le sont ‘aujourd’hui’. Ce
n’est pas un feu de paille mais un engagement qui est pris. Il ne s’agit
pas d’obéir aveuglément à une loi passée mais de faire siennes aujourd’hui
les paroles du Seigneur Dieu, « tous les jours de ta vie »
(v.2) Ainsi l’homme peut s’approcher du Royaume de Dieu (cf. Marc 12,33)
La Loi de Dieu révélée par Moïse au peuple dans le désert est éternelle :
« Pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi
jusqu’à ce que tout se réalise. » (Matthieu 5,18) Mais il faut
la recevoir non pas dans sa lettre mais dans son esprit. Le Christ étonnait
tout le monde avec sa lecture de la Loi : « On était frappé
par son enseignement car sa parole était pleine d’autorité. »
(Luc 4,32) Configuré au Christ par le Baptême, éclairé par l’Esprit Saint,
nourri par l’Eucharistie et la prière, le chrétien a la même ‘autorité’
pour appliquer la Parole dans sa vie personnelle et l’Eglise a cette autorité
pour la proposer aux hommes d’aujourd’hui.
Cette parole, don pour aujourd’hui, elle doit « rester dans ton
cœur » (v.6) : « Car cette loi que je te prescris
aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte.
Elle n’est pas dans les cieux, pour que tu dises : « Qui montera
aux cieux nous la chercher ? Qui nous la fera entendre, afin que
nous la mettions en pratique ? » Elle n’est pas au-delà des
mers, pour que tu dises : « Qui se rendra au-delà des mers nous
la chercher ? Qui nous la fera entendre, afin que nous la mettions
en pratique ? » Elle est tout près de toi, cette Parole, elle
est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »
(Deutéronome 3011-14)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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31 octobre 2021
Paroisses Nesle & Athies
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n°1242
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Le grand prêtre qu’il nous fallait
Pour nous, chrétiens, cette notion du grand prêtre n’est pas très significative.
Mais si nous reprenons la définition et le rôle du grand-prêtre dans l’Ancien
Testament, nous comprenons son importance.
Le grand prêtre n’est pas conçu comme le sommet d’une hiérarchie, il
n’est pas à la tête d’une cohorte de prêtres qui seraient des exécutants.
Le grand-prêtre est celui qui représente le peuple de Dieu, il est le
peuple de Dieu. Son rôle essentiel se situe lors du jour du Yum Kippour,
c’est à dire le jour du Grand pardon. Ce jour-là, il entre dans le Saint
des saints, la pièce réservée où rien n’entre, même pas la lumière et
où se trouvait l’Arche d’Alliance, le trône de Dieu, lorsqu'elle existait.
Il y a dans cet endroit une véritable présence de Dieu. Une fois entré
dans ce lieu plus que sacré, le grand-prêtre prononce le Nom de Dieu le
fameux tétragramme YHWH qui a été donné à Moïse
et dont personne, sauf lui ne connaît la prononciation exacte. Le fait
nous appelions quelqu’un par son nom implique que non seulement nous connaissons
cette personne, mais aussi que d’une certaine façon, nous avons barre
sur lui. En prononçant le Nom de Dieu, le grand-prêtre l’oblige à se souvenir
de son Alliance passée avec Abraham, Isaac et Jacob, renouvelée avec Moïse
et actualisée à chaque pâque et à accorder son pardon pour les péchés
du peuple.
Nous voyons alors pourquoi l’auteur de l’épître aux Hébreux insiste sur
le rôle de grand-prêtre du Christ. Plus que tout autre il connaît le Nom
de Dieu, plus que tout autre il est en présence du Père, plus que tout
autre il peut présenter un sacrifice au Père, puisqu’il est Dieu le Fils ;
ce qu’un fils demande, un père l’accorde. Combien plus lorsqu’il s’agit
de Dieu le Fils qui fait une demande à Dieu le Père dans la communion
de Dieu l’Esprit !
Ainsi il n’est plus nécessaire de renouveler le jour du Yum Kippour,
il a été fait une fois pour toutes le vendredi 13 Nissan de l’année 33,
sur la Croix, le Fils a présenté le sacrifice éternel qui sied au Père.
Lorsque nous célébrons la messe, nous sommes présents à la Cène, au Sacrifice
de la Croix et à la Résurrection comme le grand-prêtre de Jérusalem était
en présence de Dieu dans le Saint des saints.
Avec un tel intercesseur, nous sommes sûrs du pardon de nos péchés et
cela devrait nous donner le dégoût de tout ce qui mène au péché. Malheureusement,
ce n’est pas toujours le cas.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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