26 novembre 1995
Saint Charles de Monceau
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Aujourd'hui même
"Aujourd'hui même, tu seras avec moi dans le paradis"
(Lc 23,43). Pourtant il s'agit d'un larron, c'est à dire de quelqu'un
qui a volé ou commit quelque délit. C'est un condamné.
C'est en même temps une des rares personnes dont nous soyons sûrs
qu'elle soit au Paradis. Les saints qui sont venus après ont été
déclarés tels par l'Eglise. Seul le "Bon Larron"
est invité dans le Paradis par Jésus lui-même.
Cela peut nous sembler injuste, d'autres personnes, les Apôtres,
les disciples, n'avaient-ils pas un rang de primauté pour entrer
dans le Royaume? Or c'est un mécréant qui va les devancer!
Jésus l'avait dit : "Les publicains et les prostituées
seront devant vous au Royaume des cieux (Mt 21,31).
Par cette parole, Jésus nous fait comprendre qu'il est venu pour
tous les hommes, sans exception, sans juger selon nos critères
de justice humaine mais par la justice de Dieu, une justice qui ne condamne
pas mais qui rend juste le pécheur.
N'oublions pas que dans la célébration de la messe, dans
toutes les prières eucharistiques, il y a cette parole de Jésus
: le Sang est versé "POUR VOUS ET POUR LA MULTITUDE".
Le pronom "VOUS"s'adresse à tous les participants de
la messe, ceux qui vont communier et tous les autres. Alors quelle est
cette MULTITUDE? Elle est composée de tous les autres hommes, ceux
qui ne participent pas à la messe, ceux qui ne connaissent pas
Jésus-Christ, le Fils de Dieu, ceux qui ne le reconnaissent pas
comme Sauveur.
La conclusion se tire d'elle-même : nous professons notre foi au
Christ, nous sommes configurés à lui par le Baptême,
nous communions fréquemment pour devenir ce que nous recevons :
le Corps du Christ (Prière de conclusion du 27ème dimanche
du temps ordinaire). Nous devons aussi considérer Tous les autres
hommes et femmes comme des frères et soeurs, comme ceux qui nous
devancerons dans le Royaume.
Père JeanPaul Bouvier
Vicaire à saint Charles de Monceau
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22 novembre 1998
Lycée Militaire d'Autun
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Une fin d'année sans réveillon ?
L'année liturgique se termine ce dimanche. C'était une
année où nous avons lu l'évangile de saint Luc. A
partir de dimanche prochain 29 novembre, nous lirons l'évangile
de saint Matthieu pour une nouvelle année.
En fait, nous avons l'habitude de fins d'année, plus ou moins
marquées par des fêtes. L'année civile est la plus
connue, du 1er janvier au 31 décembre, s'achevant sur des manifestations
d'autant plus importantes que le chiffre est symbolique (voir le 31 décembre
1999…)
Notre anniversaire est une année qui nous est personnelle. Là
aussi les célébrations sont plus marquées aux changements
de dizaine…
L'année scolaire du 1er septembre au 31 août, où
les résultats des examens donnent naissance à des joies
ou des déceptions sources de nouvelles réjouissances pour
fêter ou oublier…
L'année de travail se confond, au point de vue des dates, avec
l'année scolaire mais elle est rythmée différemment,
scandée essentiellement par les vacances d'été…
Alors l'année liturgique ? Une année de plus ou nous allons
recommencer à attendre la naissance du Christ pendant l'avent,
puis sa mort et sa résurrection pendant le temps du Carême,
et enfin le Christ roi comme nous le célébrons aujourd'hui.
Mais le cycle de la liturgie est tout autre chose : ce n'est que le développement
du dimanche étalé sur toute l'année. Chaque fois
que nous célébrons la messe, nos faisons mémoire
de Celui qui est né, qui a souffert et qui reviendra. Il s'agit
simplement d'une pédagogie permettant de souligner pendant un an
tel ou tel aspect du mystère du Christ afin que chaque chrétien
puisse mieux y pénétrer.
Profitè-je de cette chance de penser ma foi non pas globalement
mais par morceaux. Aujourd'hui, le Christ est-il le roi que j'attends
? Ai-je la foi du bon larron au point de dire "souviens de moi lorsque
tu viendras dans ton règne." Ou bien suis-je obnubilé
par l'immédiat comme l'autre crucifié ? Il me faut bien
un an pour répondre à ces questions. Il me faut réfléchir
à la venue u Christ à Noël, sa mort sur la croix et
sa résurrection pour MOI, afin d'appréhender son retour
glorieux.
Pensons-y avant de commencer un nouvel Avent.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
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21 novembre 2004
Garnison d'Angers
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Le roi signe de son peuple
Dans les temps anciens, le roi était considéré comme une personnification
du peuple : il possédait tous les pouvoirs non par une élection populaire
mais par un choix divin. Un homme était choisi par Dieu pour être à la
tête du peuple. Israël faisait exception à cette règle pour montrer que
le seul roi du Peuple élu était Dieu lui-même. Ce n’est qu’à la demande
expresse du peuple que le Seigneur délègue un pouvoir temporel à Saül.
Le roi ne devait être que le lieutenant de Dieu et responsable des fautes
du peuple.
Saül ayant préféré des alliances humaines à la confiance en Dieu, il
est rejeté comme ayant trahi sa fonction. Pour montrer que la royauté
ne dépend pas de la puissance humaine mais de lui, Dieu choisit pour succéder
à Saül un enfant, le petit David qui a manifesté sa confiance en Dieu
en s’attaquant au géant Goliath, sûr que Dieu guiderait la pierre lancée
par la fronde.
Le Christ premier né d’entre les morts, est le véritable roi du peuple
des sauvés : pour nous il est le représentant du Père venu parmi
nous, comme l’un d’entre nous, semblable en toutes choses, à l’exception
du péché, il est le roi choisi par le Père pour nous guider. Le deuxième
volet est également dans le rôle du Christ : responsable du peuple,
il verse son sang et donne sa vie pour réparer nos péchés, nos trahisons.
En lui, et par lui, tout homme est sauvé. Là où va la tête, le corps
suit. Il a dit à ses apôtres : « Je pars vous préparer une place
et là où je vais vous irez aussi. » Quelle que soit la faute commise
par un homme, le Christ le relève et lui propose de reprendre sa place
comme membre irremplaçable du corps.
Ainsi le bon larron est assuré, quel que soit le forfait qu’il ait perpétré,
d’une place au Paradis. Lorsque nous prenons conscience de notre salut,
nous prenons également conscience que le pire des criminels est sauvé
par la responsabilité que le Fils unique du Père a prise pour lui. Les
fautes faites par les hommes ont été assumées par le Fils qui en a payé
le prix de sa vie. En ressuscitant d’une vie nouvelle, il montre que le
Père ne peut se satisfaire de notre vie imparfaite et qu’il nous en propose
une autre.
père JeanPaul Bouvier
aumônier catholique de la Garnison d’Angers
et du Groupement de Gendarmerie du Maine & Loire
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25 novembre 2007
Brigade Franco-Allemande
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Jésus de Nazareth, roi des juifs
Ce panneau en trois langues qui est fixé à la croix, au-dessus de la
tête de Jésus, a été mis à la fois comme avertissement pour tous les juifs
qui veulent se libérer de l’occupation romaine et comme dérision.
Les romains ont voulu marquer dans cette exécution le poids de leur force
armée et donner une leçon aux meneurs qui échafaudent des attentats ou
animent des soulèvements populaires : voilà le sort qui est réservé
à ceux qui prétendent à un pays juif libre. C’est la raison pour laquelle
les chefs s’insurgent – oralement – contre cette indication en disant
qu’il fallait mettre ‘Celui-ci a dit qu’il était le roi des juifs’.
En indiquant à la place du motif de condamnation ‘Le roi des juifs’
les romains se moquent de la doctrine juive et de leur prétendue élection
par un dieu qu’ils disent unique comme peuple choisi parmi toutes les
nations, leur roi est crucifié, méprisé, en proie à la risée, exposé nu
à l’entrée principale de Jérusalem où les pèlerins viennent en foule pour
la fête de la Pâque.
Quel sens l’Eglise Romaine donne-t-elle à ce texte en le proposant pour
la fête du Christ roi qui clôture l’année liturgique ?
En premier lieu, une reconnaissance de la souveraineté du Fils Unique
du Père qui ouvre les portes de son Royaume au mécréant qui est crucifié
en même temps que lui et qui dans un dernier souffle voit dans cet homme
Celui qui va revenir dans la Gloire : ‘Aujourd’hui tu seras avec
moi dans le Paradis’
En second lieu, une affirmation de la Rédemption : c’est en pardonnant
à son peuple que Dieu est souverain. Par le sacrifice du Fils, le Père
restaure l’Homme en lui donnant l’Esprit Saint pour trouver le chemin
qui conduit à Lui. Cette conception est ancienne puisque beaucoup de crucifix
orientaux représentent le Christ crucifié revêtu des ornements impériaux.
Ainsi, sans le savoir, les romains croyaient humilier et ironiser sur
le peuple de Dieu mais ils n’ont fait qu’anticiper – selon un plan divin
– la foi des chrétiens qui se glorifient en faisant sur eux-même le signe
de la croix, déclaration explicite de la foi trinitaire.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse militaire
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21 novembre 2010
Fort Neuf de Vincennes
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Nous sommes du même sang que toi !
Effrayés par les victoires successives de David, roi de Juda, contre
ses ennemis, les habitants du royaume d’Israël lui envoient des émissaires
pour éviter qu’il n’engage une guerre de vengeance contre eux. Ils s’étaient
alliés avec ses adversaires, mais ils n’hésitent pas à mettre en avant
les liens du sang qui les unissent à David et ils lui proposent la couronne
pour éviter un bain de sang.
Le choix de cette première lecture pour la fête du Christ Roi de l’univers
peut paraître surprenant, l’élection faite par Dieu et l’onction de David
par le prophète Samuel (cf. 1 Samuel 16,1-12) eût semblé plus adéquate
que cette démarche un peu hypocrite d’un peuple qui a peur de représailles.
Pourtant en prenant un regard chrétien ce passage est très significatif :
nous aussi nous trahissons le Roi de l’univers, comme nous le disons en
commençant la messe, ‘en pensée, en parole, par action et par omission’
et comme les habitants du pays d’Israël nous demandons : « Ô
Christ, prends pitié ! »
La profonde différence qui apparaît avec cette lecture est que nous ne
revendiquons pas les liens du sang, pour la bonne raison que c’est le
contraire qui est mis en évidence : le Fils éternel du Père « n’a
pas retenu sa condition divine mais s’est dépouillé en prenant la condition
de serviteur » (cf. Philippiens 2,6-11) En d’autres termes, c’est
Lui qui revendique d’être du même sang que nous. Il veut nous montrer
que nous sommes ses frères, appelés à la vie avec le Père.
Jésus annonce à ses Apôtres leur entrée dans le Royaume et Il prie dans
ce sens : « Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là
où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu'ils contemplent ma gloire »
(Jean 17,24, cf. 14,3) C’est par la croix que le Christ entre dans la
Gloire en remettant son esprit entre les mains du Père (cf. Luc 23,46)
anticipation de la Parousie lorsque le Fils remettra tout entre les mains
du Père : « Puis ce sera la fin, lorsqu'il remettra la royauté
à Dieu le Père, après avoir détruit toute Principauté, Domination et Puissance.
Car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait placé tous ses ennemis sous
ses pieds. Le dernier ennemi détruit, c'est la Mort. » (1 Corinthiens
15,24-26)
Entrés dans le Royaume, configurés au Christ par l’onction que nous avons
reçue au Baptême et à la Confirmation, nous sommes du même sang que Lui,
nous pas le sang humain circulant dans nos veines, mais le sang de l’immortalité
que le Christ par son côté ouvert sur la croix a versé pour nous.
Vivant déjà dans le Royaume, notre existence humaine prend tout son sens
dans le témoignage que nous donnons de l’Homme aimé par le Père, régénéré
par le sacrifice du Fils et animé par l’Esprit.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique du Fort Neuf de Vincennes
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24 novembre 2013
Secteur Vermandois
n° 715
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I.N.R.I.
Cet acronyme qui figure sur nos crucifix signifie ‘Jésus de Nazareth
Roi des Juifs’ ; mais l’évangéliste saint Jean précise que l’écriteau
mis au-dessus de la tête du Christ portait cette inscription dans les
trois langues utilisées en Palestine pour être comprise par tous :
« Beaucoup de Juifs lurent cette inscription, parce que le lieu
où Jésus fut crucifié était près de la ville : elle était en hébreu,
en grec et en latin. » (Jean 19,20)
Lorsqu’il fait rédiger ce ‘titulum’, Pilate se souvient de la
conversation qu’il a eu avec Jésus : « Mon royaume n’est
pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes
serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux
Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici-bas. Pilate lui
dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis, je suis
roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à
la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. » (Jean
18,26-37) Il a compris que cet homme ne cherche pas à supplanter la puissance
de Rome mais qu’il porte un autre message ; il utilise cette dénomination
de ‘roi des juifs’ pour asseoir son autorité en particulier vis-à-vis
des grands prêtres, ce sont eux qui protesteront : « [ils]
dirent à Pilate : N’écris pas : Roi des Juifs. Mais écris qu’il
a dit : Je suis roi des Juifs. Pilate répondit : Ce que j’ai
écrit, je l’ai écrit. » (Jean 19,21-22)
Les chrétiens pourraient également contester cette appellation ;
nous reconnaissons en Jésus le Messie que le Père avait promis au peuple
juif, mais comme à son habitude, la réalisation de la promesse n’a pas
de commune mesure avec la promesse elle-même ; il avait promis un
prophète comme Moïse : « Je leur susciterai du milieu de
leurs frères un prophète comme toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche,
et il leur dira tout ce que je lui commanderai. » (Deutéronome
18,18) un roi temporel comme David : « En ce jour-là, l’Eternel
protégera les habitants de Jérusalem, Et le faible parmi eux sera dans
ce jour comme David ; La maison de David sera comme Dieu, Comme l’ange
de l’Eternel devant eux. » (Zacharie 12,8) Les temps accomplis
c’est le Fils qui est envoyé pour le salut de l’humanité : « Comme
il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit. Et voici, une voix
fit entendre de la nuée ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé,
en qui j’ai mis toute mon affection : écoutez-le ! »
(Matthieu 17,5)
L’épisode du ‘Bon Larron’ illustre parfaitement l’amour surabondant
de Dieu, Père, Fils et Esprit pour l’humanité : il demande simplement
à Jésus de ne pas l’oublier et Jésus lui répond : « Aujourd'hui,
avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Luc 23,43) Attitude du roi
parfait qui ne veut perdre aucun de ceux qui lui ont été confiés (cf.
Jean 18) : le Roi de l’Univers
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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20 novembre 2016
Paroisses Nesle & Athies
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n°906
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Confiance !
Le personnage du ‘bon larron’ est assez fascinant, il ne manifeste
aucun regret ou remords de ce qu’il a fait, au contraire, il dit que le
châtiment de leurs crimes est juste : « Après ce que nous
avons fait, nous avons ce que nous méritons. » (v.41) Malgré
cela il a une profession de foi extraordinaire, crucifié, à quelques heures
de mourir, il fait une confiance totale en celui qui est cloué sur la
croix à côté de lui : « Jésus, souviens-toi de moi quand
tu viendras dans ton Royaume. » (v.42) Même les Apôtres n’ont
pas eu une telle conscience de la mission et de la royauté de Celui qu’ils
ont suivis pendant tant de temps. Témoins des miracles, auditeurs des
prédications, ayant eu l’explication des paraboles, ils n’ont pas cru,
ils ont fui et se sont cachés dans le Cénacle.
A la sixième heure, au moment où Jésus meurt, seules deux personnes croient
en lui, le ‘bon Larron’ et le centurion de garde auprès du calvaire :
« A la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendit gloire
à Dieu : ‘Celui-ci était réellement un homme juste.’ » (Luc
23,47) Marie, sa mère, et ‘le disciple que Jésus aimait’ sont présents
au pied de la Croix (cf. Jean 19,26-27) mais ils ne disent rien, ils sont
bouleversés par ce qui vient de se passer.
La première question que posent les Apôtres lorsque Jésus se manifeste
à eux après la résurrection prouve leur incompréhension persistante :
« Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume
pour Israël ? » (Actes 1,6) L’Esprit Saint leur enseignera
toute chose avait dit Jésus (cf. Jean 14,26) Le don de l’Esprit à la Pentecôte
leur ouvrira les yeux et ils pourront commencer à annoncer telle la parole
de Pierre : « Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus
que vous aviez crucifié. » (Actes 2,36)
Aujourd’hui, comme les Apôtres en leur temps, nous sommes les auditeurs
de la prédication de Jésus, nous bénéficions des explications des paraboles…
Mais sommes-nous capables de la même profession de foi que le ‘bon
Larron’ ou le ‘centurion’ ? Dans le Baptême, la Confirmation
et l’Eucharistie nous recevons l’Esprit Saint ; mais au lieu de sortir
et annoncer que le Règne de Dieu est inauguré, nous restons cloitrés dans
notre petit cénacle personnel par peur du jugement de nos contemporains.
Réciter le ‘Je crois en Dieu’ le dimanche ce n’est pas croire si
cela n’a pas d’effet dans notre vie quotidienne à l’extérieur de l’église.
Le Fils siège à la droite du Père et grâce à cela, il nous donne les
moyens de faire les mêmes œuvres que Lui : « Je vous le dis :
celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de
plus grandes, parce que je pars vers le Père. » (Jean 14,12)
La foule de Jéricho disait à l’aveugle : « Confiance, il
t’appelle ! » (cf. Marc 10,49) Aujourd’hui c’est l’Eglise
qui dit cela à chacun d’entre nous et nous répondons à cet appel avec
joie.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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24 novembre 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1116
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« Celui-ci est le roi des Juifs »
« Sauve-toi toi-même ! » Cette phrase est évoquée
par trois fois dans ce court texte de saint Luc. A chaque reprise elle
est prononcée de plus en plus à proximité de Jésus : par les chefs
du Peuple (v. 35), par les soldats qui gardent la croix (v. 37) et enfin
pas un de ceux qui sont crucifiés avec lui (v. 39) comme si l’évangéliste
voulait montrer que l’expression était de plus en plus intense et douloureuse
pour Dieu le Fils. Il reste silencieux devant les moqueries et la dérision
qui traduisent le refus de croire en lui.
Dès que Jésus entend un début de foi (« Si vous aviez de la foi,
gros comme une graine de moutarde… » Luc 17,6) : « Jésus,
souviens-toi de moi… » (v. 42) dans la bouche d’un malfaiteur,
il s’empresse de lui répondre : « aujourd’hui, avec moi,
tu seras dans le Paradis. » (v. 43). Le Christ ne lui demande
pas de regretter ce qu’il a fait, ni d’avoir des remords ou une contrition
parfaite, l’expression de sa profession de foi – aussi simplement formulée
soit-elle – suffit pour qu’il puisse entrer dans le Royaume avec Jésus.
Contrairement à l’autre malfaiteur qui ne considère que l’immédiat :
sauver sa peau, celui-là voit se profiler une autre voie vers la Vie.
« Le peuple restait là à observer. » (v. 35) Loin des
scènes d’humiliations et de la demande du ‘bon larron’ la foule
qui suivait Jésus avant sa condamnation et qui écoutait avec plaisir ses
prédications reste et observe. Elle attend sans doute un signe pour se
soulever et délivrer celui qui est ainsi désigné comme son roi mais rien
ne vient ; les Apôtres se sont enfuis par peur de représailles du
Grand-Prêtre ou des Romains et le peuple pleure son espérance déçue :
« Cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles
devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres
et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont
crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. »
(Luc 24,9b-21a)
Quatre groupes concentriques d’hommes entourent Jésus en croix :
une foule en attente, des chefs qui n’ont pas compris la Parole qu’ils
enseignent et des gardes étrangers à la Révélation qui refusent de croire
et enfin ces deux hommes avec une espérance totalement opposée, la foi
ou le repli égoïste sur soi.
Tout autour de nous ces groupes existent toujours et moi-même j’alterne
en passant d’un groupe à l’autre : attente d’un signe, un refus de
faire confiance à l’Esprit Saint et une profession de foi simple mais
sincère. La fin du cycle liturgique me propose un regard sur l’année passée,
comment ai-je discerné les signes que le Seigneur m’a envoyés
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
et Modérateur de la paroisse saint Radegonde
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20 novembre 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1296
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Jésus de Nazareth, roi des juifs
Ce panneau écrit en trois langues est fixé à la croix, au-dessus de la
tête de Jésus, il a été mis à la fois comme un avertissement pour tous
les juifs qui veulent se libérer de l’occupation romaine et comme une
dérision.
Les romains ont voulu marquer dans cette exécution le poids de leur force
armée et donner une leçon aux meneurs qui échafaudent des attentats ou
animent des soulèvements populaires : voilà le sort qui est réservé
à ceux qui prétendent à un pays juif libre. C’est la raison pour laquelle
les chefs s’insurgent – oralement – contre cette indication en disant
qu’il fallait mettre ‘Celui-ci a dit qu’il était le roi des juifs’.
En indiquant à la place du motif de condamnation ‘Le roi des juifs’
les romains se moquent de la doctrine juive et de leur prétendue élection
par un dieu qu’ils disent unique comme peuple choisi parmi toutes les
nations, leur roi est crucifié, méprisé, en proie à la risée, exposé nu
à l’entrée principale de Jérusalem où les pèlerins viennent en foule pour
la fête de la Pâque.
Quel sens l’Eglise Romaine donne-t-elle à ce texte en le proposant pour
la fête du Christ roi qui clôture l’année liturgique ?
En premier lieu, une reconnaissance de la souveraineté du Fils Unique
du Père qui ouvre les portes de son Royaume au mécréant qui est crucifié
en même temps que lui et qui dans un dernier souffle voit dans cet homme
Celui qui va revenir dans la Gloire : ‘Aujourd’hui tu seras avec
moi dans le Paradis’
En second lieu, une affirmation de la Rédemption : c’est en pardonnant
à son peuple que Dieu est souverain. Par le sacrifice du Fils, le Père
restaure l’Homme en lui donnant l’Esprit Saint pour trouver le chemin
qui conduit à Lui. Cette conception est ancienne puisque beaucoup de crucifix
orientaux représentent le Christ crucifié non pas dépouillé de ses vêtements
mais revêtu des ornements impériaux.
Ainsi, sans le savoir, les romains croyaient humilier et ironiser sur
le peuple de Dieu mais ils n’ont fait qu’anticiper – selon un plan divin
– la foi des chrétiens qui se glorifient en faisant sur eux-mêmes le signe
de la croix, déclaration explicite de la foi trinitaire.
Père JeanPaul Bouvier
prêtre retraité
Curé émérite de Notre Dame de Nesle & de Sainte Radegonde
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