26 novembre 1997
Lycée Militaire d'Autun
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n°41
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Mon Royaume n'est pas de ce monde
Cette réponse surprenante de Jésus à Pilate est
une affirmation. Jésus n'en veut pour preuve ce qu'il dit également
à Pilate : " Si mon Royaume était de ce monde, je pourrais
faire intervenir mes hommes. " ; il parle même de légions
d'anges…
Mais Jésus ne désire pas s'affirmer par la force : Dieu
se propose, il ne s'impose pas.
L'Eglise nous invite à construire le Royaume dès maintenant
sur la terre ; elle nous affirme que nous sommes déjà entrés
dans le Royaume par notre Baptême ; mieux encore, nous sommes configurés
au Christ, nous devenons avec lui co-héritiers du Royaume. Sont-ce
là des éléments antinomiques avec la déclaration
de Jésus ?
La question du " déjà là " et du "
pas encore " a fourni le sujet de tomes entiers de théologie.
Le Royaume de Dieu est à venir, et nous y sommes déjà
entrés !
Le Royaume de Dieu à venir est simple à comprendre, au
point que les croyants considère cette notion souvent de façon
simpliste. Dans le Credo nous affirmons attendre la résurrection
des morts et la vie du règne à venir. Le Royaume sera là
lorsque nous serons en face de Dieu, Père Fils et Esprit, dans
la plénitude de sa gloire. Logique et simple. Cartésien
pourrait-on dire.
Le Royaume de Dieu est déjà là. Pourtant nous ne
le constatons pas beaucoup dans nos vies, mais peut-être est-ce
là la solution. Lorsque nous célébrons un Sacrement,
tout spécialement ceux que nous pouvons vivre régulièrement
comme l'Eucharistie ou le Sacrement de Réconciliation et de Pénitence,
nous sommes aussi dans la manifestation de la gloire de Dieu, le Père
qui nous donne son Esprit par le Fils. Savons-nous la voir ? Savons-nous
nous y préparer ?
Si nous nous laissons inviter par notre hôte, Dieu lui-même.
Si nous acceptons l'amour du Père qui a envoyé son Fils
pour nous sauver et nous remettre l'Esprit. Alors par la grâce de
Dieu, nous vivrons déjà dans le Royaume et comme Jésus
le disait à Nicodème nous naîtrons à nouveau,
naissance similaire à celle où nous sommes issus de notre
mère.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
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25 novembre 2000
Lycée Militaire d'Autun
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n°107
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Le Christ Roi de l'univers
" Es-tu le roi des Juifs ? " En posant cette question, Pilate
se place dans un monde immédiat et temporel. Jésus déplace
le problème en disant : " Ma royauté n'est pas de ce
monde. " Il change la donne et ne se place plus au niveau du peuple
juif mais au niveau de l'au-delà. Jésus n'est pas seulement
roi du peuple juif, des descendants d'Abraham, il est le Roi de la Création.
Il est dommage que la liturgie de ce jour coupe la réflexion dite
comme pour lui-même de Ponce Pilate : " Qu'est-ce que la Vérité
? ". Car c'est cette question que nos contemporains pourraient se
poser à propos de la Royauté du Christ.
Pour certains, la Vérité est celle d'un Christ Roi immédiat.
Ils voudraient que le monde entier soit régi par l'Eglise dans
une gestion temporelle. Mais l'Evangile ne donne pas une solution pour
une société humaine idéale, il nous propose une communion
avec Dieu, Père, Fils et Esprit Saint à la fois personnelle
et communautaire, tous ensemble mais sans fusion, unis mais pas uniformisés.
D'autres, au contraire, verront la Vérité partout où
l'homme cherche Dieu ; favorisant ainsi un syncrètisme de toutes
les religions. Jésus le Christ ne serait plus qu'un Roi intemporel
sans relation directe avec la société humaine et ses religions.
Il serait venu pour offrir sa vie pour que les hommes soient sauvés
mais serait sans interférence sur la vie personnelle de ceux qui
sont sauvés.
D'autres encore ne verront aucune Vérité intrinsèque
: l'homme n'est qu'un animal parmi beaucoup d'autres. Il ne peut ni s'élever
ni être élevé par une puissance surnaturelle - si
elle existe. Jésus n'est alors qu'un illuminé qui n'a fourni
que l'occasion d'une nouvelle formation humaine sans plus d'intérêt
que les autres : l'Eglise.
La réponse à cette question est donnée par anticipation,
par Jésus lui-même, dans la fin du fragment d'Evangile lu
aujourd'hui : Il ne s'agit pas de possèder la Vérité,
il s'agit de lui appartenir. Celui qui possède quelque chose connaît
cette chose, celui qui appartient à quelque chose ou à quelqu'un
fait confiance à ce qu'il ne connaît que par bribes.
C'est ce qui nous est demandé. Appartenir au Christ-Roi en confiance.
Ne tentons pas de le possèder.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique du Lycée Militaire d'Autun
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24 novembre 2006
Brigade Franco-Allemande
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n°293
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Royaume de Dieu et civilisation
Nous confessons que le Royaume de Dieu commencé ici-bas en l'Eglise
du Christ, "n'est pas de ce monde " [Jn 18,36], "dont la
figure passe " [1Co 1,31], et que sa croissance propre ne peut se
confondre avec le progrès de la civilisation, de la science ou de la technique
humaine, mais qu'elle consiste à connaître toujours plus profondément
les insondables richesses du Christ, à espérer toujours plus fortement
les biens éternels, à répondre toujours plus ardemment à l'amour de Dieu,
à dispenser toujours plus largement la grâce et la sainteté parmi les
hommes.
Mais c'est ce même amour qui porte l'Eglise à se soucier constamment
du vrai bien temporel des hommes. Ne cessant de rappeler à ses enfants
qu' "ils n'ont pas " ici-bas "de demeure permanente "
[Mc 13,14], elle les presse aussi de contribuer, chacun selon sa vocation
et ses moyens, au bien de leur cité terrestre, de promouvoir la justice,
la paix et la fraternité entre les hommes, de prodiguer leur aide à leurs
frères, surtout aux plus pauvres et aux plus malheureux.
L'intense sollicitude de l'Eglise, épouse du Christ, pour les nécessités
des hommes, leurs joies et leurs espoirs, leurs peines et leurs efforts,
n'est donc rien d'autre que son grand désir de leur être présente pour
les illuminer de la lumière du Christ et les rassembler tous en lui, leur
unique Sauveur. Elle ne peut jamais signifier que l'Eglise se conforme
elle-même aux choses de ce monde, ni que diminue l'ardeur de l'attente
de son Seigneur et du Royaume éternel.
Paul VI
Profession de foi catholique
30 juin 1968
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25 novembre 2012
Secteur Vermandois
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n°645
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Je suis l’Alpha et l’Oméga
L’expression ‘le Seigneur-Dieu’, est une périphrase couramment
utilisée par les Juifs pour éviter de prononcer le Nom de Dieu (1er
commandement cf. Deutéronome 5,11). Pour que son auditeur comprenne bien
qu’il s’agit du vrai Dieu l’auteur précise en ajoutant le Nom qu’il a
donné à Moïse : ‘JE SUIS’ (cf. Exode 3,14) translittéré par
la formule ‘Celui qui est, qui était et qui vient’ et complétée
encore par une autre appellation divine, ‘Le Tout-Puissant’. Cette
redondance dans la présentation dénote une insistance de l’auteur de l’Apocalypse
afin que ses lecteurs constatent que cette Révélation vient de Dieu et
qu’il remet la Royauté et la Puissance entre les mains de Jésus Christ.
Au milieu de ces appellations divines se trouve une nouvelle affirmation :
‘Je suis l’Alpha et l’Oméga’ ce qui correspond dans l’alphabet
grec à la première et à la dernière lettre, c'est-à-dire une connaissance
totale et parfaite. Saint Jean avait déjà attribué une telle connaissance
au ‘Verbe fait chair’ dans son évangile : « Au commencement
était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu. Tout fut par lui, et sans lui
rien ne fut. » (Jean 1,1-3) Il montre ainsi que la révélation
qui lui est donnée porte sur l’identité de nature entre le Père et le
Fils.
Cette insistance ne peut s’expliquer que parce que cette identité est
– déjà – mise en question dans les communautés chrétiennes et chaque prédicateur
a sa propre interprétation. Saint Jean veut restaurer la vérité en racontant
la révélation que le ‘Seigneur Dieu’ lui a donnée : juste
après cette introduction il va s’adresser aux ‘Sept Eglises’ d’Asie
mineure et, à travers ce chiffre symbolique de sept, il dénonce les errances
et les tiédeurs de l’ensemble des chrétiens.
Ce livre de l’Apocalypse a gardé toute sa valeur à notre époque où l’identité
de nature des trois personnes de la Sainte Trinité est souvent mise en
cause ou en doute : beaucoup de personnes reconnaissent l’excellence
de la prédication de Jésus sur le plan humain mais ne vont pas plus loin
et elles n’acceptent pas l’origine divine de ce qu’il a enseigné. Dieu,
Père Fils et Esprit, a voulu dès les origines que l’être humain soit en
pleine communion avec lui mais en respectant sa liberté. « Après
avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères
par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé
par un Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il
a fait les mondes. Resplendissement de sa gloire, effigie de sa substance,
lui qui soutient l'univers par sa parole puissante, ayant accompli la
purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté dans les
hauteurs, devenu d'autant supérieur aux anges que le nom qu'il a reçu
en héritage est incomparable au leur. » (Hébreux 1,1-4)
N’oublions pas de rappeler tout cela à nos contemporains obnubilés par
le matérialisme et la ‘réussite’, le véritable accomplissement
de l’humanité est d’être avec celui qui est tout : ‘l’Alpha et
l’Oméga.’
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur du Vermandois
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22 novembre 2015
Secteur Vermandois
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n°845
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Qu’est-ce que la Vérité ?
La ‘nation et les grands-prêtres’ ont dénoncé Jésus comme voulant
prendre le pouvoir contre l’autorité romaine ; mais si lui-même devant
Pilate ne revendique pas cette royauté terrestre, il ne le détrompe pas
non plus quant à sa qualité de roi ; Il replace sa mission comme
porteur de la Vérité.
Pilate lui pose la question pour savoir ‘Qu’est-ce que la Vérité ?’.
Une question que tout homme cherche à résoudre, mais, par ses propres
moyens, il n’arrive pas à une réponse satisfaisante. Jésus ne donne pas
de réponse non plus, il précise qu’il ‘est venu dans le monde pour
rendre témoignage à la vérité’, c'est-à-dire affirmer qu’elle existe
et qu’elle est dans le Père.
Le passage du livre de l’Apocalypse donne une piste pour réfléchir :
‘Je suis l’alpha et l’oméga dit le Seigneur Dieu’, expression à
l’emporte-pièce pour signifier que Dieu est tout, de même que le livre
confié à celui qui a été emporté à la cour céleste était ‘écrit au
dedans et à l’extérieur’ (Apocalypse 5,1) montrant ainsi que la révélation
est complète.
La Vérité dans toutes ses dimensions est révélée dans l’ensemble de la
Bible, Ancien et Nouveau Testament (cf. Apocalypse 22,18-19) mais nous
n’y aurons totalement accès qu’au moment où nous ressusciterons car alors :
« nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel
qu’il est. » (1Jean 3,2)
L’aspiration du chrétien est de s’approcher de la vérité autant qu’il
le peut. Cet objectif ne s’obtient pas par l’étude approfondie des textes,
encore que cela puisse aider, mais simplement en le laissant résonner
en nous, en se laissant guider par l’Esprit Saint : « ce
que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. »
(Matthieu 11,25) et en suivant l’exemple du Christ qui nous dit :
« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne
ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jean 14,6)
La Vérité fait peur parce que nous sentons bien qu’elle nous entraîne
sur des chemins qui nous semblent trop difficiles pour nous. Le témoignage
que Jésus donne à la Vérité doit nous rassurer, il est à côté de nous
pour nous y aider et porter avec nous le ‘Joug’ de la vie (cf.
Matthieu 11,29-30)
La foule de Jéricho disait à l’aveugle qui mendiait : « Confiance,
lève-toi ; il t’appelle. » (Marc 10,50) c’est aussi ce que
nous disent les Ecritures, levons-nous car nous sommes appelés à la Vérité.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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25 novembre 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°1043
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Alors, tu es roi ?
L’écriture du grec ancien n’avait pas de ponctuation ; les textes
étaient davantage faits pour être lus devant un auditoire plutôt que par
les particuliers dans l’intimité. Le narrateur avait donc le choix du
ton à donner à sa lecture pour la rendre plus expressive. Les traducteurs
d’aujourd’hui sont quelquefois bien embarrassés pour transcrire ce qu’ils
estiment être le ton juste, la ponctuation habituelle les aide à cela.
Ainsi cette phrase de Pilate rapportée par l’évangéliste saint Jean change
de sens suivant la ponctuation qui va être utilisée…
Avec un point d’exclamation, ce serait une affirmation péremptoire de
la part du procurateur. Une espèce de victoire : il aurait réussi
à faire avouer à cet homme qu’il prétendait à la royauté en Israël, qu’il
refusait ainsi la domination de Rome. Il est donc bien ce que les grands-prêtres
prétendent dans leur dénonciation.
Avec un point simple, l’affirmation serait moins forte, une constatation
élémentaire, presque une évidence.
Avec des points de suspension, cette phrase devient plutôt une interrogation
ou une méditation de la part du procurateur, laissant une certaine place
au doute. Cet homme ne serait-il pas vraiment ce qu’il prétend et les
grands-prêtres ne l’auraient dénoncé que pour s’en débarrasser et garder
le pouvoir entre leurs mains ?
Les traducteurs de la Bible de la liturgie catholique ont choisi le point
d’interrogation. L’Eglise catholique estime donc que le rôle de Pilate
se situe dans un interrogatoire. Cette question est présentée comme un
complément de la première : « Es-tu le roi des Juifs ? ».
En bon juge, le procurateur veut savoir avant de trancher et rendre un
jugement le plus équitable possible. L’Eglise le montre méditatif :
ni convaincu par les allégations des grands-prêtres, ni persuadé par les
réponses de Jésus. Pour lui c’est une querelle intestine du peuple juif
à laquelle il préférerait ne pas être impliqué.
Ni les grands prêtres ni Pilate ne pouvaient comprendre les paroles de
Jésus. Ils ne pouvaient pas envisager qu’il fût le Christ ! Les Apôtres
aussi l’avaient abandonné…
C’est la Résurrection et l’Ascension qui montrent la véritable royauté
du Fils : il est le Christ, roi éternel de l’univers !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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21 novembre 2021
Paroisses Nesle & Athies
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n°1245
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Dis-tu cela de toi-même ?
« Es-tu le roi des Juifs ? » En posant cette question,
Pilate se place dans un monde immédiat et temporel. Jésus déplace le problème
en disant : « Ma royauté n’est pas de ce monde. » Il change
la donne et ne se place plus au niveau du peuple juif mais au niveau de
l’au-delà. Jésus n’est pas seulement roi du peuple juif, des descendants
d’Abraham, il est le Roi de la Création.
Il est dommage que la liturgie de ce jour coupe la réflexion dite comme
pour lui-même de Ponce Pilate : « Qu’est-ce que la Vérité ? ».
Car c’est cette question que nos contemporains pourraient se poser à propos
de la Royauté du Christ.
Pour certains, la Vérité est celle d’un Christ Roi immédiat. Ils voudraient
que le monde entier soit régi par l’Eglise dans une gestion temporelle.
Mais l’Evangile ne donne pas une solution pour une société humaine idéale,
il nous propose une communion avec Dieu, Père, Fils et Esprit Saint à
la fois personnelle et communautaire, tous ensemble mais sans fusion,
unis mais pas uniformisés.
D’autres, au contraire, verront la Vérité partout où l’homme cherche
Dieu ; favorisant ainsi un syncrètisme de toutes les religions. Jésus
le Christ ne serait plus qu’un Roi intemporel sans relation directe avec
la société humaine et ses religions. Il serait venu pour offrir sa vie
pour que les hommes soient sauvés mais serait sans interférence sur la
vie personnelle de ceux qui sont sauvés.
D’autres encore ne verront aucune Vérité intrinsèque : l’homme n’est
qu’un animal parmi beaucoup d’autres. Il ne peut ni s’élever ni être élevé
par une puissance surnaturelle – si elle existe. Jésus n’est alors qu’un
illuminé qui n’a fourni que l’occasion d’une nouvelle formation humaine
sans plus d’intérêt que les autres : l’Eglise.
La réponse à cette question est donnée par anticipation, par Jésus lui-même,
dans la fin du fragment d’Evangile lu aujourd’hui : Il ne s’agit
pas de possèder la Vérité, il s’agit de lui appartenir. Celui qui possède
quelque chose connaît cette chose, celui qui appartient à quelque chose
ou à quelqu’un fait confiance à ce qu’il ne connaît que par bribes.
C’est ce qui nous est demandé. Appartenir au Christ-Roi en confiance.
Ne tentons pas de le possèder.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde d’Athies
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