29 octobre 2006
Brigade Franco-Allemande
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n°278
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Que veux-tu que je fasse pour toi ?
Cet homme criait « Fils de David, aie pitié de moi ! »
Il avait donc entendu parler de ce prophète étrange qui parcourait les
routes de Judée en proclamant que le Règne de Dieu était proche et en
faisant des miracles.
Curieuse question que Jésus pose à cet aveugle qui se précipite vers
lui ! Il était évident que cet aveugle avait un espoir insensé :
voir. Mais Jésus veut que la demande vienne de lui, qu’il formule lui-même
son attente.
Habitué à sa cécité, l’infirme aurait pu préférer avoir une fortune qui
lui aurait permis de vivre confortablement et de plus avoir à mendier,
mais il exprime la demande qui va le faire redevenir un homme libre et
autonome.
A côté de ce miracle que fait Jésus près de Jéricho au début du 1er
siècle, il y a une lecture spirituelle qui est intemporelle et qui vise
personnellement chacun d’entre nous.
Nous sommes aussi atteints d’aveuglements divers, nous ne voyons pas
nos péchés et lorsque nous les voyons, nous les minimisons par des excuses
fallacieuses ; par contre nous jugeons les autres sans leur donner
la moindre circonstance atténuante.
A la lumière de cet évangile, nous prenons conscience que c’est par la
même demande franche et directe faite au Christ dans la prière que nous
pourrons être des hommes et des femmes libres et avancer dans la vie sans
trébucher sur les obstacles et non plus à tâtons.
« Fils de David, aie pitié de moi » préfigure le « Seigneur,
prends pitié » que nous chantons au début de la messe, sans doute
avec moins de force et d’espérance que l’aveugle sur le chemin. « Rabbouni,
que je voie ! » correspond à ce mot, cet « Amen ! »
que nous disons en demandant de reconnaître sincèrement dans l’hostie
consacrée le Corps du Christ, le Fils Unique du Père qui se donne à nous.
La suite du miracle relatée dans les évangiles s’applique aussi à nous :
« Il suivait Jésus sur la route » Forts de cette vision
du Christ dans son sacrifice, nous le suivons sur la route qu’il nous
indique. Nous ne marchons pas en nous guidant à l’aide d’un bâton inerte
mais guidé par l’Esprit Saint qui nous est donné sans compter.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier de la Garnison d’Immendingen
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25 octobre 2009
Fort Neuf de Vincennes
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n°448
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Il courut vers Jésus !
Un aveugle est sur le bord du chemin lorsque Jésus sort de Jéricho. Il
a entendu parler par la rumeur publique de cet homme qui fait des miracles
et dont la prédication transporte les auditeurs. Il s’écrie donc « Prends
pitié de moi ! » Au moment où il crie cette phrase qu’attend-il ?
Une obole ? Un mot de consolation ou d’espoir ? Davantage ?
Toujours est-il que lorsqu’on lui dit que Jésus l’appelle il jette son
manteau, la seule possession inaliénable dont il est dit dans les prescriptions
que Dieu donne à Moïse : « Si tu prends en gage le manteau
de quelqu'un, tu le lui rendras au coucher du soleil. C'est sa seule couverture,
c'est le manteau dont il enveloppe son corps, dans quoi se couchera-t-il ?
S'il crie vers moi je l'écouterai, car je suis compatissant, moi ! »
(Exode 22,26-27) C'est-à-dire qu’il se dépouille même de son nécessaire
pour aller vers Celui qui l’appelle.
Mieux encore, cet homme qui habituellement marche en tâtonnant son chemin
à l’aide d’un bâton, bondit et se met à courir vers Jésus. C’est une grande
preuve de confiance : si le Maître l’appelle, il enlèvera tous les
obstacles sur toute la distance qui le sépare de lui.
A côté de l’aveugle qui nous montre combien la confiance en Jésus Christ
peut éliminer les obstacles, il y a aussi les personnes qui transmettent
l’appel du Christ en lui disant, : « Confiance, il t’appelle ! »
En cette année où l’Eglise nous demande de réfléchir sur la vocation,
ce passage de l’évangile de Marc nous incite à regarder notre vie. Avons-nous
été un jour ou l’autre des personnes appelantes au Nom de Jésus Christ,
en d’autres termes avons-nous osé dire à quelqu’un cette phrase pleine
de sens et d’espoir : Confiance, il t’appelle ! Une communauté
vivante est une communauté qui est un relais pour les appels que le Père
lance.
D’autre part, si nous-mêmes entendons un appel particulier du Père à
suivre son Fils sur un chemin ou un autre, nous devons avoir cette même
confiance sachant que le parcours sera aplani par le Christ lui-même :
il nous permettra d’arriver jusqu’à lui malgré les handicaps liés à nos
faiblesses ou les difficultés qui pourraient nous paraître insurmontables.
Il semble impossible à un aveugle de courir vers un but précis sans tomber,
il peut sembler impossible également à un homme ou à une femme de répondre
à l’appel de Dieu. Dans les deux cas, ce n’est pas par leurs propres forces
qu’ils peuvent réussir mais dans la confiance à Dieu, Père, Fils et Esprit.
Pour réaliser notre vocation personnelle, prions le Père de nous donner
cette confiance en son Fils, alors nous serons remplis de l’Esprit Saint.
Père JeanPaul Bouvier
aumônier de Vincennes
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28 octobre 2012
Secteur Vermandois
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n°637
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Il t’appelle
Dans ce passage d’évangile, il y deux sortes de personnes. Les premières
essaient de faire taire ce mendiant aveugle, il n’a pas sa place auprès
de ce prophète car dans la conception de beaucoup, son infirmité ne peut
venir que d’une punition divine due à ses péchés. Les secondes lui transmettent
l’appel de Jésus « Confiance, lève-toi, il t’appelle. »
Il est même vraisemblable que certains de ceux qui suivent Jésus commencent
par rabrouer l’aveugle pour ne pas déranger le Maître puis, de façon plus
ou moins hypocrite en voyant que Jésus s’y intéresse, facilitent sa rencontre…
Au cours des siècles, de grands saints ont ainsi été dénigrés au début
de leur vocation parce qu’elle dérangeait les habitudes. Grâce à leur
ténacité et l’œuvre de l’Esprit Saint, ils ont été reconnus comme inspirés
par Dieu et réellement porteurs d’un message divin pour leur époque. Ceux
qui comptaient parmi leurs plus grands détracteurs du départ devenaient
souvent leurs plus grands supporters.
Notre siècle ne fait pas exception à la règle : nos communautés
sont toujours aussi frileuses lorsqu’il s’agit d’innover et les réticences
s’expriment fortement : ‘On n’a jamais fait ça !’ ou
bien ‘ça ne peut pas marcher !’… Puis si, grâce à la pugnacité
de l’innovateur, ‘ça’ porte des fruits le ton change et les mêmes
s’exclament : ‘Je l’avais bien dit’ ou bien ‘J’y ai toujours
cru’…
Trois leçons sont à tirer de ces constatations :
- Une première pour nous qui sommes si prompts à juger et à condamner
des initiatives qui ne nous semblent pas être en phase avec ce que nous
pensons ou voulons ; nous considérons que toute façon d’envisager
et de vivre la foi qui est différente de la nôtre ne peut être que mauvaise
et promise à l’échec. Nous risquons en faisant cela de détourner des
hommes et des femmes de la personne du Christ : comme dans l’évangile,
à cause de nos certitudes, nous faisons taire ceux qui appellent comme
Bartimée « Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! »
- Une deuxième, pour nous qui voulons avancer et faire avancer les hommes
et femmes vers le Christ pour oser entreprendre face à l’immobilisme
ambiant. La seule condition est que nous soyons mandatés par le Christ :
« Appelez-le » dit-il à ses disciples ; toute
entreprise doit être faite en référence au Christ et dans un esprit
d’ouverture et de prières.
- Une troisième pour nous qui sommes isolés et dans l’obscurité, l’évangile
nous montre que l’appel « Jésus, fils de David, aie pitié de
moi ! » ne reste jamais sans réponse et que le Fils unique
du Père me demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Nous sommes alternativement l’aveugle qui demande l’aide de Jésus, les
disciples qui veulent l’écarter et les disciples qui transmettent l’appel.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur du Vermandois
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25 octobre 2015
Secteur Vermandois
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n°840
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Le roi Melkisédek
Le personnage énigmatique du roi de Salem, Melkisédek, n’apparaît que
trois fois dans l’ensemble de la Bible. Une fois dans le livre de la Genèse :
« Melkisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin :
il était prêtre du Dieu très-haut. » (14,18) ; dans un des
psaumes Royaux : « Le Seigneur l'a juré dans un serment irrévocable
: « Tu es prêtre à jamais selon l'ordre du roi Melkisédek. » (109[110],4) ;
il bénéficie d’un long développement dans l’épître aux Hébreux (7,1-21)
où l’auteur montre en cet homme une préfiguration du Christ qui doit venir
accomplir les promesses.
Dans le livre de la Genèse, Melkisédek est présenté comme le prêtre du
Dieu très-haut, cette expression ne peut être que le Dieu qui s’est révélé
à celui qui porte encore le nom d’Abram, d’ailleurs ce dernier lui verse
une dîme en reconnaissance de sa fonction auprès de son Dieu. Il est roi
de Salem, c'est-à-dire roi de paix. L’offrande qui est effectuée se constitue
de pain et de vin. La similitude est grande avec Jésus venu prêcher la
paix et l’amour en livrant sa vie pour les péchés des hommes et en demandant
à ses Apôtres de perpétuer son sacrifice en offrant son Corps et son Sang
par la consécration de pain et de vin.
Dans le Psaume, le Seigneur qui vient est défini comme appartenant au
même ordre que le roi Melkisédek, prêtre du très-haut et roi de paix.
Il ajoute que le Seigneur promis siège à la Droite de Dieu c’est-à-dire
qu’il a en lui la puissance de Dieu et la Gloire de siéger au même niveau
que Dieu, il est donc supérieur à Melkisédek. Comme ce personnage désigné
Seigneur est engendré par Dieu, il est le Fils engendré de Dieu.
L’auteur de l’épître aux Hébreux reprend ces différents sens en les élargissant
par la comparaison avec le grand prêtre de Jérusalem à qui la Loi prescrit
d’offrir des sacrifices pour ses propres péchés et de renouveler ces sacrifices
à chaque fois qu’il se présente devant Dieu. Jésus, exempt de tout péché,
a offert une fois pour toutes l’éternel sacrifice qui plaît au Père qui
n’a pas besoin d’être renouvelé. Les chrétiens ne renouvellent pas le
Sacrifice du Fils lorsqu’ils célèbrent la messe, ils en font mémoire,
c’est-à-dire qu’ils le rendent présent dans leur vie.
Le roi Melkisédek n’occupe certainement pas le centre de nos pensées
ou de nos prières, mais ces incises dans le livre de la Genèse et dans
le Psaume 109(110) montrent que le Peuple de Dieu a été préparé à recevoir
la visite du Fils éternel du Père. D’autres exemples de cette préparation
sont cités par Jésus dans sa prédication comme la reprise de la prophétie
d’Isaïe dans la synagogue de Nazareth (cf. Luc 4,16-21) ou l’évocation
de Jonas le prédicateur de Ninive (cf. Matthieu 12,39-40)
Ces clins d’œil bibliques nous invitent à regarder dans notre propre
vie les lieux où le Seigneur nous envoie des signes de sa présence, où
Il nous invite à aller plus loin sur le chemin qui conduit à Lui. Avec
l’aveugle de Jéricho demandons au Seigneur de voir tous ces signes et
‘aussitôt nous retrouverons la vue et nous suivrons Jésus’ (cf.
Marc 10,52)
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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21 octobre 2018
Paroisses Nesle & Athies
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n°1037
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Faire taire
« Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire »
(v.48) Ce n’est qu’un mendiant aveugle, ils ne vont pas déranger le ‘Maître’
pour une personne de si peu d’importance. Cet homme ne veut sans doute
que geindre, récriminer sur son état et quémander quelque aumône :
ne demande-t-il pas la pitié ? Pourtant, lorsqu’il perçoit son appel,
Jésus demande à ce qu’il soit appelé auprès de lui. Quelques versets auparavant,
saint Marc a rappelé que Jésus s’était fâché lorsque les disciples empêchaient
les enfants de venir à lui (cf. 10,14-16)
Le Seigneur avait dit à Samuel : « Dieu ne regarde pas comme
les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde
le cœur. » (1 Samuel 16,7). Dieu-le-Fils a le même regard sur
les hommes : il voit l’intention et non pas l’extérieur ; il
ne voit pas l’aveugle mendiant, il constate l’espérance et la foi qui
sont dans cet homme.
La foi de cet aveugle est telle qu’au lieu d’écouter ceux qui veulent
le faire taire, il crie de plus belle et plus fort : « Fils
de David, prends pitié de moi ! » (v.48) Il sait que Jésus
peut faire un miracle pour lui, il a confiance et ose lui demander l’impossible :
« Rabbouni, que je retrouve la vue ! » (v.54)
et il est exaucé !
Est-il possible d’imaginer ce que pensent les personnes qui voulaient
le faire taire ? Ont-elles des regrets à propos de leur comportement
passé et sur leur manque de confiance dans le ‘fils de David’ ?
Pensent-elles à tout ce qu’elles auraient pu demander ?
Mais en réfléchissant bien, nous constaterons que c’est notre attitude
habituelle : dans notre relation avec Dieu, Père, Fils et Esprit,
que ce soit notre relation personnelle ou la relation communautaire, nous
ne voulons ‘pas de vagues’ et nous demandons à ceux que nous considérons
comme des perturbateurs de se taire, nous pensons que ‘notre’ Jésus
ne peut pas s’intéresser à ce qu’ils proposent. Heureusement certains
se passent de nos injonctions et crient de plus belle jusqu’à se faire
entendre, ils osent demander l’impossible et ils sont exaucés.
Ce sont ceux qui demandent qui reçoivent ! Comme chrétien, je dois
demander l’impossible avec la même confiance et la même foi que Bartimée,
l’aveugle de Jéricho et, guéri de mes infirmités, je suivrai le Fils sur
son chemin.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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24 octobre 2021
Paroisses Nesle & Athies
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n°1241
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Les obstacles disparaissent
La première réaction des disciples de Jésus par rapport à cet aveugle
qui crie est de le faire taire : Jésus sort de Jéricho, il se dirige
vers une autre destination pour y annoncer la Bonne Nouvelle, il n’y a
pas de raison valable de retarder son départ pour un mendiant qui réclame
une aumône.
Mais le fils de Timée n’a pas l’intention de demander de l’argent :
il a entendu qu’il s’agissait de Jésus de Nazareth et on lui a raconté
tout ce que cet homme faisait lors de ses déplacements en Palestine et
ses prédications sur l’amour de Dieu. Dès lors un fol espoir nait en lui,
et si IL pouvait faire quelque chose pour lui ? Il n’écoute pas ceux
qui veulent le faire taire, mais au contraire il crie de plus belle.
Parmi tous les bruits de la foule, Jésus entend cet appel plein d’espoir.
Dieu le Fils ressent qu’une femme a touché son manteau (cf. Luc 6,43ss)
et il n’entendrait pas un homme qui crie vers Lui ?
Lorsque Bar Timée entend ce qu’on lui dit : « Confiance,
il t’appelle » il se met à courir vers Jésus. Courir ! Pour
un aveugle ! Cela change complètement de la marche hésitante guidée
par un bâton qu’il utilisait jusque-là pour essayer de déjouer les pièges
du chemin : trous, pierres, marches… Bar Timée sait que si le fils
de David l’appelle, il a enlevé tout ce qui pourrait le faire chuter quelle
que soit la distance qui les sépare.
Effectivement il rejoint Jésus sans encombre pour entendre cette parole
inespérée : « Que ceux-tu que je fasse pour toi ? »
et plein de confiance il ose demander l’impossible : « Que
je voie ! »
Comme toujours dans les passages d’évangile, chacun d’entre nous peut
prendre la place de n’importe quel participant. Serons-nous parmi ceux
qui dont taire les hommes et femmes qui ont de folles espérance dans le
Christ ? Ou au contraire parmi ceux qui relayent l’appel de Dieu ?
Serons-nous, comme cet aveugle, capables de courir sur le chemin que le
Seigneur nous indique en étant sûrs qu’il en a enlevé tous les dangers ?
Ou encore comme les Christs que nous sommes devenus par le Baptême serons
attentifs aux aspirations de eux qui nous entourent.
Prenons le temps de relire ce passage pour mieux discerner où nous nous
situons.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la Paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la Paroisse sainte Radegonde
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