11 octobre 1998
Lycée Militaire d'Autun
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n°64
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Naaman
Il est utile de rappeler le passage qui précède la guérison
de Naaman qui nous est proposée par la liturgie aujourd'hui.
Naaman, général étranger au peuple d'Israël,
plus ou moins un ennemi, est devenu lépreux. La lèpre est
une maladie d'autant plus grave qu'elle est extrêmement contagieuse
et qu'il en résulte une exclusion totale de celui qui en est atteint
: il est retranché du peuple des vivants et demeurent à
part à l'extérieur de la ville.
Quelqu'un lui parle d'un prophète au pays d'Israël qui est
proche de son Dieu et qui peut faire des miracles. Après en avoir
demandé l'autorisation au roi d'Israël, Naaman vient devant
la demeure du prophète Elisée pour le supplier de le guérir.
Elisée, sans se déplacer, lui fait dire d'aller se plonger
sept fois dans le Jourdain. Entendant cela, le général entre
dans une grande colère car il pensait qu'Elisée ferait des
gestes cabalistiques sur les parties malades en prononçant des
formules incantatoires. Il décide de repartir malade dans son pays.
C'est alors qu'un de ses serviteurs lui dit : "Si le prophète
t'avait demandé quelque chose de difficile, tu l'aurais fait ?
- assurément répond Naaman, - Puisqu'il te demande quelque
chose de facile pourquoi ne le ferais-tu pas ? " C'est ce que fait
Naaman et il est guéri.
J'ai restitué ce contexte parce qu'il me semble tout à
fait convenir à notre situation de chrétiens d'aujourd'hui.
Nous voudrions tellement que Dieu nous confie une mission difficile, quelque
chose de quasiment impossible où les hommes pourraient voir sa
puissance à travers nos actes.
Or, il n'en est rien !
Dieu nous propose d'annoncer aux hommes qu'il les aime, simplement, directement,
par nos actes et par nos paroles. Il nous demande de vivre comme des hommes
restaurés dans une totale communion avec lui ; mais il nous le
demande avec ce que nous sommes. Il ne cherche pas à faire des
miracles, à nous changer radicalement pour montrer sa puissance
aux hommes - au contraire - c'est à travers notre humanité
qu'il va montrer sa divinité. C'est pour cela que le Fils Unique
du Père est venu parmi les hommes, pour nous montrer que l'humanité
est estimable au point de s'incarner dans la même chair que nous.
C'est en étant pleinement homme que nous démontrons l'Etre
de Dieu. Ne cherchons pas des signes magiques ou des paroles imprécatoires.
Ne soyons pas les Naaman d'aujourd'hui mais des "Christs ",
homme ou femme ayant reçu l'onction de l'Esprit pour vivre une
pleine vie humaine avec nos frères les hommes.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
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13 octobre 2001
Forces Armées de Guyane
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n°120
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Les dix lépreux
Dans nos pays occidentaux, nous avons du mal à imaginer ce que
pouvait être la lèpre en Palestine à l'époque
de Jésus. Nous savons que c'est une maladie extrêmement contagieuse
mais, aujourd'hui, les soins et la guérison sont possibles. A l'époque,
et à la nôtre dans certaines régions du monde, la
lèpre était synonyme d'exclusion. N'ayant pas les moyens
médicaux de la combattre, les peuples chassaient les lépreux
à l'écart des endroits habités. C'est pourquoi les
10 lépreux s'arrêtent à distance de Jésus,
ne voulant pas le contaminer en s'approchant.
La seule chose que Jésus leur dit est " allez vous montrer
aux prêtres " selon la Loi de Moïse. Pas de paroles magiques,
mais de gestes thaumaturges, rien que cette demande de respecter la Loi.
Mais pour les malades, cette parole de Jésus correspond à
tout cela, ils savent que si, Lui, leur demande d'aller se montrer aux
prêtres, c'est qu'il les a guéris et que les prêtres
devront constater cette guérison.
Effectivement, ils sont guéris en chemin.
Jésus est le dispensateur de la Loi de Moïse, le Fils éternel
du Père était présent lorsque Moïse l'a reçue.
A ce titre, il n'est pas soumis à la Loi, mais il veut montrer
aux hommes que les miracles qu'il peut faire s'inscrivent dans le projet
éternel de son Père et de note Père. La Loi qui a
été donnée doit être respectée. La foi
au Christ ne change pas la Loi, Jésus est venu pour l'accomplir,
c'est à dire la rendre complète et il précisera que
" la Loi est faite pour l'homme ; l'homme n'est pas fait pour la
loi " Cela ouvre toutes les perspectives : si la Loi est préjudiciable
pour l'homme, il faut la modifier, non sur le fond mais sur la forme.
Le christianisme renvoie chaque homme à sa conscience : la Loi
donnée par le Seigneur est bonne, comment puis-je l'interpréter
aujourd'hui, dans les circonstances présentes.
Ce n'est que par la prière et la fréquentation des Sacrements
que nous pouvons répondre à ces questions fondamentales
pour notre vie en Dieu.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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13 octobre 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°339
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On n’enchaîne pas la Parole de Dieu
Cette phrase que saint Paul écrit à son ami Timothée (Je crains Dieu)
est l’essence même de la vie de saint Paul. Converti par l’apparition
du Christ sur le chemin de Damas, il ne cesse d’annoncer l’Evangile à
temps et à contretemps comme il le dira dans la même épître (4,2) A partir
de son exemple propre, saint Paul invite son correspondant à ne pas avoir
peur d’annoncer la Bonne Nouvelle autour de lui.
Cet écrit s’adresse aussi à nous-mêmes qui somme aussi des ‘Timothée’
en craignant, comme l’interlocuteur de saint Paul, de nous séparer de
l’amour de Dieu. Mais trop souvent nous hésitons à parler de l’Evangile
de peur d’être mal reçu ; pire même nous acceptons quelquefois une
ironie facile, voire une critique acerbe, sur notre religion sans réagir
vivement.
Dans une autre de ses lettres (1Co 9,16) saint Paul dit : « Malheur
à moi si je n’annonce pas l’Evangile » Le ‘Malheur’ dont
il parle n’est pas une malédiction divine, mais l’absence du bonheur d’annoncer
la Bonne Nouvelle aux hommes, même si ceux-ci ne la reçoivent pas toujours
avec l’oreille et le cœur ouverts.
Toutefois, saint Paul ne conseille pas à Timothée de faire la même chose
que lui et d’être emprisonné à cause de la prédication ; il y a plusieurs
façons d’annoncer la Parole de Dieu et chacun d’entre nous a reçu une
grâce spécifique pour alerter ses contemporains à sa manière. Tel(le)
sera appelé(e) à partir au loin pour être missionnaire, tel(le) autre
devra annoncer le Salut dans son entourage par une qualité de vie conforme
à l’amour de Dieu.
L’essentiel est que nous ne soyons pas de ceux qui enchaînent la Parole
de Dieu et la gardent pour eux-mêmes. Le péché de respect humain
dont souffre l’église catholique française actuelle étouffe la Bonne Nouvelle
et empêche que nos concitoyens connaissent la personne de Jésus Christ,
deuxième personne de la sainte Trinité, venu offrir sa vie pour la Rédemption
et nous promettre de nous donner l’Esprit Saint.
Marc 13,11 « Et quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous
préoccupez pas de ce que vous direz, mais dites ce qui vous sera donné
sur le moment: car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit Saint. »
père JeanPaul Bouvier
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10 octobre 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°497
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Allez vous montrer aux prêtres
Un spectateur de cette scène pourrait penser que Jésus ne veux pas que
les lépreux s’approchent de lui et il se débarrasse de ces gêneurs en
les envoyant vers ceux qui sont compétents pour juger l’état de la maladie ;
en d’autres termes, ‘ce n’est son problème’. Si ce même spectateur
était parti après cette injonction, il n’aurait pas vu revenir le lépreux
purifié, un Samaritain, et, n’ayant pas constaté le miracle de guérison,
il aurait pu penser que ce prophète adulé par les foules était bien peu
accueillant des misères humaines. Le croyant doit donc prendre l’ensemble
de l’évangile pour le comprendre, des scènes isolées seraient dénuées
de sens et pourraient même apporter des contresens.
L’évangile est éternel. A côté de cet épisode de la vie de Jésus et du
miracle de ces lépreux guéris, Jésus donne un conseil à tous ceux qui
lui crient comme ces hommes malades : ‘Jésus, maître, prends pitié
de nous’, ce conseil est toujours le même : ‘Va te montrer
au prêtre’.
Nous pensons spontanément aux maladies pour lesquelles l’épître de saint
Jacques stipule : « Quelqu'un parmi vous est-il malade ?
Qu'il appelle les presbytres [prêtres] de l'Eglise et qu'ils prient sur
lui après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi
sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés,
ils lui seront remis. » (Jacques 5,13-15) C’est la base scripturaire
du Sacrement des malades de l’Eglise Catholique.
Cela est encore plus vrai de la maladie contagieuse qu’est le péché !
Il est facile de réciter le ‘Je confesse à Dieu’ au début de la
messe et de chanter de tout son cœur ‘Seigneur, prends pitié de nous’
mais entendons-nous en même temps le conseil du Christ : ‘Va te
montrer au prêtre’ pour recevoir le Sacrement du Pardon de Dieu ?
Dans le même esprit, lorsque nous avons rencontré le prêtre et reçu la
guérison de nos péchés, pensons-nous à ‘revenir sur nos pas en glorifiant
Dieu à pleine voix’ comme ce Samaritain ?
Ces deux Sacrements, celui des Malades et celui de Réconciliation et
de Pénitence, sont un peu oubliés aujourd’hui, le premier en raison de
la connotation de sacrement de fin de vie, le second parce que les chrétiens
s’en dispensent, pensant que Dieu connaît déjà leurs péchés et qu’ils
sont déjà pardonnés, ce n’est pas la peine de faire ce genre de démarche
sauf cause gravissime.
Les miracles de l’Evangile ont lieu lorsqu’il y a une demande sincère
de la part d’une personne, demande quelquefois non-formulée comme dans
le cas de la femme pécheresse chez le pharisien (cf. Luc 7,37ss) mais
toujours suppliante. Ce sont des personnes quelconques, juifs ou non-juifs,
hommes ou femmes, pauvres ou riches, jeunes ou vieux le Christ prend du
temps pour eux, pour écouter leur demande et l’exaucer.
Beaucoup de questions sortent de ce constat, retenons-en simplement deux :
- Sur moi-même : est-ce que je sais dire sincèrement, sur un sujet
précis : ‘Seigneur prends pitié ?’ ou bien je n’y pense
même pas ?
- Sur la prière universelle que nous préparons pour les messes du dimanche
sont-elles sincères et concernent-elles notre communauté ou bien sont-elles
tellement abstraites qu’elles n’ont plus de sens ?
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique du Fort Neuf de Vincennes
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13 octobre 2013
Secteur Vermandois
n° 683
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Simplicité
Le général syrien Naaman avait entendu parler d’Elisée, le prophète d’Israël
et, désirant être guéri de sa lèpre, il fait le déplacement avec de nombreux
cadeaux de valeur. Il attendait beaucoup de la part de l’homme de Dieu
« Voici, je me disais : Il sortira vers moi, il se présentera
lui-même, il invoquera le nom de l’Eternel, son Dieu, il agitera sa main
sur la plaie et guérira le lépreux. » (2Rois 5,11) Or il n’en
est rien, Elisée ne lui envoie que son serviteur lui prescrire de se laver
sept fois dans le Jourdain pour purifier sa maladie.
Aux dix lépreux qui implorent : « Jésus, maître, prends pitié
de nous. » Jésus demande simplement d’aller se montrer aux prêtres
qui seuls sont habilités à constater la guérison et offrir les sacrifices
pour réintégrer ces hommes dans la communauté (cf. Lévitique 14,1ss) La
guérison intervient alors qu’ils obéissent au conseil du Christ.
Dans les deux cas, c’est en acceptant des actions simples que ces lépreux
sont guéris, le ‘miracle’ se fait parce que ces hommes font confiance
à la Parole de Dieu ; il n’y a pas de tours de passe-passe, ni de
vociférations, ni d’incantations, ni même de prière apparente. Ces manifestations
thaumaturges théâtrales ne sont pas nécessaires, la Parole créatrice est
suffisante: « Dieu dit et cela fut ! » (cf. Genèse
1)
Cette Parole de Dieu n’est pas inaccessible : « C’est une
chose, au contraire, qui est tout près de toi, dans ta bouche et dans
ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. » (Deutéronome 30,14)
C’est une Parole qui sauve l’humanité de la lèpre du péché : « quiconque
entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à
un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. » (Matthieu
7,24) En même temps, c’est une parole simple : « Je te loue,
Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses
aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants.
Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi. » (Luc 10,21)
elle ne demande qu’à être vécue dans la confiance et la foi.
La leçon que nous pouvons tirer de ces lectures pour ce dimanche est
limpide, elle nous indique que la Parole de Dieu est facile à appliquer
dans notre vie : en écoutant le Seigneur notre vie sera transformée.
Les dix lépreux ont été guéris sans restriction, un seul rend gloire
à Dieu ‘à pleine voix’. Serons-nous comme les neuf lépreux guéris
qui ne remercient pas ou bien, à l’exemple de Naaman et du lépreux samaritain,
savons-nous rendre grâce pour la rémission de nos péchés ?
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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9 octobre 2016
Paroisses Nesle & Athies
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n°898
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Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ?
Ce n’est pas véritablement une question : Jésus sait que les dix
lépreux ont été purifiés, il leur a spécifié « allez vous montrer
aux prêtres » pour que ceux-ci puissent constater la guérison
et offrir les sacrifices d’expiation et de purification selon la Loi de
Moïse (cf. Lévitique 14,3-20) Cette phrase est plutôt une expression désabusée
qui est complétée par la constatation que seul cet ‘étranger’ (un
Samaritain !) revient vers Jésus pour « rendre gloire à Dieu »
Ce miracle fait suite à la parabole du ‘simple serviteur’ qui
reconnaissait n’avoir fait que son travail. De même, les neuf autres lépreux
guéris ne font que ce que Jésus leur a demandé : ils
étaient pressés d’aller se montrer aux prêtres au Temple de Jérusalem,
ils avaient hâte que la reconnaissance de leur guérison soit faite pour
ne plus être exclus et retrouver toute leur place dans la société humaine.
Pour le Samaritain, la louange de Dieu est le seul élément qui ne peut
attendre ; constatant lui-même sa guérison, « il revient
sur ses pas » pour témoigner de la réalité du miracle auprès
de ceux qui suivent Jésus. Son geste d’adoration en se prosternant devant
le Maître manifeste aux yeux de tous qu’il reconnaît en lui une personne
qui possède en elle la puissance de Dieu.
« Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » Cette
conclusion a dû choquer les auditeurs : pour eux, juifs fidèles et
pratiquants, la façon de croire des Samaritains est imparfaite, comment
la foi de celui-ci pourrait-elle le sauver ? En parlant de ‘sauver’
Jésus ne fait pas seulement allusion à la guérison de ce lépreux mais
au Salut éternel que cet homme vient de montrer au reste du monde par
son attitude par rapport au don de Dieu, la foi en Jésus ouvre à la vie
éternelle : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra »
(Jean 11,25)
Nous pouvons très bien faire comme les neufs lépreux purifiés partis
vers Jérusalem en ne faisant que ce que Dieu le Fils me
demande, ma lèpre, quelle qu’elle soit, sera guérie et je prendrai ma
place parmi les hommes. Mais le récit de ce miracle nous rappelle que
l’essentiel est ailleurs, il est dans la louange et le témoignage. Ce
passage d’évangile m’invite à prendre le temps de revenir sur mes pas,
de constater les dons que Dieu, Père, Fils et Esprit a mis en moi, affirmer
ma foi par des attitudes d’adoration et d’action de grâces.
N’oublions pas le début de ce récit, les dix lépreux commencent par implorer
Jésus : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »
En demandant l’aide de Dieu le Fils, comme au début de la messe, nous
serons guéris et nous pourrons témoigner du Salut offert à toute l’humanité,
même si notre façon de croire n’est pas parfaite…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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13 octobre 2016
Paroisses Nesle & Athies
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n°1108
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Cet étranger !
Les Juifs de Judée, la région où se trouve Jérusalem, considèrent les
Galiléens comme des personnes plus ou moins incultes, un futur Apôtre
ne dit-il pas : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose
de bon ? » (Jean 1,46). A fortiori, les Samaritains situés
entre la Galilée et la Judée sont considérés comme hérétiques car s’ils
respectent la Loi de Moïse, ils sont exclus du culte à Jérusalem. Pour
pallier cette interdiction, ils ont construit un autre Temple pour offrir
des sacrifices au Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob sur le mont Garizim !
(cf. Jean 4,19-24) Un sacrilège impie pour les juifs orthodoxes.
Aux dix lépreux qui implorent sa pitié, Jésus dit simplement « Allez
vous montrer aux prêtres » les seuls à être habilités à constater
une guérison de lèpre et offrir les sacrifices de purification et de guérison
selon la Loi de Moïse (cf. Lévitique 14,2-32). Ce n’est qu’en chemin vers
le Temple qu’ils s’aperçoivent que la lèpre a disparu ; mais un seul
« revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. ».
Guéri, il ose s’approcher et se prosterner devant celui qui a fait ce
miracle.
Le Christ constate – sans doute avec un peu de tristesse – qu’un seul
des dix lépreux guéris est revenu pour rendre Gloire à Dieu et c’est un
Samaritain, un « étranger » ! La petite phrase qu’il
ajoute : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
a dû étonner – voire même scandaliser – les disciples qui étaient autour
de lui : comment la foi d’un Samaritain, une foi imparfaite, hérétique,
honnie par le peuple juif, peut-elle sauver cet homme ? Mais ceux-là
n’ont pas compris le sens propre des paroles de Jésus, ils confondent
guérison et salut.
La compassion du Christ a provoqué la guérison, la foi de cet homme qui
reconnaît la puissance de Dieu en Jésus, le Fils incarné le mène vers
le salut comme il l’a annoncé : « Moi, je suis la résurrection
et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque
vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jean 11,25-26) Même
affirmation de saint Paul : « Quiconque invoquera le nom
du Seigneur sera sauvé. » (Romains 1,13)
Quelle leçon pour nous, toujours si prompts à considérer que les ‘autres’
se comportent comme des Pharisiens, des Publicains ou des Samaritains !
Comme si notre façon de vivre la foi était la seule qui puisse être agréée
par la Sainte Trinité ! Le Corps du Christ, l’Eglise, tire son unité
et sa richesse dans les différences, pas dans l’uniformité : « Si
quelqu’un parle sous l’action de l’Esprit de Dieu, il ne dira jamais :
‘Jésus est anathème’ ; et personne n’est capable de dire : ‘Jésus
est Seigneur’ sinon dans l’Esprit Saint. Les dons de la grâce sont variés,
mais c’est le même Esprit. » (1Corinthiens 12,3-4)
Rendons grâce au Seigneur notre Dieu !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
et Modérateur de la paroisse saint Radegonde
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9 octobre 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1292
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Naaman
Naaman, général syrien, étranger au peuple d’Israël, est plus ou moins
un ennemipoyrntiel, il est devenu lépreux. La lèpre est une maladie d’autant
plus grave qu’elle est mutilante et surtout extrêmement contagieuse, il
en résulte une exclusion totale de celui qui en est atteint : il
est retranché du peuple des vivants et demeurent à part à l’extérieur
de la ville.
Une esclave juive lui parle d’un prophète au pays d’Israël qui est proche
de son Dieu et qui peut faire des miracles. Plein d’espérance, Naaman
vient devant la demeure du prophète Elisée pour le supplier de le guérir.
Elisée, sans se déplacer, lui fait dire d’aller se plonger sept fois dans
le Jourdain. Entendant cela, le général entre dans une grande colère car
il pensait qu’en raison de son rang, Elisée se éplacerait en personne
pour faire des gestes cabalistiques sur les parties malades en prononçant
des formules incantatoires. Il décide de repartir malade dans son pays.
C’est alors qu’un de ses serviteurs lui dit : « Si le prophète
t’avait demandé quelque chose de difficile, tu l’aurais fait ? –
assurément répond Naaman, - Puisqu’il te demande quelque chose de facile
pourquoi ne le ferais-tu pas ? » C’est ce que fait Naaman
et il est guéri.
Ainsi en est-il fr nous-mêmes : nous voudrions tellement que Dieu
nous confie une mission difficile, quelque chose de quasiment impossible
où les hommes pourraient voir la puissance de l’Esprit à travers nos actes.
Or, il n’en est rien !
Dieu nous propose d’annoncer aux hommes qu’il les aime, simplement, directement,
par des actes et par des paroles. Il nous demande de vivre comme des hommes
restaurés dans une totale communion avec lui ; mais il nous le demande
avec ce que nous sommes. Il ne cherche pas à faire des miracles, à nous
changer radicalement pour montrer sa puissance aux hommes - au contraire
– c’est à travers la simplicité de notre humanité qu’il va montrer sa
divinité. C’est pour cela que le Fils Unique du Père est venu parmi les
hommes, pour nous montrer que l’humanité est estimable au point de s’incarner
dans la même chair que nous.
C’est en étant pleinement homme que nous démontrons l’Etre de Dieu. Ne
cherchons pas des signes magiques ou des paroles imprécatoires. Ne soyons
pas les Naaman d’aujourd’hui mais des «Christs », homme ou femme
ayant reçu l’onction de l’Esprit pour vivre une pleine vie humaine avec
nos frères les hommes.
Père JeanPaul Bouvier
Curé émérite de Notre Dame de Nesle & de Sainte Radegonde
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