3 octobre 1999
Lycée Militaire d'Autun
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L'hymne aux Philippiens
La liturgie catholique nous propose régulièrement
dans les offices que chantent ou récitent les moines et les prêtres
cet hymne qui nous est donné en première lecture aujourd'hui
:
Le Christ Jésus,
ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu.
Mais il s'est anéanti,
prenant la condition de serviteur.
Devenu semblable aux hommes,
reconnu homme à son aspect,
il s'est abaissé,
devenant obéissant jusqu'à la mort,
et la mort de la croix.
C'est pourquoi Dieu l'a exalté :
il l'a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,
afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse
au ciel, sur terre et aux enfers,
et que toute langue proclame : "Jésus-Christ est Seigneur"
à la gloire de Dieu le Père.
Je laisse ce texte à votre méditation personnelle, il
permet de comprendre pourquoi nus faisons une génuflexion devant
le Saint Sacrement en entrant devant une église.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun
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28 septembre2008
Brigade Franco-Allemande
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Le Vigneron et ses deux fils
Ce n’est pas la seule fois où Jésus utilise une parabole mettant en scène
un père et ses deux fils, la plus connue est la parabole dite du fils
prodigue dans laquelle l’aîné est jaloux de l’amour que son père manifeste
au cadet.
Celle qui est proposée pour ce 26ème dimanche du Temps Ordinaire
est similaire à la précédente. Un des deux fils dit oui à son père mais
ne met pas en œuvre ce qui lui est demandé ; le second dit non mais
effectue le travail souhaité.
Les Apôtres, après avoir reçu l’Esprit Saint de la Pentecôte, comprennent
ce que ces récits signifient. L’appartenance à la descendance d’Abraham
n’est pas suffisante, encore faut-il vivre en conformité avec ce choix
de Dieu !
L’Ancien Testament possède de nombreuses narrations où le Peuple de Dieu
affirme adhérer à la volonté de Dieu et à ses commandements et à chaque
fois s’en détourne malgré les avertissements des prophètes ; c’est
le fils qui dit oui mais ne fait pas. Tout aussi nombreux sont les passages
où le Peuple se repend des écarts et retourne vers Dieu ; c’est alors
le fils qui dit non mais qui fait. Ainsi dans ce court apologue, Jésus
résume toute l’histoire d’Israël.
Comme le peuple hébreu, les chrétiens ont ces deux tendances, et même
chacun de nous a en lui ces deux fils : à certains moments de notre
vie nous serons le premier d’entre eux, à d’autres moments le second.
Nous pouvons même ajouter deux situations : celui qui dit oui et
qui fait et celui qui dit non et qui ne fait pas !
Pour suivre la volonté du Père, encore faut-il la connaître ! Pour
cela nous avons deux guides indissociables : la Parole de Dieu que
nous méditons régulièrement et la Tradition de l’Eglise qui permet de
comprendre la Parole hic et nunc.
Comme le second fils, ne nous entêtons pas dans une décision qui se révèlerait
mauvaise pour notre vie spirituelle, mais acceptons ce retour sur soi
et sur son orgueil pour mettre en œuvre le dessein du Père sur tous les
hommes.
Père JeanPaul Bouvier
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25 septembre 2011
Fort Neuf de Vincennes
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Humilité
Saint Paul nous donne la clef de la véritable humilité : estimer
les autres supérieurs à soi et se préoccuper davantage des autres que
de soi-même.
Il développe ensuite cette idée en faisant remarquer à ses correspondants
combien l’humilité du Christ a été importante en venant parmi nous, homme
parmi les hommes : « Il n’a pas jugé bon de revendiquer son
droit d’être traité à l’égal de Dieu ! »
Ainsi en est-il du chrétien, quelque soit sa qualité, son intelligence,
ses connaissances, il ne doit pas s’arroger le droit d’être traité de
façon différente des autres hommes et femmes ; se prévaloir des dons
qu’il a reçus pour dominer les autres et les rabaisser ne saurait être
un comportement compatible avec l’Evangile.
Toutefois il ne faut pas confondre humilité et humiliation ! L’humilité
est une vertu qui met en lumière les limites de chacun et la reconnaissance
de ses propres faiblesses ; l’humiliation consiste à rabaisser sciemment
une personne ou soi-même de façon à mettre cet autre dans un état d’infériorité
et de dépendance. Dieu veut que l’Homme soit debout, fier de sa condition
humaine et non prosterné ou courbé. Cette volonté de Dieu est marquée
dès le commencement lors de la Création du monde : « Dieu
créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme
il le créa. Dieu les bénit et leur dit: "Soyez féconds, multipliez,
emplissez la terre et soumettez-la. » (Genèse 1,2-28) et pour
le sauver il envoie son propre Fils : « Et le Verbe s'est
fait chair et il a campé parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire,
gloire qu'il tient du Père comme Unique-Engendré, plein de grâce et de
vérité » (Jean 1,14)
S’il n’y a pas lieu d’humilier l’homme et la femme, ‘image de Dieu’
chaque homme et chaque femme doit avoir l’humilité de rendre grâce pour
ce qu’ils sont avec l’émerveillement du psalmiste : « Qu'est-ce
que l'homme, pour que tu le connaisses, Seigneur, le fils de l'homme,
pour que tu comptes avec lui ? » (Psaume 143,3)
Reconnaître ce que je suis entraîne aussi la reconnaissance de que l’autre
est : une personne humaine aimée du Père, sauvée par le Fils et inspirée
par l’Esprit Saint. Le regard que je porte sur mon prochain est donc radicalement
changé, je ne suis plus en ‘concurrence’ avec lui mais dans une
même communion : c’est un frère – une sœur – de qui je dois me préoccuper.
L’exemple du Christ qui, à la veille de sa Passion, lave les pieds de
ses disciples doit toujours rester dans la mémoire du chrétien suivant
la demande même de Jésus : « Car c'est un exemple que je
vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j'ai fait
pour vous. » (Jean 13,15)
Dans un monde de plus en plus individualiste et protectionniste, notre
devoir du chrétien est de montrer que l’‘Autre’ n’est pas à écraser
comme un ennemi mais à aider à se relever comme un frère le ferait pour
un frère.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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28 septembre 2014
Secteur Vermandois
n°776
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Je ne veux pas
Par cette parabole, Jésus veut attirer l’attention de ses auditeurs sur
l’histoire du Peuple de Dieu dans la Bible qui, comme le second fils,
est toujours prêt à dire qu’il va suivre la Parole et les commandements
du Seigneur mais qui s’en écarte en négligeant le travail de la ‘vigne’.
Le premier fils représente les prophètes qui, la plupart du temps effrayés
de la mission qui leur est confiée, refusent d’abord d’aller porter le
message de Dieu au Peuple mais qui acceptent en faisant confiance à la
Parole qui leur est adressée. Par exemple Moïse dit : « Pardon,
mon Seigneur, mais moi, je n’ai jamais été doué pour la parole. […]
Je t’en prie, mon Seigneur, envoie n’importe quel autre émissaire. »
(Exode 4,10.13) Jonas s’enfuit pour ne pas aller convertir la ‘Grande
ville de Ninive’ (cf. Jonas 1,1) Isaïe voyant le trône et la Gloire
de Dieu s’écrie : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car
je suis un homme aux lèvres impures » (Isaïe 6,5) de même Jérémie :
« Ah ! Seigneur mon Dieu ! Vois donc : je ne sais
pas parler, je suis un enfant ! » (Jérémie 1,6)
Dans le Nouveau Testament, le disciple Ananie de Damas n’est pas enthousiaste
à l’idée d’aller délivrer Saul de la cécité : « Seigneur,
j’ai beaucoup entendu parler de cet homme, et de tout le mal qu’il a fait
subir à tes fidèles à Jérusalem. » (Actes 9,10) mais confiant
dans la mission que le Seigneur lui donne, il va à la ‘rue Droite’
et impose les mains au persécuteur pour le guérir et lui rendre la vue.
Dans l’histoire de l’Eglise, beaucoup de grands témoins n’ont pas accepté
tout de suite de se mettre au service de l’Evangile ; la grâce leur
a permis de dépasser leurs limites humaines pour mener à bien la mission
personnelle qui leur était confiée. Certains ont été canonisés et déclarés
saints, d’autres sont restés dans l’anonymat.
De même pour nous aujourd’hui, chacun d’entre nous va trouver de ‘bons
motifs’ pour essayer d’éviter la mission qui nous est donnée le plus
souvent par manque de confiance en soi, mais cette attitude est aussi
un manque de confiance en Dieu, Père, Fils et Esprit, un manque de foi !
Si nous demandons l’Esprit Saint, il nous sera donné : « C’est
pourquoi, je vous le dis : tout ce que vous demandez dans la prière,
croyez que vous l’avez obtenu, et cela vous sera accordé. » (Marc
11,24)
Il y a donc une troisième voie à cette parabole :
- · Le premier fils dit : « Je ne veux pas », mais s’étant
repenti il y alla ;
- · Le second fils dit « Oui, Seigneur » mais il n’y va pas
- · Nous disons : « « Oui, Seigneur » et nous y
allons dans la confiance qu’à travers nos forces, c’est Dieu lui-même
qui agit. Là nous ferons vraiment la volonté du Père
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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1er octobre 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°963
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Catéchèse express
[Le Christ Jésus], ayant la condition de Dieu, il ne retint
pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais
il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable
aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant
obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi
Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout
nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre
et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus
Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.
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Dans ces quelques lignes, saint Paul donne un concentré de la foi chrétienne,
l’essence même de son enseignement auprès des païens. A la suite de l’Apôtre,
l’Eglise reconnaît l’importance primordiale de cette prédication en proposant
ce texte pour introduire aux célébrations dominicales car il est chanté
dans les premières vêpres du dimanche, tous les samedis soirs. Il est
donc bon de nous y attarder.
Ayant la condition de Dieu : l’acte de foi central du christianisme
est ici affirmé : cet homme Jésus est le Messie, celui que Dieu par
les prophètes avait annoncé est venu comme cela était promis. Il n’est
pas seulement l’Emmanuel (Dieu avec nous) du prophète Isaïe (7,14), il
est Jésus (Dieu sauve) : Dieu lui-même vient pour sauver son Peuple.
Prenant la condition de serviteur : mystère de l’incarnation,
pour manifester l’amour qu’il porte aux hommes, Dieu le Fils, tout en
gardant la condition divine accepte de prendre la condition humaine dans
toutes ses dimensions. Dieu se révèle à Moïse comme « Celui qui
EST » (cf. Exode 3,1-15) et il révèle Jésus comme sa Parole :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie :
écoutez-le ! » (Matthieu 17,5)
Devenant obéissant jusqu’à la mort : il fallait que le Fils
incarné traversât la mort pour montrer aux hommes que la mort est vaincue,
l’humanité est appelée à être transformée et non pas à la déchéance :
« tu ne peux m'abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la
corruption. » (Psaume 15[16],10) comme Jésus l’explique aux compagnons
d’Emmaüs : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela
pour entrer dans sa gloire ? » (Luc 24,26)
Le Nom qui est au-dessus de tout nom : Jésus avec le Père
et l’Esprit est « Celui qui EST » un seul Dieu devant
lequel toute personne ‘fléchit le genou’ qu’elle soit ‘au ciel’
(c'est-à-dire parmi les chœurs célestes) ‘sur terre’ ou ‘aux
enfers’ (= dans le séjour des morts) mais elle est vivante.
Cette profession de foi – sur laquelle il aurait encore beaucoup à dire
– est le ‘credo’ de saint Paul, il développe ces idées dans toutes
ses lettres. C’est un modèle pour que nous professions notre foi de façon
aussi claire et concise. Mais il est nécessaire que nos actes soient en
conformité avec cette profession de foi…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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27 septembre 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1172
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Patience
Il n’y avait qu’une seule demande de Dieu à l’homme : « Tu
peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais l’arbre
de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car,
le jour où tu en mangeras, tu mourras. » (Genèse 2,16-17) L’homme
avait accepté cette interdiction, mais dès que occasion se présente, il
oublie ce ‘OUI’ et il désobéi à l’unique demande.
Moïse, âgé de quatre-vingt ans, reçoit la mission de rassembler le Peuple
de Dieu et de le libérer de l’esclavage d’Egypte. Sa réaction immédiate
est de refuser : « Qui suis-je pour aller trouver Pharaon,
et pour faire sortir d’Égypte les fils d’Israël ? » (Exode
3,11) et il essaie même d’argumenter son refus : « Pardon,
mon Seigneur, mais moi, je n’ai jamais été doué pour la parole, ni d’hier
ni d’avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur ; j’ai
la bouche lourde et la langue pesante, moi ! » (Exode 4,10)
De nombreux exemples similaires sont montrés dans la vocation des prophètes
avec des cas typiques comme celui-ci : « La Parole du Seigneur
fut adressée à Jonas, fils d’Amittaï : ‘Lève-toi, va à Ninive, la
grande ville païenne, et proclame que sa méchanceté est montée jusqu’à
moi’ Jonas se leva, mais pour s’enfuir à Tarsis, loin de la face du Seigneur. » (Jonas 1,1-3a)
Ces réactions se trouvent également dans le Nouveau Testament :
« Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres
disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »
(Jean 11,16) Pourtant il n’y avait aucun Apôtre au pied de la Croix !
Deux jours après ils étaient toujours cachés dans le Cénacle : « Le
soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu
où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, »
(Jean 20,19)
Ces exemples bibliques – non limitatifs – montrent que Dieu ne nous tient
pas rigueur de nos refus quand il nous appelle à une mission qui nous
paraît démesurée par rapport à ce que nous estimons être nos possibilités.
Dieu est patient, il sait que l’appel fera son chemin dans notre esprit ;
petit à petit les réticences seront levées par sa Grâce. La confiance
qui nous est faite par le Seigneur ébranle nos convictions et ce qui nous
semblait être une montagne devient une colline puis une simple butte de
terre facilement franchissable.
Le Fils nous a promis : « Vous savez donner de bonnes choses
à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint
à ceux qui le lui demandent ! » (Luc 11,13) Il voulait nous
inciter à demander l’Esprit Saint lorsque nous ressentons un appel parce
que c’est Lui qui mettra en œuvre la plus grande partie de la mission,
nous n’aurons qu’à le suivre.
« Confiance ! Il t’appelle » dit la foule à l’aveugle
Bar Timée, avec lui, malgré notre cécité courrons vers le Christ (cf.
Marc 10,46-52)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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1er octobre 2023
Maison Marie-Thérèse
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n°1341
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Deux fils !
Lorsque nous lisons ‘deux fils’ nous pensons immédiatement à l’autre
parabole où le plus jeune s’en va vivre sa vie loin de son père en dilapidant
dans l’excès et la débauche la part d’héritage qui lui a été donnée. Cet
enfant est le symbole des hommes et femmes qui, bien qu’ils aient connu
l’amour de Dieu, s’en éloignent pensant avoir un meilleur avenir de leur
côté plutôt que dans la communion avec le Seigneur. L’aîné qui reste au
labeur sans rien demander représente celui qui respecte et vit selon la
volonté du Père.
Dans cette autre parabole, le premier fils auquel le père s’adresse a
entendu la demande qui lui a été faite, mais, s’il n’en tient pas compte
dans l’immédiat, il finit par obéir à l’injonction paternelle : c’est
une image des ‘publicains et des prostituées’ qui ont entendu la
Parole mais pour lesquels ce n’est pas un souci essentiel, bien qu’ils
y soient sensibles ; petit à petit elle s’épanouit en eux. A l’inverse,
celui à qui le père s’adresse en second, représentent les ‘grands prêtres
et aux anciens du peuple’, ce sont ceux qui prétendent obéir aux prescriptions
du maître de la vigne mais leur attitude passive montre que ce n’est qu’une
apparence puisqu’elles ne sont pas suivies d’effet, ils se perdent dans
des prescriptions de détail ; la Parole est présente en eux mais
d’une façon statique, ils se contentent de la connaître sans chercher
à la faire fructifier.
La présentation de ces deux fils est caricaturale, les personnes croyantes
oscilleront toujours entre ces deux tendances : aucun ‘oui’
ne sera totalement une acceptation franche et de même aucun ‘non’
ne sera jamais un refus définitif. Souvent l’acceptation de la mission
confiée par le Seigneur sera retardée ou empêchée par des éléments extérieurs.
Mais malheureusement ce sera la plupart du temps par un manque de confiance
en soi que le travail sera remis en cause car nous pensons que nous n’avons
pas la force, nous n’avons pas la capacité, nous n’avons pas les moyens
de mener à bien la mission que Dieu nous propose. Hésiter devant la mission
est aussi un manque de confiance dans la promesse faite par le Christ :
« Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera
les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je
pars vers le Père, tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai,
afin que le Père soit glorifié dans le Fils. » (Jean 14,12-13)
Une fois de plus, le Christ renvoie ses disciples à leur conscience pour
qu’ils examinent eux-mêmes leur réponse à la demande faite par le Seigneur
afin qu’elle soit une réponse franche et confiante et que nous n’entendions
pas : « Je connais tes actions, je sais que tu n’es ni froid
ni brûlant – mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant. Aussi, puisque
tu es tiède – ni brûlant ni froid – je vais te vomir de ma bouche. »
(Apocalypse 3,15-16)
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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