24ème dimanche du Temps Ordinaire Année "C"

Exode 32,7-14 - Psaume 50 - 1Timothée 1,12-17 - Luc 15,1-32

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Lycée Militaire d'Autun

13 septembre 1998

L'intercession de Moïse

2

Forces Armées de Guyane

16 septembre 2001

Moi, le premier, je suis pécheur

3

Bosnie Herzégovine

12 septembre 2004

Intérêt immédiat

4

Brigade Franco-Allemande

16 septembre 2007

Dépensier ou Prodigue

5

Fort Neuf de Vincennes

12 septembre 2010

Voici tes dieux !

6

Secteur Vermandois

15 septembre 2013

Dilapider l’héritage

7

Paroisses Athies & Nesle

11 septembe 2016

Encore ce texte !

8

15 septembre 2019

Patience de l’amour

9

11 septembre 2022

Intérêt immédiat

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13 septembre 1998

Lycée Militaire d'Autun

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n°°60

L'intercession de Moïse

Le récit du livre de l'Exode qui nous est proposé en ce dimanche(Ex 32,7-14) nous montre la réaction de Moïse sur le mont Sinaï lorsque Dieu lui révèle que le peuple a construit un veau d'or pour le représenter. Dieu propose à Moïse de supprimer ce peuple "à la tête dure" et de se choisir un peuple qui descende de Moïse ; en somme de repartir à zéro.

Moïse, loin de souscrire à cette proposition, va entamer alors une intercession pour le peuple, en rappelant à Dieu ses promesses. Moïse ne cherche pas à justifier les actes de son peuple, il sait que ces hommes et ces femmes ne cessent de récriminer contre Dieu ; il sait qu'ils ont besoin d'éléments matériels pour pouvoir adorer leur Dieu ; il sait qu'ils sont volages et inconstants ; mais Dieu n'est-il pas celui qui s'est laissé convaincre par Abraham lors de la destruction de Sodome et Gommorhe, celui qui n'a pas voulu que Abraham sacrifie son fils unique, celui qui, du mal fait par les enfants de Jacob à leur frère Joseph, a fait un bien, celui qui a entendu les souffrances de son peuple en esclavage(cf. Gn 18,16ss ; ;Gn 22 ; Gn 37,12ss. ; Ex 1,1-7) ?

Le Dieu de Moïse se révèle, déjà, comme un Père aimant ses enfants et toujours prêt à leur pardonner quelles que soient leurs fautes.

La lecture et la méditation de ce texte, à travers la mort et la résurrection du Christ, pour les chrétiens, nous invitent à ce rôle essentiel d'intercesseurs. C'est le but premier de la prière universelle qui est dite tous les dimanches dans les églises, mais c'est aussi le but des intercessions diverses qui figurent dans la prière eucharistique, pour le Pape, les évêques, le peuple de Dieu, les vivants et les morts qui sont remis au seul jugement de Dieu car l'intercession ne se fait pas uniquement pour ceux que nous aimons ou que nous connaissons, tel Abraham plaidant pour les pécheurs que sont les habitants de Sodome.

Lors de la messe, nous intercédons pour tous les hommes qui en ont besoin, sans justifier leurs actes ou leurs péchés mais en suppliant Dieu pour qu'ils réalisent l'amour dont ils sont l'objet.

Lors de notre prière personnelle, nous devons penser à cette intercession illustrée parfaitement par le Christ en Croix : "Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font" (cf. Mt 27,35-38pp.) en priant Dieu pour tous ceux (dont nous-mêmes) qui ne suivent pas les voies qu'Il indique aux hommes.

Nous sommes aussi dépositaires de la demande que Jésus fait à Pierre : "J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères."

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun.

16 septembre 2001

Forces Armées de Guyane

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n°118

Moi, le premier, je suis pécheur

Saint Paul est très dur avec lui-même, et il donne l'impression de se charger de tous les péchés du monde. Avant sa rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas, dit-il, il ne savait que blasphémer, persécuter, insulter. Mais, ajoute-t-il, le faisait-il par ignorance.

Or, la première caractéristique d'un péché est justement la conscience de s'écarter de la volonté de Dieu.

Se reconnaître pécheur, c'est accepter que volontairement je me sépare de la voie directe qui va vers le Royaume. Dans un second temps, c'est aussi accepter que le Fils Unique du Père soit mort pour mon péché.

Volontairement, un péché est toujours circonstancié. Avouer dans le Sacrement de la Réconciliation et de la Pénitence une généralité - je suis gourmand ; j'ai menti - est sans aucun doute vrai, mais en quelle occasion ma gourmandise, mon mensonge, ma paresse… m'ont-ils séparé de l'amour de Dieu ? Ne pas avoir fait maigre un vendredi de Carême peut s'expliquer si je déjeunais chez des personnes qui n'y ont pas pensé et qui m'ont offert un rôti ou un gigot : le manque de charité de leur faire remarquer serait un péché pire que le manquement à un commandement de l'Eglise. Par contre, aller au restaurant et me bâfrer tient à ma liberté personnelle et donc relève du péché. Un péché est un acte libre !

Accepter mon Salut, accepter que le Christ soit mort pour moi. " Je ne suis pas venu pour les bien portants mais pour les malades " dit Jésus dans sa prédication. Si je dis - comme je l'entends souvent - " Je ne sais pas quoi dire en confession ! ", c'est en quelque sorte affirmer que je n'ai pas besoin que le Christ meurt sur la Croix pour moi, donc je n'ai pas besoin de lui. Dans ce cas, je me fais l'égal de Dieu : " Vous serez comme Lui " dit le Serpent au couple primitif pour les inciter à prendre le fruit défendu.

La brebis perdue dont nous parle l'Evangile de ce dimanche, c'est moi. Je suis éloigné du Royaume au point que le Fils doit venir me chercher et me porter sur ses épaules. Et c'est peut-être ce qu'il y a de plus extraordinaire : c'est Dieu lui-même en la Personne du Fils qui vient me chercher là où je suis ; il ne me cherche pas là où il voudrait que je sois, mais il me trouve là où je me suis éloigné.

Aucun être humain ne peut tomber suffisamment bas pour que le Bon Pasteur ne puisse aller le rechercher.

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane

12 septembre 2004

Bosnie Herzégovine

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n°243

Intérêt immédiat

La première motivation du fils qui a dépensé tout son héritage n’est pas l’amour de son père, son intérêt immédiat est de manger à sa faim ! Il ne pense pas du tout à retrouver son rang de fils, mais simplement d’avoir un travail qui le nourrisse. C’est déjà une bonne motivation.

Toutefois, il sait que son père est un bon maître, qu’il ne maltraite pas ses ouvriers et qu’il les nourrit correctement. Si le domaine de son père permet aux ouvriers de travailler, il est vraisemblable que les domaines qui sont autour ont cette même abondance, mais les ouvriers sont sans doute plus mal traités.

Cet homme gaspilleur pèse les mots de sa reddition, il dit ne plus vouloir être appelé fils, mais il s’adresse au maître en le nommant père ! Par calcul, il fait vibrer la fibre paternelle qui est toujours sensible.

Ainsi en est-il pour nous dans notre relation avec le Père éternel. Comme nous avons la certitude que le Christ est mort pour la rémission de nos péchés, nous aurions une tendance à la facilité en se disant que tout est toujours pardonné par l’amour infini du Père grâce au sacrifice du Fils. Et c’est vrai ! Aucun homme ne peut tomber suffisamment bas pour que Dieu ne puisse aller le relever en lui proposant son amour. Mais saint Paul nous rappelle : « Tout est permis, mais tout n’est pas profitable. Tout est permis mais tout n’édifie pas » (1Co 10,23) Libérés de la lettre de la Loi, nous adhérons à l’esprit de la Loi par amour et les limites que nous nous fixons sont à la mesure de notre foi.

Nous aussi, nous n’hésitons pas à faire vibrer la fibre paternelle de Dieu le Père et si nous disons que nous ne sommes pas dignes d’être appelés fils, nous ne sommes pas plus honnêtes que le fils dépensier, car nous savons que le Père nous relève et fait se réjouir toute la cour céleste de ce retour. Croyons-nous berner le Père ? Il sait que notre repentir n’est pas totalement sincère, que nous avons aussi un intérêt immédiat, mais il feint de nous croire pour que nous nous relevions et pour que, par l’Esprit Saint qu’il nous donne sans compter, nous chutions moins souvent.

père JeanPaul Bouvier
aumônier catholique en Bosnie Herzégovine

16 septemble 2007

Brigade Franco-Allemande

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n°335

Dépensier contre Prodigue

L’histoire que Jésus propose est appelée injustement la parabole du fils prodigue car il s’agit d’un homme qui dilapide sa part d’héritage en menant la grande vie pendant quelques temps ; Jésus parle même d’une vie de désordre avec tous les sous-entendus que cela peut contenir. Puis, réduit à l’état de semi-esclavage, il décide de rentrer dans son pays pour profiter des avantages qu’ont les serviteurs de la maison de son père.

Dans le mot prodigue, et le verbe prodiguer, il y a une connotation bénéfique (e.g. on prodigue des soins) Une personne qui est prodigue va secourir autour d’elle les personnes qui sont nécessiteuses. Ce mot ne peut donc pas s’appliquer à cet enfant qui gaspille égoïstement, uniquement pour son bien propre.

Par contre cette expression convient parfaitement pour désigner le père qui attend son fils sur le bord du chemin, guettant et espérant son retour. Lorsqu’il l’aperçoit, il court au devant de lui et ne veut pas écouter, ni même entendre, le repentir de son fils. Il lui fait prodiguer les soins nécessaires à l’état de fatigue et au dénuement qui ne sont que trop visibles.

Cet aspect de cette parabole est intemporel : elle s’adresse à nous aussi aujourd’hui. En entendant ce texte, nous pensons à ce que nous faisons de notre vie et des dons que le Seigneur a mis en nous. Par la mort et le Résurrection du Christ, Fils Unique du Père, nous avons été baptisés et sommes devenus hériter du Royaume des Cieux. Que faisons-nous de notre part d’héritage ? La dilapidons-nous dans une vie de désordre ? Ou bien, comme le fils aîné de ce père prodigue, travaillons-nous à la construction et la gestion du Royaume ?

Quels que soient nos péchés, déviances et erreurs, le Père guette et espère notre retour pour nous prodiguer tous ses soins et il ne cesse jamais de nous considérer comme ses fils bien-aimés. Aucun homme ou femme ne peut tomber suffisamment bas dans la dignité humaine sans que le Père soit prêt à le secourir et à le restaurer dans son honneur d’homme ou de femme grâce à la Rédemption du sacrifice de la Croix.

Forts de cette parole d’Evangile, n’ayons jamais peur de nous tourner vers le Père ; Il n’attend qu’un geste de notre part pour se précipiter vers nous et nous donner ce qui est de mieux : l’Esprit Saint.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse militaire

12 septembre 2010

Fort Neuf de Vincennes

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n°493

Voici tes dieux !

C’est ainsi que le peuple acclame le Veau d’or en lui offrant des sacrifices ! Manifestant de cette façon une ingratitude complète à l’égard du Vrai Dieu qui les a libérés de l’esclavage du pays d’Egypte !

Dieu révèle à Moïse ce que le peuple a fait ; sa réflexion semble plus triste  que courroucée, Il fait part à son interlocuteur de son intention de supprimer ce peuple si peu reconnaissant. Pour demander l’assentiment de Moïse, Dieu lui dit : « Laisse-moi faire » semblant de la sorte lui demander la permission de punir. Le lecteur croyant qui connaît la Bible et les rapports de Dieu avec son peuple constate que, en provoquant la réaction de Moïse, Dieu ne cherche qu’à entendre sa plaidoirie pour le peuple de façon à pardonner.

Ce n’est pas la seule perversion du peuple de Dieu depuis l’époque de Moïse jusqu’à nous. Malgré les avertissements lancés par les prophètes, malgré la pédagogie du Fils de Dieu, malgré l’évangélisation menée par les Apôtres, malgré l’enseignement de l’Eglise et la prédication des saints, des groupes d’hommes et de femmes ont interprété le message d’Amour qui leur est donné en le déformant par rigorisme ou par laxisme. Le Père a toujours pardonné, non plus par l’intercession d’hommes comme les prophètes, mais par l’intercession de son Fils : son cœur de Père ne demande qu’à pardonner.

Nous ne construisons plus réellement de veaux d’or physiques, palpables auxquels nous offririons des sacrifices, mais qu’en est-il de l’interprétation des textes sacrés que nous mettons à toutes les sauces, adaptant l’Ecriture à notre vie au lieu de faire le contraire : de vivre selon la Parole de Dieu ; nous faisons notre propre religion en nous retranchant derrière des lois que nous forgeons selon nos envies. Les scribes et les pharisiens reprochent à Jésus d’accueillir les pécheurs et même de manger avec eux, ils jugent ce qu’ils estiment être juste selon une loi humaine en abandonnant la Loi qui vient de Dieu ; de même nous jugeons nos actes, et surtout les actes de nos semblables, en fonction de lois que nous nous donnons nous-mêmes.

Les adorateurs du Veau d’or avaient besoin de l’intercession de Moïse pour être remis sur le chemin de Dieu ; nous avons besoin de l’intercession du Fils de Dieu pour nous approcher de la volonté du Père. Cette intercession est tangible lorsque nous confions nos péchés à ceux qui sont configurés au Christ par le Sacrement de l’Ordre, comme Moïse ces hommes rappellent au Père qu’il a promis de pardonner et d’envoyer son Esprit à ceux qui le lui demanderaient. Le prêtre qui me donne l’absolution manifeste ce plaidoyer du Fils devant le Père qui ne demande qu’à pardonner aux pécheurs et les inviter à sa table pour manger avec eux.

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique du Fort Neuf de Vincennes

15 septembre 2013

Secteur Vermandois

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n°703

Dilapider l’héritage

« Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région, et il commença à se trouver dans la misère »

Le Christ désire montrer à ses interlocuteurs l’amour du Père céleste par l’exemple de celui qui est prêt à passer sur toutes les erreurs de ses deux fils, erreur de dilapider sans discernement sa part d’héritage et de renier sa qualité de fils pour le fils puiné, erreur de rejeter son frère sans pardon possible et de condamner la faiblesse de leur père pour le fils aîné.

Il est facile de nous identifier à l’une ou l’autre de ces trois personnes, père, fils aîné ou fils cadet en fonction des périodes de notre vie, mais cette parabole visant à montrer l’amour du Père pose aussi d’autres questions, si nous en acceptons l’actualisation dans notre vie ; en particulier quelle part d’héritage avons-nous réclamée et dilapidée ?

Notre héritage est triple : la Parole de Dieu, les Sacrements et la Tradition de l’Eglise.

La Parole de Dieu a été revivifiée par le Concile Vatican II (1963-1965) et l’Eglise invite tous les catholiques à lire, étudier et méditer cette Parole en particulier pendant en préparant les lectures de la messe dominicale, mais aussi en ‘Lectio divina’ c'est-à-dire en lecture personnelle pour découvrir le chemin sur lequel le Seigneur m’invite. « La Parole n’est pas dans le ciel, pour que tu dises : Qui montera pour nous au ciel et ira nous la chercher, qui nous la fera entendre, afin que nous la mettions en pratique ? Elle n’est pas de l’autre côté de la mer, pour que tu dises : Qui passera pour nous de l’autre côté de la mer et ira nous la chercher, qui nous le fera entendre, afin que nous le mettions en pratique ? C’est une chose, au contraire, qui est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. » (Deutéronome 30,12-14) Malheureusement les Bibles prennent souvent la poussière sur l’étagère des bibliothèques familiales et la Parole de Dieu, rarement bien proclamée, n’est écoutée que d’une oreille distraite à la messe dominicale.

Les Sacrements « signes sensibles et efficaces de la grâce, institués par Jésus Christ » (catéchisme de saint Pie X - 1906) doivent tenir la place centrale de la vie chrétienne, en particulier ceux qui peuvent être vécus fréquemment – la Communion et la Confession – afin que la force de l’Esprit Saint nous permette de vivre notre foi dans la vie quotidienne. Or nous constatons une désaffection de ces temps privilégiés où l’homme rencontre Dieu face-à-face ; les Baptêmes et Mariages sont davantage une habitude familiale qu’une véritable réception de la Grâce.

La Tradition de l’Eglise – par les vingt et un Conciles Œcuméniques – a permis de préciser le message évangélique et l’enseignement que le Fils du Père a donné à ses Apôtres pour permettre aux hommes de retrouver la communion avec le Père : « Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître. » (Jean 1,18) L’Eglise, Corps du Christ (cf. Romains 12) est le garant cet enseignement et de son interprétation. Elle peut affirmer : « Je vous ai enseigné avant tout, comme je l’avais aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures » (1Corinthiens 15,3) « car je ne l’ai ni reçu ni appris d’un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ. » (Galates 1,12) Dans notre société, l’Eglise est souvent ridiculisée et traitée de passéiste : « On a déclaré la guerre à tout ce qui est surnaturel, parce que derrière le surnaturel, Dieu se trouve et que ce que l'on veut rayer du cœur et de l'esprit de l'homme, c'est Dieu. » (lettre encyclique de saint Pie X ‘Une fois encore’ 6 janvier 1907)

Le fils dépensier dilapide la part d’héritage qui lui a été donnée, n’est-ce pas ce que nous en train de faire avec notre héritage en risquant de nous trouver dans la misère et d’avoir faim de Dieu ?

Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois

11 septembre 2016

Paroisses Nesle & Athies

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n°894

Encore ce texte !

Nous allons entendre pour la Nième fois le texte du fils prodigue dans saint Luc. Cette parabole a été si souvent utilisée dans les retraites, récollections et autres célébrations pénitentielles que nous avons l’impression d’un rabâchage, ce qui entraine un manque de concentration voire même une déconnexion en rêvassant à autre chose plutôt qu’à l’écoute attentive des paroles que Jésus nous dit aujourd’hui.

Cela met en évidence la nécessité pour les fidèles chrétiens de se préparer à cette lecture, en prenant le temps de la lire à tête reposée et à se faire pour soi-même une homélie personnelle afin de comparer ce que j’ai pensé de ce texte avec ce que dira le prédicateur du haut de la chaire. Cette disposition d’esprit me permettra d’être plus attentif lors de la proclamation de l’Evangile pour retrouver les éléments que j’y avais découvert lors de la méditation personnelle. Nous avons la chance d’entendre l’enseignement qui vient du Père par la bouche du Fils, l’accomplissement de la promesse faite.

« Amen ! Je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. » (Matthieu 13,17) Ces paroles de reproche du Christ vis-à-vis de ses Apôtres résonnent encore plus fortement dans nos assemblées. Les disciples n’avaient reçu que le baptême de Jean, nous avons été baptisés dans l’eau et dans l’Esprit ! Et nous entendons mais nous n’écoutons pas, laissant nos pensées vagabonder à leur gré.

Le fils de la parabole « entre en lui-même » pour se rappeler la façon dont son père traite ses ouvriers. Jésus invite ses auditeurs à ‘entrer en eux-mêmes’ pour se rappeler des bontés que le Seigneur a fait à son peuple dans le passé pour que nous puissions envisager les bontés qu’il fera pour chacun d’entre nous dans l’avenir. Le fils cadet est sûr que son père le traitera décemment comme n’importe quel ouvrier, mais il ne s’attend pas à la réception que le père lui réserve. Et pour nous qui avons confiance en l’amour du Père : « C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Luc 15,7)

En entendant la parable dite ‘du fils prodigue’ je dois être attentif : c’est de moi qu’elle parle, de mes reniements, de mes fuites, de mes jouissances immédiates, en bref de mes péchés. Le Père me montre par l’enseignement du Fils qu’il me pardonne et qu’il me donne l’Esprit à profusion. « Observez les lis : comment poussent-ils ? Ils ne filent pas, ils ne tissent pas. Or je vous le dis : Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux. Si Dieu revêt ainsi l’herbe qui aujourd’hui est dans le champ et demain sera jetée dans le feu, il fera tellement plus pour vous, hommes de peu de foi ! » (Luc 12,27-28)

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies

15 septembre 2019

Paroisses Nesle & Athies

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n°1104

Patience de l’amour

Jésus illustre son discours de trois paraboles qui semblent être similaire : le berger qui va rechercher la brebis égarée ; la femme qui va balayer la maison pour retrouver la pièce perdue ; le fils qui revient vers son père. Pourtant il y a de grandes différences entre ces apologues.

La brebis est éloignée du troupeau en cherchant le meilleur herbage ou elle est restée sur place quand les autres partaient ; se perdre n’était pas un but délibéré. Le berger lui-même qui vient la chercher et il la rapporte en la mettant sur ses épaules, il ne lui laisse pas la possibilité de s’échapper, il se méfie d’elle.

La pièce d’agent est un objet sans initiative, c’est la femme qui l’a égarée et elle met tout en œuvre pour réparer son étourderie et pour la retrouver le plus rapidement possible ; elle ne néglige aucun des plus petits recoins de la maison.

Dans ces deux récits le berger et la femme recherchent un bien matériel qu’ils ne veulent pas perdre : un pour cent de son cheptel, un dixième de sa fortune.

Le fils est parti volontairement, avec le désir de ‘vivre sa vie’, avec ce qu’il pense lui être dû, SA part d’héritage. Il cherche à être indépendant, hors de la protection du cocon familial. L’inconséquence de sa conduite entraine une succession de chutes irréversibles : en premier lieu une chute financière, l’homme riche parti de la maison paternelle à force de dépenser à tort et à travers dans des choses superflues se trouve désormais privé du nécessaire au point d’être affamé ; une chute de sa dignité, le fils de bonne famille terrienne se trouve ravalé à la lie de la société, un gardien de porcs vivant dans la boue ; une chute dans l’estime de soi, le fils du maître se considère indigne de ce titre et souhaite devenir serviteur.

Quant au père, à la suite des deux paraboles précédentes, il serait logique qu’il parte à la recherche de son fils ou bien qu’il remue ciel et terre pour le ramener – bon gré ou mal gré. Il n’en est rien. La brebis et la pièce n’ont pas de volonté propre, il est logique pour le berger ou pour la femme de tout faire pour les retrouver. Le père respecte la volonté de son fils, il le laisse partir, mais il espère et il prie pour qu’il revienne. Depuis le départ de son fils, il guette son retour : « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. » (Luc 15,20b). Même de loin, le père comprend que sa prière est exaucée et son attente était justifiée ; il ne recherchait pas à récupérer un bien matériel comme le berger ou la femme : il voulait revoir et retrouver l’amour d’un fils et dans son impatience il court vers lui.

La pointe de ces paraboles n’en est que plus forte : les hommes ne sont pas des possessions de Dieu-le-Père. Peu importe si nous avons perdu nos biens, notre dignité ou l’estime de nous-mêmes, le Père nous aime tels que nous sommes et guette le premier signe de notre marche vers lui pour courir à nous et nous couvrir de dons.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
 et Modérateur de la paroisse saint Radegonde

11 septembre 2022

Paroisses Nesle & Athies

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n°1288

Intérêt immédiat

En envisageant son retour au bercail, la première motivation du fils qui a dépensé toute sa part d’héritage n’est pas l’amour de son père : son intérêt immédiat est de manger à sa faim ! Il ne pense pas du tout à retrouver son rang de fils, mais simplement d’avoir un travail qui le nourrisse. C’est déjà une bonne motivation.

Toutefois, il sait que son père est un bon maître, qu’il ne maltraite pas ses ouvriers et qu’il les nourrit correctement. Si le domaine de son père permet aux ouvriers de travailler, il est vraisemblable que les domaines qui sont autour ont cette même abondance, mais les ouvriers sont sans doute plus mal traités.

Ce jeune homme gaspilleur pèse les mots de sa reddition, il dit ne plus vouloir être appelé fils, mais il s’adresse au maître en le nommant père ! Par calcul, il fait vibrer la fibre paternelle qui est toujours sensible.

Ainsi en est-il pour nous dans notre relation avec le Père éternel. Comme nous avons la certitude que le Christ est mort pour la rémission de nos péchés, nous aurions une tendance à la facilité en se disant que tout est toujours pardonné par l’amour infini du Père grâce au sacrifice du Fils. Et c’est vrai ! Aucun homme ne peut tomber suffisamment bas pour que Dieu ne puisse aller le relever en lui proposant son amour. Mais saint Paul nous rappelle : « Tout est permis, mais tout n’est pas profitable. Tout est permis mais tout n’édifie pas » (1Corinthiens 10,23) Libérés de la lettre de la Loi, nous adhérons à l’esprit de la Loi par amour et les limites que nous nous fixons sont à la mesure de notre foi.

Comme le fils dépensier, nous n’hésitons pas à faire vibrer la fibre paternelle de Dieu le Père et lorsque  nous disons que nous ne sommes pas dignes d’être appelés fils, nous ne sommes pas plus honnêtes que le fils dépensier, car nous savons que le Père nous relève et toute la cour céleste de ce retour se réjouit. Croyons-nous berner le Père ? Il sait que notre repentir n’est pas totalement sincère, que nous avons aussi un intérêt immédiat, mais il feint de nous croire pour que nous nous relevions et pour que, par l’Esprit Saint qu’il nous donne sans compter, nous chutions moins souvent.

Père JeanPaul Bouvier
Curé émérite de Notre Dame de Nesle & de Sainte Radegonde


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