10 septembre 1995
Saint Charles de Monceau
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n°33
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Le pardon à l'esclave
(Lettre de saint Paul à Philémon)
Philémon habite la ville de Colosses, l'assemblée chrétienne se réunit
chez lui. Il a connu Paul lors de son passage, captif, en route vers Rome.
Onésime s'est enfui de chez son maître Philémon après l'avoir volé. Il
se retrouve à Rome pour échapper aux poursuites et aux châtiments qui
punissaient les esclaves en fuite. En cherchant le réconfort dans la communauté
chrétienne de Rome, il rencontre Paul, l'ami de son maître et la prédication
de l'Evangile par Paul le convertit et il demande le Baptême. Mais, soit
Paul connaît déjà son histoire soit Onésime la lui a racontée, Paul ne
peut garder auprès de lui un esclave en fuite sans l'accord de son maître.
C'est là le but de sa lettre.
Cette épître à Philémon va plus loin que la simple demande de pardon
pour Onésime, elle nous donne des éléments importants pour bien comprendre
les premières communautés chrétiennes. Elles se préparent doucement à
une grande révolution des mœurs : la suppression de la conception même
de l'esclavage. Tout homme, image de Dieu, est un frère pour tous les
autres hommes et tout spécialement les chrétiens qui reconnaissent que
le Fils de Dieu est mort pour sauver TOUS les hommes. Aucun homme ne peut
être considéré comme la possession d'un autre homme.
Nous ne sommes pas Philémon, chrétien aisé de Colosses. Nous n'avons
pas d'esclave, appelé Onésime ou autrement. Mais qu'en est-il de notre
regard sur ceux qui nous entourent? Sur ceux qui sont à notre service
d'une manière ou d'une autre? Les considérons-nous sincèrement comme des
frères et des soeurs?
Cette réflexion sur notre vie de communauté, sur notre vie personnelle
nous invite à regarder notre propre façon de vivre l'Evangile. Le pardon
que Paul demande pour Onésime, il nous le demande à nous aussi pour tous
ceux qui nous font mal, qui nous ont blessés, physiquement ou dans notre
amour propre, tous ceux que nous jugeons sur les apparences et non sur
le fond, tous ceux qui nous font peur et que nous ne cherchons pas à comprendre.
Alors mettons-nous à la place de Philémon, cherchons pour qui Paul nous
demande le pardon, et surtout pardonnons de tout notre coeur.
Père JeanPaul Bouvier
Vicaire à saint Charles de Monceau
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6 septembre 1998
Lycée Militaire d'Autun
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n°59
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Ne rien préférer au Christ
Ce texte nous semble difficile, inhumain. Comment peut-on préférer
le Christ à ceux qui nous ont donné la vie, d'autant que
les commandements de Dieu nous demandent "honore ton père
et ta mère. " (Ex 20,12)
Or Le Fils unique de Dieu le dit à ses Apôtres : "N'allez
pas croire que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je
ne suis pas venu abolir, mais accomplir. " (Mt 5,17). C'est à
dire que Jésus vient pour rendre la Loi complète sans changer
un iota de cette Loi (cf. Mt 5,19). D'où notre incompréhension
sur cette contradiction apparente dans le texte qui nous est proposé
en ce dimanche.
Or, Jésus parle bien de préférence. Préférer
une personne à une autre ne signifie pas que nous n'aimons pas
la seconde. Lors d'un mariage il y a préférence pour fonder
un foyer plutôt que de continuer à vivre avec le couple parental,
cela ne signifie pas qu'il y a rejet de ceux qui nous ont accueillis et
éduqués. De même, dans l'invitation à le suivre,
le Christ nous propose une préférence, mais il nous demande
également de continuer à exercer notre devoir d'état
et à utiliser tous les dons qu'il a mis en nous.
Alors une phrase de saint Paul, l'Apôtre des gentils, revient en
mémoire : "Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire
de Dieu " (1Co 10,31 ; cf. aussi Col 3,17). C'est ainsi que nous
pouvons montrer la préférence qui est donnée au Père,
par le Christ, dans l'Esprit. Dans l'Eglise il ne faut pas que chacun
ait le même rôle, la même fonction ou le même
charisme, c'est au contraire dans la diversité que l'Eglise devient
le peuple de Dieu, manifestant au monde entier une réalité
divine présente à tous les hommes.
" Les laïcs tiennent de leur union même avec le Christ
Chef le devoir et le droit d'être apôtres. Insérés
qu'ils sont par le baptême dans le Corps mystique du Christ, fortifiés
grâce à la confirmation par la puissance du Saint-Esprit,
c'est le Seigneur lui-même qui les députe à l'apostolat.
S'ils sont consacrés sacerdoce royal et nation sainte (cf.1P2,4-10),
c'est pour faire de toutes leurs actions des offrandes spirituelles, et
pour rendre témoignage au Christ sur toute la terre. Les sacrements
et surtout la sainte Eucharistie leur communiquent et nourrissent en eux
cette charité qui est comme l'âme de tout apostolat. "
(Concile Vatican II, 4ème session, décret "Apostolicam
Actuasitatem " - 18 novembre 1965)
Notre préférence pour le Christ nous pouvons - et nous
devons - la marquer avec ce que nous sommes, dans un esprit de prière
et de fréquentation des sacrements pour aller toujours vers le
Père en suivant le Christ.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Lycée Militaire d'Autun.
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5 septembre 2004
Bosnie Herzégovine
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n°241
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Pardon de Dieu, regrets des hommes
Onésime (cf. l’épître à Philémon) a commis une double faute importante :
esclave païen, il a volé son maître Philémon et s’est enfui. Pour ce double
crime, il mérite la mort par crucifixion. Ne sachant où aller, il trouve
refuge auprès de saint Paul prisonnier, seule personne qu’il connaisse
à Rome : saint Paul était un commensal de son maître à Colosses.
Ecoutant sans doute distraitement la prédication de saint Paul au début,
il y fait de plus en plus attention, se convertit et l’Apôtre le baptise.
Par le Baptême, Onésime est absout spirituellement de ses péchés de vol
et de fuite. Mais humainement ce n’est pas suffisant, saint Paul souhaite
aussi qu’il aille demander la grâce à son maître et qu’il en reçoive le
pardon. Mais comprenant qu’il serait difficile de garder auprès de lui
un esclave ayant commis de telles fautes sans le punir, il demande à Philémon
qu’après lui avoir pardonné, il le renvoie se mettre au service de la
communauté chrétienne de Rome.
La pointe de cette péricope pour les chrétiens est double : nous
avons le choix de nous mettre à la place d’Onésime ou de celle de Philémon,
mais en fait nous tenons alternativement les deux suivant les circonstances.
A la place de Philémon, savons-nous toujours pardonner à ceux qui nous
ont offensés ? Que ce soit matériellement ou d’une façon abstraite.
Il ne s’agit pas d’oublier ou d’effacer la faute qui a été faite, mais
de pardonner sincèrement et sans restrictions à un homme que le Christ
nous demande de considérer comme un frère.
A la place d’Onésime, savons-nous demander simplement pardon, sans chercher
d’excuses plus ou moins fallacieuses ? Que ce soit à Dieu, dans la
confession des péchés ou bien aux hommes que nous avons offensés par nos
attitudes ou nos paroles. La démarche d’Onésime vers Philémon ne devait
pas être facile, mais il l’a fait pour montrer sa réelle conversion et
en signe de regret de sa conduite passée.
Si nous ne savons pas demander pardon, peut-être est-ce parce que nous
n’avons pas de vrais regrets. Demandons la Sagesse de la première lecture
pour avoir la force de faire de telles démarches
père JeanPaul Bouvier
aumônier catholique en Bosnie Herzégovine
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9 septembre 2007
Brigade Franco-Allemande
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n°334
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Mesquin
(qui manque de grandeur d’âme, de noblesse et de générosité)
Le livre de la Sagesse constate que l’être humain est incapable de découvrir
la volonté de Dieu parce qu’il est centré sur lui-même et qu’il n’envisage
que son horizon immédiat. Il affirme que les ‘réflexions des hommes
sont mesquines’.
Dans notre monde abreuvé de progrès scientifiques, cette affirmation
pourrait prêter à sourire : l’homme comprend de mieux en mieux les
mécanismes naturels et semble les dominer aisément ; pourtant les
trois questions essentielles demeurent : ‘Qui suis-je ? D’où
viens-je ? Où vais-je ?’ Les réponses données par la Science
ne sont pas satisfaisantes.
Mais dans la suite de son raisonnement, l’auteur du livre de la Sagesse
souligne que le Seigneur ne se résigne pas à cet égocentrisme humain et
qu’Il nous attire vers Lui en donnant la Sagesse et l’Esprit Saint. Et
par-là même, il nous donne des éléments de réponses à ces questions fondamentales.
L’Eglise a toujours identifié la Sagesse de l’Ancien Testament
comme étant la personne du Fils avant son incarnation. Alors à la lumière
de ce mystère de Dieu fait homme, nous comprenons davantage la profondeur
de ce passage : le Fils Unique nous a été donné pour que nous approchions
toujours plus de la Révélation. La finale du livre de l’Apocalypse (dernier
livre de la Bible chrétienne) affirme que toute la Révélation se trouve
complètement dans ce livre et qu’on ne peut ni y ajouter ni y retrancher
aucun texte. Grâce à la Parole de Dieu, nous avons la connaissance parfaite,
comme dit saint Paul ce trésor nous le portons dans des vases d’argile
(cf. 2Co 4,7) et nous n’avons pas le discernement pour profiter de cette
connaissance mise à notre portée.
L’auteur du livre de la Sagesse donne la solution à toutes les générations
futures : ‘Les hommes ont appris ce qui te plaît et, par la Sagesse[le
Christ], ont été sauvés’.
Il nous revient, à nous qui avons été baptisés au nom du Père, du Fils
et de l’Esprit Saint de montrer à nos contemporains la justesse de ces
affirmations par notre vie toute entière en avançant avec confiance sur
‘le chemin droit’.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse militaire
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5 septembre 2010
Fort Neuf de Vincennes
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n°497
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Qui aurait connu ta volonté ?
Dans le texte du livre de la Sagesse cette phrase n’est pas une question
en elle-même mais une introduction aux constatations qui suivent :
« si tu n'avais pas donné la Sagesse et envoyé d'en haut ton Esprit
Saint » Cet auteur inspiré de l’Ancien Testament est – presque
– un prédicateur de l’Alliance Nouvelle en soulignant que la volonté du
Père ne peut être comprise que par les explications données par la Sagesse
(que l’Eglise identifie à Jésus Christ) et grâce à l’Esprit Saint.
Tout au long de leurs récits, les évangélistes rapportent les pistes
que Jésus nous donne pour accomplir la volonté du Père dans notre vie
quotidienne. Saint Luc, dans l’évangile de ce dimanche, propose deux exemples
donnés par le Christ : Bâtir une tour et Partir en guerre.
Bâtir une tour est une entreprise de longue haleine, il ne faudrait pas
qu’elle s’écroulât au bout de quelques temps, elle doit être faite pour
durer ; aussi son édification doit faire l’objet de grands soins
et d’études approfondies pour vérifier si les moyens financiers ne manquent
pas, si le sol convient pour ce genre de structure, si les matériaux sont
adaptés, si l’architecte et les ouvriers sont compétents… Une fois la
construction lancée, il faut aussi continuer à contrôler tous ces points.
Ainsi en est-il de notre foi, elle aussi doit être faite pour durer et
au départ nous devons nous assurer que les éléments que nous avons reçus
sont bien ceux transmis par les Apôtres, que les prédicateurs qui nous
l’enseignent sont bien mandatés pour cela par l’Eglise et comme la construction
de la tour, tout au long de notre vie nous vérifierons ces différents
points pour être sûrs de ne pas nous égarer et ne pas travailler en vain
(cf. épître aux Galates 2,2) La différence avec la tour est que notre
vie chrétienne ne sera jamais complète et que nous aurons toujours à améliorer
notre approche autant personnelle que communautaire du Père par le Fils
dans l’Esprit.
Quant à partir en guerre, nous savons que l’Ennemi, le péché, est beaucoup
plus fort que nous ; aussi ne laissons pas la tentation s’approcher
de nous, lorsqu’elle est encore loin envoyons notre ambassadeur, le Christ
c’est Lui qui imposera la paix, qui découragera l’Ennemi de venir nous
attaquer. En mettant notre recours dans la force du Fils de Dieu nous
serons apaisés, Lui sera vainqueur et nous le serons aussi par voie de
conséquence.
Ainsi par notre foi, par notre confiance dans le Christ qui est auprès
du Père comme un défenseur (cf. 1ère lettre de saint Jean 2,1) nous connaîtrons
La volonté du Père pour notre vie quotidienne.
Père JeanPaul Bouvier
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8 septembre 2013
Secteur Vermandois
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n°701
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Priorités
Mardi 4 septembre, l’ensemble des journaux télévisés français utilisaient
plus de la moitié du – peu de – temps qu’il leur est imparti avec des
sujets tournant autour de la rentrée des classes : point de vue (sic !)
des enfants entrant en maternelle, larmes et arguties des parents ‘abandonnant’
leur progéniture à des inconnus, avis autorisés de personnalités sur les
‘nouveautés’ de cette rentrée 2013 qui ne ressemblait à aucune
des précédentes, commentaires de professeurs débutants ou confirmés, lycéens
blasés… Les drames du Moyen-Orient, les catastrophes naturelles n’étaient
qu’évoqués en fonction du temps qui restait disponible. Cela pose aux
chrétiens une grave question sur notre société : comment peut-on
s’extasier devant les pleurs d’un enfant qui entre à l’école et – dans
le même temps – ignorer l’enfant qui meure sous les bombes ou les obus ?
Le lendemain, mercredi, les caméras étaient tournées vers les présidents
allemand et français sur le site d’Oradour-sur-Glane où tous les habitants,
hommes, femmes et enfants avaient été assassinés par un régiment SS en
1944. Emissions spéciales en direct, commentaires et discours déplorant
l’extermination gratuite d’une population innocente, congratulations diverses
se réjouissant de la coopération des deux peuples allemands et français,
images chocs amplement diffusées. « Plus jamais ça ! »
entend-on de part et d’autre, pourtant ce ne sont que des déclarations
creuses de rodomonts qui constatent des massacres identiques mais ayant
lieu actuellement dans d’autres pays que les nôtres.
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ! »
(Jean 14,27) disait Jésus à ses disciples. Dans l’Angélus du dimanche
1er septembre, le pape François, avant de demander de prier pour la Syrie,
se place sur un plan plus général : « Je voudrais me faire
aujourd’hui l’interprète du cri qui monte de toutes les parties de la
terre, de tous les peuples, du cœur de chacun, de l’unique grande famille
qu’est l’humanité, avec une angoisse croissante : c’est le cri de
la paix ! Et le cri qui dit avec force : nous voulons un monde
de paix, nous voulons être des hommes et des femmes de paix, nous voulons
que dans notre société déchirée par les divisions et les conflits, explose
la paix ; plus jamais la guerre ! Plus jamais la guerre !
La paix est un don éminemment précieux, qui doit être promu et préservé. »
Sera-t-il écouté ?
Nous nous sentons très démunis devant de telles situations, nous envions
les soixante-dix disciples qui revenaient de mission en s’exclamant :
« Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom. »
(Luc 10,17) mais en même temps nous entendons le Fils du Père nous dire :
« cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. »
(Matthieu 17,21) C’est exactement ce que nous propose le pape François :
« organiser pour toute l’Église, le 7 septembre prochain, veille
de la célébration de la Nativité de Marie, Reine de la Paix, une journée
de jeûne et de prière pour la paix » (ibidem) Sachons répondre
à cet appel dans la foi.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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4 septembre 2016
Paroisses Nesle & Athies
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n°893
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Commencer par s’asseoir
Pour beaucoup de personnes, chaque année, le mois de septembre est synonyme
de changements depuis l’âge de trois ans à l’entrée à l’école maternelle.
Il ne s’agit pas d’une remise en cause complète de ce que nous avons effectué
mais de nouveaux challenges à relever se présentent : il ne saurait
être question de ronronner sans évoluer, de faire un ‘copier-coller’
de ce qui a été fait lors des années précédentes.
Jésus met ses auditeurs en garde contre deux tentations opposées :
élaborer des projets trop ambitieux (construire une tour sans pouvoir
finir – entrer en guerre sans chance de vaincre) mais aussi contre des
intentions trop timorées (vouloir suivre le Christ sans rien abandonner)
Il recommande à ses disciples de ‘commencer par s’asseoir’ pour
peser les enjeux de ce qu’il faut entreprendre.
Que veut dire cette expression dans ma vie de chrétien ? Ce n’est
certainement pas un appel à l’oisiveté dans l’attente que les événements
se présentent à moi ! Il s’agit avant toute chose de prendre le temps
de se tourner vers le Seigneur afin de discerner si la vocation que je
ressens vient bien de Dieu et non pas d’une simple envie personnelle :
avant toute action, un temps de prière est essentielle, même – surtout
– si la situation est urgente.
Les capacités qui me sont propres ne sont pas en cause, si Dieu me confie
réellement une mission, l’Esprit Saint me donnera toutes les possibilités
pour la réaliser : « ne vous inquiétez pas d’avance pour
savoir ce que vous direz, mais dites ce qui vous sera donné à cette heure-là.
Car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit Saint. » (Marc
13,11) ; phrase dans laquelle je peux remplacer les verbes ‘dire’
et ‘parler’ par le verbe ‘faire’.
‘Commencer par s’asseoir’ n’est donc pas seulement une évaluation
de mon aptitude à effectuer ce qui m’est demandé, c’est avant tout une
supplication où je dirai dans une attitude de prière : ‘Seigneur,
je ferai ce que je pourrai faire, j’ai confiance que Tu feras le reste !’
L’accomplissement de cette mission dépend entièrement de cet acte de foi ;
ce ne sont pas mes simples forces qui seront en œuvre : j’utiliserai
les forces données par le Seigneur : « Je vous le dis :
celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de
plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez
en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. »
(Jean 14,12-13)
‘Commencer par s’asseoir’ consiste aussi à accepter le discernement
de l’Eglise saint Paul lui-même va à Jérusalem pour faire vérifier par
les Apôtres et les ‘anciens’ le bien-fondé de son enseignement
(cf. Actes 15) Il est donc important de considérer que la mission n’est
pas ‘mienne’, une possession personnelle mais je sais m’en détacher
pour qu’elle entre, à sa place, dans la mission de toute l’Eglise.
Alors, je pourrai dire que je suis disciple du Christ.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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8 septembre 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1102
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Intercession – Contrition – Pardon
Onésime est un esclave de l’ami de saint Paul, Philémon, un chrétien
de la ville de Colosses. Non seulement Onésime s’est enfui mais il est
parti avec de l’argent volé à son maître ; ce sont là deux crimes
impardonnables pour lesquels il devrait être puni sévèrement au minimum
par une bastonnade de quarante coups comme le prévoit la Loi mais cela
pourrait être aussi une condamnation à mort. Réfugié à Rome, il se rapproche
de la population juive et il entend la prédication de Paul, sans doute
au départ dans les synagogues puis au milieu des chrétiens ce qui l’amène
à se convertir et enfin Paul lui donne le Baptême.
Saint Paul se trouve dans une situation difficile, un véritable dilemme :
s’il garde près de lui un esclave en fuite, il se fait complice des crimes
que celui-ci a commis aux yeux de son ami Philémon mais également, par
ricochet, pour tous les chrétiens de Colosses qui ne peuvent que désapprouver
une telle attitude ; d’autre part, s’il le renvoie vers son maître,
Onésime n’échappera pas à la punition.
La demande que Paul fait à son ami est considérable : non seulement
il lui demande de pardonner les crimes perpétués mais aussi de considérer
Onésime comme un frère bien-aimé et non plus comme un esclave. La réponse
de Philémon n’est pas connue. A-t-il agréé la proposition de saint Paul
de garder ce serviteur qui lui est si utile ?
Cette courte correspondance entre deux amis intimes est considérée par
les chrétiens comme Parole de Dieu car cette épître a une portée qui dépasse
largement le cadre des trois personnes en cause. Chacun de nous est tour
à tour Paul, Philémon et Onésime :
- Onésime parce que nous avons tous des reproches qui pourraient nous
être faits dans notre relation à nos frères et sœurs et le service qui
leur est dû et nous sommes appelés à la contrition ;
- Philémon parce que nous avons tous des griefs contre telle ou telle
personne et que nous sommes appelés à leur pardonner et surtout à les
aime ;
- Paul parce que nous sommes appelés à servir de médiateurs entre des
personnes présentées comme irréconciliables.
Dans cette lettre, l’Esprit Saint nous suggère d’être prêts à la contrition,
prompts au pardon et attentifs à la paix. En entendant cet appel – et
en y répondant – nous ferons la volonté du Seigneur : « Aimez-vous
les uns les autres comme je vous ai aimés ! »
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
et Modérateur de la paroisse saint Radegonde
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4 septembre 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1287
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Reconnaître les frères et sœurs
(Lettre de saint Paul à Philémon)
Philémon est un notable de la ville de Colosses, l'assemblée chrétienne
se réunit chez lui. Il a connu Paul lors de son passage, captif, en route
vers Rome.
Onésime, esclave de Philémon, s'est enfui de chez son maître après l'avoir
volé. Il se retrouve à Rome pour échapper aux poursuites et aux châtiments
qui punissaient les esclaves en fuite. En cherchant le réconfort auprès
des juifs de la diaspora, il trouve la communauté chrétienne de Rome,
il rencontre Paul, l'ami de son maître. La prédication de l'Evangile par
Paul convertit Onésime et il est Baptisé. Mais, soit Paul connaît déjà
son histoire soit Onésime la lui a racontée, Paul ne peut garder auprès
de lui un esclave en fuite sans l'accord de son maître. C'est là le but
de cette lettre.
Cette épître à Philémon va plus loin que la simple demande de pardon
pour Onésime, elle nous donne différents éléments pour mieux comprendre
les premières communautés chrétiennes. Elles préparent doucement une grande
révolution des mœurs : la suppression et la même conception de l'esclavage.
Tout homme, image de Dieu, est un frère pour tous les autres hommes et
tout spécialement les chrétiens qui reconnaissent que le Fils de Dieu
est mort pour sauver TOUS les hommes. Aucun homme ne peut être considéré
comme la possession d'un autre homme.
Nous ne sommes pas Philémon, chrétien aisé de Colosses. Nous n'avons
pas d'esclave, appelé Onésime ou autrement. Mais qu'en est-il de notre
regard sur ceux qui nous entourent? Sur ceux qui sont à notre service
d'une manière ou d'une autre? Les considérons-nous sincèrement comme des
frères et des sœurs?
Cette réflexion sur notre vie de communauté, sur notre vie personnelle
nous invite à regarder notre propre façon de vivre l'Evangile. Le pardon
que Paul demande pour Onésime, il nous le demande à nous aussi pour tous
ceux qui nous font mal, qui nous ont blessés, physiquement ou dans notre
amour propre, tous ceux que nous jugeons sur les apparences et non sur
le fond, tous ceux qui nous font peur et que nous ne cherchons pas à comprendre.
Alors mettons-nous à la place de Philémon, cherchons pour qui Paul nous
demande le pardon, et surtout pardonnons de tout notre cœur.
Père JeanPaul Bouvier
Curé émérite de
Notre Dame de Nesle & Sainte Radegonde
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