7 septembre 2002
Forces Armées de Guyane
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La correction fraternelle
Sous ce terme il y a une grande valeur chrétienne souvent galvaudée et
mal mise en pratique. Généralement il y beaucoup plus de correction que
de fraternel ! la critique est aisée et, suivant la parabole, nous
voyons plus facilement la paille dans l’œil de notre prochain que la poutre
qui est dans le nôtre. D’autres fois, au contraire, nous préférons ne
rien voir : « ce ne sont pas mes affaires », « chacun
est libre de faire ce qu’il lui plait » ; et puis Jésus
ne nous a-t-il pas demander de ne pas juger ?
Ces deux attitudes sont à l’inverse de l’évangile qui nous est proposé
pour ce dimanche. Il ne s’agit pas de faire des rodomontades mais d’aider
une personne à ne pas s’éloigner du chemin qui conduit à Dieu. Jésus nous
montre combien c’est un devoir grave pour chaque chrétien de se sentir
responsable de l’ensemble de la communauté ecclésiale à laquelle il appartient ;
sinon, nous avons la réponse hypocrite de Caïn : « Est-ce
que je suis le gardien de mon frère ? » (Gn 4)
Comment faire pour reprendre mes frères sans qu’ils se sentent agressés ?
En ayant le regard que le Christ porte sur eux : lorsqu’il appelle
Zachée ou qu’il parle de Marie Madeleine, il ne condamne pas directement
ce qu’ils font, il les amène à constater qu’ils perdent leur vie en la
conduisant de cette manière et qu’il y a plus important que la réussite
financière ou la satisfaction des sens.
La solution tient en un seul mot que Jésus nous laisse en héritage :
aimer ! Aime ton prochain comme toi-même. Si j’aime celui qui est
à côté de moi, celui qui m’est proche physiquement, je ne veux pas qu’il
lui arrive quoi que ce soit de négatif et je peux le corriger sans
utiliser des coups de trique mais avec amour.
Aimer n’est pas une démarche intellectuelle, il ne s’agit pas de penser
comment aimer l’autre, c’est un automatisme. Lorsque je vois un enfant
jouer à proximité d’un danger, je vais intervenir immédiatement, sans
réfléchir, pour garantir sa santé et son intégrité physique mise en cause
par son inexpérience ; lorsque je vois un homme ou une société mettre
en péril sa santé spirituelle, je dois intervenir de la même façon spontanée
pour le sauver, sans faire une théorie ou un sermon. Je ne juge pas quelqu’un
qui se noie en disant qu’il aurait dû apprendre à nager, je ne lui enseigne
pas les rudiments de la nage : je plonge pour éviter qu’il meure.
Avant de faire des discours qui montrent le chemin qui va vers Dieu,
nous devons prendre les autres par la main pour les guider et faire un
bout de chemin avec eux, ensuite chacun trouvera le chemin où
Dieu l’appelle personnellement.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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7 septembre 2008
Brigade Franco-Allemande
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Avertir le ‘méchant’
Les trois textes qui sont proposés pour ce dimanche convergent vers le
même point : avertir tous les hommes de l’amour de Dieu ! Mais
comme le disait sainte Bernadette à l’abbé Peyramal, curé de Lourdes :
« La dame m’a chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire ! »
En effet, si le chrétien a un devoir important d’annoncer l’Evangile
aussi bien dans ses paroles que dans ses actes, en aucun cas il ne doit,
ni ne peut, forcer ses contemporains à suivre la voie qu’il leur indique ;
la liberté du choix de sa pensée a été largement soulignée dans l’histoire
de l’Eglise et tout particulièrement dans la déclaration du Concile Vatican
II Dignitatis Humanae.
Reste à définir le ‘méchant’ ! Ne le suis-je pas un peu moi-même ?
De nombreuses sensibilités différentes existent à l’intérieur même de
l’Eglise Catholique ; certaines personnes appartenant à tel ou tel
courant spirituel pourraient penser que les autres ont tort et
que, seul, il soit dans le droit chemin.
L’histoire de l’Eglise souligne que l’Esprit Saint a suscité au moment
opportun les personnes et les courants spirituels dont le monde avait
besoin, en fonction de la culture contemporaine ou des circonstances particulières
du lieu. Tout en affirmant sa foi dans la transmission apostolique et
en avertissant les ‘méchants’, l’Eglise a su se remettre en cause
dans sa pratique et dans l’analyse du message divin.
Les vingt et un Conciles Œcuméniques sont les réponses données face à
des questions soulevées par des interprétations de l’Evangile qui n’étaient
pas dans le droit fil de la pensée Catholique, non pas seulement pour
condamner telle ou telle thèse, mais avant tout pour les examiner et trouver
les raisons scripturaires et théologiques pour lesquelles elles étaient
rejetées.
Comme le dit le Christ dans ce passage de saint Matthieu, si la personne
refuse d’écouter ce que dit l’Eglise, elle sera « considérée comme
un païen ou un publicain » C’est le sens des anathèmes lancés
par les Conciles ce qui pourrait se traduire par si vous pensez cela,
vous n’êtes plus catholique !
Avant de condamner systématiquement, rappelons-nous la phrase de Jésus :
« C’est à l’aune où vous jugerez que vous serez jugés »
Que la correction fraternelle soit davantage fraternelle que correction.
Père JeanPaul Bouvier
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4 septembre 2011
Fort Neuf de Vincennes
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Où est-il ton Dieu ?
Combien de fois entendons-nous cette question dans notre vie quotidienne ?
Face aux catastrophes naturelles, aux massacres perpétués par des humains,
à l’iniquité qui règne dans le monde, nous nous sentons un peu démunis
pour répondre de façon ferme et persuasive. Pourtant la réponse nous est
donnée par l’évangile : « Que deux ou trois, en effet, soient
réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux. » (Matthieu 16,27)
En regardant la vie de l’Eglise nous pouvons percevoir des présences
du Christ nombreuses souvent discrètes mais quelquefois plus évidentes.
En premier lieu celle qui est promise par le Christ à ses Apôtres :
lorsque des chrétiens se réunissent au Nom de Jésus, IL est là au milieu
d’eux, c’est le cas de toutes nos assemblées de prières, d’échange, d’études
de la foi, de catéchèse ; un simple signe de croix fait avec foi
au milieu d’autres chrétiens nous met en présence de Notre Seigneur (pensons-y
au début des messes en particulier dominicales) Mais ce n’est pas la seule
présence du Christ qui soit à notre portée en attendant sa présence dans
la Gloire.
La présence eucharistique est celle qui vient tout de suite à l’esprit,
lors des adorations du Saint Sacrement nous sommes en présence du Corps
du Seigneur et nous unissons notre cœur à Son cœur pour offrir au Père
la prière qui lui convienne, celle d’un fils (fille) prêt(e) à accomplir
sa volonté.
La présence du Christ est également évidente dans sa Parole : IL
me parle aujourd’hui et l’interprétation personnelle, inspirée par l’Esprit
Saint, que je vais faire de tel ou tel passage de l’Ecriture me guide
dans ma vie quotidienne et me permet de progresser sur le chemin qui mène
vers le Royaume.
Dans la célébration des Sacrements, le Christ est rendu présent par ses
ministres qui agissent en son Nom (in personna Christi) Les ministres
sont ainsi appelés à l’humilité en se rappelant la phrase de l’Evangile :
« lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été prescrit, dites:
Nous sommes de simples serviteurs; nous avons fait ce que nous devions
faire. » (Luc 17,10)
Mais la présence du Christ la plus inexplorée par les chrétiens est la
présence du Christ dans nos frères et sœurs selon la prescription de Jésus :
« En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait
à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait »
(Matthieu 25,40)
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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7 septembre 2014
Secteur Vermandois
n°773
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La Loi c’est l’Amour
Les prêtres de Jérusalem sont venus à Césarée pour accuser Paul et essayer
de le faire condamner par le tribunal romain, mais Paul fait valoir sa
citoyenneté romaine et demande à être jugé par l’empereur (cf. Actes 25)
Transféré vers Rome, Paul écrit à la communauté chrétienne pour annoncer
sa venue.
L’un des intérêts de cette épître aux Romains réside justement dans le
fait que c’est la seule lettre que Paul adresse à une communauté qu’il
ne connaît pas. Tous ses autres écrits ont pour destinataires des églises
qu’il a visitées voire même fondées ; il ne peut pas parler de ce
qu’il a vécu avec eux, il rappelle l’essence même de la foi en Jésus Christ,
Fils de Dieu ressuscité.
La conclusion de ce texte – la plus longue lettre de saint Paul – est
comme un résumé de tout ce qu’il a écrit et s’inspire de la réponse que
Jésus avait donnée à l’homme qui lui demandait quel est le plus grand
commandement : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout
ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et
le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent
toute la loi et les prophètes. » (Matthieu 22,37-40) ce que saint
Paul traduit par une autre formule après avoir rappelé une partie des
dix commandements : « L’accomplissement parfait de la Loi,
c’est l’amour » (13,10)
Nos communautés actuelles sont dans la même situation que la communauté
romaine contemporaine de saint Paul : nous ne sommes pas plus connus
de lui qu’il ne la connaissait et par conséquence cette lettre s’adresse
à nous plus directement que les autres épîtres qui sont circonstanciées
– même si ces dernières nous apportent beaucoup également.
La lecture dominicale de ce document est étalée sur quatorze semaines
(du 9ème au 23ème dimanche) Nous avons donc oublié les développements
que saint Paul a faits depuis l’incipit de ce texte pour arriver à cette
formule lapidaire de conclusion. Il serait bon pour nos communautés que
chacun d’entre nous reprenne une lecture complète de cette lettre pour
mieux la comprendre et donc mieux la recevoir aujourd’hui afin de la mettre
en application dans notre vie spirituelle et dans notre vie quotidienne.
La communauté chrétienne de Rome était sans doute semblable à la nôtre,
avec ses défauts et ses qualités, aussi nous entendons à juste raison
saint Paul nous interpeler : « A vous qui êtes appelés à
être saints, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur
Jésus Christ. » (Romains 1,7) Nous aussi, aujourd’hui, nous sommes
appelés à être saints !
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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10 septembre 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°960
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Deux ou trois
Peut-on imaginer une communauté plus restreinte que celle que nous définit
le Seigneur : ‘deux ou trois’ ? Dès le début de la Bible,
il révèle son dessein : « Dieu créa l’homme à son image,
à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » (Genèse
1,27) et dans le récit le plus ancien : « Le Seigneur Dieu
dit : ‘Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire
une aide qui lui correspondra’. » (Genèse 2,18) Conformément
à la parole du Fils, le couple humain, réuni s’assure donc une présence
du Dieu Trinité à ses côtés.
Mais le Mariage, même s’il en est une excellence illustration, n’est
pas la seule application de cette parole du Christ. Les exemples sont
nombreux dans le Nouveau Testament après la mort et la Résurrection de
Jésus. Le diacre Philippe et l’eunuque de la reine Candace (cf. Actes
8,27sv.) en célébrant le Baptême de ce dernier manifestent la présence
du Christ avec eux ; l’Apôtre Paul, après sa rencontre personnelle
avec le Seigneur ‘qu’il persécute’ (cf. Actes 9,3sv.) a recourt
à un chrétien du nom d’Ananie pour être baptisé (cf. Acte9,10sv.)
A fortiori lorsque les Apôtres et les Anciens se réunissent à Jérusalem
pour délibérer du cas des païens convertis, c’est le Christ qui parle
dans les décisions qui sont prises et ils peuvent écrire aux frères d’Antioche
de Syrie en précisant sans hésiter : « L’Esprit Saint et
nous-mêmes avons décidé que… » (Actes 15,28) Ils sont absolument
sûrs que les préceptes qui sont donnés aux chrétiens venus de l’extérieur
du Peuple Juif ont été inspirés par Dieu pour leur permettre d’accéder
au Salut.
Les vingt et un Conciles Œcuméniques qui ont été célébrés au cours des
siècles depuis cette assemblée de Jérusalem. Procèdent de la même confiance
dans la parole de Jésus : à chaque fois que l’Eglise a été confrontée
à un problème grave et universel, les évêques se sont réunis dans la prière
pour que le Seigneur guide leurs réflexions jusqu’à l’affirmation solennelle
de la Foi Catholique mieux éclairée.
Au niveau local de telles assemblées se tiennent régulièrement qu’elles
soient nationales, métropolitaines, diocésaine, paroissiales, elles ont
toujours le même but : écouter ce que le Seigneur nous dit ici et
maintenant pour pouvoir toujours mieux annoncer l’Evangile autour de nous.
Notre foi, nourrie par le partage de la Parole et de l’Eucharistie sera
plus explicite aux yeux du monde. Chaque chrétien aura à cœur de prendre
sa place dans cette révélation toujours vivante et toujours actuelle.
« Si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour
demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. »
(Matthieu 18,19)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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6 septembre 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1169
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Amour source de pardon
Comment faire si mon frère a péché contre moi ? Jésus donne à ses
disciples quelques clés :
- En premier lieu, il s’agit de s’expliquer seul à seul. Peut-être ai-je
eu simplement l’impression que telle ou telle parole, tel ou tel acte,
a été commis délibérément et spécifiquement contre moi et plus je vais
y penser, plus je vais me conforter dans cette idée qui va s’envenimer
dans mon esprit et devenir pratiquement obsédante. Une explication claire
et sans animosité peut éclairer la situation et dirimer le trouble qui
n’était en fait qu’un malentendu.
- Si chaque partie campe sur ses positions, l’affaire est portée devant
une ou deux personnes. Mais si c’est moi qui les amène, je risque de
les choisir comme susceptibles de défendre ma cause et mon adversaire
aura beau jeu de les suspecter de ne pas être totalement neutres.
- Enfin, si l’affaire n’est toujours pas résolue, faire appel à l’assemblée
de l’Eglise qui rendra son jugement pouvant aller jusqu’à exclure la
personne de la communauté.
Mais que se passerait-il si ces deux dernières tentatives m’étaient défavorables ?
Je me trouverais dans la position de celui qui a péché contre son frère
et c’est moi qui risquerais d’être sorti de la communion de l’Eglise !
Cette parole de Jésus est un avertissement : avant de juger de façon
péremptoire les péchés qui sont commis contre moi, je dois examiner avec
soin les circonstances et être assuré de ne pas en être responsable même
pour une part minime. De plus, si je suis le chemin que le Seigneur laisse
à tous ses disciples : « Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi
aimez-vous les uns les autres. » (Jean 13,34) je me dois d’être
indulgent et compréhensif envers mes frères et sœurs, comme le Christ
l’est pour moi.
Tout autre est la problématique signalée par le prophète Ezéchiel :
il ne s’agit pas de péchés contre ma personne mais d’avertir les croyants
ont une ‘conduite mauvaise’ par rapport à la foi et à la confiance
dues à Dieu. Cela devient alors pour les fidèles un devoir impérieux de
les alerter pour qu’ils puissent revenir vers le Seigneur. L’amour de
mon prochain m’impose cette mise en garde dans un esprit fraternel pour
éviter qu’ils ne s’égarent plus avant.
Dans les cas, il est nécessaire d’invoquer l’Esprit Saint pour discerner
la justesse des accusations lancées : ce ne sont pas MES idées que
je défends mais la foi de l’Eglise qui me dit : « Dieu est
l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur,
de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme
soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. »
(Marc 12,32b-33)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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10 septembre 2023
Maison Marie-Thérèse
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n°1338
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Ecouter les reproches
Les trois textes qui sont proposés pour ce dimanche convergent vers le
même point : avertir tous les hommes de l’amour de Dieu ! Mais
comme le disait sainte Bernadette à l’abbé Peyramal, curé de Lourdes :
« La dame m’a chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire ! »
En effet, si le chrétien a un devoir impérieux d’annoncer l’Evangile
aussi bien dans ses paroles que dans ses actes, en aucun cas il ne doit,
ni ne peut, forcer ses contemporains à suivre la voie qu’il leur indique ;
la liberté du choix de sa pensée a été largement soulignée dans l’histoire
de l’Eglise et tout particulièrement dans la déclaration du Concile Vatican
II Dignitatis Humanae.
Reste à définir le ‘méchant’ ! Ne le suis-je pas un peu moi-même ?
De nombreuses sensibilités différentes existent à l’intérieur même de
l’Eglise Catholique ; certaine personne appartenant à tel ou tel
courant spirituel pourraient penser que les ‘autres’
ont tort et que, lui seul, il est sur le vrai chemin édicté par l’Evangile.
L’histoire de l’Eglise souligne que l’Esprit Saint a suscité aux moments
opportuns les personnes et les courants spirituels dont le monde avait
besoin, en fonction de la culture contemporaine ou des circonstances particulières
du lieu. Tout en affirmant sa foi dans la transmission apostolique et
en avertissant les ‘méchants’, l’Eglise a su se remettre en cause
dans sa pratique et dans l’analyse du message divin.
Les vingt et un Conciles Œcuméniques sont les réponses données face à
des questions soulevées par des interprétations de l’Evangile qui n’étaient
pas dans le droit fil de la pensée Catholique, non pas seulement pour
réprouver telle ou telle thèse, mais avant la réprobation l’Eglise les
examine et trouve les raisons scripturaires et théologiques pour lesquelles
elles sont rejetées.
Comme le dit le Christ dans ce passage de saint Matthieu, si la personne
refuse d’écouter ce que dit l’Eglise, elle sera « considérée comme
un païen ou un publicain » (15,17) C’est le sens des anathèmes
lancés par les Conciles ce qui pourrait se traduire par si vous pensez
cela, vous n’êtes plus catholique ! Ou, au contraire si vous
ne croyez pas tel dogme, vous n’êtes plus catholique !
Avant de condamner systématiquement, rappelons-nous la phrase de Jésus :
« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; de la manière dont
vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on
vous mesurera. » (Mattieu 7,1-2) Que la correction fraternelle
soit davantage fraternelle que correction.
Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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