Intolérable !
Les paroles de Jésus choquent ses auditeurs : donner sa chair à
manger et son sang à boire est contre toute la Loi juive : même le
sang des animaux n’est pas consommé, à plus forte raison le sang humain ;
quant à manger de la chair humaine, c’est impensable. Beaucoup de ceux
qui le suivaient préfèrent se séparer d’un tel prédicateur plutôt que
d’entendre de semblables blasphèmes.
Au début du christianisme à Rome, certains se laissent abuser par les
rumeurs qu’ils entendent sur les chrétiens : des gens qui se rassemblent
pour manger la chair et boire le sang d’un homme qui donne sa vie pour
eux ; il n’en faut pas plus pour les accuser de sacrifices humains
suivis d’anthropophagie… Ce sont donc des personnes qu’il faut punir par
les pires maux et une religion qu’il est nécessaire d’éradiquer.
Aujourd’hui, nous n’en sommes plus à ces accusations, mais le christianisme
n’est pas mieux connu de ceux qui le voient de l’extérieur. Combien de
fois n’entendons-nous pas une réflexion sensiblement identique :
« Ce que dit l’Eglise est intolérable ! » ?
Ces mêmes personnes ne cherchent pas à comprendre ce qui est effectivement
dit ni pourquoi l’Eglise le dit mais ils préfèrent la ridiculiser et tourner
le dos aux explications raisonnables et raisonnées qui pourraient leur
être données.
Ces personnes, dont malheureusement certains chrétiens, font chorus et
reprochent à l’Eglise de s’accrocher à des conceptions hors d’âge, d’un
autre siècle, de ne pas savoir s’adapter aux temps modernes, d’ignorer
l’évolution des mentalités et des mœurs. En bref, ils souhaiteraient qu’elle
soit muselée et forcée à ce taire.
Sur un certain plan, ils ont raison : l’Eglise est hors d’âge et
d’un autre siècle, mais là où ils se trompent c’est que l’Eglise n’est
pas tournée uniquement vers les siècles passés mais aussi vers les siècles
futurs ; loin d’être statique, la tradition est celle que nous avons
reçu enrichie des siècles passés autant que celle que nous enrichirons
et transmettrons et cela dépend le la conception de l’Homme et non pas
de ‘l’air du temps’.
Des personnes quittent l’Eglise, comme ceux qui s’étaient séparés de
Jésus en ne voulant plus le suivre à cause de ses paroles. A ceux qui
restent Jésus pose encore aujourd’hui la question : « Voulez-vous
partir vous aussi ? » Notre réponse sera celle des Apôtres :
« Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles
de la vie éternelle ! Quant à nous nous croyons, et nous savons que
tu es le Saint, le Saint de Dieu. »
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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