24 août 2002
Forces Armées de Guyane
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« Pour vous qui suis-je ? »
A chaque fois que nous lisons ce passage d’évangile (ou ses parallèles),
nous prenons cette question en pleine face, sentant bien qu’elle s’adresse
également à nous à la fois dans sa forme collective mais aussi et surtout
dans un mode personnel. Et nous refermons l’évangile avec cette interrogation :
« Pour moi, qui est le Christ ? »
Les réponses toutes faites qui nous ont été données au catéchisme dans
la foi de l’Eglise : Le Christ est le Fils unique de Dieu, deuxième
personne de la sainte Trinité, vrai Dieu, né du vrai Dieu, le Sauveur
de l’homme, le Rédempteur, etc… ne sauraient être complètes si cela ne
se traduisait d’une façon visible dans notre vie quotidienne.
Notre conviction n’est pas remise en cause, nous croyons réellement et
fermement toutes ces vérités qui nous sont enseignées par l’Eglise à la
suite de l’enseignement des Apôtres, mais rappelons-nous que saint Jacques
a écrit : « Montre-moi donc ta foi qui n’agit pas, et moi,
c’est par mes actes que je te montrerai ma foi. » (Jc 2,18) Il
ne suffit pas de dire que nous croyons en Dieu sans rien faire, car, si
notre foi est réelle, elle nous entraîne à témoigner par des actes concrets
de cette révélation que nous avons la chance d’avoir eu.
Dans notre relation au monde, nous aurons toutes les possibilités de
montrer cette foi agissante notamment par le regard critique que nous
portons sur la société, qui, sans être mauvaise est encore loin
de l’idéal évangélique. Toutefois, la critique n’est pas la condamnation,
Jésus, le propre Fils de Dieu, n’est pas venu pour les saints, il est
venu pour les pécheurs. Il n’a pas fait venir les pécheurs à lui dans
le premier temps il est allé vers eux pour qu’ensuite, ils puissent venir
librement vers lui (voir par exemple les rencontres avec Matthieu, Zachée,
Marie-Madeleine, la Samaritaine, etc…)
D’une certaine façon, la question qui nous est posée par ce passage de
l’évangile selon saint Matthieu est une autre formulation de la phrase
« Vends tous tes biens donne-les aux pauvres puis viens et suis-moi ! »
qui est dite au jeune homme riche (Mt 19,21) puisque si nous répondons
– comme Pierre : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »
Les éléments matériels de notre vie deviennent accessoires seul compte
l’amour de Dieu pour tous les hommes.
Le Christ a aimé les hommes tels qu’ils sont et non pas tels qu’il voudrait
qu’ils soient. Si nous attendons que les hommes soient parfaits pour leur
annoncer l’évangile, ou bien si nous attendons d’être parfaits pour le
faire, nous estimons que nous sommes supérieurs au Christ. Regardons nos
contemporains avec le même regard que Jésus portait sur les siens :
sans jugement, pour leur faire comprendre et admettre par eux-mêmes que
le Seigneur propose autre chose à l’homme.
Rappelons cette phrase que l’on prête à Baden Powell, fondateur du scoutisme :
« En chaque être humain, il y a au moins 5% de bons, c’est ce
pourcentage là qui m’intéresse ! » Puissions-nous avons
la même réflexion.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces
Armées en Guyane
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24 août 2008
Brigade Franco-Allemande
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Je bâtirai mon Eglise
Au moment où les persécutions contre les chrétiens s’achèvent avec la
paix constantinienne en 313, le pape saint Sylvestre désire construire
une basilique sur le tombeau de saint Pierre et convainc l’empereur d’araser
la colline du Vatican malgré la présence d’un cimetière romain plutôt
que de déplacer les restes de l’Apôtre. Le chœur de la basilique actuelle
(dont la première pierre fut posée en 1506) a repris la place exacte du
précédent.
Lorsque le pape Pie XII, en 1939, demanda à ce que des fouilles soient
entreprises sous la basilique saint Pierre de Rome, il se heurta à de
grandes oppositions de la part de la Curie qui pensait que c’était prendre
un risque inutile de contredire la tradition qui voulait que le corps
de l’apôtre reposât sous le maître autel.
Dix ans après, en 1950, le même pape Pie XII pouvait annoncer sur radio
Vatican, créée vingt ans auparavant par son prédécesseur Pie XI :
« On a découvert le tombeau du prince des Apôtres ! »
En 1968, le pape Paul VI déclara : « Les restes de saint
Pierre sont dignes de notre dévotion et de notre vénération ! »
Dès lors la lecture de la page d’Evangile qui est proposée pour le 21ème
dimanche du Temps Ordinaire (année A) a pris une perspective nouvelle.
La phrase que Jésus a dite au chef des Apôtres en allégorie spirituelle,
l’Eglise du IVème siècle a voulu qu’elle corresponde aussi à une
réalité ; à partir de ce moment, pour les catholiques, le successeur
de Pierre choisi par ses pairs sous l’action de l’Esprit Saint prend place
physiquement sur le siège de saint Pierre.
Cette réalisation des paroles du Christ par l’Eglise nous permet aujourd’hui
de lire l’Evangile avec un œil neuf et de nous interroger pour savoir
comment dans notre quotidien nous réalisons ce que Jésus a dit à ses disciples ;
non pas de n’importe quelle façon mais sous la mouvance de l’Esprit et
dans la conformité à l’enseignement de l’Eglise.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse militaire
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21 août 2011
Fort Neuf de Vincennes
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Changement de nom
Lorsque Dieu confie une mission particulière à un homme, il lui donne
un nouveau nom pour montrer qu’il y a une différence entre un ‘avant’
et un ‘après’. Ainsi Abram, celui dont les pères sont célèbres
devient Abraham, le père d’une génération nombreuse (cf. Genèse 17) Jacob
devient ‘Israël’ le ‘Fort devant Dieu’ et l’ancêtre éponyme
du peuple de Dieu (cf. Genèse 32)
C’est l’ange (le messager de Dieu) qui demande à Zacharie d’appeler son
fils ‘Jean’ (cf. Luc 1,13) De même l’‘Emmanuel’ (Dieu avec
nous) promis par le prophète Isaïe (cf. Isaïe 7,14 ; 8,8) est transformé
en un nom plus puissant encore : ‘Jésus’ (Dieu sauve) :
« elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus car
c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » (Matthieu 1,21)
C’est le nom de celui qui a fait entrer le Peuple de Dieu dans la Terre
Promise (cf. Livre de Josué)
Lorsque Simon, fils de Jean, est nommé Pierre par Jésus, il se voit attribuer
la mission d’être le socle de l’Eglise, le roc sur lequel la maison doit
être construite pour pouvoir endurer les intempéries et éviter son écroulement
(cf. Matthieu 7,24s) Comme pour Abraham et Jacob-Israël, le Fils du Père
éternel ne laisse pas Simon-Pierre à ses seules forces : c’est lui
qui bâtira l’Eglise dont le chef des Apôtres est la pierre angulaire.
Nous aussi nous avons reçu un nouveau nom lors de notre Baptême, non
pas seulement le prénom que nos parents ont choisi de nous donner mais
surtout nous recevons de nom de ‘Baptisés’, d’enfants de Dieu :
« Mais à tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de
devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom. » (Jean
1,12) ; « Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous
a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes !
Si le monde ne nous connaît pas, c'est qu'il ne l'a pas connu.. »
(1Jean 3,1)
Ce nom de Baptisé implique une mission : annoncer la Parole de Dieu
et la Bonne Nouvelle du Salut en Jésus Christ. Dans le Sacrement du Baptême,
comme dans les six autres Sacrements, le Père s’engage à nous donner l’Esprit
dès que nous invoquons le nom du Fils : « L'Esprit en personne
se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. »
(Romains 8,16)
En croyant au Nom de Jésus et en nous appuyant sur l’Eglise bâtie sur
le chef des Apôtres, nous sommes remplis de l’Esprit Saint pour transmettre
l’amour de Dieu et de l’humanité. Simon-Pierre n’a pas reculé devant une
charge pour laquelle il n’était pas préparé et qu’il n’a pas comprise
immédiatement ; nous ne comprenons pas plus ce à quoi le Père nous
appelle mais avec la même foi et la même joie nous répondons ‘Présent’.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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24 août 2014
Secteur Vermandois
n°771
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Ne le dites à personne
La première question que pose Jésus : « Le Fils de l'homme,
qui est-il ? » pourrait prêter à confusion. Parle-t-il de
lui-même ou bien de cet être qui marquera la fin des temps et qui est
évoqué par le prophète Daniel (cf. Daniel 7,13ss) La réponse des disciples
serait plus logique dans le second cas : Jean-Baptiste annonçait
la venue du Royaume (Luc 3,2ss) ; Elie, enlevé par Dieu sur le char
de feu, doit revenir pour inaugurer le règne de Dieu (cf. 2Rois 2,3ss)
La seconde question « Pour vous, qui suis-je ? »
est une précision de la première : c’est bien de lui-même que Jésus
parle, il est ce ‘Fils de l’homme’ qui doit venir. Simon donne
la réponse : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »
mais cette réponse spontanée ne vient pas de lui-même, elle vient de l’Esprit
Saint.
Ayant ainsi révélé qui il est vraiment, Jésus leur ordonne de ne dire
à personne qu’il est le Messie. Cet ordre sera renouvelé après avoir été
transfiguré sur la montagne devant Pierre, Jacques et Jean (cf. Matthieu
17,1ss) avec la précision : « avant que le Fils de l’homme
soit ressuscité d’entre les morts. » (Matthieu 17,9) Il était
donc nécessaire que le Christ ressuscitât pour que le message soit complet
et que les disciples devenus Apôtres pussent annoncer la Bonne Nouvelle
dans sa totalité.
Cette interdiction de parler de ce que les disciples savent avant la
Résurrection permet de placer le Messie dans sa dimension divine :
il ne s’agit pas de révéler un roi temporel qui restaurerait une royauté
de David idéalisée comme les témoins de la multiplication des pains qui
voulaient le faire roi (cf. Jean 6,15) Il s’agit d’inaugurer une ‘Alliance
nouvelle et éternelle pour vous et pour la multitude en rémission des
péchés’ (cf. canon de la messe) scellée par le Sacrifice du Fils.
Au jour de la Pentecôte cette interdiction est levée et les Apôtres remplis
de l’Esprit Saint peuvent haranguer les personnes venues en foule en pèlerinage
à Jérusalem pour leur dire : « Que toute la maison d’Israël
le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ,
ce Jésus que vous aviez crucifié. » (Actes 2,36) et leur indiquer
la conduite à tenir : « Convertissez-vous, et que chacun
de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ;
vous recevrez alors le don du Saint-Esprit. » (Actes 2,38)
La Pentecôte ne s’est pas arrêtée au cinquantième jour après la Résurrection
de Jésus, tous les jours chacun nous par la grâce du Baptême reçoit l’Esprit
Saint pour proclamer la Bonne Nouvelle. Nous n’annonçons pas un royaume
temporel mais une façon toujours nouvelle de considérer l’Homme appelé
à être en communion avec le Père. L’Eglise ne cherche pas à être une puissance
dans ce monde, mais humblement d’être l’aiguillon qui dirige le troupeau
vers le Royaume.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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27 août 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°958
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Que Dieu tout-Puissant te montre sa miséricorde ; par la
mort et la Résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec
Lui et envoyé l’Esprit Saint pour le pardon des péchés. par le ministère
de l’Eglise, il t’accorde le pardon et la paix. Et moi, au nom du
Père, du Fils et du Saint Esprit, je e pardonne tous tes péchés.
Amen »
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Les clefs du Royaume
Cette expression que Jésus utilise pour signifier au chef des Apôtres
le rôle particulier qu’il lui confie a été prise dans son sens littéral
et les représentations – picturales ou sculpturales – de saint Pierre
le montre toujours tenant en main une paire de clefs. Cette image du pouvoir
des clefs a été transmise à ses successeurs au siège épiscopal de Rome
comme en témoigne le blason du pape François.
Jésus lui-même explique à Simon-Pierre qu’il ne s’agit pas des clefs
d’une porte céleste mais du pouvoir qui lui est donné de pardonner – ou
non – les péchés au nom de Jésus Christ. Le Sacrement de Réconciliation
et de Pénitence est ainsi fondé sur la parole du Fils éternel. Pierre
ne reçoit pas ce pouvoir en tant qu’homme mais en tant que chef des Apôtres,
la pierre sur laquelle est bâtie l’Eglise du Christ.
Les évêques, par la grâce de l’ordination épiscopale, sont institués
successeurs des Apôtres et deviennent eux aussi dépositaires de ce Sacrement,
du ‘pouvoir des clefs’. Dans les premiers siècles, l’évêque seul
pouvait célébrer ce Sacrement. Considéré comme une restauration solennelle
des sacrements de l’initiation chrétienne (Baptême, Confirmation, Eucharistie),
le pardon des péchés et la réintégration dans la communauté chrétienne
des pénitents se faisait dans la célébration de la Vigile de Pâques comme
le Baptême des catéchumènes.
« Et celui qui aura mangé le pain ou bu la coupe du Seigneur
d’une manière indigne devra répondre du corps et du sang du Seigneur.
On doit donc s’examiner soi-même avant de manger de ce pain et de boire
à cette coupe. » (1Corinthiens 11,27-28) Conformément à cet avertissement
de saint Paul, l’habitude est prise de lier le Sacrement de Réconciliation
et de Pénitence à la communion sacramentelle.
Pour permettre à tous les chrétiens de pouvoir vivre facilement ce Sacrement,
les évêques délèguent – sous conditions – le ‘pouvoir des clefs’
aux hommes qu’ils ordonnent prêtres. Un prêtre à qui son évêque n’a pas
donné cette délégation, ne peut pas donner une absolution valide.
Ce Sacrement, confié au chef des Apôtres, est un don que le Seigneur
donne à tout son peuple, une merveille d’amour et de confiance :
le pardon de nos péchés ! Pourtant il est si mal vécu, surtout
à notre époque : au lieu d’y voir concrètement la grâce de Dieu,
les chrétiens ne voient que l’humiliation d’avouer qu’ils ne sont pas
être parfaits. Un des signes évidents de la sainteté est d’être conscient
de ses péchés et d’avoir confiance : « J’efface tes révoltes
comme des nuages, tes péchés comme des nuées. Reviens à moi, car je t’ai
racheté. » Isaïe 44,22)
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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23 août 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1167
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Jean-Baptiste, Elie, Jérémie, ou l’un des prophètes
Les disciples, interrogés par Jésus sur ce que les gens disent de lui,
ont entendu des noms circuler dans la foule. Mais ils ne citent nommément
que ces trois-là ! Pour quelles raisons retiennent-ils spécifiquement
ceux-là plutôt que Moïse qui guidait le peuple, Samuel qui sacrait les
rois, Isaïe qui annonçait le Messie ?
- L’appel à la conversion de Jean-Baptiste plaisait à la foule qui venait
nombreuse se faire baptiser par lui dans le Jourdain mais, en rappelant
la volonté du Seigneur et loi morale, il s’était fait un ennemi du pouvoir
et il a été emprisonné puis condamné à mort (cf. Matthieu 14,3-11).
- Elie était resté le dernier prophète du Seigneur, le peuple, à la
suite de ses dirigeants, s’était tourné vers le dieu Baal. Craignant
pour sa vie il s’enfuit d’abord au désert ravitaillé par les corbeaux
(cf. 1Rois 17,6), puis il est accueilli par une veuve et son fils à
Sarepta (cf. 1Rois 17,10-16). De retour au pays il montre à tout le
peuple la puissance du Seigneur et fait massacrer tous les prêtres de
Baal (cf. 1Rois 18,21-40).
- Le peuple n’aime pas non plus les paroles de Jérémie dites au nom
du Seigneur : alors que les juifs pensent que jamais Dieu ne laisserait
profaner la Ville Sainte, il prophétise la ruine de Jérusalem et la
déportation à Babylone (cf. Jérémie 20,4) ce qui lui vaut d’être jeté
dans une citerne vide où il aurait dû mourir (cf. Jérémie 38,6).
Les noms des prophètes que retiennent les disciples d’après saint Matthieu
sont des prophètes qui n’ont pas été écoutés et même rejetés par leurs
contemporains. Pour l’évangéliste c’est une façon de montrer que les foules
qui suivent Jésus sont davantage sensibles aux miracles qu’à sa prédication :
par exemple ceux qui ont bénéficié de la multiplication des pains veulent
l’enlever pour le faire roi ainsi ils seraient à l’abri des disettes (cf.
Jean 6,15). Comme pour ces trois prophètes, les groupes religieux refusent
d’entendre qu’ils s’écartent de la voie du Seigneur. Ils craignent aussi
que les attroupements autour de Jésus acclamé ‘fils de David’ inquiètent
l’occupant romain. La tranquillité de Jérusalem et du Temple serait alors
mise en grand danger.
En opposition les disciples par la voix de Simon-Pierre affirment :
« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (v.16). L’Esprit
Saint parle par la bouche de l’Apôtre et non pas les considérations humaines
qui animent les foules. Jésus a pris soin de leur expliquer le sens profond
des paraboles pour que leurs réflexions les conduisent au discernement.
Saint Matthieu place ses lecteurs devant un choix : faire partie
de ceux qui refusent de reconnaitre les prophéties inspirées par le Père
ou bien suivre le Fils qui donne l’Esprit de discernement.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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27 août 2023
Paroisses Nesle & Athies
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n°1336
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La révélation
Il est surprenant que Jésus insiste autant pour que ses apôtres gardent
secrets les moments où il est révélé comme Dieu le Fils. Ainsi lors de
la Transfiguration : « En descendant de la montagne, Jésus
leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne,
avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts »
(Matthieu 17,9) Également lorsque Jésus guérit des malades il leur demande
de ne pas le dire (cf. Matthieu 8,4 ; 9,30 ; 16,20 ; et
passages parallèles)
La mission de Jésus est d’annoncer au monde que le Royaume est tout proche.
Pourquoi donc garder le secret sur sa personnalité de Fils du Père, de
Christ envoyé pour sauver tous les hommes ? Même lorsque Pierre s’exclame :
« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (16,16) Jésus
lui dit que cette exclamation ne vient pas de lui-même mais de l’Esprit
Saint.
Les Apôtres sont subjugués par la prédication de leur maître, mais ils
n’ont pas encore la totalité de la Révélation, il faut attendre que la
Résurrection manifeste à toute l’humanité la Gloire de Dieu. Alors par
le don de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte les disciples pourront
annoncer cette Bonne Nouvelle : « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ;
nous tous, nous en sommes témoins. Élevé par la droite de Dieu, il a reçu
du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous, ainsi
que vous le voyez et l’entendez. » (Actes 2,32-33)
Désormais la Révélation est complète il n’y a plus rien à révéler, tout
est accompli : « Et moi, devant tout homme qui écoute les
paroles de ce livre de prophétie, je l’atteste : si quelqu’un y fait
des surcharges, Dieu le chargera des fléaux qui sont décrits dans ce livre ;
et si quelqu’un enlève des paroles à ce livre de prophétie, Dieu lui enlèvera
sa part : il n’aura plus accès à l’arbre de la vie ni à la Ville
sainte, qui sont décrits dans ce livre. » (Apocalypse 22,18-19)
La Parole de Dieu depuis Genèse chapitre 1, verset1 jusqu’au livre de
l’Apocalypse chapitre 22, verset 21 contient la plénitude de la Révélation.
Depuis la Pentecôte, des hommes et des femmes écrivent et prêchent des
commentaires sur ces textes cherchant à les mettre à la portée de tous,
mais ils reviennent toujours à la source. Cette Parole est vivante et
si les mots sont figés, l’inspiration qu’elle provoque dépend de la personne
qui écoute ce que le Seigneur lui dit ici et maintenant.
Le Concile Vatican II a tenu à souligner l’importance de la lecture et
la médiation de cette Parole divine, en particulier en multipliant et
en diversifiant les passages de l’Ecriture traduite dans des langages
compréhensible lors des messes dominicales. Il est donc important que
les chrétiens soient attentifs lorsque ces textes sont lus, en suivant
le conseil du Christ : « Celui qui a des oreilles, qu’il
entende ! » (Matthieu 11,15)
+Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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