18 août 2002
Forces Armées de Guyane
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Ta foi est grande, que tout se passe pour toi comme tu
le veux !
Considérons la demande de cette femme – étrangère au peuple d'Israël
– qui vient se jeter aux pieds de Jésus pour lui demander la guérison
de sa fille. Elle est prête à tout pour obtenir ce qu'elle espère, elle
passe même outre aux bienséances de l'époque en allant directement au
Rabbi passant par-dessus les Apôtres qui avaient essayé de la dissuader,
une femme n'aurait jamais dû s'adresser à un homme qu'elle ne connaît
pas. Mais sa demande est tellement importante pour elle que plus rien
ne compte, rien ne peut la distraire de cette démarche.
Au IIIème siècle, un des ermites du désert vint voir l'abba Antoine et
lui dit : « Abba, j'ai prié Dieu de m'enlever la tentation et Il m'a
exaucé ! » Abba Antoine lui répondit : « Vite ! Retourne à la prière
et supplie Dieu qu'il te rende tes tentations car c'est dans l'épreuve
que nous bénéficions de l'aide et de la force de l'Esprit Saint et que
nous pouvons progresser. »
Ainsi en est-il de notre prière, souvent nous demandons des choses qui
ne nous sont pas nécessaires, mais simplement des éléments de confort
; en d'autres termes nous voudrions que notre existence soit sans heurt,
toute faite de bonheur. Il vaudrait mieux – comme Salomon – demander la
Sagesse et le discernement pour être heureux et rendre les gens heureux
autour de nous.
Nous sommes préoccupés par des pensées qui ne sont pas tournées vers
Dieu, les soucis matériels, les vagabondages d'un esprit qui a du mal
à rester tendu vers le Père, la distraction… tout cela fait que nous ne
sommes pas aussi attentifs à la prière que nous le voudrions. Bien sûr
nous pensons que cette femme avait beau jeu de s'adresser directement
à un homme tangible, que les ermites dans leur désert pouvaient prier
tout en travaillant dans la solitude sans être perturbés par des éléments
extérieurs. Le XXIème siècle se prête peu à ce genre de méditations.
La prière n'a pas à être longue, cette femme ne prend que quelques minutes
à Jésus, elle a à être sincère et pressante. Présentons à Dieu nos demandes
aussi simplement, aussi directement, sans fioritures superflues. Si tel
est le cas, nous entendrons la même phrase : « Ta foi est grande, que
tout se passe pour toi comme tu le veux ! »
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane
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17 août 2008
Brigade Franco-Allemande
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Le Verbe incarné et la solidarité humaine
De même que Dieu a créé les hommes non pour vivre en solitaires, mais
pour qu'ils s'unissent en société, de même il lui a plus aussi "de
sanctifier et de sauver les hommes non pas isolément, hors de tout lien
mutuel ; il a voulu au contraire en faire un peuple qui le connaîtrait
selon la vérité et le servirait dans la sainteté". Aussi, dès le
début de l'histoire du salut, a-t-il choisi des hommes non seulement à
titre individuel, mais en tant que membres d'une communauté. Et ces élus,
Dieu leur a manifesté son dessein et les a appelés "son peuple"
(Ex. 3,7-12) C'est avec ce peuple qu'il a, en outre, conclu l'Alliance
du Sinaï.
Ce caractère communautaire se parfait et s'achève dans l’œuvre de
Jésus-Christ. Car le Verbe incarné en personne a voulu entrer dans le
jeu de cette solidarité. Il a prit part aux noces de Cana, il s'est invité
chez Zachée, il a mangé avec les publicains et les pécheurs. C'est en
évoquant les réalités les plus ordinaires de la vie sociale, en se servant
des mots et des images de l'existence la plus quotidienne, qu'il a révélé
aux hommes l'amour du Père et la magnificence de leur vocation. Il a sanctifié
les liens humains, notamment soumis aux lois de sa patrie. Il a voulu
mener la vie même d'un artisan de son temps et de sa région.
Dans sa prédication, il a clairement affirmé que des fils de Dieu
ont l'obligation de se comporter entre eux comme des frères. Dans sa prière,
il a demandé que tous ses disciples soient "un". Bien plus,
lui-même s'est offert pour tous jusqu'à la mort, lui, le rédempteur de
tous. "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour
ses amis"(Jn 15,13) Quant à ses apôtres, il leur a ordonné d'annoncer
à toutes les nations le message évangélique, pour faire du genre humain
la famille de Dieu, dans laquelle la plénitude de la soi serait l'amour.
Premier-né parmi beaucoup de frères, après sa mort et sa résurrection,
par le don de son Esprit il a institué, entre tous ceux qui l'accueillent
par la foi et la charité, une nouvelle communion fraternelle : elle se
réalise en son propre Corps, qui est l'Eglise. En ce Corps, tous, membres
les uns des autres, doivent s'entraider mutuellement, selon la diversité
des dons reçus.
Cette solidarité devra sans cesse croître, jusqu'au jour où elle trouvera
son couronnement : ce jour-là, les hommes, sauvés par la grâce, famille
bien-aimée de Dieu et du Christ leur frère, rendront à Dieu une gloire
parfaite.
Concile Vatican II – Constitution pastorale Gaudium
et Spes n°32
7 décembre 1965
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14 août 2011
Fort Neuf de Vincennes
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Les ‘miettes’
La femme qui vient interpeller Jésus est une étrangère, une Cananéenne ;
résidant dans le territoire de Tyr et de Sidon, hors des frontières d’Israël,
elle n’est pas accoutumée aux traditions juives mais elle a entendu parler
de ce ‘fils de David’ ; la réputation de cet homme le précède
au-delà de son pays : les voyageurs ont colporté ses propos dans
la synagogue de Nazareth : « L'Esprit du Seigneur est sur
moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle
aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles
le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année
de grâce du Seigneur. » (Luc 4,18-19 citant Isaïe 61,1-2)
Forte de ce qu’elle a entendu dire de Jésus, elle ose lui demander l’impossible :
guérir sa fille tourmentée par un démon. Elle sait qu’elle ne fait pas
partie du Peuple de Dieu et, qu’a priori, Jésus n’est pas venu pour elle :
il est le Messie des Juifs, elle n’a droit à rien de sa part mais elle
se contentera de cette guérison, les ‘miettes’ de sa prédication.
Le Fils de Dieu ne peut pas se contenter de donner des miettes :
il donne tout à tous comme il l’avait annoncé à Nazareth en choisissant
le passage du prophète Isaïe et en révélant sa réalisation. La réponse
est même souvent plus importante que la demande : comme pour le miracle
de la multiplication des pains (cf. Matthieu 14,13-21) où les nombreuses
personnes qui l’avaient suivi dans le désert avaient été ‘rassasiées’
et ce qui restait avait été ramassés dans douze paniers ; comme lors
des noces de Cana (cf. Jean 2,1-11) où l’eau avait été changée en vin
dans des proportions qui allaient bien au-delà de l’attente du maître
du repas.
Spirituellement, Jésus agit de même avec ses disciples, il provoque leurs
demandes afin de pouvoir les emmener plus loin. Lorsqu’ils demandent comment
prier pour être de bons pratiquants, le Fils de Dieu leur révèle qu’eux
aussi sont des fils et que pour prier comme Jésus, il faut dire ‘Notre
Père’ (cf. Matthieu 6,9)
Nous sommes les disciples du Christ d’aujourd’hui, par notre Baptême
nous sommes configurés à lui. De la façon qu’il a utilisée pour enseigner
ses disciples, il attend nos demandes qui serviront de points de départ
afin de nous permettre de progresser dans notre vie, humaine et chrétienne,
matérielle et spirituelle. Nous ne demandons pas l’impossible comme la
mère de Jacques et Jean qui voulait que ses fils siègent à la droite et
à la gauche de Jésus dans le Royaume (cf. Matthieu 20,20) mais nous savons
qu’en faisant confiance au Christ nous pouvons dépasser nos limites et
le rejoindre, éventuellement en marchant sur les eaux comme Pierre tant
que sa confiance est totale (cf. Matthieu 14,22-33)
En priant aussi sincèrement que la Cananéenne « Aie pitié de
moi, Seigneur. » nous obtenons, non pas des miettes, mais la
plénitude du Salut
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes
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17 août 2014
Secteur Vermandois
n°770
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Maison de prière pour tous les peuples
Longtemps avant la prédication de Jésus en Palestine, le livre d’Isaïe
indique à ses contemporains que l’Alliance dont ils bénéficient n’est
pas limitative : elle ne s’adresse pas seulement aux descendants
d’Abraham mais à tous ceux qui croient en Dieu et qui suivent ses commandements.
Dans cet esprit, le Temple de Jérusalem est la maison de prière toute
désignée pour recevoir sacrifices et holocaustes sur l’autel de Dieu :
un Dieu unique, un autel unique.
Dans la rencontre avec la Cananéenne, Jésus veut faire comprendre cette
unicité à ses disciples ; Se mettant dans la peau d’un juif imbu
de la supériorité du Peuple Elu, il utilise une formule forte et semblant
teintée de racisme, comparant le peuple cananéen à des chiens. La réponse
de la femme montre que ce qui compte aux yeux du Seigneur, ce n’est pas
l’appartenance à la famille d’Abraham, Isaac et Jacob mais uniquement
la foi. L’acte de foi de cette femme soucieuse de la vie de sa fille vaut
davantage que les sacrifices et holocaustes : « Tu ne voulais
ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais
ni holocauste ni victime, alors j'ai dit : « Voici, je viens. »
(Psaume 39(40) 7-8)
Après la destruction du Temple de Jérusalem (70 A.D.) les disciples se
rappelleront cette rencontre avec la Cananéenne et les conclusions qu’il
faut en tirer : la ‘maison de prière pour tous les peuples’
de l’unique Dieu, Père, Fils et Esprit n’est pas localisé géographiquement,
c’est l’Eglise : « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire
de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1Corinthiens
3,16) ; l’unique autel est la Croix où s’offre le Fils du Père ;
l’unique sacrifice est celui du Christ pour la rémission des péchés :
« Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui
avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils
en sacrifice de pardon pour nos péchés. » (1Jean 4,10)
Dans cette Eglise, nous devons essayer d’éviter l’écueil du sentiment
de supériorité mis en évidence et dénoncé par Jésus face à la Cananéenne.
Il est facile de condamner les personnes qui affirment avoir la foi mais
qui ne pratiquent pas ; il est facile de condamner les personnes
qui pratiquent mais qui ne semblent pas mettre en œuvre les préceptes
qu’elles entendent à la messe. Mais qui sommes-nous pour juger ainsi ?
« Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent
l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » (1Samuel 16,7)
Regardons en nous-mêmes avec componction avant d’aller dans la ‘maison
de prière’ pour offrir avec foi le Sacrifice du Christ pour notre
salut.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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20 août 2017
Paroisses Nesle & Athies
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n°957
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Comme tu le veux !
Jésus s’est retiré dans un pays étranger, mais même là, il est connu
et reconnu ! C’est une Cananéenne qui l’interpelle : « Fils
de David ! ». Elle ne partage pas la foi d’Israël, elle
n’est pas descendante d’Abraham, mais elle croit en cet homme : il
peut intervenir pour que sa fille aille mieux, qu’elle soit débarrassée
de ce démon qui la tourmente. Cette femme sait qu’elle ne peut pas faire
partie de ceux à qui le Christ annonce la Bonne Nouvelle, de ceux pour
lesquels il est venu, mais elle sait qu’elle peut compter sur sa compassion.
Elle n’est pas rebutée par la comparaison utilisée par Jésus, au contraire,
elle la retourne pour l’utiliser à ses fins.
L’humilité et la foi de la Cananéenne ont raison de la réticence de Jésus :
sa fille sera guérie sans délai : « à l’heure même »
Comme dans l’épisode de l’aveugle de Jéricho (cf. Luc 16,35-43) :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Jésus accède
à la demande faite par la foi. Il le révèle à ses Apôtres en leur disant :
« Tout ce que vous demanderez dans votre prière avec foi, vous
l’obtiendrez. » (Matthieu 21,22) Pierre avait demandé :
« Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur
les eaux. » (Matthieu 14,28) et il a réalisé l’impossible :
marcher sur l’eau ! Les exemples dans les évangiles ne manquent pas :
à chaque fois Jésus répond à une demande explicite faite avec foi, il
ne donne pas ce que nous ne demandons pas. L’aveugle aurait pu demander
l’aumône ; Pierre aurait pu demander à ce que le vent cesse… Ils
ont eu ce qu’ils ont demandé !
Par contre lorsqu’il nous propose de le suivre, c’est avec notre approbation
volontaire, sans que nous y soyons forcés : « Si tu veux
être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu
auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » (Matthieu
19,21) dit-il au jeune homme riche, mais en commençant par « Si
tu veux… » ! L’évangile ne nous dit pas s’il a voulu ou
pas, c’est pour nous mettre dans la même situation : quelle réponse
ferions-nous ? Quelle réponse faisons-nous ?
Si le Fils accède à la demande confiante de la Cananéenne, une étrangère,
combien plus le Père n’accédera à nos demandes à nous qui sommes ses enfants,
configurés au Christ par le Baptême et la Confirmation ?
Il suffit de demander – avec foi !
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies
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16 août 2020
Paroisses Nesle & Athies
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n°1166
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Les petits chiens
Même les chiens les mieux dressés sont attentifs à ce qui peut – éventuellement
– tomber de la table de leurs maîtres ; les plus hardis vont jusqu’à
quémander une bouchée, notamment auprès de ceux qui ne les connaissent
pas, quitte à être morigénés ou rejetés par ceux qu’ils importunent mais
cela ne les décourage pas pour autant.
C’est bien le sens de la comparaison que fait Jésus : le peuple
que Dieu a choisi a été préparé depuis la promesse faite à Abraham par
les révélations faites aux patriarches, par les prophètes envoyés pour
guider les croyants et leurs gouvernants, par le chant des Psaumes inspirés,
mais aussi par les épreuves que ce peuple a traversés. Ainsi il pouvait
recevoir la visite de Dieu le Fils et nourrir sa foi de la Révélation
de l’amour du Père : « A bien des reprises et de bien des
manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ;
mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils
qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. »
(Hébreux 1,1-2). Les autres peuples, non préparés par cette longue pédagogie
divine, ne pouvaient pas profiter pleinement de la prédication du Christ.
La Cananéenne qui vient importuner Jésus et les disciples ne possède
pas tout cet arrière-plan biblique mais elle a entendu parler de cet homme
et de toute la thaumaturgie qui l’entoure, les nombreuses guérisons qu’il
a déjà effectuées. Elle n’hésite pas à le poursuivre de ses cris pour
qu’il s’arrête et accède à sa demande. Elle est sûre qu’une telle puissance
ne peut pas être réservée à un petit nombre.
Par sa réponse : « Femme, grande est ta foi, que tout se
passe pour toi comme tu le veux ! », Jésus lui montre ainsi
qu’à ses disciples que la foi de la Cananéenne est la source de la guérison
de sa fille.
Et nous ?
Nous prétendons avoir la foi. Nous la proclamons chaque dimanche en prononçant
les paroles du Credo. Mais qu’en est-il dans les faits ? Nous
nous décourageons trop vite vis-à-vis des choses qui nous paraissent irréalisables
par manque de foi alors que le Seigneur nous donne la force de faire l’impossible :
« Si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous
direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et
elle se transportera ; rien ne vous sera impossible. » (Matthieu
17,20b)
Le Christ nous propose d’imiter la Cananéenne et de ne pas hésiter à
l’importuner car cette insistance est la preuve de notre foi.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde
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20 août 2023
Paroisses Nesle & Athies
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n°1335
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Oser demander
La femme qui vient interpeller Jésus est une étrangère, une Cananéenne ;
résidant dans le territoire de Tyr et de Sidon, hors des frontières d’Israël,
elle n’est pas accoutumée aux traditions juives mais elle a entendu parler
de ce ‘fils de David’ ; la réputation de cet homme le précède
bien au-delà de son pays : les voyageurs ont colporté ses propos
dans la synagogue de Nazareth : « L'Esprit du Seigneur est
sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne
nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance
et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés,
proclamer une année de grâce du Seigneur. » (Luc 4,18-19 citant
Isaïe 61,1-2)
Forte de ce qu’elle a entendu dire de Jésus, elle ose lui demander l’impossible :
guérir sa fille tourmentée par un démon. Elle sait qu’elle ne fait pas
partie du Peuple de Dieu et, qu’a priori, Jésus n’est pas venu pour elle :
il est le Messie des Juifs, elle n’a droit à rien de sa part mais elle
se contentera de cette guérison, les ‘miettes’ de sa prédication.
Le Fils de Dieu ne peut pas se contenter de donner des miettes :
il donne tout à tous comme il l’avait annoncé à Nazareth en choisissant
le passage du prophète Isaïe et en révélant sa réalisation. La réponse
est même souvent plus importante que la demande : comme pour le miracle
de la multiplication des pains (cf. Matthieu 14,13-21) où les nombreuses
personnes qui l’avaient suivi dans le désert non seulement avaient été
‘rassasiées’ mais ce qui restait avait été ramassés dans douze
paniers ; comme lors des noces de Cana (cf. Jean 2,1-11) où l’eau
avait été changée en vin dans des proportions qui allaient bien au-delà
de l’attente du maître du repas.
Spirituellement, Jésus agit de même avec ses disciples, il provoque leurs
demandes afin de pouvoir les emmener plus loin. Lorsqu’ils demandent comment
prier pour être de bons pratiquants, le Fils de Dieu leur révèle qu’eux
aussi sont des fils et que pour prier comme Jésus, il faut dire ‘Notre
Père’ (cf. Matthieu 6,9)
Nous sommes les disciples du Christ d’aujourd’hui, par notre Baptême
nous sommes configurés à lui. De la façon qu’il a utilisée pour enseigner
ses disciples, il attend nos demandes qui serviront de points de départ
afin de nous permettre de progresser dans notre vie, humaine et chrétienne,
matérielle et spirituelle. Nous ne demandons pas l’impossible comme la
mère de Jacques et Jean qui voulait que ses fils siègent à la droite et
à la gauche de Jésus dans le Royaume (cf. Matthieu 20,20) mais nous savons
qu’en faisant confiance au Christ nous pouvons dépasser nos limites et
le rejoindre, éventuellement en marchant sur les eaux comme Pierre aussi
longtemps que sa confiance est totale (cf. Matthieu 14,22-33)
En priant aussi sincèrement que la Cananéenne « Aie pitié de
moi, Seigneur. » nous obtenons, non pas des miettes, mais la
plénitude du Salut
+Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite
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