20ème dimanche Temps Ordinaire - Année A

Isaïe 56,1.6-7 - Psaume 66 - Romains 11,13-15.29-32 - Matthieu 15,21-2

1

Forces Armées de Guyane

18 août 2002

Ta foi est grande, que tout se passe pour toi comme tu le veux

2

Brigade Franco-Allemande

17 août 2008

Le Verbe incarné et la solidarité humaine (Gaudium et Spes)

3

Fort Neuf de Vincennes

14 août 2011

Les 'miettes'

4

Secteur Vermandois

17 août 2014

Maison de prière pour tous les peuples

5

Athies & Nesle

20 août 2017

Comme tu le veux !

6

16 août 2020

Les petits chiens

7

20 août 2023

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18 août 2002

Forces Armées de Guyane

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Ta foi est grande, que tout se passe pour toi comme tu le veux !

Considérons la demande de cette femme – étrangère au peuple d'Israël – qui vient se jeter aux pieds de Jésus pour lui demander la guérison de sa fille. Elle est prête à tout pour obtenir ce qu'elle espère, elle passe même outre aux bienséances de l'époque en allant directement au Rabbi passant par-dessus les Apôtres qui avaient essayé de la dissuader, une femme n'aurait jamais dû s'adresser à un homme qu'elle ne connaît pas. Mais sa demande est tellement importante pour elle que plus rien ne compte, rien ne peut la distraire de cette démarche.

Au IIIème siècle, un des ermites du désert vint voir l'abba Antoine et lui dit : « Abba, j'ai prié Dieu de m'enlever la tentation et Il m'a exaucé ! » Abba Antoine lui répondit : « Vite ! Retourne à la prière et supplie Dieu qu'il te rende tes tentations car c'est dans l'épreuve que nous bénéficions de l'aide et de la force de l'Esprit Saint et que nous pouvons progresser. »

Ainsi en est-il de notre prière, souvent nous demandons des choses qui ne nous sont pas nécessaires, mais simplement des éléments de confort ; en d'autres termes nous voudrions que notre existence soit sans heurt, toute faite de bonheur. Il vaudrait mieux – comme Salomon – demander la Sagesse et le discernement pour être heureux et rendre les gens heureux autour de nous.

Nous sommes préoccupés par des pensées qui ne sont pas tournées vers Dieu, les soucis matériels, les vagabondages d'un esprit qui a du mal à rester tendu vers le Père, la distraction… tout cela fait que nous ne sommes pas aussi attentifs à la prière que nous le voudrions. Bien sûr nous pensons que cette femme avait beau jeu de s'adresser directement à un homme tangible, que les ermites dans leur désert pouvaient prier tout en travaillant dans la solitude sans être perturbés par des éléments extérieurs. Le XXIème siècle se prête peu à ce genre de méditations.

La prière n'a pas à être longue, cette femme ne prend que quelques minutes à Jésus, elle a à être sincère et pressante. Présentons à Dieu nos demandes aussi simplement, aussi directement, sans fioritures superflues. Si tel est le cas, nous entendrons la même phrase : « Ta foi est grande, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique des Forces Armées en Guyane

17 août 2008

Brigade Franco-Allemande

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Le Verbe incarné et la solidarité humaine

De même que Dieu a créé les hommes non pour vivre en solitaires, mais pour qu'ils s'unissent en société, de même il lui a plus aussi "de sanctifier et de sauver les hommes non pas isolément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu au contraire en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté". Aussi, dès le début de l'histoire du salut, a-t-il choisi des hommes non seulement à titre individuel, mais en tant que membres d'une communauté. Et ces élus, Dieu leur a manifesté son dessein et les a appelés "son peuple" (Ex. 3,7-12) C'est avec ce peuple qu'il a, en outre, conclu l'Alliance du Sinaï.

Ce caractère communautaire se parfait et s'achève dans l’œuvre de Jésus-Christ. Car le Verbe incarné en personne a voulu entrer dans le jeu de cette solidarité. Il a prit part aux noces de Cana, il s'est invité chez Zachée, il a mangé avec les publicains et les pécheurs. C'est en évoquant les réalités les plus ordinaires de la vie sociale, en se servant des mots et des images de l'existence la plus quotidienne, qu'il a révélé aux hommes l'amour du Père et la magnificence de leur vocation. Il a sanctifié les liens humains, notamment soumis aux lois de sa patrie. Il a voulu mener la vie même d'un artisan de son temps et de sa région.

Dans sa prédication, il a clairement affirmé que des fils de Dieu ont l'obligation de se comporter entre eux comme des frères. Dans sa prière, il a demandé que tous ses disciples soient "un". Bien plus, lui-même s'est offert pour tous jusqu'à la mort, lui, le rédempteur de tous. "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis"(Jn 15,13) Quant à ses apôtres, il leur a ordonné d'annoncer à toutes les nations le message évangélique, pour faire du genre humain la famille de Dieu, dans laquelle la plénitude de la soi serait l'amour.

Premier-né parmi beaucoup de frères, après sa mort et sa résurrection, par le don de son Esprit il a institué, entre tous ceux qui l'accueillent par la foi et la charité, une nouvelle communion fraternelle : elle se réalise en son propre Corps, qui est l'Eglise. En ce Corps, tous, membres les uns des autres, doivent s'entraider mutuellement, selon la diversité des dons reçus.

Cette solidarité devra sans cesse croître, jusqu'au jour où elle trouvera son couronnement : ce jour-là, les hommes, sauvés par la grâce, famille bien-aimée de Dieu et du Christ leur frère, rendront à Dieu une gloire parfaite.

Concile Vatican II – Constitution pastorale Gaudium et Spes n°32
7 décembre 1965

14 août 2011

Fort Neuf de Vincennes

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Les ‘miettes’

La femme qui vient interpeller Jésus est une étrangère, une Cananéenne ; résidant dans le territoire de Tyr et de Sidon, hors des frontières d’Israël, elle n’est pas accoutumée aux traditions juives mais elle a entendu parler de ce ‘fils de David’ ; la réputation de cet homme le précède au-delà de son pays : les voyageurs ont colporté ses propos dans la synagogue de Nazareth : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. » (Luc 4,18-19 citant Isaïe 61,1-2)

Forte de ce qu’elle a entendu dire de Jésus, elle ose lui demander l’impossible : guérir sa fille tourmentée par un démon. Elle sait qu’elle ne fait pas partie du Peuple de Dieu et, qu’a priori, Jésus n’est pas venu pour elle : il est le Messie des Juifs, elle n’a droit à rien de sa part mais elle se contentera de cette guérison, les ‘miettes’ de sa prédication.

Le Fils de Dieu ne peut pas se contenter de donner des miettes : il donne tout à tous comme il l’avait annoncé à Nazareth en choisissant le passage du prophète Isaïe et en révélant sa réalisation. La réponse est même souvent plus importante que la demande : comme pour le miracle de la multiplication des pains (cf. Matthieu 14,13-21) où les nombreuses personnes qui l’avaient suivi dans le désert avaient été ‘rassasiées’ et ce qui restait avait été ramassés dans douze paniers ; comme lors des noces de Cana (cf. Jean 2,1-11) où l’eau avait été changée en vin dans des proportions qui allaient bien au-delà de l’attente du maître du repas.

Spirituellement, Jésus agit de même avec ses disciples, il provoque leurs demandes afin de pouvoir les emmener plus loin. Lorsqu’ils demandent comment prier pour être de bons pratiquants, le Fils de Dieu leur révèle qu’eux aussi sont des fils et que pour prier comme Jésus, il faut dire ‘Notre Père’ (cf. Matthieu 6,9)

Nous sommes les disciples du Christ d’aujourd’hui, par notre Baptême nous sommes configurés à lui. De la façon qu’il a utilisée pour enseigner ses disciples, il attend nos demandes qui serviront de points de départ afin de nous permettre de progresser dans notre vie, humaine et chrétienne, matérielle et spirituelle. Nous ne demandons pas l’impossible comme la mère de Jacques et Jean qui voulait que ses fils siègent à la droite et à la gauche de Jésus dans le Royaume (cf. Matthieu 20,20) mais nous savons qu’en faisant confiance au Christ nous pouvons dépasser nos limites et le rejoindre, éventuellement en marchant sur les eaux comme Pierre tant que sa confiance est totale (cf. Matthieu 14,22-33)

En priant aussi sincèrement que la Cananéenne « Aie pitié de moi, Seigneur. » nous obtenons, non pas des miettes, mais la plénitude du Salut

Père JeanPaul Bouvier
Aumônier du Fort Neuf de Vincennes

17 août 2014

Secteur Vermandois

n°770

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Maison de prière pour tous les peuples

Longtemps avant la prédication de Jésus en Palestine, le livre d’Isaïe indique à ses contemporains que l’Alliance dont ils bénéficient n’est pas limitative : elle ne s’adresse pas seulement aux descendants d’Abraham mais à tous ceux qui croient en Dieu et qui suivent ses commandements. Dans cet esprit, le Temple de Jérusalem est la maison de prière toute désignée pour recevoir sacrifices et holocaustes sur l’autel de Dieu : un Dieu unique, un autel unique.

Dans la rencontre avec la Cananéenne, Jésus veut faire comprendre cette unicité à ses disciples ; Se mettant dans la peau d’un juif imbu de la supériorité du Peuple Elu, il utilise une formule forte et semblant teintée de racisme, comparant le peuple cananéen à des chiens. La réponse de la femme montre que ce qui compte aux yeux du Seigneur, ce n’est pas l’appartenance à la famille d’Abraham, Isaac et Jacob mais uniquement la foi. L’acte de foi de cette femme soucieuse de la vie de sa fille vaut davantage que les sacrifices et holocaustes : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j'ai dit : « Voici, je viens. » (Psaume 39(40) 7-8)

Après la destruction du Temple de Jérusalem (70 A.D.) les disciples se rappelleront cette rencontre avec la Cananéenne et les conclusions qu’il faut en tirer : la ‘maison de prière pour tous les peuples’ de l’unique Dieu, Père, Fils et Esprit n’est pas localisé géographiquement, c’est l’Eglise : « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1Corinthiens 3,16) ; l’unique autel est la Croix où s’offre le Fils du Père ; l’unique sacrifice est celui du Christ pour la rémission des péchés : « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés. » (1Jean 4,10)

Dans cette Eglise, nous devons essayer d’éviter l’écueil du sentiment de supériorité mis en évidence et dénoncé par Jésus face à la Cananéenne. Il est facile de condamner les personnes qui affirment avoir la foi mais qui ne pratiquent pas ; il est facile de condamner les personnes qui pratiquent mais qui ne semblent pas mettre en œuvre les préceptes qu’elles entendent à la messe. Mais qui sommes-nous pour juger ainsi ? « Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » (1Samuel 16,7) Regardons en nous-mêmes avec componction avant d’aller dans la ‘maison de prière’ pour offrir avec foi le Sacrifice du Christ pour notre salut.

Père JeanPaul Bouvier
Curé  in solidum du secteur Vermandois

20 août 2017

Paroisses Nesle & Athies

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n°957

Comme tu le veux !

Jésus s’est retiré dans un pays étranger, mais même là, il est connu et reconnu ! C’est une Cananéenne qui l’interpelle : « Fils de David ! ». Elle ne partage pas la foi d’Israël, elle n’est pas descendante d’Abraham, mais elle croit en cet homme : il peut intervenir pour que sa fille aille mieux, qu’elle soit débarrassée de ce démon qui la tourmente. Cette femme sait qu’elle ne peut pas faire partie de ceux à qui le Christ annonce la Bonne Nouvelle, de ceux pour lesquels il est venu, mais elle sait qu’elle peut compter sur sa compassion. Elle n’est pas rebutée par la comparaison utilisée par Jésus, au contraire, elle la retourne pour l’utiliser à ses fins.

L’humilité et la foi de la Cananéenne ont raison de la réticence de Jésus : sa fille sera guérie sans délai : « à l’heure même »

Comme dans l’épisode de l’aveugle de Jéricho (cf. Luc 16,35-43) : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Jésus accède à la demande faite par la foi. Il le révèle à ses Apôtres en leur disant : « Tout ce que vous demanderez dans votre prière avec foi, vous l’obtiendrez. » (Matthieu 21,22) Pierre avait demandé : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » (Matthieu 14,28) et il a réalisé l’impossible : marcher sur l’eau ! Les exemples dans les évangiles ne manquent pas : à chaque fois Jésus répond à une demande explicite faite avec foi, il ne donne pas ce que nous ne demandons pas. L’aveugle aurait pu demander l’aumône ; Pierre aurait pu demander à ce que le vent cesse… Ils ont eu ce qu’ils ont demandé !

Par contre lorsqu’il nous propose de le suivre, c’est avec notre approbation volontaire, sans que nous y soyons forcés : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » (Matthieu 19,21) dit-il au jeune homme riche, mais en commençant par « Si tu veux… » ! L’évangile ne nous dit pas s’il a voulu ou pas, c’est pour nous mettre dans la même situation : quelle réponse ferions-nous ? Quelle réponse faisons-nous ?

Si le Fils accède à la demande confiante de la Cananéenne, une étrangère, combien plus le Père n’accédera à nos demandes à nous qui sommes ses enfants, configurés au Christ par le Baptême et la Confirmation ?

Il suffit de demander – avec foi !

Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
& Modérateur de la paroisse sainte Radegonde d’Athies

16 août 2020

Paroisses Nesle & Athies

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n°1166

Les petits chiens

Même les chiens les mieux dressés sont attentifs à ce qui peut – éventuellement – tomber de la table de leurs maîtres ; les plus hardis vont jusqu’à quémander une bouchée, notamment auprès de ceux qui ne les connaissent pas, quitte à être morigénés ou rejetés par ceux qu’ils importunent mais cela ne les décourage pas pour autant.

C’est bien le sens de la comparaison que fait Jésus : le peuple que Dieu a choisi a été préparé depuis la promesse faite à Abraham par les révélations faites aux patriarches, par les prophètes envoyés pour guider les croyants et leurs gouvernants, par le chant des Psaumes inspirés, mais aussi par les épreuves que ce peuple a traversés. Ainsi il pouvait recevoir la visite de Dieu le Fils et nourrir sa foi de la Révélation de l’amour du Père : « A bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. » (Hébreux 1,1-2). Les autres peuples, non préparés par cette longue pédagogie divine, ne pouvaient pas profiter pleinement de la prédication du Christ.

La Cananéenne qui vient importuner Jésus et les disciples ne possède pas tout cet arrière-plan biblique mais elle a entendu parler de cet homme et de toute la thaumaturgie qui l’entoure, les nombreuses guérisons qu’il a déjà effectuées. Elle n’hésite pas à le poursuivre de ses cris pour qu’il s’arrête et accède à sa demande. Elle est sûre qu’une telle puissance ne peut pas être réservée à un petit nombre.

Par sa réponse : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! », Jésus lui montre ainsi qu’à ses disciples que la foi de la Cananéenne est la source de la guérison de sa fille.

Et nous ?

Nous prétendons avoir la foi. Nous la proclamons chaque dimanche en prononçant les paroles du Credo. Mais qu’en est-il dans les faits ? Nous nous décourageons trop vite vis-à-vis des choses qui nous paraissent irréalisables par manque de foi alors que le Seigneur nous donne la force de faire l’impossible : « Si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible. » (Matthieu 17,20b)

Le Christ nous propose d’imiter la Cananéenne et de ne pas hésiter à l’importuner car cette insistance est la preuve de notre foi.

Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
Modérateur de sainte Radegonde

20 août 2023

Paroisses Nesle & Athies

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n°1335

Oser demander

La femme qui vient interpeller Jésus est une étrangère, une Cananéenne ; résidant dans le territoire de Tyr et de Sidon, hors des frontières d’Israël, elle n’est pas accoutumée aux traditions juives mais elle a entendu parler de ce ‘fils de David’ ; la réputation de cet homme le précède bien au-delà de son pays : les voyageurs ont colporté ses propos dans la synagogue de Nazareth : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. » (Luc 4,18-19 citant Isaïe 61,1-2)

Forte de ce qu’elle a entendu dire de Jésus, elle ose lui demander l’impossible : guérir sa fille tourmentée par un démon. Elle sait qu’elle ne fait pas partie du Peuple de Dieu et, qu’a priori, Jésus n’est pas venu pour elle : il est le Messie des Juifs, elle n’a droit à rien de sa part mais elle se contentera de cette guérison, les ‘miettes’ de sa prédication.

Le Fils de Dieu ne peut pas se contenter de donner des miettes : il donne tout à tous comme il l’avait annoncé à Nazareth en choisissant le passage du prophète Isaïe et en révélant sa réalisation. La réponse est même souvent plus importante que la demande : comme pour le miracle de la multiplication des pains (cf. Matthieu 14,13-21) où les nombreuses personnes qui l’avaient suivi dans le désert non seulement avaient été ‘rassasiées’ mais ce qui restait avait été ramassés dans douze paniers ; comme lors des noces de Cana (cf. Jean 2,1-11) où l’eau avait été changée en vin dans des proportions qui allaient bien au-delà de l’attente du maître du repas.

Spirituellement, Jésus agit de même avec ses disciples, il provoque leurs demandes afin de pouvoir les emmener plus loin. Lorsqu’ils demandent comment prier pour être de bons pratiquants, le Fils de Dieu leur révèle qu’eux aussi sont des fils et que pour prier comme Jésus, il faut dire ‘Notre Père’ (cf. Matthieu 6,9)

Nous sommes les disciples du Christ d’aujourd’hui, par notre Baptême nous sommes configurés à lui. De la façon qu’il a utilisée pour enseigner ses disciples, il attend nos demandes qui serviront de points de départ afin de nous permettre de progresser dans notre vie, humaine et chrétienne, matérielle et spirituelle. Nous ne demandons pas l’impossible comme la mère de Jacques et Jean qui voulait que ses fils siègent à la droite et à la gauche de Jésus dans le Royaume (cf. Matthieu 20,20) mais nous savons qu’en faisant confiance au Christ nous pouvons dépasser nos limites et le rejoindre, éventuellement en marchant sur les eaux comme Pierre aussi longtemps que sa confiance est totale (cf. Matthieu 14,22-33)

En priant aussi sincèrement que la Cananéenne « Aie pitié de moi, Seigneur. » nous obtenons, non pas des miettes, mais la plénitude du Salut

+Père JeanPaul Bouvier
Prêtre retraité – curé émérite


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