11 juillet 2004
Bosnie Herzégovine
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Le Premier-né
Bien que n’ayant pas fondé lui-même la communauté chrétienne de la ville
de Colosses (Asie Mineure) saint Paul utilise son prestige de prédicateur
connu dans l’ensemble de l’Eglise pour redresser certaines déviances qui
se font jour parmi les croyants de cette ville. Sous l’influence des doctrines
païennes, ces derniers réduisent le rôle du Christ, allant jusqu’à mettre
en controverse sa coopération dans le projet de Dieu et, sans doute aussi,
sa filiation divine. Saint Paul, depuis sa prison (de Rome ou de Césarée)
leur envoie cette épître pour les ramener à la justesse de la foi.
Une quarantaine d’années avant le prologue de saint Jean qui formule
cette proposition centrale du dogme chrétien, saint Paul, dans le passage
proposé aujourd’hui, parle de la préexistence du Fils Unique de Dieu et
de sa présence active lors de la création.
Si nous n’avons aucun mal à comprendre l’incarnation car nous acceptons
facilement – ou presque – que Dieu se fasse homme, les limites de notre
esprit humain nous font achopper sur la Personne du Fils avant l’événement
de l’Annonciation. Pour beaucoup de personnes, la visite de l’Archange
Gabriel à Marie est le début du Fils de Dieu, or ce n’est que le début
de sa nature humaine, sa nature divine est de toute éternité. Les penseurs
qui ont nié cette affirmation ont été déclarés hérétiques par l’Eglise
Catholique qui professe que nul ne peut dire qu’il y eut un temps où le
Fils n’était pas.
La complexité de la représentation intellectuelle de la Sainte Trinité,
une seule nature et trois Personnes, s’accentue avec l’incarnation où
le Fils de Dieu est une des Personnes avec deux natures, divine et humaine.
Cette question augmentera avec la paix constantinienne (313) où les chrétiens,
libérés des persécutions vont pouvoir explorer toutes les pistes de réflexion
sur la conception de Dieu et du Salut. La Personne du fils posant plus
de difficultés, elle est sujette à davantage de spéculation : Jésus
n’était-il qu’un homme saisi par Dieu, de façon plus intime encore que
les prophètes ? Dans ce cas il ne peut pas nous faire participer
à l’héritage du Royaume puisque lui-même n’y aurait aucun droit. N’était-il
que Dieu prenant une apparence d’homme ? Auquel cas la crucifixion
et la mort ne seraient elles aussi que des apparences et non un véritable
sacrifice.
Lorsqu’il a fallu préciser cette notion, les Conciles œcuméniques de
Nicée (325) et le Premier de Constantinople (381) utilisèrent la formule
‘né du Père avant tous les siècles ; il est Dieu né de Dieu…il
a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme’ dans la profession
de foi qui porte leur nom et qui est depuis l’expression de la foi de
l’Eglise.
En relisant la lettre de saint Paul aux Colossiens, nous devons nous
poser la question de savoir quelle est notre approche du Christ. Immédiate ?
Transcendance ? Ou les deux ?
père JeanPaul Bouvier
aumônier catholique en Bosnie Herzégovine
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15 juillet 2007
Brigade Franco-Allemande
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La parole est près de toi
L’auteur inspiré du Deutéronome nous provoque à réfléchir sur notre réception
de la Parole de Dieu. Trop souvent nous entendons des chrétiens, pourtant
habitués à écouter la Bible, dire qu’ils ne comprennent pas le sens de
ces écrits inspirés par Dieu.
Il n’est pas question de compréhension mais de recevoir cette parole
comme un guide pour aujourd’hui. Dieu nous parle dans notre vie quotidienne,
les signes qui nous sont donnés sont à lire avec l’aide de l’Esprit Saint
contenue dans ces livres transmis par l’Eglise.
Il y a une interprétation ecclésiale de ces écrits, et quiconque les
interprète différemment est condamné par les Conciles de l’histoire de
l’Eglise. Mais il s’agit de l’interprétation publique ; lorsqu’un
chrétien s’applique à la lectio divina, son interprétation lui
est propre car c’est à lui personnellement que s’adresse le texte dans
les circonstances qui lui sont particulières. La compréhension du jour
sera fonction de paramètres nombreux qui évoluent au cours du temps et
elle pourra être différente quelques jours après pour le même texte lu.
Le danger qui guette tout lecteur assidu est justement de sauter des
passages en pensant qu’il les connaît déjà. Chaque nouvelle lecture d’un
texte biblique, si l’attention nécessaire y est donnée entraîne une nouvelle
compréhension et une nouvelle application dans notre vie.
Il ne s’agit pas de faire une étude exégétique mais d’écouter ce que
dit me dit pour l’immédiat. Même des textes qui paraissent au premier
abord extrêmement dépendants des circonstances où ils ont été écrits sont
applicables dans ma vie. Non seulement les paroles de Jésus mais aussi
les textes les plus anciens.
L’Eglise rappelle constamment au cours des siècles l’importance de cette
Parole pour vivre en homme (ou femme) debout, créature de Dieu aimée et
sauvée par la rédemption. Cela nécessite un effort de notre part pour
lire les textes que l’Eglise nous propose à la messe dominicale, les méditer
personnellement, en famille et en communauté pour y trouver la nourriture
spirituelle qui nous fera grandir dans la semaine.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse militaire
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11 juillet 2010
Fort Neuf de Vincennes
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Le don gratuit
Même les non-chrétiens connaissent l’épisode du ‘Bon Samaritain’,
l’expression est passée dans le langage courant quelquefois de façon un
peu péjorative lorsqu’elle est synonyme de personnes dévouées qui ne peuvent
pas s’empêcher d’aller au secours de causes qui semblent perdues d’avance.
Au-delà du folklore de cette parabole si célèbre, le chrétien va aller
plus loin et réfléchir sur les personnages qui sont en scène.
Le prêtre et le lévite, soucieux de respecter les lois de pureté qui
incombent à leur service au Temple ne s’approchent pas de ce qui paraît
être déjà un cadavre, pourtant d’après la structure du texte il semble
qu’ils vont dans le même sens que cet homme : de Jérusalem à Jéricho,
leur fonction sacerdotale est donc achevée et ils rentrent chez eux. Le
prétexte de la pureté nécessaire pour entrer dans le Temple ne tient donc
pas : ils auraient tout loisir d’effectuer les rites de purification
avant de revenir offrir les sacrifices à Dieu.
Le blessé est totalement inconnu, la seule chose qui est dite de lui
est que sur le chemin de Jérusalem à Jéricho il a été dépouillé et roué
de coups. C’est un homme, anonyme.
L’aubergiste qui prend en charge le blessé ne semble le faire que parce
qu’il est payé pour cela, la promesse d’un gain supplémentaire lors du
retour du sauveteur est sans doute une motivation complémentaire. Voyant
l’homme moribond, il aurait dû s’en charger sans attendre de récompense.
Le Samaritain est un étranger sur ce chemin de Jérusalem à Jéricho, en
pleine province de Judée. Sans doute rentre-t-il chez lui après avoir
été à Jérusalem, mais le texte ne donne pas la raison de ce voyage :
professionnel, touristique ou religieux ? Lors qu’il aperçoit l’homme
blessé, il va immédiatement le secourir sans lui demander son appartenance
religieuse ou ethnique, il se contente de cautériser et de panser ses
plaies. Puis il le confie contre finances à l’aubergiste.
A côté de la question que se posent les chrétiens à la lecture de ce
texte, à savoir : « A quel personnage ressemblè-je ?
Au prêtre et au lévite, à l’aubergiste, au blessé, au Samaritain ? »
une autre interrogation pointe sur la façon de donner. Le Samaritain donne
des soins, son temps, son argent pour un parfait inconnu qui sera peut-être
parti lorsqu’il reviendra pour payer à l’aubergiste les dépenses supplémentaires ;
comme il n’a cherché aucune identification de la victime, il n’en attend
aucun remerciement, aucune gratitude ; c’est réellement un don gratuit,
c'est-à-dire sans retour.
La pointe de cet apophtegme est donc double : Jésus nous demande
de nous conduire comme ce Samaritain, en premier lieu en étant le prochain
de tout homme dans le besoin, en second lieu de ne pas attendre de glorification
de nos actes de charité. Puissions-nous mettre en œuvre cette leçon dans
notre vie quotidienne.
Père JeanPaul Bouvier
Aumônier Catholique du Fort Neuf de Vincennes
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14 juillet 2013
Secteur Vermandois
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La Parole
Dès l’ouverture de la Bible, la Parole de Dieu est présentée comme une
parole efficace : pour créer le monde « Dieu dit … et cela
fut ! » (cf. Genèse 1) De même le prologue de saint Jean
met en avant la ‘Parole’ créatrice « Au commencement était
la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. »
(Jean 1,1) Le Fils unique du Père enseigne d’autorité et
non pas avec autorité : inspirateur de la Parole auprès
des prophètes, il la maitrise et la connaît de l’intérieur et ne la professe
pas de manière scolastique et péremptoire : « car il enseignait
comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes. » (Matthieu
7,29)
Cette Parole est donnée aux hommes pour être méditée et intégrée
dans la vie quotidienne, le sens profond n’est pas seulement dans l’étude
du texte mais dans son acceptation : « Je te loue, Père,
Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux
sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. »
(Matthieu 11,25)
Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas étudier les textes bibliques
de façon exégétique, considérant le contexte textuel, le contexte historique
et géographique, la place du passage dans l’annonce de la Bonne Nouvelle ;
mais dans le même temps, le lecteur doit écouter ce que la Parole lui
dit dans sa propre vie.
En d’autres termes, à côté de l’enseignement traditionnel de l’Eglise
et ayant une valeur spirituelle au moins aussi importante, il y a ce que
la parole me dit à moi personnellement pour diriger ma vie
et suivre Celui qui est le « Chemin, la Vérité et la Vie »
pour aller vers le Père et son Royaume (cf. Jean14,6)
Les textes les plus importants étant souvent repris par la liturgie,
le risque de ‘distraction’ est grand : je connais ces passages
et mon esprit décroche, j’ai l’impression qu’ils ne peuvent plus rien
m’apporter tant je les ai médités. Le meilleur exemple est la prière que
Jésus donne à ses Apôtres. Lorsque je dis ces mots dans un moment d’oraison
personnelle, est-ce que je prends le temps de considérer ce que me dit
aujourd’hui chaque phrase ? Est-ce que j’entends l’avertissement
de Jésus : « En priant, ne multipliez pas de vaines paroles,
comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. »
(Matthieu 6,7)
La Parole est dans notre cœur dit le Deutéronome (30,14) Elle est trop
souvent au milieu d’autres sentiments qui encombrent notre cœur. Demandons
donc à l’Esprit de venir débarrasser notre cœur de ces éléments accessoires
pour ne garder que l’essentiel : notre relation avec le Père par
le Fils et dans l’Esprit
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
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10 juillet 2016
Secteur Vermandois
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n°882
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Le bon Samaritain
La plupart des personnes qui utilisent l’expression ‘le bon Samaritain’
ne savent plus que cela vient d’une parabole utilisée par Jésus pour montrer
comment on doit agir vis-à-vis de son prochain. Elles ignorent qu’un Samaritain
est un habitant de la Samarie et même que la Samarie a existé comme une
région d’Israël.
Pourtant ce n’est pas par hasard que Jésus choisit de prendre un Samaritain
comme exemple : « En effet, les Juifs ne fréquentent pas
les Samaritains. » (Jean 4,9) Cette antipathie remonte au retour
de l’Exil à Babylone (538 av. J.-C.) Toute l’élite, intellectuelle, religieuse,
noblesse, du pays de Juda avait été déportée à Babylone après la destruction
totale de Jérusalem (587 av. J.-C.) Une réflexion théologique se fait
sous l’influence des prophètes Jérémie et Ezéchiel, elle permet d’affiner
la foi en Dieu : il conduit son peuple dans un nouveau désert pour
le purifier.
Libérés par Cyrus, roi de Perse, les déportés reviennent en Israël pour
reconstruire le Temple et offrir des sacrifices. Les « gens du
pays » n’ont pas eu ce temps de méditation et en tant que descendants
d’Abraham, ils désirent participer à la reconstruction de Jérusalem mais
ils sont considérés comme des païens par ceux qui ont vécu l’Exil et ils
sont rejetés et cantonnés dans ce qui deviendra la Samarie (cf. Esdras
4,1-4). Les Juifs interdisant aux Samaritains de venir adorer Dieu à Jérusalem,
ceux-ci construisent un autre Temple sur le mont Garizim, ce qui entraîne
une séparation totale.
C’est donc un homme considéré comme un hérétique que Jésus choisit comme
exemple de la véritable application de la foi en Dieu. Le prêtre et le
lévite qui sont ‘passés de l’autre côté’ pour éviter de souiller
avec du sang voire un mort n’appliquent pas dans leur vie la Loi divine ;
le Samaritain n’hésite pas : il soigne les blessures et dépense son
argent pour la convalescence d’un inconnu. « j’étais un étranger,
et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ;
j’étais malade, et vous m’avez visité » (Matthieu 25,35-36)
Dans le contexte égocentrique de notre temps où le ‘moi d’abord, les
autres après’ tient une large place, cette parabole prend toute son
importance. Chrétiens, nous devons obéir à la loi que le Fils est venu
nous enseigner : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout
ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier
commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain
comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que
les Prophètes. » (Matthieu 22,37-40)
Pour discerner ce double commandement dans notre vie et pouvoir l’appliquer,
le Seigneur ne nous laisse pas seuls : il a envoyé son Esprit Saint
sur ses Apôtres et ceux-ci, par leurs successeurs, le transmettent à
tous les membres de l’Eglise. Le ‘bon Samaritain’ était guidé par
la pitié. Nous sommes guidés par l’Esprit pour agir en fils de Dieu, à
l’image du Fils de l’homme.
Père JeanPaul Bouvier
Curé in solidum du secteur Vermandois
administrateur des paroisses de Nesle et Athies
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14 juillet 2019
Paroisses Nesle & Athies
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n°1093
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Le ‘prochain’
Spontanément, lorsque nous parlons de notre prochain, nous pensons à
celui que nous devons aimer et que nous pouvons aider. C’est une façon
de nous donner le beau rôle, celui d’être altruiste, de penser aux autres
sans chercher notre propre intérêt, d’être attentif aux besoins de ceux
que nous sommes appelés à considérer comme des frères et sœurs.
La question que pose Jésus à la suite de la parabole peut nous surprendre :
« Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé
aux mains des bandits ? » (v. 36). Nous attendions plutôt
une interrogation dans le sens inverse par exemple : ‘Lequel a
estimé que le blessé était son prochain ?’
Cette interprétation montre que, dans le souci d’être au centre de l’histoire,
nous estimons que le prochain c’est l’autre : en aucun cas nous pouvons
être son prochain. C’est oublier que le terme ‘le prochain’ est
bijectif, c'est-à-dire que cela marche dans les deux sens : si nous
sommes proches physiquement d’une personne, elle est proche de nous ;
si nous sommes à côté d’elle, elle est à côté de nous !
La proximité est essentielle dans ce récit : ainsi aussi bien le
prêtre que le lévite ont fait un détour pour ne pas se rendre près de
cet homme sans se soucier de savoir s’il était mort ou encore vivant Ils
ont évité soigneusement d’en être ‘proches’ ; ils ont préféré
rester dans l’ignorance et passer leur chemin. Implicitement, Jésus pose
la question de la valeur des sacrifices qu’ils ont offerts au Temple au
nom du peuple : « Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son
intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même,
vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. »
(Marc 12,33)
En lisant cette parabole, nous comprenons que par son exhortation :
« Va, et toi aussi, fais de même. » (v. 37) Jésus ne
s’adresse pas seulement au docteur de la Loi qui lui a posé la question :
« Et qui est mon prochain ? » (v. 29) mais aussi
à tous ceux qui voudront être ses disciples et mettre ses commandements
en pratique.
Il y a également, en filagramme, une autre leçon à tirer de cette parabole,
celle d’accepter d’être un prochain pour les autres. Accepter de ne pas
être toujours le ‘bon samaritain’ mais aussi l’homme blessé :
offrir à une personne la possibilité d’être mon prochain…
Père JeanPaul Bouvier
Curé de la paroisse Notre Dame de Nesle
et Modérateur de la paroisse saint Radegonde
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10 juillet 2022
Paroisses Nesle & Athies
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n°1278
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La Parole
L’auteur inspiré du Deutéronome nous provoque à réfléchir sur la façon
dont nous recevons la Parole de Dieu. Trop souvent nous entendons des
chrétiens, pourtant habitués à écouter la Bible, dire qu’ils ont du mal
à comprendre le sens profond de ces écrits inspirés par Dieu.
Il n’est pas question de compréhension mais de recevoir cette parole
comme un guide pour aujourd’hui. Dieu nous parle dans notre vie quotidienne :
des signes nous sont donnés, ils sont à lire avec l’aide de l’Esprit Saint
et cette aide est elle-même contenue dans ces livres transmis par l’Eglise.
Il y a une interprétation ecclésiale de ces écrits, et quiconque les
interprète différemment est condamné par les Conciles de l’histoire de
l’Eglise. Mais il s’agit de l’interprétation publique ; lorsqu’un
chrétien s’applique à la lectio divina (c’est-à-dire à la lecture
personnelle et régulière de la Bible) son interprétation lui est propre
car c’est à lui personnellement que s’adresse le texte dans les circonstances
qui lui sont particulières. La compréhension du jour sera fonction de
paramètres nombreux qui évoluent au cours du temps et elle pourra être
différente quelques jours après pour le même texte lu.
Le danger qui guette tout lecteur assidu est justement de sauter des
passages en pensant qu’il les connaît déjà. Chaque nouvelle lecture d’un
texte biblique, si l’attention nécessaire y est donnée entraîne une nouvelle
compréhension et une nouvelle application dans notre vie. Tel mot interpelle
tel jour alors qu’il n’attirait pas l’attention auparavant.
Il ne s’agit pas de faire une étude exégétique mais d’écouter ce que
dit me dit pour l’immédiat. Même des textes qui paraissent au premier
abord extrêmement dépendants des circonstances où ils ont été écrits sont
applicables dans ma vie. Non seulement les paroles de Jésus mais aussi
les textes les plus anciens.
L’Eglise rappelle constamment au cours des siècles l’importance de cette
Parole pour vivre en homme (ou femme) debout, créature à l’image de Dieu
aimée et sauvée par la rédemption. Cela nécessite un effort de notre part
pour lire les textes que l’Eglise nous propose à la messe dominicale,
les méditer personnellement, en famille et en communauté pour y trouver
la nourriture spirituelle qui nous fera grandir dans la semaine.
Père JeanPaul Bouvier
Curé de Notre Dame de Nesle
& Modérateur de Sainte Radegonde
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